TROISIEME COMMISSION : LA REDUCTION DE LA DEMANDE ET LES PROGRAMMES ALTERNATIFS DE DEVELOPPEMENT DOIVENT ETRE AU CENTRE DE LA LUTTE ANTI DROGUE
Communiqué de Presse
AG/SHC/315
TROISIEME COMMISSION : LA REDUCTION DE LA DEMANDE ET LES PROGRAMMES ALTERNATIFS DE DEVELOPPEMENT DOIVENT ETRE AU CENTRE DE LA LUTTE ANTI DROGUE
19971028 La Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) a poursuivi ce matin son débat sur la prévention du crime et la justice pénale ainsi que sur le contrôle international des drogues.Au cours de ce débat, plusieurs délégations se sont donc félicitées que l'une des tâches de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la lutte contre la drogue, qui doit se dérouler en juin 1998, soit l'élaboration d'une déclaration sur les principes directeurs de la réduction de la demande. Elles ont souligné, à cet égard, l'importance de la participation de la société civile, en général, et des ONG, en particulier. Les délégations ont également mis l'accent sur le fait que la pauvreté et la marginalisation sont des facteurs aggravants du phénomène de la drogue. Elles ont souhaité que l'on renforce les encouragements au remplacement de cultures illicites et que la coopération internationale en matière de lutte contre la drogue soit également orientée vers les programmes de développement socio-économique des zones touchées par le problème de la drogue.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Egypte, Slovakia, Honduras (au nom des pays de l'Amérique centrale), Ghana, Roumanie, République arabe syrienne, Algérie, Inde, Kazakhstan, Bolivie, Lettonie, Malaisie, Pakistan, Philippines et Colombie.
La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures. Outre la poursuite de son débat, elle devrait se prononcer sur une série de projets de résolution relatifs au développement social.
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Suite du débat général
M. YEHIA ODA (Egypte) a déclaré que son pays est partie à toutes les organisations internationales, régionales et locales qui traitent de promouvoir la prévention du crime et de la justice pénale. Le motif en est que l'Egypte est consciente de la nécessité de coordonner les efforts afin de faire face au phénomène de la criminalité internationale dont le terrorisme, les crimes économiques, les crimes transnationaux et le crime organisé. A cet égard, l'Egypte appelle la communauté internationale à mettre en oeuvre les conclusions de la Réunion du Caire de 1995 et le Plan d'action de Naples de façon à tirer partie de l'élan pris. Le moment est venu de mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. La prévention du crime et la justice pénale exigent une plus grande coordination au niveau international de façon à assurer la plus grande efficacité et la plus grande transparence possible.
A cet égard, le rôle des Nations Unies est louable et l'Egypte appelle tous les pays à mobiliser les ressources financières pour garantir le succès des activités du PNUCID et des autres fonds des Nations Unies travaillant à la prévention du crime et à la justice pénale. Le représentant a conclu en saluant les efforts de l'Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. La détérioration de sa situation financière demeure préoccupante, a-t-il ajouté, tant il est vrai qu'elle menace une poursuite efficace des activités. L'Egypte appelle donc les membres de l'Institut à payer leurs contributions et les donateurs à contribuer au financement de cette instance.
Mme DANIELA ROZGONOVA (Slovaquie) a estimé qu'une approche active de la part de tous les Etats Membres, soutenue par une importante campagne médiatique nationale et internationale et une participation au plus haut niveau à la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée aux questions relatives à la drogue, garantirait le succès de la mise en oeuvre des résultats de cette session ainsi qu'un large support international.
En Slovaquie, la toxicomanie est un problème grave puisque de pays de transit, la Slovaquie est devenue un pays de consommateurs. Dernièrement, on a noté une augmentation rapide de la consommation de drogues dures, héroïne et cocaïne, qui se répand dans tout le pays. La Slovaquie s'efforce actuellement d'harmoniser sa législation nationale avec les normes internationales pertinentes. Le Comité ministériel pour la toxicomanie et le contrôle des drogues créé en 1995 est l'organe principal de coordination des activités nationales et internationales de lutte contre les drogues. Le gouvernement a également créé une branche anti drogue chargée de lutter contre les activités connexes au trafic de drogue. Le Programme national de lutte contre les drogues adopté en 1995 comprend un large éventail de mesures portant sur tous les aspects importants d'une prévention efficace et de la lutte contre la toxicomanie et représente la plate-forme législative la plus importante pour la coordination des politiques dans ce domaine, a-t-elle indiqué.
