En cours au Siège de l'ONU

AG/691

PLUSIEURS DELEGATIONS DENONCENT A L'ASSEMBLEE GENERALE LE TERRORISME ECONOMIQUE QUI MENACE LA PAIX ET LA SECURITE INTERNATIONALES

2 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/691


PLUSIEURS DELEGATIONS DENONCENT A L'ASSEMBLEE GENERALE LE TERRORISME ECONOMIQUE QUI MENACE LA PAIX ET LA SECURITE INTERNATIONALES

19971002 Les petits états insulaires du Pacifique se plaignent des discussions économiques de l'Organisation mondiale du commerce

Réunie sous la présidence de M. Hennadiy Udovenko (Ukraine), l'Assemblée générale a poursuivi ce matin son débat général entendant une allocution de M. Edison James, Premier Ministre et Ministre des affaires extérieures, des affaires juridiques, du travail et de l'immigration du Commonwealth de la Dominique, dans laquelle il a rappelé que l'admission aux Nations Unies est fondée sur l'égalité souveraine de ses membres. Quelle que soit leur taille, les Etats méritent le respect et doivent tous oeuvrer en étroite coopération pour maintenir la paix et la sécurité internationales, régler les problèmes économiques, sociaux, culturels ou humanitaires, et encourager le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Pour le Premier Ministre, la paix et la sécurité internationales peuvent également être menacées par le terrorisme économique. Les récentes mesures prises par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) vont à l'encontre des intérêts des petits pays. Aussi, a-t-il estimé qu'il incombe aux Nations Unies de veiller à ce qu'aucune forme de terrorisme n'affaiblisse leur objectif de maintien de la paix et de la sécurité.

Sheikh Hamad Bin Jassem Bin Jabr Al-Thani, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a reconnu que des progrès remarquables ont été effectués sur la voie de la paix au Moyen-Orient comme le prouve la tenue des conférences économiques pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Le Qatar accueillera la Quatrième Conférence au mois de novembre mais un échec éventuel serait imputable au seul Etat d'Israël. Invoquant, par ailleurs, le cas de la Libye, il a plaidé pour la création d'un régime uniforme de sanctions ne faisant aucune distinction entre Etats et instaurant un équilibre entre les intérêts de la communauté internationale et les souffrances des populations.

Pour sa part, M. Ivan Antonovich, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a manifesté la crainte de son pays envers la transformation progressive de l'OTAN en une force militaire et a souhaité que celle-ci s'oriente vers un statut d'organisation européenne universelle pour la paix et la sécurité.

(à suivre -1a-)

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M. Modibo Sidibe, Ministre des affaires étrangères et des Maliens de l'extérieur a, quant à lui, rappelé que son pays a été à l'origine en 1994, d'une résolution sur l'assistance aux Etats en vue de l'arrêt de la circulation illicite des petites armes et de leur collecte. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle appuie la proposition de moratoire sur l'importation, l'exportation et la fabrication des armes légères à laquelle s'associent les pays de la sous-région ouest-africaine.

M. Casimir Oye Mba, Ministre d'Etat et Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Gabon, a estimé qu'il est impératif d'axer les efforts sur des mesures concrètes visant la prévention des conflits. Le Comité consultatif des Nations sur les questions de sécurité en Afrique centrale a adopté à Libreville en juillet dernier un important plan d'action portant notamment sur la création d'un mécanisme d'alerte rapide et l'organisation à moyen terme d'une conférence régionale sur le thème "institutions démocratiques et paix en Afrique centrale". Le Ministre a attiré l'attention de tous les organes d'exécution intervenant au titre de l'ONU, de l'Union européenne et de tous les partenaires de la sous-région, sur la nécessité d'établir effectivement ce mécanisme d'alerte rapide avant la fin de l'année 1997.

