PREMIERE COMMISSION : L'ORGANISATION DE LA CONVENTION SUR LES ARMES CHIMIQUES JUGE VITALE SA RATIFICATION PAR LA RUSSIE
Communiqué de Presse
AG/DSI/165
PREMIERE COMMISSION : L'ORGANISATION DE LA CONVENTION SUR LES ARMES CHIMIQUES JUGE VITALE SA RATIFICATION PAR LA RUSSIE
19971016 La Côte d'Ivoire propose la création d'une force sous-régionale de paix en Afrique de l'OuestLa Commission du désarmement et de la sécurité internationale a poursuivi son débat général cet après-midi. Elle a entendu dans ce cadre M. José Mauricio Bustani, Directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques qui a souligné que la Convention, ratifiée par cent Etats et signée par 67, a créé un précédent historique en matière de désarmement et d'élimination des armes de destruction massive. Parmi les deux défis qu'il estime devoir relever figure celui d'amener la Fédération de Russie à ratifier la Convention. En tant qu'Etat possédant 40 000 tonnes d'armes chimiques, et le plus grand possesseur déclaré d'armes chimiques du monde, la Fédération de Russie représente un élément essentiel si l'on veut que la Convention soit universelle. Le Directeur a indiqué que les prochains jours diront si la Fédération de Russie a l'intention de respecter son rôle de premier plan en matière de sécurité internationale ou si elle choisira la voie dangereuse de l'isolationnisme. L'autre défi, a-t-il dit, est de parvenir à instaurer une culture de la transparence au sujet de la fabrication de substances chimiques dans les Etats. Le représentant de la Fédération de Russie s'est brièvement exprimé á la suite de cette déclaration.
La Commission a par ailleurs entendu la déclaration de la Norvège, de la Côte d'Ivoire, du Viet Nam, de l'Algérie, de la république de Corée, de Malte, du Paraguay (au nom des pays membres du Groupe de Rio), du Sri Lanka et de l'Egypte. Le représentant de la Côte d'Ivoire a proposé de constituer une force sous-régionale de paix en Afrique de l'Ouest qui regrouperait les éléments de l'ECOMOG (Groupe d'observation militaire de la CEDEAO) et ceux de l'accord de non-agression et d'assistance en matière de défense comprenant la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Bénin, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Togo. Cette force, a-t-il ajouté, pourrait être articulée en modules tactiques ou logistiques pré-affectés, mis en disponibilité opérationnelle sur leur territoire respectif et qui seraient en mesure d'entrer en action sur un préavis court, à la demande de la CEDEAO, de l'OUA ou de l'ONU. La République populaire démocratique de Corée et la République de Corée ont exercé leurs droits de réponse en fin de réunion.
La Première Commission reprendra son débat demain à 15 heures.
( suivre)
AG/DSI/165 16 octobre 1997
M. LEIF ARNE ULLAND (Norvège) a déclaré que son pays est disposé, après accord parlementaire, à allouer la somme de 100 millions de dollars au cours des cinq prochaines années aux opérations de déminage et à l'assistance aux victimes des mines terrestres antipersonnel. Oslo estime que la Convention négociée avec succès au mois de septembre, servira à mettre fin à de nombreuses souffrances humaines, et à démontrer que des objectifs positifs peuvent être atteints quand des organisations non-gouvernementales et des gouvernements travaillent main dans la main. C'est pourquoi la Norvège se félicite de l'attribution, cette année, du prix Nobel de la paix à la Campagne internationale d'interdiction des mines antipersonnel et à sa coordinatrice, Jody Williams. Le défi qui reste à relever est celui de rendre effectifs les objectifs humanitaires de cette convention. Aussi la Norvège appelle-t-elle tous les Etats à signer et ratifier ce texte le plus tôt possible.
La Norvège continue d'insister sur la nécessité de réduire toujours plus les stocks d'armes nucléaires tactiques et de les détruire. Il ne suffit pas, comme c'est le cas actuellement, de les dépositionner et de les stocker; il faut s'en débarrasser. L'accord entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie lors du Sommet d'Helsinki sur le principe de négociations allant au-delà du Traité START II est un pas dans la bonne direction. Le Gouvernement norvégien a étudié un Plan d'action sur les activités nucléaires et les armes chimiques dans les zones nordiques. Le but en est, en coopération avec d'autres Etats, d'atteindre l'objectif d'opérations sures et de coût contrôlé sous inspection, et respectant les normes internationales de sécurité. Les négociations sur un accord interdisant la production de matériaux fissiles dans le but de la fabrication d'armements, devraient être la prochaine priorité du programme de la Conférence du désarmement, a conclu M. Ulland. Un accord d'interdiction serait un important moyen de réduire la disponibilité de ces matériaux.