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La Slovaquie est favorable à l'adoption d'un plan d'action contre la production illicite, le trafic et la consommation de stimulants de type amphétamine et leurs précurseurs. La propagation alarmante de ces drogues modernes, en particulier parmi la jeunesse, soutenue par un accès facile à l'information sur la production de ces substances sur l'Internet, représente une nouvelle menace face à laquelle la communauté internationale doit être vigilante. Depuis l'adoption de la Convention des Nations Unies sur les substances psychotropes en 1988, le nombre de substances synthétiques qui peuvent être utilisées dans la production de drogues a augmenté de 500%. Il faut coopérer au niveau international afin de mettre à jour les listes de précurseurs, a-t-elle souligné. Pour sa part, le Ministère slovaque de l'économie a soumis au gouvernement une proposition de loi sur les précurseurs qui contribueraient à une poursuite plus stricte du trafic de ces substances. Son adoption et sa mise en oeuvre sont prévues pour 1998.
La Slovaquie est, en outre, en train d'incorporer dans sa législation nationale tous les documents et recommandations juridiques internationaux concernant la lutte contre le blanchiment de l'argent, en particulier l'argent provenant du trafic de drogue. La mondialisation de l'économie et l'utilisation de fonds illicites pour corrompre les institutions nationales anti drogue rend difficile une surveillance efficace des mouvements de fonds illégaux. C'est pourquoi, il est impératif de réaliser une coopération efficace dans la surveillance des transactions financières internationales, a-t-elle estimé.
M. GERARDO MARTINEZ BLANCO (Honduras), au nom des pays de l'Amérique centrale, a indiqué que, compte tenu de sa situation géographique, la région n'a pu rester à l'abri du problème de la drogue qui menace toutes les couches de la société. Les pays de la région se sont donc notamment employés à promulguer des dispositions législatives définissant les délits liés aux drogues et les sanctions, à ratifier les instruments internationaux ou encore à organiser des campagnes d'information. Il convient de signaler que le 11 juillet dernier, les gouvernements de la région ont souscrit à la Convention centraméricaine pour la prévention et la répression du délit de blanchiment de l'argent qui fait référence des principaux instruments juridiques internationaux. Les pays de la région ont donc effectué un nouveau pas dans le domaine juridique et espèrent que l'application de cet instrument contribuera à renforcer la lutte contre le trafic de drogues et le blanchiment de l'argent.
La lutte contre la drogue exige une démarche intégrée et une action multilatérale fondée sur la coopération internationale. A cet égard, les pays de la région estiment que la convocation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la lutte contre la drogue revêt une grande importance. Ils espèrent qu'il y naîtra des initiatives qui concourront à trouver une solution multilatérale au problème de la drogue.
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M. JACK WILMOT (Ghana) a indiqué que son pays avait créé un Bureau national contre les fraudes importantes qui est chargé de traiter tous les crimes économiques majeurs comme le blanchiment de l'argent et la fraude boursière. Le succès de cet effort dépendra en grande partie de la manière dont le Bureau des Nations Unies pour la prévention du crime et le contrôle international des drogues réussira à développer un mécanisme d'échange des informations et de l'établissement d'instruments juridiques internationaux pour lutter contre ces transactions et autoriser la saisie des biens des coupables. Au niveau sous-régional, le Ghana a établi une coopération avec le Nigéria, le Togo et le Bénin dans la prévention de l'exportation et du transit de drogues à travers les territoires respectifs. Le représentant a déploré le fait que l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants soit privé des ressources financières nécessaires pour pouvoir contribuer de manière significative aux activités anti crime sur le continent africain. A cet égard, il a demandé que des fonds adéquats soient fournis à l'Institut dans le cadre du budget-programme des Nations Unies et d'autres ressources extra budgétaires.
