En cours au Siège de l'ONU

AG/701

L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LA SUITE DONNEE AU SOMMET MONDIAL DE COPENHAGUE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

16 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/701


L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LA SUITE DONNEE AU SOMMET MONDIAL DE COPENHAGUE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL

19971016 L'accent est mis sur la coresponsabilité des gouvernements et de la communauté internationale en matière de lutte contre la pauvreté

L'Assemblée générale a entamé ce matin l'examen de la question de la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social. Elle était saisie pour ce faire d'un rapport du Secrétaire général et a entendu les interventions du Ministre des affaires étrangères du Pakistan et du Ministre d'Etat à la jeunesse du Portugal ainsi que celles des représentants des pays suivants : Paraguay (au nom du Groupe de Rio), Luxembourg (au nom de l'Union européenne et de pays associés), République-Unie de Tanzanie (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Côte d'Ivoire, Malaisie, Mexique, Viet Nam, Egypte, Swaziland, Chine, Algérie, Bangladesh et Tunisie.

Les intervenants ont rendu hommage aux nombreux efforts déployés tant par les gouvernements que par le système des Nations Unies pour mettre en oeuvre le Programme d'action et la Déclaration de Copenhague. Il ont déploré cependant que deux ans et demi après le Sommet mondial, l'extrême pauvreté afflige toujours près d'un cinquième de la population mondiale. Pour l'ensemble des orateurs, l'élimination de ce fléau, qui représente l'un des trois objectifs fondamentaux définis dans la capitale danoise, doit plus que jamais constituer une priorité pour les gouvernements et pour la communauté internationale, particulièrement en 1997, proclamée Année internationale pour l'élimination de la pauvreté. Pour remédier à cette situation, plusieurs délégués ont plaidé en faveur d'un renforcement de l'aide publique au développement (APD), soulignant la nécessité d'atteindre au plus vite l'objectif de 0,7% du PNB. Certains d'entre eux ont tenu à rappeler les conséquences néfastes du poids de la dette. Les intervenants ont d'autre part évoqué les initiatives prises par leurs pays pour se conformer aux engagements pris à Copenhague et contribuer au bien-être de leur population.

En début de séance, le Président de l'Assemblée générale, M. Hennadiy Udovenko (Ukraine) a pris note de la décision de l'Assemblée, sur proposition du Luxembourg, d'autoriser l'observateur du Saint-Siège à participer au débat sur la question.

L'Assemblée générale poursuivra son débat sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social cet après-midi, à 15 heures.

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M. HUGO SAGUIER CABALLERO (Paraguay) s'exprimant en tant que coordonnateur du Groupe de Rio, a estimé que le concept de développement social imposait une responsabilité que les Etats membres de son groupe continueront à assumer avec détermination tant aux niveau national que régional ainsi que l'ont décidé les chefs d'Etats et de gouvernement du Groupe de Rio. Lors du Sommet d'Asunción en août dernier, ils se sont mis d'accord sur les objectifs permanents que sont l'élimination de l'extrême pauvreté, la réalisation de la justice sociale, la promotion de la participation des citoyens ainsi que l'amélioration des conditions de vie de la population. Ils ont réaffirmé que pour avoir une démocratie stable et améliorer la qualité de vie des peuples, il était fondamental d'avoir un processus de développement social et économique durable.

Le Groupe de Rio qui s'est engagé à poursuivre sa contribution et ses efforts en faveur de l'éradication de la pauvreté et la recherche d'un développement humain complet, partage l'idée qu'il faut établir les garde-fous nécessaires afin de garantir l'équité sociale. Dans cette optique, les conclusions sur l'emploi productif et les moyens de vie durables transmis par l'ECOSOC, reflètent l'intérêt qu'il y a à continuer à chercher des politiques appropriées afin de parvenir au plein emploi.

