En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/420

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE ENTAME SON DEBAT SUR L'INDUSTRIE

21 avril 1998


Communiqué de Presse
ENV/DEV/420


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE ENTAME SON DEBAT SUR L'INDUSTRIE

19980421

La Commission du développement durable a entamé ce matin son débat consacré à l'industrie par un dialogue interactif sur la responsabilisation des entreprises avec des représentants de ce secteur, ainsi que des représentants des syndicats, des organisations non gouvernementales, des milieux d'affaires et des gouvernements.

La question des initiatives volontaires a été largement évoquée par tous les participants au débat. Ce type d'accords contribue à fournir des mécanismes permettant aux industries de répondre aux exigences et aux besoins en matière de développement durable. Tout en reconnaissant l'importance de ces initiatives, les intervenants ont estimé qu'elles ne sont pas suffisantes, car elles ne peuvent être facilement mesurées et quantifiées. Le dialogue a mis en lumière la nécessité pour les entreprises d'assumer davantage leurs responsabilités en matière environnementale. Les représentants des pays en développement et des organisations non gouvernementales actives dans ces pays ont toutefois attiré l'attention sur les problèmes que rencontrent ces pays pour accéder à des techniques de production plus respectueuses de l'environnement, alors même que les normes sociales internationales sont encore difficiles à appliquer. En outre, les intervenants ont préconisé l'élaboration de larges partenariats et l'adoption d'une démarche intégrée en vue de parvenir à l'objectif d'une production et de modes de consommation conformes au développement durable.

La Commission poursuivra son débat sur l'industrie cet après-midi à partir de 15 heures. Elle se penchera plus spécifiquement sur les instruments de gestion des entreprises.

Responsabilisation des entreprises

Exposés

M. DOM BAUSANO, Directeur de la qualité de Huntsman Corporation, qui est une entreprise chimique internationale, a déclaré que l'industrie est un moteur de la prospérité, notamment en donnant des possibilités d'emploi. Il a fait remarquer que l'industrie n`'a pas réglé tous ses problèmes écologiques. C'est la raison pour laquelle il est important que ce secteur s'intéresse au développement durable. La responsabilisation des entreprises est nécessaire pour minimiser le gaspillage et sauvegarder la qualité de l'environnement. La responsabilisation a des avantages non seulement pour l'ensemble de la population mais également pour les employés. Il est nécessaire de tenir compte des facteurs économiques et du marché. M. Bausano s'est félicité du fait que les organisations du monde des affaires lancent des initiatives volontaires englobant le développement durable. La Charte de la chambre de commerce internationale en est un bon exemple. Le secteur de l'industrie devrait lier le concept de création de valeurs au concept de développement écologique. Les politiques du secteur industriel doivent englober l'environnement.

M. Bausano a estimé qu'il faut des réglementations qui permettent des innovations dans le secteur industriel et aille dans le sens d'un développement durable. Il a évoqué certaines initiatives qui ont prises et avaient pour objectif d'améliorer les indicateurs de santé écologique. Le sens des responsabilités pour l'industrie change du fait de facteurs externes et internes. Il faut une réduction des risques et une meilleure gestion des industries. L'industrie doit s'adapter à ce que l'on attend d'elle. Personne ne doit être en marge et les entreprises continueront de prospérer si elles ajoutent une valeur à la société. Il doit y avoir une coopération entre tous les acteurs de la société. L'industrie doit avoir une démarche intégrée afin de contribuer au développement économique et social de la société.

M. BERND HEINS, Syndicat des travailleurs du secteur chimique, a mis en avant le rôle des syndicats dans les efforts en vue de parvenir à un développement durable. Les syndicats cherchent à protéger l'environnement par l'utilisation efficace des ressources, l'amélioration des conditions de vie de tous, de nouveaux partenariats, la reconnaissance des responsabilités, et un contrôle plus strict en vue de s'assurer que les objectifs sont atteints pleinement dans les délais fixés.

