AG/747

LES MINES ANTIPERSONNEL TERRESTRES DENONCEES PAR L'ASSEMBLEE GENERALE COMME DE GRAVE ENTRAVES AU DEVELOPPEMENT ET AU RELEVEMENT POST-CONFLIT

17 décembre 1997


Communiqué de Presse
AG/747


LES MINES ANTIPERSONNEL TERRESTRES DENONCEES PAR L'ASSEMBLEE GENERALE COMME DE GRAVE ENTRAVES AU DEVELOPPEMENT ET AU RELEVEMENT POST-CONFLIT

19971217 L'Assemblée générale a entamé, ce matin, l'examen de la question de l'assistance au déminage. Elle était saisie pour ce faire d'un rapport du Secrétaire général sur la question, et d'un projet de résolution qui lui a été présenté par le Luxembourg au nom des pays membres de l'Union européenne. Par ce texte, l'Assemblée générale inviterait les États Membres à mettre au point, en coopération avec les organismes compétents des Nations Unies, des programmes nationaux de sensibilisation au danger des mines, destinés en particulier aux enfants et soulignerait l'importance d'une assistance internationale en vue des soins aux victimes des mines terrestres, de leur rééducation et de leur réinsertion socioéconomique. De plus, elle encouragerait le Secrétaire général à continuer d'élaborer une stratégie globale de déminage, en prenant en considération les répercussions que le problème des mines terrestres a sur le processus de relèvement, de reconstruction et de développement. Elle demanderait aux États Membres, surtout à ceux qui sont le mieux en mesure de le faire, de fournir les informations et l'assistance technique et matérielle nécessaires, et de s'employer dès que possible à localiser, éliminer, détruire ou neutraliser les champs de mines, mines, pièges et autres engins, conformément au droit international.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat sur l'assistance au déminage : Luxembourg (au nom de l'Union européenne), Canada, Japon, Norvège, Etats-Unis, Egypte, République populaire Lao, Nicaragua, Bolivie, Mozambique, Argentine, Afghanistan, Jamahiriya arabe libyenne, Nouvelle-Zélande, Thaïlande, Iran, Colombie, Fédération de Russie et Pakistan.

L'Assemblée poursuivra son débat sur cette question demain matin, à partir de 10 heures et se prononcera à cette occasion sur le projet de résolution présenté ce matin.

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Assistance au déminage

L'Assemblée générale était saisie d'un rapport du Secrétaire général (A/52/679) établi en application de sa résolution 51/149 du 13 décembre 1996 et relatif à l'assistance au déminage depuis 1993. Il contient des informations sur les activités de déminage entreprises par les organismes des Nations Unies, ainsi que sur celles d'autres organismes et organisations non gouvernementales intéressés. Il porte plus particulièrement sur les programmes de déminage en cours en Afghanistan, en Angola, au Cambodge, dans l'ex-Yougoslavie (en particulier en Bosnie-Herzégovine et en Croatie, y compris en Slavonie orientale), au Mozambique et en République démocratique populaire lao. Il traite également du fonctionnement du Fonds d'affectation spéciale.

Selon le rapport, les entités compétentes des Nations Unies ont poursuivi et intensifié leurs activités humanitaires dans le domaine de l'assistance au déminage. Après avoir tenu des consultations approfondies avec les responsables des programmes de sensibilisation au danger des mines, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a élaboré un ensemble de directives pour ce type de programmes. Ces directives ont été distribuées à tous ceux qui travaillent dans le domaine de l'action antimines, afin qu'il soit tenu compte, dans tous les programmes de sensibilisation au danger des mines, des normes de sécurité minimales, des susceptibilités culturelles et des leçons tirées de l'expérience. Le rapport remarque qu'en 1996 et 1997, le nombre des programmes antimines a augmenté de même que leur ampleur. Parallèlement, la conception de l'action antimines s'est élargie : elle englobe maintenant non seulement le déminage proprement dit, mais aussi la sensibilisation aux dangers des mines, l'aide aux victimes et des actions de promotion à l'échelle mondiale. La coordination dans le cadre du système des Nations Unies s'est améliorée et la coopération avec les partenaires extérieurs au système a été renforcée, grâce à une stratégie qui prévoit un rôle pour chacun, celui-ci devant être exécuté de façon coordonnée.

En ce qui concerne les activités de promotion, elles ont permis de progresser au point qu'une interdiction des mines antipersonnel dans le monde entier semble maintenant réalisable. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. Tout d'abord, c'est désormais le Département des opérations de maintien de la paix qui centralise l'action antimines. En s'acquittant de sa mission, le Département veillera à fusionner les activités de déminage humanitaire avec le déminage lié au maintien de la paix, de façon à dynamiser et renforcer l'action antimines menée par le système des Nations Unies. En deuxième lieu, les progrès technologiques qui ont été réalisés n'ont pas encore permis de renforcer suffisamment la capacité de mener une action antimines. L'ONU servira de centre d'échange d'informations sur les techniques disponibles et sur les découvertes réalisées, mais les États Membres qui effectuent des activités de recherche-développement doivent redoubler d'efforts, menant de préférence ces activités de façon coordonnée et transparente. En troisième lieu, l'ONU ne dispose pas encore d'une capacité opérationnelle pour l'assistance aux victimes des mines, bien qu'elle ait