M. JEAN-LOUIS WOLZELD (Luxembourg) au nom de l'Union européenne, ainsi que de la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie et Chypre) a indiqué qu'au sein de l'Union européenne, le chômage reste un sujet de grave préoccupation. Le nouveau Traité de l'Union européenne renforce la dimension sociale de l'Union en suivant les accords du Sommet mondial pour le développement social. Le représentant a rappelé que la Déclaration de Copenhague reconnaît que l'élaboration et la mise en oeuvre de stratégies, de politiques, de programmes et d'actions pour le développement social incombent à chaque Etat. Il ne s'agit donc pas d'appliquer universellement une stratégie uniforme. La réalisation de l'objectif ultime du développement social que constitue l'amélioration de la qualité de la vie de tous, requiert entre autres l'instauration d'un régime démocratique et ouvert, dans lequel le Gouvernement répond de ses actions devant le peuple et l'individu est habilité à participer pleinement aux processus de prise de décisions à tous les niveaux. Par ailleurs, l'Union européenne réitère l'importance qu'elle attache à la participation.

L'Union européenne est convaincue que l'appui de la communauté internationale aux niveaux bilatéral et multilatéral, en particulier pour les pays les moins avancés, est essentiel en vue de contribuer à créer les conditions qui permettraient aux gouvernements de prendre l'initiative d'évaluer les situations de pauvreté, et de concevoir des stratégies et des programmes nationaux de lutte contre la pauvreté et de promotion du développement social. L'éradication de la pauvreté ainsi que le développement social constituent des buts essentiels de la coopération entre l'Union

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européenne et les pays en développement ainsi qu'en témoigne le Traité de Maastricht. L'Union européenne s'est fortement engagée dans le cadre du Comité d'aide au développement de l'OCDE. Ses membres s'efforcent d'honorer l'engagement qu'ils ont pris d'atteindre l'objectif convenu par l'ONU de consacrer dès que possible 0,7% de leur produit national brut (PNB) à l'aide publique au développement (APD) et encouragent les autres pays développés à en faire de même.

L'Union européenne estime que le Conseil économique et social des Nations Unies devrait évaluer annuellement, dans le contexte du point de l'ordre du jour approprié du segment général, les progrès réalisés aux niveaux intergouvernemental et interorganisations, ainsi que les réalisations sur le terrain. Le Conseil devrait aussi continuer à harmoniser et à coordonner les programmes de travail des commissions techniques chargées du suivi des grandes conférences. L'Union européenne estime que le Comité préparatoire plénier de l'Assemblée générale, qui sera créé au cours de la présente session, devrait se réunir après la session annuelle de la Commission du développement social. Elle souhaite également réitérer l'importance de s'assurer d'un suivi intégré, non seulement dans le cadre de ce mécanisme, mais également dans les activités opérationnelles de développement des Nations Unies. Le représentant a conclu son intervention en mettant l'accent sur la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse que le Gouvernement portugais, en coopération avec l'ONU, organisera à Lisbonne du 8 au 12 août 1998 et sur l'Année internationale des personnes âgées, qui sera célébrée en 1998.

M. H. JABIR (République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a déclaré que les efforts déployés par les pays en développement pour renforcer en particulier leurs services économiques et sociaux, sont sévèrement mis à mal par le flux inadéquat des ressources financières vers ces pays. A cet égard, le fardeau de la dette extérieure reste l'une de leurs principales préoccupations. C'est pourquoi la Groupe des 77 et la Chine ont demandé instamment à la communauté internationale de travailler à l'élaboration d'une solution durable au problème de la dette de ces pays, en particulier pour ceux de l'Afrique et les pays les moins avancés. Il a réaffirmé l'urgente nécessité de renverser la tendance au déclin de l'aide publique au développement, qui reste la principale source de financement du développement dans ces pays. Le représentant a exhorté les pays développés à faire en sorte que soit atteint l'objectif fixé d'affecter les 0,7% de leur produit national brut à l'assistance au développement comme une priorité. Le représentant a salué la tenue entre le 8 et le 12 août 1998 à Lisbonne de la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse, et a demandé aux Nations Unies de faciliter la participation des pays en développement, en particulier ceux d'Afrique et des pays les moins avancés.

