En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/423

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE TERMINE SON DEBAT CONSACRE A L'INDUSTRIE PAR UN DIALOGUE INTERACTIF SUR LES EAUX DOUCES

22 avril 1998


Communiqué de Presse
ENV/DEV/423


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE TERMINE SON DEBAT CONSACRE A L'INDUSTRIE PAR UN DIALOGUE INTERACTIF SUR LES EAUX DOUCES

19980422 Les participants préconisent une tarification de l'eau reflétant mieux les coûts réels

La Commission du développement durable a terminé cet après-midi, dans le cadre de son débat sur l'industrie, son dialogue interactif sur la technologie, la coopération et l'évaluation. Elle a, à ce titre entendu plusieurs représentants du secteur de l'industrie, des syndicats, d'organisations non gouvernementales et internationales qui ont souligné la nécessité d'une large participation aux programmes volontaires afin d'en assurer un contrôle transparent. Plusieurs participants ont estimé qu'il fallait revoir les pratiques actuelles dans le domaine des transferts de technologies afin de ne pas reproduire les erreurs du passé, et étudier en particulier l'impact à long terme de ces transferts sur la santé et sur l'environnement.

La Commission s'est ensuite penchée sur la question de l'industrie et des eaux douces. A ce titre, elle a entendu M. James Oatridge, Directeur du contrôle de l'environnement de Severn Trent Plc du Royaume-Uni, M. John Danchiro, du Syndicat des travailleurs du bois du Ghana, et Mme Lyn Billman-Golemme, Coordinatrice du groupe des ONG des eaux douces à la Commission (Canada). Le Ministre de l'industrie, du Commerce et du développement des entreprises de la Barbade, M. Reginald Farley, et l'Assistant principal du Vice-Ministre de l'environnement du Canada sont également intervenus.

Au cours du dialogue interactif qui a suivi, les représentants des industries, des gouvernements, des syndicats et des organisations non gouvernementales ont préconisé une tarification plus réaliste de l'eau, estimant que le prix de l'eau doit mieux refléter son coût réel si l'on veut favoriser une consommation plus rationnelle et préserver les ressources actuelles. Les participants ont toutefois reconnu qu'il fallait tenir compte, à la fois, des exigences liées l'efficacité économique et du maintien de la justice sociale, et donc établir des tarifs différenciés permettant de satisfaire les besoins en eau des pauvres à un prix raisonnable.

La Commission se réunira demain, à 10 heures, afin de poursuivre l'examen de son point de l'ordre du jour portant sur le transfert de technologies, le renforcement des capacités, l'éducation, la science et les activités de sensibilisation (point 4).

POURSUITE DU DIALOGUE SUR LA TECHNOLOGIE, LA COOPERATION ET L'EVALUATION

Un représentant de l'industrie chimique, a indiqué qu'à la suite d'un accident de travail il y a quelques années dans une usine chimique du New Jersey, des mesures avaient été prises pour prévenir ce type d'incident et protéger la santé des travailleurs.

Un représentant des ONG, préconisant le recours à des techniques rationnelles, a souhaité davantage d'informations afin de voir dans quelle mesure certaines techniques qui ont montré leur efficacité peuvent être transposées dans les pays du Sud.

Un représentant des syndicats a estimé que la participation des communautés et des syndicats devrait être très active dans les initiatives volontaires. Il est regrettable que cette participation ait été insuffisante jusqu'à présent.

Une représentante des ONG a rappelé que les brevets sont un obstacle aux transferts des technologies. Elle a estimé qu'il fallait évaluer l'impact des transferts sur la santé. Déplorant une certaine faiblesse dans l'obtention des informations permettant d'évaluer ces technologies, elle a souligné la nécessité de disposer d'un centre de tri de ces informations. Il faut examiner comment partager les connaissances et étudier l'impact des transferts sur la biodiversité. Il faut, en outre, pour surmonter certains coûts, que l'aide publique au développement (APD) finance un programme de subventions.

Un représentant des syndicats a préconisé une approche réaliste quant au problème du transfert des technologies. En Allemagne, les entreprises sont encouragées à revoir leurs pratiques en la matière. Le transfert contreproductif de technologies a, en effet, causé de nombreux dégâts dans le passé.