M. Phillip Muller, Ministre des affaires étrangères et du commerce des îles Marshall, notant que son pays disposait de ressources limitées a demandé à la communauté internationale de l'aider à surmonter les problèmes posés par les dégâts causés à l'environnement des îles Marshall par les essais nucléaires.

M. Monie R. Captan, Ministre des affaires étrangères du Libéria, prenant la parole au nom de son Président, Charles Dahkpanah Ghankay Taylor, a estimé que la menace n'est pas toujours extérieure mais également intérieure. Il a développé largement les nouvelles initiatives prises par son gouvernement pour favoriser le développement de l'économie de son pays dans le respect des droits de l'homme et a appelé la communauté internationale à quelques concessions concernant la dette extérieure, et à une aide financière rapide pour assurer l'engagement du processus de développement.

L'Assemblée générale reprendra ses travaux, cet après-midi, à partir de 15 heures. Elle entendra une déclaration des pays suivants : Sénégal, Iraq, Mozambique, Tchad, République populaire démocratique de Corée, Côte d'Ivoire et Burundi.

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Suite du débat général

SHEIKH HAMAD BIN JASSIM BIN JABR AL-THANI, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a estimé que pour permettre à l'ONU de faire face aux défis actuels, le processus de réforme doit viser le renforcement du rôle de l'Assemblée générale et la démocratisation du Conseil de sécurité. De l'avis du Qatar, le Conseil doit augmenter le nombre de ses membres non permanents et adopter un système de rotation pour donner l'occasion à tous les Etats Membres de participer à ses travaux. En outre, le Qatar est d'avis que la coexistence entre membres permanents jouissant du droit de veto et de membres non permanents privés de ce droit va à l'encontre du concept d'égalité entre Etats et de la représentation géographique et culturelle équitable consacrés par la Charte. Le Ministre a ensuite abordé la question du désarmement pour demander à Israël d'adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires car une telle initiative constituerait une étape importante de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient.

Dans ce même contexte, le Ministre a estimé que les changements économiques, intervenus dans le monde depuis peu, doivent inciter les Etats à réviser leurs positions concernant les dépenses d'armements afin d'affecter leurs ressources vers des programmes d'éducation, de santé, de lutte contre la pauvreté, de protection de l'environnement ou encore de développement économique. Le coût total des programmes de l'UNICEF, du PNUD ou du PAM, a insisté le Ministre, s'élève à moins de 4,6 milliards de dollars par an alors que les gouvernements consacrent une somme annuelle de 800 milliards de dollars aux seules fins d'armement, laissant ainsi 1,3 milliards de personnes croupir dans une pauvreté abjecte. Abordant la question du processus de paix au Moyen-Orient, il a appelé la communauté internationale à exercer des pressions sur Israël pour qu'il s'abstienne de mettre en oeuvre des politiques dangereuses pour le processus de paix. Au cours du Sommet du Caire, qui a eu lieu l'année dernière, les dirigeants arabes ont affirmé leur engagement en faveur de la paix en tant que choix stratégique. Ils ont souligné l'importance pour les parties de demeurer fidèles à la formule de Madrid qui appelle à une paix fondée sur le principe de la "terre contre la paix".

Le Ministre a reconnu qu'au cours des cinq dernières années, des progrès remarquables ont été accomplis sur la voie de la paix au Moyen-Orient. Il a illustré ses propos en expliquant que les conférences économiques pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord avaient été tenues dans le seul but de donner un élan au processus de paix. Le Qatar sera d'ailleurs l'hôte de la quatrième Conférence qui doit se tenir au mois de novembre. A cet égard, le Ministre a pris note des réserves de certains Etats qui appellent à une annulation de la conférence en raison de la politique israélienne. Toutefois a-t-il estimé, aucun pays n'a le droit d'exercer un veto sur le processus de paix et c'est pour cela que le Qatar a décidé d'accueillir la conférence aux dates prévues. Cependant si la conférence ne devait pas atteindre ses objectifs ou si elle était un échec, alors seul l'Etat d'Israël en serait responsable. S'opposant d'autre part, à toute tentative visant à exclure les

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Nations Unies du processus de paix au Moyen-Orient, le Ministre a réaffirmé la détermination de son pays à promouvoir la sécurité et la stabilité dans la région du Golfe.

