LE PRESIDENT CLINTON DECLARE QUE LES ETATS-UNIS ENTENDENT REDUIRE LA DEMANDE DE DROGUES DE MOITIE AU COURS DES DIX PROCHAINES ANNEES
Communiqué de Presse
AG/765
LE PRESIDENT CLINTON DECLARE QUE LES ETATS-UNIS ENTENDENT REDUIRE LA DEMANDE DE DROGUES DE MOITIE AU COURS DES DIX PROCHAINES ANNEES
19980608 Plusieurs pays producteurs et de transit demandent l'aide financière de la communauté internationale pour lutter contre la drogueRéunie sous la présidence de M. Hennadyi Udovenko (Ukraine), la XXème session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au problème mondial de la drogue a entamé ce matin ses travaux. Le Chef de la délégation ukrainienne, M. Volodymyr Khandogy, Vice-Ministre des affaires étrangères avait ouvert la session qui se tiendra jusqu'à mercredi. Les représentants des 185 Etats Membres des Nations Unies, dont une trentaine de chefs d'Etat et de Gouvernement, réfléchiront à de nouvelles stratégies et à des mesures spécifiques pour renforcer la coopération internationale à l'égard du problème des drogues illicites. Cette session, qui intervient dix ans après l'entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, devra donc mettre au point une stratégie prospective au seuil du XXIème siècle, axée, selon le nouveau consensus, sur le principe fondamental d'une démarche équilibrée entre la réduction de l'offre et la réduction de la demande.
Le Président de l'Assemblée générale a fait une déclaration d'ouverture. Dans une allocution, en début de séance, le Secrétaire général, M. Kofi Annan a souligné que la Déclaration novatrice sur les principes directeurs de la réduction de la demande crée une approche équilibrée qui, pour la première fois, évoque la responsabilité des pays producteurs et des pays consommateurs.
Le Président de la Commission des stupéfiants agissant en tant qu'organe préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, M. Alvaro Mendonça E. Moura (Portugal), a présenté le rapport des travaux de cette Commission.
Le Président des Etats-Unis, en sa qualité de représentant du pays hôte, a ouvert le débat général, soulignant, dans son allocution qu'"ensemble les Etats pourront priver les trafiquants de drogue de l'argent sale qui alimente leur commerce meurtrier". Il a déclaré que les Etats-Unis s'engagent à réaliser l'objectif fixé par le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues de réduire l'offre et la demande d'ici
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2008. La Stratégie nationale de contrôle des drogues vise à réduire de moitié la consommation de la drogue aux Etats-Unis au cours des dix prochaines années. Les Etats-Unis oeuvrent également pour créer une "Université virtuelle pour la prévention et le traitement de l'abus des stupéfiants".
Les Chefs d'Etat et de Gouvernement suivants ont fait une déclaration : MM. Ernesto Zedillo (Mexique); Jorge Fernando Branco de Sampaio (Portugal); Romano Prodi (Italie); Hugo Banzer Suarez (Bolivie); Jacques Chirac (France); Miguel Angel Rodriguez (Costa Rica); Carlos Saúl Menem (Argentine); Leonel Fernandez Reyna (République dominicaine); Jules Albert Wijdenbosch (Suriname); Fernando Henrique Cardoso (Brésil); Denzil Douglas (Saint-Kitts-et-Nevis); José María Aznar (Espagne); M. Luo Gan (Chine); et John Prescott (Royaume-Uni, au nom de l'Union européenne).
Plusieurs intervenants de pays producteurs et de transit ont demandé l'aide financière de la communauté internationale pour mettre en oeuvre leurs programmes nationaux de lutte contre le trafic de drogue. Il a été souligné que la drogue constitue un problème de santé publique, social et de valeurs, auquel il faut s'attaquer par le biais de programmes d'éducation, de formation et de réhabilitation. La nécessité de réduire à la fois l'offre et la demande, en renforçant la coopération internationale et régionale et l'échange d'informations, a été également mise en avant.
"Il faut réduire en même temps l'offre et la demande", a insisté le Président de la France. "La stratégie doit être fondée sur la co- responsabilité car le mal est planétaire". Selon le Président de l'Argentine, "tout trafiquant est un ennemi et tout toxicomane est une victime qu'il faut aider". "Les pays de transit ont le droit d'exiger que la stratégie de lutte contre la drogue soit équilibrée entre la réduction de l'offre et la réduction de la demande", a affirmé le Président du Mexique. Le Président de la Bolivie a rappelé les coûts de l'élimination des cultures illicites et indiqué que l'objectif de son gouvernement est de fournir des perspectives de vie décente pour les milliers de familles dont l'existence est liée à la culture de feuilles de coca. Il a proposé la création d'un groupe multilatéral de consultation pour obtenir des ressources en faveur des pays engagés à lutter contre le trafic. Pour la Chine, chaque Etat est responsable du contrôle des drogues sur son territoire et aucun pays ni aucune organisation ne doit s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays sous prétexte de contrôler les drogues.
En début de séance, le Président de l'Assemblée générale a informé les délégations que 23 Etats Membres se sont acquittés de leurs arriérés conformément à l'article 19 de la Charte des Nations Unies.
Conformément à l'Article 28 de son Règlement intérieur, et sur proposition de son Président, l'Assemblée générale a pris note de la composition suivante de la Commission de vérification des pouvoirs : Argentine, Barbade, Bhoutan, Chine, Côte d'Ivoire, Etats-Unis, Fédération de Russie, Norvège et Zambie.
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Egalement en début de séance, une minute consacrée à la prière et à la méditation a été observée.
