En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/307

TROISIEME COMMISSION : LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX ACTIVITES POLITIQUES ET ECONOMIQUES DOIT ETRE ASSUREE

21 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/SHC/307


TROISIEME COMMISSION : LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX ACTIVITES POLITIQUES ET ECONOMIQUES DOIT ETRE ASSUREE

19971021 Poursuivant cet après-midi ses travaux sur la promotion de la femme et la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, 1995), la Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles a entendu la Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, Mme Salma Khan qui a indiqué que 161 Etats étaient désormais parties à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes entrée en vigueur le 3 septembre 1981. Elle a ajouté qu'en réponse à l'appel de l'Assemblée générale, nombre d'Etats parties ont retiré les réserves qu'ils avaient apporté à la Convention.

Au cours du débat, les délégations ont insisté sur la nécessité de la participation des femmes aux activités politiques, particulièrement au niveau de la prise de décision. Le Brésil a, par exemple, annoncé l'adoption d'une loi réservant aux femmes 30% des places sur les listes électorales. Les délégations ont d'autre part plaidé pour l'accès des femmes aux ressources productives. Nombre d'entre elles se sont donc félicitées du Sommet sur le micro-crédit qui s'est tenu à Washington et qui a fixé l'objectif d'octroyer un financement à 100 millions de famille pauvres d'ici l'an 2000. La représentante d'Israël a souligné l'intérêt des micro-entreprises qui permettent aux femmes d'augmenter les ressources de la famille sans briser pour autant la structure familiale traditionnelle. Les micro-entreprises peuvent aider à résoudre le problème du taux élevé du chômage chez les femmes tout en augmentant le produit intérieur brut du pays.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Indonésie, Brésil, Tunisie, Soudan, Népal, Sénégal, Slovaquie, Sri Lanka, Bénin, Israël et Fidji.

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 22 octobre, à de 10 heures.

Débat (suite)

Mme SALMA KHAN, Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, s'est montrée encouragée par le nombre croissant d'Etats parties à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes qui est passé à 161. Partant, l'objectif de la ratification universelle d'ici à l'an 2000 demeure réaliste. Bien que la Convention continue de faire l'objet d'un grand nombre de réserves, des progrès ont été réalisés à la suite de l'adoption par l'Assemblée générale de la résolution 51/68 appelant les Etats parties à limiter leurs réserves. Certains Etats parties les ont donc retirées alors que d'autres ont choisi de garder la question à l'examen. Mme Khan a poursuivi en indiquant que le Comité a tenu deux sessions au cours de cette année qui lui ont permis d'examiner 17 rapports d'Etats parties et de réduire le retard accumulé. Pour réduire davantage ce retard, le Comité a invité les Etats parties à regrouper autant que possible les deux rapports qui leur sont demandés. Le Comité a également modifié la présentation de ses commentaires pour pouvoir indiquer aux Etats parties les aspects positifs de leur action ainsi que les sujets de préoccupation dans la mise en oeuvre des dispositions de la Convention. Le Comité a souligné, par ailleurs, le rôle des femmes dans la vie publique et appelé à faire en sorte que soit fixé un nombre minimum pour les femmes occupent des postes de haut niveau, notamment dans le domaine du maintien de la paix.

Continuant de renforcer ses liens avec les institutions spécialisées des Nations Unies, le Comité rend hommage à l'UNICEF qui a décidé d'oeuvrer pour incorporer la Convention sur les droits de l'enfant dans le programme de travail des facultés de droit. D'autre part, un échange de vues a eu lieu entre le Comité et les ONG qui a permis de voir combien l'information des ONG peut jeter la lumière sur la mise en oeuvre de facto de la Convention et faciliter une meilleure identification des domaines à améliorer. Pour 1998, le Comité s'est fixé un programme de travail très chargé. Il devrait notamment examiner un rapport d'experts indépendants sur le fonctionnement réel des organes de suivi des Traités et commémorer le 50è anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. A cet égard, le Comité préparera un document sur les réserves à l'article 2 de la Convention. Récemment la Division pour la promotion de la femme, l'UNICEF et la Commission économique pour l'Afrique ont organisé une réunion sur les droits des jeunes adolescentes et demandé à ce qu'ils fassent partie intégrante des droits de l'homme.

