PREMIERE COMMISSION: PLUSIEURS PAYS APPORTENT LEUR SOUTIEN AU SYSTEME DE CONTROLE DE L'INTERDICTION DES ESSAIS NUCLEAIRES
Communiqué de Presse
AG/DSI/170
PREMIERE COMMISSION: PLUSIEURS PAYS APPORTENT LEUR SOUTIEN AU SYSTEME DE CONTROLE DE L'INTERDICTION DES ESSAIS NUCLEAIRES
19971023 La Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) a poursuivi ce matin son débat général et a entendu la déclaration du secrétaire exécutif de l'Organisation du Traité d'interdiction des essais nucléaires, qui a indiqué que le Traité compte aujourd'hui 148 Etats signataires au sein de deux organes, une assemblée plénière et un Secrétariat technique. Le Secrétariat est chargé de mettre en place un régime efficace de vérification qui devra comprendre quelque 321 stations sismiques, à infrasons et hydroacoustiques. Le Secrétaire exécutif a expliqué que le programme de travail adopté pour cette année prévoit l'étude de 55 sites qui pourraient servir de stations de contrôle et la rénovation de 18 stations sismiques et d'une hydroacoustique.La Commission a entendu en outre plusieurs délégations qui ont évoqué le Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICEN). L'Iran a notamment espéré que, malgré les lacunes du TICEN qui jettent, a-t-il dit, un doute sur sa véritable universalité, les organes mis en place, dont l'Organisation chargée de l'application de ce Traité, pourront ramener les divers protagonistes internationaux à la table de négociations de la Conférence du désarmement. Le Chili a, pour sa part, souligné sa volonté de participer activement aux travaux de l'organisation du Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICEN), établie cette année, en créant des stations de contrôle Antarctique-Pacifique à la fois sur son territoire continental et sur les Iles de Paques et de Juan Fernandez. La Bulgarie, quant à elle, a rappelé que ce Traité est un outil efficace permettant de mettre un terme à la prolifération horizontale et verticale des armes nucléaires.
La Commission a entendu les délégations des pays suivants : Pérou, Togo, Maroc, République démocratique populaire lao, Singapour, Costa Rica, Tunisie, et Maldives.
La Première Commission se réunira de nouveau demain matin à 10 heures
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M. FERNANDO GUILLEN (Pérou) a déclaré que le Pérou se réjouit de l'entrée en vigueur du Traité de Bangkok qui crée une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est. Les zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN), comme celles de Tlatelolco, Pelindaba, Bangkok et Rarotongo représentent un instrument qui peut amener le monde vers un désarmement nucléaire généralisé. Le Pérou encourage donc leur création dans d'autres régions du monde. M. Guillen a dit que son pays est déterminé à poursuivre ses efforts en faveur de l'avènement d'un monde basé sur des règles internationales strictes et justes pour un avenir débarrassé de toute menace de destruction par les armes nucléaires et les autres armes de destruction massive. Il lance par conséquent un appel en faveur d'une entrée en vigueur rapide des Traités sur l'interdiction des essais nucléaires et sur la non-prolifération atomique et invite les pays ayant atteint le seuil nucléaire à y adhérer rapidement. Le Pérou continuera à travailler dans le cadre du Groupe des 21 pour amener tous les Etats à ouvrir des négociations sur une élimination totale de ces armes.
Le Pérou accorde une importance particulière à la Convention sur les armes chimiques, mais fait remarquer qu'il est aussi urgent de progresser dans le contrôle et la réduction de la circulation des armes classiques. Mon pays, a dit le délégué, se réjouit de la Convention sur les mines antipersonnel et a déposé ses instruments de ratification de toutes les conventions visant à éliminer les armes frappant de façon aveugle et indéterminée avec des effets traumatiques intolérables. Le Pérou accorde une grande importance à toute mesure visant à bâtir la confiance mutuelle entre les Etats, notamment sur le plan régional. Il adhère au Registre des armes conventionnelles des Nations Unies, auquel il fournit chaque année les informations relatives à l'état de ses acquisitions d'armements. Le Pérou estime cependant que la paix et la sécurité internationales et régionales dépendent aussi, en grande partie, de la situation économique des différentes parties de la planète. Les instances de coopération et de concertation internationales devraient donc se pencher sur la possibilité de transférer les ressources, en ce moment dévolues aux dépenses d'armements, au développement.