Il s'est félicité du renforcement de la capacité du Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale à fournir une assistance technique. Tout en remerciant les donateurs, il a estimé que beaucoup restait à faire et a appelé à un élargissement de la base des donateurs afin d'aider le Programme à formuler, coordonner et mettre en oeuvre ses projets d'assistance technique. Il a indiqué, par ailleurs, que le Ghana avait adopté des lois visant à confisquer les biens liés au trafic illicite de drogues. Un Conseil pour le contrôle des narcotiques est, en outre, chargé de coordonner le Programme national anti drogue. L'accent est mis sur les mesures préventives, y compris des programmes d'éducation en faveur de la population en général, mais surtout en faveur des jeunes qui sont considérés comme particulièrement vulnérables. Le Département des affaires sociales, les organisations non-gouvernementales, les Eglises et les organisations d'étudiants se sont tous impliqués dans des campagnes périodiques de sensibilisation aux dangers et risques liés à la drogue, a-t-il déclaré.
Mme VICTORIA SANDRA (Roumanie), soulignant que la criminalité transnationale organisée est une grave menace pour la sécurité, pour la stabilité économique et sociale et pour les institutions démocratiques des Etats, s'est félicitée de l'initiative du Secrétaire général de créer un nouveau centre pour le contrôle des drogues et la prévention de la criminalité qui permettra de renforcer les moyens et de faire converger les efforts pour s'attaquer aux deux problèmes tout en préservant l'identité spécifique du PNUCID comme du Centre pour la prévention de la criminalité internationale. La représentante a également appuyé le renforcement des activités opérationnelles du PNUCID et a souhaité qu'une base financière adéquate soit assurée à ce Programme. A son avis, il faut encourager la coopération du Centre de Vienne avec les autres institutions et organes pertinents du système.
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La Roumanie s'est attachée à renforcer sa législation, à mettre en place des mécanismes de prévention et à développer un système pénal à "visage humain". Un Consul interministériel pour la prévention du crime et la lutte contre la criminalité a été créé en 1995. Parmi les priorités retenues par son gouvernement, la représentante a cité: la formation des agents chargés de l'application des lois; la promotion d'un partenariat entre la police et la communauté et l'élaboration de programmes d'éducation en coopération les ONG.
M. AHMAD AL-HARIRI (République arabe syrienne), expliquant que son pays suit de près les activités du PNUCID, a souligné la nécessité pour la communauté internationale de respecter l'objectif essentiel du Programme qui est d'apporter une aide pratique aux pays en matière de lutte contre la drogue. La Syrie est membre et partie de la plupart des instruments internationaux visant la prévention du crime. Elle a conclu des accords dans le domaine de l'extradition des criminels et participé à l'élaboration d'instruments juridiques visant à traiter des questions telles que le blanchiment de l'argent. La Syrie rejette et condamne le terrorisme perpétré à des fins criminelles et ne permet à personne de l'exercer à partir de son territoire. Il s'agit d'une position de principe qui a été défendue et réitérée à maintes reprises. La Syrie ne défend toutefois pas la même position lorsqu'il s'agit de violence visant à mettre fin à une occupation. Pour la Syrie, le crime d'occupation est le terrorisme même et il faut le considérer comme la source de tous les crimes. Sur le plan de la lutte contre la drogue, la Syrie a récemment affiné sa loi contre l'utilisation illicite des stupéfiants. Elle continuera à adhérer à tous les instruments internationaux futurs de lutte contre la drogue.
Les instances du gouvernement participent à la coopération régionale et la Syrie est à l'origine de nombre d'informations qui ont permis la confiscation de grandes quantités de drogues au cours des années passées. La Syrie est liée par des accords bilatéraux avec des pays comme l'Arabie saoudite, la Jordanie ou le Liban en ce qui concerne l'échange d'informations en matière de trafic de drogues. La Syrie appuie toute forme de coopération fondée sur les principes de la souveraineté des Etats, de la responsabilité partagée et de la non-ingérence dans les affaires internes des Etats. Toute évaluation de la situation d'un pays faite unilatéralement est une appréciation nulle et non avenue. Toute mesure unilatérale est de nature à entraver et obstruer les relations internationales. De l'avis de la Syrie, la tenue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale doit être l'occasion nouvelle de conjuguer les efforts internationaux dans la lutte contre la drogue.
