LA COOPERATION INTERNATIONALE NE DOIT PAS PRENDRE UN VISAGE INTERVENTIONNISTE QUI VIOLERAIT LA SOUVERAINETE DES ETATS, ESTIME LE GROUPE DES 77 ET LA CHINE
Communiqué de Presse
AG/769
LA COOPERATION INTERNATIONALE NE DOIT PAS PRENDRE UN VISAGE INTERVENTIONNISTE QUI VIOLERAIT LA SOUVERAINETE DES ETATS, ESTIME LE GROUPE DES 77 ET LA CHINE
19980609 L'Assemblée générale a poursuivi, ce matin, dans le cadre de la 20ème session extraordinaire consacrée à la lutte contre le problème mondial de la drogue, son débat général. Les intervenants ont particulièrement souligné l'importance de la coopération internationale, en particulier en faveur des pays en développement dont les efforts en matière de développement économique et social sont fortement compromis par ce fléau. Plusieurs pays ont insisté pour que les politiques de lutte contre les drogues intègrent des mesures d'élimination de la pauvreté et de promotion du développement durable. Ainsi le Maroc a salué la décision de la France et de l'Espagne de convertir une partie de sa dette extérieure pour financer des projets de développement dans les provinces du nord. La nécessité de renforcer la coopération internationale a également été invoquée dans le domaine judiciaire et en particulier en ce qui concerne le blanchiment de l'argent de la drogue, les procédures d'extradition et le contrôle des précurseurs chimiques. Toutefois, certaines délégations, dont le Groupe des 77 et la Chine, ont mis en garde contre toute forme de coopération qui dévierait vers des pratiques interventionnistes en violation des principes de souveraineté des Etats et de non-ingérence. Pour sa part, le représentant du Pakistan a souligné que, selon les chiffres du PNUCID, son pays est l'une des plus grandes victimes de la drogue avec 4 millions de toxicomanes. Il a souhaité que les politiques de réduction de la demande soient mises sur le même pied d'égalité que les politiques de renforcement des peines. Il a dénoncé les pressions exercées sur les pays en développement pour qu'ils renforcent leurs législations, alors que les pays industrialisés montrent une certaines tolérance à l'égard de la drogue sous couvert du respect des libertés individuelles.Les personnalités suivantes ont pris la parole ce matin : M. Kubanychbek Jumaliev, Premier Ministre du Kirghizistan; M. Basdeo Panday, Premier Ministre de Trinité et Tobago; M. Abderrahman El Youssoufi, Premier Ministre du Maroc; M. Jozef Kalman, Vice-Premier Ministre de la Slovaquie; M. Kamal Kharrazi, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran; M. Vartan Oskanian, Ministre des affaires étrangères de l'Arménie; M. Rafiqul Islam, Ministre de l'intérieur du Bangladesh; M. Joshua Matza, Ministre de la santé d'Israël; Mme Mervat Tallawi, Ministre des affaires sociales de l'Egypte; M. Tin Hlaing, Ministre de l'intérieur du Myanmar; M. David Simmons, Ministre de l'intérieur et Procureur de la République de la Barbade; M. Jerry Ekandjo,
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Ministre de l'intérieur de la Namibie; Mme Magnhild Meltveit Kleppa, Ministre des affaires sociales de la Norvège; M. John O'Donoghue, Ministre de la justice, de l'égalité et de la réforme législative de l'Irlande; M. Masahiko Komura, Ministre des affaires étrangères du Japon; M. Malkhaz Kakabadze, Vice- Ministre des affaires étrangères de la Géorgie; M. Dato Paduka Haji Abidin Abdul Rashid, Vice-Ministre de l'intérieur du Brunéi Darussalam; M. Makarim Wibisono, Représentant permanent de l'Indonésie auprès des Nations Unies (s'exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine); M. Felipe Mabilangan, Représentant permanent des Philippines auprès des Nations Unies et M. Ahmad Kamal, Représentant permanent du Pakistan auprès des Nations Unies.
L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet après-midi, à partir de 15 heures.
Débat général
M. KUBANYCHBEK JUMALIEV (Premier Ministre de la République du Kirghizistan) : Le trafic des drogues au Kirghizistan se caractérise par le transit de l'opium afghan par le Tadjikistan et vers les pays de l'Europe, ainsi que par la présence sur le territoire de la République de vastes terres de culture du chanvre, il y a aussi un éventail d'agents chimiques permettant la fabrication de nouvelles drogues. Tout est mis en oeuvre, au niveau national pour l'application des Conventions des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants. Le Kirghizistan a été l'un des premiers pays d'Asie centrale à adopter une loi sur les substances psychotropes en avril dernier. Cette loi vient renforcer le travail de la Commission nationale de contrôle des drogues. La coopération régionale et internationale se traduit par une action concertée avec les membres de la Communauté des Etats indépendants, les pays d'Europe et des organismes internationaux. Si, malgré de telles initiatives, la situation continue toutefois de se dégrader, cela tient aux difficultés de politique interne des Etats voisins par lesquels transitent des armes et des drogues, de même que des personnes déplacées. De plus le climat de la région favorise la culture du cannabis et le bas niveau de vie encourage la criminalité. Il y a lieu de s'inquiéter de la production de stimulants synthétiques qui permettent la production de drogues sur une grande échelle à l'aide de techniques rudimentaires. Dans le cas du Kirghizistan, il faudrait que, grâce à des programmes adéquats, on s'efforce de réduire la demande, d'harmoniser les législations nationales des Etats d'Asie centrale et de créer un centre d'information et une banque de données. La communauté internationale doit coordonner ses forces pour combattre le problème des drogues, car sa solution n'est pas à la portée d'un seul Etat.