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collaboré étroitement avec un certain nombre d'organismes actifs dans ce domaine. Elle continue de concevoir son rôle à cet égard comme étant avant tout un rôle de coordination et de soutien. Qui plus est, si certains programmes ont bien progressé, d'autres se sont ralentis en raison de facteurs qui, dans certains pays, font obstacle à la fourniture d'une assistance. Le plus évident de ces obstacles est la recrudescence des combats, mais d'autres — tels que l'imposition de taxes exorbitantes ou l'existence de pratiques commerciales douteuses — font que plusieurs donateurs sont devenus très circonspects voire refusent de s'engager. Il importe par conséquent que ces obstacles soient levés de façon que les pays victimes des mines soient davantage réceptifs et que les donateurs reviennent sur leurs hésitations. En outre, il est temps de définir une fois pour toutes l'ampleur et la gravité du problème des mines. Une évaluation plus précise sur le plan mondial s'impose, fondée sur la gamme de facteurs la plus large possible, y compris les facteurs d'ordre politique, humanitaire et économique et ceux qui ont trait au développement et à la sécurité. Il serait ainsi possible en effet de dresser une liste d'activités à entreprendre dans tous les domaines de l'action antimines : réduction des risques, déminage et assistance aux victimes. Les programmes antimines concernent les individus et leur existence dans un environnement infesté de mines. L'objectif de ces programmes n'est donc pas seulement d'ordre technique — repérer les mines et les enlever — c'est aussi un objectif d'aide humanitaire et de développement — créer un environnement dans lequel les individus puissent vivre dans de meilleures conditions de sécurité et dans lequel le développement économique et social puisse s'épanouir à l'abri des contraintes qu'impose l'existence de mines.

L'Assemblée générale était également saisie d'un projet de résolution présenté par le Luxembourg au nom de la communauté européenne et relatif à l'assistance au déminage (A/52/L.69). Aux termes de ce projet, elle inviterait les États Membres à mettre au point, en coopération, le cas échéant, avec les organismes compétents des Nations Unies, des programmes nationaux de sensibilisation au danger des mines, destinés en particulier aux enfants. Elle soulignerait l'importance d'une assistance internationale en vue des soins aux victimes des mines terrestres, de leur rééducation et de leur réinsertion socio-économique. De plus, elle soulignerait de nouveau, à cet égard, l'importance d'une coordination efficace par l'ONU des activités liées au déminage, à la sensibilisation aux mines et à l'aide aux victimes, y compris celles des organisations régionales, en particulier des activités relatives à l'élaboration de normes, à la mise au point de techniques, à l'information et à la formation, et, à cet égard, encouragerait le Secrétaire général à continuer d'élaborer une stratégie globale de déminage, en prenant en considération les répercussions que le problème des mines terrestres a sur le processus de relèvement, de reconstruction et de développement, afin de garantir l'efficacité de l'aide que l'Organisation des Nations Unies apporte dans le domaine du déminage. L'Assemblée générale engagerait instamment les États Membres, les organisations régionales, les organisations gouvernementales et non gouvernementales et les fondations à continuer d'apporter leur concours et leur coopération sans réserve au Secrétaire général et, en particulier, de lui fournir toutes les informations, données et

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autres ressources qui pourraient être utiles au renforcement du rôle de coordination de l'Organisation dans les domaines de la sensibilisation au danger des mines, de la formation, de la réalisation de levés de champs de mines, de la détection des mines et du déminage, de la recherche scientifique sur les techniques de détection des mines et de déminage ainsi que de la distribution de matériel et fournitures médicaux et de la diffusion d'informations à leur sujet. Elle demanderait aux États Membres, surtout à ceux qui sont le mieux en mesure de le faire, de fournir, selon les circonstances, les informations et l'assistance technique et matérielle nécessaires, et de s'employer dès que possible à localiser, éliminer, détruire ou neutraliser les champs de mines, mines, pièges et autres engins, conformément au droit international.

Débat

Le Président de l'Assemblée, M. GUENADY OUDOVENKO, a ouvert le débat sur la question de l'assistance au déminage en déclarant qu'il existe à l'heure actuelle dans le monde 10 millions de mines non explosées qui attendent d'être détruites. Pour chaque mine que l'on parvient à détruire, vingt nouvelles sont posées dans le monde. M. Oudovenko a rappelé que les mines terrestres constituent un obstacle sérieux au relèvement des sociétés en empêchant, notamment, le retour des réfugiés. Plus de femmes et d'enfants sont tués et mutilés après la résolution des conflits que pendant ces conflits eux-mêmes. Le Président de l'Assemblée s'est associé pleinement au point de vue du Secrétaire général en estimant que seule une réponse logistique intégrée pourrait permettre de remédier aux conséquences socio-économiques dévastatrices qu'entraînent l'existence de mines. J'espère que le débat d'aujourd'hui permettra d'apporter une réponse réelle à ce problème, a déclaré M. Oudovenko.

M. JEAN LOUIS WOLZFELD (Luxembourg) a déclaré, au nom des pays membres de l'Union européenne et des pays associés, que la présence de mines dans certaines zones de conflits rendent extrêmement difficiles les opérations de maintien de la paix, de consolidation de la paix et de réinsertion et de reconstruction. Bien que les statistiques concernant le nombre de mines antipersonnel non explosées ne soient pas encore définitives, elles sont estimées à 110 millions dans plus de 70 pays. Alors que les mines peuvent être acquises pour la modique somme de deux dollars, il en coûte de 300 à 1000 dollars pour les désactiver, a dit le représentant. Pour l'Union européenne, la mesure dans laquelle l'ONU devrait être appelée à fournir son aide au déminage doit tenir compte de la capacité des parties impliquées à assumer elles-mêmes cette obligation. A cet égard, l'Union est d'avis que le succès de l'effort du système dans son ensemble dépend dans une large mesure d'une coordination suffisante afin d'assurer une démarche cohérente et intégrée des activités de déminage ainsi que d'une utilisation pleine et efficace des ressources et des capacités opérationnelles. L'Union, dans ce contexte, se félicite de la désignation du Département des opérations de maintien de la paix comme point focal des activités de déminage mais souhaite que l'on renforce l'aspect humanitaire des activités de déminage.