Il a appuyé fermement le règlement du différend entre les Emirats arabes unis et l'Iran concernant les trois îles d'Abou Moussa et de la Grande et la Petite Tomb. Il a également appuyé l'Accord signé entre l'Iraq et les Nations Unies qui allègera sans aucun doute les souffrances du peuple iraquien. Le Ministre a souligné une nouvelle fois l'obligation qui incombe aux Etats Membres de respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Iraq. Pour ce qui est du gouvernement de ce pays, il a jugé important qu'il mette en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité, en particulier celles relatives à la libération des prisonniers koweiti et des autres détenus. S'agissant du cas de la Libye, le Ministre a plaidé pour la création d'un régime uniforme des sanctions qui ne ferait aucune distinction entre les Etats et établirait un équilibre entre les intérêts de la communauté internationale, d'une part, et les souffrances des peuples, d'autre part.

M. EDISON C. JAMES, Premier Ministre et Ministre des affaires extérieures, des affaires juridiques, du travail et de l'immigration du Commonwealth de la Dominique, a souligné que la réforme des Nations Unies doit devenir une réalité. Il a souhaité que la mise en oeuvre du processus de réforme soit réalisée dans un proche avenir. Les peuples de ce monde demandent la réforme et l'Organisation elle-même a besoin de cette réforme. La composition, la représentation géographique et le processus de prises de décisions au sein des principaux organes des Nations Unies doivent refléter de façon urgente les réalités du nouveau millénaire. L'admission aux Nations Unies est fondée sur l'égalité souveraine de ses membres, a rappelé M. James qui a fait observer à cet égard que tous indépendamment de leur taille, les Etats méritent le même respect. Ils doivent aussi tous oeuvrer en étroite coopération pour maintenir la paix et la sécurité internationales, régler les problèmes économiques, sociaux, culturels ou humanitaires, et encourager le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

Le Premier Ministre a attiré l'attention sur la menace que font peser les récentes décisions de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les petits pays. Il a expliqué que les moyens d'existence du Commonwealth de la Dominique et d'autres pays du CARICOM sont menacés par de telles mesures. Déjà la principale ressource du pays, à savoir la production bananière, a été considérablement affectée par les mesures adoptées par l'OMC. Une telle incertitude est cause d'instabilité et pourrait menacer la paix dans la région. Aussi, a-t-il prié les Etats Membres des Nations Unies de faire tout leur possible pour convaincre les pays se plaignant du régime européen de marketing bananier à examiner les conséquences de leur action.

Rappelant que l'Organisation des Nations Unies avait été créée pour maintenir la paix et la sécurité internationales, M. James a fait remarquer que celles-ci peuvent également être menacées par le terrorisme économique qui

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d'ores et déjà, se fait sentir dans la région des Caraïbes. Il incombe donc aux Nations Unies de veiller à ce qu'aucune forme de terrorisme n'affaiblisse leur objectif de maintien de la paix et de la sécurité. Le Premier Ministre a invité le Secrétaire général à se rendre dans la région pour évaluer lui-même la situation. En mai 1997, le CARICOM et les Etats-Unis ont conclu à Bridgeton (Barbade) un partenariat pour assurer la prospérité et la sécurité dans les Caraïbes. Toutefois, la capacité de son pays de s'acquitter de ses obligations pour assurer la mise en oeuvre du Plan d'action sera sensiblement compromise par la décision de l'OMC qui vise à lui refuser ses sources de revenus. Le Ministre a proposé d'établir un régime sous les auspices des Nations Unies pour endiguer les pratiques qui polluent les fonds marins et le transit des stupéfiants illicites et des armes.