Parmi les principes devant présider au changement, M. Heins a évoqué l'adoption de pratiques commerciales responsables qui lient les besoins sociaux et environnementaux aux besoins commerciaux. Les objectifs doivent être fondés sur l'analyse des effets des mesures prises. Les déplacements d'emplois dus à des mesures de protection de l'environnement ne peuvent

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se faire sans des mécanismes de transition, incluant la protection des revenus, la création et la promotion de nouveaux emplois, l'éducation et la formation et l'aide aux communautés affectées. Il faut faire en sorte que ces pratiques responsables aient de bons résultats. Chacun a un rôle à jouer si l'on veut que les programmes environnementaux dans le secteur industriel portent leurs fruits. Dans ce cadre, il a mentionné notamment la nécessité de réduire la consommation énergétique, de diminuer les coûts environnementaux, d'encourager la bonne volonté et d'améliorer la motivation des employés. L'industrie doit travailler avec les gouvernements pour améliorer l'accès à l'éducation et à la formation, les soins de santé et la sécurité sociale. Ils doivent travailler ensemble pour éduquer et encourager une consommation rationnelle. Il faut établir des règles pour une pratique durable. Il faut, en outre, assurer que les accords internationaux et les codes de conduite incluent des clauses environnementales et sociales. De telles clauses doivent ainsi faire partie des accords avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et d'autres instances. Les objectifs fixés doivent répondre aux exigences des lois nationales de protection de l'environnement et avoir force contraignante pour tous les partenaires. Il faut, en outre, développer des mécanismes de contrôle.

Le représentant a encore souligné la nécessité de reconnaître le rôle des syndicats. L'objectif d'un développement durable requiert une participation active de tous les acteurs et un partenariat reposant sur la responsabilité partagée. Viser la durabilité sur les lieux du travail exige donc des efforts sérieux, des partenariats novateurs, et des cadres d'accord contraignants, a-t-il conclu.

Mme JAGJIT KAUR PLAHE, représentante de ECO News Afrique, a déclaré que l'esprit d'entreprise signifie que l'on aide la société tout en respectant l'environnement. Il est paradoxal que l'une des critiques que l'on fait au secteur de l'industrie est que les risques qui sont pris par les entreprises sont répercutés sur l'ensemble de la société. Les entreprises responsables doivent prendre des risques. L'industrie ne représente pas simplement les propriétaires et les présidents des entreprises mais également les employés et les actionnaires. Il ne faudrait pas dire que tout le monde agit de la même manière. Il faut voir au delà des sociétés. Le risque est l'essence même de l'esprit d'entreprise. Un des obstacles essentiels à la réussite des entreprises est l'absence d'initiative. La crédibilité exige une bonne présentation et une vérification des résultats obtenus. Les pratiques de vérification des comptes des sociétés devraient être améliorées. La transparence dans les renseignements fournis est primordiale.

Les initiatives volontaires ne peuvent remplacer une bonne loi du travail écologique. A cause des abus et des erreurs, les Organisations non gouvernementales ont pu critiquer les initiatives volontaires. Il faut identifier les faiblesses de ces initiatives afin d'y remédier.

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Les gouvernements doivent réaliser un examen approfondi des initiatives volontaires et combiner les initiatives de tous les acteurs de la société. Il est essentiel d'avoir un code de conduite responsable.Le partenariat entre les ONG et les syndicats est capital pour trouver des réponses aux questions qui se posent.

M. BHANOT (Inde), prenant la parole au nom des pays en développement, a déclaré que le terme industrie, lorsque l'on parle de travail, était très relatif et plutôt négligeable pour les pays en développement où la majorité des sociétés sont des entreprises appartenant à un seul patron. Un grand nombre de ces industries s'occupent de produits qui ont été négligés par les pays développés et sont souvent très polluants, comme les produits chimiques. L'accès aux moyens financiers étant réduit, il leur est difficile d'accéder à des techniques plus propres.