M. JUAN LARRAIN (Chili) a fait part de la volonté de son pays de participer activement aux travaux de l'organisation du Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICEN), établie cette année, en créant des stations de contrôle Antarctique-Pacifique à la fois sur son territoire continental et sur les Iles de Paques et de Juan Fernandez. Un des défis qu'a relevé la communauté internationale, a poursuivi le représentant, est de négocier dans les meilleurs délais un texte interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires. Pour ce qui concerne la Conférence du désarmement, le Chili estime qu'exiger la tenue de négociations en matière de désarmement nucléaire dans l'objectif d'obtenir des résultats déterminés dans le temps n'est pas la démarche à suivre. Au contraire, toute tentative visant à imposer des conditions au désarmement nucléaire ne peut que retarder les progrès à l'échelle mondiale. Bien que le Chili reconnaisse l'importance des négociations bilatérales en matière de désarmement, il tient à rappeler le rôle très important que jouent les Nations Unies dans le domaine multilatéral.
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AG/DSI/170 23 octobre 1997
M. Larrain a indiqué que le Chili a mis sa législation interne en conformité avec le Traité sur les armes chimiques, dont l'universalité reste, pour le pays, un objectif prioritaire. C'est pourquoi le Chili appelle la Fédération de Russie, qui dispose d'un des plus importants stocks d'armes chimiques, à ratifier ce texte.
Pour ce qui est des mines terrestres, le représentant a rappelé que son pays a activement oeuvré en faveur de l'adoption de la résolution sur cette question l'année dernière et que sa délégation a participé à toutes les étapes de la négociation du texte adopté à Oslo. Le Chili estime, en l'espèce, que l'interdiction des mines ne sera effective que lorsque les grands producteurs et exportateurs de mines se seront effectivement engagés à détruire leurs stocks. M. Larrain a évoqué la question du transport des matières dangereuses, et notamment du transport maritime des matières radioactives et nucléaires combustibles en insistant sur la nécessité de renforcer les mesures de régulation du transport de ces substances. Il serait notamment souhaitable de concevoir des garanties de non-contamination, d'instituer l'échange d'informations sur les routes choisies, de faire obligation aux Etats riverains de communiquer les programmes d'intervention d'urgence prévus en cas de catastrophe et faire en sorte que les Etats transporteurs s'engagent à récupérer les substances qui se seraient échappées en cas d'accident et à indemniser les victimes de lésions.
M. KOFI MENSAH AFETO (Togo) a déclaré que son pays condamne avec énergie l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination, en particulier les mines terrestres antipersonnel qui, chaque jour, font des milliers de victimes innocentes dans le monde. La communauté internationale doit mettre fin à l'usage et à l'existence de ces armes. Le Togo se félicite de la révision et de l'amélioration du Protocole II de la Convention de 1980 relative à ce type d'armements et se félicite de la récente Convention d'Oslo relative aux mines antipersonnel.
Concernant les petites armes et les armes de petit calibre, le Togo estime que pour endiguer ce fléau qui nourrit une criminalité grandissante, la communauté internationale doit adopter des mesures visant à renforcer l'approche régionale du désarmement et à accroître la confiance entre les Etats d'une même région, ceci en faisant constamment appel à la capacité technique des centres régionaux des Nations Unies. Le Togo attire l'attention de la Commission sur le fonctionnement du Centre Régional pour la paix et le désarmement en Afrique qui, malheureusement, n'est pas inscrit à l'ordre du jour de la session, mais dont la marche doit être redynamisée en conformité avec les recommandations faites par la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA réunis en juin dernier à Hararé au Zimbabwe. Le Togo, pays hôte de ce centre, renouvelle son engagement en faveur du renforcement de ses activités et souhaite qu'à l'avenir, grâce à des ressources financières et humaines adéquates, son champ d'intervention s'étende à de nouveaux domaines, en l'occurrence ceux de la diplomatie préventive, du règlement pacifique des différends , de la promotion du développement , des droits de l'homme, et de la tenue ,au niveau africain, du Registre des armes conventionnelles de l'ONU.