Le Gouvernement de la Dominique se félicite de la signature par 100 Etats du Traité interdisant la production et l'utilisation des mines terrestres antipersonnel. A cet égard, M. James s'est déclaré convaincu que les pays encore récalcitrants adhéreront bientôt à ce Traité et peut-être le ratifieront. La Dominique, en sa qualité de membre du CARICOM et de l'Organisation des Etats américains (OAS), envisage de jouer un rôle pour que le mouvement de démocratisation dans la région reflète la conviction profonde de son peuple selon lequel celle-ci est indispensable pour le développement et la prospérité. Le Premier Ministre a réaffirmé le respect du droit de tous les pays de choisir son propre modèle de gouvernement, et il a exhorté tous les Etats Membres de l'Organisation à poursuivre le processus démocratique et à garantir à leurs peuples le plein exercice de tous les avantages d'une société démocratique. Dans ce contexte, le Gouvernement et le peuple du Commonwealth de la Dominique invitent de nouveau l'Organisation à ne pas ignorer les appels de la République de Chine pour sa reconnaissance internationale. Rappelant que la République de Chine à Taiwan est un pays fondateur des Nations Unies, M. James a indiqué que celle-ci est politiquement démocratique et une société économiquement dynamique ayant un gouvernement et un parlement élus au suffrage universel direct.

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M. IVAN ANTONOVICH, Ministre des affaires étrangères de Bélarus, a manifesté le soutien de son pays à la réforme des Nations Unies et, se référant à une lettre du Président de la République adressée au Secrétaire général, il s'est déclaré favorable à une approche pragmatique des réformes des Nations Unies, qui pourront assurer le renforcement du potentiel de l'ONU dans le domaine des maintiens de la paix, de l'aide humanitaire et de l'information. Le Ministre a estimé que, sur la base du principe de distribution géographique équitable, l'allocation d'un siège supplémentaire non permanent à la région d'Europe de l'Est au Conseil de sécurité, serait en parfaite concordance avec l'Article 23 de la Charte.

Le Bélarus a manifesté depuis deux ans une ferme aversion à l'expansion de l'OTAN en tant que bloc militaire. La perspective de trouver à ses frontières une organisation militaire pousserait certainement le Bélarus à revoir sa position en matière de sécurité nationale. Le Ministre a précisé sa faveur pour le développement de l'OTAN en une organisation européenne universelle pour la paix et la sécurité, et pour une coopération rapprochée de cette dernière avec les Nations Unies.

Le Ministre s'est déclaré favorable à la résolution paisible des conflits militaires. Le dialogue est le meilleur moyen de stopper le terrorisme au Moyen Orient. Parallèlement, le Bélarus a invité les Nations Unies à permettre à la République de Yougoslavie de reprendre sa participation à l'Assemblée Générale. Le Gouvernement de Bélarus souhaite accueillir la Conférence internationale de Minsk sur le résolution des conflits à Nagorno- Karabakh.

Après avoir rappelé que le Bélarus a été l'un des premiers pays d'Europe de l'Est à avoir éliminé toutes les armes nucléaires de son territoire, il a suggéré la création d'une zone dénucléarisée au centre de l'Europe.

Répondant aux critiques selon lesquelles son pays était lent à adopter les réformes de la démocratisation, le Ministre a rappelé que son pays est souverain et qu'il développe sa propre politique en tenant compte des données économiques, sociales, morales et psychologiques propres à son pays, tout en respectant les droits de l'homme et les libertés personnelles. Son pays est d'ailleurs exempt de toutes tensions religieuses, ethniques ou civiles, et il est pratiquement le seul de l'ancienne Union Soviétique à développer une économie stable avec un taux de croissance de 16% pour les six premiers mois de l'année courante. Au sujet des arriérés dûs par le Bélarus aux Nations Unies, le Ministre a indiqué cinq millions de dollars seront encore versés avant la fin de l'année.

