AG/SHC/308

TROISIEME COMMISSION : LES DELEGATIONS PLAIDENT POUR L'ACCELERATION DES EFFORTS EN VUE DE PROTEGER LES TRAVAILLEUSES MIGRANTES

22 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/SHC/308


TROISIEME COMMISSION : LES DELEGATIONS PLAIDENT POUR L'ACCELERATION DES EFFORTS EN VUE DE PROTEGER LES TRAVAILLEUSES MIGRANTES

19971022 La Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) a poursuivi ce matin son débat général sur la promotion de la femme et la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, 1995) .

La situation des travailleurs migrantes a été au centre des préoccupations de plusieurs délégations. Comme l'a souligné dans son rapport le Secrétaire général, il s'agit d'un problème émergeant qui nécessite davantage d'informations pour adopter des stratégies concrètes. A cet égard, la représentante de la Jamaïque a attribué ce manque d'informations à l'absence de documentation sur les travailleuses migrantes en tant que groupe distinct des travailleurs migrants. Pour sa part le représentant de Singapour a appelé au consensus sur le projet de résolution actuellement en négociation, en souhaitant qu'il tienne compte des responsabilités respectives des pays d'origine et d'accueil. Il a argué que l'internationalisation de la question n'est pas utile en l'absence d'un consensus international. La représentante des Philippines a plaidé pour le renforcement de la coopération bilatérale, régionale et internationale dans ce domaine.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Jordanie, Singapour, Jamaïque, Kenya, Iles Marshall, Bangladesh, Croatie, Australie, Malaisie, Ukraine, Iraq, République de Corée, Costa Rica, Philippines, Colombie, Zambie, au nom des Etats membres de la communauté pour le développement de l'Afrique australe, Fédération de Russie.

La Commission poursuivra son débat cet après-midi à 15 heures.

Débat (suite)

M. SAMER A. NABER (Jordanie) a déclaré que grâce aux politiques et programmes de son gouvernement en matière d'éducation, le taux d'analphabétisme des femmes a diminué de 49,5% en 1979 à 22% en 1991. Le taux des femmes dans la population active est passé lui d'1% en 1961 à 16% en 1996 et ce, en dépit de la récession économique qui a limité les possibilités d'emplois, en particulier chez les jeunes femmes et les personnes entrant pour la première fois sur le marché du travail. En matière de santé, les politiques adoptées ont entraîné une baisse du taux de mortalité maternelle qui est passé de 150 décès sur 10 000 naissances en 1970 à 60 décès pour 10 000 naissances en 1990. En 1993, la Jordanie a élu pour la première fois une femme au Parlement et en 1995, une femme a gagné les élections municipales. La nomination d'une femme juge en 1996 indique que l'attitude du public à l'égard de la participation des femmes dans la vie publique est en train de changer. Les intérêts des femmes jordannes sont défendues par un mouvement dynamique et grandissant qui regroupe diverses associations féminines. Pour augmenter la participation des femmes dans les sphères économiques, sociales et politiques, le Conseil des Ministres a promulgué un décret, en 1996, portant création du Comité national pour les femmes chargé de définir les politiques relatives aux femmes. Ce Comité aura un rôle à jouer dans la mise en oeuvre des dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

M. HENG JEE SEE (Singapour) a souhaité que l'on parvienne à un consensus sur le projet de résolution sur la question de la violence contre les travailleuses migrantes qui est actuellement en cours de négociation. La résolution doit être équilibrée et tenir compte à la fois des responsabilités des pays qui envoient les travailleuses migrantes et de ceux qui les accueillent. Comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport, il s'agit d'un problème qui ne fait qu'émerger, a-t-il déclaré. C'est pourquoi, il faut éviter la précipitation dans les jugements et entendre de manière appropriée tous les Etats Membres afin de parvenir à une résolution équilibrée et qui ne divise pas. Le représentant a estimé qu'il ne fallait pas élargir les mandats des Rapporteurs spéciaux et que les organes de contrôle des traités relatifs aux droits de l'homme ne devaient pas outrepasser leur mandat lors de l'examen des rapports pertinents. Les organes doivent traiter de l'application du Traité spécifique dont ils sont chargés. L'internationalisation de la question de la violence contre les femmes migrantes n'est pas non plus une approche utile en l'absence d'un consensus international sur la manière d'aborder le problème. En raison de la diversité des conditions prévalant dans les pays d'accueil et des divergences de vues, il est impossible de parvenir à une norme internationale sur la question. Il a estimé qu'il était préférable d'adopter une démarche nationale.