Un représentant des ONG a souligné la nécessité de soutenir les communautés autochtones qui utilisent des technologies favorables à l'environnement. A la Barbade, les ONG commencent à lier les questions d'habitat, les technologies et l'environnement pour résoudre les problèmes associés à la création de nouvelles communautés. Lors de la création de nouveaux logements, on s'efforce de recourir à des technologies renouvelables dans le domaine de l'énergie, de l'approvisionnement en eau, des transports. Cette approche a l'avantage d'être créatrice d'emplois et donc génératrice de revenus. Les institutions financières internationales devraient tenir compte d'une telle approche qui permet à ces communautés d'obtenir des capitaux très rares.

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Un représentant des ONG a appuyé l'idée de la création d'un centre virtuel. Il a estimé qu'il fallait examiner la question du transfert des technologies dans sa globalité et envisager en particulier l'impact à long terme des technologies. Il faut veiller à faire une évaluation du point de vue des personnes concernées.

Une représentante du secteur hôtelier a indiqué que ce secteur envisageait actuellement une nouvelle façon de développer les hôtels et était à la recherche d'un projet pilote. Elle a indiqué que toutes les suggestions étaient les bienvenues.

Une représentante des ONG a encouragé l'examen de la question de l'industrie du bâtiment qui représente une grande part des activités économiques dans de nombreux pays. Il faudrait mettre davantage l'accent sur les techniques renouvelables dans ce secteur, a-t-elle déclaré.

DIALOGUE SUR L'INDUSTRIE ET LES EAUX DOUCES

Exposés

M. JAMES W. OATRIDGE, Directeur du contrôle de l'environnement de Severn Trent Plc. au Royaume-Uni, a déclaré que les entreprises devraient jouer un rôle plus actif dans la gestion des bassins versants. Il faudrait une tarification plus juste de l'eau douce qui encouragerait une utilisation plus rationnelle de cette ressource. M. Oatridge a estimé qu'il était important de s'attacher à résoudre les problèmes liés à l'approvisionnement en eau et à l'assainissement. La participation du secteur privé est nécessaire particulièrement dans le domaine de l'assainissement. M. Oatridge a estimé qu'il était nécessaire que des cadres juridiques soient mis en place. Il faut élaborer des mécanismes stimulants permettant d'atteindre les objectifs environnementaux fixés. Il est nécessaire de déterminer qui est responsable de quoi afin de permettre de protéger et de mieux gérer les ressources en eau. Les Gouvernement doivent fixer des normes en ce qui concerne l'exploitation des ressources en eau. M. Oatridge a déclaré qu'il faut des actions concrètes car l'eau douce est indispensable au développement durable.

M. JOHN DANCHIRO, représentant du syndicat des travailleurs du bois du Ghana, a déclaré que son pays a les mêmes problèmes en ce qui concerne le manque de ressources en eau que les autres pays en développement. La préservation de l'environnement est essentielle. Les forêts doivent être protégées. M. Danchiro a évoqué plusieurs projets de reboisement qui ont été lancés par le syndicat qu'il représente. Il est nécessaire de protéger les bassins versants et d'empêcher une exploitation sans retenue des eaux des fleuves qui peut entraîner l'assèchement de leurs affluents. M. Danchiro a estimé que les nouvelles technologies devraient répondre aux besoins de chaque pays. Il a reconnu que la gestion des forêts est indispensable à la fois

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pour des raisons économiques et pour des raisons écologiques et doit se faire de façon rationnelle. A cette fin, il faut sensibiliser les populations sur l'importance de la forêt. Il est nécessaire que les populations prennent conscience de la nécessité d'une exploitation durable des forêts et que les efforts de reboisement soient encouragés.

Mme LYN BILLMAN-GOLEMME, Coordinatrice de l'Organisation non gouvernementale Caucus des eaux douces, a déclaré que les Gouvernements doivent mettre en place des mécanismes de réglementation nationale efficaces afin de protéger les eaux douces. La participation des dirigeants des communautés locales et des populations autochtones, ainsi que celle des femmes sont essentielles pour favoriser une meilleure gestion de l'eau. Il faut adopter des normes qui permettent d'améliorer la qualité de l'eau et de supprimer les sources de pollution. Les risques liés à la pollution de l'eau et ses conséquences sur la santé doivent être évalués afin que des solutions puissent être trouvées. L'industrie doit adopter des codes de conduite qui auraient des avantages à la fois économiques et écologiques. Il est nécessaire que l'industrie élimine les polluants l'eau. Les gouvernements, le secteur de l'industrie et la société civile doivent coopérer afin de trouver des solutions aux problèmes qui se posent et de mieux gérer les ressources en eau. La coordination et l'éducation au niveau local sont nécessaires pour assurer une meilleure qualité de l'eau.

