En cours au Siège de l'ONU

AG/746

L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LA SITUATION EN AFGHANISTAN ET L'ASSISTANCE D'URGENCE A APPORTER A CE PAYS

16 décembre 1997


Communiqué de Presse
AG/746


L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LA SITUATION EN AFGHANISTAN ET L'ASSISTANCE D'URGENCE A APPORTER A CE PAYS

19971216 L'Afghanistan souligne le caractère mercenaire des Taliban alors que le Pakistan invite l'ONU à faire preuve de neutralité dans le conflit afghan

L'Assemblée générale a entamé cet après-midi l'examen conjoint des points 20c) et 43 de son ordre du jour qui sont respectivement relatifs, à l'assistance internationale d'urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan et pour la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre, et à la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales.

A ce titre, l'Assemblée générale a été saisie d'un projet de résolution qui a été présenté par l'Allemagne. Aux termes de la partie A de ce texte, qui a trait à l'assistance internationale d'urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan et pour la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre, l'Assemblée générale prierait le Secrétaire général de continuer à élaborer des plans de reconstruction et de relèvement du pays, en commençant par les zones de paix et de sécurité. Elle demanderait aux organismes compétents des Nations Unies de coordonner étroitement l'aide humanitaire qu'ils apportent à l'Afghanistan, et en particulier de veiller à adopter une approche cohérente en matière des droits de l'homme. Elle demanderait aux chefs de toutes les parties afghanes de placer la réconciliation nationale au premier rang de leurs priorités, considérant que le peuple afghan est épuisé par la guerre et qu'il aspire au relèvement, à la reconstruction et au développement économique et social.

Aux termes de la partie B du projet de résolution, qui concerne la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales, l'Assemblée générale soulignerait que c'est aux parties afghanes qu'il incombe au premier chef de trouver un règlement politique au conflit, et les exhorterait à répondre aux appels répétés à la paix lancés par l'ONU. Elle demanderait à toutes les parties afghanes de cesser immédiatement toutes les hostilités et d'amorcer, sans conditions préalables, un dialogue politique visant un règlement politique durable du conflit. Elle prierait le Secrétaire général d'autoriser la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, établie en vertu de la résolution 48/208, à poursuivre ses efforts pour faciliter la

(à suivre 1a)

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réconciliation nationale et la reconstruction en Afghanistan, plus précisément pour obtenir la conclusion d'un cessez-le-feu immédiat et durable entre les parties afghanes et amorcer un processus de négociation conduisant à la formation d'un gouvernement provisoire d'unité nationale, pleinement représentatif et à large assise.

Le Président de la séance a indiqué qu'en raison de la nécessité d'examiner plus avant ce projet de résolution afin de déterminer s'il contient des implications sur le budget-programme pour l'exercice budgétaire 1998-1999, l'Assemblée générale se prononcera à une date ultérieure sur ce texte.

Dans le cadre du débat organisé sur cette question, l'Assemblée générale a entendu les déclarations des représentants des pays suivants : République islamique d'Iran, Inde, Fédération de Russie, Japon, Afghanistan, Luxembourg (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Egypte et Pakistan. Le représentant de la Bulgarie est intervenu en fin de séance pour indiquer que son pays souhaitait s'associer à la déclaration faite par le Luxembourg.

Le représentant de l'Afghanistan s'est déclaré déçu par l'inadéquation des mesures prises pour répondre aux souffrance de ses concitoyens ainsi qu'aux violations générales des droits de l'homme, en particulier des femmes et des fillettes. Il a souligné le caractère mercenaire des Taliban et leurs pratiques inhumaines et injustes et a déploré que face à ces actes d'agression répétés les Nations Unies soient demeurées incapables de prendre les mesures nécessaires. Le représentant a fait état de la présence d'éléments étrangers en Afghanistan et de l'attitude intransigeante des Taliban à l'égard du processus de paix. Il a estimé qu'au lieu de pratiquer un embargo impossible à surveiller, il vaudrait mieux persuader ceux qui envoient des armes de mettre fin à leurs expéditions.

De son côté, le représentant du Pakistan a regretté le manque de détermination des Nations Unies à alléger les souffrances du peuple afghan. Il a rejeté toute tentative visant à conditionner l'assistance internationale pour la reconstruction de l'Afghanistan au rétablissement de la paix dans toutes les régions du pays. Plus que jamais, la communauté internationale doit faire preuve de neutralité dans le conflit afghan. Pour ce faire, elle doit notamment garder vacant le siège de l'Afghanistan à l'ONU, imposer un embargo sur les armes afin de faciliter l'instauration d'un cessez-le-feu et mener une enquête sur l'exécution des prisonniers taliban dans la région de Mazar-e-Sharif. Pour sa part, le Pakistan qui ne soutient aucune solution militaire, poursuivra ses efforts de médiation.

Les autres délégations ont souligné la nécessité pour les factions de cesser les combats et d'entamer des négociations.

Au cours de sa prochaine séance, qui aura lieu demain matin, mercredi 17 décembre, à 10 heures, l'Assemblée générale entamera l'examen du point 41 relatif à l'assistance au déminage.