La session extraordinaire de l'Assemblée générale a créé une Commission spéciale plénière.
La session extraordinaire reprendra son débat, cet après-midi, à partir de 15 heures. Elle entendra treize Chefs d'Etat et un Chef de Gouvernement.
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Déclaration d'ouverture
M. HENNADYI UDOVENKO (Président de l'Assemblée générale et Président de la vingtième session spéciale de l'Assemblée générale) : Le trafic de drogue a atteint des proportions alarmantes et constitue, avec le crime organisé, une menace mortelle pour le monde à l'aube du prochain siècle. Toutefois, d'autres tendances offrent aujourd'hui à la communauté internationale une opportunité sans précédent de réaliser des progrès réels pour parvenir à l'objectif d'un monde sans drogue. L'effacement des différences idéologiques offre, en effet, un climat de plus grande coopération pour traiter des questions mondiales, tandis que des années d'activités dans le domaine du contrôle des drogues ont permis d'identifier le savoir-faire et les technologies. Ces signes encourageants ne doivent pas toutefois diminuer notre vigilance. Le problème de la drogue ne saurait être éliminé par des voeux pieux. La communauté internationale doit se préparer à un combat difficile et mener ses activités quotidiennes anti-drogue de manière pragmatique. Les trois principaux projets de documents dont est saisie la session offrent un cadre solide à l'amélioration de l'activité de la communauté internationale dans le domaine de la lutte contre la drogue. Un aspect crucial de cette nouvelle stratégie est de recentrer les efforts sur les personnes plutôt qu'exclusivement sur les drogues. C'est pourquoi la réduction de la demande constitue un élément clé de cette stratégie, à côté de l'élimination des cultures illicites et la promotion d'un développement alternatif. Pour atteindre ces objectifs, il faut créer un nouveau partenariat mondial, fondé sur le principe de la responsabilité partagée, renforcer la coopération internationale et trouver des moyens novateurs de mettre en oeuvre les engagements qui seront pris. Le renforcement du cadre juridique est également essentiel. Créer un nouveau partenariat avec les ONG, le secteur privé, les syndicats, les communautés locales et les familles constitue également un préalable indispensable au succès à long terme de cet exercice. Cette session offre une occasion unique de montrer que l'ONU est un organisme dynamique capable d'affronter des tâches qui constituent des défis mondiaux, malgré les intérêts nationaux souvent divergents.
Déclaration du Secrétaire général
M. KOFI ANNAN (Secrétaire général des Nations Unies) : Vous êtes venus à New York parce que vous savez que nous sommes à la croisée des chemins dans le défi de la réduction de la production et du trafic illégal de drogues. La proposition de Déclaration politique que vous avez devant vous est le fruit de mois de dur labeur et d'effort. Il est rare, et en fait presque sans précédent dans l'histoire des Nations Unies, que le consensus soit atteint aussi bien sur des problèmes de fond que sur des problèmes politiques plusieurs mois avant une session extraordinaire. L'innovatrice Déclaration sur les principes directeurs de la réduction de la demande crée une approche équilibrée qui, pour la première fois, évoque la responsabilité des nations où la consommation est un problème et celle des nations où la production est un problème. L'Organe préparatoire de Vienne a mis en avant des plans d'action sur une série de sujets importants : l'endiguement du flot des stimulants et de leurs précurseurs; la coopération judiciaire; le combat contre le blanchiment de l'argent; et la collaboration dans l'éradication et le développement alternatif.
Dans chaque cas, il faut respecter une date-butoir. En l'an 2008, les Etats Membres devront avoir fait de réels progrès dans la réduction ou
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l'élimination significative des cultures de pavot, de coca et du cannabis. La tendance croissante de l'abus et de la production de substances psychotropes doit être inversée. Une attention particulière devrait être accordée à la recrudescence de la production de drogues synthétiques illégales et leurs précurseurs. Sous la conduite du Secrétaire général adjoint, les Nations Unies sont désormais à même de relever le défi. Le trafic de drogues est devenu une industrie de plusieurs milliards de dollars qui touche tous les pays, et le Fonds monétaire international estime que 2% à 5% du produit brut mondial proviennent de l'argent blanchi. Je supporte la date-butoir de l'an 2003 pour voir les Etats Membres mettre en place des législations nationales appropriées contre le blanchiment de l'argent.
Déclaration du Président de la Commission des stupéfiants
M. ALVARO MENDONÇA E MOURA, Président de la Commission des stupéfiants agissant en tant qu'organe préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au problème de la drogue et Représentant permanent du Portugal auprès des Organisations internationales à Vienne : le rapport de la Commission des stupéfiants agissant en tant qu'organe préparatoire est présenté aujourd'hui à la session extraordinaire de l'Assemblée générale. La Commission a permis à tous les Etats Membres et Observateurs auprès des Nations Unies, aux agences spécialisées et aux Organisations non gouvernementales de participer à ses délibérations. A la suite des deux sessions de la Commission, qui se sont tenues en mars 1997 et en mars 1998, les Etats Membres ont pu atteindre un consensus sur toutes les questions concernant les politiques relatives au problème de la drogue, comme l'indique le rapport. Le processus préparatoire a permis de renforcer l'engagement des gouvernements à adopter des stratégies visant à lutter contre la drogue, notamment en réduisant l'offre et la demande. Le texte de la déclaration relative aux principes directeurs en matière de réduction de la demande de la drogue, tel que soumis, représente un pas en avant et devrait compléter les traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. Le rapport de la Commission des stupéfiants, qui est le résultat d'un processus de négociations délicates, contient des recommandations et des propositions équilibrées. Ces recommandations doivent être pleinement appuyées à un très haut niveau durant cette session extraordinaire afin d'avoir un impact maximal sur l'opinion publique.
