FEM/998

LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME EXAMINE LE BILAN DE L'INTEGRATION D'UNE PERSPECTIVE SEXOSPECIFIQUE DANS LES ORGANISMES DE L'ONU

5 mars 1998


Communiqué de Presse
FEM/998


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME EXAMINE LE BILAN DE L'INTEGRATION D'UNE PERSPECTIVE SEXOSPECIFIQUE DANS LES ORGANISMES DE L'ONU

19980305 Dans le cadre du suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, la Commission de la condition de la femme a ce matin examiné le bilan de l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans les organismes des Nations Unies, et les questions et tendances nouvelles et examiné les approches novatrices des problèmes qui ont des répercussions négatives sur la condition de la femme ou sur l'égalité entre les sexes. Les délégations ont commenté les rapports du Secrétaire général relatifs à ces questions.

La Commission a d'autre part été informée que Mmes Diénébou Kaba Camara (Côte d'Ivoire), Sissel Salomon (Norvège) et Krystyna Zurek (Pologne) ont été désignées comme membres du Groupe de travail des communications. Les Etats d'Asie et les Etats d'Amérique latine et des Caraïbes doivent encore désigner leurs représentants respectifs à ce Groupe de travail.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures. Elle tiendra une table ronde sur la réalisation des objectifs stratégiques et des mesures à prendre dans le domaine critique relatif à la violence contre les femmes.

SUIVI DE LA QUATRIEME CONFERENCE DES NATIONS UNIES SUR LES FEMMES

Intégration dans les organismes du système des Nations Unies

Questions et tendances nouvelles et approches novatrices des problèmes qui ont des répercussions négatives sur la condition de la femme ou sur l'égalité entre les sexes

Documentation

Rapport du Secrétaire général sur l'Amélioration de la situation des femmes au Secrétariat (E/CN.6/1998/8)

Dans sa résolution 52/96 du 12 décembre 1997 l'Assemblée générale a réaffirmé l'objectif contenu dans le Programme d'action adopté par la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, à savoir atteindre la parité entre les sexes d'ici l'an 2000, en particulier à la classe D-1 et aux classes supérieures, en respectant pleinement le principe de la répartition géographique équitable. Cette initiative va dans le sens de l'Article 101 de la Charte des Nations Unies et tient également compte du fait que certains pays, en particulier des pays en développement et des pays en transition, ne sont pas représentés ou sont insuffisamment représentés par des femmes. Le présent rapport met à jour les renseignements figurant dans les rapports du Secrétaire général présentés à la dernière Assemblée générale sur l'amélioration de la situation des femmes au Secrétariat (A/52/408) et la composition du Secrétariat (A/52/580); il contient aussi des statistiques et des informations sur les mesures prises pour parvenir à la parité des sexes, et présente des prévisions et des options.

Les statistiques sur la situation des femmes au Secrétariat indiquent une amélioration lente mais régulière. Sur l'ensemble des effectifs de l'année passée, le taux de femmes occupant des postes d'administrateur soumis à la répartition géographique est passée de 35,5% à 36,8% au 1er janvier 1998. Les progrès accomplis en vue d'atteindre l'objectif de 50% sont modestes, mais ils ont été réalisés au moment où l'Organisation subit une restructuration et une réduction d'effectifs importante. Pendant la même période, le taux de femmes qui occupent des postes de classe élevée (D/1 et au-dessus), est passé de 18,5% en décembre 1996 à 22,6% au 1er janvier 1998. Le Secrétaire général, qui vient de choisir une femme pour occuper le nouveau poste de Vice-Secrétaire général de l'ONU, a incontestablement démontré sa volonté de parvenir à la parité de sexes à l'Organisation. Il n'en ressort pas moins des projections statistiques concernant les postes d'administrateurs que les femmes se heurtent à un "plafond de verre", en particulier aux classes les plus élevées. Le Secrétaire général a toutefois indiqué qu'il entendait supprimer ces obstacles dans un avenir proche.

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Le rapport fait état des dernières mesures prises pour assurer l'égalité des sexes et pour permettre aux fonctionnaires de concilier les obligations professionnelles et les responsabilités familiales.

