ENV/DEV/433

REUNION DE HAUT NIVEAU : LES PETITS ETATS INSULAIRES PRECONISENT UN RENFORCEMENT DE LA COOPERATION REGIONALE POUR RESOUDRE LEURS PROBLEMES COMMUNS

1 mai 1998


Communiqué de Presse
ENV/DEV/433


REUNION DE HAUT NIVEAU : LES PETITS ETATS INSULAIRES PRECONISENT UN RENFORCEMENT DE LA COOPERATION REGIONALE POUR RESOUDRE LEURS PROBLEMES COMMUNS

19980501 La Commission du développement durable a poursuivi ce matin sa réunion de haut niveau sur les thèmes prioritaires de la session. Au cours du débat, auquel ont pris part les responsables nationaux des problèmes d'environnement et de développement, plusieurs représentants de petits Etats insulaires en développement ont mis l'accent sur le fait que la fragilité de leurs écosystèmes et le manque de ressources humaines et financières qui leur permettraient d'avoir accès aux technologies écologiquement rationnelles, constituent des obstacles à leur développement durable. En conséquence, ils ont encouragé une approche préventive, préconisé une meilleure coopération régionale pour résoudre leurs problèmes communs et appelé à un renforcement de l'aide internationale. Ils ont, en outre, plaidé en faveur d'une bonne préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1999 qui sera consacrée à l'examen des progrès accomplis dans l'application du Programme mondial d'action pour le développement des petits Etats insulaires en développement.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Turquie, Brésil, Mexique, Barbade, Samoa (au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires en développement), Cuba, Jamaïque et Afrique du Sud. Les représentants de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sont également intervenus.

En début de réunion, le Président de la Commission, M. Cielito Habito, a fait part à la Commission des thèmes qui ont été abordés au cours de la réunion ministérielle informelle qui s'est tenue ce matin. Il a été notamment question des méthodes de travail de la Commission et des activités de sa prochaine session. Il a été proposé que l'on mette en lumière les points de désaccords qui sont apparus au cours des négociations intergouvernementales et pas seulement les éléments consensuels. Les participants ont essayé de déterminer quels sont les grands groupes qui pourraient participer aux débats de la septième session. Les questions concernant le prix de l'eau douce et le transfert de techniques ont été également abordées.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à partir de 16 heures. Elle clôturera sa réunion de haut niveau, se prononcera sur plusieurs projets de proposition et adoptera l'ordre du jour provisoire de sa septième session. Après la clôture de sa sixième session, elle tiendra la première réunion de sa septième session au cours de laquelle elle élira les membres du Bureau.

Débat

M. TULUY TANÇ (Turquie) a déclaré que le caractère multidimensionnel du processus de développement durable nécessite une coopération multilatérale continue et étroite, de même que des efforts concertés aux niveaux régional et local. Il considère, par ailleurs, que la prise de conscience de plus en plus importante des questions environnementales constitue un indicateur important du processus de démocratisation. En ce qui concerne les questions liées à la gestion efficace des ressources en eau et l'industrie, la Turquie est convaincue de l'intérêt des initiatives locales en matière de développement durable. Elle a procédé à cette fin à la révision de sa législation sur les aspects environnementaux et à la restructuration de son Ministère de l'environnement. M. Tanç a insisté sur l'importance des transfert de technologies vers les pays qui n'ont pas encore achevé leur processus d'industrialisation. Ces pays doivent en effet adopter des approches préventives, pour éviter d'avoir à faire face à des problèmes de pollution à une étape ultérieure. Compte tenu du fait que ce sont souvent les petites et moyennes entreprises qui supportent le plus le poids de la législation sur la protection de l'environnement, M. Tanç estime qu'il faut les soutenir et mettre en place des mesures incitatives à leur intention. La Turquie a, pour sa part, adopté cette approche.

