LA COMMISSION ADOPTE SON PROJET DE RAPPORT ET ACHEVE SES TRAVAUX
Communiqué de Presse
AG/770
LA COMMISSION ADOPTE SON PROJET DE RAPPORT ET ACHEVE SES TRAVAUX
19980609 La Commission spéciale plénière de la XXème session extraordinaire a achevé ce matin ses travaux entamés hier, sous la Présidence de M. Alvaro Mendosa e Moura (Portugal). Elle a d'abord entendu une série de déclarations portant sur les instruments internationaux relatifs au contrôle des drogues et sur leur application ainsi que sur le renforcement du mécanisme des Nations Unies en matière de contrôle des drogues. Elle a achevé ses travaux en adoptant son projet de rapport en vue de sa présentation à l'Assemblée générale demain, mercredi 11 juin.Ont pris la parole ce matin : les représentants du Canada, de l'Equateur, du Sénégal et des Pays-Bas; les représentants du Parti radical transnational, du Rotary international, de Pax Romana, de l'ONUSIDA, de l'UNICEF, de la Commission économique de l'Amérique latine et des Caraïbes, du Centre européen du contrôle de la lutte contre l'usage de drogues, de l'Organisation mondiale des douanes, du Groupe d'experts de haut niveau et du Fonds commun des produits de base. Parlant au nom de la société civile, des jeunes du Canada, de la Suède et de la Norvège, ayant tous participé à la rencontre des jeunes sur les problèmes de la drogue organisée à Banff au Canada, ont exposé leur point de vue devant les membres de la Commission.
Examen des instruments internationaux relatifs au contrôle des drogues
Le représentant du Transnational Radical Parti, au nom de la Coalition mondiale pour les alternatives contre la drogue, a dit que les chiffres prouvent qu'il y a eu une augmentation de la production et de la consommation des drogues à travers le monde ces dernières années. Les politiques menées jusqu'à ce jour ont donc échoué. Tant qu'il subsistera des différences énormes et injustes entre les riches et les pauvres à travers le monde, les problèmes de la drogue ne pourront pas être éliminés. Le parti et ses associés lancent un appel au Secrétaire général pour qu'il dénonce la situation actuelle.
Le représentant du Canada a déclaré que son pays a eu le privilège d'abriter un sommet de quatre jours sur les jeunes et la drogue. Au vu des débats tenus lors de cette rencontre, il apparaît que les jeunes ne sont que des victimes dans les phénomènes liés à la drogue. Le Canada tient à féliciter les jeunes ayant pris part à cette rencontre dont les ateliers ont fait l'objet de plusieurs mois de préparation et de planification. Le Canada estime que le succès de la lutte contre la drogue dépend d'une amélioration des perspectives d'avenir que doit offrir la société aux jeunes et de sa disponibilité à les écouter.
Une représentante de la société civile canadienne, parlant au nom de la jeunesse, a dit que les projets communautaires destinés aux jeunes lui avaient permis de partager son expérience d'ex-toxicomane avec des jeunes en détresse. L'aide du PNUCID à ces programmes a été utile et fort appréciée. Lors de la rencontre tenue au Canada, 24 pays étaient représentés, ce qui a permis de se rendre compte que certains messages de prévention n'étaient pas assez sensibles aux spécificités culturelles de certains groupes présents. Les jeunes, victimes de la drogue, doivent se voir offrir une deuxième chance par la société au lieu de se voir fermer les portes de l'avenir comme c'est souvent le cas.
Une représentante des jeunes de la Suède, ayant elle-même participé à la réunion des jeunes de Banff au Canada, a déclaré que, suite à son expérience personnelle, elle s'est engagée dans la lutte contre la drogue et est convaincue qu'il faut associer les jeunes à ce combat.
Une représentante des jeunes de la Norvège, qui a également pris part à la réunion de Banff au Canada, a déclaré être heureux de constater la participation importante de jeunes à cette Session de l'Assemblée Générale, car il est important que leur voix soit entendue puisque le problème de la drogue les touche directement. Il a souligné que les jeunes constituent une ressources significative dans la lutte contre les stupéfiants, et par conséquent il faut leur donner la chance d'agir concrètement.