Faisant état de certains progrès, le représentant a demandé la compréhension des pays développés durant cette période de transition. Les sociétés des pays en développement ont des difficultés à adopter des règles de protection sociale. Elles sont actuellement en train de mettre un certain ordre dans leur système. Ce n'est que par la suite qu'elles pourront comprendre ce qu'il faut entendre par techniques respectueuses de l'environnement. Le monde développé doit donc faire preuve d'une certaine mesure dans ses exigences envers ces pays. Les pays en développement ont, en outre, à faire face au problème de la concurrence, surtout dans les domaines au bas de l'échelle du point de vue technologique. Chaque pays doit exercer un certain contrôle si on veut assurer la protection de l'environnement. Les mécanismes de contrôle étant difficiles à établir au niveau international, chaque pays doit trouver ses propres règles de contrôle.

M. PHILIP WARD, Chef du Bureau de l'énergie, de l'environnement et des déchets du Département de l'environnement, des transports et des régions du Royaume Uni, a déclaré, au nom de l'Union européenne, qu'il faut que les compagnies responsables combinent le développement économique, social et écologique. La dimension sociale du développement durable doit être renforcée. M. Ward a souligné l'importance de la responsabilité des gouvernements et du secteur de l'industrie en ce qui concerne le développement durable. La coopération entre le Gouvernement et les représentants du monde des affaires est nécessaire pour atteindre les objectifs de la durabilité. Les compagnies devraient adopter des normes écologiques et sociales élevées. Il faut avoir une vision claire et partager des objectifs à long terme tant au niveau national qu'international. Les gouvernements ont un rôle essentiel à jouer et l'influence des autres acteurs de la société doit s'accroître. Des innovations sont nécessaires et des changements fondamentaux doivent avoir lieu. La transparence dans l'information est primordiale. M. Ward a relevé que les normes pour les fournisseurs sont de plus en plus strictes et que le public est de plus en plus exigeant. Il est nécessaire que les entreprises améliorent leurs réalisations écologiques et sociales.

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Dialogue

La représentante des syndicats italiens a souligné les nombreux changements qui sont intervenus au cours des dernières années dans le monde du travail. Malgré les efforts des employeurs, il y a toutefois encore beaucoup de progrès à faire pour protéger le développement social. A moins qu'un cadre ne soit fixé au niveau international, les coûts des améliorations nécessaires seront très élevés. Les syndicats appuient les efforts des gouvernements dans ce domaine. La représentante a plaidé, par ailleurs, en faveur de l'inclusion de normes de travail écologiques dans les accords internationaux. L'investissement étranger direct peut être le moteur du développement social mais ne peut se faire sans règles, a-t-elle souligné, évoquant les difficultés que rencontrent certaines petites et moyennes entreprises. Il faut donc un système de réglementation. En outre, les accords multilatéraux doivent être négociés par tous les pays et pas seulement par les pays industrialisés les plus puissants. Chaque pays doit pouvoir venir à la table de négociation avec des objectifs précis et les organisations de travailleurs doivent également y être représentées. Ces accords doivent être conclus sur une base volontaire, a-t-elle conclu.

Le représentant de l'Egypte a expliqué que les petites et moyennes entreprises sont peu nombreuses dans un pays comme l'Egypte. Elles ne sont pas prêtes à comprendre ce que signifie l'écoefficience. Dans quelle mesure l'investissement étranger direct peut aider l'écoefficience ? Le représentant a déclaré qu'il aimerait savoir jusqu'où vont les syndicats pour éduquer la force de travail.

Un représentant du secteur de l'industrie a souligné le rôle important des initiatives volontaires. Celles-ci ont un rôle à jouer pour améliorer le développement durable. Il a également souligné l'importance d'encourager les petites et moyennes entreprises, notamment par le biais de la chaîne des producteurs. La proposition des ONG d'examiner les initiatives volontaires semble tout à fait sensée et mérite d'être examinée plus avant, l'objectif étant de développer un processus novateur plus souple. Souvent ce qui est programme volontaire aujourd'hui devient obligatoire demain, a-t-il souligné.