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Renforcement de la coordination de l'aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par l'Organisation des Nations Unies, y compris l'assistance économique spéciale : Assistance internationale d'urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan et pour la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre : la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales

Pour l'examen de ces questions, l'Assemblée générale est saisie de trois rapports du Secrétaire général. Le premier d'entre eux, le rapport (A/52/682), est présenté en application de sa résolution 51/195 B, du 17 décembre 1996. Dans cette résolution, l'Assemblée a prié le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois des rapports sur les progrès de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan. Trois rapports intérimaires ont été soumis jusqu'à présent : A/51/838, A/51/929 et A/52/358. Le rapport est aussi adressé au Conseil de sécurité qui avait demandé à être tenu régulièrement informé de la situation en Afghanistan dans sa résolution 1076 (1996) du 22 octobre 1996.

Le Secrétaire général note que l'équilibre des forces entre les parties belligérantes a connu bien des fluctuations cette année. Les factions se sont violemment affrontées pour le contrôle du nord de l'Afghanistan et des abords nord de Kaboul. Toutefois, malgré l'utilisation de quantités de munitions et de matériels d'origine étrangères et en dépit de nombreuses pertes en vies humaines et d'importants déplacements de population civile, aucune des parties n'a obtenu de gains territoriaux notables ni d'avantage politique appréciable. Au début de novembre 1997, les forces des Taliban où prédominent les Patchounes continuaient à tenir environ les deux tiers du pays, mais n'avaient pas pu s'emparer des territoires du nord, qui sont surtout peuplés de Tadjiks d'Ouzbeks et d'Hararas. Les affrontements militaires opposaient les Taliban et les forces des cinq partis qui constituent l'Alliance du Nord officiellement dénommée Front islamique de salut national.

Avec la poursuite des combats, la situation politique en Afghanistan est demeurée bloquée. Le clivage ethnique du pays de plus en plus accentué, et renforcé par l'appui politique et militaire extérieur, a continué de contrecarrer les efforts déployés pour amorcer une concertation politique entre les factions. Tout au long de 1997, ni les Taliban ni leurs adversaires ne semblent avoir sérieusement envisagé une solution politique plutôt que militaire au conflit afghan. La lutte pour le pouvoir au sein de l'Alliance du Nord a également influé sur la situation politique. Le problème de commandement déjà complexe s'est encore aggravé lorsque le nouveau Premier Ministre, Abdul Rahim Ghafoorzai, a été tué dans un accident d'avion à l'aéroport de Ramyan en août.

Les activités humanitaires et politiques de l'ONU dans la zone de Mazar-i- Sharif ont été gravement perturbées par la reprise des combats et le chaos qui s'en est suivi; le personnel des Nations Unies a été en butte à des menaces et les bureaux et le matériel pillés à plusieurs reprises. Le Secrétaire général se déclare préoccupé par le refus des Taliban d'entamer des négociations avec l'Alliance du Nord dans son ensemble sans conditions

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préalables, et par leurs pratiques sociales et administratives. Les mauvais traitements infligés aux filles et aux femmes sont particulièrement inquiétants. En outre, l'Afghanistan est devenu le plus important producteur d'héroïne du monde, la majeure partie des pavots utilisés à cette fin étant cultivés dans les zones contrôlées par les Taliban. Les Taliban ont à nouveau insisté en 1997 pour que la communauté internationale les reconnaisse et leur accorde leur appui.

Le Secrétaire général indique qu'en juillet 1997 il a nommé comme Envoyé spécial en Afghanistan Lakhdar Brahimi, ancien Ministre algérien des affaires étrangères. Les activités de l'Envoyé spécial ne doivent pas être confondues avec celles de la Mission spéciale dont le mandat est spécifiquement défini par la résolution 51/195 B de l'Assemblée générale. Le Secrétaire général estime que le peuple afghan ne peut se contenter de rejeter sur les autres la responsabilité de la tragédie vécue par son pays. Même s'ils reçoivent une assistance de l'extérieur, ce sont les Afghans eux-mêmes qui se battent les uns contre les autres. Le Secrétaire général regrette que les factions afghanes n'aient pas encore démontré qu'elles étaient prêtes à déposer les armes. Il en va de même pour les pays qui fournissent un appui important aux belligérants en Afghanistan. Tous proclament en effet avec enthousiasme leur soutien aux efforts de paix des Nations Unies, mais ils continuent d'attiser le conflit par des transferts massifs d'armes, d'argent et d'autres fournitures à leurs factions préférées.

