En cours au Siège de l'ONU

AG/692

ASSEMBEE GENERALE : POUR PLUSIEURS DELEGATIONS LA COOPERATION REGIONALE PEUT ETRE DETERMINANTE DANS LE REGLEMENT DES DIFFERENDS

2 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/692


ASSEMBEE GENERALE : POUR PLUSIEURS DELEGATIONS LA COOPERATION REGIONALE PEUT ETRE DETERMINANTE DANS LE REGLEMENT DES DIFFERENDS

19971002 L'Iraq et le Burundi plaident pour la levée des sanctions qui leur sont imposées

Sous la présidence de M. Hennadiy Udenko (Ukraine), l'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi son débat général en entendant les ministres des affaires étrangères du Sénégal, de l'Iraq, du Mozambique, du Tchad, de la République démocratique populaire de la Corée, de la Côte d'Ivoire et du Burundi.

M. Moustapha Niasse, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a estimé que la situation qui prévaut en Sierra Leone restait préoccupante malgré les initiatives prises par l'ONU, l'OUA et la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Il a déploré que les conflits militaires en Angola et en Somalie continuent d'échapper à tout projet de solution et a lancé un appel pressant aux co-parrains du processus de paix au Moyen-Orient et à la communauté internationale pour que les initiatives les plus appropriées soient prises afin de sauver ce processus.

Dans sa déclaration, M. Mohammed Saïd Al-Sahaf, Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, a fait remarquer que le succès des Nations Unies dans l'exercice de leur mandat dépend en premier lieu de l'application appropriée des principes et dispositions énoncés par la Charte des Nations Unies, car c'est le seul instrument qui peut réaliser les objectifs pour lesquels l'Organisation a été créée. Le Ministre a dénoncé le maintien des sanctions imposées à l'Iraq qui, selon lui, sont les plus étendues et les plus cruelles jamais imposées dans l'histoire du Conseil de sécurité. Il incombe aux Nations Unies de mettre fin à toutes les pratiques hostiles exercées par les Etats-Unis contre l'Iraq, qui visent l'ingérence dans les affaires intérieures du pays afin de le déstabiliser.

M. Leonardo Santos Simao, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, s'est félicité de la mise en oeuvre, en 1987, du Programme d'ajustement structurel qui a contribué à la création d'un environnement favorable aux investissements privés. Sur la question de la dette extérieure, il s'est dit encouragé par l'éligibilité de son pays à l'"Initiative pour les pays pauvres lourdement endettés" lancée par le Fonds

(à suivre 1a)

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monétaire international et la Banque mondiale. Le Ministre a également évoqué la question des mines anti-personnel pour souligner combien leur présence compromet la reconstruction du tissu économique et social, en particulier dans les milieux ruraux.

Pour sa part, M. Mahamat Saleh Annadif, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Tchad, s'est réjoui des succès remportés par la médiation internationale et surtout africaine dans les situations de troubles et de guerre qui ont affecté la République centrafricaine et le Libéria. Il a souligné que, dans les deux cas, la contribution de l'Afrique a été déterminante. Rappelant que la Libye continue d'être frappée d'embargo, il a appuyé fermement les résolutions de l'OUA et a appelé à la levée pure et simple de cet embargo.

M. Choe Su Hon, Vice Ministre des affaires étrangères de la République démocratique de Corée, a affirmé la ferme intention de réunification de son pays et a regretté que ce processus soit actuellement empêché par le comportement hostile des Etats Unis et du Japon qui favorisent l'enlisement de la situation. Il a demandé aux Etats Unis de cesser d'apporter une aide militaire à la Corée du Sud et de lever les sanctions économiques vis-à-vis de son propre pays.

M. Amara Essy, Ministre des affaires étrangères de Côte d'Ivoire, évoquant les conflits en Afrique, a déploré que plus de 60% de l'ordre du jour du Conseil de sécurité soit consacré à ces conflits et que sur 48 pays les moins avancés, 35 se trouvent en Afrique. Le continent africain s'est toutefois donné les moyens juridiques pour faire face à la situation en créant en 1993 un mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. Cependant l'Afrique a besoin, pour le succès de son entreprise, de l'appui de la communauté internationale dans le cadre d'un partenariat avec les Nations Unies conformément au Chapitre VIII de la Charte. Concernant les effets de la mondialisation sur les économies africaines notamment au niveau de l'accès aux marchés extérieurs, M. Essy a jugé nécessaire de prévoir des délais d'adaptation ou des compensations alternatives pour permettre la participation des pays africains au commerce international avec la plénitude de leur potentiel.

M. Luc Rukingama, Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi, a indiqué qu'en dépit des difficultés, son gouvernement demeure déterminé à négocier avec les différents protagonistes, y compris avec les factions armées. La phase des négociations de paix, qui n'a pas pu se tenir à Arusha le 25 août, reprendra incessamment. Elle devrait être suivie, a assuré le Ministre, par la formation d'un gouvernement de transition. Il a, par ailleurs, souligné que si la Tanzanie, devait jouer le triple rôle de pays hôte des groupes armés responsables du génocide au Burundi, de promoteur des sanctions et de Médiateur, le processus de paix au Burundi restera piégé. Le Ministre a lancé un appel aux pays voisins pour qu'ils lèvent les sanctions imposées à son pays depuis le 31 juillet 1997.