Un autre représentant du secteur de l'industrie a observé qu'il est tout à fait possible de combiner réalisations écologiques et financières. Il faut toutefois repenser la situation actuelle. A cette fin, il importe de traiter du renforcement des capacités et des moyens, a-t-il souligné, estimant que les difficultés financières d'une telle démarche ne pouvaient pas toujours être invoquées pour justifier l'inaction.

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Le représentant des ONG a estimé qu'il ne fallait pas se limiter à épingler qui s'est bien comporté ou non, mais adopter des stratégies intégrant l'objectif d'un développement économique durable. S'adressant aux représentants du secteur de l'industrie, il a demandé ce que ceux-ci font et disent lors des négociations pour défendre leurs intérêts. Comment pouvez- vous aider les petites nations, les petites organisations non gouvernementales, les petits agriculteurs, et les populations autochtones à devenir des partenaires égaux, a-t-il demandé.

Le représentant du Forum intergouvernemental sur la sécurité chimique, a expliqué que les partenaires de ce Forum se réunissaient régulièrement pour tenter de fixer des mesures de protection de l'environnement sur une base consensuelle dans le secteur chimique. Les risques dans ce secteur particulièrement dangereux doivent être gérés et réduits. L'industrie a un rôle important à jouer à cet égard. Le Forum encourage l'industrie à fournir des données en vue d'évaluer les risques potentiels pour la santé et l'environnement et s'efforce de développer un code de conduite et de promouvoir une attitude responsable. L'industrie est souvent allée au-delà de l'application simple des lois et règlements, en endossant sa responsabilité morale, a-t-il affirmé. Etant donné sa volonté de partager sa responsabilité, l'industrie peut encourager la sécurité chimique et parvenir à des accords, par exemple, sur la gestion des risques. Le Forum a, en outre, permis de définir des priorités, d'adopter des stratégies et de développer une meilleure collaboration entre les partenaires en vue de parvenir à une sécurité accrue et aux objectifs d'un développement durable.

Le représentant de l'Afrique du Sud a évoqué les rapports entre grandes et petites sociétés et le rôle des gouvernements dans la promotion de relations souples. En Afrique du Sud, le système de l'apartheid a réduit à néant les petites entreprises et a fait très peu pour réduire les pratiques sociales injustes des grandes entreprises. Le programme sectoriel qui a été adopté par le nouveau Gouvernement et qui a bénéficié d'un prêt de la Banque mondiale, vise à encourager les meilleures pratiques dans les divers secteurs. Les sociétés sont invitées à présenter leurs projets au gouvernement optant pour les meilleures pratiques écologiques. Le gouvernement prend ensuite à sa charge une partie des coûts, souvent dans le domaine de l'achat d'équipement. Ces projets permettent à des petites entreprises d'établir des relations continues avec des grandes entreprises. D'autres pratiques ont été développées dans le domaine de la sous-traitance, en particulier dans le domaine du recyclage.

Le représentant de l'industrie chimique du Canada a fait part d'initiatives relatives à la gestion responsable des entreprises. Ces initiatives qui requièrent l'engagement des gouvernements, des accords sur la responsabilité des entreprises et la protection des travailleurs, devront pendant un certain temps varier d'un pays à l'autre, mais un jour il faudra une méthode internationale harmonisée. Pour l'heure, chaque pays doit avoir son propre processus pour répondre à l'attente des parties prenantes, a-t-il souligné.

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Une représentante des ONG, a souhaité que les sociétés travaillant dans les pays en développement puissent utiliser des méthodes favorables à l'environnement. A cette fin, elle a mis l'accent sur l'importance des directives volontaires, tout en soulignant le fait que les petites sociétés n'ont souvent pas les moyens d'adopter ce type de pratiques.