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A Singapour, un système civil et pénal global a été mis en place, ainsi que des mesures visant à protéger tous les travailleurs, les citoyens et les étrangers. Le Ministère du travail comprend une Unité pour les travailleurs étrangers qui assure un service de conciliation en cas de conflit entre ces derniers et leur employeur. Le gouvernement a mis au point une politique exigeant que les employeurs souscrivent à une police d'assurance pour les travailleurs étrangers. Les mauvais traitements dont sont responsables les employeurs ne sont pas acceptés. Ils sont d'ailleurs très rares. Les lois sont strictes et pleinement appliquées. Alors qu'en 1996, il y avait plus de 100 000 travailleurs étrangers, seuls 41 cas de violence contre des travailleurs ont été rapportés, dont 30 ont abouti à l'arrestation de l'employeur.

Mme CHERRY GORDON (Jamaïque) a indiqué que dans son pays la politique de suivi des recommandations de Beijing a porté sur la pauvreté, l'éducation et la formation, la violence contre les femmes et les enfants et l'inégalité de représentation entre les femmes et les hommes dans le processus de prise de décision. Toutes ces activités sont menées par le Bureau des affaires des femmes qui se concentre surtout sur le renforcement des institutions. Des campagnes d'information sont également menées, en collaboration avec plusieurs ONG et les institutions spécialisées des Nations Unies telles que le FNUAP et l'UNICEF. A cet égard, des séminaires et des ateliers ont été tenus afin de sensibiliser les employés, les employeurs et le personnel du système judiciaire aux questions du droits des travailleurs et de la violence contre les femmes. En outre, le Bureau des affaires des femmes poursuit des activités notamment en collaboration avec le Conseil des handicapés pour traiter des besoins spécifiques des femmes et des filles handicapées. En juin 1997, le Bureau a également consacré une semaine aux activités d'un groupe de soutien pour hommes qui travaille à la responsabilisation des pères de famille en Jamaïque.

Venant à la question de la violence à l'égard des travailleuses migrantes, la représentante a regretté le manque d'informations en la matière qu'elle a attribué à l'absence de documentation sur les travailleuses migrantes comme groupe distinct des travailleurs migrants. Etant un pays d'origine et de destination, la Jamaïque s'est employée à faire en sorte que les lois relatives au viol, à la violence et à la discrimination s'appliquent également aux travailleuses migrantes installées sur son territoire qui constituent, par ailleurs, une part infime de la population active. Les travailleuses migrantes jamaïquaines, en revanche, représente une force de travail grandissante qui est envoyée dans plusieurs pays dont les Etats-Unis, sur une base saisonnière. A cet égard, le Ministre du travail a instauré une pratique qui consiste à effectuer des visites annuelles dans les régions où ces travailleuses sont employées.

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M. D. M. WAROBI (Kenya) a lancé un appel aux pays développés afin qu'ils remplissent leurs obligations en consacrant 0,7% de leur PNB à l'aide aux pays en développement et 0,15% de plus aux pays les moins avancés. Il a demandé instamment au Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) de poursuivre ses activités de financement de projets dans les pays en développement, en particulier en Afrique subsaharienne. Une des meilleures manières d'aider les femmes dans les pays en développement est de renforcer les activités opérationnelles de l'UNIFEM. A cet égard, il appelé la communauté internationale à accroître les contributions au Fonds. Il s'est félicité des mesures prises par le Secrétaire général visant à parvenir à l'équilibre entre les hommes et les femmes au Secrétariat d'ici à l'an 2000. Il a toutefois insisté pour que le recrutement de femmes qualifiées se fasse dans le respect du principe d'une représentation géographique équitable.