M. BASDEO PANDAY (Premier Ministre de Trinité-et-Tobago) : Trinité-et- Tobago n'a pas été épargnée par les effets débilitants et pervers du problème de la drogue qui menace gravement notre développement social et économique ainsi que notre stabilité économique. Notre République est particulièrement vulnérable compte tenue de sa situation à la pointe de sud de la chaîne d'Iles des Caraïbes et à 7 miles à peines du continent Sud américain. Elle se trouve donc à portée des zones de production principales. Trinité-et-Tobago fait partie du basin Caraïbéen et par conséquent constitue une zone de transit pour des centaines de vaisseaux, cargos et bateaux de pêche. Tous les jours, 893 bateaux transitent par nos eaux territoriales. Nous devons affronter aujourd'hui une augmentation importante de la criminalité et la population au chômage est exploitée par les trafiquants de drogues. Voici la dure réalité que connaît Trinité-et-Tobago en raison de la menace croissante que pose le trafic illicite de drogues. Depuis 1995, le pays a lancé un plan d'action agressif pour regagner la maîtrise de ses frontières et de ses eaux territoriales. En fait, nous luttons pour protéger notre souveraineté des barons de la drogue. Au niveau national, nous avons établi une Agence de coordination des efforts de lutte contre le trafic de drogues tandis qu'une législation adéquate qui facilite la coopération judiciaire a été adoptée. Des projets de textes devraient faciliter la lutte contre le blanchiment de l'argent. Nous participons à des accords de coopération dont le meilleur
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exemple est l'Accord de coopération maritime et le Traité sur l'extradition signé avec les Etats-Unis. Les efforts nationaux doivent être appuyés par une nouvelle stratégie internationale qui soit plus équilibrée et qui place l'accent sur la réduction de la demande. Cette stratégie internationale doit fournir des activités alternatives aux populations vulnérables. Trinité-et- Tobago accueille favorablement la Déclaration politique qui définit une stratégie globale et des objectifs audacieux.
M. ABDERRAHMAN EL YOUSSOUFI (Premier Ministre du Royaume du Maroc) : La gravité du phénomène de la drogue exige que les Etats demeurent solidaires et ne s'engagent pas dans une confrontation entre pays producteurs et pays consommateurs. Les changements intervenus dans le marché des drogues illicites et la distribution géographique des régions de consommation rendent aujourd'hui difficile toute responsabilisation d'une certaine catégorie de pays. En conséquence, la recherche de solutions radicales exige une approche fondée sur le principe de la responsabilité partagée, tant aux niveaux bilatéral que multilatéral. Une telle solidarité doit se traduire par une coopération internationale propre à fournir un appui aux pays dont les efforts de lutte contre la drogue pèsent par trop sur l'économie nationale. La coopération internationale doit d'abord viser les pays qui ont démontré leur détermination à lutter contre la drogue pour leur permettre d'éliminer les cultures illicites, de réaliser un développement durable et de lutter contre le trafic des drogues sous toutes ses formes.
Ces différentes actions doivent être menées dans le respect de la souveraineté nationale des Etats en évitant toute ingérence dans leurs affaires intérieures. La politique du Maroc en la matière se fonde sur les trois conventions pertinentes des Nations Unies et sur les trois principes que sont la lutte contre le trafic, la mise en oeuvre d'un programme de développement durable et la consolidation de la coopération internationale avec différents partenaires. La campagne lancée par le Maroc en 1995 a porté ses fruits puisqu'elle a conduit au démantèlement de différents réseaux marocains et non marocains. En outre, les législations élaborées dès 1916, ont été amendées et un des derniers amendements est consacré à des dispositions particulières sur le blanchiment d'argent. En ce qui concerne le développement durable, le Maroc a créé, en 1995, une Agence pour le développement économique et social des provinces du nord. Par ailleurs, le Maroc a élargi sa coopération aux pays de la Méditerrané occidentale et à ceux de l'Europe de l'est. Il faut, à cet égard, saluer les efforts de la France et de l'Espagne qui ont converti une partie de la dette extérieure du Maroc pour financer un certain nombre de projet de développement dans les provinces du nord. Le Maroc demeure préoccupé par la décision de certains pays de légaliser les drogues dites douces. En effet, il tient pour acquis que les efforts de lutte contre la drogue ne pourront atteindre les résultats escomptés aussi longtemps qu'ils ne seront pas conjugués aux efforts des pays consommateurs.
