En cours au Siège de l'ONU

AG/DSI/167

PREMIERE COMMISSION : DES PAYS AFRICAINS RECLAMENT UNE AIDE POUR LUTTER CONTRE LES PETITES ARMES

20 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/DSI/167


PREMIERE COMMISSION : DES PAYS AFRICAINS RECLAMENT UNE AIDE POUR LUTTER CONTRE LES PETITES ARMES

19971020 Le Mali propose la création d'un registre sous-régional de contrôle des armements

La Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) qui a poursuivi cet après-midi son débat général, a entendu plusieurs pays africains demander l'adoption de mesures supplémentaires pour aider les pays soudano-sahéliens à combattre le fléau des armes légères et de petit calibre. Le représentant du Mali a souligné que l'absence de normes régissant les armes classiques et en particulier les armes légères et de petit calibre, pose de plus en plus de problèmes en Afrique de l'Ouest et a souhaité que la communauté internationale aide les pays de la sous région soudano- sahélienne à éliminer ce phénomène. Il a notamment suggéré la mise en place d'un registre sous-régional de contrôle des armements et l'établissement de fichiers sur les plans nationaux. Le Gabon a, pour sa part, jugé que l'accumulation et les transferts excessifs et déstabilisateurs d'armes légères et de petit calibre dans certaines régions instables favorise le recours à la violence armée comme moyen de résoudre les antagonismes politiques. Le Gabon souhaite que l'on adopte une réglementation internationale sur le transfert des petites armes à partir des propositions formulées par le Groupe d'experts des Nations Unies sur les petites armes. Le Niger a souligné que bien que l'Afrique ne produise pas d'armes de ce genre, elle n'en reste pas moins la principale victime. Le Niger se félicite d'avoir remporté un combat dans ce domaine en créant, il y a deux ans, une commission nationale pour la collecte et le contrôle des armes illicites.

La Commission avait entendu, dans le cadre de son débat général, les représentants du Mali, des Philippines, du Bélarus, du Ghana, de l'Arabie saoudite, du Niger et du Gabon. Elle avait auparavant complété l'élection de son Bureau. Elle a ainsi élu MM. Sudjadnan Parnohadiningrat (Indonésie) et Alejandro Guillermo Verdier (Argentine) aux postes de Vice-présidents. M. Milos Koterec (République tchèque) a été élu Rapporteur.

La Commission poursuivra son débat général demain matin, à 10 heures.

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M. SEKOUBA CISSE (Mali) a déclaré que le Mali partage les vues du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies selon lesquelles l'absence de normes régissant les armes classiques et, en particulier, les armes légères de petit calibre, est de plus en plus préoccupante dans les contextes de sécurité régionale et internationale actuels. C'est en se basant sur ce constat que Bamako s'est engagée dans la lutte contre la prolifération des petites armes dans la sous-région d'Afrique de l'Ouest, dont l'un des signes concrets a été, l'an dernier, l'adoption par la Première Commission de la résolution intitulée " Assistance aux Etats sur l'arrêt de la circulation illicite et la collecte des petites armes". Le Mali soumettra un projet de résolution, cette année, sur le même sujet, et appelle tous les pays qui considèrent la prolifération de ces armes comme une source d'insécurité et d'instabilité, à le soutenir, à s'y associer, et à aider les pays de la sous- région soudano-sahélienne dans l'éradication de ce fléau. Le Mali considère que les principales causes de ce problème sont, entre autres, les luttes pour le pouvoir politique, le non-respect des principes démocratiques, l'exclusion de certains groupes sociaux, le refus de l'alternance démocratique, la mauvaise gouvernance et l'incapacité de l'Etat à assurer la sécurité des citoyens et la garde de ses frontières.

Le Forum international réuni du 24 au 28 mars 1997 au Mali et qui était organisé par l'ONU, le PNUD, l'UNESCO et le Gouvernement malien, a recommandé une série de mesures qui pourraient aider à réduire le risque posé par les petites armes. Parmi ces mesures, on trouve notamment, la mise en place d'un système de sécurité intégré au cadre de développement économique et social, l'élaboration d'un registre sous-régional de contrôle des armements, le renforcement du système de contrôle le long des frontières, et l'établissement de fichiers sur les plans nationaux. Le Forum a demandé aux pays les plus nantis d'aider les Etats de la sous-région financièrement et matériellement démunis, dans la mise en oeuvre de cette politique, et a appelé à la mise en place d'un moratoire sur l'exportation, l'importation et la fabrication des armes légères par les Etats de la région.