Mme AMINA Z. MESDOUA (Algérie) a déclaré que les Nations Unies constituent par leur universalité, le cadre le plus approprié pour prendre en charge dans leur diversité et leur complexité, les multiples défis posés à l'heure actuelle par le problème des drogues et assurer la coordination de toutes les actions visant à l'éradication de ce phénomène. Elle a noté que si les moyens du PNUCID ont été substantiellement renforcés, il reste que le
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développement de ses activités, financés par le biais de contributions volontaires, dépend en définitive de l'engagement concret que la communauté internationale voudra effectivement consentir. Aussi, de nouvelles ressources sont-elles à mobiliser nécessairement en vue de renforcer les moyens d'actions du PNUCID et partant sa capacité à répondre positivement aux préoccupations légitimes des Etats.
De part la position géographique qu'elle occupe, l'Algérie est devenue un lieu privilégié du transit de la drogue vers l'Europe avec toutes les conséquences que cet état de fait engendre pour un pays aux frontières étendues sur le territoire duquel vit une population jeune particulièrement nombreuse et exposée aux effets néfastes de la drogue. C'est pourquoi, les autorités algériennes ont inscrit leur action dans le cadre d'une stratégie liant les mesures de répression et de contrôle du trafic illicite à la prévention. Une Commission nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie a été installée; un Plan directeur national a été élaboré et mis en oeuvre avec l'ensemble des structures de l'Etat et des ONG ont été mises en place. D'autre part, il est prévu la création d'une structure gouvernementale permanente de coordination, de suivi et d'impulsion sur cette question. Néanmoins, les seuls efforts nationaux demeurent bien insuffisants pour endiguer un fléau qui ignore de plus en plus les frontières. Aussi, l'Algérie, avec certains de ses voisins et les pays du nord de la Méditerranée, a-t-elle mis en place dans le cadre d'accords bilatéraux, des mécanismes de coopération de concertation et d'échanges d'informations. Par ailleurs, l'Algérie participe activement, au plan régional et international, à la coordination au sein de "l'Honlea Afrique" et d'autres cadres arabes et internationaux.
L'Algérie, tout en se félicitant que la lutte contre le terrorisme figure parmi les nouvelles tâches confiées à la division de la prévention du crime, voudrait réitérer son attachement à l'importance qu'il accorde à la coopération dans ce domaine pour faire face à ce fléau dévastateur. L'Algérie est d'avis que les moyens tant financiers qu'humains devraient être dégagés et alloués à la division pour lui permettre de faire face à l'élargissement de son mandat. C'est à ce prix et seulement à ce prix que les missions nouvelles, qui lui sont assignées, peuvent être convenablement remplies.
M. ALADI P. RAJ KUMAR (Inde) a affirmé que le lien étroit entre les narcotiques, le trafic d'armes et le terrorisme est aujourd'hui clairement établi. Le narcoterrorisme est le phénomène pernicieux du terrorisme qui se nourrit du trafic illicite des narcotiques et des substances psychotropes. La menace de la drogue étant un problème transnational, les Nations Unies demeurent l'endroit approprié pour traiter de la question et coordonner la coopération internationale dans ce domaine. C'est pourquoi, l'Inde espère que la convocation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la lutte contre la drogue fera naître l'engagement international et l'élan nécessaires pour combattre cette menace. L'Inde se félicite que l'un des
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objets de la session soit l'élaboration d'une déclaration sur les principes directeurs de la réduction de la demande. Elle estime qu'en cette matière il convient d'assurer une participation plus avant de la société civile, des ONG aux milieux d'affaires, y compris les associations sportives, de parents d'élèves et les établissements d'éducation. Une analyse du fonctionnement des ONG dans les sociétés en développement devrait aider le PNUCID à renforcer ses programmes dans ces pays. Elle mettra également en évidence la nécessité d'aider ces pays à améliorer la surveillance opérée par leurs médias, leurs activités d'information, la formation spécialisée, leurs services de santé et leurs programmes de réhabilitation et de réintégration.