M. REGINALD FARLEY, Ministre de l'industrie, du commerce et du développement commercial de la Barbade, a déclaré que la question de l'eau douce constitue un élément essentiel du développement. Dans plusieurs pays en développement, le développement économique dépendra de l'exploitation des ressources naturelles. L'eau n'est pas nécessairement une ressource renouvelable. Un monde en développement avec peu d'eau aura des conséquences pour le monde développé, étant donné l'interdépendance entre ces deux mondes et les opportunités de marchés qu'offrent les pays en développement. Parmi les problèmes auxquels les pays en développement doivent faire face, il a cité la compétition entre les divers utilisateurs, la qualité de l'eau, l'accès à l'eau et la question de l'assainissement. Des pays comme la Barbade doivent aussi répondre à de nouvelles exigences économiques, comme le développement du tourisme, l'agriculture, et l'urbanisation. Les problèmes liés à l'eau constituent une entrave au développement. Très souvent les ressources en eaux ne permettent pas de répondre aux besoins économiques et sociaux et aux besoins de l'industrie. Le défi que pose la qualité des eaux doit être souligné. La faiblesse de la qualité de l'eau a un effet sur la qualité de l'eau potable. Certaines questions comme celle des usages secondaires des eaux et de la captation sont extrêmement importantes pour la gestion des eaux. A cet égard, l'industrie pourrait jouer un rôle pour développer des techniques et des stratégies de développement des ressources hydrauliques, car elle est mieux équipée techniquement pour résoudre ces questions.

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L'eau est très importante pour les petits Etats insulaires en développement où le lien entre l'offre et la demande est très important, a-t-il poursuivi. Le développement du tourisme rend plus urgente la nécessité de bien gérer les ressources en eau. La faiblesse des pluies a également une incidence sur ces ressources. Il est donc important d'avoir un processus national et régional plus efficace qui définisse les rôles et responsabilités de l'industrie. Le développement durable exige un secteur industriel durable, car le développement économique durable est très lié au développement social et à l'environnement.

M. ROBERT SLATER, Principal collaborateur du Vice-Ministre de l'environnement du Canada, a estimé que l'industrie est un réservoir intellectuel très puissant susceptible de contribuer à un développement durable. L'eau est précieuse pour toute une série de domaines. C'est pourquoi, il faut déterminer un prix approprié, afin de mieux gérer la demande. Au Canada, le doublage des prix de l'eau a abouti à une réduction de près de 40% de la demande municipale et de 60% de la demande industrielle. Lorsque le prix ne reflète pas la pleine valeur de l'eau, le résultat est une surconsommation et une dégradation des ressources. Toutefois, il faut veiller à ce que les prix n'aient pas un impact disproportionné sur les pauvres. L'eau est un patrimoine très difficile à évaluer. La méthode pour établir un prix doit être peaufinée, afin de permettre une utilisation plus responsable et plus rationnelle de l'eau. Plusieurs millions de personnes n'ont actuellement pas accès à l'eau douce. L'industrie au Canada consomme environ 80% de toute l'eau utilisée, ce qui a des conséquences sur la qualité de l'eau. Pour chaque investissement fait dans ce domaine, il y a la possibilité d'encourager une utilisation sage de l'eau. Une meilleure reconnaissance de la valeur de l'eau contribuera à une meilleure utilisation des ressources et à leur préservation pour les générations futures.

Une représentante d'une ONG de femmes a estimé que l'on ne pouvait traiter l'eau comme une simple marchandise, mais qu'il fallait considérer la dimension sociale de l'eau. Selon le rapport de l'Organisation mondiale de la santé de l'an dernier, plus de 5 millions de personnes meurent chaque année de maladies dues à l'eau, en raison des pollutions. Aux Etats-Unis, par exemple, le niveau de pesticides dépasse les normes tolérables. L'exploitation actuelle montre que l'industrie a poursuivi ses propres impératifs au détriment des populations. Des directives pour le contrôle des éléments toxiques devraient être établies et appliquées au niveau régional et national. Ces directives devraient être mises à jours constamment pour tenir compte des nouvelles techniques et des populations les plus vulnérables. Il faut, en outre, instaurer le principe du pollueur-payeur. Les gouvernements doivent mettre la santé au centre de leurs programmes nationaux en vue d'un développement ayant pour objectif le bien être de l'être humain.