Mme WIWIEK SETYOWATI (Indonésie) s'est félicitée des efforts visant à une plus grande clarté dans les programmes et budgets sur les questions concernant la sexospécificité. L'Indonésie reste préoccupée par les rapports sur les abus et les actes de violence commis contre les travailleuses migrantes, a-t-elle déclaré. Elle s'est félicitée des efforts déployés

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en ce qui concerne l'établissement d'indicateurs permettant d'appréhender la situation des travailleuses migrantes, mais a regretté les nombreuses réserves et amendements exprimés. A cet égard, elle a souligné la nécessité de parvenir à un consensus afin de pouvoir aborder le problème par la coopération et non la confrontation. Pour l'Indonésie, ces indicateurs serviront également de guide général pour la formulation d'une politique nationale sur l'emploi à l'étranger. C'est pourquoi, le Gouvernement indonésien a organisé une réunion ministérielle avec les institutions gouvernementales concernées pour faire connaître les indicateurs. Elle a annoncé que l'Indonésie avait décidé de devenir partie à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.

L'Indonésie a accompli un certain nombre de progrès dans la mise en oeuvre de la Plate-forme d'action de Beijing et la promotion de la femme, a-t-elle poursuivi. La politique nationale concernant les femmes est multi-sectorielle et est coordonnée par le Ministère d'Etat pour les femmes. L'Indonésie a continué à intégrer une perspective sexospécifique dans les activités de développement national et a actuellement 11 institutions gouvernementales ayant pour objectif la sensibilisation de l'appareil gouvernemental aux problèmes des femmes aux niveaux national, provincial et local, a-t-elle indiqué. Le Plan national de développement comprend entre autres la promotion des femmes en tant que ressources humaines, le renforcement de la protection des travailleuses et le renforcement de leur capacité à améliorer le bien être de leur famille, ainsi qu'à développer un environnement socio-culturel qui facilitera la réalisation des objectifs des femmes dans le développement. L'Indonésie a installé des Centres d'étude pour les femmes, situés dans les universités, qui ont réussi à formuler un Profil national du rôle et de la condition de la femme en Indonésie, 1996. Ce profil est utilisé par le Gouvernement pour évaluer le développement et les résultats obtenus par les femmes à différents niveaux, tant central qu'au niveau des districts, a-t-elle encore indiqué.

Mme NICODEMOS (Brésil) s'est déclarée fermement convaincue de l'importance des Nations Unies dans le processus d'intégration des femmes dans la vie politique, sociale et économique. Le système des Nations Unies ont en effet éveillé la conscience du public sur les droits des femmes et incorporé une dimension sexospécifique dans tous les domaines des activités humaines. A cet égard, le Brésil rend hommage à l'UNIFEM qu'il continuera d'appuyer financièrement. De même, le Brésil se félicite des activités de l'INSTRAW qui est la seule entité des Nations Unies à se consacrer à la recherche et à la formation en vue de l'intégration des femmes dans le développement. Les activités des Nations Unies constituent donc une source d'inspiration non seulement pour les politiques gouvernementales mais également pour le mouvement des femmes. Ainsi le Brésil s'est inspiré de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing pour élaborer sa Plate-forme d'action qui a été

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adoptée cette année. Le processus qui a conduit à leur adoption a été très importante puisqu'il a donné lieu à un débat ouvert et démocratique auquel ont participé tous les secteurs concernés de la société, en particulier les organisations féminines du pays.

Conscient de l'importance qu'il y a à impliquer davantage les femmes dans la vie politique, le Parlement brésilien a récemment adopté une nouvelle législation visant à réserver aux femmes un minimum de 30% de place sur les listes électorales. En outre, depuis la Conférence de Beijing, plusieurs politiques et programmes ont été approuvés et mis en oeuvre dans les domaines critiques identifiés par le Programme d'action à savoir l'élimination de la pauvreté, la prévention et l'élimination de la violence contre les femmes, l'éducation et la formation, les soins de santé et les droits génésiques.

