AG/SHC/343

LA COMMISSION RECOMMANDE QUE LES INSTITUTIONS FINANCIERES INTERNATIONALES S'ASSURENT QUE LEURS INVESTISSEMENTS ET PROGRAMMES PROFITENT AUX FEMMES

19 novembre 1997


Communiqué de Presse
AG/SHC/343


LA COMMISSION RECOMMANDE QUE LES INSTITUTIONS FINANCIERES INTERNATIONALES S'ASSURENT QUE LEURS INVESTISSEMENTS ET PROGRAMMES PROFITENT AUX FEMMES

19971119 Terminant son débat sur les droits de l'homme, elle entend le Haut Commissaire demander des directives claires pour 1998

La Commission des questions humanitaires, sociales et culturelles (Troisième Commission) a adopté sans vote cet après-midi des projets de résolution portant respectivement sur la Décennie internationale des populations autochtones et sur la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à l'application intégrale de la Déclaration de Beijing et du Programme d'action. Aux termes de ce dernier texte, l'Assemblée générale réaffirmerait que, pour appliquer le Programme d'action, il faudra mobiliser des ressources suffisamment importantes, aux niveaux national et international ainsi que des ressources additionnelles en faveur des pays en développement en faisant appel à des mécanismes de financement disponibles, y compris les sources multilatérales, bilatérales et privées. Elle inviterait les institutions financières internationales à examiner et revoir leurs politiques, procédures et tableaux d'effectifs pour s'assurer que les femmes profitent de leurs investissements et de leurs programmes. Elle inviterait l'Organisation mondiale du commerce à envisager comment elle pourrait contribuer à l'application du Programme d'action.

La Commission a, par ailleurs, adopté à l'issue d'un vote par 141 voix pour, deux voix contre et sept abstentions un projet de résolution sur le droit du peuple palestinien à l'autodétermination. Les représentants des Etats-Unis, d'Israël, de la République arabe syrienne, du Liban, de la Norvège et de l'Iran ont expliqué leur vote. L'Observateur de la Palestine s'est également exprimé.

La Commission a, d'autre part, terminé son débat sur les questions relatives aux droits de l'homme en entendant les représentants du Soudan, du Yemen, de l'Indonésie, de l'Iran et de la Grèce. Les représentants des pays suivants ont exercé leur droit de réponse : Algérie, Israël, Iraq, Soudan, Turquie, Chypre et Grèce.

(à suivre - 1a)

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Le Haut Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson a fait une déclaration de clôture pour se féliciter de l'appui de la Commission à l'interprétation qu'elle a donnée de ses fonctions. Elle a, d'autre part, engagé les Etats Membres à privilégier une approche globale et holistique de la question des droits de l'homme et à donner des directives claires sur les priorités de 1998.

La Commission reprendra ses travaux demain jeudi 20 novembre 1997 à 15 heures. Elle devrait se prononcer sur une série de projets de résolution.

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Suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes

Adoption d'un projet de résolution

Aux termes d'un projet de résolution sur la Suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et l'application intégrale de la Déclaration de Beijing et du Programme d'action (A/C.3/52/L.42), adopté par consensus, l'Assemblée générale demanderait instamment au Secrétaire général de continuer à veiller à ce que les hauts fonctionnaires aient à répondre de l'adoption d'une perspective sexospécifique dans les domaines relevant de leur compétence. Elle donnerait pour instruction à tous ses comités et à tous ses organes d'introduire systématiquement une perspective sexospécifique dans tous leurs domaines de travail et prierait tous les organes qui ont à connaître des questions de programme et de budget de veiller à ce que tous les programmes, plans à moyen terme et budgets-programmes soient visiblement placés dans une perspective sexospécifique.

L'Assemblée prierait instamment les gouvernements qui ne l'ont pas encore fait de mettre en place au plus haut niveau politique ou de renforcer les mécanismes nationaux appropriés pour la promotion de la femme. Elle engagerait les ONG, en particulier celles qui s'occupent de questions concernant les femmes, à contribuer à l'élaboration et à l'application des stratégies nationales ou plans d'action nationaux.