Par ailleurs, et depuis 40 années, elle a recours à un concept de gestion intégrée des ressources en eau dont l'efficacité a été reconnue internationalement. Ce concept vise à répartir équitablement et rationnellement les ressources en eau; à prendre en considération des mécanismes de fixation des prix adaptés aux besoins des différents groupes de consommateurs et à facturer les coûts de pollution directement aux pollueurs. Abordant les aspects liés à la gestion des cours d'eaux partagés par des pays limitrophes, la Turquie est d'avis qu'il faut adopter une approche bilatérale et régionale car, selon M. Tanç, une approche à l'échelle mondiale ne sera pas nécessairement efficace.

M. EDUARDO MARTINS (Brésil), Président d'IBAMA, a rappelé qu'il intervient devant la Commission peu après que le Brésil ait fait la une de l'actualité à la suite des incendies qui ont ravagé la savane et la forêt dans l'Etat septentrional de Roraima. Ces incendies sont liés d'une part au phénomène météorologique El Niño, qui a aggravé la longue sécheresse dont souffre la région, et d'autre part aux pratiques de cultures sur brûlis répandues chez les petits fermiers et parmi les populations indigènes. M. Martins a fait observer qu'il s'est agi d'un événement sans précédent au Brésil, ajoutant que d'ici trois semaines le Gouvernement brésilien publiera le résultat d'une évaluation aérienne sur l'ampleur des dégâts. Quelques 10 millions de dollars ont été dépensés pour combattre ces incendies et 17 autres sont nécessaires pour réparer les dégâts matériels, a-t-il précisé.

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Le gouvernement a également décidé d'établir un large programme de prévention et de contrôle des pratiques de brûlis et des feux de forêts sur toute la ceinture en déforestation de l'Amazone. Il s'agit d'un programme intégré et multidisciplinaire qui prévoit la création d'une unité spéciale de combattants du feu, repose sur une importante composante éducative et deviendra un élément essentiel de la politique nationale intégrée en faveur de l'Amazone. M. Martins a estimé qu'il est nécessaire d'entreprendre deux types d'actions au niveau international : multiplier les études sur les effets de El Niño et ses liens avec d'autres phénomènes, tel que le réchauffement de la planète ; et augmenter les échanges d'informations sur les différentes expériences nationales de lutte contre les incendies de forêts.

Le Brésil demeure fermement engagé en faveur du développement durable et c'est pourquoi en mars dernier, le gouvernement a promulgué la Loi sur les crimes environnementaux et a défini, la semaine dernière, quatre nouvelles zones protégées afin de respecter son engagement de protéger au moins 10% de la forêt brésilienne d'ici à l'an 2000. La plus haute importance est en outre accordée à la gestion des ressources en eau, qui a fait l'objet, l'an passé, d'une loi jetant les bases de l'institutionnalisation de cette question et se fondant sur le décentralisation ainsi que sur la garantie des intérêts sociaux. La délégation brésilienne estime, en accord avec le Secrétaire général, qu'une approche collective de la gestion durable des ressources est particulièrement importante lorsque des eaux transfrontalières sont en jeu. A l'échelle internationale, l'accent devrait être placé sur la coopération technique et financière, ainsi que sur les initiatives visant à renforcer les capacités et à développer l'éducation environnementale.

Un secteur industriel fort et compétitif est essentiel à la réalisation du développement durable et les autorités brésiliennes s'efforcent de faire comprendre aux entreprises de toutes tailles que la dimension environnementale représente une chance et non un obstacle dans ce domaine. Dans cette perspective, l'adoption des normes ISO par les entreprises a été largement encouragée. Un mécanisme de soutien financier en faveur du secteur productif a également été mis en place. Le Brésil appuie le principe de l'écoefficacité, mais les différences importantes qui subsistent entre les pays développés et ceux en développement risquent de ralentir les progrès vers une production efficace et écologique. C'est pourquoi, il faut avant tout éviter de mettre en place des systèmes discriminatoires qui ne tiendraient pas compte des intérêts légitimes des pays en développement. L'adoption de normes relatives à la force de travail doit résulter d'un processus démocratique, qui pourrait être conduit par l'Organisation internationale du travail. M. Martins a regretté que le partenariat, acclamé par tous, demeure par trop lettre morte et il a appelé la communauté internationale à rechercher les moyens de concrétiser la coopération internationale et le dialogue.