Selon le Secrétaire général, il conviendrait d'élaborer un cadre international solide afin d'aborder les aspects extérieurs de la question afghane. L'un des moyens de réduire le courant d'armes vers l'Afghanistan consisterait à imposer un embargo effectif sur les armes. Le Secrétaire général indique qu'il continuera de convoquer des réunions officieuses des représentants des voisins de l'Afghanistan et d'autres pays exerçant une influence dans le pays. Parallèlement, il a l'intention de maintenir, par le biais de la Mission spéciale et au Siège de l'ONU, des contacts étroits avec les parties belligérantes, ainsi qu'avec d'autres particuliers et organismes afghans influents, afin de préparer le terrain à un dialogue intra-afghan. La Mission spéciale continuera de jouer un rôle déterminant dans les activités menées par les Nations Unies en vue du rétablissement de la paix en Afghanistan. Pour M. Annan, il faudrait pour le moment maintenir sa structure, sa composition et ses effectifs actuels. La Mission spéciale maintiendra son quartier général temporaire à Islamabadl, tant que les conditions ne lui permettront pas de revenir à Kaboul.

Le Secrétaire général note qu'il est devenu de plus en plus difficile au cours des dernières années de justifier la poursuite des efforts de paix de l'ONU et les dépenses qui en résultent, en l'absence de tout signe positif indiquant un changement fondamental dans la position des gouvernements qui sont en mesure d'apporter une contribution décisive à un règlement pacifique du conflit. Le Secrétaire général a été toutefois récemment encouragé par

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l'attention accrue maintenant portée à la situation en Afghanistan par un certain nombre de pays qui ont commencé à examiner conjointement l'adoption de mesures concrètes en vue de convaincre les parties afghanes d'engager des négociations sérieuses. Mais les gouvernements devront prendre des mesures beaucoup plus énergiques et les coordonner, afin que les efforts de paix menés par l'ONU aient des chances raisonnables de succès.

Un deuxième rapport du Secrétaire général (A/52/358), est présenté en application de la résolution 51/195 B de l'Assemblée générale, en date du 17 décembre 1996. Il porte sur les trois mois qui se sont écoulés depuis la présentation du deuxième rapport, le 16 juin 1997.

Enfin, l'Assemblée générale est saisie d'un rapport du Secrétaire général relatif à l'assistance d'urgence à l'Afghanistan (A/52/536) établi en application de sa résolution 51/195 A du 17 décembre 1996. Par cette résolution, elle a prié la Secrétaire général d'autoriser la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan à poursuivre l'action qu'elle menait pour favoriser la réconciliation nationale et la reconstruction en Afghanistan et de lui rendre compte des mesures prises en application de la résolution. L'Assemblée générale a également exigé que toutes les parties afghanes s'acquittent de leurs obligations et honorent les engagements pris concernant la sécurité et l'entière liberté de circulation du personnel de l'ONU et des autres organisations internationales et coopèrent sans réserve à l'action que mène l'ONU et les organismes associés ainsi que les autres organisations et organismes humanitaires pour répondre aux besoins du peuple afghan.

Le Secrétaire général estime que la situation politique et militaire de l'Afghanistan et note qu'elle reste très instable. Les secours humanitaires sont essentiels pour la survie des personnes les plus exposées au conflit dans ce pays qui n'est ni totalement en guerre ni totalement en paix. Un réglementer politique est indispensable pour que le travail des organismes d'aide puissent avoir un impact durable. En attendant, avec l'arrivée de l'hiver et la probable aggravation de la situation humanitaire, il faut répondre d'urgence aux besoins les plus nécessiteux. Les difficultés rencontrés par les diverses organisations qui travaillent en Afghanistan soulignent la nécessité d'une étroite coordination entre les organismes humanitaires, les organismes d'aide au développement, les organismes à caractère politique et les autres partenaires, qu'ils soient nationaux ou internationaux. L'insécurité qui règne en Afghanistan, particulièrement dans les grandes villes, a suscité beaucoup d'inquiétude et continue de nécessiter une grande vigilance. Certains événements violents rendent très difficiles l'action sincère entreprise par la communauté internationale pour aider les centaines de milliers d'Afghans qui dépendent de l'aide extérieure. La politique pratiquée par les Taliban en matière de travail des femmes et de scolarisation des jeunes filles a entravé l'exécution d'un certain nombre d'activités humanitaires et reste très préoccupante.

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Présentation du projet de résolution A/52/L.68

L'Assemblée était saisie d'un projet de résolution sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales, présenté par le représentant de l'Allemagne. Aux termes du texte A relatif à l'Assistance internationale d'urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan et pour la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre, l'Assemblée générale prierait le Secrétaire général de continuer à élaborer des plans de reconstruction et de relèvement du pays, en commençant par les zones de paix et de sécurité. Elle demanderait aux organismes compétents des Nations Unies de coordonner étroitement l'aide humanitaire qu'ils apportent à l'Afghanistan, et en particulier de veiller à adopter une approche cohérente en matière des droits de l'homme. Elle demanderait aux chefs de toutes les parties afghanes de placer la réconciliation nationale au premier rang de leurs priorités, considérant que le peuple afghan est épuisé par la guerre et qu'il aspire au relèvement, à la reconstruction et au développement économique et social. L'Assemblée générale exigerait que toutes les parties afghanes s'acquittent de leurs obligations et honorent les engagements pris concernant la sécurité et l'entière liberté de circulation du personnel de l'ONU et des autres organisations à vocation humanitaire, ainsi que la sécurité des locaux de celles- ci en Afghanistan, et coopèrent sans réserve à l'action que mènent l'ONU et les organismes associés, ainsi que les autres organisations et organismes humanitaires, pour répondre aux besoins humanitaires du peuple afghan.