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M. VARTAN OSKANIAN (Ministre des affaires étrangères de l'Arménie) : La mise en oeuvre des trois conventions pertinentes des Nations Unies demeure compromise par la faiblesse des institutions de formulation des lois, de contrôle et de surveillance. 70% des stupéfiants saisis en Arménie proviennent de l'extérieur, consolidant la place de l'Arménie comme pays de transit. L'Arménie est donc convaincue que seule la coopération internationale permettra de renforcer l'efficacité de la lutte contre la drogue. L'adoption des textes finaux, dont la Déclaration politique, prend donc toute son importance. L'Arménie est en train d'élaborer une stratégie nationale de contrôle des drogues fondée sur les recommandations du PNUCID. Cette stratégie se concentre particulièrement sur la réduction de la demande chez les jeunes et dans les groupes vulnérables de la population. Il faut également souligné que la situation économique et sociale du pays accroît sa vulnérabilité face à la corruption et au danger que représentent le blanchiment de l'argent et le trafic illicite des drogues. Cette situation rend également difficile l'affectation des ressources financières et matérielles à la lutte contre la drogue. En dépit de cela, l'Arménie a créé une unité spéciale de lutte contre le trafic des stupéfiants, intégrée au Ministère de l'intérieur et de la sécurité nationale. En outre, une base de données informatisée sur les différents circuits du trafic a été créée. Cela permettra de localiser le trafic dans la région et ailleurs. La base de données doit être connectés aux réseaux interrégionaux. Pour l'Arménie, seuls les efforts combinés des pays et la pleine utilisation des institutions multilatérales appropriées, dont le système des Nations Unies, permettra de réaliser les objectifs de contrôle de l'abus et du trafic des stupéfiants.
M. KAMAL KHARRAZI (Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran) : Nous rendons hommage au Directeur exécutif du PNUCID et Directeur de l'Office des Nations Unies à Vienne pour leurs efforts de réforme et notamment pour la création d'un Bureau pour le contrôle des drogues et pour la prévention du crime. . Nous espérons qu'il existera une plus grande synergie entre ces deux organes. Le trafic de drogues est devenu une menace pour le développement durable et la stabilité politique des pays. Pour saisir l'impulsion créée par la vingtième session extraordinaire de l'Assemblée générale, nous devrions renforcer la coopération internationale et régionale. Cette coopération devrait s'articuler autour de l'élimination des plantations illicites, du développement des activités alternatives, de la maîtrise des précurseurs chimiques ou encore de la lutte contre le blanchiment de l'argent de la drogue. L'Iran en raison de sa situation géographique, souffre sérieusement des retombées du transit de la drogue. Les trafiquants utilisent le territoire comme la route la plus courte et la plus importante pour acheminer la drogue vers l'Europe. Chaque année 400 millions de dollars sont alloués à des programmes de réduction de la demande. Aujourd'hui, la campagne contre le problème de la drogue s'est transformée en une guerre totale. Nous lançons des opérations militaires contre les trafiquants et chaque année des quantités importantes de drogues sont saisies. En 1997, plus de 194 tonnes de drogues dont 37 tonnes d'héroïnes ont été confisquées. Au niveau de notre région, notre grande préoccupation est la question de la culture du pavot en Afghanistan. Nous accueillons favorablement le programme du PNUCID visant à
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réduire la culture du pavot en Afghanistan par des programmes alternatifs et nous l'encourageons à redoubler d'efforts à travers des mécanismes de coopération régionale. En revanche, les mécanismes unilatéraux pour évaluer les progrès réalisés par les pays dans leur lutte contre la drogue sont insuffisants et produisent même des effets inverses. Ces mécanismes sont en contradiction avec les principes de souveraineté des Etats et de la non ingérence dan les affaires intérieures. Ils doivent donc être rejetés.
M. JOZEF KALMAN (Vice-Premier Ministre de la Slovaquie) : La consommation des drogues illicites ne saurait être considérée comme un phénomène isolé et spécifique, c'est en réalité un aspect des nombreux autres phénomènes généraux qui caractérisent notre société actuelle. L'industrie des drogues illicites se développe très rapidement. En Slovaquie, les problèmes découlant de l'abus des drogues ne sont compris que depuis peu et il semble que la consommation de ces substances continuera de croître de manière rapide. Pourtant dès 1995, les autorités slovaques ont réagi en adoptant un Programme national de lutte contre les drogues, visant notamment à éliminer le trafic et s'attaquant à tous les aspects connexes de cette question. Les activités du Gouvernement slovaque dans ce domaine sont équilibrées et vont des mesures de prévention et de soins aux mesures de répression. En matière de prévention, qui est une véritable priorité, des programmes éducatifs anti-drogues sont mis en place dans les écoles, dès les niveaux primaires et secondaires. Pour ce qui est des travaux de la présente session, le plus important pour nous est l'acceptation de la Déclaration relative aux principes directeurs en matière de la réduction de la demande et le développement subséquent du Plan d'action coordonné et efficace contre la production illicite, le trafic et la consommation des stimulants, telles les amphétamines, et des précurseurs chimiques.
