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CD/159

LA CREATION DE ZONES EXEMPTES D'ARMES NUCLEAIRES DOIT S'ACCOMPAGNER DE GARANTIES DE LA PART DES PUISSANCES NUCLEAIRES, ESTIMENT LES DELEGATIONS

8 avril 1998


Communiqué de Presse
CD/159


LA CREATION DE ZONES EXEMPTES D'ARMES NUCLEAIRES DOIT S'ACCOMPAGNER DE GARANTIES DE LA PART DES PUISSANCES NUCLEAIRES, ESTIMENT LES DELEGATIONS

19980408 La Commission du désarmement complète son Bureau et élit les Présidents de deux de ses Groupes de travail

La Commission du désarmement a poursuivi, ce matin, son débat général et a entendu les représentants des pays suivants: République de Corée, Mexique, Chine, Algérie, Brésil, Argentine, République populaire démocratique de Corée, Fédération de Russie, Equateur, Afrique du Sud, République arabe syrienne et République-Unie de Tanzanie.

La plupart de ces délégations ont souligné la contribution essentielle que peuvent apporter les zones exemptes d'armes nucléaires au désarmement nucléaire et général. Elles ont estimé que la création de telles zones doit s'accompagner de garanties de la part des puissances nucléaires. Elles ont également insisté pour que des mécanismes efficaces de vérification soient mis en place. La diffusion et la multiplication des armes conventionnelles ont été identifiées comme des facteurs menaçant la paix et la sécurité internationales, et les délégations ont demandé à ce que leur transfert et leur trafic illicite soient fermement combattus partout , y compris au sein des zones exemptes d'armes nucléaires. Elles ont plaidé en faveur de l'adoption de mesures concrètes dans ce domaine. Plusieurs intervenants ont indiqué que le désarmement et le développement sont indissociables et ils ont proposé que la Commission se penche sur les moyens de consacrer les ressources dégagées par la réduction des armements à la promotion économique et sociale des pays en développement.

La Commission a complété son Bureau en élisant 5 Vice-Présidents. MM. Abdelkader Mesdoua (Algérie) et M. Gumbi (Afrique du Sud) ont été désignés au titre des sièges revenant aux Etats du Groupe africain. Pour le Groupe des pays asiatiques, MM. Mehdi Danesh-Yazdi (République islamique d'Iran) et Khalil Abou-Hadid (République arabe syrienne) ont été désignés. Le représentant du Luxembourg, M. Arsène Millim, a été élu au titre du Groupe des Etats d'Europe occidentale. La Commission a également élu M. Sudjadnan Parnohadiningrat (Indonésie) à la présidence du Groupe de travail II chargé de la Quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement, et M. Matia Mulumba Semakula Kiwanuka (Ouganda) à la présidence du Groupe de travail III sur le contrôle et la limitation des armes conventionnelles.

La Commission du désarmement poursuivra son débat général cet après- midi, à 15 heures.

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Débat général

M. MYUNG CHUL HAHM (République de Corée) a déclaré que sa délégation pense que des zones exemptes d'armes nucléaires internationalement reconnues sont un instrument indispensable et efficace pour la promotion de la non- prolifération nucléaire, du désarmement et de l'établissement de la confiance au niveau régional. De ce fait, elles méritent d'être considérées en ce qui concerne la promotion non seulement de la sécurité régionale, mais aussi au niveau de la paix et de la sécurité internationales. Concernant la présente session de la Commission du désarmement, la République de Corée espère voir se dégager une formulation des concepts de création de zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) basée sur un réexamen pratique des ZEAN existantes et sur des délibérations rigoureuses sur tous les concepts y afférents.

Quant au thème de la Quatrième session spéciale de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, elle devrait traiter de tous les aspects du désarmement de manière équilibrée, avec une attention spéciale donnée aux armes de destruction massive et aux armes conventionnelles, et la Commission devrait chercher à travailler de façon flexible, de manière à atteindre un consensus sur les thèmes traités. Pour une plus grande efficacité des discussions à mener, le délégué a proposé que la Session spéciale sur le désarmement classe les thèmes de son programme en tenant compte du modèle adopté par le rapport du groupe de travail chargé de discuter de son organisation. Une attention spéciale devrait être portée à de nouvelles menaces, telles que celles posées par les nouveaux systèmes d'armement nés de récents développements scientifiques, particulièrement le développement des technologies de l'information, et les transferts de technologies sensibles.