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Une représentante des populations autochtones a déclaré que l'importance des ressources en eau devrait amener à prendre des mesures. Elle s'est déclarée préoccupée par le fait que certaines industries ne semblent pas se rendre compte qu'elles sont responsables de certaines pollutions. Il faut examiner les plans de gestion qui seront établis au sein des diverses industries et prendre des mesures correctives qui permettront de répondre aux problèmes futurs. Sous peu, l'eau ne sera plus douce, mais toxique, a-t-elle souligné. Elle a déploré le fait que l'eau était abordée comme une simple ressource commerciale. L'eau est considérée comme un élément de purification au sens chrétien et fait partie des modes de vie des peuples. Il faut donc établir des mécanismes permettant de garantir les aspects humains et culturels de l'eau. L'eau fait partie de la terre nourricière, a déclaré la représentante qui a mis en garde contre les effets du déboisement massif, le déversement de déchets toxiques et la dégradation continue des ressources. Face à cette situation, l'eau doit être envisagée dans le cadre d'un développement général, a-t-elle conclu.

Débat

Un représentant de la Confédération internationale des syndicats libres a lancé un appel en faveur de technologies plus propres et a estimé que les techniques plus propres de production devraient faire partie de tous les mécanismes approuvés aux niveaux international et national. Il faut faire preuve de discipline. La prévention est basée sur la notion de possibilités visant à maximiser l'efficacité des changements. Parmi les défis auxquels doit faire face l'industrie, il a cité la nécessité d'avoir des méthodes de contrôle des émissions et de donner à l'évaluation un rôle central dans les programmes de prévention.

Un représentant du secteur de l'industrie, reconnaissant que ce secteur est le principal utilisateur d'eau douce, a appuyé les appels en faveur d'une bonne tarification de l'eau. Si des subventions sont accordées, il y aura une utilisation de l'eau sans retenue. L'industrie peut agir mais ne peut pas faire grand chose si l'eau est subventionnée ou mal tarifée, a-t-il dit. Partant, il a préconisé un véritable partenariat. L'industrie est prête à relever ce défi. Les pays pauvres paient déjà un prix exhorbitant pour l'eau quand ils n'utilisent pas une eau contaminée ou doivent faire plusieurs kilomètres pour aller chercher de l'eau. Là aussi il faut un véritable partenariat.

Une représentante des ONG a souligné que le développement étant associé à la modernisation, cela se traduit par l'installation de latrines qui utilisent beaucoup d'eau et d'énergie de manière peu efficace. Il faut promouvoir l'éducation au niveau communautaire pour encourager les professionnels à planifier des systèmes efficaces pour l'élimination des déchets et revoir le système des latrines. Dans les pays pauvres,

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les gouvernements doivent nettoyer la pollution provoquée par les activités industrielles des sociétés multinationales. Or, ces pays n'ont pas les ressources financières pour fournir de l'eau potable à la population. Il faut revoir les politiques économiques actuellement en cours au niveau international.

Un représentant du secteur de la gestion de l'eau du Japon a évoqué le problème de la pollution de l'eau du fait de l'industrialisation rapide de certaines régions du Japon. Des initiatives ont été prises au niveau local pour défendre la qualité de l'eau. Des groupes d'études ont été créés pour mettre au point des technologies permettant de réduire la pollution. Le Gouvernement japonais estime qu'il faut tirer partie des initiatives locales et ceci afin de pouvoir en lancer de semblables dans d'autres régions.

Un représentant des syndicats du Canada a déclaré que des efforts ont été faits par les travailleurs de son pays pour réduire la consommation d'énergie et l'utilisation de l'eau. Des économies ont pu être faites par cet effort de conservation. Les syndicats encouragent une attitude responsable des travailleurs.