Débat général
M. WILLIAM JEFFERSON CLINTON (Président des Etats-Unis) : La consommation de la drogue a diminué aux Etats-Unis depuis 1979. Les Américains dépensent aujourd'hui 37% de moins pour la drogue qu'il y a dix ans, soit 34,1 milliards de dollars réinvestis dans notre société au lieu d'être gaspillés pour la drogue. Une police mieux formée et un système d'échange d'informations plus perfectionné permettent d'appréhender davantage de trafiquants de drogue dans le monde. Des réseaux spécialisés dans l'échange d'informations sur des transactions financières suspectes oeuvrent dans une douzaine de pays pour mettre un frein au blanchiment de l'argent. A la fin de l'an 2000, les Etats-Unis apporteront leur assistance à une vingtaine d'autres pays pour créer et renforcer ces unités de renseignements financiers. Ensemble, les Etats pourront priver les trafiquants de drogue de l'argent sale qui alimente leur commerce meurtrier. Les Etats-Unis se félicitent de l'objectif fixé par le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues, visant à réduire de façon considérable la
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culture du coca et du pavot à opium d'ici l'an 2008. Les Etats-Unis s'engagent à faire de cet objectif une réalité. Toutefois, il ne faut pas confondre les progrès réalisés avec le succès ultime. Le spectre des drogues continue de hanter nos citoyens, nos sociétés et notre sécurité commune. Il faut faire obstacle aux activités des trafiquants en élaborant des stratégies nationales dynamiques, en mobilisant des ressources plus importantes, en faisant preuve de volonté et en développant une coopération internationale inébranlable. Les Etats-Unis s'engagent à combattre la drogue. L'Administration a demandé au Congrès de consacrer plus de 17 milliards de dollars à cette fin, dont près de 6 milliards seront affectés à la réduction de la demande. La Stratégie nationale de contrôle des drogues vise à réduire l'utilisation et l'accès de la drogue aux Etats-Unis au cours des dix prochaines années, par le biais de l'application des lois, une interdiction plus sévère, un meilleur traitement et des efforts de prévention plus dynamiques. Les Etats-Unis sont déterminés à créer une Amérique exempte de drogue pour l'avenir et de joindre leurs efforts aux autres pays pour lutter contre la drogue dans le monde. Avec l'appui du Congrès, et celui du secteur privé, l'Amérique s'engagera à mettre en oeuvre un programme quinquennal pour un montant de 2 milliards de dollars, pour établir un partenariat entre le secteur privé et le secteur public visant à éloigner les enfants de la drogue. Les Etats-Unis oeuvrent également pour créer une "Université virtuelle pour la prévention et le traitement de l'abus des stupéfiants", utilisant la technologie du XXIème siècle pour échanger le savoir-faire et l'expérience au- delà des frontières. Cet effort sera lancé le mois prochain dans l'Etat de New Mexico avec un programme international de formation sur la réduction de la demande. L'Institut national pour l'abus des drogues aux Etats-Unis, qui finance 85% de la recherche mondiale sur la drogue, diffusera sur Internet des cassettes vidéo en direct de ses ateliers sur la prévention et le traitement des drogues.
M. ERNESTO ZEDILLO (Président du Mexique) : Les résultats obtenus dans le cadre de la stratégie explicite dans la Convention de Vienne de 1988 ont été nettement insuffisants. Il faut faire davantage et décider d'entreprendre un effort de coopération sans précédent, appuyé par une stratégie nouvelle qui se doit d'être mondiale, intégrale et équilibrée. Il faut absolument redoubler d'efforts pour réduire la demande des drogues, qu'il faut comprendre comme un problème de santé publique, de conduite sociale et de valeurs, auquel l'on doit faire face en adoptant des programmes médicaux, d'éducation, de formation et de culture. Une très grande part de la demande se produit dans les pays qui ont les moyens économiques les plus élevés. Cependant, c'est nous, pays producteurs et de transit des drogues, qui payons la part du lion des coûts humains, sociaux et institutionnels liés à la satisfaction de la demande. Voilà pourquoi nous avons le droit d'exiger que la stratégie soit équilibrée.
Le Mexique propose de donner aux Nations Unies le mandat d'expliciter les éléments d'une nouvelle stratégie de la lutte contre les drogues et d'en encourager le combat mondial comme une tâche prioritaire. Dans cet esprit, les Nations Unies sont appelées à assurer que chaque pays prépare un plan d'action avec des buts concrets et vérifiables; que chaque pays adhère aux instruments issus de cette réunion; qu'il existe dans chaque pays des lois appropriées contre le blanchiment d'argent et les délits liés au trafic des drogues, et que les Nations Unies soient en mesure d'évaluer les progrès accomplis dans chaque pays de manière périodique et objective. Le Mexique s'engage à accomplir ce qui lui revient dans la responsabilité globale de
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combattre le trafic des drogues, et il demeure convaincu que, tous ensemble, nous bâtirons un monde sans drogues pour les enfants et les jeunes du 21ième siècle.