M. ERIC CAMILLE N'DRY (Côte d'Ivoire) s'est félicité que les Nations Unies se préoccupent davantage des mines terrestres, engins qui tuent 26 000 personnes par année, soit une toutes les vingt minutes. Rappelant que plus de 27% des mines ont été posées en Afrique, il a indiqué que la Côte d'Ivoire fera partie des premiers pays à signer la convention contre l'utilisation des mines, à Ottawa en décembre prochain. M. N'Dry a évoqué le problème des petites armes qui sèment l'insécurité en Afrique sub-saharienne et favorisent le grand banditisme, la formation de groupes armés et poussent les populations menacées à l'autodéfense. Ce phénomène menace également les démocraties naissantes et constitue également une source d'instabilité dans diverses régions du monde, a-t-il dit. La Côte d'Ivoire, a-t-il rappelé, a lancé l'année dernière un appel qu'elle réitère cette année afin que les Nations Unies organisent une conférence régionale en collaboration avec l Organisation de l'unité africaine (OUA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), afin d'examiner en profondeur la question de la circulation illicite des petites armes dans la sous-région ouest africaine.
Le représentant a précisé que le Président ivoirien a récemment pris la décision d'autoriser les forces armées ivoiriennes à participer à des
( suivre)
AG/DSI/165 16 octobre 1997
opérations de maintien de la paix dans le cadre notamment d'une force africaine d'interposition, d'une nécessité indéniable aujourd'hui, a ajouté le représentant.
La Côte d'Ivoire estime, en l'espèce, que l'Afrique de l'Ouest pourrait aisément constituer une force sous-régionale de paix qui regrouperait les éléments de l'ECOMOG (Groupe d'observation militaire de la CEDEAO) et ceux de l'accord de non-agression et d'assistance en matière de défense comprenant la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Bénin, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Togo. Cette force, a-t-il ajouté, pourrait être articulée en modules tactiques ou logistiques pré-affectés, mis en disponibilité opérationnelle sur leur territoire respectif et qui seraient en mesure d'entrer en action sur court préavis, à la demande de la CEDEAO, de l'OUA ou de l'ONU.
M. PHAM QUANG VINH (Viet Nam) a indiqué que son pays s'aligne sur la déclaration ministérielle des pays non alignés en date du 25 septembre 1997, qui stipule que toute négociation ou accord sur les mines antipersonnel doit prendre en compte les soucis légitimes de sécurité et les droits intrinsèques qu'accorde à chaque nation la Charte des Nations Unies. Ces mines sont des outils de défense de souveraineté et d'intégrité territoriale. Hanoï, qui a souffert des conséquences de l'usage de ces armes dans le passé, estime cependant que les opérations de déminage et d'assistance aux victimes sont des sujets importants. Le Viet Nam soutient le rôle important joué par les Nations Unies et les autres instances multilatérales dans la promotion de la sécurité internationale et du désarmement. Le rôle de ces institutions devrait être renforcé sur la base des différents mandats qui leur sont alloués. Hanoï partage le point de vue du Secrétaire général de l'ONU selon lequel le Centre régional pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique représente un outil important de la promotion de la coopération dans la région.
Concernant le nucléaire, M. Vinh a dit que le concept de la dissuasion basée sur une supériorité atomique doit devenir totalement caduque dans la période que traverse actuellement le monde. Hanoï soutient pleinement l'avis historique de la Cour internationale de Justice sur l'obligation de poursuivre dans la bonne foi et de conclure des négociations menant au désarmement nucléaire, et le Viet Nam s'est joint à 28 autres pays pour mettre en avant une proposition sur un programme d'élimination de ces armes. L'entrée en vigueur du Traité de Bangkok sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN), doit inciter et amener les puissances nucléaires à reconnaître ce Traité et à en signer tous les protocoles. L'établissement de ZEAN, comme celles de Pelindaba, Rarotonga, Tlatelolco et de Bangkok est un apport inestimable pour un monde en paix.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé qu'il n'existe pas et qu'il ne saurait exister d'alternative à la réalisation du désarmement nucléaire authentique, seul à même de libérer l'humanité de l'apocalypse, de garantir la sécurité pour tous et de consacrer l'énergie nucléaire comme moyen d'assurer
( suivre)
AG/DSI/165 16 octobre 1997
le développement économique et social. L'Algérie estime que la proposition du Groupe des pays non alignés à la Conférence du désarmement visant à créer un comité spécial chargé d'élaborer un calendrier pour le programme échelonné de réduction des armes nucléaires mérite d'être examinée. En outre, l'Algérie est d'avis que l'arrêt de la production des matières fissiles doit être combiné à d'autres mesures telles que l'interdiction en toutes circonstances, du recours et de la menace au recours des armes nucléaires contre les pays qui n'en sont pas dotés. De telles garanties ne produiraient leur plein effet que si elles étaient formulées dans un instrument juridique contraignant liant toutes les puissances nucléaires, a affirmé toutefois M. Baali.