L'Assemblée générale lancerait un appel pressant à tous les Etats, à tous les organismes et programmes des Nations Unies, institutions spécialisées et autres organisations intergouvernementales et non gouvernementales pour qu'ils continuent d'apporter en priorité, dans la mesure où les conditions sur le terrain le permettent, toute l'assistance financière, technique et matérielle possible en vue de faciliter le rétablissement des services de base et la reconstruction de l'Afghanistan, ainsi que le retour librement consenti, dans la dignité et dans l'honneur, et en toute sécurité, des réfugiés et des déplacés à l'intérieur du pays, et engagerait les institutions internationales de financement et de développement à aider à planifier la reconstruction de l'Afghanistan. Elle demanderait à la communauté internationale de répondre à l'appel global interinstitutions que doit lancer le Secrétaire général pour la période du 1er janvier au 31 décembre 1998 en vue de fournir à l'Afghanistan une aide d'urgence sur le plan humanitaire et en matière de relèvement, en gardant également à l'esprit la possibilité de verser des contributions au Fonds d'affectation spéciale d'urgence pour l'Afghanistan. Elle s'insurgerait contre la persistance de la discrimination à l'égard des femmes et des petites filles et contre les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire en Afghanistan. Elle noterait avec une vive inquiétude les répercussions qu'elle peut avoir sur les programmes internationaux de secours et de reconstruction en Afghanistan et demanderait à toutes les parties de respecter intégralement les droits de l'homme et les libertés fondamentales de tous, en particulier des femmes et des filles, conformément à tous les instruments et normes relatifs aux droits de l'homme, y compris la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

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Au termes du deuxième texte B relatif à la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales, l'Assemblée générale soulignerait que c'est aux parties afghanes qu'il incombe au premier chef de trouver un règlement politique au conflit, et les exhorterait à répondre aux appels répétés à la paix lancés par l'ONU. Elle demanderait à toutes les parties afghanes de cesser immédiatement toutes les hostilités et d'amorcer, sans conditions préalables, un dialogue politique visant un règlement politique durable du conflit. Elle appuierait l'appel lancé par le Secrétaire général à l'établissement d'un cadre international solide dans le but d'examiner tous les aspects extérieurs de la question afghane et demanderait à tous les Etats et à toutes les organisations intéressées d'user de leur influence d'une façon constructive, en étroite coordination avec l'Organisation des Nations Unies et en appuyant celle-ci, pour promouvoir la paix en Afghanistan.

L'Assemblée générale soutiendrait les efforts que continue de faire le Secrétaire général, en coopération avec les parties afghanes et avec les Etats et les organisations internationales intéressées, en particulier l'Organisation de la Conférence islamique, pour promouvoir le processus politique visant un règlement pacifique durable du conflit avec la participation de toutes les parties afghanes et de tous les secteurs de la société afghane, et réaffirmerait son plein appui aux efforts déployés par la Mission spéciale des Nations Unies et l'Envoyé spécial du Secrétaire général en Afghanistan à cet égard.

Elle prierait le Secrétaire général d'autoriser la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, établie en vertu de la résolution 48/208, à poursuivre ses efforts pour faciliter la réconciliation nationale et la reconstruction en Afghanistan, plus précisément pour obtenir la conclusion d'un cessez-le-feu immédiat et durable entre les parties afghanes et amorcer un processus de négociation conduisant à la formation d'un gouvernement provisoire d'unité nationale, pleinement représentatif et à large assise.

L'Assemblée générale appellerait toutes les parties afghanes à coopérer pleinement avec la Mission spéciale des Nations Unies et exigerait que toutes les parties s'acquittent intégralement de leurs obligations et honorent leurs engagements en ce qui concerne la sécurité et la pleine liberté de mouvement du personnel des Nations Unies, en particulier du personnel de la Mission spéciale des Nations Unies, ainsi que la sécurité de leurs locaux en Afghanistan.

Débat

M. MAJID TAKHT-RAVANCHI (République islamique d'Iran) a estimé que la guerre dévastatrice en Afghanistan n'a pas seulement infligé d'énormes dommages à l'infrastructure du pays mais elle a aussi causé de graves difficultés au peuple afghan qui a besoin de nourriture, de médicaments et d'autres besoins humanitaires. Malheureusement, ces restrictions sont imposées au nom de l'Islam. En tant que grande et divine religion, l'Islam