M. RAFIQUL ISLAM (Ministre des affaires intérieures du Bangladesh) : la menace de drogues atteint aujourd'hui un niveau alarmant et affecte de manière égale les pays développés comme ceux en développement. Alors que l'on arrive à combattre de nombreuses maladies et que le spectre de la guerre s'éloigne, les drogues et leur abus risquent de briser les espérances des familles et des sociétés si toutes les nations du monde ne s'attaquent pas à ce fléau de manière collective et courageuse. Il est inquiétant que la production et le trafic illicites des drogues continuent de prospérer aux yeux et à la face du monde et en dépit des actions et programmes de lutte mis en place. Le Bangladesh est entouré à l'Est par le "Triangle d'or" et à l'Ouest par le "Croissant d'or", les deux plus importantes zones de production illicite d'opium du monde. C'est pourquoi, de par sa situation géographique, le Bangladesh est particulièrement vulnérable et susceptible d'être utilisé comme carrefour. Nous nous réjouissons donc du Plan d'action contre les cultures illicites qui doit être examiné à la présente session. Pour lutter contre l'offre des substances illicites, les autorités du Bangladesh ont promulgué en 1990 la Loi sur le contrôle des substances psychotropes. Toutefois, en matière de lutte, il est inutile de rappeler que les pays en développement sont à l'évidence désavantagés et qu'ils devraient recevoir l'assistance des organes intergouvernementaux compétents, notamment pour ce qui est de la
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formation des agents de sécurité chargés du respect des lois anti-drogues. La disponibilité de ressources financières, l'échange d'informations, de technologies et d'expertise doivent être garantis si l'on veut que l'offensive mondiale de lutte contre ce fléau soit couronnée de succès.
M. JOSHUA MATZA (Ministre de la santé d'Israël) : l'Etat d'Israël se félicite de la priorité accordée par les Nations Unies et le PNUCID à la lutte contre l'abus des drogues. Aujourd'hui, nous examinons un problème social qui frappe sans discrimination. Il y dix ans, nous avons lancé en Israël une approche pluridisciplinaire de lutte contre les drogues. Un travail de prévention se fait dans les écoles, dans les collectivités et dans les prisons. Nous avons également amélioré les infrastructures en matière de réinsertion et de réadaptation. Le public joue un rôle essentiel et sans son appui nous ne pouvons réussir. Ces dernières années, nous avons également progressé dans la mise en place de mesures à long terme qui visent à contenir la demande. Israël partage la préoccupation internationale et la conviction selon laquelle ce phénomène doit être éliminé. Pour cela, il nous faut envisager de créer des tribunaux extraterritoriaux. Israël fournit déjà une assistance juridique à de nombreux pays et l'importance de la coopération sous-régionale et régionale s'est manifestée à plusieurs reprises. Nous avons signé plusieurs accords bilatéraux et nous avons partagé nos compétences avec certaines démocraties récentes, notamment dans le domaine de la prévention. Les progrès technologiques ont été la source de grands avantages économiques mais inversement, ils ont facilité le crime transnational. Nous appelons la communauté internationale à contenir ce fléau par des activités communes. Il est essentiel de mettre en place une coopération internationale pour contenir des crimes qui ne connaissent pas de frontières.
MME MERVAT TALAWI (Ministre des affaires sociales de l'Egypte) : L'Egypte appuie les documents finaux de la session extraordinaire parce qu'ils reflètent ses vues dans la lutte contre la drogue et restent conformes à sa politique en la matière. L'Egypte appuie particulièrement les recommandations relatives à la coopération internationale en espérant que leur mise en oeuvre marquera un tournant dans la lutte contre la drogue. Les impératifs de cette lutte dépassent bien souvent la capacité des pays en développement surtout lorsqu'ils sont appelés à réaliser le développement économique et social dans un contexte de mondialisation. Il faut dire aussi que les dimensions sociales de la drogue n'ont pas encore reçu toute l'attention requise. Aujourd'hui la drogue menace l'essor des pays en développement comme elle menace le progrès dans les pays développés. La menace des drogues pèse sur tous les pays et exige que l'on se concentre sur toutes les régions et sur tous les types de drogues. Les pays développés, grands consommateurs de drogue, sont responsables de l'augmentation de l'offre et de la production.
Les efforts de l'Egypte en matière de lutte contre la drogue ont commencé dès le XXIème siècle par la création d'un organe spécifique. En 1989, des amendements ont été apportés à la législation, après la signature de la Convention de Vienne. Aujourd'hui les efforts de l'Egypte se concentrent sur la santé, les affaires sociales et les médias. Il faut que ces efforts
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soient appuyés par la coopération internationale entre toutes les parties. Cette coopération doit contribuer à renforcer les programmes de développement économique et social, en particulier dans les milieux ruraux, encourager les efforts des Etats de transit et renforcer les efforts déployés par les pays pour répondre aux besoins des toxicomanes et de leur famille. Les efforts des ONG doivent également être appuyés et bénéficier d'investissements. Il faut également développer la coopération internationale dans le domaine judiciaire afin de faciliter les procédures d'extradition, l'échange d'information et le blanchiment d'argent.