L'Assemblée inviterait le Secrétaire général, dans le cadre de l'action menée à l'échelle du système en faveur de l'Afrique, à accorder une attention particulière aux besoins des femmes et à leur rôle en tant que protagonistes et bénéficiaires du développement. Elle réaffirmerait que pour appliquer le Programme d'action, il faudra mobiliser des ressources suffisamment importantes aux niveaux national et international ainsi que des ressources additionnelles en faveur des pays en développement, en particulier en Afrique, et des pays les moins avancés, en faisant appel à tous les mécanismes de financement disponibles, y compris les sources multilatérales, bilatérales et privées.

L'Assemblée inviterait les institutions financières internationales à examiner et revoir leurs politiques, procédures et tableaux d'effectifs pour s'assurer que les femmes profitent de leurs investissements et de leurs programmes et l'Organisation mondiale du commerce à envisager comment elle pourrait contribuer à l'application du Programme d'action. Elle déciderait d'organiser, en l'an 2000, un examen de haut niveau en vue d'évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des Stratégies prospectives d'action pour la promotion de la femme et l'application du Programme d'action, cinq ans après son adoption et que la Commission de la condition de la femme exercera les fonctions de comité préparatoire de l'examen de haut niveau.

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Programme d'activités de la Décennie internationale des populations autochtones

Adoption d'un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution sur la Décennie internationale des populations autochtones (A/C.3/52/L.40/Rev.1) adopté par consensus, l'Assemblée générale déciderait de nommer le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Coordonnateur de la Décennie internationale des populations autochtones et lui demanderait, agissant en cette qualité, d'envisager d'organiser, en consultation avec les populations autochtones et les organismes compétents des Nations Unies, un atelier à l'intention des établissements de recherche et d'enseignement supérieur qui serait axé sur les questions relatives aux populations autochtones. Elle réaffirmerait que l'un des principaux objectifs de la Décennie est l'adoption d'une déclaration sur les droits des peuples autochtones et que le programme d'activités de la Décennie prévoit, entre autres tâches, que l'on envisage la création, au sein du système des Nations Unies, d'une instance permanente consacrée aux populations autochtones. Elle encouragerait les gouvernements à appuyer la Décennie et inviterait les institutions financières, les organismes de développement, les programmes opérationnels et les institutions spécialisées des Nations Unies à allouer davantage de ressources à l'amélioration de la situation des populations autochtones, eu égard en particulier aux besoins de ces populations dans les pays en développement. Elle les inviterait également à lancer des projets spéciaux, par des voies appropriées et en collaboration avec les populations autochtones, pour soutenir leurs initiatives au niveau communautaire, et à favoriser les échanges d'informations et de connaissances spécialisées entre ces populations et les experts compétents.

Droit des peuples à l'autodétermination

Adoption d'un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution sur le Droit du peuple palestinien à l'autodétermination (A/C.3/52/L.41), adopté par 141 voix pour, deux voix contre (Israël et Etats-Unis) et sept abstentions (El Salvador, Fidji, Georgie, Iles Marshall, Micronésie, Norvège et Uruguay), l'Assemblée générale réaffirmerait le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et exprimerait l'espoir que le peuple palestinien pourra bientôt exercer son droit à l'autodétermination dans le processus de paix en cours. Elle prierait instamment tous les Etats, les institutions spécialisées et les organismes des Nations Unies de continuer à appuyer le peuple palestinien dans sa marche vers l'autodétermination.