M. JORGE SAMPAIO (Président de la République du Portugal) : au cours des dernières décennies, le problème de la drogue est devenu de plus en plus important au niveau mondial. Il n'est plus question de séparer les Etats producteurs de drogue des Etats consommateurs. Tous les Etats sont à la fois consommateurs et producteurs. Les drogues de synthèse et la vente des précurseurs, qui permettent la fabrication de certaines drogues chimiques, rendent les pays occidentaux aussi responsables que les autres pays. Les effets de la drogue sur la santé physique et psychique des individus sont dramatiques. Les drogues sont aussi liées au crime, à la corruption, à la marginalisation des individus et mettent en péril la stabilité politique et sociale. Il est nécessaire que les politiques de contrôle des drogues prennent en compte la réintégration sociale des drogués. Il est temps d'élaborer une nouvelle politique pour combattre le problème de la drogue. Cette nouvelle politique doit particulièrement s'occuper de la jeunesse. Elle doit se fonder sur des informations objectives et une recherche interdisciplinaire afin de réduire l'offre et la demande d'une façon équilibrée. Il est devenu nécessaire de développer la coopération internationale afin de lutter contre le trafic des drogues, de permettre l'échange d'informations et la réduction de la demande. L'expérience a montré que les programmes les plus efficaces pour réduire le crime et la demande de drogues dans les villes sont ceux qui sont appuyés au niveau local, par les écoles, les organisations non gouvernementales et les médias. Le Portugal participera en octobre, avant la tenue à Oporto du prochain Sommet Ibéro- américain, à un séminaire qui visera à promouvoir la coopération en matière de drogue, notamment en ce qui concerne la réduction de l'offre et de la demande. Il est essentiel de lutter contre les mécanismes de blanchiment de l'argent provenant du trafic de la drogue et d'accroître la coopération judiciaire dans ce domaine. La déclaration politique, qui sera adoptée après demain, doit avant tout exprimer clairement la volonté politique de tous les Etats pour lutter fermement contre le problème de la drogue.
M. ROMANO PRODI, (Premier Ministre de l'Italie) : La menace mondiale posée par la drogue montre que l'adoption de stratégies nationales ne peut se réaliser que dans le cadre d'une coopération internationale fondée sur une approche concertée. L'Italie continuera à oeuvrer étroitement avec le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) pour la mise en oeuvre de ses nombreuses initiatives, convaincue que celles-ci permettront d'obtenir des résultats considérables au cours des prochaines années. Cette année, la contribution financière de l'Italie passe de 12 à 15 milliards de lires. Il ne suffit pas de maintenir l'équilibre requis entre le respect de la souveraineté et la nécessité de développer une coopération internationale. Il faut également garantir une action efficace pour évaluer et tester l'efficacité des politiques visant à réduire l'offre et la demande de la drogue aux niveaux national, régional et mondial, dans le cadre des traités et conventions en vigueur. Dix ans après la Convention de Vienne contre le trafic illicite des stupéfiants et des substances psychotropes, l'Europe fait face à des problèmes sans précédent et en conséquence avec des rôles et activités sans précédent. L'objectif principal de la stratégie nationale a été de combattre ce fléau par la réduction de l'offre et de la demande. La clé à ce plan est la campagne de sensibilisation et de prévention qui capitalise sur le talent et la créativité des jeunes et
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qui implique les familles, les écoles et la société civile tout entière. Le développement d'un réseau de services publics et privés pour réhabiliter les toxicomanes, rétablir leur santé et les réintégrer dans la société en constitue un autre volet important. Les initiatives qui seront adoptées par la présente session et l'engagement national en faveur de la lutte contre la drogue adresseront un message clair : les Etats, à titre individuel et en tant que membres de la communauté internationale prendront des mesures fermes pour éliminer ce fléau.
M. HUGO BANZER SUAREZ (Président de la Bolivie): La Bolivie dialoguera avec les cultivateurs de feuilles de coca afin d'éliminer les cultures illicites une fois pour toutes. Nous ne laisserons aux trafiquants de drogue aucun moment de répit. A cette fin, nous avons adopté une stratégie nationale de lutte contre le trafic de drogue, fondée sur le développement alternatif, la prévention, l'élimination et l'interdiction. L'objectif est de fournir des perspectives de vie décente pour les 35 000 familles dont l'existence est liée à la culture de feuilles de coca; d'éliminer les 38 000 hectares présumés de cultures illicites de coca; de combattre ceux qui pratiquent et profitent de ce commerce dégradant; et de donner de nouvelles opportunités à ceux qui ont eu la malchance de consommer les drogues. Le financement requis pour une période de cinq ans s'élève à 952 millions de dollars, dont 108 pour l'élimination des cultures, 700 pour le développement alternatif, 129 pour l'interdiction, et 15 millions pour la prévention et la réhabilitation. Mon Gouvernement est résolu à contribuer à hauteur d'au moins 15 pour cent au financement de ce programme et demande donc à la communauté internationale 809 millions de dollars, ce qui représente environ 161 millions par an. Aujourd'hui, je remets officiellement aux Nations Unies la Stratégie adoptée par la Bolivie, intitulée "Avec dignité".
Pour la Bolivie, le fardeau financier est énorme. Il implique d'abord le gel des programmes vitaux pour le développement socio-économique du pays alors que nous luttons pour éliminer la pauvreté. Si la Bolivie l'emporte, c'est la communauté internationale qui y gagne. Je propose donc une alliance mondiale pour combattre la drogue et la création d'un groupe multilatéral de consultation pour l'évaluation, la coordination et le contrôle, en tant que forum chargé d'obtenir et d'affecter les ressources et les programmes d'appui aux pays qui se sont engagés à lutter contre le trafic de drogue. Je propose que les Nations Unies encouragent les réunions de donateurs. Je m'engage envers les Boliviens à libérer mon pays de ce grave fléau et de laisser aux termes de mon mandat en 2002 un peuple fier d'avoir été le premier à déclarer la guerre totale contre le trafic de drogue.