La pauvreté et la marginalisation étant des facteurs aggravants, le PNUCID doit non seulement poursuivre ses activités de développement alternatif mais la coopération internationale doit également être orientée vers les programmes de développement socio-économique dans les zones affectées par le problème de la drogue. Les problèmes que rencontrent l'Inde en la matière sont principalement ceux d'un pays en transit en raison de la proximité avec les deux importants producteurs d'opium. La drogue provient des régions du Croissant d'or et du Triangle d'or et passe par l'Inde principalement en direction de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Outre les mesures législatives prises par l'Inde, le pays a enregistré un certain succès dans la signature de traités d'extradition et d'assistance mutuelle avec neuf pays dont le Myanmar, le Pakistan, l'Afghanistan et les Emirats arabes unis. D'autres négociations sont en cours. Les politiques de l'Inde mettant l'accent sur la formation des agents chargés de l'application des lois, au cours des dix dernières années plus de 8000 officiers ont été formés en Inde tandis que près d'une centaine d'autres ont bénéficié d'une formation à l'étranger avec l'assistance du PNUCID.
Mme ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a souligné la nécessité d'agir de concert dans la lutte contre le crime et contre la drogue. A cet égard, les Nations Unies sont appelées à jouer une rôle particulier dans la coordination des efforts. La représentante a appelé à des efforts supplémentaires de la part de la communauté internationale, au renforcement de la coordination entre les organes des Nations Unies, à l'augmentation des ressources financières allouées aux organes et programmes de lutte contre la criminalité et contre les stupéfiants, et au renforcement de la participation des institutions financières internationales.
Au niveau régional, elle s'est félicitée des programmes menés en Asie centrale dans le domaine de la lutte contre la drogue. Pour des raisons économiques évidentes, ces pays ont besoin d'un soutien financier international, a-t-elle déclaré. Elle a mentionné le lancement d'une stratégie régionale de lutte contre les stupéfiants qui a notamment permis de renforcer la coopération entre les pays de la région, en particulier en ce qui concerne le contrôle aux frontières, ainsi que la tenue d'un séminaire sur le crime transnational organisé et le trafic des stupéfiants. La représentante a remercié les responsables de la Commission pour la prévention du crime et la
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justice pénale de l'envoi d'une mission au Kazakhstan afin d'évaluer les structures nationales de la lutte contre la criminalité qui, a-t-elle déclaré, a permis d'améliorer les capacités du pays. Plusieurs mesures ont déjà été prises pour aligner la législation nationale avec les conventions internationales pertinentes. A cet effet, le gouvernement a adopté un programme d'action visant à lutter contre la consommation et le trafic des stupéfiants dont les objectifs principaux sont d'enrayer la croissance de la consommation illicite de stupéfiants et de réduire le trafic. Plus d'une trentaine d'accords bilatéraux ont également été conclus dans ce cadre.
M. MARCO ANTONIO VIDAURRE (Bolivie) a déclaré que l'aggravation constante du problème de la drogue, qui est lié au trafic d'armes, de personnes ou de biens, menace et remet en question les institutions politiques et économiques des sociétés en même temps qu'elle en détruit le tissu social. L'ampleur du trafic de la drogue montre la nécessité d'une réponse commune qui doit se fonder sur les législations nationales et les conventions internationales. Outre les efforts nationaux, il convient de renforcer la coopération internationale et multiplier les ressources permettant de renforcer la coopération technique. Il faut renforcer la politique mondiale contre le trafic des drogues et à cet égard, la Bolivie appuie fermement les objectifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale. En juin prochain en effet, les Etats Membres auront l'occasion de renforcer leur stratégie de lutte.
La communauté internationale reconnaît les efforts de la Bolivie en la matière. Ils ont visé à détruire des laboratoires, saisir d'importantes quantités de drogues, analyser les phénomènes de blanchiment de l'argent et éradiquer la production. La Bolivie a lancé un dialogue entre tous les secteurs de la société pour renforcer la lutte contre le trafic de drogues tant il est vrai que c'est une tâche qui ne concerne pas seulement le gouvernement et les trafiquants. Cette consultation constituera la base du programme de lutte contre la drogue qui doit être défini pour une période de cinq ans. L'objectif sera notamment d'institutionnaliser les actions positives en matière de cultures alternatives, de renforcer le contrôle aux frontières, de lutter contre le blanchiment de l'argent et de sensibiliser la société. Le succès de cette lutte exige l'élaboration d'une stratégie commune et l'ampleur du phénomène fait que la lutte ne sera efficace que si tous et surtout les pays riches s'engagent fermement dans cette lutte.