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n'a jamais prescrit ces politiques et pratiques qui sont en totale contradiction avec ses principes. Le représentant a remarqué qu'une des leçons à retenir du conflit en Afghanistan est qu'il ne peut être résolu par la force militaire. Les dirigeants afghans devraient comprendre à présent que ce ne sera que par le dialogue et la compréhension qu'ils pourront dépasser leurs différences et reconstruire leur pays. En tant que pays voisin, nous avons toujours souligné que la solution militaire n'est qu'une illusion et qu'une solution politique passe nécessairement par l'établissement d'un cessez-le-feu et la fin des hostilités suivies de négociations entre les groupes Afghans afin d'établir un gouvernement largement représentatif de tous les partis afghans. Nous avons la conviction que ce ne sera que grâce à une action coordonnée des pays de la région, des Nations Unies et de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), que les dirigeants afghans réussiront à mettre de côté leurs différences et commenceront un dialogue productif. La semaine dernière, le huitième Sommet islamique qui s'est tenu à Téhéran a adopté une résolution sur la situation en Afghanistan. En tant que président de l'Organisation de la Conférence Islamique, la République islamique d'Iran est déterminée à trouver une solution amiable à la crise, en étroite collaboration avec tous les efforts de maintien de la paix, en particulier ceux du Secrétaire général de l'ONU et du Secrétaire général de l'OIC. La République islamique d'Iran, de son côté, continuera à fournir une assistance humanitaire au peuple afghan. Il incombe à la communauté internationale de répondre favorablement aux besoins du peuple d'Afghanistan. Les factions afghanes elles, devraient mettre l'intérêt de leur peuple en avant et se réfréner de faire des restrictions délibérées aux organisations humanitaires à certains endroits du pays, a-t-il conclu.

M. KAMALESH SHARMA (Inde) a déclaré que la paix et la stabilité en Afghanistan sont primordiales pour la sécurité de tous les Etats de la région, notamment pour l'Inde. Malheureusement, a reconnu le représentant, le clivage ethnique en Afghanistan de plus en plus accentué, et renforcé par l'appui politique et militaire extérieur a continué de contrecarrer les efforts déployés pour amorcer une concertation politique entre les factions. De l'avis du représentant, la consolidation de la structure de l'Afghanistan en tant qu'Etat est capitale pour la stabilité de la région entière. Il existe une personnalité nationale afghane qui doit transcender la conscience ethnique, a-t-il constaté. A cet égard, le représentant a demandé que la communauté internationale fasse tous les efforts pour encourager et soutenir cette personnalité plutôt que de raviver les clivages ethniques. Par ailleurs, le représentant a indiqué que les pourparlers inter-afghans ne pourront être couronnés de succès qu'à condition que l'ingérence étrangère et l'intervention en Afghanistan cessent immédiatement. Celles-ci continuent à être les obstacles principaux aux efforts de paix. L'unité, l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan doivent être préservées, a-t-il précisé.

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L'Inde s'est engagée à épauler les efforts des Nations Unies visant à instaurer une paix durable en Afghanistan. De l'avis du représentant, les efforts diplomatiques internationaux en Afghanistan ne doivent pas être fournis par un groupe limité de pays mais tout les pays qui ont un intérêt et peuvent exercer une influence et contribuer au processus de paix en Afghanistan doivent jouer un rôle positif et constructif. Le représentant a déclaré qu'il était préoccupé par les violations et les abus des droits de l'homme en Afghanistan, en particulier par la violence et la discrimination à l'égard des femmes. Aussi, s'est-il associé aux autres membres des Nations Unies pour demander que des mesures soient prises pour assurer la pleine participation des femmes à la vie sociale, politique, économique, culturelle et civile. En outre, le représentant a rappelé que l'Inde, en dépit de ressources limitées, contribue aux efforts de reconstruction et de réhabilitation en Afghanistan, tant au niveau bilatéral que par l'intermédiaire des organismes des Nations Unies.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a noté avec préoccupation que la situation actuelle en Afghanistan a des effets destabilisateurs pour l'ensemble de la région d'Asie centrale et constitue une menace pour les frontières méridionales de la Communauté des Etats indépendants. Il s'est associé aux inquiétudes exprimées dans le dernier rapport du Secrétaire général qui indique qu'en dépit des efforts des Nations Unies pour rétablir la paix entre les diverses factions afghanes en conflit, les perspectives de paix dans le pays demeurent très éloignées. Pour sa part, la Fédération de Russie est tout à fait opposée à toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures afghanes. Elle est toutefois prête à envisager des mesures pratiques visant à interdire ou à couper les approvisionnements en armes à l'Afghanistan. M. Lavrov a précisé que ce genre de mesures devrait être universel et s'appliquer à toutes les parties au conflit, porter sur l'ensemble des produits militaires entrant aussi bien par voie aérienne que terrestre. De l'avis de la Fédération de Russie, une déclaration de cessez-le feu faite de façon simultanée par toutes les factions, l'abandon par les parties au conflit du recours à la force pour régler les problèmes internes qui se posent, un engagement de toutes les parties en faveur de la réconciliation nationale et à la préservation de l'Afghanistan comme Etat indépendant, souverain et indivisible, peuvent représenter les premiers pas vers le rétablissement de la paix et le début d'un dialogue national. La Russie soutient en principe l'idée d'une conférence internationale sur l'Afghanistan. Mais surtout, il faut renforcer le rôle central des Nations Unies en tant que médiateur impartial universellement reconnu dans le processus de paix afghan. En outre, au vu de la situation humanitaire difficile qui prévaut en Afghanistan, il ne fait aucun doute qu'il faut continuer à assister la population du pays sans discrimination éthnique ou religieuse. La Fédération de Russie, qui est un pays traditionnellement pourvoyeur d'assistance, a l'intention de poursuivre son aide à l'Afghanistan et, notamment de collaborer aux efforts de déminage du pays. Dans le même temps, M. Lavrov a estimé que l'accroissement de l'aide doit être lié à une

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volonté effective des factions afghanes de participer au processus de paix et de respecter les droit de l'homme. Une aide plus importante au relèvement social et économique de l'Afghanistan ne sera possible qu'après que les factions afghanes auront mis à fin leurs hostilités et entamé un processus de transition vers la paix, a conclu M. Lavrov.