M. JACQUES CHIRAC (Président de la République de la France) : La drogue corrompt et tue. Elle choisit ses premières victimes au sortir de l'enfance, parmi les adolescents les plus vulnérables. Elle génère dans tous nos pays une économie de corruption, une économie mafieuse, qui croît et se fortifie. L'action internationale progresse, mais le fléau progresse plus rapidement encore. La production augmente et s'étend à des régions nouvelles. Dans certaines régions du monde, les grands séismes politiques et la déstructuration des économies ont entraîné la prolifération d'unités clandestines pour la fabrication des nouvelles drogues de synthèse. L'économie de la drogue se renforce. Dans les pays de culture, elle exploite la vulnérabilité économique de la paysannerie. Des régions entières sont placées sous la coupe de trafiquants organisés en mafias. Les réseaux de la drogue prennent ensuite appui sur des places financières extraterritoriales et
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les systèmes bancaires de pays intermédiaires, suffisamment développés pour permettre le blanchiment, mais pas assez réglementés et contrôlés pour l'empêcher. Dans les pays développés, l'argent de la drogue gangrène la vie économique et sociale des zones urbaines les plus sensibles. La drogue entretient même des armées, et utilise ses profits colossaux pour étendre les cultures illicites, lancer sur le marché de nouvelles substances chimiques, mais aussi contrôler d'autres activités criminelles.
Devant ce fléau d'ampleur planétaire, le temps est venu de démontrer la détermination de nos pays. Il faut qu'on sache partout dans le monde que, face à la drogue, les Nations Unies sont mobilisées. Il faut contre-attaquer sur tous les fronts : celui de la production de substances illicites, celui du trafic et des profits de la drogue, celui enfin de la misère humaine sur laquelle prospèrent les trafiquants. Notre stratégie doit être fondée sur la co-responsabilité car le mal est planétaire. Il faut réduire en même temps l'offre et la demande. Pour évaluer la situation et assurer le suivi des décisions prises, il faut élaborer un instrument impartial et universel, auprès des Nations Unies, et dans le cadre des institutions existantes. La solidarité, essentielle pour combattre ce fléau, doit s'exercer, à l'intérieur de nos sociétés, à l'égard des toxicomanes eux-mêmes. De même, il faut faire preuve de fermeté dans l'action de la justice, de la police et de la douane, au plan national comme au plan international, dans le respect des droits de la personne. Les législations anti-drogue doivent être harmonisées. Il est crucial de renforcer et moderniser les dispositifs de coopération judiciaire et policière. Il faudrait également faire preuve de fermeté dans le contrôle des institutions financières et des centres "off-shore", qui facilitent le blanchiment de l'argent. Fermeté, enfin, dans le refus de la banalisation des drogues. Face à ces dangers, l'Etat doit exercer sa fonction d'autorité pour faire respecter les interdits adaptés à la gravité des situations.
M. MIGUEL ANGEL RODRIGUEZ-ECHEVERRIA (Président de la République du Costa Rica) : la corruption, la criminalité, le terrorisme et la drogue menacent le monde. La drogue contribue à déstabiliser l'Etat, affaiblir la démocratie, à pervertir la politique et à contaminer l'économie. Elle s'approprie la technologie, exploite la pauvreté, détruit la santé, anéanti la dignité humaine et empêche l'excellence. Ni la géographie, ni l'âge, ni la situation économique n'arrêtent son cours. La drogue, en tant que victimes, nous rend tous égaux. Le problème de la drogue est un problème humain. La dimension humaine de ce fléau doit être notre point de départ dans l'élaboration d'une stratégie pour lutter contre la drogue. Il est impossible d'échouer face au problème de la drogue car la jeunesse du monde a droit à l'excellence et ne peut être mise en danger. Il est nécessaire de renforcer le processus de réinsertion sociale des victimes de la drogue avec l'appui des Organisations non gouvernementales qui ont une expérience en la matière. Il ne sera pas possible d'avancer si l'on ne se demande pas pourquoi le monde est si vulnérable au problème croissant de la drogue. Nous avons supprimé les références fondamentales et retiré toute valeur morale à la vie. Il est indispensable d'appeler à la responsabilité morale des puissants. La morale doit être placée au-dessus de la politique. Il faut réaliser une révolution existentielle qui permette un nouvel ordre humain, une expérience de l'être, une relation intérieure de chaque individu avec la communauté humaine. L'accent doit être mis sur les valeurs humaines afin qu'il y ait un code d'éthique partagé au niveau international.
La lutte contre la drogue exige un renforcement des systèmes éducatifs
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et de la coopération internationale. Chaque pays doit mettre en oeuvre des initiatives nouvelles et constructives en matière de contrôle des stupéfiants. Par le passé, pour les pays d'Amérique centrale, la menace principale au maintien de la paix a été l'insurrection de certains groupes. Aujourd'hui, le plus grand danger vient du trafic des drogues. Les forces de police spécialisées dans le contrôle des stupéfiants devraient être développées. Le Costa Rica lutte pour ne pas être le terrain d'approvisionnement et de distribution de drogues vers les autres pays. Il a fait d'énormes efforts pour se doter de technologies supérieures dans le domaine policier qui sont nécessaires pour le succès des stratégies de lutte contre la drogue. Il est nécessaire, au nom des enfants et des jeunes du monde, de développer une coopération internationale et d'élaborer un nouveau modèle de sécurité partagée dans le domaine de la lutte contre la drogue.
