LE CONSEIL DE SECURITE AUTORISE LE DEPLOIEMENT EN SIERRA LEONE D'UN GROUPE DE LIAISON MILITAIRE ET DE CONSEILLERS POUR LES QUESTIONS DE SECURITE
Communiqué de Presse
CS/916
LE CONSEIL DE SECURITE AUTORISE LE DEPLOIEMENT EN SIERRA LEONE D'UN GROUPE DE LIAISON MILITAIRE ET DE CONSEILLERS POUR LES QUESTIONS DE SECURITE
19980417 Réuni sous la Présidence de M. Hisashi Owada (Japon), le Conseil de sécurité a adopté cet après-midi, à l'unanimité, la résolution 1162 (1998) par laquelle il autorise le déploiement en Sierra Leone, pour une période maximum de 90 jours, avec effet immédiat, d'un groupe de liaison militaire des Nations Unies et de conseillers pour les questions de sécurité, comprenant dix membres au maximum qui seront chargés, sous l'autorité de l'Envoyé spécial du Secrétaire général d'assurer une coordination étroite avec le Gouvernement sierra-léonais et l'ECOMOG, de rendre compte de la situation militaire dans le pays, de déterminer l'état d'avancement des plans établis par l'ECOMOG.Le Conseil demande instamment à tous les Etats et organisations internationales d'offrir à la Sierra Leone une aide humanitaire d'urgence. Il demande également instamment à tous les Etats de verser des contributions au fonds d'affectation spéciale qui a été créé pour aider à financer les activités de maintien de la paix et activités connexes en Sierra Leone, et de fournir un soutien technique et logistique à l'ECOMOG.
Pour l'examen de cette question, le Conseil était saisi du quatrième rapport du Secrétaire général sur la situation en Sierra Leone.
Texte du projet de résolution S/1998/324
Le Conseil de sécurité,
Rappelant ses résolutions 1132 (1997) du 8 octobre 1997 et 1156 (1998) du 16 mars 1998, ainsi que la déclaration de son Président, en date du 26 février 1998,
Prenant note du rapport du Secrétaire général, en date du 18 mars 1998 (S/1998/249),
1. Note avec satisfaction les efforts déployés par le Président démocratiquement élu de la Sierra Leone depuis son retour, le 10 mars 1998, et par le Gouvernement sierra-léonais, en vue de restaurer la paix et la sécurité dans le pays, de rétablir une administration efficace et un processus démocratique, et d'amorcer la tâche de reconstruction et de relèvement;
2. Salue le rôle important joué par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et les forces de son Groupe de contrôle (ECOMOG) déployées en Sierra Leone à l'appui du rétablissement de la paix et de la sécurité, objectifs énoncés au paragraphe 1 ci-dessus;
3. Souligne qu'il est nécessaire de promouvoir la réconciliation nationale en Sierra Leone et encourage toutes les parties dans le pays à conjuguer leurs efforts à cette fin;
4. Note avec satisfaction les mesures prises par le Secrétaire général afin de renforcer le bureau de son Envoyé spécial à Freetown en y adjoignant les personnels civil et militaire nécessaires, conformément aux objectifs proposés dans son rapport du 18 mars 1998;
5. Autorise le déploiement en Sierra Leone, pour une période maximum de 90 jours, avec effet immédiat, d'un groupe de liaison militaire des Nations Unies et de conseillers pour les questions de sécurité, conformément au paragraphe 44 du rapport du Secrétaire général, en date du 18 mars 1998, comprenant 10 membres au maximum qui seront chargés, sous l'autorité de l'Envoyé spécial du Secrétaire général d'assurer une coordination étroite avec le Gouvernement sierra-léonais et l'ECOMOG, de rendre compte de la situation militaire dans le pays, de déterminer l'état d'avancement des plans établis par l'ECOMOG en vue des tâches à accomplir par la suite, telles que l'identification des ex-combattants à désarmer et la mise au point d'un plan de désarmement, et de l'aider dans la mise au point définitive de ces plans, ainsi que de remplir les autres tâches connexes en matière de sécurité identifiées aux paragraphes 42, 45 et 46 du rapport du Secrétaire général, en date du 18 mars 1998;
- 3- CS/916 17 avril 1998
6. Prend note avec satisfaction des pourparlers en cours entre l'Envoyé spécial du Secrétaire général, le Gouvernement sierra-léonais et l'ECOMOG concernant l'élaboration et la mise en oeuvre du concept d'opérations de l'ECOMOG, ainsi que de l'intention du Secrétaire général de soumettre au Conseil de sécurité de nouvelles recommandations concernant le déploiement éventuel de personnel militaire des Nations Unies, et déclare qu'il examinera ces recommandations et prendra une décision à leur sujet dans les délais les plus brefs;