M. MODIBO SIDIBE, Ministre des affaires étrangères et des Maliens de l'extérieur, notant que l'Organisation des Nations Unies se trouvait à la croisée des chemins, a rappelé qu'à l'occasion de son cinquantième anniversaire 128 chefs d'Etat et de gouvernement avaient réaffirmé avec force leur foi dans l'Organisation, ses principes et ses objectifs. L'appel à la

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réflexion sur le rôle de l'Organisation n'a pas été vain puisqu'elle est désormais engagée dans un ambitieux programme de réforme dont se réjouit par ailleurs le Mali. Le Ministre a évoqué à cet égard les progrès substantiels accomplis par les Etats Membres au sein des différents groupes de travail de l'Assemblée générale et rappelé que celui constitué sur l'Agenda pour le développement avait pu mener à bien la tâche qui lui avait été confiée. S'agissant de la restructuration du Conseil de sécurité, le Mali, a-t-il déclaré, est favorable à modernisation et démocratisation afin de lui conférer davantage de légitimité et de transparence.

En ce qui concerne la préservation de la paix et de la sécurité, le Ministre a rappelé qu'elle passe par la prévention, la gestion et le règlement des crises qui sont des sources de préoccupation grave pour l'Afrique en particulier. Il s'est à cet égard félicité des avancées significatives enregistrées dans les domaines de la restauration de la paix et de la sécurité citant entre autres la tenue d'élections générales libres au Libéria qui a consacré la fin d'une longue guerre civile. Il a par ailleurs évoqué le rôle joué par le Mali dans le dénouement de la crise libérienne et a exhorté la communauté internationale à aider à la reconstruction de ce pays. Le Mali, a- t-il noté, se félicite de l'évolution positive de la crise centrafricaine dûe aux efforts du Comité international de médiation mis en place par le dix neuvième Sommet des chefs d'Etat de France et d'Afrique. Pour autant, l'Afrique, a-t-il constaté, traverse une période difficile et il a noté à cet égard la situation "des plus confuses" qui prévaut en Sierra Leone et celle de guerre civile généralisée que connaît la République démocratique du Congo.

Abordant la question du désarmement, le Ministre a salué l'entrée en vigueur récente de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction. Il n'en reste pas moins que l'objectif d'un désarmement général et complet reste élusif. Le Mali a-t-il rappelé a été à l'origine en 1994 d'une résolution sur "l'assistance aux Etats en vue d'arrêter la circulation illicite des petites armes et leur collecte". Dans le même ordre d'idées, le Gouvernement malien a organisé du 24 au 28 mars 1997, une "Semaine de la paix".

Le Ministre s'est ensuite fait l'écho de l'appel lancé, à l'issue du Forum international auquel a donné lieu la "Semaine de la paix", en faveur d'une bonne gouvernance garantissant le respect des principes démocratiques et des droits de l'homme. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle appuie la proposition de moratoire sur l'importation, l'exportation et la fabrication des armes légères à laquelle s'associent les pays de la sous-région ouest-africaine.

Se tournant vers la question du développement, le Ministre a plaidé pour la recherche de solutions concertées aux problèmes persistants du sous- développement et pour le passage aux actes en mobilisant les ressources mentionnées par l'Agenda pour le développement. Le Mali, pour sa part, estime que toute oeuvre de développement durable relève de la responsabilité nationale et passe par la transparence et la primauté et la règle de droit.

