AG/697

SAINT-VINCENT-ET-LES-GRENADINES S'ELEVE CONTRE L'ARGENT ET LA CUPIDITE ERIGES EN RELIGION

7 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/697


SAINT-VINCENT-ET-LES-GRENADINES S'ELEVE CONTRE L'ARGENT ET LA CUPIDITE ERIGES EN RELIGION

19971007 L'Assemblée générale achève ainsi son débat général au cours duquel 176 orateurs ont pris la parole, dont 18 chefs d'Etat

L'Assemblée générale a achevé cet après-midi son débat général, en entendant les déclarations de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de la Mauritanie, de l'Érythrée, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines et du Kenya.

M. Kilroy Genia, Ministre des affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle- Guinée, a affirmé que les Nations Unies doivent sensibiliser l'opinion à la nécessité d'une gestion et d'une utilisation rationnelles des ressources maritimes. De manière générale, la communauté internationale doit accorder une attention prioritaire aux aspirations et aux besoins des petits pays insulaires en développement, particulièrement préoccupés des effets négatifs des changements climatiques.

M. Ahmed Ould Minnih, Secrétaire général de la présidence de Mauritanie, a demandé des solutions plus efficaces que les actuelles stratégies pour assurer le financement des programmes prioritaires de développement des pays pauvres. Il a souhaité notamment l'accroissement de l'aide publique au développement et s'est félicité de l'Accord de Houston sur le Sahara occidental.

M. Hailé Weldensae, Ministre des affaires étrangères de l'Erythrée, a estimé que le monde devait affronter les deux défis interdépendants que sont le développement et la sécurité. Il a souhaité une réforme de l'ONU qui assure une représentation plus équitable et démocratique de tous ses membres et qui renforce la coopération avec les organisations régionales. Il a souhaité la fin rapide du conflit fratricide en Somalie, une résolution équitable du conflit soudanais et le développement des relations économiques, commerciales et politiques entre les pays de la région.

(à suivre - 1a)

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M. Alapian Allen, Ministre des affaires étrangères, du tourisme et de l'information de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a déclaré que son pays souffre de plus en plus des décisions prises récemment par l'Organisation mondiale du commerce sur le marché international de la banane. Il s'est élevé contre l'argent et la cupidité érigés au rang de religion aux dépens de l'entraide et de la solidarité internationales.

M. Stephen Musyoja, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Kenya, a réitéré la plupart des positions adoptées par l'Organisation de l'unité africaine sur les conflits en Afrique et a exprimé son inquiétude concernant la Somalie, la République du Congo et le Burundi. En revanche, il s'est félicité des élections réussies au Libéria.

En fin de séance, le Président de l'Assemblée générale, M. Hennadiy Udovenko (Ukraine), dressant le bilan du débat général de la présente session, a notamment relevé que 176 orateurs ont pris la parole - parmi lesquels 18 chefs d'Etat, un prince héritier, 14 premiers ministres, 16 vice-premiers ministres et 111 ministres des affaires étrangères. Il a vu dans cette importante représentation un signe du caractère universel de l'Organisation. Les deux dernières semaines, a-t-il observé, ont démontré que le débat général n'est pas seulement l'occasion de déclarations générales mais également de l'engagement des Etats Membres dans des analyses éloquentes et précises qui incitent à la réflexion sur des question d'importance mondiale.

Le Président a notamment insisté sur la question de la réforme, qui a constitué un thème majeur du débat général. Il a estimé que les efforts entrepris par le Secrétaire général ont reçu un puissant soutien politique puisque presque toutes les délégations se sont félicitées de l'ensemble des réformes proposées par le Secrétaire général et que la plupart lui ont apporté un soutien de principe. Le débat a montré que les Etats Membres veulent accorder rapidement au Secrétaire général le mandat qu'il demande pour poursuivre ses réformes. Le Président a également estimé que la réforme des Nations Unies ne serait pas complète sans un élargissement de la composition du Conseil de sécurité et une démocratisation de ses méthodes de travail. Il a ajouté que la crise financière des Nations Unies avait donné une note sombre au débat et a relevé l'appel aux Etats pour qu'ils paient à temps leurs contributions ainsi que la nécessité de mettre en place un nouveau barème des quotes-parts.