M. CARLOS SAUL MENEM (Président de l'Argentine) : Les divisions entre les pays producteurs et les pays consommateurs ont toujours opposé les gouvernements. C'est pourquoi, il est essentiel de développer une co- responsabilité, permettant à chaque pays de jouer un rôle. Il faut accorder la priorité à la prévention de la toxicomanie et à la réhabilitation des toxicomanes. Tout trafiquant est un ennemi et tout toxicomane est une victime qu'il faut aider avec le maximum de professionnalisme. Pour combattre les délits connexes, il faut lutter contre les précurseurs chimiques. Le blanchiment de l'argent devant faire l'objet d'un contrôle strict, il devient dès lors nécessaire de renforcer les mécanismes nationaux. En Amérique latine, des principes ont été adoptés à Buenos Aires en 1995 pour faire face au problème du blanchiment de l'argent. En 1996, les pays de la région ont adopté une déclaration fondamentale sur la co-responsabilité intitulée "Stratégie anti-drogue pour l'hémisphère". Récemment, à Santiago du Chili, dans le cadre du Deuxième Sommet des Amériques, les présidents des pays de la région ont approuvé la création d'une Commission interaméricaine pour la lutte contre la drogue. D'autres initiatives ont été mises en oeuvre, notamment sur le plan national. Le Gouvernement argentin a décidé de créer un secrétariat dépendant directement de la présidence et chargé des aspects internes du problèmes de la drogue. La législation argentine a été amendée pour mieux répondre aux problèmes posés par la drogue, en insistant sur le contrôle des premières étapes des délits liés au trafic des stupéfiants et aux délits connexes. La présente session extraordinaire de l'Assemblée générale devrait permettre de consolider ces efforts.
M. LEONEL FERNANDEZ REYNA (Président de la République dominicaine) : En raison de sa position géographique, la République dominicaine constitue un lieu de transit pour le trafic de drogue des pays producteurs d'Amérique du Sud vers le marché de consommation des Etats-Unis. Le succès des opérations menées par les Etats-Unis pour contrôler le trafic de drogue en provenance du Mexique a incité les trafiquants à modifier leurs routes commerciales. Ainsi, l'une des routes préférées du trafic international de drogue passe par les Caraïbes. Aujourd'hui, 33% du trafic de drogue vers les Etats-Unis provient des Caraïbes et 15% passe spécifiquement par l'île d'Hispaniola que la République dominicaine partage avec Haïti. La drogue introduite essentiellement via Haïti est transportée par voie terrestre vers la République dominicaine d'où elle est acheminée vers Porto Rico. En outre, la consommation locale de drogue a tendance à augmenter. Ainsi, les succès potentiels des Etats-Unis dans la réduction de la consommation interne de drogue rendent la République dominicaine plus vulnérable à la consommation de drogue, conséquence de la recherche par les trafiquants de nouveaux marchés.
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Face à cette menace, nous développons un programme global qui inclut un travail important de prévention impliquant le Conseil national des drogues, les Secrétariats d'Etat à la santé publique et l'assistance sociale, à l'éducation et la culture, aux sports et à l'éducation physique, et le Bureau national de contrôle des drogues. En outre, nous avons un Programme sur les précurseurs chimiques et une ligne téléphonique sur la drogue ouverte 24 heures sur 24. Un projet de réduction de la demande de drogue sur trois ans est en outre mis en oeuvre en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues. Des mesures ont aussi été prises pour prévenir l'utilisation des institutions financières pour le blanchiment de l'argent et nous extradons les criminels. Les changements dans le système judiciaire permettent de penser que notre pays va dans la bonne direction en ce qui concerne la lutte contre la drogue.
Face à la vulnérabilité de la frontière avec Haïti, les Forces armées et le Bureau national de contrôle des drogues ont pris des mesures pour renforcer la surveillance de cette zone. Nous avons, en outre, l'intention d'acquérir un équipement technologique avancé pour faciliter le travail à cette frontière. La République dominicaine entretient des contacts avec les autorités haïtiennes pour lutter ensemble contre ce problème. Au cours de ses dix ans d'existence, le Bureau national de contrôle des drogues a confisqué 19 713,6 kilos de cocaïne. En 1997, 1 224,9 kilos ont été confisqués, et, entre janvier et mai de cette année, 1 221,5 kilos. Je suis venu ici pour déclarer la guerre, une guerre sans merci, que nous gagnerons, contre l'une des plus grandes menaces contre le genre humain : le fléau de la drogue.
M. JULES ALBERT WIJDENBOSCH (Président de la République du Suriname) : la politique des Nations Unies, grâce à laquelle ont pu être élaborées des conventions contre la drogue, a permis d'examiner tous les aspects du problème de la drogue, de développer des mécanismes internationaux et des stratégies pour combattre ce phénomène mondial. La région des Caraïbes est affectée par les conséquences négatives de la criminalité liée à la drogue. Les pays de la région, dont le Suriname, qui peuvent être qualifiés de petits pays en développement, sont systématiquement inclus par les criminels internationaux du trafic de drogue dans leur réseau opérationnel pour approvisionner et distribuer la drogue dans le reste du monde. Le Suriname s'est engagé, dans sa législation nationale, à mettre en oeuvre chaque convention et programme des Nations Unies visant à lutter contre la drogue. Il a élaboré un Plan stratégique contre la drogue pour les cinq années à venir et a mis en place une Commission contre l'abus des drogues et un Conseil national contre la drogue. Des activités d'éducation de la jeunesse sur la question ont été mises en place. Le Suriname a activement développé sa coopération tant au niveau international, régional que bilatéral. Il est devenu Partie à de nombreuses conventions internationales et programmes régionaux contre la drogue. Le Suriname regrette toutefois que, malgré les nombreuses conventions et programmes visant à lutter contre la drogue, le problème n'ait pas été résolu. Au contraire, l'on fait face aujourd'hui à de nouveaux défis liés au problème de la drogue. De nouvelles drogues, de nouvelles techniques et itinéraires de distribution sont développés. Il est essentiel que les conventions et programmes internationaux et régionaux visant à lutter contre la drogue soient mis en oeuvre de façon rigoureuse. Le Suriname appuie les textes soumis à l'Assemblée: la Déclaration politique et les Plans d'action de coopération internationale pour l'élimination des drogues illicites, notamment les Principes directeurs en matière de réduction de la demande de drogue. Il est essentiel de s'attacher à réduire la demande de drogue. Des ressources
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internationales et régionales doivent être allouées aux pays en développement afin que ceux-ci puissent lutter plus efficacement contre la drogue. Le Suriname accueillera avant la fin de l'année une Conférence sous-régionale sur la drogue afin de lutter contre la distribution de la drogue et les crimes qui y sont liés dans la région.