7. Demande instamment à tous les Etats et organisations internationales d'offrir à la Sierra Leone une aide humanitaire d'urgence, comme suite à l'appel global interorganisations lancé le 3 mars 1998;
8. Encourage tous les Etats et organisations internationales à contribuer et à participer aux tâches à moyen terme liées à la reconstruction et à la reprise du développement économique et social en Sierra Leone;
9. Demande instamment à tous les Etats de verser des contributions au fonds d'affectation spéciale qui a été créé pour aider à financer les activités de maintien de la paix et activités connexes en Sierra Leone, et de fournir un soutien technique et logistique à l'ECOMOG pour l'aider à continuer de s'acquitter de son rôle dans le domaine du maintien de la paix;
10. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport périodiquement, selon le calendrier prévu au paragraphe 16 de sa résolution 1132 (1997), notamment sur les activités du personnel de liaison militaire et des conseillers pour les questions de sécurité mentionnés au paragraphe 5 ci-dessus et sur les travaux du bureau de son Envoyé spécial en Sierra Leone;
11. Décide de demeurer saisi de la question.
Rapport du Secrétaire géneral sur la Sierra Leone (S/1998/249)
Le Conseil de sécurité est saisi d'un rapport du Secrétaire général concernant le rôle de l'ONU et sa future présence en Sierra Leone. Ce rapport rend compte des faits intervenus dans ce pays depuis la publication, le 5 février 1998 du troisième rapport du Secrétaire général (S/1998/103). Le rapport indique que des mesures ont été prises par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et le Groupe de contrôle (ECOMOG). Dans ce cadre, le 5 février 1998 le Ministre nigérian des affaires étrangères, M. Tom Ikimi, Président du Comité des cinq ministres des affaires étrangères de la CEDEAO, après avoir déclaré que l'application de l'Accord de Conakry était dans l'impasse, a indiqué que la junte avait soulevé trois problèmes qui, selon elle, faisaient obstacle à l'application de l'Accord de Conakry : la libération du caporal Foday Sankoh, la dérogation en faveur des forces armées de la République de Sierra Leone, et enfin la composition de l'ECOMOG,
- 4- CS/916 17 avril 1998
principalement constituée de militaires nigérians. Le Ministre a demandé au Secrétaire général de soutenir une initiative de haut niveau en vue de soutenir la CEDEAO en créant un groupe d'Amis de la Sierra Leone.
Le Secrétaire général a réaffirmé au Comité des Cinq le souhait de l'ONU de coopérer étroitement avec la CEDEAO, et il a indiqué que la CEDEAO devait élaborer un plan d'opérations sur la base duquel l'ONU pourrait arrêter définitivement son propre plan de déploiement. L'ECOMOG devrait également établir un état récapitulatif de ses propres besoins logistiques afin de demander aux donateurs potentiels l'aide nécessaire.
Le 13 février 1998, à Conakry, le Président Kabbah a convoqué à Conakry, une réunion de donateurs potentiels, notamment l'Union européenne, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'ONU, afin d'examiner les priorité gouvernementales, la nature de l'assistance que la communauté internationale peut apporter et les moyens de fournir rapidement des secours humanitaires. Le Président a annoncé les priorités de son gouvernement : la fourniture de secours humanitaires et de produits pétroliers, la relance des programmes d'aide internationale et le désarmement et la démobilisation des ex- combattants. Trois autres domaines appellent une attention immédiate : la formation et la restructuration de la police, la création d'emplois pour les jeunes et la construction de logements peu coûteux. Il a souligné, lors de sa rencontre avec l'Envoyé spécial du Secrétaire général, qu'il fallait déployer rapidement du personnel militaire des Nations Unies, assurer une livraison rapide de l'assistance humanitaire et ouvrir rapidement le Fonds d'affectation spéciale pour la Sierra Leone.