Auparavant, les représentants de la Grèce, du Soudan, de la Turquie et de Chypre avaient fait usage de leur droit de réponse.

L'Assemblée générale commencera demain, mercredi 8 octobre, à 10 heures, ses travaux de fond, avec l'examen du point de son ordre du jour intitulé "Réforme de l'Organisation des Nations Unies: mesures et propositions".

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Fin du débat général

M. KILROY GENIA, Ministre des affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle- Guinée, a apporté son soutien aux principaux objectifs de la réforme des Nations Unies, tels que présentés par le Secrétaire général. Ces réformes sont nécessaires pour accroître la confiance de l'opinion publique dans les Nations Unies et renforcer les capacités de celles-ci à construire un partenariat entre les Gouvernements et la société civile. Elles doivent aussi permettre d'assurer la viabilité des Nations Unies, privées des ressources financières nécessaires à son fonctionnement. Le processus de réforme devrait aussi permettre de réviser la composition des groupements régionaux. La Papouasie-Nouvelle-Guinée souscrit en ce sens à l'appel de la Nouvelle-Zélande et de plusieurs autres Etats pour être inclus dans le groupe Asie-Pacifique.

Membre de Mouvement des non-alignés, la Papouasie appuie la déclaration de New Dehli concernant l'élargissement et la composition du Conseil de sécurité. L'élargissement doit être guidé par le principe de l'égalité souveraine des Etats, la bonne répartition géographique équitable et la transparence des travaux du Conseil. Le Ministre a rappelé qu'il soutient la candidature de l'Allemagne et du Japon, en tant que membres permanents du Conseil, mais également celle des pays en développement. En outre, tous les membres permanents devront jouir des mêmes privilèges.

Le Ministre a déclaré que les peuples de 17 territoires non autonomes se battent encore pour obtenir leur autonomie politique. La Papouasie est gravement préoccupée par les initiatives récentes qui ont sapé le programme de décolonisation de l'ONU. L'Assemblée devrait avoir une attitude plus agressive pour mettre en place ce processus de décolonisation, notamment en Nouvelle- Calédonie, territoire dont le sort est suivi de près par les Etats membres du Forum du Pacifique-Sud. Il s'est dit satisfait de l'évolution du processus lancé par les Accords de Matignon en 1988, et a invité toutes les parties à respecter leur engagement à parvenir à un nouvel accord négocié qui fasse suite à ces accords.

Le Ministre a affirmé la volonté de son pays d'ouvrir son économie, et notamment envers les pays qui ont démontré leur volonté d'aider la Papouasie- Nouvelle-Guinée sans compromettre ses relations de tous ordres avec ses autres partenaires. A cet égard, Taïwan apparaît comme un partenaire commercial dynamique, ce qui ne contredit pas la politique de la Papouasie, qui consiste à reconnaître une seule Chine.

Le Ministre a réaffirmé l'engagement de tous les pays du Pacifique-Sud à faire de leur région une zone exempte d'armes nucléaires. Il s'est félicité de l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et de la ratification par le Royaume-Uni des protocoles au Traité de Rarotonga de dénucléarisation du Pacifique-Sud, émettant le voeu que les Etats-Unis fassent rapidement de même.

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Dans quelques mois s'ouvrira l'année des océans, a rappelé M. Genia. Les Nations Unies doivent sensibiliser l'opinion à la nécessité d'une gestion et d'une utilisation soutenable des ressources maritimes. La communauté internationale doit coordonner ses efforts pour mettre en oeuvre les mesures prioritaires convenues lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur l'environnement et le développement durable. Il faut notamment accorder une attention prioritaire aux aspirations et besoins des petits pays insulaires en développement. Pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée et d'autres petits Etats insulaires de la région, les effets du changement climatique constituent un sujet d'inquiétude particulièrement sérieux, surtout du fait de l'insuffisance des progrès réalisés par les pays qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre. Le Ministre a appelé les Etats parties à la Convention sur les changements climatiques de conclure des engagements lors de la prochaine réunion de Kyoto, en décembre.

La Papouasie souhaite régler durablement et pacifiquement la crise de Bougainville, a affirmé le Ministre, qui s'est dit conscient des effets de contagion de cette crise dans toute la région.