Mme NAZIHA BEN YEDDER (Tunisie) a souscrit à toutes les directives allant dans le sens d'une intégration systématique par les organismes des Nations Unies, d'une démarche d'équité entre les sexes dans tous leurs domaines d'activité. Dans le domaine de la situation des femmes employées dans le système et le niveau des postes qu'elles occupent, l'appui de la Tunisie dépendra du respect strict du principe de représentation géographique équitable.

Le représentant a rappelé qu'en 1992, un train de réformes législatives fût adopté sous l'impulsion du Président Zine El Abidine Ben Ali, pour affranchir la loi de tout relent d'archaïsme hérité du passé. Ainsi, le code du statut personnel a connu des modifications substantielles telles que la substitution de la notion de devoir de respect mutuel à celle de devoir d'obéissance de l'épouse à son époux, la consolidation du droit de tutelle de la mère et la création d'un fonds de garantie des pensions alimentaires. Le droit au travail jugé fondamental, est réaffirmé pour toutes les femmes et le code du travail va consacrer explicitement le principe de non-discrimination entre l'homme et la femme dans le travail. En matière d'éducation, une réforme a été introduite en vue de préparer les jeunes à une vie qui ne laisse place à aucune forme de discrimination fondée sur le sexe. Au cours de l'année 1995-96, le taux de scolarisation parmi les filles dans la tranche d'âge de 6-12 ans, a atteint 89,4%. Dans le même temps, le pourcentage de filles à l'école de base est passé à 47,1%, avec une évolution particulièrement remarquable en milieu rural. Dans le secondaire, la proportion des filles est passé de 44% en 1988/89 à 48,7% en 1995-96, tandis que le pourcentage de filles ayant opté pour les filières scientifiques s'est élevé de 14,5% en 1990-91 à 17% en 1994-95. Pour parachever les réalisations accomplies en matière de promotion de la femme, un plan d'action pour le prochain quinquennat (1997-2001) qui correspond à la durée du 9ème plan tunisien de développement économique et social, a été élaboré en conformité avec le programme d'action issu de la quatrième Conférence sur les femmes.

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La stratégie contenue dans ce plan, repose sur deux grands axes : conforter le principe d'égalité et de partenariat entre les deux sexes afin de concrétiser l'égalité des chances dans tous les domaines et dynamiser le rôle de la femme dans tous les domaines du développement intégral. A cette fin, il a fallu définir un certain nombre de priorités s'ordonnant autour des huit éléments clés suivants : le renforcement du potentiel économique de la femme; la lutte contre la pauvreté et l'amélioration des conditions d'existence des femmes; la consolidation des droits de la femme; la promotion des ressources humaines féminines; la promotion de la fille; le renforcement du rôle de la femme en matière de participation à la vie civile et associative; le renforcement du partenariat et de la coopération internationale entre les structures gouvernementales et les ONG; et enfin, le renforcement de l'encadrement de la femme migrante qui fait partie intégrante de la communauté nationale.

Mme LEYLA OMER BASHIR (Soudan) a déclaré qu'il importait de donner à la femme la position qu'elle mérite. Il faut parler de la protection de l'être humain sans distinction, de l'homme et la femme sur un pied d'égalité. La Constitution du Soudan garantit l'égalité de l'homme et de la femme, quelle que soit leur origine ethnique, sociale ou leur religion, ainsi que l'égalité de leurs droits. Nos lois ne font pas la différence entre les hommes et les femmes. Ainsi, dans le recrutement, la formation et la nomination dans les services publics, on ne tient pas compte du sexe. Les femmes bénéficient en outre pour un travail égal, d'un salaire égal aux hommes. Elles ont droit à des congés spéciaux pour maternité, en cas de mort du mari, en cas de départ à l'étranger du mari, et également à des congés sabbatiques et des congés pour allaitement. Les femmes sont indépendantes économiquement. Des droits équitables leur sont garantis. Elles ont droit à des facilités bancaires et bénéficient de droits égaux pour acquérir une terre, un logement ainsi qu'en ce qui concerne l'héritage. La femme peut divorcer pour mauvais traitement ou parce qu'elle ne veut plus du mariage. Le pourcentage d'étudiantes dans l'éducation supérieure est de 60%. Les femmes ont le même accès aux soins de santé, a déclaré la représentante. Les lois soudanaises condamnent la violence à l'égard des femmes. Le Soudan ne subit toutefois pas ce fléau. Les femmes étant protégées par les lois, les cas de violence sont rares. A l'Assemblée nationale, 25 des 400 sièges sont occupés par des femmes. Elles occupent, en outre, des postes importants à tous les échelons des institutions gouvernementales.