Le Secrétaire général reconnaît qu'il sera très difficile à l'Organisation et aux Etats membres d'atteindre d'ici l'an 2000 l'objectif de la parité complète, à tous les niveaux, y compris aux classes supérieures et pour les postes soumis a répartition géographique. Les projections qui ont été faites récemment en ce qui concerne les départs à la retraite montrent que cet élément influera de manière déterminante sur le rythme auquel les changements pourront se produire dans l'Organisation car, au cours des 10 prochaines années, les hommes seront plus nombreux que les femmes à partir à la retraite. Le rapport sur la composition du Secrétariat prévoit que durant la période 1997-2001, 13,8% du personnel, soit 312 personnes, prendront leur retraite chaque année et que de 2002 à 2010, l'on atteindra environ 600 départs à la retraite par an. Les 10 années à venir offriront donc de nouvelles possibilités pour améliorer la situation des femmes, notamment celles qui sont originaires de pays en développement en particulier aux postes de direction. Les initiatives évoquées associées à d'autres mesures telles que les mesures spéciales, la formation axée sur l'intégration de la dimension "femme" et une meilleure prise en compte de obligations familiales, permettront d'améliorer plus rapidement la situation des femmes au Secrétariat.

Plusieurs rapports dont la Commission est saisie au titre des questions examinées ce matin ont été présentés dans notre communiqué de presse FEM/990 en date du 2 mars 1998.

Commentaires des délégations

Mme JILL M. BARRETT (Royaume-Uni), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a estimé que pour intégrer efficacement la perspective sexospécifique dans les organismes des Nations Unies, il convient d'adopter une approche systématique et stratégique et de la fonder sur le fait que la prise en compte des besoins et des rôles des femmes et des hommes conduira à une plus grande efficacité dans la promotion de la démocratie, des droits de l'homme, de la croissance économique et du développement durable. Partant, l'Union européenne appuie fermement l'idée selon laquelle la sensibilisation à la nécessité d'intégrer la perspective sexospécifique doit être menée plus activement. Il faut souligner que l'intégration de cette perspective exige le plein engagement des hauts fonctionnaires. L'Union européenne appuie la recommandation de collecter des données, de manière plus coordonnée et d'effectuer des recherches sur les indicateurs. Par ailleurs, l'Union européenne demeure préoccupée du fait que la création de points focaux sur

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l'équité entre les sexes ait été entravée par les contraintes financières de l'ONU et que leur rôle et responsabilité ne soient pas toujours pleinement compris et appuyés. Il est particulièrement préoccupant de constater que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés n'ait toujours pas intégré les questions d'équité entre les sexes dans ses opérations sur le terrain.

Venant aux obstacles politiques et culturels à l'intégration de la perspective sexospécifique, la représentante a déploré le premier obstacle reconnu, à savoir le manque de volonté politique, et ce en dépit des engagements pris à Beijing. L'Union européenne, a-t-elle affirmé, souhaiterait une analyse plus avant de cette question. La représentante a enfin plaidé pour une amélioration de la coordination interinstitutions et pour que les comités exécutifs intègrent les objectifs de l'équité entre les sexes et de la promotion de la femme dans leurs activités.

Mme ZIVIA COHEN (Israël) a demandé la mise en oeuvre d'urgence d'un plan d'action stratégique en vue d'améliorer la condition des femmes au Secrétariat, de recruter davantage de femmes à des postes de haut niveau au Siège et dans les autres organismes du système. A cet égard, elle a estimé qu'il faut veiller à engager également des femmes de pays peu représentés. La représentante a indiqué qu'en Israël, une loi a été adoptée en 1993 qui prévoit la parité entre les sexes dans les organes exécutifs de tous les secteurs gouvernementaux. Les ministres doivent nommer les directeurs en choisissant le sexe le moins représenté. C'est un processus graduel. Mais, on arrive peu à peu à l'égalité par une action systématique en faveur de la parité entre les sexes.