Un représentant de l'industrie, a souligné qu'il était de l'intérêt de l'industrie d'être à même de vérifier ses résultats écologiques, mais cela est difficile. Il n'y a d'ailleurs pas de méthode unique pour présenter les résultats des performances dans le domaine écologique, bien qu'il y ait des projets en cours pour trouver le meilleur moyen de le faire. La question est, en effet, fort complexe. Il s'agit notamment de trouver comment présenter ces données au profane.

Le représentant des Etats-Unis a souligné l'importance d'un large partenariat et de l'établissement de normes de travail. Les processus de réglementation doivent être transparents et permettre des pratiques responsables pour atteindre les objectifs du développement durable. A cette fin, il faut pouvoir disposer des ressources adéquates. Il a souligné l'importance, du respect des normes du travail, de la nécessité d'établir des normes collectives, de respecter l'interdiction du travail des enfants, estimant que ces exigences ne constituent pas des entraves à la réussite du monde des affaires. Il a demandé aux représentants du secteur de l'industrie des précisions sur l'élaboration des codes de conduite volontaires. Comment l'industrie peut-elle faire amener le public à s'impliquer dans les initiatives relatives à une gestion responsable ?

Un représentant des syndicats a déclaré qu'il est essentiel que les syndicats et les ONG soient actifs afin de parvenir à un développement durable. Il a évoqué la question de la forêt viable et a déclaré que les initiatives nationales qui sont prises devraient servir de base pour une action au niveau international.

Répondant aux commentaires, M. BAUSANO, Directeur de la qualité de Huntsman Corporation, a reconnu la nécessité d'aider les petites et moyennes entreprises. Il a évoqué plusieurs initiatives qui ont été prises dans ce sens. Ainsi, certains pays plus avancés conseillent les pays moins avancés pour établir des programmes d'entretien responsables.

Un représentant des ONG a demandé si les associations de l'industrie ont publié une analyse des avantages qui ont découlé de la Charte de la Chambre de commerce internationale.

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Une représentante de l'industrie a déclaré que l'industrie doit être impliquée à toutes les étapes dans l'élaboration de politiques écologiques. Il faut un cadre favorable, des objectifs quantifiables, une transparence dans l'information, et un contrôle des résultats. Des sanctions doivent être prises lorsque les engagements ne sont pas respectés. L'industrie doit à la fois améliorer sa performance et garantir les droits de ses travailleurs.

Un représentant des syndicats a déclaré que le but de cette réunion est l'entreprise responsable. Le travailleur doit être impliqué dans la gestion de l'environnement. Lorsqu'il n'y a pas de syndicat, le travailleur ne peut se faire entendre et il n'y a pas de démocratie sur le lieu de travail. C'est lorsque les travailleurs peuvent jouer un rôle dans l'industrie qu'il y a une possibilité de changement.

Le représentant de la Barbade a déclaré qu'il est important de s'attacher à la responsabilisation des entreprises au niveau mondial. Les entreprises doivent utiliser les meilleures pratiques qui existent dans le monde si elles veulent honorer pleinement leurs responsabilités. Les sociétés ne doivent pas appliquer des normes différentes pour leurs entreprises situées dans des pays différents. Le représentant a fait remarquer que les produits polluants ne sont pas nécessairement connus dans certains pays. Il faut voir les choses d'un point de vue mondial. La responsabilisation doit être mondialisée.

Un représentant des syndicats a déclaré que les changements dans l'industrie découlent d'une interaction entre les Gouvernements, les syndicats et les autres acteurs de la société. Il a cependant estimé qu'il faudrait davantage de consultations entre les entreprises et les syndicats. Il a regretté que dans de nombreux pays en développement, il y ait peu de syndicats.

Un représentant de la jeunesse a rappelé qu'il fallait intégrer les jeunes dans les stratégies qui visent à atteindre le développement durable. L'éducation, l'emploi et l'engagement sont des notions clefs pour le développement durable. Il faut un engagement plus grand de la jeunesse afin de permettre un transfert des idées d'une génération à une autre. Le partenariat avec les jeunes est nécessaire.