Le Kenya a développé un Plan d'action national visant à faciliter la mise en oeuvre des résultats de la Conférence de Beijing. Ce plan est en cours d'application. Les efforts sont coordonnés par le Bureau de la femme, au sein du Ministère de la Culture. Une action va, en outre, être lancée au niveau national, en collaboration avec l'UNIFEM, pour aider et renforcer la mise en oeuvre du plan. Le Kenya est, par ailleurs, en train de finaliser une Politique nationale sur l'intégration des femmes dans le développement, un cadre permettant d'intégrer la perspective sexospécifique dans les secteurs du développement. Les statistiques concernant la condition des hommes et des femmes au Kenya en train d'être mises à jour. Cette opération ainsi que l'analyse en fonction des sexes des différents secteurs de développement qui a été menée à bien en 1992-1993 permettront d'évaluer la réduction de la disparité entre les sexes. Au niveau des districts, un manuel a été mis au point visant à aider à la formulation de plans d'actions spécifiques. Dans le domaine de l'éducation, un groupe de travail sur le sexe et l'éducation a été créé et chargé de réexaminer ce secteur partant d'une perspective sexospécifique. S'agissant de l'habilitation économique des femmes, un Programme de développement pour les femmes a été développé. Il vise notamment à faciliter l'accès des femmes au crédit. Le représentant a conclu en demandant à la communauté des donateurs de soutenir les efforts de son pays dans l'application de la Déclaration et de la Plate-forme d'action de Beijing.

Mme NEIJON R. EDWARDS (Iles Marshall) a déclaré qu'en matière de santé, le sort des femmes de son pays est comparable aux autres pays en développement de la région. Les femmes sont touchées par la mortalité infantile, la malnutrition ou le peu d'espacement entre les naissances. Grâce aux politiques mises en oeuvre, le taux de naissances s'est stabilisé mais les données ne donnent aucune raison de croire que le problème est résolu. Par ailleurs, les femmes des îles Marshall souffrent de cancer des organes génitaux qui peut être lié aux retombées radioactives. Comme il est culturellement inapproprié de partager des informations sur la santé personnelle, sur les accouchements et les cancers de l'appareil génital

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par exemple, les femmes continuent de souffrir en silence. Du point de vue économique, les femmes prennent leur rôle très au sérieux. L'Union de crédits pour les femmes fonctionne depuis 1992 et octroie de petits prêts aux femmes pour qu'elles puissent satisfaire les besoins familiaux tels que l'inscription des enfants à l'école. L'Union aide également à la mise en oeuvre des programmes en faveur des femmes dont la responsable incombe au Conseil national pour les femmes.

Il existe actuellement 170 groupes des femmes qui contribuent de manière importante à l'économie et au bien-être des communautés grâce à leurs activités de collecte de fonds. Ainsi le Club d'athlétisme des femmes collecte en ce moment des fonds pour l'acquisition d'équipement pour mammographies. Les activités génératrices de revenus sont un autre domaine dans lequel les femmes se distinguent. En matière de politique, un Groupe pour les femmes en politique a été formé et les femmes montrent de plus en plus d'intérêt pour les instances locales et nationales. Si elles bénéficient de l'appui approprié, il est possible de prévoir une augmentation de femmes élues au sein du gouvernement. La représentante a conclu en soulignant les difficultés que rencontrent son pays citant en premier lieu le manque de compétence technique dans l'élaboration de programmes en faveur des femmes. Le gouvernement ne sait pas non plus comment sensibiliser les hommes à l'importance de la planification de la santé des femmes et de la famille.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé qu'il y avait encore beaucoup à faire pour parvenir à l'équilibre entre les sexes au Secrétariat, un équilibre qui doit tenir compte d'une représentation géographique équitable. Il a, par ailleurs, souligné la nécessité de renforcer les mécanismes concernés dans les commissions régionales des Nations Unies afin de mieux soutenir les efforts nationaux et régionaux et a demandé plus de détails sur ce qui était entrepris au sein des Nations Unies pour soutenir les efforts nationaux dans la mise en oeuvre de la Plate-forme d'action de Beijing. A cet égard, il a souligné l'importance cruciale de la disponibilité des ressources pour les pays en développement, en particulier pour les pays les moins avancés. Il a exhorté les partenaires financiers bilatéraux et multilatéraux à tenir leurs engagements à ce sujet.

Le Bangladesh dispose de mécanismes nationaux relativement développés en ce qui concerne la promotion de la femme, a-t-il déclaré. Le Ministère des affaires des femmes et des enfants est chargé du suivi de la Conférence de Beijing. Le Conseil national pour le développement des femmes et un Groupe de travail interministériel ont été créés en décembre 1995 et chargés de formuler un Plan d'action national afin d'assurer l'implication multisectorielle, la participation et la mobilisation dans le suivi de Beijing. Le Plan national d'action qui attend l'approbation formelle du Premier Ministre, met l'accent sur l'intégration des femmes dans les efforts de développement dans tous les domaines, par une approche multisectorielle encourageant une participation