La représentante a déploré, par ailleurs, le conflit imposé dans le sud du pays. Elle a souligné le fait que les femmes et les enfants étaient les plus touchés. Ce conflit a fait près de 3 millions de personnes déplacées dont 70% de femmes et d'enfants, ce qui a eu des conséquences économiques et sociales graves sur les femmes et a aussi donné naissance à des phénomènes comme la mendicité, le chômage. A cet égard, le Gouvernement a mis en place un programme d'aide pour préserver les traditions des femmes déplacées et

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a collaboré à la réhabilitation des régions du sud pour permettre aux femmes d'y revenir. Un accord de paix a été signé avec toutes les factions, à l'exception d'une. Le Gouvernement s'efforce actuellement de convaincre cette faction de joindre le processus de paix dans le cadre duquel des négociations vont commencer le 28 octobre prochain. Les problèmes des femmes diffèrent d'une société à l'autre, a souligné la représentante. La promotion des femmes est possible seulement si toutes les couches de la société peuvent bénéficier de tous leurs droits, a-t-elle conclu.

Mme RADHA GYAWALI (Népal) a estimé qu'il existe toujours une grande disparité entre la condition des femmes des pays en développement et celle des femmes des pays développés. Elle a également déploré les disparités existant au sein des pays en développement eux-mêmes où une grande majorité de femme vivent dans la pauvreté privées d'éducation et de soins de santé. Seule l'intégration des femmes au processus de développement et leur participation volontaire aux activités politiques et économiques pourront assurer l'entrée des pays dans le nouveau millénaire du développement, a souligné la représentante en appelant à une coopération accrue. Saluant le rôle de l'ONU en matière de promotion de la femme, la représentante s'est félicitée des activités de l'Organisation visant à garantir la durabilité du développement humain et à promouvoir la cause des droits de l'homme.

Comme la plupart des pays en développement, le Népal enregistre un taux élevé d'analphabétisme qui touche surtout les femmes. Conscient de la nécessité d'inverser la tendance, le Népal a créé un Ministère des femmes et du bien-être social. Il travaille actuellement à l'élaboration de son neuvième plan quinquennal en essayant d'y rendre opérationnelles les directives fondamentales du Programme d'action de Beijing qui, du reste, figurent déjà dans le Plan d'action national. Les acteurs non gouvernementaux tels que le secteur privé, les institutions de la société civile et les ONG ont à jouer un rôle important.

M. SEM IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré que les points à l'ordre du jour aujourd'hui revêtent un intérêt tout particulier pour son pays, où les femmes représentent 52% de la population et jouent un rôle central dans l'économie rurale et le commerce.

Le Sénégal place les femmes au coeur de sa stratégie de développement. Le neuvième plan national de développement économique et social qui couvre la période 1996-2001 a bien pris en compte le Programme d'action mondial pour la promotion de la femme adopté à Beijing ainsi que le Plan d'action national de la femme qui s'est fixé comme objectifs prioritaires: le développement économique et la lutte contre la pauvreté, l'éducation et la santé, les droits des femmes, l'élaboration de mécanismes institutionnels de promotion et de financement. Le second plan national d'action de la femme vise

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essentiellement l'identification des problèmes particuliers et stratégiques des femmes urbaines et rurales et la définition des voies et moyens de leur solution, la détermination d'objectifs pragmatiques et opérationnels en tenant compte des ressources disponibles et mobilisables, la coordination d'une part des différents programmes sectoriels, et d'autre part, de l'intervention des partenaires au développement.