Mme KABA CAMARA (Côte d'Ivoire) s'est félicitée de la tenue du Sommet mondial pour le développement social, à Copenhague en mars 1995. Ce Sommet a démontré l'importance que la communauté internationale accorde aux questions sociales, baromètre du progrès dans le monde. S'il est vrai que tous les Etats

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sont touchés par la pauvreté, la communauté internationale doit avant tout appuyer les efforts des pays les plus démunis, en particulier des pays africains dont la moitié de la population vit dans la pauvreté. Les statistiques économiques et sociales concernant l'Afrique sub-saharienne montrent de manière évidente que les conditions de vie des populations sont accablantes: sur 500 millions de personnes vivant dans cette région, 262 millions vivent avec moins d'un dollar des Etats-Unis par jour, 290 millions sont analphabètes et 200 millions n'ont pas accès à l'eau potable. Par ailleurs, d'autres facteurs annihilent les efforts des gouvernements à satisfaire les besoins élémentaires de la population, à savoir la chute des cours des produits de base, le fardeau de la dette extérieure, les entraves à l'accès aux marchés extérieurs et la chute brutale de plus de 30% de l'aide publique au développement.

La délégation ivoirienne exhorte la communauté internationale à organiser moins de conférences et séminaires et de traduire en réalités concrètes les programmes et projets des organismes de développement et des donateurs bilatéraux afin d'attaquer les racines profondes de la pauvreté et apporter une lueur d'espoir aux populations démunies. Elle se félicite du Sommet relatif au micro-crédit qui permettra aux plus pauvres et notamment aux femmes d'accéder au crédit.

Mme Kaba Camara a souhaité que l'élimination de la pauvreté ne reste pas une utopie mais devienne une volonté politique. Cette volonté politique doit se traduire non seulement par un transfert de ressources en accroissant l'APD mais également par la création de conditions propices au développement économique et social des pays. La communauté internationale doit apporter un soutien aux pays africains pour leur permettre d'atteindre les objectifs qu'ils se sont assignés et tenir compte des priorités définies par l'Organisation de l'unité africaine (OUA).

M. HAJI APDAL (Malaisie) a rappelé que l'éradication de la pauvreté demeurait une priorité pour les pays en développement. La Déclaration et le plan d'action du Sommet de Copenhague ont mis en relief les problèmes relatifs à la pauvreté, à l'emploi et à l'intégration sociale. Cependant, l'assistance internationale, l'aide publique au développement (APD) et les nouvelles assistances financières n'ont pas réussi à provoquer une avancée. Certains pays riches accordent chichement leurs aides alors qu'ils essaient d'imposer au monde leur perception d'une supériorité morale en matière des droits de l'homme et du respect des libertés humaines fondamentales. Le représentant malaisien a exprimé une grande déception de constater que les pays Membres des Nations Unies ne semblaient capables que de définir les problèmes de notre temps et de réitérer leurs appels à un "engagement politique" pour éviter les problèmes. Cependant, les manifestations de volonté politique pour la construction d'un monde meilleur demeurent quasi inexistantes.

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La Malaisie estime que l'élimination de la pauvreté doit être au centre des préoccupations si l'on veut réaliser le développement social. A cet égard, il faut que la communauté internationale ajuste ses priorités pour financer et apporter l'aide financière au développement social des pays en développement. Pour ce faire, les pays en développement doivent s'efforcer d'atteindre l'objectif de transférer 0,7% de leur PNB vers l'aide publique au développement. Le représentant a lancé un appel pressant pour que les pays développés suivent l'exemple des 4 pays qui ont réalisé l'objectif de 0,7% d'APD afin de permettre aux pays en développement de mettre en oeuvre des programmes sociaux, notamment dans le domaine de l'éducation, de la santé et de la formation.

M. MANUEL TELLO (Mexique), a observé avec inquiétude que malgré le dynamisme de l'économie mondiale, l'inégalité entre pays développés et pays en développement se creuse alors qu'au même moment, l'aide publique au développement (APD) considérée au Sommet de Copenhague comme un élément essentiel du développement social, a diminué sensiblement rendant plus difficile et lointaine la possibilité d'atteindre les objectifs fixés par le Sommet. Croissance économique, justice sociale et co-responsabilité sont un tout indivisible a insisté le représentant plaidant pour un appui international aux efforts nationaux.

Le Mexique pour sa part a pris des mesures concrètes afin de mettre en oeuvre les objectifs de la Déclaration et du Programme d'action de Copenhague en impulsant une politique de développement social ayant pour but d'améliorer la qualité de vie des Mexicains et combattre efficacement les causes profondes de la pauvreté extrême qui persistent dans le pays. La vitalité de l'économie a permis d'augmenter les dépenses sociales de 10% et de mettre en place des programmes visant au renforcement de l'infrastructure sociale, à la création de meilleures opportunités d'emploi et à l'amélioration de l'éducation, de la santé et de l'alimentation. Un des premiers résultats de cette stratégie a été la création cette année de 1,3 à 1,4 million d'emplois.