(à suivre 1b)

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Les représentants des Etats-Unis, du Koweït, de la Croatie, de la Turquie, du Royaume-Uni, de l'Iran, de la Tanzanie et de l'Iraq ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée générale reprendra ses travaux demain, vendredi 3 octobre à partir de 10 heures. Après une allocution du Premier Ministre de Sainte- Lucie, elle devrait entendre les ministres des affaires étrangères d'Oman, de Sri Lanka, de l'Ethiopie, de l'Australie, du Kenya et de Madagascar.

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Suite du débat général

M. MOUSTAPHA NIASSE, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a déclaré au sujet du Conseil de sécurité, que son pays poursuit actuellement l'examen des propositions du Secrétaire général, en relation étroite avec ses pairs membres de l'Organisation de l'unité africaine et du Mouvement des non- alignés. A cet effet, le Chef de l'Etat sénégalais, M. Abdou Diouf a donné les directives nécessaires et fait mettre en place tous les moyens appropriés. Il est souhaitable de moderniser et démocratiser le Conseil en lui accordant plus de crédibilité et en lui conférant plus de transparence et de légitimité.

Dans le secteur du maintien et de la promotion de la paix, le Sénégal se réjouit d'avoir pu contribuer à la réalisation de progrès, à travers notamment, le détachement d'officiers de son armée auprès du Secrétariat général, à New York, pour aider à mieux rationaliser les différents aspects des opérations de maintien de la paix. Il faut ré-examiner les orientations à donner aux missions de l'ONU dans les cas de menace ou de rupture de la paix. En effet, de par les règles d'engagement qui leur sont prescrites, les forces des Nations Unies ne sont pas encore juridiquement armées pour rétablir la paix dans les théâtres d'opérations où cette paix est rompue. Le Ministre a déclaré qu'il lui semblait plus indiqué de confier de telles missions à ceux des membres de l'ONU qui consentent à les mener dans le cadre de coalitions placées sous l'autorité morale, et non sous le commandement de notre Organisation. Il a rappelé par ailleurs que les Africains ont mis en place, au niveau de l'OUA, un Mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des crises en Afrique. Mais le soutien massif de la Communauté internationale est tout de même particulièrement nécessaire pour les opérations de paix en Afrique.

Après avoir rappelé que grâce à la détermination des pays de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest et de l'appui de la communauté internationale, le Libéria vient de sortir d'un conflit fratricide de sept ans, le Ministre a estimé qu'en Sierra Leone la situation demeure des plus préoccupantes malgré les initiatives prises par l'ONU, par l'OUA et, plus particulièrement par la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour le rétablissement de la légalité dans ce pays.

Le Ministre a également parlé du Congo Brazzaville, où le monde a été le témoin d'une brusque aggravation de la situation politique avec le déclenchement des affrontements militaires et de l'Angola et de la Somalie où les conflits internes continuent d'échapper à tout projet de solution.

Parlant ensuite de la situation au Moyen-Orient, le chef de la diplomatie sénégalaise a évoqué les développements récents intervenus dans les territoires palestiniens occupés, les mesures d'expansion ou de construction de nouvelles colonies de peuplement israélien, les retards dans les négociations. Tout cela, à notre grand regret, a exercé une influence

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négative sur le processus de paix, a ajouté M. Niasse. En outre, le Ministre a dénoncé les actes caractérisés de violence contre des civils sans défense, comme les récents attentats à Jérusalem; tous actes qui doivent être condamnés sans réserve, parce qu'ils portent un énorme préjudice aux efforts de paix. Le Ministre a lancé un appel pressant aux co-parrains du processus de paix et à la communauté internationale tout entière pour que les initiatives les plus appropriées soient prises afin de sauver ce processus.

A propos de la pauvreté dans le monde, le Ministre a déclaré qu'il restait à mobiliser les ressources à la mesure des intentions généreuses formulées dans l'Agenda pour le développement. Le règlement de la crise de la dette, la juste rémunération des produits de base, le renoncement aux barrières commerciales et l'augmentation de l'aide publique au développement, constituent des préalables indispensables à satisfaire pour bâtir un monde plus accueillant pour tous. Dans cette recherche , le Ministre a rappelé l'initiative prise par son pays, au 33me sommet de l'OUA, concernant deux résolutions par lesquelles les Chefs d'Etat et de gouvernement africains ont, à l'unanimité, renouvelé leur soutien au système des Nations Unies et à son action en Afrique.

M. MOHAMMED SAID AL-SAHAF, Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, a fait remarquer que le succès des Nations Unies dans l'exercice de leur mandat dépend en premier lieu de l'application appropriée des principes et des dispositions énoncés par la Charte des Nations Unies, car c'est le seul instrument qui peut garantir la réalisation des objectifs pour lesquels l'Organisation a été créée. Ces objectifs consistent à instaurer une communauté internationale fondée sur le respect de la souveraineté, la liberté et l'indépendance des peuples, ainsi que leur capacité de développement économique et social. De l'avis du Ministre, la réforme des structures et mécanismes des Nations Unies doit avoir pour objectif de garantir à tous les Etats Membres et groupes géographiques la possibilité de s'acquitter de leurs obligations de manière compatible avec les buts, principes et dispositions consacrés par la Charte des Nations Unies.