Le représentant de l'Egypte a souligné la nécessité d'une utilisation plus rationnelle de l'eau. Il a précisé que 25% de l'eau en Egypte est utilisée pour l'agriculture. Le représentant a fait remarquer que l'on considère l'eau comme un bien économique et que l'on a trop tendance à oublier que c'est également un bien social. Il a rappelé que le secteur agricole est souvent pauvre et a regretté que l'on ait pas de méthodes pour évaluer la quantité de l'eau utilisée par les paysans. S'il y avait un meilleur système d'irrigation, on pourrait réduire de 80% l'eau utilisée. La question du déboisement est essentielle. Le représentant a déclaré qu'il était essentiel de reboiser les bassins versants du Nil. Il a estimé qu'il fallait prendre des mesures concrètes et ne pas se contenter d'analyses et de propositions.

Un représentant du secteur de l'investissement a rappelé que la question de l'approvisionnement de l'eau est essentielle. Afin de protéger l'eau, il importe de faire certains changements dans le cadre du partenariat entre le secteur public et le secteur privé. Une bonne tarification de l'eau permettrait un accès plus équitable à l'eau. Il est également nécessaire d'encourager une meilleure conservation des ressources en eau.

Un représentant des ONG a estimé qu'il faut minimiser les risques à long terme de la pollution de l'eau. Il faut épurer les eaux et encourager l'industrie à réduire son utilisation de produits polluants. Le représentant s'est félicité du fait que la Convention de Bâle sur les eaux transfrontières devrait empêcher un transfert de pollution des pays développés vers les pays moins développés.

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Le représentant de la Hongrie a souligné l'importance des questions relatives à la protection et à la gestion des ressources en eau. Il a estimé que la Convention sur les eaux transfrontière est une bonne base de travail pour établir d'autres instruments juridiques permettant de lutter contre la pollution de l'eau. Le représentant a évoqué les effets néfastes de la pollution de l'eau sur la santé. Il est nécessaire de lutter efficacement pour réduire les maladies dues à l'eau.

Une représentante des ONG a estimé qu'il est nécessaire que les populations autochtones et les communautés locales participent à l'élaboration de stratégies visant à améliorer la gestion des ressources en eau et à lutter contre la pollution. Les populations autochtones devraient pouvoir faire connaître leur propres méthodes de gestion de l'eau. La représentante a souligné l'impact d'une bonne gestion de l'eau sur la santé des populations.

Le représentant de l'Afrique du Sud a demandé à ce que l'on établisse la valeur réelle de l'eau qui serait réajustée compte tenu de facteurs qui varient d'une région à l'autre. Il est nécessaire de promouvoir le développement économique et de ne pas l'entraver. La tarification de l'eau doit tenir compte des effets qu'elle pourrait avoir sur le développement économique. Il faut évaluer à la fois les besoins de l'industrie et les besoins des plus pauvres. Il est nécessaire de privilégier les petites entreprises, notamment dans les pays en développement. Le représentant a estimé qu'il est simpliste de dire que l'agriculture est le plus gros utilisateur de l'eau. Ce qu'il faut savoir c'est si l'eau est utilisée d'une manière efficace ou non. Il faut remédier au problème du gaspillage de l'eau, causé notamment par des fuites, afin d'assurer une meilleure utilisation des ressources en eau.

Un représentant des syndicats a souligné que si l'agriculture est le plus gros consommateur d'eau, elle produit les aliments pour les travailleurs des villes. Il faut éviter les gaspillages, développer une approche intégrée, promouvoir l'éducation et la formation. Il faut attaquer les problèmes sur plusieurs fronts, depuis la conservation des forêts jusqu'à l'approvisionnement en eau. Cela n'est possible que si l'on agit dans un esprit de partenariat. L'industrie doit s'engager dans cette voie et promouvoir une telle approche sur les lieux du travail.

Le représentant de la Syrie, évoquant la tarification des eaux, a estimé qu'augmenter les tarifs de l'eau constituerait un fardeau supplémentaire pour les pauvres. L'Etat pourrait intervenir en établissant des règles favorisant des investissements efficaces dans le domaine de l'eau. Dans les pays en développement, on aura besoin de nombreuses années pour parvenir aux objectifs évoqués au cours de ce débat, a-t-il souligné. La question de la tarification devrait donc actuellement rester à l'ordre du jour des pays développés.