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plus grande des femmes dans les processus de décision à tous les niveaux. Des mesures législatives spéciales ont, en outre, été adoptées pour promouvoir les droits humains de la femme et agir contre la discrimination et la violence à leur égard. Le Bangladesh a, par ailleurs, retiré les réserves qu'il avait formulées à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La Plate-forme d'action de Beijing a été traduite en bengali, la langue nationale, et diffusée largement. S'agissant de la féminisation de la pauvreté et de l'émancipation économique des femmes, le Bangladesh a joué un rôle de pionnier dans le renforcement de l'accès des femmes aux crédits et aux ressources. Des programmes novateurs de micro- crédit, comme la Banque Grameen, des emplois indépendants, des programmes d'éducation et de formation, ont été créés afin de développer les potentiels des femmes en tant qu'agents de développement. A cet égard, le représentant a souligné la nécessité d'intensifier les efforts nationaux et internationaux, y compris ceux des Nations Unies, visant à aider les institutions de micro- crédit et les programmes de micro-prêts en vue de l'élimination de la pauvreté et de la promotion des femmes. Malgré des obstacles sérieux, nos efforts ont porté leurs fruits, a-t-il estimé, soulignant notamment la plus grande participation des femmes dans la vie politique. Des défis important demeurent pourtant pour les femmes au Bangladesh. C'est pourquoi, nous demandons une coopération au développement et une assistance de la communauté internationale plus efficaces, a-t-il conclu.

Mme DUBRAVKA SIMONOVIC (Croatie) a déclaré que dans son pays le principe accepté est celui de l'égalité des droits et des salaires. Toutefois, la participation des femmes dans la vie publique demeure insuffisante et démontre une disparité entre la situation de jure et de facto, en particulier en ce qui concerne l'élection des femmes aux plus hautes fonctions et dans les organes politiques. Les chiffres montrent que la participation des femmes en politique est moindre que celle qui prévalait dans la période précédant la transition vers la démocratie et l'économie de marché. La tendance pourtant tend à s'inverser, a affirmé la représentante. Le gouvernement actuel compte en effet une femme Vice-premier ministre, une femme ministre et une dizaine de femmes Vice-ministres et ministres-adjoints. Par ailleurs, le nombre croissant d'organisations non gouvernementales traitant des questions de la femme constitue un autre élément important susceptible de contribuer à la promotion de la femme.

Le Gouvernement croate a créé, en mai 1996, une Commission nationale pour l'égalité qui est une commission interministérielle composée de représentants de chaque ministère dont la tâche est de promouvoir la promotion de la femme et de proposer un plan et des stratégies de mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. Un projet de plan ayant été envoyé aux différentes ONG pour examen, le plan finalisé devrait être soumis au gouvernement pour adoption au cours du mois prochain. L'objectif principal du plan national est de renforcer l'égalité de jure et de développer des

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stratégies et des activités spécifiques pour la réalisation de l'égalité de facto. La représentante a conclu en soulignant l'importance des droits génésiques et de l'utilisation des différentes méthodes de procréation médicalement assistée. Elle a proposé que la Commission et les autres organes pertinents des Nations Unies traitent de ces nouvelles méthodes et de leur impact sur les droits génésiques et les droits des femmes en général.

Mme PENNY WENSLEY (Australie) a déclaré que son gouvernement a appliqué à tous les niveaux des réformes de grande portée pour accroître la participation des femmes à la prise de décisions. Après avoir ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, l'Australie a promulgué une législation pour éliminer toute discrimination et a adopté une politique positive. Les femmes jouissent en Australie de la pleine égalité de grève. L'Australie accorde une attention prioritaire à la participation active des femmes dans la vie politique au niveau fédéral et des Etats. Le nombre des femmes siégeant au Parlement fédéral a considérablement augmenté lors des élections de 1996. Quarante-sept femmes siègent actuellement au Parlement, représentant 15% de la Chambre des représentants et 30% de la Chambre haute ou une moyenne de 21% des parlementaires. En 1996, pour la première fois, une femme a été élue à la Présidence du Sénat et en 1997, pour la première fois, la Présidence et la Vice Présidence de la Chambre haute étaient tenues par des femmes. Le pourcentage des femmes a aussi augmenté sensiblement aux niveaux étatique et territorial. La prise de décisions doit être fondée partout sur la meilleure des expertises des hommes et des femmes et les Nations Unies ne doivent pas faire exception, a poursuivi le représentant. Les Nations Unies doivent au contraire donner l'exemple dans ce domaine. Nous nous félicitons de l'engagement du Secrétaire général à assurer l'égalité des sexes dans les secrétariats du système d'ici l'an 2000. L'Australie encourage aussi le Secrétaire général à considérer les candidats qualifiés lors des nominations de ses représentants spéciaux.