M. AHMED OULD MINNIH, Ministre-Secrétaire général de la Mauritanie, a rappelé que, si la fin de la guerre froide avait crée un climat propice à l'émergence d'une ère nouvelle de dialogue et de coopération au plan politique international, l'amélioration des conditions économiques des pays en développement reste toutefois un besoin pressant. A cet égard, au moment où la tendance à la mondialisation et à la libéralisation du commerce international se confirme, les pays en développement sont confrontés à une série d'obstacles tels que le ralentissement de la croissance, la chute des revenus à l'exportation, la baisse du volume des investissements et la diminution de l'aide publique au développement, autant de problèmes susceptibles de les empêcher d'intégrer l'économie mondiale et de les marginaliser davantage si la communauté internationale ne se mobilisait pas rapidement pour leur apporter une aide concrète et adéquate. Le Ministre-Secrétaire général a déclaré que les stratégies arrêtées au plan international ne semblent pas avoir réussi de manière suffisante à alléger le fardeau de la dette dans les pays en développement et il a demandé de recourir à des solutions plus efficaces telles que l'accroissement de l'aide publique au développement de telle sorte qu'elle puisse assurer le financement des priorités de ces pays en matière de développement.

S'agissant de la situation interne en Mauritanie, le Ministre a rappelé que son gouvernement avait parachevé la mise en place de ses institutions constitutionnelles dans le cadre d'un processus démocratique commencé il y a 11 ans, leur permettant aujourd'hui de fonctionner dans un environnement caractérisé par le multipartisme et le règne de l'Etat de droit. Les libertés fondamentales, telles que la liberté d'expression, le multipartisme et les

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libertés syndicales sont garanties et exercées grâce à l'existence de 20 partis politiques et d'un grand nombre d'organisations et de centrales syndicales. Les deux chambres du parlement ont été renouvelées et pour la deuxième fois, les élections présidentielles se préparent dans un climat de liberté, de paix et de stabilité. De nombreux efforts sont également déployés pour permettre au plus grand nombre de citoyens d'accéder à l'éducation, à l'emploi et à la santé. Ces importantes réalisations sont l'expression de notre ferme volonté de combattre le sous-développement sous toutes ses formes, comptant sur nos moyens propres, et ensuite sur le soutien de nos partenaires au développement, a déclaré le Ministre.

Sur la question de la réforme de l'Organisation, le Ministre a exprimé son intérêt pour les efforts entrepris par le Groupe de travail de l'Assemblée générale des Nations Unies, chargé d'étudier la question de la représentation équitable au sein du Conseil de Sécurité et de son élargissement, espérant que ces efforts aboutiront à introduire plus de transparence dans les prises de décisions du Conseil de sécurité. Il a souhaité également que soit adoptée une nouvelle forme de diplomatie préventive capable de prévenir les conflits et les tragédies humaines.

Rappelant la situation au Maghreb arabe, le Ministre a déclaré que son pays agissait en coopération avec ses autres frères en vue d'atteindre les objectifs à la réalisation desquels aspirent les Etats de l'Union du Maghreb arabe. Au sujet du Sahara occidental, la Mauritanie a accueilli avec satisfaction l'Accord conclu le 16 septembre dernier à Houston, sous les auspices de M. James Baker III. La Mauritanie tient à réaffirmer sa disponibilité à faire tout ce qui est en son pouvoir pour favoriser la mise en oeuvre du plan du règlement du conflit. Il a demandé la levée de l'embargo qui frappe la Jamahiriya arabe libyenne et a exprimé l'espoir que les efforts de la Ligue des Etats arabes et de l'Organisation de l'unité africaine pour trouver une solution pacifique au conflit, seront accueillis favorablement.

S'agissant de l'Afrique, le Ministre a souhaité que la réunion ministérielle que le Conseil de Sécurité a consacré à l'examen de la situation en Afrique contribuera à trouver des solutions. La Mauritanie tient à réaffirmer son appui aux efforts visant à redynamiser l'organe central de l'OUA. Espérant que les Somaliens privilégieront le dialogue constructif, le Ministre a souhaité qu'une solution pacifique soit trouvée en République du Congo et que l'Etat de droit reprenne son cours en Sierra Leone.