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AG/DSI/170 23 octobre 1997
M. MOHAMMED AMAR (Maroc) a attiré l'attention de la Commission sur les graves conséquences qu'a pour la paix et la sécurité l'existence, dans la région du Moyen-Orient, d'activités nucléaires qui ne sont pas seulement consacrées à des activités pacifiques. Il a rappelé que son pays est convaincu que la paix ne peut perdurer dans la région sans un traitement équitable qui garantirait la protection des intérêts communs de toutes les parties. Le Maroc maintient, a dit M. Amar, que la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient servirait grandement la cause de la paix et de la sécurité internationales. Pourtant, le refus d'Israël d'adhérer au TNP et de soumettre ses installations nucléaires au régime de garanties de l'AIEA représente un "obstacle insurmontable" à un tel projet et incite en outre d'autres Etats de la région à adopter une position similaire, que cela soit au sujet de la Convention sur les armes chimiques aussi bien que celle sur les armes biologiques et à toxines. La communauté internationale a le devoir d'entamer les démarches nécessaires afin d'engager Israël à adhérer au TNP, à soumettre ses installations au régime de garanties de l'AIEA et à s'abstenir, en attendant la création d'une zone exempte d'armes nucléaires dans la région, de mettre au point, de fabriquer, de mettre à l'essai, d'acquérir ou d'autoriser l'implantation sur son territoire ou sur les territoires placés sous son contrôle, d'armes nucléaires ou de dispositifs explosifs nucléaires.
S'agissant de la question des mines terrestres antipersonnel, M. Amar a indiqué que le Maroc adhère aux principes et buts humanitaires qui animent les promoteurs du processus d'Ottawa, comme en atteste son rôle de co-parrain de la résolution sur cette question présentée et adoptée l'an dernier. Le Maroc, qui se félicite qu'un grand nombre de pays se soit engagé à signer la Convention en décembre prochain à Ottawa, jugera toutefois de l'opportunité de signer ce texte en fonction des impératifs de sécurité dans ses provinces du sud, a déclaré M. Amar.
Abordant la question de la méditerranée, le représentant a rappelé que la région souffre de déséquilibres qui sont une source permanente d'incertitudes, de tensions et d'instabilité et que le Maroc n'a jamais cessé de plaider pour une approche intégrée et globale des questions liées à la paix, à la sécurité et au développement dans cette région du monde.
M. ALOUNKEO KITTIKOUN (République démocratique populaire lao) a déclaré qu'il est du devoir des pays nucléaires d'accepter les requêtes des pays ne disposant pas d'armes atomiques sur la mise en place d'instruments juridiques contraignants, interdisant l'usage de ces armes contre eux. La mise en place de garanties négatives de sécurité est une condition essentielle sans laquelle la majeure partie de l'humanité ne peut se sentir à l'abri de la destruction nucléaire. La République démocratique populaire lao est en faveur d'un renforcement de la Convention sur les armes biologiques, en insistant sur le point que, vue l'importance de la biotechnologie dans le développement économique et scientifique des nations, aujourd'hui, toutes mesures de vérification de ce Traité doivent prendre en considération les soucis de progrès économique des pays en développement. Se félicitant de l'entrée en
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AG/DSI/170 23 octobre 1997
vigueur de la Convention sur les armes chimiques, le délégué a appelé à mettre en place un cadre équitable permettant d'appliquer les clauses de ce Traité sans discrimination.
M. ANIL KUMAR (Singapour) a observé que le désarmement est un processus qui ne peut être cliniquement isolé du contexte plus large de la politique et de la sécurité dans lequel il s'inscrit. Il a expliqué que le progrès accompli avec l'adoption du texte interdisant les mines terrestres doit être vu à la lumière du fait que certains Etats, tout en se félicitant de ce résultat, se déclarent pour le moment incapables de se joindre à une interdiction totale de ces armes. Le représentant a rappelé qu'en 1994, le Président américain Clinton avait, lui-même, réclamé une interdiction totale des mines et que pourtant, à Oslo, il a déclaré que son pays n'était pas en mesure de se rallier aux termes du Traité négocié en raison du fait que le Traité compromettrait les activités américaines de défense en Corée du Sud. Singapour, à l'instar des Etats-Unis, appuie et continuera d'appuyer les initiatives contre les mines terrestres, en particulier lorsqu'elles sont utilisées contre des civils innocents. C'est pourquoi Singapour a adopté un moratoire de deux ans sur l'exportation de mines non auto-destructibles. Pour autant, a expliqué M. Kumar, Singapour estime que les préoccupations sécuritaires des Etats et leur droit à l'auto-défense ne peuvent être sous- estimés et qu'une interdiction des mines est, en l'état, improductive, voire contreproductive. Rappelant qu'il existe aujourd'hui des technologies avancées qui permettent à certains Etats de ne plus avoir recours aux mines pour assurer leur défense, il a demandé de savoir si ces technologies seront mises à la disposition des pays en développement ou moins technologiquement avancés afin qu'ils puissent, eux aussi, abandonner le recours aux mines pour leur défense. La question des mines montre clairement que les avancées en matière de désarmement ne sont possibles que si elles s'inscrivent dans le cadre d'un niveau accru de sécurité internationale, a déclaré M. Kumar. Des progrès substantiels sont impossibles dans un système où les Etats n'ont d'autre choix que de continuer à utiliser des armes destructives pour assurer leur sécurité. Mais, a-t-il ajouté, les progrès réalisés sur le plan régional avec la création de zones exemptes d'armes nucléaires prouvent qu'il existe un consensus émergeant quant à la nécessité de parvenir, in fine, à un désarmement nucléaire. Il faut espérer que les Etats nucléaires reconnaîtront cette tendance positive et s'y rallieront à leur tour, a déclaré M. Kumar.