Le représentant a jugé urgent et essentiel d'approfondir, au plan multilatéral, la réflexion pour dégager les voies les meilleures afin de mobiliser les ressources adéquates en vue d'assurer ou de contribuer à assurer la mise en oeuvre des plate-formes, projets, plans et programmes de développement social et de promotion de la femme. C'est l'un des axes sur lesquels nos évaluations doivent porter si l'on veut réellement réussir le pari de l'efficacité, a-t-il souligné. Dans ce domaine, nous devrions innover et ensemble, trouver des formules porteuses en matière de stratégie de financement du développement. Il a souligné la situation difficile que vivent les femmes et les jeunes filles dans les pays et régions en guerre ou qui sont victimes de catastrophes naturelles. Une plus grande attention doit leur être portée par la communauté internationale. En revanche, a-t-il remarqué, les capacités des femmes dans le domaine de la gestion et du règlement des crises politiques et sociales semblent très peu prises en compte.

Mme JANA BARTOSIEWICZOVA (Slovaquie) a déclaré qu'aucune loi ou réglementation ne peut être considéré comme discriminatoire envers les femmes en Slovaquie. Toutefois, un certain nombre de problèmes subsistent, comme la disparité entre le niveau d'éducation des femmes et les possibilités qui leur sont offertes. Les femmes slovaques ont un haut degré d'éducation mais occupent peu de postes à responsabilité et de haut niveau. Des services sociaux inadéquats et le manque de facilités pour les enfants en bas âge rendent très difficile pour une femme de mener à fois une carrière professionnelle et son rôle de mère. Les problèmes des femmes slovaques sont complexes à cause des difficultés qui accompagnent la transformation économique et sociale de la société, a-t-elle souligné. Les vues traditionalistes du rôle de la femme engendrent certaines tensions qui ne sont pas faciles à éliminer, comme le montre le nombre peu élevé de femmes dans les organes politiques et de décision. Ainsi, le Parlement slovaque ne compte que 14% de députées, la proportion de femmes dans le Gouvernement n'est que de 17% et le pays ne compte que 5 femmes ambassadeurs.

La transition vers un système politique démocratique et l'économie de marché a donné lieu à des changements graduels dans la condition de la femme. L'appui accordé à l'amélioration de la condition de la femme en Slovaquie s'est notamment manifesté par la création en février 1996 d'un Comité gouvernemental de coordination pour les questions relatives aux femmes, auprès duquel les femmes peuvent présenter et défendre leurs intérêts. Ce Comité a élaboré en 1997 un Plan d'action national en faveur des femmes, qui contient

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une analyse détaillée de la condition des femmes et relève les entraves à leur promotion ainsi que les stratégies qui devraient être mises en oeuvre au cours des dix prochaines années. Il sera envoyé ce mois-ci au secrétariat de la Commission de la condition de la femme.

La représentante a évoqué, en outre, la création, en coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) d'un Centre des femmes à Bratislava qui va commencer ses activités ce mois-ci. Sa tâche est de fournir des informations et d'assurer une liaison entre les activités internationales et nationales dans ce domaine. Les résultats serviront de base pour la prise de décisions sur les questions relatives aux femmes. Enfin, en coopération avec le PNUD, le projet "Femmes slovaques en mouvement" a été lancé en 1995 avec pour objectif de recourir aux médias pour informer et faire connaître les idées de la Conférence de Beijing. L'objectif principal est de présenter les problèmes des femmes, les identifier et influencer positivement l'attitude de la société slovaque en ce qui concerne les questions relatives aux femmes.

M. HETTIARACHCHI (Sri Lanka) a affirmé l'intérêt de son pays pour la question de la violence à l'égard des travailleuses migrantes. Depuis qu'en 1976 le marché du travail du Moyen-Orient s'est ouvert aux Sri-lankais, les revenus provenant de l'emploi à l'étranger sont devenus la deuxième source de devises dans le pays. Il existe, à travers le monde, plus de 500 000 travailleurs migrants sri-lankais et près de 80% de la population migrante est constituée de femmes qui sont souvent victimes d'actes de violence et privées de leurs droits. De l'avis du Sri Lanka, la Déclaration des Nations sur l'élimination de la violence contre les femmes et le mandat du Rapporteur spécial sur la question représentent des initiatives internationales valables pour répondre aux difficultés que rencontrent les travailleuses migrantes.