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Explications de vote

Le représentant des Etats-Unis a expliqué que son pays s'est opposé au projet de résolution parce que le texte fait une nouvelle fois intervenir les Nations Unies dans le processus de paix au Moyen-Orient, en particulier sur la question du statut final qui doit faire l'objet de négociations directes entre les parties au conflit. Les Etats-Unis s'opposent également à ce texte parce qu'il désigne un seul groupe comme candidat à l'exercice du droit à l'autodétermination alors que la Commission a adopté un texte sur le même point portant spécifiquement sur la réalisation universelle du droit des peuples à l'autodétermination. De nombreux autres groupes existent à travers le monde qui se considèrent comme vivant sous occupation étrangère sans qu'une résolution ne vienne leur octroyer un traitement spécial. De l'avis des Etats-Unis, l'adoption de ce texte ne contribuera pas à relancer le processus de paix. Il aura même un effet contraire.

Le représentant d'Israël s'est opposé au texte au motif qu'il préjuge de l'issue des pourparlers finaux. La question du statut final doit être traitée dans le cadre de négociations bilatérales. En outre, le représentant s'est fermement opposé à l'alinéa 4 du préambule qui exprime une préoccupation face à la détérioration du processus de paix, en particulier face au défaut d'appliquer les accords signés entre l'OLP et Israël. Les négociations connaissent des hauts et des bas et Israël tient à précise qu'il respecte les accords signés. Israël a repris les négociations sur les questions de fond avec le ferme espoir de voir des résultats tangibles.

Le représentant de la République arabe syrienne s'est félicité de l'adoption du projet de résolution par une majorité écrasante des Etats Membres. Cela indique que la communauté internationale est décidée à mettre fin aux souffrances du peuple palestinien. Le vote de la Syrie exprime son souhait de voir les Accords aboutir à un règlement définitif de la question sur la base du principe de la terre contre la paix et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Concernant l'alinéa 4 du préambule, le représentant a précisé que son pays est favorable au processus de paix. Il a toutefois émis des réserves concernant l'alinéa 5 du préambule qui affirme le droit de tous les Etats de la région de vivre, en paix à l'intérieur des frontières sûres et internationalement reconnues. Ce libellé dans lequel rien n'indique qu'Israël doit se retirer des territoires occupés ne correspond pas au contenu de la résolution 242 du Conseil de sécurité.

Le représentant du Liban a salué l'adoption du projet de résolution qui n'est que l'expression de la volonté internationale de mettre fin aux souffrances des Palestiniens dont les droits ont été spoliés et bafoués par Israël. Israël continue de nier au peuple palestinien le droit de s'établir sur son propre territoire et de réaliser ses droits économiques et sociaux. Le vote du Liban exprime l'appui du peuple libanais au peuple palestinien. En ce qui concerne l'alinéa 4 du préambule, le Liban précise que la partie

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israélienne est la seule responsable de l'impasse dans lequel se trouve le processus de paix. Le représentant a également émis des réserves au sujet de l'alinéa 5 du préambule qui ne reflète qu'un seul aspect de la résolution 242 du Conseil de sécurité sans réitérer la nécessité pour Israël de se retirer de tous les territoires arabes occupés.

Le représentant de la Norvège a appuyé le droit du peuple palestinien à l'autodétermination. Le statut final doit faire l'objet de négociations entre Israël et l'OLP et la Norvège continue à encourager les parties à intensifier les négociations afin de mener à bien les accords intérimaires et d'effectuer des progrès sur le statut final. L'Assemblée doit veiller à ne rien ajouter ni à ne rien enlever à ce que les parties peuvent décider. Ces remarques expliquent l'abstention de la Norvège.

Le représentant de l'Iran a indiqué que sa délégation a voté en faveur du projet de résolution et émis des réserves concernant l'alinéa 5 du préambule qui, selon lui, n'est pas de nature à encourager le plein rétablissement des droits inaliénables du peuple palestiniens.

L'Observateur de la Palestine a remercié tous les Etats qui ont voté en faveur du texte. Elle s'est félicitée également de l'adhésion claire de certains pays qui se sont inscrits sur la liste des coauteurs. La reconnaissance du droit du peuple palestinien à l'autodétermination ne signifie pas que l'on préjuge du résultat du processus de paix. Les négociations de paix ne signifient pas non plus que le peuple palestinien renonce à ses droits inaliénables. Elle a émis l'espoir que ce texte sera adopté à l'unanimité par l'Assemblée générale.