L'Algérie, a rappelé le représentant, s'est engagée depuis longtemps à oeuvrer pour la dénucléarisation de ces deux régions. Si l'Afrique a atteint cet objectif en avril 1996, cette perspective reste encore bien éloignée pour le Moyen-Orient, notamment en raison du fait qu'Israël est le seul Etat de la région à ne pas être partie au TNP et à continuer de disposer de capacités nucléaires et d'autres armes de destruction massive en dehors de tout contrôle international. Aujourd'hui, a affirmé M. Baali, aucun obstacle ne s'oppose plus à la promotion de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire dans les domaines du développement économique. A ce titre, le renforcement de l'efficience et de l'efficacité du système de garanties constitue un stimulant des transferts de technologie nécessaires à l'essor scientifique, économique et social des pays en développement. En matière de désarmement, l'Algérie qui est le pays qui, dans son aire géographique, consacre la plus faible part de son PIB aux dépenses de défense nationale, souscrit pleinement à l'option de la sécurité de tous les Etats dont la promotion passe par la réalisation du désarmement nucléaire, ensuite par l'élimination des autres armes de destruction massive et par la réduction progressive et équilibrée des armements conventionnels tant au niveau mondial que régional.
La conception de la sécurité internationale qui a prévalu jusqu'ici a montré ses limites, a dit M. Baali. Aujourd'hui, il est impératif d'entreprendre une reconsidération de la question de la sécurité à travers une approche multidimensionnelle où l'aspect militaire est à envisager parallèlement aux autres priorités, et notamment celles liées au développement économique et social. L'Algérie plaide pour une approche globale et intégrée de la sécurité et du développement en Méditerranée. Le processus de Barcelone euro-méditerranéen, initié, il y a deux ans, a précisément pour ambition de promouvoir un ordre méditerranéen rénové à même de consolider la stabilité et la prospérité et de favoriser les processus démocratiques et les réformes économiques entreprises par nombre de pays de la région et de parvenir à l'instauration d'un partenariat véritable fondé sur l'équilibre des intérêts et le respect des différences.
M. PARK SOO GIL (République de Corée) a regretté que les récents efforts pour limiter le déploiement et encourager l'élimination des mines terrestres antipersonnel n'aient pas suffisamment pris en compte les légitimes soucis de sécurité nationale des Etats. En République de Corée, où la majeure partie de la population vit à portée de bombardement de la frontière la plus militarisée
( suivre)
AG/DSI/165 16 octobre 1997
du monde, une interdiction totale de l'usage de ces mines accroîtrait les dangers courus par la population civile plutôt qu'elle ne les réduirait. Aussi, bien que supportant l'esprit de la Convention sur les mines antipersonnel récemment adoptée à Oslo, Séoul déplore qu'elle ne tienne pas compte des soucis de sécurité de la République de Corée.
Dans le domaine du nucléaire, il y a eu des progrès dans la résolution du problème apparu en Corée du Nord, ceci dans le contexte du cadre mis en place par les Etats-Unis et la République populaire démocratique de Corée. Séoul souhaite cependant souligner que le problème nucléaire en Corée du Nord ne sera réellement résolu que quand PiongYang se pliera aux règles de sécurité de l'Agence internationale de l'énergie atomique, ainsi qu'à celles de la Déclaration conjointe pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne discutée par les deux Corée.
L'entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques est un pas important de la communauté internationale vers l'élimination d'une des catégories d'armes de destruction les plus affreuses. Mais une menace de déstabilisation de la paix et de la sécurité internationale apparaît aussi, avec l'accumulation d'armes conventionnelles à des niveaux qui vont loin au- delà d'objectifs d'autodéfense. La délégation de Séoul appelle au contrôle de ces armes par le renforcement du rôle que joue le Registre des Nations Unies sur les armes.