Sur le dernier point de l'ordre du jour des débats de la Commission, relatif aux directives sur le contrôle et la limitation des armes conventionnelles, la République de Corée pense qu'il serait pertinent de limiter les débats de la Commission à des mesures pratiques de désarmement comme le contrôle des petites armes et des armes légères, et celui du trafic illégal des armements.

M. GUSTAVO ALBIN (Mexique) a estimé que la Commission devrait accorder une attention particulière à la question des zones exemptes d'armes nucléaires, et notamment à l'identification des facteurs communs aux accords établis pour ces zones afin qu'ils puissent servir de référence à la création de futurs instruments juridiques similaires. A cet égard, l'accent devrait être placé sur les objectifs, les moyens d'application, les droits et les obligations des parties prenantes, les mécanismes de vérification ainsi que l'entrée en vigueur de ces accords. Le représentant a ajouté que les discussions devraient également considérer les mécanismes de coopération entre les organes exécutifs des Traités de Tlatelolco, de Rarotonga, de Pelindaba et de Bangkok, ainsi que l'harmonisation des dispositions relatives aux garanties de sécurité apportées aux Etats Membres de ces zones par les puissances nucléaires.

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En ce qui concerne le contrôle et la limitation des armes conventionnelles, M. Albin s'est réjoui de l'adoption par les Etats américains de la Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illégal des armes à feu, des minutions, des explosifs et autres matériaux connexes. Cet instrument peut constituer un modèle utile pour l'élaboration de directives sur les moyens de contrôle régionaux des armes conventionnelles, a- t-il estimé. La délégation mexicaine se félicite du soutien apporté par les puissances nucléaires à la convocation de la Quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement, car elle est très préoccupée par la prévalence qui continue d'être accordée, à l'aube d'un nouveau siècle, à la dissuasion nucléaire et à la possibilité d'une réponse nucléaire à des attaques d'autre nature, sans respect des principes de nécessité et de proportionnalité.

M. LI CHANGHE (Chine) a observé que les faits ont prouvé que les concepts et les régimes de sécurité de la période de la guerre froide, qui étaient basés sur des alliances militaires et une escalade continuelle des niveaux d'armements, ne peuvent aujourd'hui servir de base à l'établissement d'une paix internationale durable. Dans le cadre de la nouvelle situation internationale, l'expansion des blocs militaires, le renforcement des alliances, la possession et le renforcement des capacités de dissuasion nucléaire et le développement de nouveaux systèmes d'armes, affaiblissent l'équilibre de la balance mondiale sur le plan stratégique. La Chine maintient que tous les pays devraient se conformer aux principes de la charte des Nations Unies et aux principes du respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, de la non-agression et de la non-interférence dans les affaires des autres Etats pour arriver à une coexistence pacifique et à des bénéfices mutuels résultant de la paix.

Les zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) jouent un rôle positif dans le désarmement et la non-prolifération nucléaire conduit le monde vers l'objectif recherché d'une paix globale. Les espaces couverts par ces ZEAN ont notablement augmenté au cours des années écoulées. La Commission du désarmement doit tirer les leçons de la création des zones existantes pour faciliter l'établissement de celles dont on débat actuellement, et elle doit faire des propositions visant à consolider le fonctionnement de celles déjà créées. La Chine s'est engagée sans condition à ne pas faire usage d'armes nucléaires contre les Etats non nucléaires et les Etats parties d'une ZEAN. C'est à partir de ce principe qu'elle a signé les traités de Tlatelolco, de Rarotonga, et de Pelindaba, et qu'elle soutient la création d'une ZEAN en Asie du Sud-Est.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré qu'une doctrine de la sécurité collective, qui trouve ses origines et sa source d'inspiration dans la Charte des Nations Unies, ne peut tout naturellement qu'appeler au dépassement des causes de compétition entre puissances nucléaires, et à la reconnaissance dans les actes et non dans les professions de foi, de la caducité des politiques fondées sur l'équilibre de la terreur. Cette doctrine favoriserait