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M. HAILE WELDENSAE, Ministre des affaires étrangères de l'Erythrée, a dit que le monde devra affronter deux défis : le développement et la sécurité, les deux étant bien sûr interdépendants. Toute réforme de l'ONU doit en conséquence renforcer l'Organisation pour promouvoir une croissance économique soutenue dans les pays en développement. Ce n'est qu'à ce prix qu'on pourrait promouvoir une bonne gouvernance (à savoir, la démocratie et les droits de l'homme), la stabilité et qu'on pourrait s'opposer aux conflits entre Etats et à l'intérieur de ceux-ci. De plus, les Nations Unies appartiennent à tous leurs membres et il n'est plus acceptable pour le reste du monde qu'un nombre relativement petit d'Etats dicte, au nom de la paix et de la sécurité internationales, l'ordre du jour des Nations Unies ou imposent un système de conduite internationale. Il n'y a plus d'excuse pour dénier une représentation équitable dans les organes principaux de l'Organisation ni pour priver de façon anti-démocratique des Etats de l'opportunité de participer à la prise de décisions qui affecteront leurs destinées et le bien-être de leurs peuples. A l'heure de la décentralisation, l'ONU doit créer les modalités nécessaires afin de permettre aux organisations régionales d'assumer les tâches qu'elles sont mieux à même de prendre en charge.

Le Ministre a rappelé que l'Erythrée avait au cours des six dernières années pris les mesures nécessaires afin d'établir un régime de paix et de stabilité dans une région du monde qui avait été privée, depuis plusieurs décennies, de consolider ses traditions démocratiques par l'adoption d'une nouvelle constitution et la tenue des premières élection régionales libres, de créer un Etat et une structure gouvernementale orientés vers le développement, d'assurer une société exempte de corruption, de mettre en place une politique économique et financière qui crée un environnement favorable aux investissements.

Dans ses relations internationales, l'Erythrée a été guidée par deux principes fondamentaux. Le premier est la conviction qu'avec la bonne volonté, tout peut être résolu à travers des négociations pacifiques et, comme corollaire, que tous les Etats peuvent vivre ensemble en paix, quelles que soient leurs orientations idéologiques. C'est ce qui a permis à l'Erythrée d'établir des liens étroits d'amitié avec l'Ethiopie et de parvenir à un accord mutuel pour résoudre le conflit qui l'oppose au Yémen au sujet de l'archipel de Hanish-Zuquar en mer Rouge par des moyens pacifiques. Malheureusement, même les meilleures intentions ne peuvent empêcher de mauvaises relations avec l'autre voisin de l'Erythrée, à savoir le Soudan qui mène une politique de mauvais voisinage et est devenu, du fait de sa politique d'exportation du terrorisme, un paria de la communauté internationale. Le second pilier de la politique extérieure de l'Erythrée est un atachement indéfectible à la justice et à l'égalité. C'est ce qui sous-tend ses efforts en faveur de la paix et de la stabilité dans la région, pour parvenir à une fin rapide du conflit fratricide en Somalie, à une résolution équitable du conflit soudanais, au développement des relations économiques, commerciales et politiques entre les pays de la région.

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M. ALPIAN ALLEN, Ministre des affaires étrangères, du tourisme et de l'information de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, a déclaré qu'il ne saurait y avoir de paix ni de sécurité tant que des millions de gens se couchent chaque soir le ventre vide, et tant que les riches tournent le dos aux pauvres en les traitant comme de simples statistiques. Il semble, a-t-il déploré, que l'obligation morale de venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, ait été aujourd'hui complètement délaissée. Saint-Vincent-et-les Grenadines voit ses difficultés augmenter après le récent jugement de l'Organisation mondiale du commerce sur le marché de la banane, qui a laissé les petits pays producteurs impuissants et sans recours. L'idée de l'entraide fraternelle des hommes en a pris un grand coup. Les appels à l'aide de Saint-Vincent et de ses voisins seront-ils entendus? Pourront-ils survivre face à l'indifférence ou au refus d'être écoutés? L'argent et la cupidité ont été élevés en religion, et le souci du prochain est désormais considéré comme un vice, a-t-il noté.