Une représentante de l'industrie de la Finlande a déclaré que le dialogue est primordial pour permettre un développement durable. De nombreuses compagnies finlandaises se sont engagées à utiliser des techniques novatrices en vue d'accroître l'écocompétitivité.

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Le représentant de l'Organisation internationale du travail (OIT) a déclaré qu'il ne faut pas trop s'attacher au microniveau pour la responsabilisation des entreprises. Il ne faut pas oublier la macroperspective surtout lorsque l'on parle de développement social. L'industrie peut, en créant des emplois, diminuer la pauvreté. La qualité de l'emploi est primordiale et les normes de travail doivent être respectées. La crise économique que connaissent de nombreux pays d'Asie indique que, à moins que le développement industriel et économique ne soit durable, il est difficile de garantir un développement généralisé. Pour que les politiques gouvernementales soient efficaces, il faut qu'il y ait un dialogue social entre tous les acteurs de la société.

Un représentant des ONG a déclaré qu'il est important d'examiner la situation des centrales nucléaires des pays en transition.

Le représentant du Japon a évoqué plusieurs initiatives volontaires dans son pays. Il a été demandé à l'industrie de prendre des mesures pour protéger l'environnement, notamment en réduisant les gaz à effets de serre. Le représentant a souligné l'importance du Protocole de Kyoto. Il a estimé que tous les secteurs devraient rendre publiques leurs initiatives volontaires.

Un représentant des syndicats a déclaré que les syndicats et les employeurs doivent avoir une méthode commune pour réaliser leurs objectifs. S'il n'y a pas d'approche commune, il ne pourra pas y avoir de résultats. Les Gouvernements doivent reconnaître les droits des travailleurs sur leur lieu de travail et leur donner accès à l'information en ce qui concerne la protection de l'environnement. Il est nécessaire de mettre l'accent sur l'emploi qui est la clé du développement durable.

Le représentant de la Chambre internationale de commerce a estimé qu'il existe des possibilités de réexaminer et peaufiner les codes de conduite. Cela nécessite toutefois d'avoir un dialogue et de définir certains termes pour qu'ils soient acceptables par tous, a-t-il déclaré, soulignant en particulier les difficultés de traduction. Il a indiqué que la Chambre internationale de commerce développait actuellement des outils qui permettront d'évaluer ces codes de conduite. Il faut disposer de définitions claires si on veut avoir un dialogue constructif.

Le représentant de Samoa a souligné qu'un des domaines critiques pour l'industrie est celui des changements climatiques. L'exigence d'engagements contraignants de la part des gouvernements et une participation de l'industrie pourraient mettre en relief les meilleurs pratiques sur le plan de la surveillance, de l'éducation et de l'exécution des accords. La question est très importante sur le plan de l'efficacité et de la performance de l'industrie, mais aussi en ce qui concerne la confiance des industries. Il a demandé des précisions aux représentants de l'industrie à ce sujet.

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La représentante des ONG a estimé que les entrepreneurs responsables devaient aborder la question de l'impact des produits recyclables sur l'environnement. Des accords rapides pourraient apporter une contribution importante dans ce processus.

Le représentant du Royaume-Uni, rappelant les travaux de l'Union européenne sur ces questions, a estimé qu'il était nécessaire de bien préciser les domaines d'accord et d'amener davantage de personnes, de gouvernements et d'industries à adhérer à ces domaines d'accord. Il a cité, parmi les domaines d'accord, la reconnaissance du rôle des parties prenantes, des décideurs et du grand public; la difficulté d'impliquer les petites et moyennes entreprises; la nécessité pour les industrie d'assumer davantage de responsabilités; le fait que les grandes compagnies se penchent sur ces problèmes; la nécessité d'une plus grande transparence et de fournir davantage de rapports sur les pratiques des sociétés. Parmi les domaines de désaccord, il a évoqué la question des accords volontaires et le fait de savoir si les mesures prises jusqu'à présent ont suffi. La meilleure garantie pour un développement durable serait que les grandes entreprises protègent l'environnement. Tant que l'on n'y parviendra pas, les accords volontaires ne suffiront pas.