M. YUKIO TAKASU (Japon) a déclaré que les parties doivent pouvoir reconnaître que le conflit ne pourra se régler sur le champs de bataille. Toute victoire militaire de l'une ou l'autre partie est une illusion a-t-il indiqué. C'est la raison pour laquelle le Japon demande aux parties de déposer les armes et, dans une esprit de réconciliation, de coopérer en vue d'aboutir à un cessez- le-feu et à un processus de paix. De l'avis du représentant, le sort du pays est entre les mains des belligérants et plus tôt ils en prennent conscience, plus tôt le peuple afghan pourra engager le processus de réconciliation nationale. Le représentant a également dénoncé l'ingérence étrangère qui ne fait qu'aggraver le conflit et le prolonge. Aussi, le représentant a-t-il demandé aux Etats Membres, en particulier aux Etats voisins, de se conformer aux principes de la Charte des Nations Unies, de respecter l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan et d'abandonner immédiatement toute assistance militaire et financière aux parties en conflit.

Le représentant a précisé que son pays est particulièrement préoccupé par les violations flagrantes des droits de l'homme, en particulier en ce qui concerne les filles et femmes, en Afghanistan. En refusant aux femmes le droit de participer à tous les domaines de la société, les Taliban et les autres parties au conflit entravent les actions d'aide humanitaire et nuisent au développement économique et social du pays. Par ailleurs, le représentant a déploré que des millions de mines anti-personnel fassent chaque jour de nouvelles victimes, souvent des femmes et des enfants innocents. A cet égard, le Japon continuera à déployer tous les efforts pour aider au déminage en Afghanistan. De l'avis du représentant, la communauté internationale ne doit pas abandonner le peuple afghan et doit déployer tous les efforts pour mettre un terme à ce conflit. Pour ce faire, le Japon soutient les actions de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan. Cependant, a rappelé le représentant, le règlement pacifique du conflit en Afghanistan dépendra, en grande partie, de la coopération et de l'appui de toutes les parties concernées, notamment des pays voisins, aux efforts déployés par la Mission. M. RAVAN FARHADI (Afghanistan), tout en exprimant sa gratitude pour les efforts déployés en faveur de l'instauration d'une paix durable en Afghanistan, a toutefois fait part de sa déception face à l'inadéquation des mesures prises pour répondre aux souffrance de ses concitoyens ainsi qu'aux violations généralisées des droits de l'homme, en particulier des femmes et des jeunes filles. M. Farhadi a souligné le caractère de mercenaire des Taliban et leurs pratiques inhumaines et injustes, telles qu'elles sont révélées dans les rapports des Nations Unies, et a déploré que face à ces actes d'agression répétés et aux graves violations des droits de l'homme et du droit humanitaire, les Nations Unies soient demeurées silencieuses ou incapables de prendre les mesures qui s'imposent. M. Farhadi a fait état de

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la présence d'éléments étrangers en Afghanistan et de l'attitude intransigeante des Taliban à l'égard du processus de paix. Il a rappelé que l'Etat islamique d'Afghanistan, tout en défendant sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale, s'est déclaré prêt à résoudre le conflit en cours par la négociation. Il a donc estimé injuste que l'on blâme de façon identique tous les dirigeants afghans et que l'on mette sur le même plan l'Etat islamique d'Afghanistan et le soi-disant "Emirat islamique d'Afghanistan" des Taliban. Il est injuste de réprimander et de qualifier de seigneurs de la guerre, ceux qui luttent pour l'indépendance de leur pays et de les comparer à ceux qui servent les intérêts d'un pays étranger. Il a fait observer qu'aucune mesure concrète n'a été prise à l'encontre de l'intransigeance des Taliban ou de leurs soutiens extérieurs. Or tout le monde connaît le comportement des Taliban, la façon dont ils traitent les femmes et les jeunes filles, privées d'école et de travail, l'interdiction de la musique, du cinéma, de la télévision, les mutilations qu'ils infligent aux êtres humains, le déplacement forcé de populations civiles, etc... Cette vision rétrograde et obscurantiste n'a rien à voir avec les principes nobles de l'Islam ni avec les traditions des différents groupes éthniques afghans, a précisé M. Farhadi.