Le processus de réforme de l'Organisation ne doit pas se limiter à la gestion, si importante soit-elle. Il devrait plutôt viser à dégager une volonté politique commune de rétablir un équilibre réel et effectif dans les travaux de l'Organisation et empêcher le recours à ses mécanismes à des fins politiques propres à certaines superpuissances. Il est surtout essentiel d'accorder une attention particulière aux dangers inhérents à un pôle international qui essaie de dominer le monde. Dans ce contexte, l'Iraq se félicite du communiqué publié à l'issue du sommet qui s'est tenu à Moscou le 22 avril 1997 entre le Président Eltsine et le Président Ziang Zemin, qui a clairement appelé au rejet de l'hégémonie de la part de tout Etat dans les relations internationales.

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Abordant la question des sanctions imposées à son pays depuis 1991, M. Al-Sahaf a indiqué que le gouvernement iraquien s'est acquitté de toutes les obligations imposées par la résolution 687 (1991). En dépit des rumeurs, la vérité est que l'Iraq ne dispose plus d'armes, d'équipements ou de matériels interdits. Le système de contrôle continu établit en Iraq par la Commission spéciale de vérification et l'AIEA fonctionne de façon efficace. Dès la nomination de l'Ambassadeur Butler, l'Iraq a réaffirmé son intention de coopérer pleinement avec lui et a conclu avec lui, au cours de sa première visite à Baghdad, un accord sur un programme de travail commun qui a été activement mis en oeuvre. Les sanctions imposées à l'Iraq sont les plus étendues et les plus cruelles jamais imposées dans l'histoire du Conseil de sécurité. Le monde entier a ressenti la gravité de la destruction infligée à l'Iraq par le maintien de l'embargo, qui est contraire aux buts fixés par la Charte des Nations Unies. L'UNICEF a confirmé dans son étude publiée en mars 1997 que 27,5% des enfants iraquiens âgés de moins de cinq ans souffrent de la malnutrition et que les plus touchés sont les enfants de moins de deux ans, en raison de la malnutrition et des maladies contagieuses. En outre, l'environnement en Iraq s'est considérablement détérioré à cause des bombardements par les Etats-Unis et certains de leurs alliés, qui visaient notamment les installations électriques et les usines. Le Ministre des affaires étrangères iraquien a estimé que la résolution 986 (1995) n'est pas équilibrée. La formule "pétrole pour nourriture" est temporaire et modeste et ne répond qu'à une petite fraction des besoins de l'Iraq. La conduite des représentants des Etats-Unis et du Royaume-Uni au sein du Comité des sanctions a donné lieu à une série de rejets ou de suspensions de contrats, sous des prétextes fallacieux. Il incombe, a souligné M. Al Sahaf, aux Nations Unies de mettre fin à toutes les pratiques hostiles exercées par les Etats-Unis contre l'Iraq et qui visent à une ingérence dans ses affaires intérieures afin de créer l'instabilité et l'insécurité.

Le Ministre a attiré l'attention sur la publication d'informations par le Washington Post et la chaîne de télévision ABC confirmant que les Etats- Unis étaient impliqués dans des complots contre le régime nationaliste en Iraq, approuvés par le Président des Etats-Unis et pour lesquels un financement de 100 millions de dollars a été accordé. Il a émis l'espoir que les Nations Unies ne sont pas dupes du fait que parmi les moyens visant à mettre en oeuvre cette politique hostile, il y a la création des zones interdites de survol au nord et au sud de l'Iraq. C'est un acte illégal contraire aux résolutions du Conseil de sécurité. L'Iraq ne demande pas plus que la mise en oeuvre licite et appropriée des résolutions du Conseil de sécurité, conformément aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies. M. Al-Sahaf a regretté que son voisin, la Turquie, adopte des stratégies dangereuses qui sont contradictoires aux relations historiques, religieuses et humaines solides qui existent entre l'Iraq et la Turquie. En dépit de discussions avec le gouvernement turc et d'avertissements lancés à la Turquie, l'Iraq a subi une nouvelle agression militaire le 22 septembre dernier. Il est de même regrettable qu'un autre pays voisin - l'Iran -

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exploite l'embargo imposé à l'Iraq et l'imposition de zones d'interdiction de survol dans le nord et le sud de l'Iraq pour violer la souveraineté de l'Iraq, pénétrer dans son espace et commettre une agression après l'autre. Il est temps que les Nations Unies honorent les appels lancés par les résolutions du Conseil de sécurité de garantir la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays, a exhorté M. Al Sahaf.