M. FERNANDO HENRIQUE CARDOSO (Président du Brésil) : Il est essentiel que la nature de plus en plus perméable des frontières internationales n'encourage les activités criminelles ou la tolérance de l'impunité. On doit permettre la libre circulation des personnes, des marchandises, des services, de la technologie et de l'information, mais on ne peut tolérer celle des crimes et du trafic des stupéfiants. La drogue affaiblit la dignité et la liberté même des êtres humains, leurs attributs les plus précieux. Il faut accorder la priorité au traitement et à la réhabilitation des toxicomanes, qui sont les victimes de ce fléau social le plus vicieux de notre époque. La prévention ne peut être favoriser uniquement par la diffusion de la peur, mais devrait viser à offrir des solutions capables de créer la confiance parmi les jeunes, qui font face à une réalité souvent difficile. La guerre contre les stupéfiants ne peut être gagnée si elle n'est pas menée sur plusieurs fronts en même temps. Le succès dépendra de la capacité des Etats de garantir un environnement exempt de drogue pour nos enfants. Aujourd'hui, la coopération internationale est vitale pour lutter contre les crimes transfrontières. De bien des façons, tous les pays sont affectés par les différentes dimensions du problème de la drogue : la production, le trafic, le commerce et la consommation. La communauté internationale peut ainsi renforcer la cohésion de ses stratégies. Le Brésil continuera à honorer ses obligations dans ce cadre. La coopération active que le Brésil a développé avec ses associés du Mercosur est de la plus haute importance. Sur le plan national, la lutte contre la drogue a rallié toutes les forces politiques au profit du processus de réforme législative en cours visant à combattre le crime organisé. La nouvelle législation porte sur le blanchiment de l'argent, le contrôle des précurseurs chimiques, la protection de l'espace aérien national par le biais de la politique visant à abattre les avions transportant des criminels, l'enregistrement des armes légères, l'augmentation des ressources financières pour former la police. Le Brésil adresse un message clair à ses jeunes : la dépendance de la drogue mène à l'esclavage, à l'autodestruction et à la mort. Il adresse également un message clair à ceux qui tirent profit du commerce de la drogue : ils ne pourront espérer la moindre tolérance pour leurs activités illicites de la part du Gouvernement brésilien. Dans ce contexte, le Brésil annonce la création d'un "Secrétariat national anti-drogue" qui sera chargé de définir une politique nationale relative aux problèmes liés à la drogue afin de promouvoir la coordination de toutes les mesures gouvernementales en matière de prévention, de répression et de réhabilitation. Le Brésil est convaincu que c'est au niveau multilatéral, plus que par une action isolée ou unilatérale que les Etats pourront mieux orienter leur coopération internationale dans ce domaine.
M. DENZIL L. DOUGLAS (Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis) : Le fléau de la drogue constitue un défi considérable pour les petits Etats insulaires en développement. Toutefois, Saint-Kitts-et-Nevis continuera à mener une campagne vigoureuse de lutte
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contre le trafic illégal de drogue, malgré sa petite taille et ses ressources limitées qui rendent l'interdiction difficile. Par une coïncidence de la géographie, Saint-Kitts-et-Nevis se trouve placée exactement sur le terrain inamical qui sépare l'offre et la demande. Le trafic de drogues est orienté vers la demande. Tous nos efforts seront vains si le marché des drogues illicites n'est pas éliminé. Comment peut-on demander aux petits pays pauvres de mettre en déroute les barons de la drogue si les pays riches, avec leur abondance de ressources, ne parviennent pas à limiter la demande ? Malgré ces défis, mon Gouvernement a pris depuis deux ans et demi des mesures audacieuses et imaginatives pour s'attaquer à ce problème grave. Il a reconstitué la Force de défense nationale dont la tâche principale est de renforcer la capacité de lutte contre la criminalité.
Le Gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis a adopté des nouvelles lois et modifié les lois en vigueur pour traiter de manière plus efficace et plus rapide les personnes jugées coupables d'activités qui nuisent à la vie et au progrès de la population, simplement pour se remplir les poches. Saint-Kitts- et-Nevis continuera à coopérer avec la communauté internationale pour que les personnes coupables de crimes liés à la drogue soient punies conformément à la loi. Il faut oeuvrer de concert pour rendre la situation extrêmement difficile pour les narco-trafiquants. Cette réunion est un pas positif dans la bonne direction.