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M. JUAN CARLOS BELAUSTEGUIGOITIA, Sous-Secrétaire chargé de la planification au Secrétariat de l'environnement, des ressources naturelles et de la pêche du Mexique, a déclaré qu'il était essentiel de se pencher sur la question de l'eau. Le programme sur l'eau du Mexique a pour objectif de conduire le pays sur la voie du développement durable. Des mesures sont prises afin d'encourager l'assainissement des bassins et de lutter contre la pollution. Il est nécessaire de rationaliser le prix de l'eau et de prendre en compte les critères sociaux, économiques et écologiques qui s'y rapportent. Le Mexique estime qu'il faut encourager une utilisation plus rationnelle de l'eau par les secteurs agricole, industriel et les individus. Il est nécessaire de prendre conscience de l'impact de l'industrie sur l'environnement et d'encourager les entreprises à participer au processus de développement durable. Il ne faut pas sacrifier la protection de l'environnement au développement économique. Les normes environnementales doivent être respectées afin de préserver les écosystèmes. Un système de vérification volontaire a été développé et doit être renforcé. Des efforts sont faits pour appuyer les efforts des petites et moyennes entreprises afin qu'elles puissent avoir accès aux nouvelles techniques et atteindre les objectifs de développement durable. La nouvelle politique écologique du Mexique tient compte du rôle important de l'industrie et vise à encourager les entreprises à prendre en compte les questions écologiques.

M. THORVALD MOE, Secrétaire général adjoint de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a déclaré que le point de départ des travaux de l'Organisation était le développement économique, tout en tenant compte de la dimension sociale et environnementale, ceci devant être vu de façon intégrée. Il a déploré le fait que le travail dans ces domaines se fait actuellement trop parallèlement. L'OCDE s'efforce pour sa part de parvenir à une plus grande intégration. Le développement durable constitue l'une des cinq priorité de l'Organisation, qui envisage dans ce domaine une stratégie sur trois ans. L'OCDE a quatre projets précis et concrets, portant respectivement sur les changements climatiques, l'impact des subventions économiques sur l'environnement, la productivité des ressources et le développement d'indicateurs. D'ici deux ou trois ans, l'OCDE espère pouvoir contribuer à la Conférence de Rio +10 en fournissant un long rapport sur ses travaux. Entre-temps, des résultats intermédiaires seront disponibles, par exemple sur les changements climatiques ou l'examen des politiques nationales sur l'environnement. M. Moe a encore souligné les activités de l'Organisation dans le domaine de l'eau, et en particulier la mise à disposition de statistiques sur l'aide publique au développement dans ce domaine. L'OCDE travaille aussi avec les pays non membres pour faire progresser les efforts en matière de développement durable, a-t-il encore précisé. Il a déclaré que d'ici l'an prochain, l'OCDE espérait pouvoir fournir à la Commission les résultats intermédiaires de ses travaux sur le développement durable.

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M. CARLSTON BOUCHER (Barbade) a estimé que le travail de cette session a été productif. Il a souligné la nécessité d'un partenariat entre les gouvernements, les entreprises et la société civile notamment en ce qui concerne l'eau douce et l'industrie. L'eau est une matière première essentielle à la vie. Il faut que son prix corresponde à ce qu'elle représente dans l'économie. On ne doit pas appliquer des politiques uniformes de tarification car il est essentiel que les pauvres puissent avoir accès à l'eau. Le représentant a souligné l'importance qu'avait eu l'adoption du Programme d'action de la Barbade pour les petits Etats insulaires en développement. Il a regretté que les ressources financières qui étaient nécessaires à sa pleine mise en oeuvre ne se soient pas matérialisées. Le représentant a évoqué les pressions de la mondialisation de l'économie qui ont mis à l'épreuve les capacités administratives et techniques des petits Etats insulaires en développement. Il est nécessaire de remédier à cette situation. La session extraordinaire de l'Assemblée générale, qui procèdera à l'examen général des progrès accomplis au cours des cinq années écoulées dans l'application du Programme d'action de la Barbade, devrait permettre de donner un nouvel élan aux engagements qui avaient été pris. Il est nécessaire d'améliorer les mécanismes de coordination régionale qui peuvent contribuer au développement durable de ces pays et de renforcer l'assistance internationale en leur faveur.