M. LEONARDO SANTOS SIMAO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a fait observer qu'en dépit de nombreux obstacles, son pays a, sans aucun doute, effectué des progrès remarquables dans la consolidation de la paix, de la démocratie et du développement et demeure déterminé à poursuivre plus avant ces objectifs. La mise en oeuvre, en 1987, du Programme d'ajustement structurel a, en effet, créé un environnement favorable aux investissements privés qui mènent inéluctablement le pays vers le progrès économique et social. Les données préliminaires sur la performance économique du Mozambique prévoient que la croissance du produit national brut atteindra 7% d'ici à la fin de l'année. Le Ministre a souligné la nécessité de faire montre d'une certaine souplesse dans la mise en oeuvre des initiatives relatives à l'allégement de la dette. Il s'est dit encouragé, que son pays soit sur le point d'être reconnu éligible à l'"Initiative pour les pays pauvres lourdement endettés" lancée par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

Le Mozambique se félicite également de la récente admission de la Fédération de Russie au Sommet des Huit et au Club de Paris. Il espère que ces décisions permettront à ce pays de jouer un rôle plus actif et plus constructif dans les initiatives d'annulation et d'allégement de la dette, en ce qui concerne, en particulier, des pays comme le Mozambique. Le Ministre a ensuite évoqué la question des mines antipersonnel pour souligner combien la reconstruction du tissu économique et social, en particulier dans les milieux ruraux, se trouve compromise par la présence de telles armes. Tout en accueillant avec satisfaction l'issue de la Conférence d'Oslo, il a néanmoins mis en exergue l'importance que son pays attache à l'assistance aux victimes des mines, avant, pendant et après les opérations de déminage.

Abordant la question des droits de l'homme, le Ministre a fait remarquer que les célébrations du 50ème anniversaire de la Déclaration, qui auront lieu à l'échelle nationale, seront l'occasion, pour son pays, de mettre l'accent sur le caractère non sélectif, indivisible et universel de ce précieux concept. L'occasion sera également donnée, en particulier, de réitérer la nécessité d'une approche cohérente en la matière afin d'éviter une politisation inutile. Les droits civils et politiques, les droits économiques et sociaux et culturels sont les deux côtés d'une même pièce et doivent être traités sur un pied d'égalité. Appuyant la création d'une cour criminelle internationale, le Ministre a attiré l'attention des Etats membres sur la participation de son pays au débat portant sur la création d'une cour africaine des droits des peuples. Il a émis l'espoir que la réunion de haut niveau, qui doit se tenir l'an prochain à Addis-Abeba, permettra de dégager un consensus sur les questions en discussion.

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Venant aux propositions de réformes du Secrétaire général, le Ministre a affirmé que le Mozambique considère que la diplomatie préventive, le maintien de la paix et la consolidation de la paix sont des instruments importants de la paix qu'il convient de renforcer dans le nouveau contexte international. Il a, d'autre part, appuyé la proposition de M. Kofi Annan visant à créer une unité stratégique de planification qui lui permettrait d'agir conformément aux dispositions de l'article 99 de la Charte. Le Ministre a néanmoins souhaité que les informations collectées par cette unité soient également portées à l'attention de l'Assemblée générale conformément aux dispositions des articles 10 et 11 de la Charte. Pour ce qui est de l'établissement des "Maisons des Nations Unies" sur le terrain, le Ministre a jugé nécessaire que soient préservées l'identité et l'expérience unique de chaque institution spécialisée.

Le Ministre s'est également arrêté sur la question de la coopération économique, à l'échelle régionale, pour dire que les efforts de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) se verront désormais renforcés par l'Association de l'océan Indien pour la coopération qui rassemble des pays d'Australie, d'Asie et d'Afrique. Le Ministre a estimé que la situation des Comores illustre la nécessité de respecter pleinement l'indépendance et l'intégrité territoriale des Etats et ce, quelles que soient les circonstances. Il s'est déclaré encouragé par le dialogue instauré entre les parties concernées lancées à la recherche d'une solution négociée dans le cadre des initiatives de paix de l'Organisation de l'unité africaine.

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Tchad a évoqué les idéaux de paix, de liberté et de développement qui revêtent une signification toute particulière pour son pays. Le Tchad, s'est résolument engagé après les tristes événements qu'il a connus, à respecter depuis le 1er décembre 1990 l'Etat de droit. C'est dans cette optique, que se sont tenues les élections législatives organisées au début de cette année et que désormais, l'essentiel des institutions républicaines et démocratiques tchadiennes ont été mises en place. La recherche permanente de la paix entre les Tchadiens a conduit le Président Deby à pratiquer une démocratie consensuelle et participative. Par ailleurs le pays a décidé d'oeuvrer en faveur du respect des droits de l'homme et a déjà pris un certain nombre de mesures à cet égard, dont l'établissement d'une presse indépendante qui compte parmi les plus libres d'Afrique. Le Ministre a renouvelé l'invitation lancée par le Président de la République du Tchad, Idriss Deby, lors de son dernier passage en France aux pays et organisations de défense des droits de l'homme à se rendre dans son pays pour y enquêter librement.