M. NGO QUANG XUAN (Viet Nam) s'est félicité des efforts considérables déployés tant par les gouvernements que par les Nations Unies depuis mars 1995 pour mettre en oeuvre les recommandations du Sommet mondial pour le développement social. Le représentant a cependant estimé que beaucoup reste à faire en faveur du développement social. Le Viet Nam est encouragé de voir le rôle majeur joué par les Nations Unies dans le domaine du développement économique et social et du soutien aux efforts des Etats Membres. A cet égard, le renforcement du rôle des Nations Unies en matière de développement permettra à l'Organisation de mieux aider les pays à mettre en oeuvre le Programme d'action de Copenhague. Comme l'a souligné le Sommet mondial, le développement social est essentiel pour satisfaire les besoins et aspirations des peuples à travers le monde et aider les pays à assumer leurs responsabilités. Pour ce faire, la communauté internationale doit relever, de façon intégrée, les trois défis fondamentaux que représentent l'élimination de la pauvreté, la création d'emplois productifs et l'intégration sociale.

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Le Viet Nam s'est engagé à respecter les objectifs et principes contenus dans le Programme d'action et la Déclaration de Copenhague. Le processus de rénovation du pays initié en 1986 a permis de réduire sensiblement la pauvreté et d'augmenter le niveau de vie et le bien-être des populations. Le Viet Nam veille à mener ses politiques de développement économique en parallèle avec celles favorisant le progrès social et l'équité. Dans ce contexte, il soutient l'Initiative 20/20 et accueillera la deuxième Réunion de suivi de l'Initiative 20/20, plus connue sous le nom d"'Oslo+2", à Hanoï au cours de l'automne 1998. Au mois dernier, le Viet Nam et les institutions des Nations Unies ont également tenu une Conférence à Hanoï pour examiner leur coopération au cours des 20 dernières années et étudier les moyens de la renforcer à l'avenir.

M. NIKOLAI TCHOULKOV (Fédération de Russie) a insisté sur la nécessité d'évaluer la crise internationale provoquée par l'endettement. Dans ce cadre, une place de choix revient à la récente initiative commune de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays les plus endettés. Mais il faut que d'autres institutions, comme l'Agence internationale pour le développement jouent également un rôle. Il faut aussi faire appel aux capitaux privés avec l'aide de l'AID. Les dépenses liées à l'initiative privée devraient en outre être partagées de manière équitable entre les différents groupes de partenaires créditeurs, nationaux et multilatéraux. Mais ces initiatives seront insuffisantes si on n'arrive pas à augmenter les transferts financiers nets et de technologies au profit des pays en développement.

L'intégration accrue des marchés de capitaux est un élément caractéristique de la mondialisation, a rappelé M. Tchoulkov. Elle permet de favoriser la croissance économique mais accroît les risques de crise financière dans les pays en développement ou à économie en transition du fait de la faiblesse de leurs systèmes financiers nationaux. Les institutions financières internationales doivent mettre en place un système d'alerte avancée pour prévenir des crises comme celle qui vient de toucher l'Asie du Sud-Est. La Banque mondiale et le FMI doivent collaborer davantage, ainsi que l'ensemble des institutions de Bretton Woods.

M. YEHIA ODA (EGYPTE) a insisté sur le fait que les efforts déployés par les gouvernements sont conditionnés par des conditions internationales, notamment, de l'aide et de l'accès au crédit. Soulignant la responsabilité collective internationale dans ce domaine, il a appelé la communauté internationale à conjuguer ses efforts, tant aux niveaux régional qu'international afin de mettre en oeuvre les recomandations du Sommet et conjurer la pauvreté.