Le Sri Lanka réaffirme son appui à la résolution 51/65 de l'Assemblée générale qui encourage les Etats membres à prévoir et à renforcer dans leur législation des sanctions pénales, civiles et administratives pour punir et redresser les torts causés aux femmes et aux filles victimes de la violence qu'elle soit exercée au sein du foyer, au travail, dans la communauté ou dans la société. Le Népal appuie également l'idée d'inviter les Etats membres concernés, en particulier les pays d'origine et de destination, à envisager l'adoption de mesures juridiques appropriées contre les intermédiaires qui encouragent délibérément le mouvement clandestin des travailleurs et exploitent les travailleuses migrantes. L'instrument d'accession du Gouvernement sri-lankais à la Convention sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille a été déposé le 11 mars 1996. La Convention souligne le rôle et la contribution des travailleurs migrants et est un instrument pour les aider à faire reconnaître leurs droits. Il est encourageant de noter que dès son entrée en vigueur, la Convention facilitera certainement la prise de mesures à l'échelle internationale, a estimé le représentant.

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M. HOUSSOU P. HOUANSOU (Bénin) a souligné qu'il ne peut être traité de la promotion de la femme sans aborder les voies et moyens de sortir la couche féminine de l'analphabétisme, de la malnutrition et de la fourniture des services de santé de base. C'est en vue de ces objectifs que le Bénin installe la commission béninoise de suivi de la Conférence de Beijing immédiatement après la clôture de la conférence. Cette commission a initié et a accompli dans les zones urbaines et rurales une tournée d'information et de sensibilisation sur les résultats du grand rassemblement de Beijing. Des séminaires ont été organisés avec une large participation des médias pour servir de relais sur toute l'étendue du territoire national. A l'actif de l'après Beijing, il y a la création du Ministère de la condition féminine dirigé par une femme. La situation de la femme béninoise n'est pas tout a fait satisfaisante, elle comporte cependant quelques signes encourageants. Le Bénin a l'école de la démocratie depuis 1990, tire leçon de sa glorieuse histoire de la participation des femmes amazones à la vie de la cité. Aussi la participation de la femme à la vie économique est importante. Dans les secteurs de l'administration publique et privée, dans l'enseignement et la santé, la femme est présente. Elle est payée suivant le principe "à travail égal, salaire égal".

Sur le plan politique, les femmes participent à la vie des partis dont certains sont dirigés par des femmes. Des mesures correctives sont prises à la base dont notamment la gratuité de l'école primaire pour les filles des zones rurales. Le représentant a expliqué que pour relever le défi majeur que constitue la situation critique de la femme béninoise, le Bénin a décidé de consacrer une portion de son budget, dépassant largement le consensus d'Oslo sur l'initiative 20/20. Le Bénin voudrait lancer un appel aux partenaires au développement pour qu'ils prennent part aux efforts des pays en développement notamment ceux d'Afrique et les pays les moins avancés. le souhait du Bénin est que s'élargisse la base des pays intéressés par l'initiative 20/20. Selon le représentant, la crise de l'arriération de la femme est une crise de mentalité, une crise de mentalité d'hommes et de femmes. C'est pourquoi c'est d'abord dans l'esprit des hommes et des femmes qu'il faut effacer les archétypes négatifs. Il convient de garder bien présent à l'esprit le sens de l'équilibre pour ne pas aboutir à terme au phénomène inverse, c'est-à-dire la discrimination à l'égard de l'homme ou à son arriération.

Mme YOSEPHA STEINER (Israël) a indiqué que son pays avait adopté trois stratégies ainsi qu'un certain nombre de mesures spécifiques depuis la Conférence de Beijing. 50% des femmes israéliennes sont occupées dans le secteur tertiaire. Elles gagnent 70 à 80% du salaire des hommes et occupent très peu de sièges à la Knesset. L'une des stratégies a donc été d'encourager les femmes à accéder aux postes à responsabilité, par l'adoption et l'application d'une législation appropriée. La législation sur les questions relatives aux femmes est assez progressive, mais il y a encore beaucoup