M. FERNANDO BERROCAL SOTO (Costa Rica) a estimé qu'il est important que l'humanité puisse réaliser un désarmement total, mais que rien ne sera vraiment atteint sans un désarmement nucléaire complet, et dans cette optique, le TNP reste un instrument irremplaçable. Le rôle de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est lui aussi crucial, et le Costa Rica demande que plus de moyens et d'appui soient donnés à cet organisme. Le Costa Rica ,en ce moment, est en train de passer au stade de la ratification du TICE, et appelle vivement tous les Etats à commencer des négociations sur l'interdiction de la circulation et de la fabrication des matières fissiles. Le Costa Rica et ses voisins d'Amérique latine fêtent cette année la signature du Traité de Tlatelolco et demandent que soit favorisée la création d'autres
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AG/DSI/170 23 octobre 1997
zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) dans le monde. Le Costa Rica estime que l'avis de la Cour internationale de Justice sur la licéité de l'usage des armes nucléaires doit être pris en considération par la Commission. C'est pour cela qu'il appuiera une résolution allant dans ce sens au cours de cette session.
Le Costa Rica est inquiet des trafics d'armes, de drogues et des recrutements de mercenaires qui déstabilisent en ce moment tant de pays en développement, et demande que les institutions internationales mettent en place un code de conduite relatif à la fabrication et à la circulation des armes classiques. Mon pays est heureux du résultat de la Conférence d'Oslo qui a traité de l'élimination de l'usage des mines terrestres antipersonnel a déclaré M. Soto. Le Costa Rica estime que les efforts en matière de désarmement ne doivent pas faiblir en cette fin de siècle, mais que les Nations Unies doivent aller de l'avant pour un monde plus sûr et plus juste.
M. EMIL VALEV (Bulgarie) a rappelé qu'en juillet 1996, les ministres des affaires étrangères d'Europe du Sud ont lancé un processus de coopération qui a culminé avec la signature d'accords de coopération dans les domaines de l'économie, de la politique, de l'environnement, de l'humanitaire, du droit et de la justice, de la lutte contre les stupéfiants et le terrorisme. La Bulgarie estime que la stabilité et la sécurité en Europe du Sud dépendent étroitement de l'intégration de la coopération régionale à la région de la communauté trans-atlantique, c'est pourquoi la Bulgarie se félicite que l'OTAN ait décidé lors du Sommet de Madrid de s'ouvrir aux démocraties naissantes. Afin d'intensifier les interactions entre l'OTAN et les partenaires de l'Europe du Sud, la Bulgarie a proposé la création d'un partenariat euro- atlantique sur les questions de sécurité touchant à l'Europe du Sud. Pour ce qui concerne les traités relatifs aux armes de destruction massive, le représentant a rappelé que son pays considère que le Traité d'interdiction des essais nucléaires est un outil efficace permettant de mettre un terme à la prolifération horizontale et verticale des armes nucléaires. La prochaine étape devrait être de négocier un texte sur l'interdiction de la production des matières fissiles, a déclaré M. Valev.