L'Egypte a pour sa part pris des mesures pour mettre en oeuvre la Déclaration et le Programme d'action convenus à Copenhague, notamment en matière d'emploi et de renforcement des services sociaux, en augmentant ses dépenses publiques dans les domaines de l'éducation, de la santé et en faveur de la création d'emplois productifs. L'Egypte, consciente de ce que les

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questions relatives à la famille, aux jeunes et aux personnes âgées sont étroitement liées au développement social, accorde une importance particulière aux jeunes pour faire face aux défis du 21è siècle et elle a adopté concernant les personnes agées un programme national qui insiste sur l'importance de leur réhabilitation dans la société. Elle a également souligné l'importance du respect des différences entre les cultures et les civilisations dans ce domaine.

M. MOSES M. DLAMINI, (Swaziland) a passé en revue certains domaines dans lesquels le Swaziland a engagé des efforts en vue de respecter les engagements pris à Copenhague. Il a noté que, face aux problèmes socio-économiques importants auxquels doit faire face le Gouvernement, des mesures importantes ont été prises dans le cadre d'un programme de réformes économiques et sociales lancé en février et pour une durée de deux ans. La mise en oeuvre de ce programme s'inscrit dans la volonté du Swaziland d'appliquer une stratégie de développement national, dont une copie sera remise à l'ONU sous peu. Cette stratégie fixe des objectifs à long terme et définit les politiques et actions à entreprendre en vue d'aboutir à une situation économique satisfaisante, une bonne gestion des ressources et au développement social et humain nécessaire. Par ailleurs il a rappelé que le Royaume du Swaziland a mis en place une commission de révision constitutionnelle en juillet 1996 afin de doter le pays d'une constitution nouvelle reconnue universellement et tenant compte des spécificités culturelles du pays. Toutes ces mesures et réformes, a souligné M. Dlamini, ont été engagées dans l'optique de créer les conditions adéquates au développement économique et social du Swaziland.

M. Dlamini, évoquant ensuite le souci que cause la présence du phénomène "El Niño" dans le Pacifique, a rappelé que le Swaziland est encore entrain de se remettre des sécheresses de 1991/92. Il a aussi évoqué les problèmes financiers et de remboursement de la dette que rencontrent les pays en développement, ainsi que leur marginalisation dans le processus de la mondialisation économique, et a regretté le manquement des pays développés à leurs engagements en matière d'aide publique au développement auxquels ils avaient souscrit. A cet effet le Swaziland soutient l'idée d'un session spéciale de l'Assemblée générale en l'an 2000 consacrée à l'évaluation de la mise en application des disposition du Sommet mondial pour le développement social.

M. MOHAMMAD SIDDIQUE KHAN KANJU, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a rappelé que son pays avait déjà mis en oeuvre le Programme d'action sociale en adoptant deux mesures importantes dont la première est la création d'un environnement économique stable, essentiel au développement. A cet égard, le Gouvernement pakistanais a commencé à renforcer son programme de libéralisation économique, qui a été initié au début des années 1990, en introduisant des réformes dans les secteurs bancaire et financier. De nouveaux investisseurs, à la fois nationaux et étrangers peuvent désormais investir au Pakistan sans avoir a demander l'accord préalable du gouvernement.

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La seconde mesure concerne l'éradication de la pauvreté et la lutte contre le chômage, deux défis économiques et humains que les pays en voie de développement doivent affrontés. Le chômage et la pauvreté ont des répercussions négatives sur la cohésion et la stabilité sociale et contribuent aussi à l'instabilité politique dans certains pays du monde. L'Organisation internationale du Travail a estimé qu'il y avait environ un milliard de personnes touchées par la pauvreté ou le chômage, soit 30 % de la population active mondiale. Pour lutter contre la pauvreté et le chômage et honorer ses engagements pris au Sommet social, le Gouvernement pakistanais a mis en oeuvre le projet II d'action sociale sur quatre ans (1996-2000), d' un montant de 270 milliard de roupies, destiné essentiellement à l'éradication de la pauvreté, à l'éducation primaire, à la création de services de santé de base, à une assistance sanitaire et à la construction d'approvisionnement en eau en milieu rural.