M. KAMARUDDIN AHMAD (Malaisie) a noté que la féminisation de la pauvreté demeure un phénomène largement répandu dans le monde. Les femmes demeurent les plus pauvres des pauvres et représentent 70% des 1,3 milliards de personnes vivant dans la pauvreté absolue. La communauté internationale se doit donc de n'épargner aucun effort pour créer un environnement économique international qui permette aux pays d'honorer leurs responsabilités eu égard à la promotion des femmes.

Le représentant s'est félicité des résultats du Sommet sur le micro- crédit tenu à Washington cette année et a applaudi aux initiatives prises par la Banque mondiale, le PNUD et d'autres institutions des Nations Unies pour mobiliser les milliards de dollars qui devront être prêtés aux millions de familles les plus pauvres, particulièrement aux femmes. Le micro-crédit est

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devenu un instrument important de la lutte contre la pauvreté, notamment pour les femmes rurales. Par le biais des activités de micro-crédit, les femmes rurales acquièrent un savoir-faire des affaires commerciales, des connaissances juridiques et participent à la prise de décision au niveau de leurs communautés respectives. La Malaisie, qui accueille le Secrétariat du Comité directeur pour l'organe de promotion économique des femmes rurales et des îles de l'Asie et du Pacifique, encourage l'élaboration et l'application d'activités spécifiques aux niveaux régional et sous-régional dans les domaines de la formation, de l'alphabétisation et de l'échange d'informations.

La Malaisie a adopté en juillet 1996 un Plan national d'action incorporant les principaux éléments de la Déclaration et du Programme de Beijing. Dès 1994, le Parlement malaisien avait adopté une législation pour protéger les femmes de la violence domestique. La Malaisie soutient toutes les mesures visant à protéger les femmes du viol et autres actes de violence.

Mme OKSANA BOYKO (Ukraine) a déclaré qu'elle avait quelques difficultés pour justifier les promotions automatiques sous-jacentes au principe de la parité absolue dans les institutions internationales, les organisations gouvernementales et étatiques. Elle s'est demandée si ceci ne ressemblait pas à l'autre face de la discrimination à l'égard des femmes. Se félicitant, en tant que femme de la nomination de Mary Robinson comme Haut Commissaire aux droits de l'homme, elle a déclaré qu'elle pense que des femmes parmi les plus brillantes de dimension internationale ont été choisies pour leur haut degré de professionnalisme, leur expérience et qualifications, et pas seulement en raison de leur statut de femme. J'espère, a-t-elle ajouté, que la nomination dans mon pays de deux femmes aux postes de Ministre de la Justice et aux affaires de la famille et de la jeunesse est également fondée sur les mêmes principes, bien que ceci reflète la tendance générale de la Plate-forme d'action de Beijing à inclure les femmes dans les processus de décision. Il faut tenir compte de la liberté de choix des femmes dans la mise en oeuvre des décisions des Conférences, a-t-elle souligné. Certaines femmes rêvent de devenir une star de la politique, d'autres se sentent bien dans leur cuisine, d'autres encore réussissent de la même manière dans ces deux rôles. Toutefois des changements drastiques sont nécessaires aux niveaux psychologique et culturel. Les femmes ne constituent pas un groupe d'êtres humains spécial. C'est pourquoi, il faut considérer le contexte plus large de la protection des droits et des libertés fondamentales de l'homme.

La condition actuelle de la femme en Ukraine reflète le processus général de transition d'un régime totalitaire vers un régime démocratique. Dans le cadre du suivi de Beijing, l'Ukraine termine la mise au point d'un mécanisme national visant à garantir des droits et des chances égales pour les femmes. Le Ministère de la famille et de la jeunesse, créé l'an dernier, est chargé d'étudier les aspects sociaux de la condition de la femme et

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de présenter des propositions en vue de son amélioration. Des structures pertinentes ont été créés dans les régions, les villes et les districts. Les programmes nationaux de "Planification de la famille" et des "Enfants d'Ukraine" ont été approuvés. Un projet de Concept sur la promotion de la femme est en cours d'élaboration. Fin 1997, il est prévu de soumettre au Parlement un projet de déclaration en ce qui concerne la famille et la femme. La nouvelle Constitution de l'Ukraine adoptée en juin 1996 renforce l'égalité des droits entre hommes et femmes dans tous les domaines de la vie publique, politique et culturelle. La représentante a encore souligné la nécessité de renforcer la coopération internationale et l'aide aux efforts nationaux des pays en transition dans le cadre de l'application de la Plate-forme d'action de Beijing.