Par ailleurs, M. Farhadi a annoncé la réponse positive de son gouvernement à la demande d'accord de cessez-le feu formulé dans la résolution proposée aujourd'hui. L'Etat islamique d'Afghanistan a, en outre, proposé la démilitarisation, non seulement de Kaboul comme le demande le projet de résolution, mais de toutes les villes principales d'Afghanistan. L'Etat islamique d'Afghanistan considère, conformément à la résolution du 12 décembre 1997, que le processus de paix doit avoir pour objectif l'unité administrative de l'Afghanistan avec un gouvernement reposant sur une base large. A cet égard, la proclamation de "l'Emirat islamique" est une manoeuvre politique visant à paralyser le processus de paix. Elle va à l'encontre des tentatives visant à établir un gouvernement de coalition ou d'un mécanisme de partage du pouvoir dans un gouvernement de transition, ou toute autre proposition des Nations Unies telles que l'organisation d'élections ou le principe d'autodétermination. Enfin, concernant la question d'un embargo sur les armes, M. Farhadi a estimé qu'au lieu d'imposer un embargo impossible à surveiller, il vaudrait mieux persuader ceux qui envoient des armes de mettre fin à leurs transferts. Pour finir, il a indiqué que son pays est coauteur de la résolution et que ce texte constitue l'engagement de son gouvernement en faveur du processus de paix.

Mme SYLVIE LUCAS, Luxembourg, au nom de l'Union européenne, et des pays associés : Chypre, Estonie, Hongrie, Islande, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, a déclaré qu'une tragédie interminable se déroule devant nous, dans laquelle les aspirations à la paix du peuple afghan sont systématiquement et continuellement trahies par des dirigeants et des chefs de guerre mus par des ambitions égoïstes et la soif du pouvoir. Les dangers qui découlent de cette guerre constituent une menace sérieuse pour la stabilité régionale et ont amené la communauté internationale à intensifier ses efforts en faveur de la recherche d'une solution pacifique. Aussi,

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l'Union européenne réitère-t-elle son appel aux parties, pour qu'elles mettent fin immédiatement aux hostilités et qu'elles évitent de nouvelles destructions et pertes de vies humaines. L'Union européenne encourage la recherche d'un accord pacifique grâce à des négociations qui devront aboutir à une solution politique qui soit susceptible de ramener la paix et la stabilité dans le pays. De l'avis de la représentante, seules des négociations de bonne foi et une coopération entre les parties pourront donner naissance à un Etat stable auquel le peuple afghan pourra librement se rallier. Par ailleurs, la représentante a précisé qu'aucune société ne pouvait parvenir à un degré acceptable de paix, de justice et de stabilité sans garantir le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. C'est la raison pour laquelle, l'Union européenne ne peut accepter que les parties afghanes pratiquent la discrimination entre hommes et femmes. A cet égard, la représentante a indiqué que l'Union européenne accorde une grande importance au respect de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, qui fait d'ailleurs partie des instruments signés officiellement par l'Afghanistan.

En outre, l'Union européenne condamne les ingérences étrangères qui provoquent une prolongation du conflit armé et qui compliquent la recherche d'une solution politique. La représentante a appelé toutes les parties tierces au conflit à cesser ces ingérences et de respecter la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan, ainsi que le droit du peuple afghan de librement choisir son avenir. L'Union européenne demande à la communauté internationale de cesser d'approvisionner en armes, en équipements et autres moyens les différentes factions afghanes.

La représentante a rappelé que l'Union européenne est le principal donateur d'assistance humanitaire en Afghanistan. En 1997, elle a alloué un montant total de 82 millions d'Ecus, avec comme objectif d'assurer une aide à l'ensemble de la population afghane, sans discrimination liée au sexe ou à l'appartenance ethnique ou religieuse. Aussi, l'Union européenne appelle-t-elle tous les pays contributeurs d'aide humanitaire et les agences humanitaires à mieux coordonner leurs efforts en vue d'assister de façon efficace et d'une manière coordonnée les populations souffrantes en Afghanistan. Par ailleurs, l'Union européenne tient à réaffirmer son soutien continu aux efforts déployés par l'ONU, en particulier à la Mission des Nations Unies en Afghanistan. A cet égard, la représentante a lancé un appel à toutes les parties afghanes afin qu'elles coopèrent étroitement avec la Mission, dont le seul but est d'agir en tant que médiateur impartial visant à restaurer la paix dans le pays.

M. NABIL ELARABY (Egypte) a déclaré que le rapport du Secrétaire général (A/52/536) explique de façon claire et exhaustive les problèmes en Afghanistan en évoquant les raisons principales pour lesquelles la crise se prolonge. Des pays jouent un double jeu et fournissent des armements à certaines factions dans ce pays, a-t-il souligné. L'Afghanistan est devenu un centre de tension dont l'instabilité menace la région toute entière. De nombreux pays, comme l'Egypte, sont victimes d'actions terroristes qui trouvent leur foyer en