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M. Wolzfeld a rappelé que l'Union a adopté en novembre dernier une position commune sur les mines terrestres antipersonnel par laquelle elle s'engage à atteindre l'objectif consistant à éliminer totalement ces engins et à oeuvrer à la conclusion dans les meilleurs délais d'un accord international efficace visant à interdire ces armes dans le monde entier. L'Union, qui se félicite de la conclusion de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel, ouverte à la signature à Ottawa le 3 décembre dernier, s'emploie à promouvoir dans les enceintes internationales appropriées, et notamment dans le cadre de la Conférence du désarmement, tout effort susceptible de contribuer à cet objectif.

Pour sa part, l'Union européenne a consacré en 1997, plus de 40 millions d'ECUS aux activités de déminage, dont la moitié a été versée au Fonds d'affectation spéciale volontaire des Nations Unies. Les pays membres de l'Union assurent ainsi plus de 60% du financement du Fonds. En l'espèce, compte tenu du nombre élevé de mines antipersonnel, le problème ne saurait être résolu sans la mise au point et l'utilisation de nouveaux matériels spécialisés qui amélioreront considérablement les techniques de déminage. L'Union qui attache une importance particulière à l'utilisation de technologies appropriées en matière de détection de mines, reste par ailleurs attachée à réaliser l'élimination des mines au moyen de leur interdiction complète et à appuyer le plus possible les efforts visant à atténuer les effets de l'utilisation de ces engins, à sensibiliser les populations et à assurer la réinsertion des victimes.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a rappelé qu'au début de ce mois, la communauté internationale a décidé de mettre rapidement fin au carnage et aux souffrances causées par les mines antipersonnel, lorsque 123 pays ont signé à Ottawa un traité d'interdiction de la fabrication, du stockage, du transfert et de l'emploi d'un engin de guerre justement décrit comme "arme de destruction de masse à retardement". La crise humanitaire provoquée par les mines antipersonnel ne s'est pas terminée pour autant avec la réunion d'Ottawa. Le projet de résolution à l'étude est clair, les mines déjà posées ont un impact humanitaire dévastateur et un coût social et économique durable. Il faut absolument déminer et venir en aide aux victimes de mines terrestres. Le Canada a travaillé en étroite collaboration avec les Etats affectés par les mines, il a financé le déminage, l'aide aux victimes et la sensibilisation aux mines, il a fourni une formation avancée au déminage et à la gestion des opérations de déminage. Il s'est encore engagé à Ottawa à verser 100 millions de dollars afin de mettre en oeuvre l'interdiction mondiale des mines antipersonnel et d'aider les pays dépourvus de moyens à respecter leurs engagements en vertu de la Convention. Ces fonds contribueront à une aide humanitaire accrue aux victimes, au déminage et à l'élimination des stocks de mines. Conjointement avec la signature de la Convention d'interdiction des mines antipersonnel, le Canada a accueilli un forum d'action contre les mines. Cet effort de consultation global a engagé toutes les parties intéressées à une discussion sur une réponse renforcée et coordonnée de la part de la communauté internationale à ce problème. L'une des conclusions générales du

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Forum est que la communauté internationale peut faire d'avantage et fera d'avantage et que les Nations Unies ont un rôle central à jouer dans la coordination de l'ensemble du programme d'action contre les mines. Reprenant les autres conclusions du Forum, M. Fowler à souligné la nécessité d'appliquer les programmes de relevé, de déminage et d'aide aux victimes à des pays particuliers et en étroite collaboration avec les donateurs et les autorités sur le terrain; de les doter de ressources suffisantes pour permettre une planification et une mise en oeuvre à long terme; enfin, de ne pas se concentrer exclusivement sur les aspects techniques, mais prendre en compte le facteur humain, car les objectifs premiers doivent consister à protéger les personnes qui vivent en présence de ces mines et aider les survivants aux explosions et leurs familles.

M.HISASHI OWADA (Japon) a déclaré que les mines antipersonnel laissées après les conflits sont sans aucun doute le problème le plus grave auquel est confronté la communauté internationale. Non seulement les mines terrestres tuent des civils innocents, mais elles sont également un obstacle aux efforts de reconstruction et de développement des pays après un conflit. Aussi, le représentant s'est-il réjoui des différentes conférences qui se sont tenues récemment sur la question des mines terrestres antipersonnel ainsi que des mesures importantes prises par la communauté internationale pour éliminer les mines terrestres antipersonnel. A cet égard, le représentant a indiqué que la Conférence de Tokyo a permis d'identifier trois domaines importants dans lesquels les efforts internationaux doivent être renforcés, notamment en ce qui concerne le développement et les nouvelles technologies pour la détection des mines, l'assistance aux victimes des mines antipersonnel et le déminage par les Nations Unies et les autres organisations. A ce sujet, le représentant a plaidé pour une approche plus intégrée et une meilleure coordination entre les organismes des Nations Unies, les organisations internationales, les pays infestés de mines, les pays donateurs et les organisations non gouvernementales. De l'avis du représentant, trop d'argent et de temps sont consacrés à l'enlèvement des mines. C'est pourquoi, le Japon entend respecter le principe de non-exportation d'armes, notamment des mines terrestres.