Débat

M. MAWYA O. KHALID (Soudan) a insisté sur la nécessité de traiter tous les droits de l'homme sans sélectivité et sans se concentrer uniquement sur un certain nombre de droits et de pays. Il a rejeté l'utilisation du principe du respect des droits de l'homme comme arme pour régler des différents politiques, ainsi que l'adoption de résolutions visant d'autres Etats. A la veille du 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le représentant a préconisé d'examiner rapidement les mécanismes disponibles en matière de droits de l'homme afin d'utiliser les maigres ressources disponibles pour protéger les droits de l'homme indépendamment des régimes politiques. Il a estimé que la tendance actuelle à adopter des résolutions fondées sur des intérêts politiques crée une atmosphère de confrontation alors qu'il faudrait plutôt encourager la coopération. Il a souligné, en outre, le danger d'établir un lien entre le terrorisme et la religion islamique qui prône la tolérance et estimé que le dialogue est la meilleure façon de protéger et promouvoir les droits de l'homme.

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Il est indispensable de traiter des questions relatives aux droits de l'homme dans les instances internationales, a poursuivi le représentant, mais aussi d'utiliser, au niveau national, tous les moyens sociaux, économiques et institutionnels pour créer une atmosphère favorable aux droits de l'homme. Ainsi, le Soudan a tenu des élections parlementaires et présidentielles début 1996 en présence d'organisations régionales et de représentants de gouvernements arabes et autres qui ont attesté de l'impartialité du scrutin. Le Soudan est décidé à s'acquitter de ses obligations dans le domaine des droits de l'homme, et en particulier en ce qui concerne la protection des enfants et l'élimination de toutes les formes de discrimination, en présentant les rapports à ce titre, a-t-il déclaré.

Le représentant a affirmé que son pays envisageait d'adhérer à d'autres conventions internationales relatives aux droits de l'homme, de collaborer avec le Rapporteur spécial et de donner suite à ses recommandations afin d'améliorer la situation en matière de droits de l'homme, y compris les droits sociaux, économiques et culturels. Le Haut Commissaire doit tenir compte de l'importance de toutes les notions relatives aux droits de l'homme, a-t-il poursuivi. Pour le Soudan, il ne faut pas donner la priorité à certains droits par rapport à d'autres. Or, actuellement, on continue de donner plus d'importance aux droits civils et politiques au détriment des droits économiques, sociaux et culturels. Le représentant a encore rejeté toute utilisation des sanctions économiques comme instrument politique d'un Etat contre un autre. Les sanctions économiques portent atteinte aux droits des civils, notamment leur droit à une vie digne et leur droit au développement. Le Soudan est prêt à collaborer avec les différents mécanismes des Nations Unies ainsi qu'avec les Rapporteurs et Représentants spéciaux et de faciliter leur tâche, a conclu le représentant.

Mme SUADA MOHANE (Yémen) a indiqué que son pays garantissait tous les droits de l'homme. Elle a souligné l'importance d'un lexique commun en ce qui concerne la terminologie relative aux droits de l'homme, malgré la diversité culturelle des pays. La célébration du 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme doit être l'occasion d'une certaine réflexion et une évaluation précise des réalisations en matière des droits de l'homme aux niveaux international et national. A la veille de cet anniversaire, il est étonnant de voir encore des milliers de personnes souffrir, d'une pauvreté absolue et de la guerre, et être dépourvues de la base même d'une vie digne.