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Ceux qui appellent à la tarification utilisent près de 80% de l'eau pour l'industrie. Or, dans les pays en développement, la majorité de l'eau est utilisée pour l'agriculture. Il a lancé un appel en vue d'une justice dans le partage et l'utilisation des eaux communes.

Un représentant du Caucus du système alimentaire a déclaré que l'industrialisation du secteur agricole en faisait un grand consommateur d'eau douce et le plus gros pollueur, en raison de l'utilisation massive d'engrais. Il serait donc opportun que ce secteur fasse des efforts en vue de réaliser des économies d'eau. A cette fin, les pouvoirs public pourraient aider les fermes familiales, surtout dans les pays où l'agriculture est importante. Il faudrait créer un système alimentaire qui n'est pas basé sur le système industriel. Il s'est félicité de l'apparition de la pratique de l'agriculture durable. Les modèles de gestion et le partage des eaux sont en train de se faire à petite échelle, a souligné le représentant, qui s'est demandé comment multiplier ces pratiques à grande échelle.

Le représentant du Bénin a déclaré que l'eau était le moteur du développement industriel. Malheureusement, le développement des activités industrielles contribue à la pollution des eaux et constitue un danger permanent qui exige des mesures d'urgence et des solutions concrètes. Dans le domaine de la gestion des ressources en eau, le principe du pollueur-payeur devrait être appliqué. S'agissant des barrages et de la distribution des eaux, il a déclaré que l'énergie hydroélectrique pouvait être source de catastrophe lorsque l'eau n'est pas suffisante. Les partenariats entre le gouvernement, les secteurs public et privé, et la société civile, doivent être encouragés. Il faut que le dialogue en Commission soit suivi d'actes concrets aux niveaux local et national, notamment dans les pays en développement. Les liens entre l'industrie et l'eau sont aujourd'hui plus négatifs que positifs dans les pays en développement.

Le représentant des Etats-Unis a mentionné l'adoption par son pays de programmes visant à réduire la pollution industrielle de l'eau, à favoriser une meilleure gestion, et à développer des partenariats entre les secteurs public et privé pour la mise en place d'infrastructures plus efficaces. Le secteur public ne peut pas abandonner son rôle. Mais la surveillance par des commissions de consommateurs est indispensable pour assurer une équité dans le partage des ressources en eau. Il a reconnu les efforts réalisés par le secteur industriel pour assainir l'eau.

Un représentant des syndicats a affirmé qu'il fallait modifier entièrement la définition de la norme ISO 14001, qu'il a jugé un mauvais indicateur de la pollution. Il a déploré le fait que le programme Action 21 ne parle pas de la pollution. Il a invité les milieux d'affaires à revoir leurs propres programmes, déplorant le fait que la prévention de la pollution ne soit pas au centre des pratiques d'un entreprenariat responsable.

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Une représentante des ONG a évoqué le rôle des femmes qui approvisionnent les familles en eau potable dans les pays en développement et travaillent des milliers d'heures par an pour transporter l'eau. Une bonne gestion de l'eau exige un effort conjoint de tous les acteurs pertinents. C'est pourquoi, il faut développer un mécanisme facilitant la participation de tous les acteurs, en veillant toutefois à ne pas diminuer le rôle de la femme. La représentante a suggéré, en outre, la tenue d'un dialogue sur les bonnes pratiques afin de déterminer lesquelles méritent d'être émulées.

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que pour que l'eau puisse jouer son rôle social, il faut inclure des mécanismes économiques et tenir compte des intérêts des couches les plus vulnérables de la population. Il faudrait que le prix de l'eau dépende des prix des programmes de réutilisation de l'eau dans les entreprises. Celles-ci, de même que les usagers doivent participer à la formulation de ce consensus. Il a préconisé des paiements préventifs plutôt que des compensations, estimant que celles-ci ne peuvent compenser les coûts de la pollution.

Un représentant du secteur de l'industrie a préconisé l'établissement d'une étude sur le prix de l'eau et l'examen de la question du déboisement.

Le représentant des Philippines a fait part d'une expérience concernant la lagune située au centre de Manille. Des conseils de l'eau ont été créés pour chacun des systèmes fluviaux. Trois des principaux systèmes fluviaux sont coordonnés par l'industrie. Pour mettre en oeuvre ce programme, on a créé une "armée de l'environnement" composée de bénévoles, dont des petits pêcheurs et des femmes. Cette expérience a permis d'identifier 57 entreprises qui violent les lois en matière de pollution, notamment des entreprises dirigées par des hommes influents. La mise en place du principe du pollueur- payeur a permis une réduction de 80% en moyenne des déversements polluants dans la lagune. On donne des couleurs aux différentes entreprises en fonction de leur respect de l'environnement et les différents cas seront présentés devant les médias.