M. JAIME LOPEZ (Philippines) a indiqué que personne ne saurait dire que le Mouvement des pays non alignés n'a pas été raisonnable en réclamant un désarmement général et complet, d'autant plus que la Cour internationale de Justice a, elle-même, rappelé, l'année dernière, le bien fondé de cet objectif. Le représentant a rappelé que les pays non alignés ont fait de nombreux compromis dans les négociations en matière de désarmement, parfois très douloureux et que maintenant, il convient d'aller de l'avant et de créer un monde exempt d'armes nucléaires. Il faut oeuvrer ensemble pour mettre un terme à la prolifération qualitative et quantitative des armes nucléaires et pour détruire toutes les armes nucléaires existantes. M. Lopez a rappelé que le Traité consacrant le Sud-Est asiatique comme zone exempte d'armes nucléaires a vu le jour le 27 mai dernier, grâce à des avancées réalisées de manière unilatérale ou bilatérale dans le domaine du désarmement nucléaire. Les Philippines regrettent que l'on ne puisse utiliser le mot de compromis pour caractériser le processus d'Ottawa qui a permis d'adopter un texte interdisant l'emploi et le transfert, notamment, des mines terrestres

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antipersonnel. Les Philippines, qui signeront ce texte en décembre prochain, à Ottawa, ont d'ailleurs adopté une loi qui pénalise la possession, l'utilisation ou le commerce des mines, pas seulement sur le seul territoire philippin mais aussi sur le territoire de pays tiers dans lequel seraient impliqués des ressortissants nationaux. M. Lopez a expliqué que son pays est venu à bout de la sécession armée et de la violente rébellion qui ont menacé de saper la paix dans le pays, grâce aux limites imposées aux transferts des petites armes et à une atmosphère de confiance à l'échelon régional, renforcée par une meilleure transparence dans les budgets militaires.

M. SERGEI MARTYNOV (Belarus) a déclaré que la proposition faite par son pays d'établir une zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN) en Europe centrale, lors de la Conférence internationale tenue à Minsk en avril dernier, est la pierre angulaire, aux plans politique et militaire, de la stabilisation de cette région en cette période d'après-guerre froide. Minsk n'entend cependant pas imposer à qui que ce soit un canevas figé dans la mise en oeuvre de cette idée; mais il serait regrettable que cette proposition soit bloquée par des réflexes hérités des habitudes de confrontation de la guerre froide. Le Bélarus, qui est situé à un carrefour géographique stratégique, espère que les évolutions actuelles de la sphère politique européenne iront dans le sens d'un soutien à l'idée de la création de cette zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN).

Concernant les Traités sur les armes nucléaires, Minsk se réjouit de la validité, toujours actuelle, du Traité sur la limitation du nombre de missiles antimissiles balistiques, qui marque une étape importante dans l'arrêt de la course aux armements, et le Bélarus soutient les démarches effectuées par les Etats Unis et la Fédération de Russie en vue d'un Accord START III succédant à START II. Pour en venir à des accords récents, les Traités sur la non prolifération nucléaire et l'interdiction des essais nucléaires, sont la preuve que des négociations menées dans un cadre bilatéral, peuvent aboutir au succès. Les Nations Unies doivent maintenant assurer la viabilité et l'universalité de ces accords, et le Bélarus appelle tous les Etats ayant atteint le seuil nucléaire à les ratifier.

Faisant le point sur le Traité d'interdiction des essais nucléaires, le représentant de Minsk a demandé que le recrutement des personnels devant veiller à sa mise en exécution se fasse de façon transparente. Les postes professionnels de ce Secrétariat ne doivent pas être monopolisés par les ressortissants d'un seul groupe de pays, et des quotas régionaux devraient par conséquent être établis. Concernant la Convention sur les armes chimiques, le Bélarus remercie tous ceux qui ont contribué à son élection au sein du Conseil exécutif de ce traité, et apprécie à sa juste valeur le nombre d'Etats qui se sont déjà montrés prêts à prendre les mesures pratiques de son implantation.

M. JACK WILMOT (Ghana) a rappelé que lors de la Conférence ministérielle des pays non alignés, tenue en avril dernier à New Delhi, les participants ont rappelé que depuis la fin de la guerre froide, aucune raison ne pouvait plus

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être invoquée pour justifier des concepts de sécurité nationale basés sur la dissuasion nucléaire et le risque de la confrontation. La grande majorité des Etats de l'hémisphère sud ont confirmé, a poursuivi le représentant, leur attachement au désarmement nucléaire en adhérant aux zones exemptes d'armes nucléaires. Les pays qui, de Tlatelolco, à Rarotonga, de Pelindaba à Bangkok, ont adhéré à ces zones, demandent aux puissances nucléaires, qui se sont battues en 1995 pour la prorogation indéfinie du TNP, d'en respecter l'esprit et de faciliter les échanges de technologies nucléaires à des fins pacifiques.

Le Ghana reste en outre gravement préoccupée par l'utilisation indiscriminée des armes nucléaires dans le monde. M. Wilmot a rappelé que ces engins continuent de mutiler les civils et de gêner le développement économique de zones entières bien après la fin des conflits. Le Ghana approuve le processus d'Ottawa et demande à tous les Etats réticents face à une interdiction de la production, de l'utilisation et du transfert des armes de se joindre à ceux qui signeront le texte au Canada en décembre prochain. En attendant, le Ghana invite les nations Unies et la communauté internationale à continuer de mobiliser les ressources nécessaires à l'intensification des activités de déminage et d'assistance aux victimes.