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Afghanistan. Il est préoccupant de voir la souffrance persistante du peuple afghan. Des mines terrestres sont répandues dans le pays. Les problèmes posés par la fourniture de vivres vont d'autant plus s'aggraver que l'hiver est proche. A cet égard, le représentant a appelé la communauté internationale à mettre en oeuvre un nouveau cadre général en faveur de l'Afghanistan. Nombre de gouvernements de la région et d'ailleurs seraient en mesure d'aider les parties à surmonter leurs différences et à se mettre autour de la table de négociation. Il a appuyé l'idée d'un embargo global sur les armes, dans la mesure où son efficacité pourra être mesurée. En conclusion, le représentant a déclaré qu'en tant que coauteur du projet de résolution, il espèrait que l'Assemblée générale l'adopterait.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a estimé que le rapport du Secrétaire général (A/52/536) relatif à l'assistance d'urgence à l'Afghanistan pêche par manque de direction et de vision et donne l'impression qu'il ne vise que des objectifs à court terme. Il montre aussi une absence de détermination de la part des Nations Unies et de leurs Etats Membres à alléger les souffrances du peuple afghan innocent. Ces carences se manifestent par le faible niveau de l'aide promise ainsi que dans les domaines du déminage, de la fourniture de vivres et de l'éducation. Le Pakistan rejette toute tentative visant à conditionner l'assistance internationale pour la reconstruction de l'Afghanistan au rétablissement de la paix dans toutes les régions du pays. Depuis plus d'un an, aucun combat n'a eu lieu sur plus de 75% du territoire de l'Afghanistan. Il incombe donc à la communauté internationale de reprendre immédiatement ses activités de reconstruction et de réhabilitation dans les zones épargnées par la guerre.

Le représentant a indiqué que le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (A/52/682) contient plusieurs inexactitudes et est particulièrement sélectif dans sa description de questions fondamentales. Il ne doit être compris que comme une excuse à l'incapacité de la communauté internationale de rétablir la paix en Afghanistan. En dépit de son titre, le rapport ne contient aucun élément sur les conséquences du conflit afghan pour la paix et la sécurité internationales. Parmi les erreurs manifestes, on note celle qui consiste à présenter les généraux Dostum et Malik comme coresponsables du Mouvement islamique national (NIMA), alors que le second a fui le pays à la suite du conflit qui l'a opposé au premier. De même, le paragraphe 15 du rapport qui traite de l'inégalité entre les sexes, ne fait aucune allusion au fait que des écoles de filles fonctionnent à Kandahar et dans d'autres régions du pays.

Le paragraphe 17 de ce même rapport sous-estime le fait que le Pakistan est le seul pays qui s'est engagé envers toutes les parties au conflit et qui a déployé des efforts importants pour amener les factions à la table de négociation. Ce paragraphe indique de façon erronée que le Pakistan et l'Iran ne sont pas perçus par les factions comme des médiateurs impartiaux. Enfin, le paragraphe 18, décrit de manière sélective la situation relative aux

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armements disponibles en omettant de mentionner que les forces de l'ancienne Union soviétique ont abandonné lorsqu'elle se sont retirées du pays des milliers d'armes d'une valeur s'élevant à plusieurs milliards de dollars. Mais surtout, le rapport passe sous silence le fait que les Nations Unies se sont progressivement marginalisées en Afghanistan et ont perdu leur crédibilité de médiateur impartial.

M. Kamal, soulignant qu'au cours de l'année écoulée il y a eu des événements positifs en Afghanistan, s'est félicité de ce que les factions aient commencé à prendre des contacts entre elles, à échanger des prisonniers et que le Gouvernement de Kaboul ait décidé d'interdire le trafic des drogues. Il a, en revanche, déploré la découverte de charniers de prisonniers taliban exécutés dans le nord du pays et le manque de nourriture dont pâtit le centre de l'Afghanistan.

Pour le représentant, la responsabilité première du rétablissement de la paix en Afghanistan appartient aux Afghans eux-mêmes. Toutefois, il importe que la communauté internationale aide l'Afghanistan à atteindre cet objectif. Plus que jamais, la communauté internationale doit faire preuve de neutralité dans le conflit afghan. Pour ce faire, elle doit garder vacant le siège de l'Afghanistan aux Nations Unies. Elle doit également imposer un embargo sur les armes afin de faciliter l'imposition d'un cessez-le-feu. La communauté internationale doit, sans tarder, mener une enquête sur l'exécution des prisonniers taliban et les charniers dans la région de Mazar-i-Sharif, en vue de la création d'un tribunal chargé de juger les personnes coupables de crimes de guerre. Enfin, la communauté internationale doit commencer l'énorme tâche de la reconstruction et de la réhabilitation de l'Afghanistan.

Pour sa part, le Pakistan ne soutient aucune solution militaire. Il continue de croire que la constitution d'un gouvernement d'union nationale est la seule solution viable pour l'Afghanistan multiethnique. Le Pakistan poursuivra ses efforts de médiation. "Il est urgent de faciliter un règlement juste du conflit qui tienne compte des réalités du terrain aussi bien que de la diversité ethnique et démographique de la population", a déclaré le représentant. De son côté, l'ONU doit intervenir de manière plus impartiale et active, revoir ses pratiques discriminatoires qui privent la population afghane innocente de toute nourriture ou éducation et agir sans plus attendre pour rétablir la paix dans toutes les régions du pays avant de commencer ses activités de reconstruction dans les régions qui connaissent déjà la paix.

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