M. TUILOMA NERONI SLADE (Samoa), au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires, a déclaré que le projet de décision de la Commission sur les petits Etats insulaires en développement, met l'accent sur leur continuelle vulnérabilité aux changements climatiques et aux besoins critiques qui existent en matière de développement des capacités dans la gestion des déchets, de l'eau potable, des terres, des ressources biologiques et de la science et de la technologie. Le développement des ressources humaines et le transfert de technologies préservant l'environnement sont une priorité. Les capacités des institutions nationales et administratives du groupe des petits Etats insulaires ont été entravées par un sévère manque de ressources financières et techniques, et l'usage des mécanismes et institutions de la région dans des buts de coordination a besoin d'être renforcé et rehaussé. L'Alliance des petits Etats insulaires (OASIS) continue d'accorder une haute priorité au développement de l'Indice de vulnérabilité, et elle prend note en particulier de la conclusion du Groupe d'experts sur cet Indice , qui a stipulé que les petits Etats insulaires sont beaucoup plus vulnérables au réchauffement de la planète que les autres groupes de pays en développement.

En ce qui concerne l'eau potable, les menaces pour la qualité et la quantité des réserves, émanant d'un changement climatique et se manifestant sous forme de sécheresse et de salinisation, sont beaucoup plus grandes pour les Etats insulaires que pour les autres. Le soutien de la communauté internationale sous forme de financements et de transferts de technologies appropriées est nécessaire pour lutter contre ces problèmes.

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Quant aux aspects concernant le développement industriel, les petits Etats en développement souffrent de leur isolation des marchés mondiaux, et ils sont limités par la sensibilité et la fragilité de leurs économies aux chocs des marchés et des économies extérieures. La mondialisation, en fait, tend à rendre plus évidente, sinon à provoquer, la marginalisation des économies des petites îles.

Mme GISELA ALONSO (Cuba), a déclaré que son pays accorde une très grande importance à la participation des gouvernements et des grands groupes aux débats de la Commission et a préconisé une participation plus équilibrée entre pays développés et pays en développement. Elle a souligné que le développement industriel constitue, dans les pays en développement, un élément fondamental pour parvenir à la croissance économique. Pour sa part, Cuba travaille avec le secteur industriel pour parvenir à l'élaboration de mesures et politiques soucieuses de l'environnement. A Cuba, l'industrie sucrière et l'industrie alimentaire constituent l'un des principaux problèmes pour l'environnement. Partant, la représentante a souligné la nécessité de créer des conditions favorables à l'établissement de normes écologiques dans les pays en développement.

L'eau est un bien social à Cuba, a-t-il poursuivi. C'est pourquoi, le Gouvernement a adopté une politique de prix différenciée, avec des tarifs différents pour l'agriculture, l'industrie et les autres consommateurs. Les pays en développement, ne peuvent seuls relever les défis de la durabilité du développement. Cet aspect doit donc rester un élément de discussion et de négociation dans des instances comme la commission. La représentante a encore mis l'accent sur l'importance du transfert de technologies et le renforcement des infrastructures techniques et technologiques des pays en développement. Cuba a une expérience au sein des universités de recherche. Des programmes concrets d'innovations techniques ont d'ailleurs été mis sur pied dans certaines entreprises. La représentante a souligné la nécessité de préparer avec succès la session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1999 qui sera consacrée à l'examen des progrès accomplis dans l'application du Programme mondial d'action de la Barbade pour le développement des petits Etats insulaires en développement. Dans nos régions, il existe beaucoup de problèmes communs. Tant le thème des océans et des mers, que le secteur du tourisme revêtent une importance prioritaire, a-t-elle affirmé. Elle a conclu en rappelant les grandes difficultés économiques que connaît Cuba en raison du blocus économique qui lui est imposé depuis plusieurs années.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est félicitée du fait que lors des discussions de cette session, il est apparu clairement qu'il faut qu'il y ait une approche globale des questions liées aux ressources en eau, ce qui sous-entend une meilleure prise en compte des problèmes des pays en développement dans ce domaine. Elle a estimé que, dans ce cadre, il est nécessaire de renforcer la coopération régionale et internationale en matière