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de travail à faire pour appliquer ces lois. Le Gouvernement, avec l'aide des ONG, a oeuvré à l'amélioration des droits économiques des femmes. Au cours des dernières années, les femmes en Israël ont développé leur potentiel économique et l'ouverture de petites entreprises a connu un taux de croissance sans précédent. L'habilitation économique et l'esprit d'entreprise constituent une solution partielle aux problèmes de la pauvreté et du chômage, a déclaré la représentante. Une révolution est en train de se dérouler dans deux secteurs de la population : le secteur rural agricole et le secteur arabe. Ces secteurs sont fondamentalement traditionnels. Toutefois, les hommes et les femmes réalisent qu'en ouvrant des micro-entreprises, les femmes peuvent utiliser leur potentiel pour augmenter les ressources de la famille, sans briser pour autant la structure familiale traditionnelle. Les micro- entreprises peuvent résoudre le problème du taux élevé de femmes chômeuses tout en augmentant le produit intérieur brut du pays, a-t-elle estimé.

Elle a indiqué qu'au cours des dernières années, Israël a mis en place un réseau de clubs de femmes d'affaires qui a notamment pour objectif de donner aux femmes les instruments techniques, la formation et des informations sur le monde du travail, d'identifier les questions nécessitant des changements législatifs et la reconnaissance des droits des femmes et d'établir des liens avec le secteur arabe pour promouvoir la compréhension en créant des contacts d'affaires. C'est une situation qui profite à tout le monde et qui permet de renforcer le processus de paix, a-t-elle déclaré. L'idée est de trouver des homologues palestiniens afin de mettre en place un réseau de femmes travaillant en micro-entreprises. Dans la perspective des prochaines élections, une stratégie a par ailleurs été développée visant à la promotion des femmes dans les instances politiques locales.

M. SAKIUSA RABUKA (Fidji) a noté que les femmes constituent 49% de la population totale de Fidji et que son gouvernement reconnaît l'importance d'améliorer la condition de la femme et de lui permettre de participer davantage au processus décisionnel dans le secteur public aussi bien que privé. A cet égard il a indiqué que son gouvernement a formulé un certain nombre de politiques qui incluent notamment une participation à égalité des femmes en matière de développement politique, économique et social, une amélioration des programmes de formation afin de faciliter l'accès des femmes à l'emploi et un examen rigoureux des lois en vigueur dans le but de protéger les intérêts des femmes. Le représentant a par ailleurs indiqué que le nombre de femmes dans la population active est passé de 17% en 1976 à 30% en 1994. Le gouvernement de Fidji compte continuer à accroître cette participation des femmes et faciliter leur accès aux services, ce qui permettra d'améliorer leur productivité. Dans cette optique, le gouvernement de Fidji a décidé de relever de 50% la représentation des femmes dans tous les organes et comités officiels. A l'heure actuelle, a-t-il indiqué, sur 24 sénateurs, 4 sont des femmes et les femmes constituent 6% des conseillers municipaux élus.

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Rappelant que son gouvernement bénéficie d'une aide financière et technique néo-zélandaise dans le cadre d'un programme de développement des micro-entreprises, il a noté que les ressources locales aussi bien financières que techniques ne permettaient pas de résoudre les difficultés qui se présentaient dans la mise en place d'une égalité entre hommes et femmes du fait de la multiplicité des religions et des cultures dans l'île. Il faut donc à Fidji une aide extérieure. Le représentant a d'autre part indiqué que le Département de la police de Fidji a adopté une politique qui l'oblige à enquêter sur tous les cas signalés de violence dans la famille, ce aux fins de poursuivre ceux qui s'en rendent coupables. Pour cela, Fidji a reçu une aide du gouvernement australien qui devrait permettre d'organiser des programmes régionaux de formation sur les actes de violence dirigée contre les femmes. Rappelant que l'on ne peut aborder la question de la promotion des intérêts de la femme sans tenir compte des facteurs politiques, économiques et sociaux, M. Rabuka a noté que la communauté internationale pourrait aider en créant un climat économique international qui permettrait aux petits états insulaires une participation réelle. Les Etats comme Fidji n'ont pas la capacité institutionnelle ou financière, ni les ressources pour appuyer les engagements de Beijing.

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