Le représentant a évoqué la question des mines terrestres en soulignant que si les conventions humanitaires existantes étaient correctement appliquées, l'utilisation aveugle de ce type d'engins n'existerait pas. La politique de la Bulgarie sur cette question a toujours tenu compte des restrictions reflétant une doctrine réaliste sur les questions de défense et de sécurité. Le pays a été obligé d'adopter une approche prudente face aux mesures qui imposeraient des restrictions excessives à l'efficacité du système bulgare de défense. Toutefois, la Bulgarie est convaincue que le texte de la nouvelle Convention contre les mines pave la voie à la conclusion d'un accord global et largement acceptable pour tous sur cette question. La Conférence du désarmement est, pour la Bulgarie, l'organe le mieux placé pour y parvenir.
M. AHMED MUJUTHABA (Maldives) a déclaré que ceux qui détiennent des armes nucléaires devraient savoir que leur usage ne toucherait pas seulement
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AG/DSI/170 23 octobre 1997
des objectifs militaires, mais affecterait l'état général de la planète. Alors que des sommes astronomiques sont gaspillées en systèmes d'armements qui sont loin d'avoir prouvé leur capacité à préserver la paix mondiale, plus d'un milliard de personnes vivent aujourd'hui dans la pauvreté la plus abjecte. Les Maldives appellent donc l'ONU à travailler dans le sens de la réduction et de l'élimination des arsenaux nucléaires en vue de donner plus de chance de vivre une vie décente à des centaines de millions d'êtres humains par un accroissement de l'aide au développement, et une réaffectation des ressources affectées aux engins de destruction. Les Maldives regrettent que certains pays rechignent encore à adhérer à cette Convention malgré le succès des négociations sur les mines antipersonnel de la Conférence d'Oslo. Les petits pays comme les Maldives sont globalement inquiets de l'évolution des conditions de sécurité internationale, et demandent que L'ONU, qui reste leur seul garant en ce domaine, réagisse en leur faveur quand leurs intérêts et leurs conditions générales de survie sont menacés, comme elle l'a fait pour restaurer le Koweït dans ses droits, il y a quelques années.
M. WOLFGANG HOFFMANN, Secrétaire exécutif de l'Organisation du Traité d'interdiction des essais nucléaires, a indiqué que le Traité compte aujourd'hui 148 Etats signataires et que l'Organisation du Traité est composée de deux organes, une assemblée plénière où siègent tous les Etats signataires, appelée Prep Com, et un secrétariat technique. Le Secrétariat qui a entamé ses travaux à Vienne le 17 mars dernier et compte 80 personnes, est chargé de mettre en place un régime efficace de vérification qui devra comprendre quelques 321 stations sismiques, à infrasons et hydroacoustiques qui seront administrées par les pays hôtes et signataires. Le Prep Com a établi trois organes subsidiaires qui seront chargés de faire des propositions et des recommandations à l'Assemblée plénière : un Groupe de travail sur les questions administratives et budgétaires, un Groupe de travail sur les questions de la vérification et un autre sur les questions financières et administratives composé d'experts indépendants.
M. Hoffmann a expliqué que le Programme de travail adopté pour cette année prévoit l'étude de 55 sites qui pourraient servir de stations de contrôle et la rénovation de 18 stations sismiques et d'une hydroacoustique. Le Secrétariat est actuellement en train de dégager les domaines de coopération avec l'AIEA et l'UNIDO. Un atelier comprenant 54 experts membres de 18 Etats signataires a été organisé afin de discuter en profondeur des modes d'inspections, des phénomènes associés aux explosions nucléaires, et des mesures des radiations. M. Hoffmann a en outre indiqué qu'un système spécial de fax et de courrier électronique a été mis en place afin de faciliter les échanges entre les experts et le Secrétariat. Le Secrétariat a également lancé une grande opération d'information publique afin de sensibiliser les journalistes, les organisations non gouvernementales et les étudiants sur l'importance du Traité en tant qu'élément essentiel des efforts mondiaux de non-prolifération.
M. MEDHI DANESH-YAZDI (Iran) a déclaré que la décision historique de la Cour internationale de Justice sur la licéité de l'usage de l'arme nucléaire
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qui appelle tous les Etats, et particulièrement ceux dotés de ces armes, à s'engager dans des négociations de bonne foi en vue de leur élimination totale, de même que toutes les autres initiatives prises par plusieurs institutions mondiales et par l'opinion publique internationale, ont démontré la volonté de la communauté humaine de mettre fin à l'existence de ces armes. Mais il existe des Etats nucléaires qui, de façon unilatérale, déclarent que l'élimination totale des armes atomiques est un objectif irréaliste. Ces pays, bénéficiant de technologies avancées continuent de perfectionner leurs stocks d'armes, et mettent en péril l'esprit même des Traités de non- prolifération et d'interdiction des essais qu'ils prétendent cependant imposer aux autres Etats Membres des Nations Unies.