M. TIN HLAING (Ministre des affaires intérieures et Directeur du Comité central pour le contrôle de la consommation des drogues du Myanmar) : les efforts de la communauté internationale pour combattre le fléau des drogues illicites, qu'ils passent par des stratégies nationales ou internationales, n'ont malheureusement donné que des résultats mitigés. Les drogues continuent de constituer une menace sérieuse tant pour les pays développés que pour ceux en développement. Myanmar est pleinement engagé dans la lutte contre les drogues illicites et en tant que tel, il attache la plus grande importance à la disponibilité à long terme de fonds suffisants pour mettre en place des projets de développement alternatif dans les zones de cultures illicites. En suivant le principe de la responsabilité partagée, nous croyons fermement qu'il est moralement impératif que la communauté des donateurs assume le rôle de soutien principal dans les efforts de lutte contre les récoltes illicites. Myanmar se félicite du Plan d'élimination des cultures illicites d'ici 10 ans proposé par le Directeur exécutif du PNUCID. Toutefois, il demeure que les ressources financières sont insuffisantes, ce qui constitue un véritable talon d'Achille pour la réalisation de ses objectifs. Pour éliminer les drogues illicites, il faut que des efforts tout aussi vigoureux soient entrepris pour réduire la demande car il est désormais reconnu que c'est la consommation qui se trouve au coeur du problème. Le projet de Déclaration à adopter lors de la présente session constitue une démarche dynamique qui permettra d'identifier de nouvelles mesures de lutte. Les efforts du Gouvernement du Myanmar ont produit, depuis 1987, des résultats exceptionnels et plusieurs zones ont pu être déclarées exemptes d'opium ou sont en voie de l'être. Par ailleurs, des quantités importantes de substances illicites ont été saisies et brûlées. Tous les efforts du Gouvernement du Myanmar en faveur de la répression des stupéfiants et du développement des cultures alternatives sont accomplis grâce à ses propres ressources limitées. Avec l'aide de la communauté internationale, les objectifs d'élimination fixés pourraient être atteints beaucoup plus rapidement. La menace des drogues illicites appelle une réponse concertée et mondiale de la communauté internationale.
M. DAVID SIMMONS (Procureur général et Ministre de l'intérieur de la Barbade) : La Barbade, comme tout petit pays, est profondément préoccupé par le fléau de l'abus des drogues illicites dans la région des Caraïbes. Un tel défi à notre sécurité exige une réponse régionale et internationale. Le Gouvernement de la Barbade qui a pris ses fonctions en septembre 1994, a lancé une stratégie en cinq points visant à réduire l'offre et la demande. Notre plan d'action national vise à promouvoir la prise de conscience et l'éducation
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du public grâce à la mise en oeuvre de programmes de réduction de la demande, l'amélioration des capacités des mécanismes d'enquête, un plus grand partage des connaissances entre les pays, le contrôle constant de la législation et des programmes de réhabilitation. Nous estimons que cette stratégie fonctionne bien. Nous avons également adopté une loi sur l'assistance judiciaire mutuelle, un traité sur l'extradition et un traité sur la coopération maritime. La Barbade, du fait de sa situation géopolitique, est vulnérable. Elle se situe entre les pays producteurs de l'Amérique du Sud et les pays consommateurs de l'Amérique du Nord et de l'Europe. De ce fait, la sécurité de Caraïbes devraient également être garantie par les pays développés du Nord. Seule la coopération internationale peut nous permettre de gagner la lutte contre l'abus des drogues.
Par ailleurs, si nous acceptons le principe des intérêts réciproques, aucun pays ne peut s'arroger le droit d'évaluer les progrès réalisés par un pays dans sa lutte contre le trafic de drogues. Une telle responsabilité devrait être assumée par une organisation internationale. Nous demandons l'élaboration de mécanismes multilatéraux de contrôle des efforts des pays. Pour ce qui est du blanchiment de l'argent, il apparaît que l'Equipe spéciale créée à cet effet a produit des résultats tangibles. Il semble pourtant que le monde développé a envisagé de pénaliser certains de nos pays qui ont diversifié leurs économies pour promouvoir leurs services financiers "offshore". Cette attitude de la part des pays développés est un signe de régression et se révèlera inefficace. La réponse adéquate est non pas de criminaliser les services financiers "offshore" mais de renforcer la régulation qui s'y rapporte. Si notre volonté politique de lutter contre l'abus des drogues est forte, les ressources financières et techniques sont faibles. Les pays industrialisés, qui sont pour la plupart des plaques tournantes du blanchiment de l'argent, peuvent aider de façon efficace les pays en développement en leur fournissant une aide financière, technique et technologique. Il est d'égale importance que les institutions financières modifient leur politique de prêts. Nous leur demandons d'allouer des prêts aux petits Etats pour qu'ils puissent améliorer leurs outils de lutte contre le trafic de drogues.
M. JERRY EKANDJO (Ministre de l'intérieur de la Namibie) : Les problèmes de drogue en Namibie se limitent principalement à la consommation de mandrax et de cannabis. Aujourd'hui pourtant les faits prouvent que le pays est devenu territoire de transit des drogues dures comme la cocaïne. S'il faut saluer les efforts de l'unité chargée du contrôle des stupéfiants, il serait naïf de croire que la question est complètement réglée. Le caractère inadéquat du contrôle des frontières illustre la nécessité d'une coopération accrue entre les institutions de contrôle des drogues et le personnel de l'immigration des deux côtés des frontières. L'unité chargée du contrôle de la drogue a donc élargi ses opérations grâce à sa coopération avec des unités internationales et régionales comme INTERPOL ou l'Organisation de coopération
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des chefs de police de la région de l'Afrique australe. La Namibie prend également d'autres mesures comme l'organisation d'ateliers, de séminaires ou d'autres réunions interactives, portant particulièrement sur les jeunes, et ce dans le cadre d'efforts visant la réduction de la demande.