Le Yémen a observé que les points de divergence apparus ces derniers jours au cours du débat sur les droits de l'homme concernent une même question, celle d'une hiérarchie entre les droits politiques et civils et les autres droits. Comment avoir une vision claire des droits de l'homme dans les pays en développement qui souffrent de la pauvreté? Comment la communauté internationale peut-elle mettre en application les conventions relatives aux droits de l'homme si elle ignore les besoins fondamentaux de l'homme? Comment

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un homme peut-il être conscient de ses droits fondamentaux lorsqu'il lutte pour son pain, pour se procurer de l'eau? Pour le Yémen, les droits de l'homme sont intimement liés au développement, aux conditions économiques et sanitaires et à la démocratie. Aussi, le Yémen s'efforce-t-il de créer l'atmosphère politique qui permettra aux citoyens d'être conscients de leurs droits. Il s'efforce de jeter les bases solides d'une société démocratique dans laquelle les citoyens puissent jouir de leurs libertés fondamentales. Le Yémen a donc lancé une expérience démocratique, qui a vu lors des dernières élections la nomination de deux femmes. Il s'agit là d'un progrès tangible si l'on tient compte des particularités du pays. La représentante a assuré que la liberté d'expression existait, que le pays comptait de nombreux journaux et plus de 20 partis politiques. Le Gouvernement du Yémen s'efforce, en outre, de renforcer la sécurité et la stabilité économique et politique du pays. La représentante a encore rejeté le principe de deux poids deux mesures et le maintien d'un monopole d'un certain groupe de pays, en matière de droits de l'homme. L'approche sélective va attirer la confrontation et non encourager les progrès.

M. ARIZAL EFFENDI (Indonésie) a estimé que la communauté internationale lorsqu'elle examine la situation des droits de l'homme dans différents pays, doit notamment tenir compte du niveau de développement et des diverses demandes que ces pays doivent satisfaire en dépit de ressources limitées ainsi que des capacités des Etats à initier des changements. Pour que la promotion et la protection des droits de l'homme aient un sens, il importe de résoudre les problèmes que sont la pauvreté, l'ignorance et les blocages qui frappent la plupart de l'humanité. Evaluer ou juger la situation des droits de l'homme seulement à l'aune d'un ou deux critères ne peut que contribuer à s'éloigner des buts et idéaux souhaités. A cet égard, l'Indonésie est encouragée par le fait que le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a annoncé son intention d'accorder une importance équivalente aux droits économiques, sociaux et culturels, y compris au droit au développement et aux droits civils et politiques.

L'Indonésie est encouragée cette année par la reconnaissance et la prise de conscience croissantes au sein de la communauté internationale du fait qu'aucun pays au monde n'a de leçon à donner en matière de droits de l'homme et qu'il n'existe nulle part de respect parfait de ces droits. Elle déplore cependant que certains Etats continuent à commenter la situation des droits de l'homme dans d'autres pays, en passant sous silence leurs propres problèmes. L'Indonésie, qui adhère de bonne foi aux principes inscrits dans la Charte des Nations Unies, est d'avis que la responsabilité de la promotion et de la protection des droits de l'homme au niveau national incombent en premier lieu aux gouvernements eux-mêmes. Elle souhaite favoriser une coopération en ce domaine avec les autres nations et les organes compétents des Nations Unies. Pour sa part, l'Indonésie s'est dotée d'une Commission nationale aux droits de l'homme particulièrement active qui enquête rapidement sur toute accusation de violations et qui continue à renforcer ses activités, grâce notamment à

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l'instauration d'une coopération bilatérale avec d'autres commissions nationales. L'Indonésie continue de déployer des efforts pour mettre en oeuvre les conventions qu'elle a ratifiées, diffuser l'information et améliorer l'éducation en matière de droits de l'homme. L'Indonésie, fort consciente des critiques et préoccupations exprimées concernant des accusations de violations de l'homme sur son territoire, a pris les mesures nécessaires pour traduire en justice les auteurs de ces abus.