Le représentant a indiqué que la mise au point de techniques efficaces de déminage est primordiale afin de prévenir et réduire la tragédie que crée les mines antipersonnel et de promouvoir la reconstruction et le développement des pays infestés de mines. Aussi, la délégation du Japon espère que le Département des opérations de maintien de la paix continuera à fournir tous les efforts pour développer des technologies nouvelles. Le représentant a également insisté sur l'importance d'aider les victimes des mines antipersonnel. A cet égard, la communauté internationale doit déployer tous les efforts pour aider les pays infestés de mines à développer les capacités nationales de déminage et exécuter les programmes globaux. Le Japon continuera à appuyer les efforts internationaux de déminage et d'aide aux victimes. A ce jour, le Japon a contribué à hauteur de 35 millions de dollars aux activités de déminage des Nations Unies et des autres organisations internationales, notamment au Fonds d'assistance au déminage. Par ailleurs, le représentant a estimé que la société civile a un grand rôle à jouer en ce

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qui concerne les activités de déminage, en particulier dans le domaine du développement de nouvelles technologies, l'assistance aux victimes et la sensibilisation de l'opinion publique. C'est la raison pour laquelle, le Japon appuie les activités menées par les ONG. Les efforts conjoints des Etats Membres, des Nations Unies et de ses organismes ainsi que de la société civile doivent être renforcés, a-t-il conclu.

M. JAKKEN BIORN LIAN (Norvège) a reconnu la nécessité d'accroître la capacité de déminage et d'en améliorer la technologie bien qu'il soit conscient des limites technologiques et financières. Cependant le moyen le plus efficace pour dépasser ces limites consiste à établir une interdiction mondiale. La Conférence diplomatique d'Oslo de septembre 1997 a clairement montré que le processus d'Ottawa est l'instrument le plus puissant pour arriver à une interdiction globale. La Convention négociée avec succès à Oslo, sera un excellent instrument pratique pour mettre fin aux souffrances causées par les mines antipersonnel. La Convention a aussi reconnu les énormes défis que doivent relever les pays affectés par les mines. La Norvège a fourni depuis des années une assistance humanitaire substantielle pour les activités liées au déminage. Depuis 1994, le montant de l'assistance a été de quelques 38 millions de dollars des Etats-Unis. En 1996, la Norvège a dépensé 14 millions de dollars des Etats-Unis pour appuyer les activités liées au déminage. L'assistance fournie par la Norvège a consisté dans la destruction des mines, la formation du personnel local et l'assistance aux victimes des mines antipersonnel - en Bosnie-Herzégovine, au Mozambique, en Angola, en Afghanistan, au Cambodge, au nord de l'Iraq et en Croatie. Cette assistance s'est effectuée principalement par l'intermédiaire de l'ONU et des organisations non gouvernementales. Pour sa part, le Gouvernement Norvégien est prêt à allouer de nouveau 100 millions de dollars des Etats-Unis dans les cinq prochaines années pour le déminage et l'assistance aux victimes. Qui plus est, la Norvège est prête à fournir du personnel expert aux programmes d'assistance au déminage des Nations Unies. Nous sommes aussi prêts à assister les missions et à fournir du personnel et des ressources aux programmes de destruction des mines des Nations Unies, a-t-il conclu.

M. BILL RICHARDSON (Etats-Unis) a indiqué que son Gouvernement accorde une importance capitale à la question des mines terrestres antipersonnel. Bien que les Etats-Unis n'aient pas été en mesure de signer le 3 décembre dernier la Convention d'Ottawa en raison d'engagements pris pour défendre la souveraineté d'autres nations, ils restent favorables à un nouvel engagement international en faveur de l'aide au déminage et à l'éradiction de ces armes. M. Richardson a rappelé que ce sont les Etats-Unis qui les premiers ont, ici même il y a trois ans, appelé tous les Etats à bannir les mines. Depuis cette date, le soutien international à la cause antimines a connu une croissance exponentielle et tous ensemble nous pouvons faire plus, a-t-il dit.

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Les Etats-Unis sont les "leaders" mondiaux dans le domaine du déminage humanitaire, a assuré le représentant. Depuis 1993, les Etats-Unis ont offert à cette fin, 153 millions de dollars, ainsi que la compétence de leurs experts à quatorze pays et forment ainsi un quart des équipes mondiales de déminage. Ces six derniers mois, les Etats-Unis ont, en particulier, aidé le Tchad, le Liban et le Yémen et s'apprêtent à en faire de même pour le Guatemala et le Zimbabwe.

M. Richardson a, par ailleurs, évoqué la nouvelle initiative prise par son pays, "Déminage 2010", qui vise à faire en sorte que le monde soit débarrassé des mines d'ici la fin de la décennie. Cette initiative vise également à mieux coordonner les efforts de déminage, à rassembler les compétences et à renforcer les technologies disponibles à cette fin, a dit M. Richardson. Les Etats-Unis, qui ont offert 16 millions de dollars supplémentaires aux efforts de déminage entrepris sous l'égide des Nations Unies en Afghanistan, qui ont également établi un centre de déminage à Sarajevo et ont entrepris en Bosnie un programme de sensibilisation à la question des mines estiment toutefois, que tous, organisations internationales, pays touchés et bailleurs de fonds, doivent s'engager à aller jusqu'au bout de la lutte afin que plus aucun enfant ne tombe victime en l'an 2000, du fléau des mines.

M. NABIL ELARABY (Egypte) s'est déclaré convaincu que le poids financier énorme du déminage et de l'assistance aux victimes ne devrait en aucun cas être assumé seul par les Etats affectés. Les Etats en développement, plus particulièrement, devraient bénéficier d'une attention spéciale de la part des Nations Unies et de ses institutions spécialisées. Le représentant s'est félicité des progrès qui ont été effectués grâce à la Convention d'Ottawa mais a toutefois estimé que cette Convention n'a pas défini les responsabilités légales des Etats qui ont posé des mines sur le territoire d'Etats tiers.