M. AL-HUMAIMIDI (Iraq) a indiqué que le gouvernement de son pays a porté une attention particulière au rôle de la femme en lui assurant les droits les plus absolus. Ainsi la femme a commencé à occuper des postes de haut niveau dans la vie professionnelle et le taux des femmes dans la population active a fortement augmenté. La politique iraquienne veut que la femme puisse bénéficier de toutes les chances pour utiliser ses compétences dans tous les domaines. Le gouvernement assure un congé maternité et parental rémunérés pour une année. Cependant les défis auxquels l'Iraq est confronté ont eu un effet négatif sur la population et sur la femme, en particulier. L'embargo a abouti à une régression du rôle de la femme dans la vie sociale et a anéanti ses acquis économiques, sociaux et politiques. Les conditions difficiles actuelles ont forcé certaines femmes à renoncer à leur carrière pour répondre aux exigences quotidiennes de la famille et des enfants. La pénurie alimentaire a touché cruellement les femmes. Il apparaît que 83% des femmes enceintes sont atteintes d'anémie. Le taux de mortalité des mères en couche est passé à 120 pour 100 000 naissances. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 4 millions d'Iraquiens souffrent de malnutrition aiguë dont des femmes enceintes ou des femmes qui allètent. La communauté internationale doit mettre tout en oeuvre pour lever l'embargo économique sur l'Iraq afin que la femme puisse reprendre son rôle de leader dans l'édification de la nation.

Mme KANG KYUNG WHA (République de Corée) a déclaré que son pays avait réalisé de nombreux progrès au cours de l'année écoulée, en ce qui concerne la promotion de la femme. Ainsi, le Ministère des affaires politiques développe actuellement un plan quinquennal en faveur des femmes. Celui-ci devrait être finalisé d'ici à la fin de l'année, reflétant une large gamme d'initiatives de la part de tous les ministères gouvernementaux et les administrations locales et constituant un pas important vers l'intégration de la perspective sexospécifique à tous les niveaux de la politique. Le Gouvernement coréen a, en outre, mis en oeuvre diverses mesures visant à l'émancipation économique des femmes et a défini des moyens pratiques d'aider les petites entreprises dirigées par des femmes. En collaboration avec le Programme des Nations Unies

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pour le développement (PNUD), un séminaire régional sur l'intégration du travail non rémunéré des femmes dans les politiques nationales s'est tenu en mai à Séoul, rassemblant 21 pays de la région Asie-Pacifique ainsi que des fonctionnaires des Nations Unies et des experts.

Dans les efforts en vue de la promotion de la femme, il ne faut pas négliger l'existence de forces contraires à notre cause, a-t-elle averti. Beaucoup trop de femmes continuent d'être victimes de la pauvreté et de violence. C'est pourquoi, il est important de réaffirmer que les droits de la femme sont des droits humains et qu'un développement durable et une prospérité véritable ne peuvent être atteints si l'on n'utilise pas les vastes capacités et le potentiel important des femmes. L'application complète de la Plate-forme d'action de Beijing requiert une approche intégrée, aux niveaux national et international.

Mme EMILIA C. DE BARISH (Costa Rica) a insisté sur le fait que la démarche soucieuse d'équité entre les sexes doit devenir une stratégie qui permette à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes de devenir partie intégrante des politiques et programmes pris tant à l'échelle nationale qu'à l'échelle internationale. Il faut disposer de données objectives et veiller à la formation des femmes. A cet égard, la représentante a souligné la pertinence des travaux de l'INSTRAW. Compte tenu de la compétence très particulière de l'Institut émanant d'une résolution de l'Assemblée générale de 1975, il est impératif que la fonction de l'INSTRAW soit reconnue et appuyée. Il convient que ses recherches soient utilisées lors de l'élaboration des politiques et dans le cadre des activité de formation.

Abordant la politique de son pays en matière de promotion de la femme, la représentante a indiqué que le Centre national de développement de la femme et de la famille comprend maintenant une unité chargée de la promotion de la femme. Un plan pour l'égalité des chances a été établi ainsi qu'un autre sur la prévention de la violence dans la famille. Le Costa Rica est particulièrement heureux du rapport de la Division pour la promotion de la femme qui reconnaît que les femmes occupent 11% des postes ministériels et 32% des postes au niveau subministériel. Le but avoué est de parvenir à 50% dans les plus brefs délais.