La dimension internationale du trafic des drogues étant indiscutable, il faut renforcer la coopération internationale en matière de prévention de la criminalité organisée. Convaincue de cela, la Namibie a signé le Protocole de la Communauté pour le développement des Etats d'Afrique australe sur le trafic illicite des stupéfiants qui a permis à la police de saisir en 1993, 3 595 kilos de cocaïne destinés à l'Afrique du sud en provenance d'Angola. En 1997, grâce à la coopération avec la police allemande, la police namibienne a saisi 7 181 kilos. Ces faits démontrent que ce n'est qu'à travers l'échange d'informations que la communauté internationale pourra ensemble gagner la guerre contre la drogue. Sur le plan intérieur, les efforts du Ministère de l'intérieur visent à prévenir l'abus des drogues et à limiter les efforts secondaires. On encourage donc une participation active et coordonnée des communautés et le développement d'un environnement permettant de résister à la tentation de la drogue.
MME MAGNHILD MELTVEIT KLEPPA (Ministre des affaires sociales de la Norvège) : La coopération internationale est l'un des piliers de l'approche globale du Gouvernement norvégien en matière de drogues. Nous appuyons pleinement le projet de déclaration qui a été soumis à cette session politique soumis et nous espérons que, de concert avec les autres documents à adopter, il permettra d'insuffler un nouvel élan à nos efforts collectifs de lutte, et un jour de victoire, contre les problèmes de la drogue. L'un des résultats les plus significatifs de la présente session est la mise en avant des questions de prévention et de réhabilitation des toxicomanes. Je me réjouis, tout particulièrement, du projet de déclaration sur le principe directeur en matière de réduction de la demande. Il faut espérer qu'il deviendra l'instrument fondamental d'une stratégie mondiale efficace de réduction de la demande. Dans la mesure où le trafic illicite des drogues ne connaît aucune frontière et change très rapidement, il est plus urgent que jamais de mettre en place une coopération internationale. Il nous faut trouver des partenaires de lutte au-delà des seuls cercles gouvernementaux, et nous tourner vers les organisations non gouvernementales, les familles et la société civile. La Norvège accorde la plus haute priorité à la lutte active contre la drogue et l'alcoolisme, d'autant que des recherches récentes ont montré qu'il existe un lien entre ces deux types d'abus. C'est pourquoi, elle placera désormais l'accent sur la coopération avec les parents, qui ont un rôle de modèle important.
M. JOHN O'DONOGHUE (Ministre de la justice, de l'égalité et de la réforme législative de l'Irlande): Il nous faut aller plus loin dans notre lutte contre la drogue. Pour cela, il faut attacher la même importance à la réduction de l'offre et de la demande. Pour ce qui est de l'offre, le Gouvernement irlandais en 1996 a adopté une loi sur la criminalité liée au trafic de drogues et a créé un bureau pour la répression des crimes qui en
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découlent. Les intouchables ne sont plus intouchables. Je défends actuellement au Parlement une loi dont les dispositions prévoient une peine d'emprisonnement de 10 ans minimum pour les traficants arrêtés en possession de drogue dont la valeur marchande seraient de plus de 15 000 dollars. Nous sommes également conscients que la lutte contre le trafic de drogues ne peut pas uniquement se faire par l'application des lois. Nous sommes en faveur d'un approche pluridisciplinaire et multilatérale sur la base du partenariat. Dans le même esprit que celui de la Déclaration politique, l'Irlande s'attache à développer des stratégies de réduction de la demande en faisant intervenir la communauté des citoyens. Il ne faut pas non plus oublier l'importance des activités alternatives. Une étape significative à été franchie dans nos efforts de coopération comme en témoigne notre capacité à tomber d'accord sur une série de projets de résolution qui seront adoptés lors de la présente session extraordinaire de l'Assemblée générale.
M. MASAHIKO KOMURA (Ministre des affaires étrangères du Japon): le trafic de drogues représente un problème difficile et en raison de son caractère mondial, toute la communauté internationale doit s'unir pour combattre ce fléau. Deux tendances sont particulièrement alarmantes : d'une part, la réduction de l'âge des consommateurs, et de l'autre, la consommation de nouvelles substances, tels les stimulants du type amphétamine. Dans la mesure où le commerce des drogues illicites fait partie du crime organisé, il est essentiel de prendre des mesures globales contre ces deux activités. Si l'on veut réduire l'offre, il est impératif d'appliquer et de faire respecter les lois. Mais simultanément, des mesures appropriées de lutte contre la demande doivent être prises, notamment en matière d'éducation des jeunes. C'est pourquoi, le Japon vient de lancer une stratégie quinquennale de prévention contre le consommation des drogues illicites qui accorde la plus haute priorité à la lutte contre les stimulants du type amphétamine et à la consommation de substances psychotropes chez les jeunes. Nous engageons les participants à la présente session à accorder également une importance particulière à ces deux problèmes. Résoudre le problème de la drogue demande la coopération internationale, ce que nous nous attachons à renforcer dans notre propre région, en soutenant notamment la politique d'élimination des cultures du pavot à Myanmar. La coopération internationale est particulièrement essentielle dans les domaines de la police et des douanes, compte tenu de la structure de crime organisé du trafic des drogues. Nous espérons que la Déclaration politique soumise à la présente session et les six autres documents de travail deviendront des éléments clefs d'une politique mondiale et globale d'élimination de la consommation de drogues dans le monde.