M. QIN HUASUN (Chine) a déclaré que l'élimination de la pauvreté est une mission impérative pour la communauté internationale. Un cinquième de la population mondiale continue de vivre dans la pauvreté absolue. L'écart entre le nord et le sud continue de s'élargir. Pour atteindre les objectifs fixés au Sommet mondial pour le développement social, les pays développés doivent contribuer rapidement à hauteur de 0,7% de leur produit national brut à l'aide publique au développement. Ils doivent prendre plus de mesures concrètes en faveur des pays en développement, notamment en ce qui concerne l'assistance économique, la coopération technologique et la réduction de la dette, a-t-il déclaré. De plus, les Nations Unies doivent concentrer leurs efforts sur le développement social dans les pays en développement et jouer un rôle central de coordination dans la promotion du suivi du Sommet.

Le représentant a noté que dans son neuvième plan quinquénal (1996- 2000) pour le Développement national économique et social et les objectifs à long terme pour les années 2000, formulé en 1996, le Gouvernement Chinois a fixé comme but l'éradiction de la pauvreté à la fin du siècle. Il a conclu en affirmant le soutien de la Chine aux Nations Unies dans le domaine du développement social.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) après avoir regretté que le monde connaisse une aggravation sans précédent des problèmes sociaux, a reconnu que la responsabilité du développement social incombe, au premier chef, aux Etats eux-mêmes qui, selon lui, ont le droit et le devoir de mettre en place des politiques appropriées en vue de réaliser cet objectif. Le représentant a cependant souligné que cette responsabilité doit être solidairement assumée par la communauté internationale dans son ensemble, non seulement au nom d'impératifs moraux et politiques, mais également en raison des intérêts bien compris de tous. Deux ans après la tenue du Sommet de Copenhague, et à l'exception de certaines mesures prises par quelques institutions des Nations Unies, la coopération internationale s'avère bien limitée. Si l'on peut se féliciter du fait que 1997 a été proclamée "Année internationale pour

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l'élimination de la pauvreté", il est indispensable d'accorder à cet objectif fondamental du Sommet les ressources nécessaires. Pour ce faire et dans le cadre des réformes de l'Organisation, il est impératif que le développement redevienne la préoccupation centrale du système des Nations Unies.

Dès l'avènement de son indépendance, l'Algérie s'est engagée dans de vastes et profondes transformations sociales qui ont permis des avancées considérables en matière d'éducation, de formation, de santé, de nutrition et d'emploi. Depuis 1962, plus d'un tiers du budget de l'Etat est réservé à l'enseignement qui reste gratuit, de l'école primaire jusqu'à l'université. De même, la santé a toujours bénéficié d'une part substantielle des ressources de l'Etat et la médecine demeure gratuite dans tous les hôpitaux et dispensaires d'Algérie. Ces acquis, l'Algérie s'attache encore à les préserver malgré les difficultés économiques dues au poids de certaines contraintes et aux impératifs de restructuration économique et institutionnelle qui visent à ancrer la société algérienne dans le progrès et la modernité. L'Algérie qui s'est pleinement investie dans la réussite du Sommet mondial s'est attelée, depuis Copenhague, à prendre les mesures qui s'imposaient en vue d'honorer ses engagements en créant notamment un Conseil économique et social, en mettant en place une Agence de développement social et en garantissant les crédits bancaires destinés aux petites et moyennes entreprises. Il va cependant de soi que pour être viable cet effort national doit être soutenu par un environnement économique international plus favorable et plus équitable assurant les conditions nécessaires à la mise en oeuvre cohérente des réformes économiques.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que si la mise en oeuvre des engagements pris lors du Sommet mondial pour le développement social relève en premier lieu de la responsabilité des gouvernements nationaux, celle-ci cependant ne serait pas possible sans la coopération et l'assistance internationale. Le Sommet social a reconnu le rôle des micro- crédits dans l'éradication de la pauvreté. La Déclaration et le Programme d'action du Sommet sur les micro-crédits ont lancé une campagne visant à sortir de la pauvreté cent millions de personnes d'ici l'an 2005. Le représentant a demandé instamment le soutien de la communauté internationale afin d'aider à atteindre des objectifs de développement social.

Le représentant s'est déclaré favorable aux initiatives prises par les commissions nationales pour mettre en oeuvre les résultats du Sommet. Dans ce contexte, nous voudrions insister sur la nécessité d'obtenir un plus grand soutien concret et plus d'assistance de la part des Commissions régionales aux efforts nationaux et sous-régionaux de mise en oeuvre des résultats du Sommet.