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M. CASIMIR OYE MBA, Ministre d'Etat et Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Gabon, a indiqué que la tenue à la fin de 1996 d'élections locales, législatives et sénatoriales a prouvé le rôle fondamental de la légitimité démocratique nécessaire aujourd'hui à l'exercice du pouvoir politique. C'est dans cet esprit que le Gabon a contribué de façon substantielle à l'apaisement de nombreux foyers de tensions qui ont éclaté en Afrique. De concert avec le Tchad, le Burkina Faso, le Sénégal et le Mali, le Gouvernement gabonais a dépêché près de 300 soldats dans le cadre d'une force africaine de maintien de la paix pour la restauration de la stabilité institutionnelle en République centrafricaine. Concernant la situation au Congo-Brazzaville, et à la demande des protagonistes congolais, le Gabon a accepté de prendre en main le Comité international de médiation, placé sous la présidence du Président Omar Bongo, assisté de l'envoyé spécial conjoint de l'ONU et de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), M. Mohamed Sahnoun. La présente crise qui a éclaté en juillet 1997, est à la fois la plus longue, la plus meurtrière et la plus complexe. En dépit des multiples obstacles auxquels se heurte la médiation, le Gabon ne ménage aucun effort dans la recherche d'une issue positive à ce conflit de nature essentiellement politique et interne, certes, mais dont les risques de dérive et les répercussions aux niveaux sous-régional et international ne devraient échapper à personne. Le Président Bongo a proposé un accord de cessez-le-feu et un accord politique pour gérer la période de transition jusqu'à la tenue d'élections présidentielles. Ce projet d'accord n'ayant pu être finalisé, le Président Bongo avait convié neuf chefs d'Etat d'Afrique centrale et occidentale à une réunion spéciale sur le Congo qui s'était tenue à Libreville les 14 et 15 septembre 1997. Ce Sommet de Libreville a réaffirmé son appui à la médiation internationale conduite par le Président Bongo et a lancé un appel pressant aux belligérants à cesser les combats et à rechercher un règlement politique de la crise. Le Ministre a estimé qu'il est impératif d'axer les efforts sur des mesures concrètes visant la prévention des conflits. Pour les pays en développement comme le Gabon, le maintien de la paix et de la sécurité internationales devrait surtout être assuré "en amont" en se fondant sur la prévention. C'est convaincus du bien-fondé de ce principe, que les Etats de la sous-région, membres du Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale, se sont engagés depuis 1992, dans un processus de concertation et d'action, pour renforcer la confiance mutuelle et la sécurité à l'échelon sous-régional. Les résultats de ces contacts ont abouti notamment à la signature à Yaoundé en juillet 1996 par la quasi totalité des Etats membres du Comité, d'un Pacte de non-agression, qui constitue une mesure importante pour la consolidation de la paix. En juillet dernier, le Comité a adopté à Libreville un important plan d'action portant notamment sur la création d'un mécanisme d'alerte rapide et l'organisation à moyen terme d'une conférence régionale sur le thème "institutions démocratiques et paix en Afrique centrale". A cet égard, le Ministre a attiré l'attention de tous les organes d'exécution intervenant au titre de l'ONU, de l'Union européenne et de tous les partenaires de la sous- région, sur la nécessité d'établir effectivement ce mécanisme d'alerte rapide avant la fin de l'année 1997. Il a également lancé un appel à la communauté

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internationale pour qu'elle contribue au Fonds d'affectation spéciale créé pour les besoins du Comité. Tout en se félicitant de l'initiative des Etats- Unis de convoquer, le 25 septembre dernier, une réunion spéciale du Conseil de sécurité pour examiner la question de la sécurité en Afrique, le Ministre a fait remarquer que si l'Afrique n'étant plus un enjeu stratégique prioritaire, n'est-elle pas aujourd'hui pour l'ONU son véritable défi, sa mauvaise conscience? Au-delà des frontières de l'Afrique, le Gabon, préoccupé par l'avenir du processus de paix au Moyen-Orient, invite toutes les parties à reprendre le dialogue. De même, il appuie le processus d'Ottawa visant l'interdiction totale des mines terrestres antipersonnel, car les mines intelligentes ou stupides, les mines antipersonnel tuent, le plus souvent des innocents. Il faut donc les bannir. Si en jouant dans un pré, la jambe de votre enfant est arrachée par une mine dite intelligente, vous ne vous consolerez pas en pensant que cette mine là était intelligente, a fait observer M. Oye Mba.