Abordant ensuite la question de la croissance économique, le Ministre a mentionné les divers objectifs qui lui permettraient de devenir réalité et à cet égard il a indiqué que l'ensemble de la stratégie de développement du Gouvernement tchadien serait présenté au cours d'une table ronde sur le Tchad qui se tiendra prochainement à Genève. L'environnement, a-t-il poursuivi,

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revêt une importance cruciale pour son gouvernement, dans la mesure où le pays est gravement affecté par la sécheresse et la désertification. Le Tchad est concerné au plus haut point par la protection de l'environnement dont la valorisation constitue l'une des conditions du succès de la lutte contre la pauvreté. Il a donc exprimé le souhait que la Conférence des Etats Parties à la Convention sur la lutte contre la désertification puisse parvenir à des résultats en rapport avec les espoirs auxquels elle a donné lieu. Le Ministre a par ailleurs réfuté la campagne de désinformation selon laquelle le Tchad se serait rendu coupable d'une dégradation de l'environnement liée à l'exploitation de ses richesses pétrolières alors que toutes les dispositions ont été prises par son gouvernement pour préserver l'équilibre écologique.

Citant une autre préoccupation d'importance, le Ministre a rappelé que le Tchad, où l'on estime à un million environ le nombre de mines antipersonnel, accueille chaleureusement l'adoption récente de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel. La situation internationale demeure par ailleurs préoccupante et l'Afrique connaît encore plusieurs foyers de tension que le Ministre a énumérés en notant qu'il est urgent que la communauté internationale se penche davantage sur ces tragédies.

Le Ministre s'est toutefois réjoui des succès remportés par la médiation internationale et surtout africaine dans les situations de conflit et de guerre qui ont affecté la République centrafricaine et le Libéria. Dans les deux cas, la contribution de l'Afrique a été déterminante. Il a saisi cette occasion pour en appeler au renforcement des structures existantes, notamment, le Centre pour la paix et le désarmement de Lomé (Togo) et le mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. Il s'est par ailleurs déclaré favorable à la nouvelle dynamique insufflée par les deux parties au plan de règlement de la question du Sahara occidental. Le Tchad appuie les efforts visant à parvenir à un moratoire sur l'exportation, l'importation et la production d'armes légères.

Il a déploré que la Libye continue à être frappée d'embargo et a indiqué à cet égard que le Tchad appuyait fermement les résolutions de l'OUA qui appellent à la levée pure et simple de cet embargo. Comme la pauvreté dans les pays en développement continue d'offrir un terrain favorable aux intolérances, il a souhaité que des mesures concrètes soient prises pour permettre à l'Afrique de connaître une croissance soutenue qui lui permettre de s'insérer réellement dans l'économie mondiale.

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M. SU HON CHOE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République démocratique de Corée, a déclaré que, comme tout autre Etat Membre, la République démocratique de Corée est un état souverain ayant le droit de choisir son propre système politique. Il a indiqué que "l'invincibilité du système provient de l'unité entre la direction du pays, le parti et les masses populaires".

Le Gouvernement de la République de Corée a mis l'accent sur l'indépendance, la réunion pacifique et l'unité nationale de son pays. D'autre part, il a évoqué le programme en dix points d'unité de la nation coréenne et la fondation de la République démocratique confédérée de Koryo. M. Choe a poursuivi son explication au sujet de la réunification, en rappelant que le programme d'unité nationale contient l'objectif, les bases idéologiques, ainsi que les principes et méthodes pour y parvenir. Le Ministre a reproché par ailleurs aux autorités sud coréennes de ne pas oeuvrer en faveur de la réunification et de ne pas adopter une attitude positive qui permettrait alors d'entamer des négociations pour la réunification. Il a également estimé que les Etats-Unis devraient modifier radicalement leur politique vis-à-vis de la qestion coréenne. Ces dernières années, a précisé M. Choe, les Etats-Unis ont livré plus de 3 milliards de dollars d'équipements militaires à la Corée du Sud. Il a d'autre part dénoncé la "politique hostile" du Japon à l'égard de la Corée du Nord et a regretté que ce pays encourage la division actuelle. Le Ministre a déclaré que la situation actuelle demande l'établissement urgent d'un nouvel accord de paix et de la part des Etats-Unis, qu'ils abandonnent leur attitude hostile, qu'ils retirent leurs troupes, qu'ils lèvent les sanctions économiques et qu'ils signent un accord de paix avec son pays.

Le Ministre a déclaré que la composition présente du Conseil de sécurité ne représente pas bien les pays en développement qui, pourtant, forment la majorité des pays Membres. La fin de la guerre froide a permis de faciliter la coopération sur le développement, mais la structure actuelle des Nations Unies ne correspond pas à la situation actuelle dans le monde.

M. Choe a exhorté les grandes puissances à oeuvrer en faveur d'un système économique international plus équitable.

M. AMARA ESSY, Ministre des affaires étrangères de Côte d'Ivoire, évoquant les conflits en Afrique, a déploré que plus de 60% de l'ordre du jour du Conseil de sécurité soit consacré à ces conflits et que sur 48 pays les moins avancés, 35 se trouvent en Afrique. Le continent africain s'est toutefois donné les moyens juridiques pour faire face à la situation en créant en 1993 un mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. A présent, l'Afrique a surtout besoin, pour le succès de son entreprise, de l'appui de la communauté internationale dans le cadre d'un partenariat avec les Nations Unies conformément au Chapitre VIII de la Charte.