M. Elaraby a rappelé que plus de 22 millions de mines sont toujours enfouies sur le territoire égyptien, pour la plupart posées durant la seconde guerre mondiale. L'assistance que nous avons reçue jusqu'ici ne correspond pas à l'ampleur et à la complexité de la tâche, a dit M. Elaraby. Les autorités egyptiennes ont entamé un programme ambitieux de déminage qui a permis de débarrasser le pays, entre 1981 et 1991, de 11 millions de mines. Selon le nouveau programme lancé en juillet 1991, l'Egypte ambitionne de nettoyer son territoire d'ici l'an 2001 de 33 autres millions de mines antipersonnel. A cet égard, l'Egypte souhaite, entre autres, que les Etats qui ont posé des mines en Egypte soumettent des cartes exactes permettant de les localiser.

L'Egypte s'oppose fermement à l'idée du Secrétaire général selon laquelle la responsabilité du déminage incombe aux Etats touchés. Au contraire, l'Egypte est convaincue que la responsabilité des taches de déminage relèvent de la responsabilité de la communauté internationale et plus particulièrement des Etats qui ont pris la responsabilité de poser des mines. Les mines posent un problème humanitaire très grave qui doit être réglé de manière globale. Ce n'est qu'avec l'assistance financière et technique des Etats riches que l'humanité pourra être libérée de ces engins de mort.

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M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire Lao) a déclaré que tous les efforts doivent être déployés pour intensifier la coopération internationale dans le domaine du déminage. Le Laos, a-t-il déclaré, est convaincu que seul un effort concerté permettra de mettre fin à ce fléau. Le représentant a indiqué que de 1964 à 1973, la République démocratique populaire Lao a été victime de batailles terrestres ainsi que de bombardements intenses qui ont laissé sur son sol une multitude d'engins prêts à exploser. Le représentant a rappelé que depuis le 1 août 1995, son gouvernement, en coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement et l'UNICEF, a créé un Fonds d'affectation spécial pour le déminage, visant à développer des capacités nationales de déminage, de mettre en oeuvre une stratégie nationale de déminage et de coordonner les programmes de destruction de mines, de formation et de sensibilisation de l'opinion publique. Le représentant s'est félicité des progrès réalisés dans les activités de déminage mais a ajouté que beaucoup restait encore à faire dans les années à venir. A cet égard, le Gouvernement démocratique populaire Lao, le PNUD et l'UNICEF continueront de faire tous les efforts pour mobiliser les ressources nécessaires afin de mener à bien les activités prévues en 1998 et 1999. Le représentant a exprimé l'espoir que les pays voisins amis et les organisations internationales contribueront au Fonds et aideront le Laos à relever le défi du déminage.

M. ENRIQUE PAGUAGA FERNANDEZ (Nicaragua, au nom des pays de l'Amérique centrale, Guatemala, El Salvador, Honduras, Costa Rica et Panama) a estimé que les séquelles socio-économiques dans les pays infestés de mines, sont graves et affligeantes. La présence de mines empêche le retour des réfugiés et des personnes déplacées lors des conflits. De plus, de grandes parcelles de terres fertiles ne peuvent plus être cultivées à cause des mines, ce qui compromet le développement économique et aggrave l'instabilité sociale. Dans les pays affectés, notamment les pays d'Amérique centrale, la pose de ces mines s'est faite en quelques heures seulement. Pourtant, la destruction des mines dans les champs et les montagnes requiert plusieurs années de travail et a un coût financier élevé. Souvent le pays est pauvre et il doit aussi faire face à des problèmes de santé et de rééducation des victimes des mines. Une mine terrestre peut s'acheter pour moins de trois dollars américains, alors que leur destruction coûte mille dollars. Face à cette situation alarmante, la communauté internationale fait des efforts de coopération, au niveau mondial, régional et sous-régional pour la destruction des mines, car les pays affectés ne peuvent pas résoudre seuls ces problèmes.

Dans nos pays d'Amérique centrale, un proverbe dit : "mieux vaut prévenir que guérir" et il s'applique parfaitement à la situation, a-t-il estimé. Il s'est félicité de la signature par 121 Etats du traité d'Ottawa par lequel la communauté internationale a décidé de détruire entièrement ces armes traîtresses, qui sont désormais contraires au droit international et pour que les générations futures puissent être libres et sans souffrance, a-t- il déclaré.