Abordant la question du développement en Afrique, M. Oye Mba a estimé que le continent africain doit compter en priorité sur lui-même. Serait-il outrecuidant de dire que la formule "trade not aid" n'est pas non plus complètement juste, tant il est patent qu'il existe en Afrique à la fois des pays dont le niveau de développement leur permet tout de même déjà d'avoir de légitimes ambitions commerciales sur le marché international, mais aussi d'autres qui ont besoin d'aides, tout au moins dans certains domaines, notamment sociaux. Pour ces derniers, il vaudrait mieux dire "trade and aid". C'est dans cet esprit que le Gabon accueillera les 6 et 7 novembre prochains le neuvième Sommet des pays de l'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique associés à l'Union européenne dans le cadre de la Convention de Lomé. Le Ministre a indiqué que la situation économique de son pays s'est considérablement améliorée depuis 1995. Les mesures structurelles et les réformes administratives s'accélèrent et le gouvernement renforce la libéralisation de l'économie ainsi que l'assainissement de l'environnement des affaires. Un vaste programme de privatisation des entreprises publiques a déjà été engagé avec la Société d'eau et d'énergie du Gabon, dans des conditions de régularité et de transparence.

M. AMUSAA K. MWANAMWAMBWA, Ministre du tourisme et Ministre des affaires étrangères en exercice de la Zambie, a émis l'espoir que le processus de réforme des Nations Unies ne donnera pas seulement naissance à une organisation plus démocratique, plus efficace et financièrement stable mais qu'il aura également un impact sur le développement économique et social. La Zambie souhaite que ces réformes accordent un rang prioritaire au mandat des Nations Unies en matière de développement économique et social. Abordant par ailleurs la question de la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a fermement appuyé les recommandations de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et du Mouvement des pays non alignés qui demande que le Conseil soit composé de 26 membres. Selon le Ministre, l'Afrique, qui représente 30 % des Etats Membres de l'Organisation, devrait avoir deux sièges permanents et trois sièges non permanents au Conseil de sécurité.

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Le Ministre s'est également penché sur la question de la paix et de la sécurité dans son continent en évoquant la situation en Angola. Il a regretté que l'UNITA n'ait pas honoré les obligations découlant du Protocole de Lusaka et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La Zambie, a souligné le Ministre, désapprouve sans équivoque l'intransigeance de l'UNITA. En ce qui concerne la situation au Sierra Leone, le Ministre s'est joint à la position de l'OUA qui encourage la communauté internationale à continuer de nier toute légitimité à la junte au pouvoir. Le Ministre a, d'autre part, adressé un appel à la communauté internationale pour qu'elle assiste, sur une base non conditionnelle, le nouveau Gouvernement de la République démocratique du Congo dans ses efforts de reconstruction et de consolidation de la stabilité politique et économique du pays.

Abordant les questions économiques, le Ministre s'est félicité que, grâce aux réformes économiques et sociales entreprises par nombre de pays africains, la croissance moyenne en Afrique soit de l'ordre de 5 % par an depuis 1996. Il a toutefois attiré l'attention sur le fardeau de la dette extérieure qui constitue un véritable obstacle au développement durable du continent. A cet égard, il a accueilli avec satisfaction la décision du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale de lancer une "Initiative pour les pays pauvres lourdement endettés" ; le Ministre s'est néanmoins déclaré préoccupé par les incertitudes qui entourent son financement. Le Ministre a également déploré le nombre important de critères d'éligibilité à cette Initiative parmi lesquels figurent même des critères non économiques.

Le Ministre a ajouté que les Nations Unies ont le devoir, d'une part, de donner l'élan nécessaire à un consensus international sur la question de la dette extérieure et, d'autre part, d'aider à la mobilisation des ressources additionnelles aux fins du financement des programmes de développement.