- 3- AG/770 9 juin 1998
Le représentant du Rotary international, parlant aussi au nom du Lion's international, a déclaré que les lois édictées par les gouvernements ne peuvent pas, à elles seules, éliminer les menaces sociales que fait peser l'abus de drogues. L'amélioration de la condition économique et sociale est le seul moyen par lequel on peut sortir les toxicomanes de leur détresse. En 1992, le Conseil des clubs de Rotary a adopté un Plan-programme pour fournir des alternatives aux jeunes et coopérer avec les programmes de l'ONU en vue de prévenir les abus de substances. Plus de 9000 clubs du Rotary sont aujourd'hui parties prenantes à ces programmes qui traitent aussi de la lutte contre la poliomyélite. L'expérience acquise dans la lutte contre la polio peut en effet être utile dans les initiatives de lutte contre les drogues.
Le représentant de Caritas Internationalis, Franciscans International; Pax Christi International et Pax Romana, a suggéré que les questions liées à la drogue soient examinées dans le cadre des droits de l'homme. Le respect de tout être humain doit être l'inspiration de toute action or les drogues sapent la dignité de tout être humain. Il faut avoir une approche holistique qui prend pour centre l'être humain, notamment dans les aspects économiques et notamment en ce qui concerne l'avenir des communautés agraires qui doivent remplacer les cultures de stupéfiants. Il faut renforcer le rôle des familles et encourager les relations interpersonnelles entre les jeunes, les éduquer afin qu'ils résistent mieux à la tentation de la drogue. Le représentant a exprimé son accord avec le contenu du projet de déclaration soumis.
La représentante de l'ONUSIDA a déclaré que le sida est devenu une menace majeure pour la santé mondiale. Plus de 16 000 personnes sont infectées chaque jour. La transmission par les injections de drogues est en hausse dans certaines parties du monde, notamment en Asie du sud-est et en Europe orientale. L'usage de seringues contaminées et la transmission de VIH par ce moyen sont à l'origine d'épidémies de sida comme celle constatée en Thaïlande. Plus de 10 millions de personnes à l'heure actuelle se droguent par injection à travers le monde. Il faut lancer des campagnes d'information et de prévention sur ce sujet et mettre en place des programmes de traitement et de conseil. Les programmes d'échanges de seringues comme ceux menés au Brésil ont prouvé qu'ils pouvaient être efficaces.
Le représentant de l'Equateur a dit que le gouvernement de son pays soutient pleinement la tenue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la drogue. L'Equateur a toujours été partie prenante aux traités internationaux concernant ce problème. Les amphétamines sont aujourd'hui une des plus grandes menaces, de par leur facilité d'accès pour les jeunes. Le gouvernement équatorien a donné plus de pouvoirs à son Ministère de la justice pour contrer ce phénomène et punir les trafiquants. L'Equateur soutiendra toutes les décisions et résolutions qui seront adoptées par la Session extraordinaire.
- 4- AG/770 9 juin 1998
Le représentant de l'UNICEF a rappelé la réalité de l'impact de la drogue sur la vie des enfants. La drogue sape, selon lui, les droits des enfants. Il espère que cette session permettra de mobiliser effectivement la communauté internationale dans la lutte contre la drogue en particulier en investissant dans des programmes axés sur les enfants comme un élément clef dans le combat contre les stupéfiants. L'UNICEF est prêt à fournir sa compétence et à développer des partenariats avec d'autres organisations et programmes dans la guerre contre la drogue.
Le représentant de la Commission économique de l'Amérique latine et des Caraïbes (CEPALC) a rappelé la classification des différents types de consommation de drogues et a déclaré qu'elle ne tient pas compte des différentes réalités socio-culturelles de la consommation. Il faut, selon lui, jeter des ponts entre les différentes situations de consommation de drogues et différencier les stratégies de lutte contre la consommation en tenant compte de ces différences, ce qui nécessite des travaux pluridisciplinaires et suppose des débats plus profonds.
Examen du régime international de contrôle des drogues : renforcement du mécanisme des Nations Unies en matière de contrôle des drogues
Le Président du Groupe d'experts de haut niveau sur la question, M. N.K. SINGH (Inde), a déclaré que le document contenant le rapport du Groupe d'experts est le fruit des travaux visant à améliorer l'efficacité des organes des Nations Unies et du cadre institutionnel international de lutte contre la drogue. La situation demeure grave et s'est même détériorée au vu de l'apparition de nouvelles drogues et de nouvelles zones d'exportation de substances illicites qui n'existaient pas il y a quelques années. Les programmes du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) doivent être plus souples. Il est donc nécessaire d'améliorer les mécanismes de financement et la collecte de fonds. Les vues exprimées lors de la session extraordinaire devront être prises en considération lors des deux prochaines réunions du Groupe.