Le représentant de l'industrie non ferreuse a déclaré qu'il y avait une nouvelle culture dans les grandes sociétés métallurgiques qui s'efforcent d'améliorer leurs performances dans le domaine de l'environnement, par l'adoption de codes de conduites, la réduction des émissions polluantes, des programmes visant à éviter l'épuisement de certaines mines. En décembre dernier, de nouveaux principes relatifs à la responsabilité à l'égard des communautés ont été ajoutés à la Charte des sociétés métallurgiques, a-t-il indiqué. La consultation des parties prenantes constitue un élément important de la démarche à suivre en vue d'un développement durable.

Un représentant des syndicats a déclaré que des efforts ont été faits par les syndicats dans les pays en transition. Les projets montrent qu'il faut davantage de pression sur les parlements pour intégrer les questions écologiques dans la société. Si l'on a pas recours à une pression législative, l'on ne pourra pas atteindre les objectifs fixés. Pour surmonter les problèmes et assurer le développement durable, il faut que toute la société soit impliquée. Les changements doivent avoir lieu sur le lieu de travail et la participation des travailleurs est essentielle.

Un représentant des ONG a déclaré qu'il est important d'avoir un dialogue entre les entreprises et les autres acteurs de la société. Les programmes d'un entretien responsable sont importants mais pas suffisamment respectés. Il faut un examen approfondi des cas où l'on a pas respecté les accords.

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Le représentant des Etats-Unis a estimé qu'il est important de poursuivre le dialogue avec l'industrie après la clôture de la session de la Commission du développement durable.

Dans une brève déclaration, M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé qu'il est nécessaire d'envisager l'écoefficience dans une perspective à la fois économique et sociale. La responsabilité n'est qu'un des volets du développement durable. Il est capital de s'attacher aux questions sociales. M. Desai a déclaré que des processus nationaux doivent être mis en place afin de permettre une responsabilisation des entreprises. Il faudra examiner plus avant les questions d'initiatives volontaires ainsi que les problèmes qui concernent plus spécifiquement les petites entreprises. M. Desai a estimé qu'il est essentiel que la responsabilisation des entreprises soit reflétée dans l'éducation.

Résumant le dialogue, le Président de la Commission a souligné l'importance des interventions sur les initiatives volontaires et le fait que ce type d'accords est complémentaire des instruments réglementaires. On ne peut toutefois se contenter d'initiatives volontaires. Elles souffrent, en effet, d'un manque de crédibilité en raison du fait qu'elles ne peuvent être facilement mesurées et quantifiées. Les initiatives volontaires contribuent à fournir des mécanismes permettant aux industries de répondre aux exigences et aux besoins en matière de développement durable. Il y a cependant encore de nombreux efforts à fournir pour que les sociétés rejoignent les objectifs du développement durable, en particulier pour celles qui n'ont pas un accès aisé aux techniques plus propres. L'industrie, le monde du travail, les syndicats, la société civile et les gouvernements peuvent y travailler conjointement. Partant, il importe d'identifier les partenariats et d'adopter une démarche intégrée pour parvenir à l'objectif d'une production et de modes de consommation conformes au développement durable. Il faut, en outre, reconnaître les différentes positions, par exemple celles des pays développés et des pays en développement. Ce qui les divise, c'est peut-être la clause sociale. Il faut également faire la distinction entre les personnes qui font preuve de davantage de responsabilité et les autres. Les unes pourraient influencer les autres. Il a évoqué également la question des exportations de techniques de production durable, les difficultés liées au fait que les normes peuvent être différentes d'un pays à l'autre. Il a invité à réfléchir à la façon de progresser. L'élément clef est de développer des partenariats pour réfléchir ensemble en vue d'atteindre une plus grande efficacité, a-t-il conclu.

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