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de transferts de technologie et de financement de programmes et projets portant sur la gestion rationnelle et intégrée des ressources en eau. Elle a déclaré que, alors que cette session de la CDD a permis d'arrêter une stratégie commune, il faut renforcer la collaboration entre toutes les institutions des Nations Unies et a proposé que cela se fasse à travers le Comité Administratif de Coordination (CAC).

Abordant la situation en Jamaïque, Mme Durrant a souligné que son pays fait face à des problèmes de ressources limitées en eau, suite à une période de sécheresse, et à des problèmes causés par des inondations et la déforestation. Afin d'aborder ces problèmes, la Jamaïque a adopté une politique nationale de gestion de l'eau, qui se base notamment sur les recommandations du Secrétaire général, et a créé un Ministère de l'Eau. Mme Durrant a déclaré que, en mettant l'accent sur l'usage efficace et rationnel des ressources en eau et de leur conservation, on en réduit la demande; et que, en passant du stade de développement des ressources en eau à celui de la restauration des ressources existantes et à l'amélioration de leur qualité, on nécessite moins de capitaux.

M. IAN JOHNSON, Vice-Président chargé du Développement environnemental et social durable à la Banque mondiale, a estimé qu'il était essentiel de s'attacher aux questions de la gestion intégrée des ressources en eau douce et de l'industrie du fait qu'elles sont au coeur du développement durable. La disponibilité et la qualité de l'eau doivent être prises en compte afin de déterminer les besoins futurs des communautés rurales et urbaines du monde. Compte tenu de la mondialisation et des impératifs des pays de créer des richesses, l'industrialisation est un réel problème tant pour les pays développés que pour les pays en développement. Il faut examiner les effets positifs et négatifs de l'industrialisation dans le cadre des objectifs de développement durable. Il est nécessaire de s'interroger sur la façon d'utiliser l'eau. Il faut que les modes de consommation prennent en compte les impératifs de la croissance industrielle et la protection de l'environnement.

Récemment, la Banque mondiale a changé sa façon de travailler avec les pays auxquels elle apporte son aide et que ses partenaires. La Banque appuie le développement durable et se félicite du fait que plus de 75 pays ont élaboré des programmes d'action nationaux pour l'environnement, souvent avec l'aide de la Banque. La Banque aide des groupes de pays à coopérer en vue de trouver des solutions à leurs problèmes régionaux. Un nombre croissant d'employés de la Banque travaillent sur le terrain afin de renforcer la coopération avec les "clients". La Banque encourage le secteur de l'industrie à intégrer dans ses politiques les impératifs de la durabilité. Il est nécessaire que les entreprises réalisent que l'écoefficacité doit être associée à la compétitivité. Les partenariats entre les secteurs privé et public devraient être renforcés.

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La Banque intègre de plus en plus les questions d'ordre social dans sa politique de développement. Cela lui a permis d'avoir une approche plus positive des questions relatives à la gestion des ressources en eau, à l'assainissement et au développement industriel. La Banque a ainsi encouragé les initiatives communautaires de développement, le renforcement des capacités des organisations autochtones, et la participation de l'ensemble de la population. Le programme de gestion des ressources en eau de la Banque vise notamment à améliorer l'utilisation industrielle et agricole de l'eau, à développer l'irrigation, et à mieux contrôler les déchets industriels. La Banque estime que l'éducation, la sensibilisation du public et le transfert d'écotechnologies sont des éléments clef pour atteindre les objectifs du développement durable. L'aide de la communauté internationale aux pays en développement doit être intensifiée afin que ces derniers puissent acquérir les ressources humaines et financières adéquates pour relever les défis du développement durable.