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l'avènement et la généralisation d'une culture de la sécurité des gens et des peuples, qui mobiliserait les énergies et les ressources longtemps accaparées par la course aux armements, au bénéfice de la protection et de la promotion des droits de tous les êtres humains, y compris le droit fondamental à la vie et à l'existence dans des conditions compatibles avec la valeur et la dignité de la personne humaine. Une telle doctrine se fixerait comme objectif d'asseoir la paix et la sécurité internationales, partout dans le monde et non pas seulement dans quelques zones géographiques que l'on jugerait plus dignes d'intérêt que d'autres. C'est cette doctrine que l'Algérie a constamment défendue, consciente que le désarmement, la sécurité internationale et le développement économique social constituent un ensemble indissociable en même temps que le seul socle véritable pour les relations pacifiques et harmonieuses entre les nations. C'est par attachement et par fidélité à cette doctrine que l'Algérie a déposé les instruments de ratification du Traité de création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Afrique - le Traité de Pelindaba -, devenant ainsi le troisième pays africain à ratifier ce Traité.

Tout en notant les progrès enregistrés à Genève, lors de la première partie de la session de fond de 1998, relatifs à la création d'un comité spécial sur les Garanties négatives de sécurité, l'Algérie rappelle que les Garanties accordées sous forme unilatérale et par plusieurs Etats, aux Etats Parties au TNP non dotés d'armes nucléaires, sont loin de répondre à ses exigences de sécurité car elles sont conditionnelles, partielles et juridiquement non contraignantes. De même, a estimé M. Baali, la dynamique du désarmement doit pouvoir englober la question des transferts illicites d'armes conventionnelles qui alimentent et exacerbent des phénomènes nouveaux, violents, de surcroît transfrontaliers tels que le terrorisme et le trafic des stupéfiants.

S'agissant des questions de fond qui seront examinées à la présente session de fond, la délégation algérienne réitère que les progrès accomplis dans un domaine peuvent renforcer les possibilités d'atteindre les objectifs visés dans d'autres domaines. C'est le cas des points concernant la création de zones exemptes d'armes nucléaires, sur la base des arrangements librement conclus entre les Etats de la région; la convocation d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale; et des Directives sur la maîtrise et la limitation des armes classiques et le désarmement.

M. CELSO AMORIM (Brésil) a noté que la situation internationale actuelle fournit d'importantes raisons de réaliser des progrès concrets dans l'élimination totale des armes de destruction massive. Dans ce contexte, l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur l'illégalité de l'utilisation ou de la menace d'utilisation des armes nucléaires illustre la prise de conscience de la communauté internationale de l'illégitimité de ces procédés. Selon M. Amorim, les armes nucléaires ne sont aujourd'hui plus qu'une nuisance chère et dangereuse et l'opinion publique mondiale est en faveur de leur élimination totale. Il a noté que plusieurs propositions

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réalistes avaient été faites en vue de l'élimination totale des armes nucléaires, notamment celles de la Convention de Canberra et du G-21, et qu'il semble y avoir un soutien quasi-unanime à la Convention sur les armes chimiques, la Convention sur les armes biologiques et au Traité de non prolifération nucléaire.

Le Brésil considère que le mécanisme du désarmement multilatéral est en crise, compte tenu de la lenteur de l'avancement des travaux dans ce domaine, et qu'elle souhaiterait que ce mécanisme tienne compte de valeurs universellement partagées en matière d'armement. Concernant la Conférence du désarmement, le Brésil considère que l'accord récent sur son programme de travail représente le plus petit commun dénominateur, ce qui est bien en-deça des attentes de la communauté internationale. Néanmoins, si le démarrage des travaux concrets de la Conférence persiste à être retardé, rien n'empêche les cinq puissances nucléaires à passer un accord entre elles en vue de l'arrêt de la production de matières fissiles et de soumettre leurs centrales au contrôle de l'AIEA. M. Amorim a souligné l'importance des zones dénucléarisées à l'échelle régionale et internationale. Dans le cadre de la Session spéciale de l'Assemblée générale sur le désarmement, M. Amorim considère que certains points de l'ordre du jour, comme par exemple, le contrôle des petites armes ou la construction de la paix après un conflit, ne relèvent pas spécifiquement du désarmement, dans le sens où la notion de désarmement implique, selon lui, l'accord d'Etats sur des mesures de réduction des armes de destruction massive et de systèmes conventionnels importants et que ce sont là les aspects qui devraient être prioritaires.