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M. GUALBERTO RODRIGUEZ SAN MARTIN (Bolivie) a déclaré que la communauté internationale a démontré sa détermination à coordonner ses efforts et faire avancer le processus mondial en faveur du déminage lors de la signature du "Traité sur l'interdiction, la production et le transfert des mines antipersonnel" à Ottawa. Celle-ci contribue à un voeu commun de l'humanité: celui de voir disparaître de la face de la terre toutes les armes insidieuses. Le représentant a demandé que tous les Etats signataires accélèrent le processus de ratification afin que la Convention entre en vigueur le plus rapidement possible. Il a insisté, en outre, pour que les Etats qui n'ont pas encore signé la Convention le fassent dès que possible. De l'avis du représentant, le Traité représente un compromis international à caractère humanitaire en vue d'alléger les souffrances cruelles que continuent de causer les mines terrestres aux populations civiles innocentes du monde entier et de faciliter la réhabilitation et la réinsertion sociale. Selon le représentant, le Traité est également un instrument qui contribuera à consolider la paix et la confiance. Le représentant s'est réjoui du fait que les Etats renforcent les programmes de déminage des Nations Unies, grâce à l'apport de ressources financières, humaines et techniques. La Bolivie appuie le Fonds d'affectation spécial et la Banque de données. Par ailleurs, le représentant a indiqué que les contributions doivent provenir beaucoup plus des Etats qui ont posé, produit et exporté les mines antipersonnel.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a exprimé la fierté de son pays d'avoir été un des premiers à signer la Convention d'interdiction des mines terrestres antipersonnel. Déjà en février dernier, lors de la quatrième Conférence internationale des ONG sur les mines terrestres, le Mozambique avait approuvé une résolution interdisant la production, la commercialisation, l'utilisation et le transport non autorisé des mines terrestres antipersonnel sur son territoire. L'élimination des mines terrestres est véritablement devenue une cause mondiale, a estimé M. Dos Santos, qui a ajouté que la communauté internationale a l'obligation de faire en sorte que, dans un avenir proche, plus personne ne puisse être mutilé ou tué par ces mines. A cet égard, l'aide et la coopération internationales sont des éléments clés de la mise en oeuvre de ce processus, particulièrement en ce qui concerne l'assistance aux pays affectés, par le développement de programmes nationaux de sensibilisation aux mines et de réhabilitation des victimes. Avec la conclusion du processus d'Ottawa, M. Dos Santos a formulé l'espoir que des efforts internationaux concertés permettront de supprimer la menace que les 10 millions de mines produites chaque année et les millions d'autres encore sur le terrain, font peser sur les générations futures. Pour que ces efforts ne soient pas réduits à néant, il faut, ensemble, convaincre ceux qui ont encore des réticences, de signer la Convention et de mettre leur savoir-faire dans le domaine des mines au service de l'humanité, a-t-il ajouté. Car seule l'éradication de cette menace pourra permettre à des pays comme le Mozambique de s'attaquer aux problèmes vitaux du développement national, en particulier dans les zones rurales. C'est pourquoi, le Gouvernement du Mozambique attache une importance primordiale à la question du déminage et de l'aide aux victimes. A cet égard, le programme de déminage accéléré en cours au Mozambique avec l'aide de la communauté internationale, constitue une contribution majeure à cet effort, a rappelé M. Dos Santos.

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M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a déclaré que son pays, convaincu de l'importance des questions de déminage, contribue le plus possible à la recherche de solutions aux problèmes qu'elles causent. En ce sens, elle a déclaré un moratoire sur l'exportation, la vente ou le transfert des mines antipersonnel. Durant les négociations de la Conférence d'Oslo, une partie des efforts de l'Argentine a consisté à éviter la prolongation dans le temps des zones minées. En outre, le représentant a souligné que la proposition de prendre en charge le déminage des îles Malvinas doit être considérée comme une contribution "ex-gratia" au fonds d'affectation spéciale établi par la résolution 48/7 sur l'assistance au déminage. Par ailleurs, il a noté que l'Argentine a participé à des activités de déminage en Amérique latine. Il a souligné avec satisfaction la contribution des Casques blancs aux activités de déminage en Angola.

En Amérique latine et aux Caraïbes, la situation née de la présence de mines antipersonnel est complètement différente de celles qui prévalent sous d'autres latitudes. L'Argentine travaille pour faire du continent le premier continent de la planète libre de mines antipersonnel. L'élimination totale des mines antipersonnel sera possible, mais il reste beaucoup à faire et cela vaut la peine, le risque et l'effort, a-t-il estimé. L'Argentine continuera à oeuvrer dans cet objectif et continuera à offrir son aide aux peuples qui en ont besoin pour les libérer du problème de ces mines.

M. RAVAN FARHADI (Afghanistan) a déclaré que les mines antipersonnel restent un grand obstacle au retour des réfugiés et personnes déplacées en Afghanistan. Aussi, le Gouvernement afghan a-t-il décidé de mettre en oeuvre les principales dispositions de la Convention d'Oslo, même si les Taliban continuent à poser des mines, a-t-il indiqué. Le représentant s'est félicité de ce que 121 pays aient signé la Convention d'Ottawa et a rappelé qu'ils ont 4 ans pour détruire les stocks existants et 10 ans pour enlever les mines antipersonnel. L'Afghanistan signera la Convention dans un proche avenir et sans retard après avoir examiné les modalités de sa mise en oeuvre. Le représentant a remercié les pays tels que le Canada, l'Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni qui se sont à nouveau engagés à contribuer au Programme de déminage des Nations Unies en Afghanistan. Toutefois, le représentant a demandé que d'autres pays participent à ce Programme. De l'avis du représentant, les pays qui ont fabriqué les mines durant les dernières années et les ont utilisées dans les interventions armées d'autres pays ou qui les ont transférées ou vendues aux factions en guerre en Asie, en Afrique et en Amérique latine, ont une responsabilité historique d'apporter des compensations, de contribuer aux campagnes de déminage et de venir en aide aux enfants et aux victimes mutilés. Ce point doit être inclus dans tous les textes concernant le déminage et doit être mis sérieusement en pratique, a déclaré le représentant.

Par ailleurs, le représentant a déploré le manque de progrès dans le domaine des techniques de détection des mines antipersonnel. A cet égard, il a demandé de redoubler d'efforts dans ce domaine, notamment par la participation des centres de recherche du secteur privé. Ce problème doit

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être traité par le secteur public et les centres de recherche mobilisés par les gouvernements des pays les plus avancés et une coordination mondiale est nécessaire pour rendre plus efficaces les techniques et remédier à ce fléau que sont les mines non encore détectées.