Le représentant du Sénégal a souligné les modalités de collaboration insatisfaisantes entre les pays africains et le PNUCID dans le domaine de la lutte contre la drogue. Il a rappelé que le Sénégal est le siège du Bureau régional du PNUCID, ce qui justifie qu'il ait des observations à faire. Ce Bureau régional n'a, selon lui, aucune autorité propre. Il réitère ici la démarche de son Gouvernement et souhaite que la composition du bureau soit revue et que le PNUCID tienne compte des observations des pays de la région en ce qui concerne le renforcement des mécanismes de contrôle des stupéfiants.
- 5- AG/770 9 juin 1998
Le représentant des Pays-Bas a déclaré que sa délégation a lu avec intérêt le rapport intérimaire présenté par le Président du Groupe d'experts. Les Pays-Bas pensent que les questions traitées dans le rapport constituent un ordre du jour pour le travail qui reste à faire. Quant aux analyses du rapport, les Pays-Bas pensent qu'il faudrait étudier plus en détail les causes de l'échec des politiques menées jusqu'à ce jour dans la lutte contre les trafics de drogues. Les Pays-Bas sont aussi préoccupés par le fait que les institutions comme le PNUCID n'orientent pas davantage leurs moyens vers une action opérationnelle contre les conséquences de l'abus des drogues. Il faudrait veiller à réduire les montants alloués au budget ordinaire de fonctionnement.
Le représentant de l'Organisation mondiale des douanes (OMD) a exposé la contribution des douanes à la stratégie globale pour enrayer le trafic de drogue et le crime transfrontière. Il faudrait selon lui accorder davantage d'importance à l'administration douanière dans cette lutte, et notamment à la doter d'un mandat précis et en l'encourageant à se réformer et à se moderniser, ce qui permettrait de mieux décourager les activités criminelles et le commerce illicite. Les gouvernements doivent permettre aux services des douanes d'appliquer les lois en collaboration avec d'autres services de prévention et de répression, ainsi qu'avec les pays voisins. L'Organisation mondiale des douanes s'engage à répondre favorablement à toute demande de partage d'information, en particulier de la part d'Interpol, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et des polices nationales. L'Organisation dispose également d'un programme visant à améliorer l'intégrité des douaniers dans certains pays, et a mis au point, en collaboration avec le PNUCID, des programmes de formation des douaniers dans les domaines des stupéfiants et des précurseurs.
Le représentant du Centre européen du contrôle et de lutte contre l'usage des drogues a déclaré qu'il fallait se féliciter des mesures qui allaient être prises à New York. La réduction de la demande doit reposer sur les résultats des recherches menées sur les tendances de consommation et d'offre. Le Centre publie un rapport annuel sur les statistiques et les analyses des trafics et des abus de drogues au sein de l'Union européenne. Avec Europol, le Centre a mis en place un système d'alerte rapide dont les données peuvent servir la prise de décisions par les 15 Etas membres de l'Union européenne en matière de lutte anti-drogue. Le Centre s'efforce de prendre en considération un certain nombre d'indicateurs qui lui servent de base d'analyses, et il a signé un accord avec le PNUCID en ce début d'année et dont il attend beaucoup en matière de coopération.
- 6- AG/770 9 juin 1998
Le représentant du Fonds commun du Programme intégré pour les produits de base des matières premières a rappelé que ce fonds, par ses projets, s'efforce d'améliorer le développement socio-économique des producteurs de produits de base, sans pour cela adopter une approche par pays. Les projets approuvés par le Fonds peuvent être classés en 3 catégories, à savoir : recherche et développement pour améliorer la productivité; diversification verticale, commercialisation et contrôle de la qualité; développement des marchés. Le Fonds se propose de partager son savoir-faire dans le domaine des produits de base avec le PNUCID, en particulier en ce qui concerne les projets de développement alternatif. Cette collaboration pourrait comprendre le co-financement de projets et pourrait aller de la réhabilitation à la diversification horizontale et verticale.
Documentation
Le rapport de la Commission spéciale plénière est publié sous la cote A/S-20/AC.1/L.1.
Ce rapport contient les textes par lesquels la Commission recommande à l'Assemblée générale d'adopter la Déclaration politique, la Déclaration sur les principes fondamentaux de la réduction de la demande de drogues et les mesures propres à renforcer la coopération internationale pour faire face au problème de la drogue dans le monde qui avaient été élaborés durant les travaux préparatoires à Vienne.
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