Mme ANA MARIA RAMIREZ (Argentine) s'est félicitée de la nomination de M. Dhanapala à la tête du Département du désarmement et a estimé que la ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires par le Royaume-Uni et la France est le signe avant-coureur des progrès réels que la Commission peut réaliser lors de la présente session. Il faut développer une approche globale de la sécurité collective, comprenant notamment la poursuite des progrès en matière de désarmement, l'adoption croissante de comportements transparents en la matière et renforçant la confiance ainsi que la mise en oeuvre d'un processus multilatéral visant à redynamiser la coopération internationale sur la voie du développement. La prochaine réunion préparatoire de la Conférence de réexamen du Traité de non-prolifération devrait être l'occasion de rappeler, une fois de plus, l'importance des zones exemptes d'armes nucléaires pour la consolidation de la paix et de la sécurité internationales, a estimé la représentante. A cet égard, elle a formulé l'espoir que lors de la prochaine session de la Première Commission, les délégations concrétiseront la valeur qu'elles accordent aux zones exemptes d'armes nucléaires en soutenant la résolution visant à libérer l'hémisphère Sud des armes nucléaires, ce qui n'entrave, en aucune manière, la Convention sur le droit de la mer. De l'avis de l'Argentine, la création de nouvelles

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zones de ce type doit s'accompagner de garanties complètes de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), doit promouvoir la transparence dans le contrôle des exportations liées à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et doit permettre d'adopter des moyens propres à chaque pays pour prévenir le trafic illégal des matériaux nucléaires.

Mme Ramirez a estimé qu'il faut établir un nouvel ordre du jour en matière de désarmement. Elle a ajouté que pour qu'elle soit un succès la convocation de la Quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement doit résultée d'un consensus. C'est pourquoi, il faut qu'elle soit préparée avec le plus grand soin, ses objectifs doivent faire l'objet d'un accord et son ordre du jour doit être équilibrée entre les questions liées au désarmement nucléaire et celles du désarmement conventionnel. De l'avis de l'Argentine, il est particulièrement propice d'inclure la question du contrôle et de la limitation des armes conventionnelles aux travaux de la Commission et il faut continuer à réaliser des progrès tangibles dans ce domaine, à partir des acquis.

M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) a déclaré qu'en matière de désarmement international, un accent particulier devrait être placé sur le désarmement nucléaire, qui devrait être universel et complet. A cet égard, l'établissement de zones exemptes d'armes nucléaires représente l'un des moyens fondamentaux de parvenir à la dénucléarisation dans le monde. C'est pourquoi, la Commission devrait intensifier ses discussions sur la rédaction de directives universelles pour l'établissement de ces zones. Ces directives devraient, d'une part, définir clairement les obligations des parties de la ou des régions concernées et, d'autre part, devraient obliger les puissances nucléaires à y apporter leur soutien ainsi que des garanties juridiques, a ajouté le représentant. La dénucléarisation de la péninsule coréenne est plus urgente que jamais, compte tenu des tensions qui y régnent, malheureusement la question des garanties juridiques données par des Etats détenant la puissance nucléaire a été complètement omise. Si l'on veut dénucléariser la péninsule coréenne, il faut que les Etats-Unis, partie directement responsable de la paix et de la sécurité de la région, donnent toutes les assurances qu'aucune attaque ni menace à l'arme nucléaire ne sera menée contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a souligné M. Guk, ajoutant que les Etats-Unis devront également renoncer à fournir un "parapluie nucléaire" à la République de Corée, ainsi qu'ils en étaient convenus dans la déclaration conjointe de New York en 1993 et le cadre concerté de Genève en 1994. Or, pour l'heure et contrairement aux engagements pris, les Etats-Unis ne sont pas prêts à prendre les mesures juridiques nécessaires à la dénucléarisation de la péninsule.

La péninsule de Corée demeure la seule région du monde où des hostilités héritées de la guerre froide persistent. C'est pourquoi la RPDC s'est vue obligée de reprendre, contre sa volonté, le lourd fardeau de la course aux armements, a indiqué le représentant. En réalité la menace militaire est

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incompatible avec le désarmement, et c'est pourquoi la RPDC estime que le moment est venu pour les Nations Unies de prendre des mesures opportunes pour mettre fin à la confrontation héritée de la guerre froide qui a lieu actuellement dans la péninsule coréenne.