La représentante a plaidé en faveur d'une action similaire au sein du système des Nations Unies. Dans ce cadre, elle a préconisé l'intégration des organisations non gouvernementales, car elles peuvent fournir des informations dont les gouvernements ne disposent pas toujours, donner des conseils, guider et travailler sur des projets nationaux de manière moins formelle que les gouvernements. Les gouvernements et l'ONU devraient intensifier leur coopération avec les ONG et à travers elles avec la base, afin de parvenir à de meilleurs résultats, a-t-elle conclu.

M. YUH (République de Corée) a fait des observations sur le rapport du Secrétaire général relatif à la condition de la femme au Secrétariat. Il a invité le Secrétaire général à examiner les candidates des pays qui ne sont pas représentés de façon appropriée. Il s'est félicité de la nomination de Mme Mary Robinson et de Mme Gro Brundtland aux postes de Haut Commissaire aux droits de l'homme et de Directeur de l'Organisation mondiale de la santé.

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Mme SOLEDAD BLANCO, Communauté européenne, a souligné l'engagement ferme de la Communauté européenne envers l'objectif de la parité entre les sexes. Depuis Beijing, des progrès significatifs ont été réalisés et les lacunes ont été identifiées. La représentante a ensuite fait part à la Commission du premier rapport de la Commission européenne sur la mise en oeuvre d'une stratégie d'intégration au niveau de la Communauté européenne qui a été adoptée ce mercredi. Les efforts systématiques visant à introduire une démarche soucieuse d'équité entre les sexes ont été concrétisés dans une stratégie interne, avec la nomination pour chaque domaine d'un haut responsable. Le Groupe des Commissaires pour l'égalité qui est présidé par le Président de la Commission européenne appuie et encourage le travail de ces hauts responsables. Un groupe de travail sert, par ailleurs, de structure d'appui dans ce processus. Parmi les premières tâches réalisées par ce groupe, elle a cité l'élaboration d'un guide d'évaluation de l'impact sur la parité entre les sexes des politiques et mesures de la Communauté européenne.

La représentante a indiqué que des progrès avaient été accomplis dans le domaine de l'emploi, la politique de cohésion interne, les relations extérieures, y compris la coopération au développement et les droits de la femme, l'éducation, la formation et les politiques en faveur des jeunes. Des efforts sont toutefois encore nécessaires dans certains domaines, comme le processus d'élargissement et les nouvelles technologies, y compris la société de l'information. L'intégration nécessite une démarche encore plus globale. Selon le rapport, parmi les obstacles aux progrès dans ce domaine, figurent le manque de prise de conscience des questions sexospécifiques, la nécessité de redistribuer les ressources budgétaires et le manque d'expertise dans ce domaine. En conclusion, la représentante a annoncé la publication, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, d'un glossaire des termes relatifs à l'égalité entre les femmes et les hommes dans les 11 langues de la Communauté européenne.

Mme REGEHR (Canada) s'est félicité du rapport du Secrétaire général sur le vieillissement qui, selon elle, comporte une analyse pertinente. Le Canada a pris des mesures pour assurer une assistance aux femmes divorcées ou séparées de leur conjoint. Des mesures ont également été prises pour permettre aux femmes de prendre elles-mêmes les décisions économiques et financières les concernant. Le Canada appuie l'analyse du Secrétaire général sur les systèmes de pension et de retraite et sur le travail rémunéré et non rémunéré.

Mme JULIA ALVAREZ (République dominicaine) a souligné que dans le contexte du vieillissement de la population mondiale, l'impact social, économique et psychologique de la prise en charge des personnes âgées sera considérable, en particulier dans les pays en développement. Depuis 1982, les Nations Unies appellent à un partage des tâches au sein de la famille.

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Il faut donc adapter le principe de la prise en charge partagée des personnes âgées aux conditions sociales, économiques et politiques de chaque pays, sans cela la prise en charge des personnes âgées par la famille demeurera un euphémisme pour la prise en charge des personnes âgées par les femmes.

Mme SOTIRIADOU (Grèce) a souligné l'importance de la collecte de données et du travail de recherche pour mesurer l'intégration de la perspective sexospécifique dans les politiques et programmes. A cet égard, une Conférence européenne s'est tenue en Grèce pour traiter des questions d'intégration. Le Gouvernement est en train d'installer une infrastructure et réalise, dans ce contexte, le caractère indispensable de la décentralisation qui seule permet de toucher les zones les plus éloignées.