M. MOSTAFA ALAEE (Iran) a déclaré que l'approche holistique de la promotion des droits de l'homme, qui est le résultat d'une campagne collective de la communauté internationale, représente un grand accomplissement de l'humanité. Cette approche suggère que les droits de l'homme sont un produit de l'histoire et qu'ils représentent les aspirations de tous les peuples. Partant, les droits de l'homme ne peuvent être le pré carré de personne ni l'héritage d'une culture particulière. Dans ce contexte, les droits de l'homme ne représentent pas un concept abstrait et ils doivent être définis et promus par le biais d'un véritable respect mutuel de la pluralité des croyances, des religions, des traditions, des systèmes de valeurs et des modes de pensée. Parlant de la situation des droits de l'homme dans son pays, le représentant a précisé qu'en ce qui concerne la démocratie, les élections présidentielles du 23 mai 1997 ont été le témoignage de la détermination de l'Iran à mettre en oeuvre les principes islamiques et les normes universelles partagées par toutes les nations. Les élections qui se sont tenues en toute liberté et en toute sécurité, et auxquelles 30 millions d'hommes et de femmes ont pris part, ont été une manifestation claire de la participation du peuple iranien à l'orientation de son destin.

A propos de la liberté d'expression, le représentant a expliqué que le nouveau gouvernement, tout en soulignant l'inviolabilité de la liberté d'expression dans les limites de la loi, oeuvre à promouvoir la créativité politique, culturel et social des individus. Il a pris des mesures pour encourager le développement des médias et leur diversité. En ce qui concerne les femmes, le représentant a souligné que la participation active, enthousiaste, et importante des femmes dans la famille et la société a trouvé sa plus forte expression dans sa participation déterminante aux récentes élections présidentielles.

Depuis de nombreuses années, l'Iran fait face à des résolutions politiquement motivées dont les objectifs principaux sont d'utiliser les droits de l'homme à des fins politiques. Depuis toutes ces années, l'Iran essaye de faire comprendre que ce n'est qu'à travers la coopération et le dialogue et non la confrontation et la pression, qui du reste se sont révélées inutiles, que l'on peut contribuer à la réalisation d'une coexistence pacifique entre les pays de différentes cultures et ainsi à une véritable protection des droits de l'homme. L'Iran a, à plusieurs reprises, manifesté en vain sa volonté de travailler avec les coauteurs des résolutions pour parvenir à un accord dans l'intérêt des droits de l'homme objectifs et de leur

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véritable promotion. Il est impératif de procéder à un examen analytique et à une sérieuse évaluation des résultats de cette longue confontration. L'analyse iranienne montre qu'en insistant sur leur attitude biaisée, certains pays font plus de mal que de bien au débat international sur les droits de l'homme.

M. DIONYSSIOS KODELLAS (Grèce), évoquant la situation à Chypre, n'a pas voulu énumérer la longue liste des violations et des atrocités de toutes sortes, commises méthodiquement par les forces armées turques au cours de 23 ans de présence illégale dans l'île. Cette présence vise à consolider l'objectif initial et final, à savoir la division permanente de l'île par le nettoyage ethnique de la partie occupée. Pour parvenir à cet objectif, la Turquie met en oeuvre une politique à long terme de colonisation des territoires occupés de Chypre en vue de modifier le caractère démographique de l'île, en tuant, par des déplacements forcés des personnes, par la séparation des familles et l'installation de milliers de Turcs du continent, amenés illégalement à Chypre. L'attitude de la Turquie demeure méprisante face aux appels répétés de la communauté internationale qui lui demande instamment de se conformer tant au niveau international que national à ce que la majorité des Etats Membres des Nations Unies considère comme le moins qu'on puisse attendre en matière de droits de l'homme. En outre, dans le cas de Chypre, la Turquie a défié avec provocation de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, une attitude encouragée par le fait que jusqu'à présent elle est restée impunie pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les droits de l'homme.

Le représentant a estimé que les Nations Unies ne pouvaient plus "se croiser les bras" face à la situation déplorable des droits de l'homme à Chypre et à la provocation de la Turquie en ce qui concerne les résolutions appelant à un retrait de ses troupes et de ses colons à Chypre, en tant que première mesure en vue du rétablissement du respect des droits de l'homme dans l'île. Continuer à tolérer une telle attitude c'est envoyer des signaux contradictoires non seulement à la Turquie mais aussi à tous ceux qui commettent des violations des droits de l'homme.