M. SAUD ABDUL-AZIZ AL-DALIL (Arabie saoudite) a réitéré le soutien total de son pays aux efforts des Nations Unies pour créer une zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient. Riyad appelle Israël à joindre le Traité de non-prolifération nucléaire, et à soumettre toutes ses installations au contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique. L'Arabie saoudite participe aux efforts de la Ligue arabe pour faire du Moyen-Orient une ZEAN. Cette position démontre amplement ses bonnes intentions dans les domaines du désarmement et de la sécurité internationale, en vue de créer un environnement international libéré d'armes nucléaires et de toutes autres formes d'armes de destruction massive. Le fait qu'au Moyen-Orient, Israël veuille lier les questions concernant le nucléaire au processus de paix, est le plus grand obstacle à la résolution des problèmes de la région. La vraie paix devrait être fondée sur la confiance et les bonnes intentions entre les pays de cette zone géographique, et non sur la détention de l'arme atomique et la menace permanente de son usage, a conclu le délégué.

M. OUMAROU MALLAM DAOUDA (Niger) a rappelé que bien que dans son immense majorité l'Afrique ne soit pas productrice d'armes, elle reste la grande victime de "ces engins de mort". Le Niger, qui s'est associé aux efforts de la communauté internationale pour combattre ce fléau, s'est doté en 1994 d'une Commission nationale pour la collecte et le contrôle des armes illicites. Cette Commission qui est chargée d'enrayer l'insécurité engendrée par la circulation des armes de petit calibre, a enregistré des résultats probants dans ce domaine, comme a pu le constater en mars 1995 la Mission consultative de l'ONU sur la prolifération des petites armes dans la sous-région saharo- sahélienne, a déclaré le représentant.

M. Daouda a poursuivi en expliquant que bien que son pays soit producteur d'uranium, il ne possède pas d'installation de production d'armes

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nucléaires, biologiques ou chimiques, ni d'armes légères. C'est parce que le Niger est désireux de concourir à la prise de mesures efficaces pour prévenir et écarter toute menace à la paix que le Niger a adhéré au TNP, au TICEN et à la Convention sur les armes chimiques, a expliqué le représentant. Le Niger a par ailleurs pris ses dispositions afin d'être en mesure de participer à la cérémonie de signature du Traité contre les mines, à Ottawa en décembre prochain.

Le Niger déclare en outre tous les ans, aux Nations Unies, la liste des matériels d'armement en dotation de ses forces armées, même s'il ne compte qu'une armée de 10 000 hommes. Les armes légères et les quelques pièces d'artillerie en service dans les forces armées du pays proviennent essentiellement de dons accordés par des pays amis, a ajouté le représentant. Le Niger, qui reste préoccupé par la possibilité que son territoire soit utilisé à son insu par les puissances nucléaires pour y déverser des déchets radioactifs, est sur le point d'adhérer à la Convention de l'Agence internationale de l'énergie atomique relative à la sûreté de la gestion des déchets nucléaires et toxiques.

M. PARFAIT-SERGE ONANGA-ANANGA (Gabon) a déclaré que l'accumulation et les transfert excessifs et déstabilisateurs d'armes légères et de petit calibre sont à l'origine des nombreux conflits qui provoquent tant de drames humains à l'heure actuelle. Il a appelé la communauté internationale à se pencher sur ce problème, car l'accumulation excessive d'armes dans certaines régions instables favorise le recours à la violence armée comme moyen de résoudre les antagonismes politiques. Les directives adoptées par la session de fond de la Commission du désarmement en 1996, et les recommandations du Groupe d'experts gouvernementaux sur les armes de petit calibre, peuvent aider à l'adoption d'une réglementation internationale contrôlant le transfert de ces armes. D'autre part, au vu de la multiplication des facteurs de déstabilisation de la paix et de la sécurité à l'échelon national, sous- régional et international, la communauté internationale doit faire de la promotion de la diplomatie préventive un axe majeur de son action pour la paix.

Au niveau de la sous-région d'Afrique centrale, onze pays sont réunis au sein du Comité consultatif permanent des Nations Unies pour les questions de sécurité en Afrique centrale et poursuivent un processus de concertation mutuelle visant à renforcer la confiance entre les Etats. Pour traduire leur désir d'instaurer la paix dans leur zone, les pays membres de ce Comité, réunis à Libreville au Gabon en juillet dernier, ont adopté un plan d'action qui vise, entre autres, à établir un mécanisme d'alerte rapide comme moyen de prévention des conflits dans la région, à renforcer la capacité des Etats à participer aux opérations de maintien de la paix, à organiser, dans ce but, des manoeuvres militaires conjointes entre unités choisies pour ces opérations, et à harmoniser l'action sous-régionale dans la lutte contre le commerce illicite des armes et des drogues. Une Conférence sous-régionale, réunissant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et les pays d'Afrique centrale, sur le thème Institutions démocratiques et paix en Afrique

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centrale est prévue en décembre prochain en Guinée équatoriale. L'objectif de cette Conférence est de renforcer la capacité des pays de la sous-région dans le domaine du maintien de la paix. Le représentant a rappelé que le désarmement à l'échelon régional est indissociable de la création de zones exemptes d'armes nucléaires, lesquelles constituent un élément essentiel du dispositif d'ensemble du désarmement dans le monde.

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