M. Z. P. JORDAN, Ministre de l'environnement et du tourisme de l'Afrique du Sud, a déclaré que la pauvreté et l'incapacité des population à façonner leur propre vie restent le plus grand obstacle au développement que les gouvernements ne peuvent surmonter seuls. Améliorer la santé, les revenus, l'éducation constituent des priorités du Gouvernement sud-africain, car, en surmontant l'iniquité et l'injustice, les pleines potentialités pourront être développées. Le Ministre a appelé à trouver les moyens de renforcer les transferts de technologies écologiquement rationnelles qui, selon lui, sont souvent négligés. Le transfert de ces techniques devrait inclure le transfert des capacités et la possibilité de maintenir et d'utiliser ces techniques. Les institutions et capacités locales qui ont le potentiel d'absorber ces nouvelles technologies doivent être appuyées. Pour sa part, l'Afrique du Sud cherche à développer des techniques à faible entretien. Le Ministre a toutefois mis en garde contre le fait que le transfert de technologies ne doit pas être vu par les pays développés sous l'angle de la conquête de marchés. L'adoption de nouvelles techniques est souvent onéreux pour les pays en développement. C'est pourquoi, l'APD devrait inclure une assistance à ce type de transfert.

Le Ministre a appelé les pays en développement à évaluer et protéger leur patrimoine génétique naturel et a estimé qu'il fallait, en priorité, examiner le lien entre l'Accord sur les droits de propriété intellectuelle liés au commerce et la Convention sur la diversité biologique. Le lien entre les droits de propriété intellectuelle et le transfert d'écotechnologies est mal compris et doit être évalué, a-t-il également déclaré. Investir dans le développement des ressources humaines est essentiel pour le développement durable. Les partenaires internationaux peuvent encourager l'échange d'expériences et de pratiques meilleures pour le renforcement des connaissances et la formation dans le domaine du développement durable. Il a indiqué, par ailleurs, que la politique nationale pour le développement et

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la promotion du tourisme en Afrique du Sud met l'accent sur la nécessité de mettre en place des activités génératrices de revenus pour les communautés locales. Le développement du tourisme peut stimuler l'activité économique et améliorer la condition des populations locales. Toutefois, conscient des impacts négatifs d'un tourisme irresponsable, le Gouvernement sud-africain s'est engagé en faveur du développement de l'écotourisme. Face à l'explosion prévue du tourisme en Afrique du Sud, on s'efforce d'identifier les écosystèmes délicats et à mettre au point des mesures pour les préserver.

Mme JORGENSEN, prenant la parole au nom de M. JAMES GUSTAVE SPETH, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné les tendances positives en ce qui concerne le renforcement des capacités au cours des dernières années. De nombreuses expériences dans ce domaine viennent du Programme du PNUD Capacité 21 qui a été établi conformément au mandat donné au PNUD lors du Sommet de Rio. Ce programme est actuellement actif dans 71 pays. Au cours des prochaines années, le PNUD s'attachera à l'évaluer et à en tirer les enseignements. Le PNUD en faveur d'un développement humain durable, dont l'objectif est d'améliorer la vie des populations. Le PNUD se félicite de ce que le lien entre pauvreté et dégradation de l'environnement soit reconnu. Depuis Rio, des recherches ont été menées dans différents forums, il faut aujourd'hui travailler davantage à l'aspect opérationnel. Le PNUD et la Commission européenne se sont engagés à travailler ensemble pendant une année pour déterminer les liens entre l'élimination de la pauvreté, l'environnement et le développement durable. Ce processus devrait aboutir à une réunion ministérielle l'an prochain.

S'agissant de l'eau, la priorité du PNUD est d'appuyer la capacité des gouvernements à intégrer les programmes de gestion des ressources en eau douce et de l'environnement aquatique dans des stratégies nationales et régionales. Les dépenses annuelles actuelles pour les projets dans le domaine de l'eau représentent près de 100 millions de dollars. S'agissant de l'industrie, le PNUD encourage les techniques moins polluantes, fait fonction d'organe exécutif du Fonds multilatéral du Protocole de Montréal, et facilite les partenariats entre les secteurs privé et public pour résoudre les problèmes de l'environnement urbain.

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