L'Iran soutient l'élimination des armes nucléaires sur un calendrier arrêté et discuté au sein de la Conférence du désarmement, et espère que, malgré les lacunes du Traité sur l'interdiction des essais nucléaires, qui jettent un doute sur sa véritable universalité, les organes mis en place, dont l'Organisation chargée de l'application de ce Traité, pourront ramener les divers protagonistes internationaux à la table de négociations de la Conférence du désarmement dont les modalités de fonctionnement doivent être réexaminées. L'Iran attend et exige la mise en place d'assurances négatives de sécurité de la part des nations dotées de l'arme nucléaire et, concernant l'utilisation pacifique de l'atome, estime que tous les Etats devraient pouvoir participer aux négociations sur la production et le transfert des matières fissiles. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) reste l'organe compétent de la vérification de tous les Traités et Accords signés en ce domaine, et certains Etats par conséquence, ne devraient pas porter d'accusations sans fondement contre d'autres nations en ce qui concerne la prolifération. L'Iran soutient la création de zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) dans différentes régions dont le Moyen-Orient, a rappelé M. Danesh-Yazdi. Mais le refus d'Israël de mettre ses installations sous contrôle de l'AIEA bloque toute perspective d'avancée de négociations sur ce projet. La communauté internationale devrait faire pression sur Israël pour qu'il se soumette aux règles internationales et l'Iran félicite toutes les délégations qui, jusqu'à maintenant, ont soutenu sans faille la création de zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) dans le monde.
Concernant les armes chimiques, l'Iran qui en a été victime il y quelques années, est heureuse de l'entrée en vigueur de la Convention interdisant leur usage. Elle demande cependant que les modalités de transfert de technologies liées aux industries chimiques soient soigneusement étudiées pour ne pas handicaper les besoins de développement de certains pays. Selon le rapport annuel sur les équilibres militaires, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord importent 40% des armes vendues dans le monde. bien que l'Iran ait soumis au Registre des Nations Unies sur les armes conventionnelles les donnés relatives à ses acquisitions, les autres pays de la région, notamment Israël, ne l'ont pas suivi, et les risques les plus grands de déstabilisation de la région se trouvent ainsi multipliés par le manque de transparence et de confiance. Le militarisme israélien et les stocks d'armes de destruction
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AG/DSI/170 23 octobre 1997
massive détenus par ce pays, restent les causes qui empêchent la bonne marche de toute initiative de paix et de désarmement au Moyen-Orient.
M. ALI HACHANI (Tunisie) a jugé que le désarmement nucléaire régional est un facteur essentiel de consolidation des efforts de non-prolifération et de désarmement nucléaire à l'échelle mondiale d'une part, et de contribution au renforcement des bases de la paix et de la sécurité à l'échelle régionale, d'autre part. La Tunisie, qui a été l'un des premiers pays à signer le Traité de Pélindaba, estime qu'au Moyen-Orient, Israël continue d'ériger des obstacles à la concrétisation de l'objectif de la création d'une zone dénucléarisée dans la région. En refusant d'adhérer au TNP et de soumettre ses installations nucléaires au régime de garanties de l'AIEA, Israël continue de poser une menace sérieuse et constante à la sécurité des pays de la région et de leurs peuples et d'entretenir un déséquilibre flagrant à son profit par sa détention exclusive de capacités nucléaires.
La Tunisie qui a suivi les travaux de la Conférence d'Oslo en observateur, tient à souligner qu'il faut rendre en considération, dans le domaine de l'interdiction des mines, le droit d'un pays à utiliser des mines pour sa défense, a déclaré M. Hachani. La Tunisie estime en outre que tous les pays qui le souhaitent, comme elle, devraient pouvoir participer aux travaux de la Conférence du désarmement. M. Hachani a évoqué la question de la sécurité dans la Méditerranée en soulignant qu'elle constitue une priorité du gouvernement de son pays. La Tunisie oeuvre avec détermination au raffermissement des bases d'un partenariat global et multiforme entre les deux rives du bassin, a déclaré le représentant, le partenariat étant le seul moyen de relever les défis collectifs qui s'y posent, et notamment le développement économique et social et la lutte contre le terrorisme, et de faire de la Méditerranée un lac de paix et de prospérité.
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