Droits de réponse

Le représentant de l'Algérie répondant aux propos tenus par la Norvège, a rappelé que son pays fait face à une campagne terroriste d'une violence inouïe à laquelle les forces de sécurité et le peuple, qui a rejeté le terrorisme, s'oppose avec courage et détermination. La référence à la prétendue passivité des forces de sécurité est inacceptable en ce qu'elle est une accusation grave et qu'elle prend pour argent comptant les allégations d'une certaine ONG connue pour sa partialité, son parti pris politique, son manque de professionnalisme, son penchant pour l'insulte, et sa méconnaissance des pays sur lesquels elle prétend disserter avec une insoutenable irresponsabilité. Les forces de sécurité n'ont jamais failli à leur mission

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et poursuivront l'oeuvre de salut public qu'elle mènent dans l'intérêt de la paix et de la stabilité de la région. Quant à l'invitation au dialogue, le représentant a rappelé que le processus d'institutions pluralistes démocratiquement élues est arrivé à son terme. Une assemblée nationale pluraliste existe qui reprend tous les partis politiques, y compris une centaine de députés se réclamant du courant islamiste. Le dialogue ne peut concerner les égorgeurs et les violeurs que cette ONG persiste à considérer comme des groupes d'opposition armé qui mériterait d'être réhabilités et traités comme des interlocuteurs honorables et crédibles. En ce qui concerne la liberté de la presse, le représentant a rappelé que des journalistes étrangers continuent de couvrir la situation dans son pays. En outre, l'Algérie n'a jamais créé d'obstacles aux activités des ONG. Il faut cesser l'amalgame et de montrer du doigt des pays qui se sont engagés dans une entreprise de démocratisation qu'il mènent dans des conditions les plus difficiles en faisant face au péril terroriste.

Le représentant d'Israël a souligné qu'aujourd'hui 99% des Palestiniens vivant à Gaza et en Cisjordanie vivent sous autorité palestinienne et non pas israélienne. Si les violations des droits de l'homme se poursuivent il faut chercher le véritable responsable. Israël a proposé en vain à l'Autorité palestinienne des mécanismes pour la protection des droits de l'homme, les dirigeants palestiniens ne s'intéressant qu'à leur ordre du jour et pas à la promotion des droits de l'homme. Israël demande aux Palestiniens de prendre des mesures contre le terrorisme et d'arrêter les terroristes en confisquant les armes illégales et en s'opposant à l'incitation à la violence. Si l'Autorité palestinienne avait assumé ses responsabilités, Israël n'aurait pas à chercher un équilibre difficile entre la liberté de mouvement des Palestiniens et la protection des civils contre les attentats à la bombe. Israël lance un appel aux Palestiniens pour qu'ils retournent à la table des négociations.

Le représentant de l'Iraq, répondant au Canada, a déclaré que les allégations de violations des droits de l'homme citées par le représentant canadien rappellent curieusement celles du Représentant spécial. Le représentant du Canada aurait dû vérifier ses renseignements. Sa position repose sur des slogans hostiles qu'il s'est contenté de répéter dans le cadre d'une campagne politique bien éloignée des droits de l'homme. Si le Canada s'intéresse aux droits de l'homme en Iraq, l'Iraq est disposé à le rassurer en lui affirmant que les droits de l'homme sont exercés librement en Iraq en dépit du maintien des sanctions. La situation s'améliorera lorsque les Etats et les gouvernements, dont le Canada, cesseront de lancer des fausses assertions contre l'Iraq et de s'ingérer dans ses affaires intérieures.