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Ainsi, au Libéria, au terme d'une guerre fratricide de sept ans, la CEDEAO a pu conduire le processus de paix qui a abouti à l'élection de M. Charles Taylor à la présidence de la République, le 19 juillet 1997. A cet égard, M. Essy a lancé un appel pressant aux pays donateurs et aux organisations internationales et non gouvernementales pour leur demander de faire preuve de générosité dans le cadre de la Réunion d'appui à la reconstruction du Libéria qui se tiendra le 3 octobre.

Concernant la Sierra Leone, M. Essy s'est déclaré convaincu que l'Accord de paix d'Abidjan du 30 novembre 1996 signé par le Président Kabbah et M. Foday Sankoh demeure, selon l'OUA, la CEDEAO et le Conseil de sécurité, le meilleur cadre pour résoudre d'une manière définitive la crise sierra léonaise. La Côte d'Ivoire est disposée, une fois l'ordre constitutionnel rétabli, à organiser avec les autres garants de cet Accord et les parties intéressées, une conférence tendant à réactiver les multiples organes de cet Accord pour trouver une solution durable à la crise. Le Ministre s'est félicité des progrès réalisés en vue de régler la situation en République centrafricaine et au Sahara occidental.

S'agissant de la diplomatie préventive et de la capacité de réaction rapide, M. Essy a estimé que l'état actuel du continent africain nécessite une politique concertée de sécurité internationale et la mise en oeuvre de stratégies de prévention dans lesquelles la Côte d'Ivoire entend s'impliquer activement. Plus concrètement, il semble de plus en plus nécessaire de disposer en permanence d'une force africaine d'interposition. A cet égard, la CEDEAO, forte de l'expérience acquise par l'ECOMOG dans le règlement du conflit libérien, pourrait envisager le réaménagement de cette force pour en faire une véritable force sous-régionale. Dans ce contexte, des consultations pour la constitution d'une force de paix sont en cours dans le cadre de l'Accord de non-agression et d'assistance en matière de défense (ANAD), regroupant la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Bénin, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Togo.

Faisant référence aux effets de la mondialisation sur les économies africaines au niveau de l'accès aux marchés extérieurs, des volumes de l'aide publique au développement et du traitement favorable de la dette extérieure, M. Essy a jugé nécessaire de prévoir des délais d'adaptation ou des compensations alternatives pour permettre la participation des pays africains au commerce international avec la plénitude de leur potentiel.

Quant à la réforme des Nations Unies, M. Essy a rappelé que cette réforme est le fruit de tout un ensemble de réflexions entamées depuis les années 70 au sein et à l'extérieur du système des Nations Unies pour l'adapter aux évolutions du temps depuis 1945. Toute réforme s'inscrit avant tout dans une certaine logique pour atteindre un objectif visé. Mais son succès reposera en fin de compte sur la qualité des hommes qui vont la mettre en oeuvre, et surtout sur la volonté politique des Etats appelés à travailler de concert pour respecter l'esprit de compromis qui a permis d'aboutir à l'ensemble de propositions formulées par le Secrétaire général.

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M. LUC RUKINGAMA, Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi, a rappelé que son pays traverse depuis quatre ans une crise sans précédent marquée par des crimes et des génocides ainsi que par la destruction des infrastructures économiques, sanitaires, éducatives et administratives. Ainsi le changement politique du 25 juillet 1996 est venu à point nommé et contrairement à ce que veut faire croire une partie de l'opinion internationale, l'immense majorité des Burundais a accueilli avec enthousiasme le nouveau gouvernement. Toutefois, a souligné le Ministre, le pays demeure victime d'attaques répétées perpétrées à partir du territoire tanzanien. Le Gouvernement du Burundi n'a jamais édicté de politique de regroupement, a-t-il insisté, ce sont ces attaques qui sont à l'origine des regroupements. Aujourd'hui, un rapport indique qu'en moins d'un mois tous les regroupés auront regagné leur province d'origine.

Depuis le début de cette année, a poursuivi le Ministre, le Gouvernement a initié une série de colloques préparatoires au véritable débat national et une table ronde vient de se tenir qui a regroupé tous les partenaires intérieurs. C'est aussi dans ce cadre que la Conférence de paix sur le Burundi vient de se tenir au siège de l'UNESCO, le 26 septembre dernier. En dépit des difficultés, le Burundi est déterminé à négocier avec les différents protagonistes, y compris les factions armées. C'est ainsi que la phase des négociations de paix qui n'a pas pu se tenir à Arusha le 25 août reprendra incessamment. Le Burundi regrette qu'à la suite de ce report, les chefs d'Etat de la région n'aient pas jugé bon de l'inviter au Sommet qui a eu lieu du 3 au 4 septembre à Dar-es-Salaam. Le report n'était motivé que par le souhait de tenir des consultations entre partenaires afin d'améliorer les conditions de médiation et de trouver un endroit, en dehors de la Tanzanie, plus propice au dialogue, a expliqué le Ministre. A l'issue des négociations de paix, un gouvernement de transition sera mis en place qui conduira le pays dans le sens que les Burundais auront choisi eux-mêmes.