M. MARTINS PAVELSONS (Lettonie) a estimé que la coopération régionale et sous-regionale constituait la meilleure façon de lutter de manière efficace contre le trafic de drogue et de substances psychotropes. Il a souligné la coopération entre les trois Etats baltes sur cette question et a évoqué, à cet égard, la réunion des ministres de l'intérieur qui s'est tenue à Tallin en mai dernier et qui a débouché sur un accord portant sur la création d'un Groupe de coordination pour la lutte contre le trafic et la dissémination des stupéfiants. Il a également mentionné la conférence des trois Etats baltes
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sur le blanchiment de l'argent lors de laquelle a été signée la Déclaration de Riga qui prévoit une assistance mutuelle en la matière.
Le transit de drogues illicites par la Lettonie a considérablement augmenté au cours des cinq dernières années. Les drogues naturelles comme le cannabis, l'opium et la cocaïne se déplacent des pays d'Europe de l'Est vers l'Ouest alors que les drogues synthétiques comme les amphétamines circulent de l'Ouest vers l'Est. Certaines substances phospho-organiques qui sont des hallucinogènes, sont facilement disponibles dans les entrepôts de l'ancienne armée soviétique. Ces substances, utilisées à l'origine pour la protection contre les radiations, sont aujourd'hui utilisées par les consommateurs de drogue. Il existe, en outre, en Lettonie et dans de nombreux pays d'Europe de l'Est des laboratoires pharmaceutiques qui ne travaillent pas à leur pleine capacité et ont donc la capacité de produire des stupéfiants et de les détourner vers les marchés illicites.
La Lettonie s'inquiète particulièrement de la consommation de drogues par les jeunes de moins de 18 ans. Selon une enquête menée dans les écoles de la capitale, près de 80% des lycéens ont déjà au moins une fois fait l'expérience de la drogue. Comme dans d'autres pays, il y a eu en Lettonie un débat sur la légalisation des drogues douces, l'argument étant que la libéralisation aurait un effet économique positif. La Lettonie estime toutefois que tous les types de drogues provoquent une dépendance et que la classification entre drogues douces et drogues dures n'est pas opportune.
Depuis la fin de 1993, la Lettonie a commencé à harmoniser sa législation avec les conventions pertinentes des Nations Unies et a, en outre, adopté une législation sur les précurseurs. Le Bureau lettonien de lutte contre les stupéfiants a amélioré son fonctionnement au cours des dernières années, grâce notamment à l'aide du PNUCID qui a participé à la formation du personnel et a fourni une assistance technique ainsi qu'une expertise. Le gouvernement s'efforce d'adopter une stratégie de contrôle national des drogues qui permettrait non seulement de définir les objectifs prioritaires du contrôle des drogues mais aussi d'améliorer la coordination entre les différents ministères concernés, a-t-il affirmé.
M. DATO ABDULLAH AHMAD (Malaisie) a indiqué que les efforts de son pays en matière de prévention du crime et de justice pénale sont entravés par plusieurs facteurs. Il a cité notamment le retard apporté aux requêtes d'Interpol et des autres pays, la diversité des législations et les différences dans l'interprétation de la notion du crime, la chaîne des preuves dispersées dans différents pays rendant difficiles les enquêtes et enfin la difficulté de faire comparaître des témoins étrangers devant les tribunaux malaisiens. En outre, les processus d'extradition sont complexes, prennent du temps et se limitent aux pays avec lesquels la Malaisie a signé des accords bilatéraux. En ce qui concerne le contrôle international des drogues, le
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représentant a jugé que la réduction de la demande joue un rôle important dans la lutte contre l'abus des drogues et le trafic illicite. Pour accroître l'efficacité des mesures prises en ce sens, l'engagement et la coopération des gouvernements, des ONG et du secteur privé sont nécessaires à l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes de développement alternatifs viables.