M. JOSE MARIA AZNAR, (Premier Ministre de l'Espagne) : La drogue est un problème qui menace la démocratie et la dignité de l'être humain. La coopération internationale est l'unique instrument véritablement efficace pour combattre ce fléau et le PNUCID doit maintenir son rôle principal. Dans le cadre de la coopération internationale, l'Espagne préconise l'adoption de politiques souples. L'Espagne qui s'est dotée d'un plan national de lutte contre les drogues, s'efforce d'assurer l'application des mesures adoptées par l'Union européenne et par les Nations Unies. L'Espagne s'efforce aussi de promouvoir la coordination entre l'Union européenne et la région d'Amérique latine et des Caraïbes, en favorisant le développement alternatif et la co- responsabilité. Elle préconise des plans de substitution des cultures dans les pays d'Amérique latine et du Maghreb, pour offrir à leurs populations un avenir fondé sur la création de nouvelles opportunités, en luttant contre la pauvreté et l'exclusion sociale. La lutte des pays en développement contre les problèmes posés par la drogue est également la lutte des pays développés. Les organisations non gouvernementales actives dans la lutte contre la drogue y sont associées. Le réseau d'assistance a été élargi à trois domaines : l'école, la famille et les moyens de communication. L'Espagne estime qu'il faut accorder la priorité aux familles qui luttent chaque jour contre ce fléau. La co-responsabilité avec les autres peuples et gouvernements qui sont confrontés au même problème est cruciale. Il est nécessaire d'élaborer de nouvelles mesures dans les domaines de l'emploi et de l'éducation.
M. LUO GAN (Conseiller d'Etat de la République populaire de Chine) : cette session doit permettre de définir de nouvelles stratégies et mesures de coopération internationale pour contrôler la drogue. Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le Gouvernement chinois a adopté des mesures qui ont permis d'éliminer le problème de la drogue. Pourtant, 30 années après, la drogue est redevenue un réel problème en Chine, notamment du fait de la proximité du territoire chinois de la région du "triangle d'or", qui est la plus grande source d'héroïne du monde. Les drogues illicites se sont infiltrées en Chine et le pays a été utilisé comme route de transit. La
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Chine est très préoccupée par le retour des drogues sur son territoire. Le Congrès a voté des lois contre les drogues et le Gouvernement a établi une agence de coordination de contrôle des drogues au niveau national et a élaboré une stratégie de lutte contre la drogue. La Chine a intensifié ses efforts pour lancer des campagnes d'information du public pour lutter contre la drogue. Elle est le premier pays à avoir interdit les stimulants de type amphétamine. La Chine, qui est Partie à de nombreuses conventions visant à lutter contre la drogue, a toujours attaché une grande importance à la coopération internationale en matière de contrôle des drogues. La Chine estime qu'il est nécessaire de développer des cultures de substitution pour remplacer les cultures d'opium, notamment dans les régions du Nord du Myanmar et du Laos, grâce à une assitance technique et financière de la communauté internationale. La Chine adhère au principe de responsabilité partagée des Etats dans le domaine de la lutte contre la drogue. Elle rappelle cependant que chaque Etat est responsable du contrôle des drogues sur son territoire et qu'aucun pays ni organisation ne doit s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays sous prétexte de contrôler les drogues. Le rôle des mécanismes internationaux existants de contrôle des drogues doit être intensifié.
M. JOHN PRESCOTT (Vice-Premier Ministre du Royaume-Uni) au nom des Etats Membres de l'Union européenne, des pays associés d'Europe centrale et orientale, et de Chypre : Pour réduire la demande de drogues, il faut agir par le biais de l'éducation, de la prévention, du traitement et de la réhabilitation. L'Union européenne contribue pour une large part au financement du PNUCID. Elle prie instamment chaque Gouvernement à faire tout son possible pour donner à ce programme le support moral et financier qui lui permettra de réaliser ses objectifs. Il ne faut toutefois pas espérer éliminer la demande de drogues sans s'attaquer à l'offre. Pour ce qui est du blanchiment de l'argent, l'Union européenne approuve les 40 recommandations du Groupe d'action financier et souhaiterait les voir acceptées en tant que normes générales. Il faut, en outre, s'attaquer à tous les problèmes sociaux, tels le logement, le chômage, la pauvreté, le crime et la vie familiale.
Pour sa part, le Royaume-Uni a désigné son premier coordonnateur anti- drogue et a publié récemment une nouvelle stratégie de lutte contre l'abus de drogues sur 10 ans. Le Gouvernement dépense 1,4 milliard de livres sterling par an pour la lutte contre la drogue. Mais les coûts sociaux en termes de crime et de santé sont estimés à 3 à 4 milliards par an. Au niveau européen, le futur réseau Europol permettra de partager des renseignements dans toute l'Union européenne et avec les autres pays pour prévenir le trafic de drogues et le blanchiment d'argent. L'observatoire de Lisbonne a été mis en place pour obtenir le plus grand nombre d'informations sur l'impact des drogues dans chaque Etat Membre. Le système d'alerte rapide permet, en outre, de lutter contre les drogues synthétiques en assurant un échange rapide d'informations dès qu'une nouvelle drogue fait son apparition dans les rues de l'un des Etats Membres. Les chefs de Gouvernements de l'Union européenne adopteront la semaine prochaine les éléments clés de la nouvelle stratégie européenne de lutte contre la drogue pour la période 2000-2004, en mettant l'accent sur l'importance d'une coopération pratique et efficace entre les agences de maintien de l'ordre, les autorités judiciaires et les autres acteurs, et en soulignant la nécessité de renforcer les efforts en vue de réduire la demande de drogue.
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