Le Burundi, a insisté le Ministre, réaffirme ses préoccupations quant à la médiation et au pays hôte de la médiation. Le Burundi estime en outre que les efforts du médiateur doivent être appuyés par ceux d'autres personnalités et experts maîtrisant les techniques de résolution des conflits et ne défendant aucun intérêt personnel dans la problématique burundaise. Si la Tanzanie, pays médiateur et pays hôte de la médiation occupe le triple rôle de pays hôte des groupes armés responsables du génocide au Burundi, de promoteur des sanctions et de médiateur, le processus de paix au Burundi restera piégé. La tension à la frontière burundo-tanzanienne se trouve aujourd'hui exacerbée par la campagne d'hostilité menée dans plusieurs capitales africaines par les autorités tanzaniennes. Par ailleurs, le Burundi ne comprend pas le bien- fondé de l'appel que lui adresse le cinquième Sommet des chefs d'Etat de la région d'arrêter les procès en cours alors qu'un telle décision plongerait le pays dans le désordre et l'insécurité.

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A cet égard, a insisté le Ministre, la création d'un tribunal pénal international pour le Burundi est devenue urgente. Les efforts de paix déployés par le Burundi, a-t-il poursuivi, ont été compromis par le blocus totalement injuste et illégal imposé par les pays voisins depuis le 31 juillet 1997. Les mesures d'allégement des sanctions économiques décidées à Arusha le 16 avril dernier n'ont pas été mises en oeuvre dans leur intégralité, des difficultés subsistant, notamment au niveau du transport aérien et de l'acheminement du carburant à des fins humanitaires. Le Burundi demande une fois de plus aux pays voisins de lever immédiatement ces sanctions inhumaines et dégradantes d'autant qu'il a répondu aux exigences ayant servi de prétexte à l'imposition de ce traitement, à savoir le rétablissement de l'Assemblée générale et des partis politiques, et le lancement des négociations avec la rébellion armée. Afin de promouvoir la communication nécessaire, le Burundi demande une fois encore à la Tanzanie de libérer l'ambassade du Burundi à Dar-es-Salaam pour faciliter les relations diplomatiques, les négociations et le règlement de la question des réfugiés.

Droits de réponse

Le représentant des Etats-Unis, s'élevant contre les propos tenus par le Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, a déclaré que la seule manière pour ce pays de réintégrer la famille des nations responsables est de respecter toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. L'Iraq doit cesser de mettre au point des armes de destruction massive et cesser de dissimuler les preuves de son programme d'armement. L'Iraq doit coopérer pleinement avec la Commission spéciale conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Les autorités iraquiennes doivent coopérer en outre avec le Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et rendre pleinement compte du sort de plus 600 koweïtiens, saoudiens et autres prisonniers de guerre et personnes disparues. L'Iraq aurait dû commencer la vente de son pétrole à partir du 8 juin dernier, afin de se procurer les biens humanitaires prévus par la résolution 1111. Dérogeant à ce devoir, le Conseil de sécurité s'est trouvé dans l'obligation d'agir au nom du peuple iraquien. Les Etats-Unis et ses partenaires continueront de maintenir les zones d'interdiction aérienne dans les parties nord et sud du pays en appui aux résolutions 678, 687 et 688 du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis réitèrent leur appel au gouvernement iraquien pour qu'il se conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Le représentant du Koweït a estimé que les allégations du Ministre des affaires étrangères de l'Iraq selon lesquelles son pays respecte les engagements pris devant le Conseil de sécurité ne sont que des contre vérités. Les propos et la politique iraquienne reposent sur le proverbe du menteur qui finit par croire à ses propres mensonges. Le régime iraquien s'efforce d'effacer de l'histoire ses obligations à l'égard du Koweït.

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Il faut dire clairement que le Conseil de sécurité attache une grande importance à des questions telles que la libération des prisonniers et la restitution des biens volés au Koweït. Tous les membres du Conseil exigent de l'Iraq qu'il mette en oeuvre les résolutions pertinentes. Le Président du Conseil de sécurité a d'ailleurs été autorisé au mois de novembre dernier à exprimer à la presse sa grave préoccupation devant l'absence de tout progrès en ce qui concerne la question des prisonniers et des biens volés. Cela illustre à suffisance la nature scandaleuse des mensonges de l'Iraq. L'Iraq s'emploie à limiter les litiges sur une question spécifique, à savoir les armes de destruction massive. Cette question est importante mais elle n'est pas la seule obligation que doit honorer l'Iraq. L'Iraq mène également campagne pour persuader la communauté internationale que ses déboires au Conseil de sécurité découle d'un contentieux qui l'oppose à un membre ou deux du Conseil de sécurité. Or il s'agit clairement d'un problème de portée internationale. Il existe un moyen rapide d'atténuer les souffrances du peuple iraquien, c'est la mise en oeuvre sans conditions de toutes les résolutions du Conseil de sécurité, a conclu le représentant.

Le représentant de la Croatie, au nom de la Bosnie-Herzégovine, de l'ex- République yougoslave de Macédoine et de la Slovénie, a rappelé que, conformément la résolution 47/1, l'Assemblée générale considère que la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) ne peut pas succéder automatiquement à l'ex-République fédérale de Yougoslavie et décide donc que la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) devrait demander son admission aux Nations Unies et qu'elle ne participera pas aux travaux de l'Assemblée générale. Sur cette base, il est évident que la République fédérative de Yougoslavie devrait, en tant que nouvel Etat, demander son admission aux Nations Unies conformément à la pratique établie concernant l'admission de nouveaux membres aux Nations Unies.