M. MALKHAZ KAKABADZE (Ministre adjoint des affaires étrangères de la Géorgie): Le Code pénal géorgien prévoit des dispositions importantes pour la criminalité liée au trafic de drogues. Le nouveau code pénal créera la base nécessaire pour la lutte contre le crime transnational. Un Plan d'action national contre le trafic illicite des drogues a été adopté pour 1998-2000. Celui-ci définit des orientations et des objectifs, des méthodes et des mesures de prévention. Le Conseil de sécurité national, qui est le principal organe consultatif, et la Commission d'Etat, débattent régulièrement de cette
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question. Malgré la situation économique difficile qui prévaut en Géorgie, des mesures ont été prises pour mettre en place un système de gardes frontières et de garde-côtes grâce à l'aide des Etats Unis, de l'Ukraine, de l'Allemagne, de la Grèce, de la Turquie et de l'Office international des migrations. La Géorgie est partie aux principales conventions internationales et elle participe aux discussions du Groupe Pompidou au sein du Conseil de l'Europe. Nous sommes, toutefois, préoccupés par la situation en Abkhazie. Nous sommes en mesure d'affirmer que dans ce territoire que nous ne maîtrisons pas, un trafic de drogues de grande ampleur est mené avec l'aide du régime séparatiste. La toxicomanie n'est pas encore très répandue dans cette zone de transit, mais elle pourrait bien le devenir. Ce phénomène est pratiquement invisible, d'où la nécessité de déployer des efforts communs dans le cadre d'une coopération internationale accrue, en particulier, au niveau régional. Dans le domaine économique, nous avons déjà conclu des accords de coopération. La Géorgie est partie prenante au projet du corridor Europe-Caucase-Asie. Nous avons l'intention de réouvrir la route de la soie. Le rôle que joue la région de la Mer noire dans le développement du commerce et des relations économiques entre l'Asie et l'Europe est de la plus grande importance.
M. DATO PADUKA HAJI ABIDIN ABDUL RASHID (Vice-Ministre des affaires domestiques de Brunéi Darussalam) : L'amélioration de la qualité de la vie, accompagnée par les progrès de la technologie, et l'introduction de drogues synthétiques comme les stimulants de type amphétamines exigent l'adoption de nouvelles stratégies et techniques de lutte contre la drogue. Il faut donc espérer que la session extraordinaire donnera naissance à des stratégies efficaces qui pourront être mises en oeuvre au cours du prochain millénaire. Brunéi Darussalam est en premier lieu un pays de consommation dont les jeunes sont les victimes principales des trafiquants de drogues. Le pays a renforcé ses efforts en matière de réduction de la demande, en particulier dans le domaine de la prévention, pour décourager les jeunes de se laisser tenter par l'abus des drogues. Brunéi Darussalam estime que les mesures de réduction de la demande proposée au cours de cette session extraordinaire constitue une approche systématique. Signataire des trois conventions pertinentes des Nations Unies, Brunéi Darussalam participe aux activités régionales et internationales et demeure engagé à remplir ses obligations découlant des traités internationaux. A l'instar des pays de la région, Brunéi Darussalam met un accent particulier sur le respect des lois tout en adoptant une stratégie sociale à l'égard des toxicomanes. Le pays appuie les stratégies internationales mettant l'accent sur la réduction de la demande et celle de l'offre. Il est convaincu du rôle crucial des Nations Unies dans la lutte contre la drogue.
M. MAKARIM WIBISONO (Représentant permanent auprès des Nations Unis de l'Indonésie, s'exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine) : la présente session extraordinaire nous permet de réaffirmer notre engagement et détermination intacts à trouver une solution efficace et durable au problème de la drogue, qui frappe tous les Etats membres. Nous, Groupe des 77 et la Chine, reconnaissons la nécessité d'adapter nos politiques actuelles de lutte aux nouvelles tendances et formes prises par la production et le trafic
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illicites et la consommation de nouvelles substances, telles les drogues synthétiques. De nouveaux objectifs et un nouveau calendrier d'action doivent être également définis. L'Organe international de contrôle des stupéfiants et le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues doivent recevoir le soutien nécessaire à la réalisation efficace de leurs mandats. La démarche du PNUCID en faveur de la réduction et de l'élimination des cultures illicites d'ici 10 ans mérite notre appui. Le PNUCID doit poursuivre ses activités de remplacement alternatif. L'Indonésie s'inquiète des activités de blanchiment de l'argent qui doivent être rendues illégales. Le Groupe des 77 et la Chine pense que c'est uniquement par l'intermédiaire de l'action des Nations Unies que l'on pourra éviter de prendre des solutions interventionnistes à court terme et permettre la mise en place d'un Programme multilatéral fondé sur le principe de la responsabilité partagée et sur l'action équitable et coordonnée entre les Etats. Tout effort visant à réduire la demande doit comprendre plusieurs aspects, dont notamment la prévention et la réhabilitation des consommateurs de drogues. Nous nous félicitons également du Plan d'action de lutte contre la production illicite. Les mesures d'élimination des cultures illicites doivent toujours s'accompagner de programmes de cultures de remplacement. Il faut aussi adresser le problème de la pauvreté. Le sort désespéré des pays en développement devient de plus en plus manifeste si l'on considère que les revenus des drogues illicites sont 10 fois supérieurs à ceux de l'Aide publique au développement. On ne peut que souligner le rôle que la pauvreté joue dans les activités illicites de la production et du commerce des drogues. Le Plan d'action doit être mis en oeuvre dans sa totalité. Il faut également s'attaquer aux bénéfices découlant du blanchiment de l'argent et des mesures supplémentaires doivent être prises pour lutter contre le crime organisé. Le Groupe des 77 et la Chine demande la mise en oeuvre complète de la Convention contre le trafic illicite et les substances psychotropes et notamment les dispositions relatives au blanchiment de l'argent. Tous les Etats doivent ratifier la Convention de 1988 contre le trafic illicite des stupéfiants et des substances psychotropes. Il faut souligner l'importance du bon fonctionnement de tous les organes de lutte contre les drogues des Nations Unies. Une importance particulière doit être accordée au renforcement de la coordination des activités de lutte car il ne suffit pas d'identifier le problème. Alors que certains pays sont directement touchés, aucun d'entre nous n'est à l'abri et le trafic illicite continue de s'infiltrer tel un cancer international. C'est pourquoi nous nous félicitons de la teneur des documents à adopter lors de la présente session.