M. ANREI GRANOVSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que la vie internationale devient de plus en plus multipolaire, et il en est de même des questions d'armements. La Russie est fortement en faveur de la création de zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN). Environ une centaine d'Etats à travers le monde sont aujourd'hui parties à des ZEAN. La création de ces zones doit cependant répondre impérativement aux critères définis par la communauté internationale et elle doit notamment faire respecter les clauses relatives à l'interdiction de la circulation de toute arme à l'intérieur des ZEAN. La Russie pense qu'il faudra continuer à débattre de ces problèmes dans le cadre de la future Session spéciale de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, et qu'il faudrait que soient prises en compte les différentes négociations bilatérales sur les armes stratégiques.

Il n'est pas possible, aujourd'hui, de parler d'élimination totale des armes nucléaires, a poursuivi le délégué, car ce serait totalement irréaliste, lorsqu'on sait que pendant un quart de siècle il était quasiment impossible d'envisager même leur simple réduction. Un calendrier d'action sur leur élimination est donc inconcevable à l'heure actuelle, contrairement à ce que pensent certaines délégations. Il faudrait plutôt penser a créer des mécanismes efficaces de surveillance de la non prolifération et de contrôle de la circulation des matières fissiles.

M. LUIS VALENCIA-RODRIGUEZ (Equateur) a déclaré que la Commission se réunit actuellement dans une atmosphère internationale propice, comme en témoigne, notamment, les mesures de réduction des armes nucléaires même si ces mesures demeurent insuffisantes. Le travail de la Commission doit avoir pour aspect essentiel la promotion de moyens appropriés de vérification du désarmement qui puissent satisfaire les Etats concernés. De l'avis de l'Equateur, la paix et le développement sont indissociables, et c'est pourquoi il faudrait que la Commission prenne en considération la nécessité de redéployer les sommes dégagées par le désarmement vers des activités de développement économique et social dans les pays en développement. Le représentant a réitéré le soutien inaltérable que sa délégation accorde aux zones exemptes d'armes nucléaires et il a évoqué le Traité de Tlatelolco qui représente non seulement un mécanisme efficace de consolidation de la paix et de la sécurité entre les Etats qui en sont parties, mais participe également à l'objectif de désarmement général et complet. Il est indispensable que les puissances nucléaires respectent pleinement ces zones, a-t-il ajouté. Ces zones doivent, notamment, tenir compte des caractéristiques propres à chaque région et instaurer des mesures de contrôles nécessaires, afin que les accords ne restent pas lettres mortes.

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La délégation de l'Equateur soutient fermement la convocation de la Quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement, dont l'objectif fondamental devrait être de déterminer les mesures futures à prendre en matière de désarmement et des questions de sécurité connexes. Le représentant s'est inquiété du développement et de la diffusion croissante des armes conventionnelles et armes légères, et il a estimé qu'il faut examiner des mesures pour réprimer le transfert et le trafic illicite de ces armes. Il a rappelé que l'Equateur appuie sans restriction la Convention sur les mines terrestres antipersonnel. Le désarmement régional doit forcément être complété par des initiatives de désarmement classique au niveau mondial, a affirmé M. Valencia-Rodriguez. La Commission devrait étudier des mesures concrètes et pertinentes de désarmement pour les conflits qui viennent de s'achever ou sont en passe de l'être. Le représentant a déclaré que la Commission du désarmement a pour objectif de faciliter l'organisation de délibérations de fond permettant de présenter des recommandations concrètes en faveur du désarmement. C'est pourquoi, il faudrait améliorer la coopération entre la Commission du désarmement, la Première Commission de l'Assemblée générale, la Conférence du désarmement et tous les organes traitant de ces questions. Des mesures d'établissement de confiance doivent également être encouragées pour parvenir à la prévention des conflits de tous types. Le représentant a appelé tous les Etats et notamment les puissance nucléaires à soutenir politiquement les questions abordées par la Commission.

M. KHIPHUSIZI JELE (Afrique du Sud) a dit que l'Afrique dans son ensemble est fière de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN) sur le continent africain. L'Afrique du Sud a déposé les instruments de ratification de ce traité auprès du Secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) le 27 mars 1998. Le traité de Pelindaba a été, à ce jour, signé par 49 Etats africains, et ses protocoles pertinents ont été ratifiés par tous les Etats dotés de l'arme nucléaire. L'Afrique du Sud tire parti de la tenue de la présente session de la Commission pour appeler le seul pays africain, qui n'a pas encore signé le traité, à le faire sans plus tarder.