Le représentant de la Turquie a réaffirmé l'engagement de son pays à respecter l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité de l'Iraq. La situation actuelle dans le nord de l'Iraq est toutefois bien connue de la communauté internationale. L'incapacité continue de l'Iraq d'exercer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire est le résultat de politiques dangereuses et d'agression que l'Iraq a choisies de suivre dans le passé contre ses voisins. L'Iraq ne peut que s'en prendre à lui-même pour les difficultés qui le confrontent. D'autres pays de la région, y compris la Turquie, subissent également les conséquences de ces politiques d'agression. Le vide de facto créé dans le nord de l'Iraq a permis à des éléments terroristes armés d'établir leur siège dans la région et de lancer des attaques armées contre le territoire turc. Ces éléments terroristes posent une menace importante et inacceptable pour la Turquie et pour la population et ses biens dans les zones frontalières. Ce n'est certainement pas un prétexte injustifié. Le représentant a laissé à la discrétion des Etats Membres de juger de la gravité des accusations faites par le Ministre des affaires

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étrangères iraquien selon lesquelles la Turquie s'ingère dans les affaires intérieures de l'Iraq par le biais de mesures de légitime défense. Le gouvernement turc n'hésitera pas à prendre toutes les mesures appropriées pour mettre fin à la menace dirigée contre sa population et les biens de sa population, à partir du nord de l'Iraq.

Le représentant du Royaume-Uni a déploré que l'Iraq continue de rejeter sur d'autres la responsabilité de la souffrance de son peuple. L'Iraq semble oublier que les sanctions lui ont été imposées à la suite de son agression contre un Etat membre des Nations Unies. L'Iraq semble également oublier que les sanctions sont maintenues en raison de son mépris des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier en ce qui concerne les armes de destruction massive l'Iraq continuant de dissimuler des éléments de son programme d'armement. Les souffrances de la population iraquienne sont le seul fait de la politique du gouvernement qui a retardé sciemment le programme "pétrole contre vivres". Les problèmes de l'Iraq relèvent de la responsabilité du gouvernement qui sait les décisions qu'il doit prendre pour éviter les sanctions.

Le représentant de l'Iran a estimé que les accusations faites par le Ministre des affaires étrangères iraquien sont sans fondement. Le 29 septembre 1997, deux groupes armés ont franchi les frontières iraquo-iranienne et ont lancé des attaques contre le territoire iranien. Répondant immédiatement à ces attaques et dans le cadre de l'exercice du droit de légitime défense, les autorités iraniennes ont pris des mesures proportionnées contre ces groupes armés. Ces opérations défensives visaient les groupes terroristes et subversifs organisés et non pas la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Iraq. Les attaques perpétrées contre l'Iran ont bénéficié de l'aide de l'Iraq.

Le représentant de la Tanzanie s'est réservé le droit d'intervenir à une date ultérieure pour répondre aux propos du Ministre des affaires étrangères du Burundi.

Le représentant de l'Iraq a rappelé que plus de 400 équipes d'inspecteurs se sont succédées en Iraq au cours des sept dernières années. Que faisaient les inspecteurs en Iraq lors de leurs missions pour permettre aux Etats-Unis de faire les allégations avancées aujourd'hui? La communauté internationale a-t-elle besoin de plus de preuves? Même si l'on présume qu'il existe des mesures échappatoires de la part de l'Iraq, est-on en droit de faire mourir des personnes innocentes? N'est-ce pas contraire aux droits de l'homme? Cela est un génocide. Le représentant a réitéré que tous ceux qui en veulent au peuple iraquien devraient renoncer à leurs sentiments de vengeance. Il a soutenu qu'aucun Koweïtien n'a disparu en temps de guerre en Iraq. Son pays souhaite coopérer avec le Comité international de la Croix- Rouge. Le représentant a regretté que les Etats-Unis empêchent l'Iraq d'acheter des vivres et des médicaments pour répondre aux besoins de la population civile. Le monde se transformerait en une jungle si tous les pays agissaient de même. Le représentant a prié l'Assemblée générale de demander à la Turquie et à l'Iran de mettre fin à leurs actions.

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Le représentant de la Turquie a rappelé que l'Iraq est le seul responsable de la situation peu enviable dans laquelle il se trouve aujourd'hui. La Turquie a toujours encouragé l'Iraq à répondre aux attentes de la communauté mondiale afin d'assurer le retour à la normale dans la région. Il a souligné la détermination de son gouvernement à défendre la sécurité de ses frontières et de ses populations. La Turquie prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger son peuple contre le terrorisme.

Le représentant du Koweït a nié que son pays utilise le prétexte des prisonniers pour faire perdurer les sanctions contre l'Iraq tant il est vrai que la décision en la matière relève de la responsabilité du Conseil de sécurité.

Le représentant de l'Iraq a fait observer que les régions interdites de survol ne sont pas imposées par le Conseil de sécurité mais sont le fruit d'une décision unilatérale des Etats-Unis. Aucune résolution du Conseil de sécurité n'impose la création de telles zones en Iraq.

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