La représentante du Soudan, répondant à la déclaration du représentant du Canada, a estimé que le représentant du Canada, dans sa déclaration, n'avait pas établi de distinction entre les efforts du gouvernement dans la promotion et le respect des droits de l'homme et les violations commises par

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la seule faction rebelle qui continue la guerre dans le sud du pays. Elle a renvoyé au rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan qui fait état de ces efforts. Plutôt que de s'inquiéter de rapports non fondés, le Gouvernement canadien ferait mieux de répondre à la main que lui tend le Gouvernement soudanais en fournissant une assistance et des conseils techniques qui permettraitaient au Gouvernement soudanais de poursuivre ses efforts visant à la promotion et la protection des droits de l'homme. Le gouvernement a signé un accord de paix avec toutes les factions, sauf une. Des négociations sérieuses ont été engagées avec cette faction rebelle au début de ce mois et le Gouvernement soudanais a l'intention de poursuivre ses efforts en vue de la résolution pacifique du conflit.

Le représentant de la Turquie a déploré le fait que le représentant de la Grèce ne prenne la parole qu'une fois et en dernier lieu dans le débat pour répéter les mêmes accusations. Ces accusations qui ont reçu la réponse qu'elles méritent de la part du représentant de la "République turque de Chypre. Il a rappelé que la division de Chypre avait eu lieu il y a 34 ans, lorsque la population grecque encouragée par le Gouvernement grec avait lancé une campagne visant à détruire la population turque. Cette situation avait obligé la Turquie à participer aux hostilités, une intervention que le gouvernement turc sait tout à fait légale et justifiée. Si les forces grecques n'avaient pas été déployées dans l'île, le sort de la population turque aurait été le même que celui des Bosniaques. La Turquie protège les droits de la population turque. La Grèce est devenue maître dans l'art de la diffamation et trompe l'opinion publique internationale, a-t-il déclaré.

Le représentant de Chypre a affirmé, pour sa part, qu'on ne pouvait accepter comme légitime le fait accompli créé par le recours à la force et maintenu par les militaires, en violation flagrante du droit international et des résolutions des Nations Unies. Il a rappelé que la Cour européenne des droits de l'homme avait établi les responsabilités de la Turquie . Sans l'invasion de l'île, il n'y aurait pas de partage et sans la présence turque pas de violation des droits de l'homme. La situation actuelle a été établie par le recours à la force et le statu quo est maintenu par des moyens militaires. Mon gouvernement tient pour responsables ceux qui continuent de violer les droits de l'homme et refusent de se plier aux engagements librement consentis. Le Gouvernement chypriote a montré sa volonté de trouver une solution durable qui préserverait les droits des populations grecque et turque de l'île. Mais la partie turque n'a pas montré qu'elle était prête à changer ses politiques intransigeantes.

Le représentant de la Grèce a estimé qu'il s'agissait à nouveau de la part de la Turquie d'accusations non fondées et fabriquées de toutes pièces. Il a reproché au représentant turc de ne pas avoir mentionné les résolutions condamnant la Turquie pour ce qui s'est passé à Chypre. La délégation turque parle avec beaucoup de talent de l'élargissement des droits de l'homme et des

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libertés fondamentales à Chypre mais quand il s'agit de faits, je ne vois rien de concret, a-t-il déclaré. On ne peut parler de la théorie. Il faut citer des faits qui existent et ce n'est ni la délégation grec ni chypriote qui en parlent mais les Nations Unies et les autres organismes internationaux. Il n'existe aucune organisation de protection des droits de l'homme qui n'ait pas condamné la Turquie pour des violations des droits de l'homme. Le fait que le représentant refuse de répondre au représentant de Chypre est encore un signe de son manque de respect de la communauté internationale. Seule la Turquie reconnaît les autorités installées dans le nord de l'île.

Le représentant de la Turquie, affirmant qu'il répondait au représentant de la Grèce uniquement, a indiqué que son pays tenait les Chypriotes grecs pour responsables de la situation déplorable dans l'île depuis 1964. Les allégations contre la Turquie ont été à maintes reprises dénoncées comme étant fausses. Chypre répondra par écrit à la Grèce, a-t-il indiqué.

Le représentant de Chypre a répondu que la mention du prétendu représentant turc chypriote constituait un abus de la patience et de la légitimité de cette assemblée. Il n'existe qu'une seule République de Chypre et son représentant occupe ce siège, a-t-il affirmé.

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