Mme ROSARIO G. MANALO, Sous-Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères des Philippines, a souligné le rôle important joué par son pays sur la question relative à la violence contre les travailleuses migrantes. Des éléments nouveaux ont été introduits dans le projet de résolution de cette année sur la question, a-t-elle indiqué, soulignant à cet égard l'importance du renforcement de la coopération bilatérale, régionale et internationale. S'agissant de la traite des femmes et des fillettes, il faut donner la priorité à la mise à jour de la Convention de 1949 sur la traite des êtres humains et l'exploitation de la prostitution par autrui. Cette Convention devrait également couvrir le mariage forcé et le travail forcé et établir un mécanisme de suivi.

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Depuis la Conférence de Beijing, les Philippines ont adopté le Plan pour un développement soucieux de l'égalité entre les sexes, portant sur 30 ans, afin de parvenir à l'objectif de la pleine égalité entre les sexes. En 1996, une loi a été votée qui prévoit que toutes les agences gouvernementales doivent consacrer un minimum de 5% de leur budget à des programmes et des projets en faveur des femmes. Des mécanismes institutionnels sur les questions relatives aux femmes ont été mis en place, dont la Commission nationale sur le rôle de la femme qui a été renforcée en vue d'harmoniser les efforts du gouvernement, des organisations privées et des membres de la société civile déployés dans le cadre de la promotion de la femme. Il y a quelques semaines, une nouvelle loi anti-viol a été signée, qui renforce également la législation contre la violence au foyer.

Au niveau régional, la région Asie-Pacifique, qui continue à être en tête de la croissance économique mondiale, compte encore beaucoup de femmes pauvres, notamment dans les zones rurales. Cette situation demande des efforts concertés. La réunion la semaine dernière à Kuala Lumpur de la Commission régionale d'Asie-Pacifique pour la promotion économique des femmes rurales et insulaires, a lancé un effort commun en vue de mobiliser les ressources financières pour les activités de micro-finance en faveur des femmes rurales. Dans le cadre de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique (APEC), il est crucial de faire un effort pour trouver les moyens d'intégrer les femmes dans nos économies respectives, car les femmes ont un rôle égal à jouer dans le processus de mondialisation. La représentante a estimé, en outre, que les organes de surveillance des traités relatifs aux droits de l'homme devaient inclure les questions des femmes dans l'examen des rapports fournis par les pays et dans leurs recommandations générales. Des mécanismes non conventionnels pertinents, comme des rapporteurs thématiques et par pays sur les droits de l'homme, pourraient permettre de recommander des mesures pour traiter ce problème, a-t-elle déclaré.

Mme EDITH CAMERANO (Colombie) a affirmé que les conquêtes de la femme en Colombie sont considérables; la Constitution reconnaît l'égalité des droits et des devoirs dans le couple, la loi sanctionne toutes les formes de violence dans la famille, et les enfants nés au sein du mariage ou hors mariage ont les mêmes droits. L'égalité des droits et des chances ne peut être soumise à aucun type de discrimination. La femme bénéficie d'une protection particulière pendant la grossesse et après l'accouchement. Si elle se trouve au chômage au moment de la venue de l'enfant, l'Etat la prend complètement en charge. Une loi a été promulguée qui prévoit la protection familiale et qui stipule que les femmes chefs de famille doivent pouvoir bénéficier des biens qui leur reviennent. Une autre loi sur la double signature de toute vente de patrimoine a été également adoptée. Dans le cadre du Plan national de la Colombie, a été créée la Commission nationale d'équité qui souligne la pertinence des accords internationaux et accorde la priorité aux droits des femmes.

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La politique colombienne vise à promouvoir un changement culturel qui revalorise la femme au sein de la société. Il s'agit également d'intégrer la démarche soucieuse d'équité entre les sexes à la planification et la gestion des politiques et programmes de développement de toutes les entités publiques et privées. Le Bureau de la femme rurale du Ministère de l'agriculture a lui porté son effort sur la formulation de politiques qui visent la parité entre les sexes dans le milieu rural. Le résultat immédiat a été l'élaboration de la politique d'équité pour la femme rurale qui reconnaît son rôle productif. Le Bureau veille à la sensibilisation des femmes rurales en les informant sur les droits de l'homme et sur leur droit de participer à la vie politique. Aujourd'hui le Bureau a également pris de nombreuses mesures de protection de l'environnement.