L'ECOMOG, qui a défini un concept opérationnel pour son contrôle de l'ensemble du territoire, envisage de déployer des troupes dans toute la Sierra Leone; de garantir certains points d'entrée par terre, mer ou air, de façon à prévenir l'introduction d'armes, de munitions ou de matériel militaire dans le pays; de désarmer les anciens combattants; d'installer des barrages routiers pour contrôler la circulation d'armes et de munitions; d'effectuer des patrouilles pour créer un climat propice à la liberté de circulation et au rétablissement de l'autorité et, d'assurer la sécurité des personnes clefs, du personnel de l'ONU, y compris le personnel militaire, et des ONG. L'Envoyé spécial du Secrétaire général et ses collaborateurs négocient activement avec le Gouvernement sierra-léonais et avec l'ECOMOG pour mettre au point et appliquer ce concept opérationnel, qui pourrait servir de base au déploiement ultérieur éventuel de personnel militaire des Nations Unies, sous réserve de l'autorisation du Conseil de sécurité.
Concernant la situation sur le plan humanitaire, le Secrétaire général demande aux Etats Membres de verser des contributions à hauteur de 11,2 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires prioritaires
- 5- CS/916 17 avril 1998
en Sierra Leone au cours des trois mois à venir. Il remercie tout particulièrement le Gouvernement du Royaume-Uni, qui s'est déjà déclaré prêt à verser une contribution de 2 millions de livres sterling au Fonds d'affection spéciale pour la Sierra Leone. L'appel interinstitutions "éclair" lancé le 3 mars 1998, met l'accent sur une aide à l'agriculture, au rétablissement des services de santé et d'enseignement de base et à la reprise des distributions d'aide alimentaire et de la fourniture d'assistance et de protection aux groupes les plus vulnérables touchés par le conflit. Le Secrétaire général prend note avec satisfaction des efforts de diplomatie que la CEDEAO et, en particulier, son Comité des Cinq sur la Sierra Leone, ont déployés sans relâche, et de la contribution de l'ECOMOG au retrait de la junte militaire. Il engage la CEDEAO et l'ECOMOG à poursuivre leurs efforts visant à rétablir la paix en Sierra Leone, conformément aux dispositions pertinentes de la résolution 1132 (1997) et de la Charte des Nations Unies.
Le Secrétaire général félicite le Président Ahmad Tejan Kabbah, qui vient de reprendre ses fonctions de chef d'Etat, et annonce que l'ONU devrait lui offrir toute l'assistance possible pour soutenir ses efforts visant à promouvoir la réconciliation nationale et à renforcer l'autorité et la capacité du gouvernement. Il se propose de renforcer le bureau de son Envoyé spécial à Freetown, et il a engagé, avec le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, des consultations concernant le déploiement éventuel d'observateurs des droits de l'homme.
Il recommande le déploiement en Sierra Leone d'un groupe de liaison militaire de l'ONU, d'une dizaine de membres au maximum. Ce groupe serait chargé d'assurer une liaison étroite avec l'ECOMOG et de rendre compte de la situation militaire dans le pays, et il déterminerait l'état d'avancement et participerait à la mise au point définitive des plans de l'ECOMOG concernant l'identification des anciens combattants à désarmer et l'établissement d'un plan de désarmement. Le Secrétaire général, estimant que les événements de Sierra Leone constituent un signal d'alarme, car des crises analogues peuvent se produire ailleurs, appelle la communauté internationale à réfléchir aux moyens d'y faire face. Il lui demande de ne pas relâcher sa vigilance et d'apporter un appui à la Sierra Leone, notamment en lui fournissant sans délai une aide multilatérale et bilatérale d'urgence.
* *** *