Les Nations Unies ne doivent pas être perçues comme une assemblée de marchands planétaires, mais plutôt comme une réunion d'hommes et de femmes engagés. Les ressources de la planète sont limitées et même les États les plus développés ne peuvent continuer à poursuivre des politiques unilatérales en complète ignorance du reste du monde. Les Nations Unies restent le meilleur espoir pour ce monde, et cet espoir doit se manifester en actions en faveur de toute l'humanité, non teintées par les intérêts nationaux à courte vue qui ont perturbé la marche du monde au cours des cinquante dernières années. Au cours de cette année, Haïti et le Suriname sont devenus membres à part entière de la Communauté des Caraïbes, a dit M. Allen. Saint-Vincent note les progrès accomplis depuis le rétablissement de la démocratie en Haïti et presse la communauté internationale de continuer à soutenir techniquement, financièrement et matériellement Port-au-Prince. Ceci permettra d'approfondir le processus démocratique et de promouvoir le développement économique et social de Haïti. Dans la région, la nature a mis à mal l'île de Montserrat dont les populations fuient la colère d'un volcan périodiquement actif. Saint-Vincent espère que l'aide de ceux qui sont en mesure de secourir de façon substantielle Montserrat se manifestera.

Après avoir dit que le monde continue de souffrir de la pauvreté, de maladies dont certaines échappent même totalement à la science médicale, du terrorisme,des conflits régionaux et des menaces de la drogue, M. Allen a tenu à rendre hommage à mère Thérésa, une femme dont le nom appelle à la révérence. Son héritage, a-t-il dit, est fait de compassion. Elle a embrassé les pauvres, les malades et les défavorisés, et sa vie a été la preuve que même en ce monde cruel, il y a encore des gens désireux de se mettre au service de leurs semblables de façon totalement désintéressée.

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M. STEPHEN MUSYOKA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Kenya, a rappelé son soutien au processus concernant le règlement du conflit au Sud-Soudan, qui a été redynamisé lors du Sommet extraordinaire de l'Autorité intergouvernementale pour le développement qui s'est tenu à Nairobi les 8 et 9 juillet derniers. Le Kenya croit fermement que les parties en présence auront le courage et la volonté de négocier de bonne foi. Il est également important que la communauté internationale supporte ce processus de paix en apportant une contribution financière et en faisant pression sur toutes les parties pour qu'ils renouvellent leur volonté de régler pacifiquement le conflit.

S'agissant de l'Afrique, le Ministre a exprimé son inquiétude à propos de la situation en Somalie. La réconciliation entre les factions armées est indispensable à un règlement durable et acceptable du conflit. La communauté internationale, et en particulier l'Autorité intergouvernementale pour le développement, l'Organisation de l'unité africaine, et les Nations Unies peuvent jouer un rôle décisif dans la conduite du processus de réconciliation. La situation en République du Congo inquiète également le Gouvernement du Kenya qui souligne que trois mois ont passé depuis que le Président Omar Bongo a demandé au Conseil de sécurité de déployer des forces d'interposition de l'Organisation afin de normaliser la situation dans le pays en crise. A cet égard, le Kenya réitère la position de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) durant la récente rencontre ministérielle du Conseil de sécurité, demandant une intervention urgente de la part des Nations Unies. Le Ministre a dit la préoccupation de son gouvernement en ce qui concerne le Burundi et a apporté son soutien aux efforts du Mwalimu Julius Nyerere en vue de trouver une solution négociée au conflit. M. Musyoka demande au Président Pierre Buyoya de prendre en considération les problèmes de la région et a exprimé l'espoir que la communauté internationale travaillera à un règlement pacifique du conflit. Le Ministre a indiqué par ailleurs que son gouvernement était d'accord avec la décision adoptée lors de la 33ème assemblée de l'OUA, au sujet de la Sierra Leone et appuie les efforts des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) visant à rétablir l'ordre constitutionnel. Quant au Libéria, le Ministre s'est dit encouragé par la coopération mise en oeuvre entre les Nations Unies et le CEDEAO qui a permis au Libéria d'aboutir à des élections couronnées de succès.