Un représentant des ONG a souligné le fait que la question de l'eau est une question à la fois économique et sociale. La tarification est une notion clé et il faut qu'elle soit établie d'une façon transparente et juste.

Le représentant du Canada a estimé qu'il est nécessaire d'examiner de façon approfondie la question de la tarification qui est une question complexe. Un processus de négociations devra être engagé afin d'arriver à des accords satisfaisants.

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Le représentant de l'Inde a souligné l'importance d'un partenariat entre le secteur public et privé. Il faut tenir compte des conditions de chaque pays lorsque l'on établit des stratégies de gestion des ressources en eau. Le représentant a reconnu que l'eau n'est pas seulement un bien économique mais également un bien social. Les Gouvernements doivent pouvoir assurer une bonne qualité de l'eau pour l'ensemble de leur population. Le représentant a reconnu que la responsabilité ultime de la gestion et de la protection des ressources en eau relève des Gouvernements mais il est important que le secteur privé participe aux efforts qui sont faits pour mieux gérer l'eau mais il faut que celui-ci tienne compte de l'aspect social de la question de l'eau et pas seulement de son aspect économique. Le représentant a souligné la nécessité que d'assurer des droits égaux à l'eau de l'ensemble de la population.

Une représentante des ONG a déclaré qu'il était capital de protéger l'écosystème et a évoqué l'impact de l'industrie sur la faune et la flore. Elle a estimé qu'il était capital d'examiner la question de l'épuration des eaux et d'encourager la protection des bassins fluviaux et des forêts. Les effets de l'industrie sur l'écosystème ne doivent pas être sous-estimés. Il faut accroître la qualité de l'eau. La représentante a estimé qu'il fallait tenir compte des particularités régionales afin de mieux protéger l'écosystème et de mieux gérer les ressources en eau.

Un représentant de l'industrie a reconnu que toute étude entreprise sur la tarification devrait prendre en compte les différents besoins et situations des utilisateurs des ressources en eau. Il a reconnu qu'il était nécessaire de responsabiliser les pollueurs.

Une représentante de la jeunesse et de l'enfance a estimé qu'il faudrait examiner les conséquences sociales de l'utilisation de l'eau. Elle a évoqué un projet hydroélectrique qui a obligé la population indigène au nord du Canada de se déplacer. Il est nécessaire d'évaluer toutes les conséquences sociales des décisions qui sont prises. La tarification de l'eau est une question importante qu'il faut examiner de manière approfondie en tenant compte des différents besoins des consommateurs.

Le représentant de l'Allemagne a fait remarquer qu'il est difficile d'établir un prix pour les dommages causés à l'environnement. La communauté industrielle devrait développer un code de conduite afin de mieux utiliser les ressources en eau.

Un représentant des ONG a rappelé que l'eau est un bien économique. Il a estimé qu'il faudrait une perspective plus holistique de l'utilisation et de la gestion des ressources en eau. L'eau ne peut être considérée de façon isolée. Le représentant a estimé qu'il était essentiel d'assurer une bonne qualité de l'eau. Le représentant a souligné l'importance de l'accès

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à l'information. Il est nécessaire que les représentants de la société civile aient accès à toute les documents disponibles avant que des lois concernant les questions environnementales soient adoptées.

Le Président de la Commission a conclu le débat en revenant sur la question de la tarification de l'eau. Il a souligné qu'il n'y avait pas de solution unique à cette question mais des solutions mixtes, mélangeant les questions d'efficacité économique et de la justice sociale. C'est pourquoi, il faudra établir des tarifs différenciés afin que les pauvres puissent avoir accès à l'eau. S'agissant des instruments volontaires, il a souhaité que ce type de dialogue soit encouragé pour avancer dans la discussion et a invité les ONG, les syndicats et le secteur de l'industrie à se rencontrer pour examiner ces questions. Toute suggestion concrète, tout pas en avant devra toutefois être entériné par les gouvernements, a-t-il souligné.

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