Au niveau national, la réduction de la demande dépend du caractère obligatoire des traitements aux toxicomanes et des programmes de réhabilitation. Le PNUCID a, à cet égard, un rôle à jouer dans la fourniture de l'assistance technique. Citant certaines dispositions législatives que son pays a adoptées, le représentant a, par ailleurs, indiqué qu'en septembre dernier, l'Association nationale pour la prévention des drogues a accueilli la troisième Conférence internationale du secteur privé sur les drogues dans les lieux de travail et la communauté, en association avec le PNUCID et l'Organisation internationale du travail (OIT). La Malaisie accueillera également, au cours du mois prochain, la vingt-deuxième réunion des Chefs d'agences nationales de lutte contre la drogue des pays de l'Asie et du Pacifique organisée par le PNUCID. La réunion se concentrera notamment sur la fabrication et le trafic des substances psychotropes et les mesures législatives. Concluant sur la tenue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, le représentant a espéré qu'elle constituera l'occasion de définir de nouvelles stratégies pour éliminer les cultures illicites et d'effectuer d'autres progrès dans la promotion de programmes de développement alternatifs et de réduction de la demande.
M. CH. MOHAMMED BERJEES TAHIR (Pakistan) a déclaré que la réduction de la demande était un objectif prioritaire dans la lutte contre la drogue. Les ONG et les autres acteurs de la société civile peuvent jouer un rôle clef pour arriver à cet objectif. Les Stratégies nationales de contrôle des drogues devraient, en outre, être fondées sur les principes de la responsabilité partagée et collective, a-t-il souligné. Il y a un lien très net entre la toxicomanie et la pauvreté dans certaines circonstances. La pauvreté incite certains à succomber aux drogues pour s'échapper de la réalité et rend, par ailleurs, les personnes plus susceptibles de se livrer à la culture illicite et au trafic de drogue. C'est pourquoi, il est impératif de faire de la réduction de la pauvreté une priorité dans le cadre des efforts globaux de lutte contre les stupéfiants. Le développement de cultures de substitution devrait permettre de réduire à la fois la pauvreté et les cultures illicites. A cet égard, le représentant a préconisé l'adoption d'initiatives multi- sectorielles, comprenant outre le développement de cultures de remplacement, le renforcement des services aux paysans, l'amélioration des services sociaux, éducatifs et de santé, l'aide financière aux agriculteurs et la création d'unités industrielles offrant des emplois aux personnes vivant dans les régions de cultures illicites.
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Le problème de la drogue au Pakistan a un lien direct avec l'évolution géopolitique de la région à la suite de l'invasion soviétique de l'Afghanistan, a-t-il déclaré. Jusqu'à cette date, la société était quasiment exempte de drogue. Mais, depuis 1979, le problème affecte tous les groupes d'âge dans toutes les régions du pays. Le Pakistan a pris des mesures pour éliminer la production du chanvre et du pavot à opium, éliminer le trafic de drogue et traiter et réhabiliter les toxicomanes. Un mécanisme énergique a été mis en place pour surveiller l'interdiction des cultures illicites. Ainsi, entre 1980 et 1997, la production d'opium est passée de 800 tonnes à 24 tonnes. Ces mesures préventives sévères ont fait du Pakistan un importateur net de drogues illicites. Aujourd'hui, les autorités concentrent leurs efforts sur la réduction de la demande, par des campagnes anti drogue, la distribution de brochures, l'organisation de marches de sensibilisation et le renforcement des mécanismes sociaux, culturels et religieux.
Par sa situation géographique, le Pakistan est un pays de transit. Pour faire face à ce problème, un mécanisme préventif comprenant 12 agences chargées de l'application des politiques du gouvernement a été mis en place. Il est coordonné par le Ministère du contrôle des stupéfiants. Le Pakistan a, en outre, déclaré l'acétone et l'acide anhydride comme étant des drogues et les peines prévues pour l'importation illégale de ces substances dans le pays sont les mêmes que pour les drogues illicites. Malgré cela, ces précurseurs continuent d'affluer dans le pays. Malgré les difficultés politiques, le Pakistan a, par ailleurs, échangé des informations avec l'Inde sur des questions relatives à la drogue, a-t-il encore indiqué.
Le Pakistan estime enfin que la fusion de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale et de la Commission des stupéfiants pourrait réduire l'efficacité de la guerre contre les drogues qui deviendrait un simple problème de criminalité. S'il est vrai que le trafic de drogue a une dimension manifestement criminelle, d'autres activités liées à la drogue sont de nature très différentes et requièrent des programmes et une expertise spécifique, a souligné le représentant.