M. GEORGE SALIBA (Malte) a estimé que le contrôle des exportations nucléaires constitue un aspect important de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et que tous les Etats devraient donc souscrire au régime de garanties établi par l'AIEA. Malte attache une grande importance à un contrôle efficace des exportations des matériaux pouvant être utilisés à des fins civiles et militaires. Loin d'être considérés comme des restrictions commerciales, de tels contrôles doivent, au contraire, être perçus comme autant de moyens d'accroître la sécurité mondiale. Malte attache en outre une grande importance au transfert illicite des armes classiques, lequel est intimement lié au terrorisme, au trafic de drogues et au blanchiment d'argent. Pour ce qui est de la question de la sécurité dans la Méditerranée, Malte oeuvre en faveur d'une approche intrarégionale de la sécurité et de la stabilité dans la région. Le représentant a rappelé que la dernière réunion des Ministres des affaires étrangères qui s'est tenue à Malte en avril dernier, a permis de progresser, sur la question des mesures de confiance à l'échelon régional. Pour Malte, il ne faut pas concevoir la région de la Méditerranée comme une ligne de démarcation entre le Nord et le Sud mais comme un point de ralliement entre eux. C'est une région riche et diverse sur le plan culturel, religieux et socio-économique. Malte vise à terme à transformer la région en zone politiquement stable et économiquement prospère, démilitarisée et dénucléarisée. Malte aimerait que l'ONU s'implique davantage dans la région, notamment par l'intermédiaire de son Département des affaires politiques.
( suivre)
AG/DSI/165 16 octobre 1997
M. HUGO SAGUIER CABALLERO (Paraguay, parlant au nom du Groupe de Rio) a déclaré que la région, dans l'esprit du Processus d'Ottawa sur les mines terrestres antipersonnel, serait la première de la planète à être exempte de ces armes. Le Groupe de Rio accueille aussi favorablement la réponse de la communauté internationale à l'Accord d'Oslo. L'Amérique latine et les Caraïbes veulent être exemptes d'armes de destruction massive. Conformément au Compromis de Mendoza, les armes chimiques et biologiques sont bannies de la région. Concernant le nucléaire, le Traité de Tlatelolco, dont l'anniversaire de la signature vient d'être célébré, est devenu un modèle pour les autres régions et pays qui souhaitent avoir des zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN). A ce jour, les Traités de Tlatelolco, de Rarotonga, de Pelindaba et de Bangkok, auquel il faut ajouter la Convention sur l'Antarctique, sont une contribution inestimable à l'idéal de désarmement. Il faut aller maintenant vers le contrôle de la production et l'élimination du transfert des matières fissiles. Le Groupe de Rio pense que de nouvelles assises sur le nucléaire dans le cadre de la Commission du désarmement sont indispensables, et estime qu'il faut respecter l'avis de la Cour internationale de Justice sur ce point.
M. BERNARD A.B. GOONETILLEKE (Sri Lanka) s'est dit pour le moins surpris que quelques Etats prétendent et soutiennent que la question du désarmement nucléaire ne devrait en aucun cas être négociée dans un cadre multilatéral, ce qui, a dit le représentant, équivaut à transformer le reste de la communauté internationale en spectateurs. Le Sri Lanka regrette fortement que la proposition du Groupe de 21, au sein de la Conférence du désarmement, visant à créer un groupe de travail sur le désarmement nucléaire, n'ait pas été retenue et que les dissensions sur cette question aient empêché la Conférence de commencer ses travaux. Le représentant a rappelé que la question des négociations sur un traité d'interdiction de la fabrication de matières fissiles est en délibéré depuis 1995 car deux vues s'affrontent en la matière: d'une part, il y a ceux qui pensent qu'un tel texte pourrait fort bien être négocié en tant que mesure supplémentaire; d'autre part, il y a ceux qui insistent pour que cette question soit appréhendée en tant que partie intégrante des négociations sur le désarmement nucléaire.