M. MOHAMED E. MATRI (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que la question des mines est d'autant plus importante qu'elle constitue un test de la détermination des Etats à faire face à un problème humanitaire et socio-économique gigantesque. Le rapport du Secrétaire général, a dit le représentant, est décevant dans la mesure où il ne traite de la question des mines que de manière limitée et exclut d'emblée toute une catégorie de mines. Le rapport, et par voie de fait, l'ONU se concentrent trop sur celles posées dans des circonstances précises et à des dates récentes alors que, selon le représentant, toutes les mines, anciennes ou nouvelles, ont les mêmes conséquences effroyables. La Jamahiriya arabe libyenne qui a, maintes fois par le passé, attiré l'attention de la communauté internationale sur ce point, souffre de l'existence de quelque 5 à 19 millions de mines, ce qui représente 7% de son territoire. Ces engins, qui ont déjà causé la mort de 5 670 personnes, ralentissent l'activité économique du pays, les travaux d'infrastructures, l'exploitation des ressources naturelles, dont pétrolières, et la lutte contre la désertification.

M. Matri a indiqué qu'au cours des trois dernières décennies, plusieurs programmes ont été mis au point dans le pays comprenant notamment des campagnes de formation et de sensibilisation au danger de ces armes. Malheureusement, a-t-il ajouté, la Jamahiriya arabe libyenne n'a pas les moyens ni les compétences techniques requises pour mener à bien le combat contre les mines. M. Matri s'est déclaré convaincu que ce sont les pays qui ont posé des mines dans son pays, les forces dites alliées durant la seconde guerre mondiale, a-t-il précisé, qui devraient être tenues pour responsables des opérations de déminage et qui devraient dédommager les victimes. La Jamahiriya arabe libyenne ne nie pas que les Etats qui ont posé des mines en Jamahiriya arabe libyenne aient fourni des informations pour les localiser, mais elle tient à souligner que ces informations sont en l'espèce insuffisantes pour les localiser et les détruire.

M. PETER RIDER (Nouvelle-Zélande) a estimé qu'avec le Traité d'Ottawa, il est à présent clair qu'une nouvelle norme internationale a été établie, interdisant les mines terrestres antipersonnel. Si des mesures transitoires telles que l'arrêt ou l'interdiction des exportations peuvent être acceptées de la part de certains pays, M. Rider, il ne faut cependant pas oublier, a rappelé que le but ultime du processus d'Ottawa est l'interdiction totale de l'utilisation, du stockage, du transfert et de la production de ces armes et que la communauté internationale doit maintenir sa pression afin que ce but soit universellement atteint. La Conférence d'Ottawa a également fourni l'occasion de discuter des questions humanitaires et de formuler des propositions intéressantes. Pour sa part, la Nouvelle-Zélande a poursuivi sa contribution aux efforts de déminage en Angola, au Cambodge et au Mozambique ainsi qu'au Laos. La Nouvelle-Zélande a souligné l'importance de développer les capacités de déminage des pays affectés. C'est un élément vital des

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efforts de reconstruction post-conflit, a indiqué M. Rider, tout en soulignant le rôle essentiel que les Nations Unies ont à jouer dans la coordination des efforts de déminage à travers le monde. A cet égard, la Nouvelle-Zélande a réitéré son appel en faveur d'une meilleure rationalisation des travaux du Département des affaires humanitaires, du Département des opérations de maintien de la paix et des autres organismes des Nations Unies en charge du déminage. Elle s'est félicitée de la décision du Secrétaire général de confier au Département des opérations de maintien de la paix, la responsabilité générale des efforts des Nations Unies dans le domaine du déminage. La Nouvelle-Zélande estime, en outre, qu'il est à présent temps que le Service d'action des mines soit financé à partir du budget régulier et que les contributions au Fonds d'affectation spéciale soient utilisées pour des activités de terrain.

M. MANOP MEKPRAYOONTHONG (Thaïlande) a fait observer que la communauté internationale ne s'arrête pas seulement à l'interdiction des mines terrestres antipersonnel, mais qu'elle concentre également ses efforts sur le déminage et l'assistance humanitaire aux victimes des mines, notamment en apportant une assistance technique et financière aux pays affectés. En tant que l'un de ces pays, la Thaïlande est bien consciente des souffrances que les mines ont infligées à son peuple et à ceux des pays voisins et tente d'y remédier. Elle a été, notamment, particulièrement active dans les efforts de déminage au Cambodge et s'est engagée à déminer toute la zone frontalière avec ce pays dans les trois prochaines années. Mais pour atteindre ces objectifs, l'aide internationale est indispensable, sous forme d'assistance technique et financière. Le représentant a souhaité à cet égard, qu'un programme de formation sur les aspects technologiques du déminage soit fourni à tous les pays affectés sans discrimination. Il a souligné, en outre, l'importance de la coopération internationale dans ce combat dont le coût est élevé. La Thaïlande estime d'ailleurs qu'il serait juste que ceux qui fabriquent, exportent et tirent bénéfice des mines antipersonnel, assument une bonne partie des coûts de l'assistance financière et technique aux pays affectés, des programmes de reconstruction et d'assistance aux victimes des mines et à leurs familles. Pour conclure, la Thaïlande a considéré que les programmes des Nations Unies chargés du déminage, auxquels le représentant a rendu hommage, ne devraient pas être affectés par les propositions de réforme de l'Organisation.