M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) : Le Gouvernement des Philippines approuve pleinement le Déclaration commune des pays de la région d'Asie et du Pacifique, y compris le Cambodge, la République populaire démocratique Lao, Myanmar, la Thaïlande et le Viet Nam. Cette déclaration témoigne de la volonté de la population des Philippines de se libérer du fléau de la drogue. Nous approuvons également les projets de déclaration préparés par le Comité préparatoire de cette session extraordinaire de l'Assemblée générale. Nous estimons que la Déclaration politique est un outil important de promotion de la prise de conscience du public, en particulier des jeunes, des médias, et
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des décideurs politiques. Cette déclaration est d'autant plus importante qu'elle s'attache pour la première fois à réduire la demande. Nous sommes conscients que la réduction des cultures illicites doit passer par le développement d'activités alternatives et par une approche équilibrée dans l'allocation des ressources pour la réduction de l'offre et de la demande. La condition sine qua non au succès de cette approche est l'assistance financière.
Le Plan d'action de lutte contre la fabrication illicite des stimulants du type amphétamines, et de leurs précurseurs, est un des piliers de lutte contre l'abus des drogues. A cet égard, une attention particulière doit être accordée à la prise de conscience du public, à la réduction de la demande et au contrôle des précurseurs et à l'utilisation d'Internet. Nous accueillons favorablement le Plan d'action relatif à la coopération judiciaire. Nous révisons actuellement notre législation dans ce domaine, en particulier celle relative aux procédures d'extradition, au secret bancaire et au blanchiment de l'argent. La proposition visant l'élaboration d'un instrument juridique international de lutte contre le crime organisé a également tout notre soutien. Les Philippines envisagent d'adopter des accord d'extradition avec la Chine, le Myanmar, la Malaisie, le Cambodge, le Pakistan et l'Inde.
M. AHMAD KAMAL (Pakistan) : Dès son arrivée au pouvoir en 1997, le nouveau gouvernement a adopté une législation globale sur la drogue. Aujourd'hui, le cabinet du Premier Ministre est en mesure d'annoncer la destruction de tous les laboratoires d'héroïne. Les mesures adoptées par le Pakistan portent aussi sur l'inclusion d'unités militaires dans les forces anti-drogues, une augmentation annuelle de 20% du budget du programme de lutte contre la drogue, l'introduction de la peine capitale pour les trafiquants de drogue, et l'adoption prochaine d'un plan global sur les drogues. Le Pakistan continue d'être l'une des principales victimes de la culture de la drogue avec 4 millions de toxicomanes. La mondialisation du problème exige que la bataille soit menée dans les foyers, les écoles, les mosquées, les églises et tous les domaines de la vie publique et privée. Il est trop facile de jeter le blâme sur les autres. La question doit être la réalisation d'un objectif commun et le partage des responsabilités. Pays de consommation, de transit et de production doivent travailler ensemble. La même attention doit être accordée à la réduction de la demande et au renforcement des peines. Il s'agit d'une question humaine et non politique et dans ce contexte, la stratégie de deux poids-deux mesures ne saurait trouver sa place.
L'approche du respect de la loi et des peines doit être repensée. Il est étonnant de voir la pression exercée sur les pays en développement pour qu'ils renforcent leurs peines alors même que les pays industrialisés continuent de montrer une certaine tolérance à l'égard du problème de la drogue sous le prétexte fallacieux de la liberté individuelle. La culture de la drogue ne connaît pas de frontières et il faut dénoncer le rôle de la télévision et du cinéma en la matière. Le Pakistan a lancé une véritable guerre contre la drogue alors qu'il fait face aujourd'hui à un double danger provenant d'un pays voisin qui exhibe ses armes de destruction massive pendant
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que son chef de gouvernement de proclame fièrement son statut récent de puissance nucléaire. Le Pakistan tient à dire clairement qu'il ne laissera pas le danger nucléaire le détourner de la guerre contre la drogue.
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