Abordant la question des réformes, le Ministre a déclaré qu'à cause de l'attachement de son pays aux Nations Unies, le Gouvernement continuera de participer activement au débat dans l'espoir que le processus de réformes sera mené avec transparence, et conformément aux principes et aux objectifs démocratiques énoncés dans la Charte. L'Organisation ne doit pas entreprendre des mesures radicales, mais renforcer et modifier les structures et les organes pour améliorer son efficacité. Le Kenya considère que le Conseil de Sécurité devrait être réformé de manière à permettre sa démocratisation et une représentation régionale équilibrée. Réaffirmant la position de l'OUA qui souhaite que l'élargissement du nombre des membres, dans les deux catégories, atteigne un total de 26 sièges, le Kenya demande à ce que l'Afrique puisse bénéficier au moins de deux sièges permanents et de cinq sièges non permanents, une fois que le Conseil sera réformé.

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Droits de réponse

Le représentant de la Grèce a estimé que le représentant de la Turquie avait fait usage de son droit de réponse pour déformer la réalité. Depuis 1996, la Grèce est soumise à des attaques constantes de son voisin, qui remet en cause des traités vieux de plus de 70 ans et revendique la souveraineté sur plusieurs îles de la mer Egée. La Turquie a des prétentions qui devraient faire l'objet d'un examen par des moyens pacifiques. Malheureusement un tel dialogue est inconcevable dans la mesure où il servirait à légitimer des prétentions, sur un territoire qui appartient à un autre pays, a affirmé le représentant. La Grèce n'a, elle, d'autre prétention envers la Turquie que celle d'avoir des relations de bon voisinage.

Le représentant du Soudan a estimé que les accusations portées par l'Erythrée contre son pays sont ridicules et grossières. Bien que le peuple érythréen mérite tout le respect du Gouvernement soudanais, il ne peut s'empêcher de dénoncer la politique dictatoriale et assassine du Gouvernement érythréen auquel le Soudan a offert son soutien lorsqu'il était en exil. Il a estimé que ces accusations fallacieuses n'étaient qu'une tentative grossière pour occulter les conditions de vie misérables du peuple érythréen. Ce régime représente une menace pour la paix et la sécurité de la région compte tenu des tentatives menées par l'Erythrée pour déstabiliser le Soudan, allant jusqu'à poser des mines sur le territoire soudanais. Le régime érythréen a foulé aux pieds les traités internationaux en remettant les locaux de l'ambassade du Soudan à des opposants et en refusant d'extrader des pirates de l'air. Il a également expulsé des membres du HCR montrant le peu de cas qu'il fait des réfugiés.

Le représentant de la Turquie a déclaré que le représentant de la Grèce ne semble pas disposé à s'expliquer réellement. En fait, la Turquie ne fait que réagir à une prétention territoriale grecque et à une politique d'expansion. Pour le représentant, il existe en mer Egée deux pays, la Grèce et la Turquie. Et quand un pays menace d'étendre sa mer territoriale au-delà de la limite internationalement reconnue des 12 milles, elle menace la Turquie. le représentant a également réaffirmé que le débarquement turc à Chypre en 1974 ne visait qu'à réagir à une tentative d'annexion de la part de la Grèce.

Le représentant de la Grèce a déclaré que le représentant turque ne répète que des observations déjà entendues il y a un an . C'est plutôt la Turquie qui viole le droit international en pratiquant une politique d'agression. La Turquie insulte l'Assemblée générale en voulant occulter ses actions sur le terrain et en déformant la réalité des faits. La Grèce ne juge donc pas indispensable de pousser plus loin le débat.

- 9 - AG/697 7 octobre 1997

Le représentant de Chypre a déclaré que, depuis 23 ans, la Turquie n'avait fait que chercher à dissimuler ses intentions réelles à Chypre. L'essentiel ne tient pas aux quelques divergences qui existent entre la Grèce et la communauté grecque de Chypre, mais dans l'occupation persistante de 37% de l'île, et sa colonisation par des populations turques. Il est grotesque de voir la Turquie prétendre décider du droit de Chypre à adhérer à la communauté européenne. Le représentant a rappelé que les résolutions des Nations Unies exigent le retrait des forces d'occupation de Chypre, le retour des réfugiés et affirme la souveraineté de la République de Chypre sur l'ensemble du territoire.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.