M. MAJID TAKHT-RAVANCHI (République islamique d'Iran) a estimé que les mines antipersonnel posent un des défis les plus importants auquel le monde fait face aujourd'hui. Leur usage aveugle tue principalement d'innocents civils et dérange invariablement les programmes de développement d'après- conflit. La situation qui résulte de l'utilisation des mines est désastreuse. Le manque de matériel de détection des mines et de technologie de déminage, en même temps que l'augmentation du nombre de mines terrestres posées chaque année dans le monde entier sont révélateurs des efforts que la communauté internationale doit faire pour éliminer ce problème. L'Iran a fait une

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expérience amère dans ce domaine, a-t-il déclaré. Durant la guerre Iran-Iraq, environ 16 millions de mines terrestres et autres engins explosifs ont été posées en Iran sur plus de 4 millions d'hectares. Ces neuf dernières années, l'Iran a engagé de nombreuses opérations de déminage afin de permettre aux civils déplacés pendant la guerre de rentrer chez eux et de recommencer une vie normale.

Il a noté qu'il est encourageant que durant les deux dernières années, des efforts ont été faits dans le domaine des programmes d'actions par les Nations Unies, les pays, et les Organisations non gouvernementales. Les activités de déminages devraient être lancés en accord avec la Charte des Nations Unies, en particulier avec le plein respect de la souveraineté des Etats, de leur intégrité territoriale et de la non ingérence dans leurs affaires internes, ainsi que de l'égalité souveraine de tous les Etats. Le représentant a noté par ailleurs que les Nations Unies devraient centraliser et planifier internationalement la recherche et le transfert des technologies en matière de déminage.

M. NESTOR HERNANDO PARRA (Colombie) a estimé que le coût dérisoire de production des mines en facilite l'usage et explique pourquoi aujourd'hui, quelque 60 pays aient, un jour, à subir, les conséquences de 120 millions de mines qui y ont été posées. Les mines ne tuent pas seulement des populations civiles et innocentes mais imposent des souffrances indicibles à des millions de femmes et d'enfants qui doivent se battre pour réussir à survivre dans des territoires jonchés d'explosifs. La Colombie fait partie de ces pays, a dit M. Hernando Parra qui a expliqué que c'est la raison pour laquelle son pays espère être très prochainement en mesure de ratifier la Convention d'Ottawa sur les mines. Cependant, a-t-il ajouté, le plus gros effort à faire dans ce domaine incombe aux pays producteurs de ces armes inhumaines qui doivent être détruites car, non seulement elles sont dirigées de manière indiscriminée contre des cibles civiles, mais aussi parce qu'à force de destruction de biens, de personnes et de sociétés entières, leurs effets finissent par s'apparenter à ceux des armes nucléaires.

M. ALEXANDRE GORELIK (Fédération de Russie) a déclaré que son pays accorde une attention particulière à la mobilisation des efforts de la communauté internationale pour anéantir les effets néfastes causés par les mines antipersonnel qui sapent la reconstruction des pays après un conflit et engendrent des problèmes dans le domaine humanitaire. Plus de cent mille engins explosifs sont découverts et détruits annuellement sur le territoire de la Fédération russe ce qui coûte plus de 25 millions de dollars par an, a déploré le représentant. Pour la Fédération de russie, l'aspect le plus important auquel doit s'attacher la communauté internationale est la composante humanitaire, les mines continuant à menacer la vie de milliers de civils après le règlement des conflits. C'est la raison pour laquelle, le Président de la Fédération de russie a signé récemment un décret prorogeant de cinq ans le moratoire sur les exportations des mines antipersonnel. Par ailleurs, le représentant a plaidé pour une meilleure coordination des activités menées par les organismes des Nations Unies ainsi que de la pleine

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utilisation des ressources et des expériences en matière de déminage. Le représentant a exprimé l'espoir que le Fonds d'affectation spécial des Nations Unies disposera de ressources suffisantes pour s'acquitter de sa tâche. Le Fonds a un rôle essentiel à jouer dans le financement des programmes de recherche, de formation et de sensibilisation de la population civile. Par ailleurs, le représentant a estimé que le déminage devient une question de plus en plus importante dans les opérations de maintien de la paix et devrait être inclu, lorsque c'est nécessaire, dans les mandats des missions des Nations Unies. Il a rappelé que les forces des Nations Unies sont souvent déployées dans les régions à risque. A cet égard, la Russie s'engage à intensifier sa participation aux activités de déminage tant aux niveaux bilatéral que multilatéral.

M. ABDUL WAHAB (Paksitan) a déclaré que la communauté internationale devrait d'urgence, mettre en oeuvre des programmes d'élimination du million de mines antipersonnel qui ont été posées au hasard et qui sont responsables de 25 000 morts par an. Le déminage est, a-t-il déclaré, le préalable à tout relèvement et reconstruction d'un pays. C'est aussi un processus de restauration d'un environnement qui permet à une société de retrouver une vie normale. A cet égard, le Pakistan aimerait attirer l'attention de la communauté internationale sur les besoins du peuple afghan. Il espère qu'elle répondra généreusement à l'appel du Secrétaire général en vue de l'assistance à l'Afghanistan, a-t-il déclaré. De son côté, le Pakistan a fait tous les efforts possibles pour aider le peuple afghan. Des milliers de réfugiés afghans qui ont été bléssés par des mines ont été traités dans les centres médicaux pakistanais. Le Pakistan a également mis en oeuvre des programmes de traitement et de réhabilitation de ces victimes.

Le représentant a estimé que la question du déminage doit être différenciée de la question de l'interdiction de l'utilisation des mines. Cette question devrait être traitée par la Conférence sur le désarmement. Par ailleurs, des étapes importantes devront être franchies pour assurer la plus grande adhésion au Protocole II de la Convention sur certaines armes conventionnelles. Le Paksitan continuera à soutenir tous les efforts qui visant à promouvoir cet objectif.

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