Mme SONG WENYAN (Chine) a souligné que dans les pays en développement, des efforts doivent être menés plus avant pour assurer l'intégration de la perspective sexospécifique dans les politiques.

Mme JILL M. BARRETT (Royaume-Uni), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a repris la parole pour évoquer la situation des femmes âgées. Elle regretté que le rapport du Secrétaire général ne comporte pas de partie générale et qu'il ne place pas les recommandations dans le contexte de l'Année internationale des personnes âgées. Le rapport s'inspire en outre de la réunion d'un Groupe d'experts à Malte qui s'est limitée à la question des femmes en tant que personnes prodiguant des soins qui n'est qu'une partie de la question plus générale de la condition des femmes âgées. Les femmes âgées doivent être vues comme des personnes actives et compétentes. L'Union européenne aurait souhaité une analyse plus détaillée. Le rapport se fonde aussi sur l'hypothèse que les systèmes d'appui traditionnels s'effritent sans pourtant mener une analyse approfondie de la question. Une analyse plus détaillée est indispensable pour que la Commission puisse donner son accord aux recommandations. Par ailleurs, l'Union européenne tient à une analyse des pensions de retraite qui ne devrait pas seulement se limiter à la privatisation mais aux questions plus larges des possibilités et de la durabilité des systèmes de retraite.

Mme MICHAL CAFREY-YARDENI (Israël) a estimé que la révolution féministe constituait une grande réalisation du 20ème siècle. Nous, les femmes, avons réussi à modifier le paysage politique, économique et social de nos sociétés, dont nous sommes aujourd'hui une part significative. La première étape, celle de la reconnaissance de nos droits fondamentaux, est derrière nous. Maintenant, les femmes doivent parvenir à l'égalité de facto, politique, économique et sociale. En Israël, les questions relatives à la condition de la femme sont traitées par les membres féminins de la Knesset, ce qui pourrait constituer un modèle pour les activités politiques en faveur des femmes dans le monde entier. A l'occasion de la Journée internationale des femmes,

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plusieurs lois seront adoptées en Israël, dont l'une sur la création d'une autorité pour l'égalité et la promotion des droits des femmes, et une autre relative au harcèlement sexuel dans le milieu du travail. Malgré les mesures positives prises au cours des dernières années en faveur des femmes, les progrès n'ont pas été faciles et il a fallu aller en appel devant la Cour suprême de Justice. Pour la représentante, les femmes ne doivent pas hésiter à utiliser l'arme juridique pour parvenir à l'égalité entre les sexes.

Elle a expliqué que le Gouvernement israélien avait commencé à promouvoir la parité entre les sexes au sein de la fonction publique. On ne perçoit pas encore les résultats de cette politique et on devra, sans doute, recourir à nouveau à la justice, a-t-elle dit. L'objectif du Gouvernement est de formuler des plans et politiques en vue de l'application de la législation relative à la discrimination positive dans la fonction publique et de mettre au point des programmes visant à sensibiliser les employés à leurs droits.

Mme HOSKINS , représentante de l'organisation non gouvernementale Help Aid International, a déploré le fait que les soins aux personnes soient souvent considérés avec inquiétude en raison de leur coût. Elle a préconisé l'adoption d'une nouvelle démarche et une meilleure intégration des personnes âgées. Il faut trouver un cadre nouveau de politique pour mieux cibler la femme dans toutes les périodes de sa vie et ainsi assurer une meilleure intégration des femmes âgées, a-t-elle dit. Les Nations Unies, les gouvernements et la société civile doivent s'assurer que les résultats dans ce domaine sont solides et durables. Nous devons tous pouvoir rester, en vieillissant, des membres actifs de la société. Il faut recenser les meilleures pratiques et les mettre en oeuvre, oeuvrer à l'élimination de la pauvreté, en particulier en ce qui concerne les femmes âgées. La représentante a plaidé en faveur de l'intégration des questions féminines dans toutes les actions et programmes prévus pour l'Année internationale des personnes âgées.

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