M. A. JOSE SEGURO, Ministre d'Etat pour la jeunesse du Portugal, a fait observer que 18% de la population mondiale est âgée de 15 à 24 ans. Les jeunes sont souvent confrontés aux problèmes tels que la pauvreté,le chômage, l'abus de drogue. Le Portugal, sensible aux questions relatives à la jeunesse, accueillera du 8 au 12 août 1998, la première Conférence mondiale des

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ministres responsables de la jeunesse, à Lisbonne. La Conférence sera organisée en collaboration avec les Nations Unies et tous les Etats Membres y sont attendus. Elle examinera les moyens mis en oeuvre par les gouvernements, les organisations intergouvernementales et non-gouvernementales ainsi que par les organismes des Nations Unies pour répondre aux besoins des jeunes, tant aux niveaux local que national et international. M. Seguro souhaite que cette Conférence fixe de nouvelles directives et prenne de nouvelles mesures afin de renforcer et d'améliorer le Programme d'Action pour la jeunesse d'ici l'an 2000 et au-delà. Par ailleurs, les jeunes pourront exprimer leurs propres points de vue, ce qui rend cette Conférence tout à fait exceptionnelle. Il envisage de faire de la Déclaration de Lisbonne, un instrument vital qui réponde aux questions du chômage, de l'abus de drogues, des soins de santé et de l'éducation des jeunes. Il s'est dit conscient du fait que la Conférence n'allait pas changer la vie de ces jeunes du jour au lendemain mais il estime que la Déclaration de Lisbonne permettra de renforcer la coopération et en ce sens, améliorer peu à peu leur vie. Il a demandé l'engagement de tous et leur participation à cette première Conférence pour lutter efficacement contre les fléaux qui affligent la jeunesse. Il souhaite que les jeunes puissent s'intégrer professionnellement et socialement de façon plus satisfaisante.

M. ALI HACHANI (Tunisie) a rappelé que l'action au niveau international en faveur du suivi du Sommet mondial pour le développement social doit mobiliser l'ensemble de la communauté internationale dans un esprit de solidarité et d'efficacité pour soutenir les efforts ainsi que les sacrifices consentis par les pays en développement dans ce domaine. Le représentant tunisien a cependant estimé que l'action menée actuellement par les pays développés et le système des Nations Unies est loin de correspondre aux problèmes auxquels beaucoup de pays font face dont un grand nombre de pays africains. Cette insuffisance se manifeste tant au niveau de l'aide publique au développement et des investissements que du traitement du problème de la dette. Il est impératif que la communauté internationale fasse en sorte que l'objectif de 0,7% du produit national brut des pays développés qui a été fixé pour l'ensemble de l'aide publique au développement soit atteint dès que possible et que les ressources affectées aux programmes de développement social soient proportionnées aux activités qui sont nécessaires pour atteindre les objectifs de la Déclaration de Copenhague.

Dans le même ordre d'idées, le représentant tunisien a déclaré qu'il était important que les pays en développement s'engagent à allouer en moyenne 20% de l'aide publique au développement et 20% du budget national, respectivement, aux programmes sociaux de base.

Dans cet esprit, le Gouvernement tunisien a déjà entrepris des réalisations pionnières et novatrices, confortées par ce que la communauté internationale a décidé dans le cadre du sommet mondial pour le développement social. C'est ainsi qu'un fonds de solidarité nationale, crée en 1992 est

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destiné à financer les interventions au profit des catégories sociales à faible revenu et des agglomérations dépourvues du minimum d'infrastructures de base. Ce fonds est financé par plusieurs sources, en particulier par les contributions volontaires des citoyens, des entreprises, et les dotations accordées par le budget de l'Etat.

Une commission permanente du fonds de solidarité a également été mise en place pour définir avec les services de l'administration centrale et régionale les critères d'identification des zones d'intervention prioritaires, et suivre avec ces services centraux et régionaux la mise en oeuvre et l'avancement des projets. L'impact du fonds auprès des populations concernées et de l'opinion en général a été des plus favorables. Aussi, le Gouvernement tunisien a-t-il décidé de mettre en oeuvre au cours des années 1995-2000 un programme national plus ambitieux pour le développement de toutes les zones d'ombre à l'horizon 2000.

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