Mme MARIA LOURDES V. RAMIRO LOPEZ (Philippines) a réitéré la proposition de son pays visant à améliorer le format des trois rapports annuels relatifs aux activités du PNUCID, au Programme d'action mondial et à la mise en oeuvre des différentes résolutions de l'Assemblée générale. Il convient d'aligner la structure des rapports sur les lignes thématiques du Programme d'action. Une structure identique facilitera la comparaison des références et l'évaluation du degré de mise en oeuvre du Programme et de celui des problèmes rencontrés. Elle permettra, en conséquence, de formuler des directives politiques pour renforcer l'efficacité d'un programme international de lutte contre la drogue. Les Philippines ont l'intention de soumettre cette proposition dans le cadre de la préparation des documents relatifs à la session extraordinaire de l'Assemblée générale. En ce qui concerne la prévention du crime et la justice pénale, la représentante a déclaré que son pays se conforme depuis très longtemps au Programme des Nations Unies en la matière. Comme suite au
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Plan d'action de Naples, les Philippines accueilleront, l'année prochaine, une réunion régionale au niveau ministériel sur la criminalité transnationale organisée.
Les Philippines, a poursuivi la représentante, ont adopté en 1996 un Plan d'action pour la paix et l'ordre pour une période de cinq ans. Conformément à ce plan, le Parlement a proposé un code de contrôle du crime qui doit aider les autorités à lutter contre le blanchiment de l'argent et les autres crimes organisés. Par ailleurs, les Philippines appuient la proposition du Portugal visant à élaborer une convention cadre de lutte contre le crime organisé. Elles se prononcent en faveur de la création d'un groupe intergouvernemental d'experts chargé d'en élaborer le projet préliminaire. La représentante a conclu en se félicitant que le Directeur du Bureau de Vienne ait décidé d'entreprendre une étude globale sur le trafic des êtres humains. Les informations fournies par les gouvernements et les organes intergouvernementaux contribueront à l'adoption de mesures plus compatibles de lutte contre ce trafic aux niveaux national, régional et international. Les Philippines soulignent, par ailleurs, la nécessité d'établir une banque de données sur les formes et les dimensions véritables du trafic transfrontières des migrants. Il est également nécessaire de conclure des accords bilatéraux entre les pays d'origine et de destination afin de définir les meilleurs moyens de lutter contre cette forme de trafic.
Mme EDITH CAMERANO (Colombie) a estimé que l'extradition n'était pas le seul mécanisme important de coopération et que le refus d'extradition n'était pas synonyme d'impunité. A cet égard, elle a souligné le droit souverain des Etats. Un processus législatif est en cours au sein du Parlement colombien visant à changer dans la Constitution l'interdiction d'extrader les nationaux, a-t-elle déclaré. Le coût de la lutte livrée depuis plusieurs années en Colombie contre le trafic de drogue est très élevé. Cette lutte comprend notamment des activités de prévention par l'éducation, la réhabilitation des toxicomanes, la destruction des cultures illicites, la lutte contre la production et la distribution de stupéfiants, le blanchiment de l'argent, le trafic d'armes, le commerce des substances chimiques et le transfert des ressources. En 1996, 4,78% du budget national ont été consacrés à la lutte contre la drogue. Des Accords de coopération ont été signés avec l'Espagne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
La représentante a ensuite cité une série de chiffres concernant les arrestations et les saisies réalisées dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants. Elle a indiqué que 17 000 familles devaient bénéficier du Plan de développement alternatif "Plante" en faveur des cultivateurs abandonnant la production de feuilles de coca et de pavot à opium. Ceci montre la volonté de la Colombie de livrer la guerre à la drogue. Malheureusement, à travers le monde, la consommation de drogue est en progression, a-t-elle affirmé, soulignant la nécessité de réduire la demande. Il faut renforcer la
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coopération internationale sur la base de la responsabilité partagée, et de l'égalité, a-t-elle indiqué. Pour la Colombie, ce ne sont pas les mesures coercitives unilatérales, ni les accusations portées à l'encontre de certains Etats qui permettront de réduire le trafic de drogue. Elle a estimé qu'il fallait prendre en considération les conditions inégales du marché, le néo- libéralisme, l'accroissement des disparités entre les pays du nord et du sud dans la problématique des drogues. La représentante a encore estimé que de la notion de responsabilité était essentielle afin d'éviter que la charge de la répression ne retombe uniquement sur les pays producteurs, alors que la demande est en hausse dans les pays industrialisés.
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