Il a en outre ajouté que la question des garanties de sécurité que demandent les puissances nucléaires a été de facto rejetée par les grandes puissances depuis 1968. Pourtant, a-t-il dit, plusieurs propositions ont été formulées sur ce point, allant d'un protocole additionnel au TNP à un instrument juridique distinct, propositions qui pourraient être négociées soit dans le cadre des procédures d'examen du TNP soit dans le cadre des sessions de la Conférence du désarmement. Le Sri Lanka estime en l'espèce que tout devrait être fait de manière à ce que la Conférence du désarmement prenne les mesures nécessaires pour rétablir, à la fin de 1998, un comité spécial sur les assurances négatives de sécurité, en révisant son mandat si besoin était, de manière à ce qu'il puisse commencer immédiatement ses négociations sur la question. Pour le Sri Lanka, si la négociation d'une convention abolissant les armes nucléaires risque de durer des années, il est néanmoins légitime de demander, en attendant, la conclusion d'une convention interdisant l'utilisation des armes de destruction massive.
( suivre)
AG/DSI/165 16 octobre 1997
Pour ce qui concerne les armes classiques, le Sri Lanka estime que l'on ne peut se satisfaire d'une transparence sélective, en ne contrôlant que les flux d'armes classiques et pas de destruction massive. Le Registre ne peut se contenter de vérifier sept types d'armes tandis que des dizaines d'autres types continuent de déstabiliser des pays et des régions entières du monde. Le Sri Lanka qui est, par principe, favorable à la convention d'Oslo sur les mines, estime toutefois qu'il aurait fallu tenir compte de divers aspects de la question, notamment d'autres alternatives de défense. Compte tenu de ses préoccupations en matière de sécurité, le Sri Lanka ne sera malheureusement pas en mesure de signer cette convention dans un futur proche.
M. NABIL ELARABY,(EGYPTE) a déclaré avec fermeté que les arguments superficiels avancés par Israël, pour justifier sa position contre une signature et une ratification du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), constituent en ce moment un obstacle sérieux à l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient. Le refus israélien de soumettre ses installations nucléaires au contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), affaiblit les possibilités d'un règlement acceptable du problème nucléaire dans la région. Cette attitude de l'état hébreu, non seulement empêche la création d'une ZEAN, mais elle entraîne aussi d'autres Etats de la région à durcir leurs positions en ce qui concerne les Conventions sur les armes chimiques et biologiques. Considérant ces attitudes, l'Egypte affirme que la sécurité ne se marchande pas quand on parle d'armes de destruction massive, et l'initiative du Président Moubarak, lancée en 1990, en faveur d'une zone exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient, reste d'actualité.
L'Egypte, a ajouté M. Elaraby, considère le Registre des Nations Unies sur les armes conventionnelles comme un outil de promotion de mesures de confiance, et non comme un mécanisme de contrôle des armements. Le Caire regrette que ce Registre et son Groupe d'experts gouvernementaux, n'aient pu élargir l'éventail de couverture de ce mécanisme, ce qui aurait permis de prendre en compte les acquisitions d'équipements militaires produits par des industries nationales ainsi qu'une huitième catégorie d'armes de destruction massive stockées par certaines nations. Le Caire étudie la possibilité de soumettre à la Commission un projet sur la transparence en matière d'armements de destruction massive.
En ce qui concerne les mines antipersonnel, Le Caire pense que toutes mesures tendant à vouloir les éliminer devraient être accompagnées par des mesures concrètes et sérieuses de déminage, les pays les plus affectés ne pouvant le faire eux-mêmes par manque de moyens financiers et techniques.
M. JOSE MAURICIO BUSTANI, Directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, a souligné que la Convention sur les armes chimiques a des qualités uniques. Tout d'abord, c'est le premier traité multilatéral qui soit à la fois exhaustif, non-discrimination et vérifiable. Ensuite, ce texte a créé un précédent historique en matière de désarmement et d'élimination des armes de destruction massive. Le Directeur a fait valoir
( suivre)
AG/DSI/165 16 octobre 1997
que l'application efficace de la Convention sera une des conditions essentielles du renforcement du régime mondial de prévention de la prolifération des armes de destruction massive. Aucune autre institution, a- t-il dit, n'a jamais reçu de mandat aussi vaste.
M. Bustani a fait part de sa satisfaction face à l'état de ratification de la Convention. 100 Etats l'ont ratifiée et 67 l'ont signée, a-t-il dit en précisant que sept Etats ont officiellement déclaré être en possession d'armes chimiques ou être en mesure d'en fabriquer. Il a expliqué qu'au 30 septembre dernier, 63 Etats parties ont transmis à l'Organisation des informations concernant leurs installations de fabrications de dérivés chimiques hautement toxiques et les transferts de petites quantités de substances chimiques à des fins pharmaceutiques, médicales ou autres finalités pacifiques. M. Bustani a en outre indiqué que de nombreux efforts ont été également faits pour ce qui concerne les vérifications in situ. La première inspection a eu lieu le 4 juin 1997, un mois juste après l'entrée en vigueur de la Convention, aux Etats-Unis. Aujourd'hui, plus de 80 inspections ont été menées sur le territoire de 17 Etats parties.