Concernant l'organisation de la Quatrième session de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement, l'Afrique du Sud rappelle que les Non-Alignés ont fourni des éléments pertinents relatifs à la tenue de ce sommet. L'Afrique du Sud s'aligne sur ces directives et sur la résolution 52/38F de l'Assemblée générale, et elle continuera de jouer un rôle constructif dans la recherche de consensus sur les objectifs de la Session spéciale.

Les progrès faits dans l'élaboration de directives sur la limitation et le contrôle des armes conventionnelles vont de pair avec l'attention croissante portée à la dissémination des petites armes et des armes légères par la communauté internationale et les organisations régionales. Les armes conventionnelles sont aujourd'hui responsables de la plupart des conflits, des souffrances et des morts qui surviennent dans le monde. La reconstruction et la prospérité de sociétés humaines, qui devraient venir

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de la mise en place de processus démocratiques, sont remises en cause par la présence et l'usage des petites armes, dont les utilisations sont fortement liées à des activités sociopolitiques criminelles. Une approche générale devrait être adoptée pour la résolution des problèmes que fait naître leur prolifération.

M. KHALIL ABOU-HADID (République arabe syrienne) a rappelé que la Commission du désarmement est l'instance de l'Assemblée générale chargée de débattre des questions de désarmement. Dans le cadre de cette Commission, la Syrie pense que les pays, en faisant preuve de bonne volonté, peuvent aboutir à des consensus lors des débats. La Syrie pense que dans la planifacation du programme de travail, il faudrait discuter de trois questions tous les trois ans de manière vraiment approfondie.

Concernant le désarmement nucléaire, la Syrie souhaite rappeler l'avis consultatif rendu par la Cour internationale de justice sur l'usage des armes nucléaires, notamment en ce qui concerne leurs capacités destructives. L'avis de la Cour demande a tous les pays de chercher à mener de bonne foi, des négociations qui aboutiraient à l'élimination totale de ces armes. La Syrie, en respect des principes des Nations Unies, est partie au traité de non- prolifération (TNP), et a appuyé le principe de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient. Elle a aussi soutenu la proposition faite en 1989, de débarrasser le Moyen-Orient de toutes les armes de destruction massive sous l'égide de l'ONU.

La Syrie, qui a toujours milité pour la création d'une ZEAN au Moyen- Orient, tient à faire part de sa préoccupation face à l'attitude d'Israël, qui refuse d'adhérer au TNP malgré les appels et les condamnations de la communauté internationale. Comment la course aux armements peut-elle être interrompue dans la région, alors qu'Israël reste le seul état de la zone à refuser tout contrôle sur ses installations nucléaires? Renoncer aux armes nucléaires est un signe réel de la volonté de promouvoir la paix, et la Syrie appelle la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu'elle soumette ses installations au contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Conformément aux principes des Nations Unies, la Syrie demande que soient réduites et mieux contrôlées la production, la vente et la circulation des armes classiques. Les pays producteurs doivent s'engager à réduire les quantités vendues à des pays tiers tout en respectant les impératifs de sécurité et de défense nationale de ces derniers, et la Syrie appelle aussi à plus de transparence dans la production, la vente et la possession de ces armements aux niveaux régional et international.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a déclaré que la Tanzanie attache la plus grande priorité au problème du désarmement nucléaire et demande aux Etats dotés d'armes nucléaires d'oeuvrer dans le sens de leur élimination totale. Il a souligné l'importance croissante des zones dénucléarisées et des zones de paix dans le contexte du désarmement régional. La Tanzanie a, pour sa part, signé le Traité de Pelindaba, ce qui traduit sa conviction qu'un tel acte positif contribue de manière significative à la paix et à la sécurité

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régionale. De plus, la délégation tanzanienne apporte tout son soutien aux mesures légales visant à limiter le transfert des petites armes et armes légères, et par conséquent à toute initiative tendant à mettre un terme au commerce illicite d'armes. Ces mesures ne doivent cependant pas porter préjudice au transfert d'armes légères nécessaires pour des raisons de sécurité dans certains petits états qui, pour la plupart, ont des niveaux d'armement relativement faibles pour leurs besoins de légitime défense. La Tanzanie est en faveur de la convocation de la quatrième Session spéciale de l'Assemblée générale sur le désarmement pour le prochain millénaire.

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