Mme MWILA G.B. CHIGAGA (Zambie), parlant au nom des Etats membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe, a indiqué que la SADC avait adopté une Déclaration sur le sexe et le développement en septembre dernier, réaffirmant que l'égalité entre les sexes était un droit humain fondamental. L'intégration de la sexospécificité dans les programmes d'action et les initiatives communautaires, est crucial, pour que les pays de la SADC, parviennent au développement durable. Parmi les recommandations adoptées par les chefs d'Etats et de gouvernements de la SADC lors de leur dernière réunion, figurent notamment l'établissement d'un cadre politique pour l'intégration de la sexospécificité dans toutes les activités de la SADC et le renforcement des efforts nationaux en vue de parvenir à l'égalité entre les sexes, la promotion de l'accès complet des femmes aux ressources productives, la réforme des lois et des pratiques qui assujetissent encore la femme, un plus grand accès à l'éducation, des mesures en matière de santé reproductive, et des mesures pour lutter contre la violence contre les femmes. Ceci montre qu'il existe une claire volonté politique au sein de la SADC de mettre en oeuvre la Plate-forme d'action de Beijing et de remédier aux injustices commises contre les femmes. A cet égard, les Nations Unies ont aussi un rôle critique à jouer. L'ONU doit renforcer sa capacité de soutien au suivi de la Conférence. La représentante s'est inquiétée en particulier du fait que les ressources consacrées à l'égalité des sexes dans les Nations Unies ne reflètent pas l'engagement affirmé. Ceci relève d'une attitude "les affaires sont les affaires" qui est très regrettable. L'objectif d'arriver à l'égalité des sexes ne doit jamais être perdu de vue. Il ne faut toutefois pas oublier que l'intégration de la sexospécificité ne remplace pas les politiques et programmes spécifiques en faveur des femmes. Tous ces éléments doivent converger dans une approche globale, a-t-elle souligné.

M. ROGOV (Fédération de Russie) a déclaré que les réformes entamées dans son pays ont créé un potentiel pour l'amélioration de la condition de la femme. La fin du système de l'administration centralisée a facilité la promotion de la femme et l'égalité entre les sexes. Grâce à l'économie de marché, les femmes peuvent maintenant diriger des sociétés et grâce à la tenue

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d'élections libres, elles peuvent prétendre aux postes politiques. Un certain nombre d'ONG russes travaillent en outre à régler les problèmes des femmes. Il faut toutefois reconnaître que l'étape de transition a conduit à des conditions de vie difficiles. C'est pourquoi la Déclaration de Beijing vient à point nommé, appelant à un renforcement de la coopération internationale avec notamment les pays à économie de transition.

Le Gouvernement russe, pour sa part, a adopté un Plan d'action national jusqu'en l'an 2000 qui favorise une plus grande participation des femmes dans la société. Un décret présidentiel a été promulgué sur le renforcement du rôle de la femme dans le processus de prise de décision et à la lumière des recommandations de Beijing, la Douma a mis au point un mécanisme pour garantir l'égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes. L'ordre du jour du gouvernement a été modifié et comprend une orientation plus sociale qui touchera directement les femmes. Un Vice-président chargé des questions sociales a été nommé et des femmes ont été nommées à la tête des ministères de la culture, de la santé, du travail et du développement social.

Pour renforcer les efforts en ce sens, il est important d'évaluer les progrès au plan national mais également au plan international. Pendant toute l'année 1997, la communauté internationale a concentré son attention sur la question de la participation de la femme à la vie politique. Il est heureux de constater que la Commission de la condition de la femme a adopté des conclusions agréées sur la promotion de la femme dans le processus de prise de décision. La Fédération de Russie accueille avec satisfaction la grande productivité de la Commission qui s'est concentrée sur des activités concrètes pour améliorer la situation de la femme. Elle a, par exemple, invité des experts internationaux à s'exprimer en séance plénière et enregistré des progrès dans l'élaboration d'un texte de Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La Fédération de Russie espère que dans le cadre des réformes du système des Nations Unies, la Commission de la condition de la femme gardera son dynamisme et son efficacité, ce qui permettra à la question de la femme de rester l'un des domaines prioritaires de l'Organisation. Le représentant a conclu en plaidant, à l'instar de l'ECOSOC, pour une intégration de la démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans le processus de réforme.

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