Nous avons d'autres tâches difficiles à entreprendre, a déclaré le Directeur. Il faudra parvenir notamment à instaurer une culture de la transparence. Il a reconnu qu'il est vrai que la Convention est tenue de respecter un certain degré de confidentialité quant aux informations qui lui sont transmises et que c'est précisément cette clause qui a permis à cet instrument d'être si amplement accepté par tous. Toutefois, la préservation d'informations confidentielles dans le domaine des industries chimiques doit être contrebalancée par le besoin d'être aussi transparent que possible au sujet de ses activités dans le domaine militaire. Il a indiqué avoir pressé les Etats à tenter de dominer leur aversion traditionnelle envers la transparence pour ce qui concerne leurs capacités chimiques. Notre mandat, a- t-il dit, est de protéger les informations confidentielles mais pas de perpétuer les secrets.
M. Bustani a indiqué que l'une de ses priorités est d'amener la Fédération de Russie à ratifier la Convention. En tant qu'Etat possédant 40 000 tonnes d'armes chimiques, et que plus grand possesseur déclaré d'armes chimiques du monde, la Fédération de Russie est un élément essentiel de l'universalité de la Convention. Le Directeur a indiqué que les prochains jours diront si la Russie a l'intention de vivre à la hauteur de son rôle de leader en matière de sécurité internationale ou si elle choisira la voie dangereuse de l'isolationnisme. Le Directeur a indiqué que la Douma tiendra prochainement un débat sur la ratification de la Convention. Si la Fédération de Russie adhérait à la Convention, elle bénéficierait de l'aide de la communauté internationale tandis que si elle décidait de ne pas y adhérer, elle devrait probablement faire face à des sanctions économiques aux termes de la Convention. La Russie devrait devenir un membre à part entière de la Convention 30 jours après avoir déposé les instruments de ratification auprès du Secrétaire général des Nations Unies. Ce qui veut dire que si la Fédération de Russie veut être en mesure de voter lors de la prochaine session
( suivre)
AG/DSI/165 16 octobre 1997
de l'organisation de la Convention, en décembre, ses instruments de ratification devront être déposés au plus tard le 31 octobre prochain.
Le représentant de la Fédération de Russie a remercié le Directeur de l'organisation de la Convention pour les précieuses informations qu'il a données sur l'état de la Convention. La Russie, qui vient de signer la Convention, est rassurée par cette déclaration car celle-ci signifie deux choses. D'une part, la Russie ne risque pas l'isolement et d'autre part, lorsque la Russie participera de plein droit à la Convention, elle pourra compter sur l'organisation de la Convention.
Droits de réponse
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que c'est la Corée du Sud qui a introduit les armes chimiques en Corée du Nord. La question de la péninsule de Corée doit être traitée directement entre la République populaire démocratique de Corée et les Etats-Unis. D'autres questions comme la dénucléarisation seront réglées dans le cadre de ces négociations, a-t-il dit. Mon pays a été victime d'armes chimiques durant la guerre de Corée. Mon pays a le droit d'adhérer à la Convention sur les armes chimiques s'il le souhaite et cela reste son droit plein et entier.
Le représentant de la République de Corée a indiqué que la République populaire démocratique de Corée continue de ne pas respecter le régime de garanties de l'AIEA. L'Accord entre les Etats-Unis et la République populaire démocratique de Corée pourrait régler ces questions mais les accords bilatéraux comme l'accord cadre conclu entre ces deux pays ne remplacent ni ne se substituent en rien au régime de non-prolifération mis en place par l'AIEA. la Déclaration sur la dénucléarisation de la Péninsule va loin et rendra service à la région tout entière, a-t-il dit.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que la rhétorique politique de la Corée du Sud au sujet de mon pays est absurde. C'est la Corée du Sud qui a introduit l'arme chimique en Corée du Nord. La question nucléaire dans la péninsule doit être traitée directement entre les Etats-Unis et nous, a-t-il dit et la Corée du Sud ferait bien de ne pas "mettre son nez dans cette affaire".
* *** *