Il a également émis l'espoir que les Nations Unies inspireront les politiques visant à éliminer les disparités entre les nations dans le domaine du développement et à inverser la tendance des pratiques commerciales injustes et du protectionnisme caractérisé du commerce mondial, causes de la marginalisation de certaines régions, dont l'Afrique. Le Ministre s'est enfin déclaré préoccupé face au déclin continu de l'aide publique au développement et au manque d'enthousiasme dont font preuve les Etats Membres lorsqu'il s'agit d'honorer des accords pourtant librement agréés lors des conférences internationales. En conséquence, la Zambie souhaite voir se concrétiser, au cours de la présente session de l'Assemblée générale, la proposition visant à convoquer une conférence internationale sur le financement du développement. Le Ministre a rappelé que cette proposition a été faite lors de la 46ème session de l'Assemblée générale et que depuis lors, très peu de progrès a été enregistré.

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M. PHILLIP MULLER, Ministre des affaires étrangères et du commerce des Iles Marshall, a souligné l'importance du développement durable pour son pays qui, il l'a rappelé, demeure la pierre angulaire des politiques de son gouvernement. Il ne s'agit pas là, toutefois, d'une voie facile à suivre pour un petit pays comme le sien et les obstacles sont nombreux. La croissance démographique, avec un taux qui a parfois atteint 4,2%, constitue un problème particulier. Les bases de ressources sont limitées et on a du mal à imaginer la création de nouveaux débouchés. Cette croissance ne constitue toutefois qu'un des problèmes auxquels son pays est confronté. La question des dégâts causés à l'environnement des îles Marshall par les essais nucléaires est un autre problème majeur pour la région et la communauté internationale en a pris conscience. A cet égard, le Ministre a fait remarquer que son pays en révélant au monde les conséquences de essais nucléaires sur les êtres et l'environnement avait joué un rôle important en ce qui concerne la fin de la guerre froide. Toutefois, il est clair que les îles Marshall ont payé cher la réduction du risque de guerre nucléaire que nous connaissons aujourd'hui.

Le Ministre a indiqué que les soixante sept essais nucléaires qui ont été menés dans son pays ont contaminé chaque point de son environnement et exposé tous les habitants de l'île aux dangers qui en résultent. Son gouvernement a donc un besoin urgent de ressources qui lui permettent de faire face aux conséquences médicales et environnementales des radiations. C'est pourquoi le Ministre a lancé un appel à la communauté internationale puisqu'il s'agit là d'un problème que son pays ne peut résoudre à lui seul. Bien qu'encouragé par le fait que l'AIEA mène une enquête dans les régions du nord des îles Marshall, il aurait été préférable que le Comité scientifique de l'ONU chargé d'étudier les effets des radiations atomiques puisse jouer un rôle bien plus important en ne se contentant plus d'une simple compréhension académique, mais en favorisant le dialogue entre pays concernés. A cet égard son pays est disposé à aider le Comité à obtenir tous les documents et informations utiles. Sa délégation aborderait plus en détail cette question au sein de la Quatrième Commission.

Par ailleurs l'élévation du niveau des mers et les effets de l'érosion due aux tempêtes et aux marées constituent une menace sérieuse que les îles Marshall seules ne pourraient résoudre. Abordant la destruction des petits pays insulaires en développement, il a noté qu'elle aurait des effets néfastes pour tous et qu'à cet égard l'inaction aurait des conséquences catastrophiques pour l'humanité tout entière.

Le Ministre a enfin insisté sur le caractère crucial de la réforme de l'Organisation et s'est déclaré favorable à l'élargissement du Conseil de sécurité. A cet égard il a évoqué ce qu'avait dit le Premier Ministre des îles Fidji qui souhaitait que soit accordé une importance plus grande au Pacifique en tant que sous-région du Groupe de l'Asie. C'est là une idée à laquelle son pays est également favorable et c'est là une des raisons pour lesquelles il estime bon de faciliter la participation de tous les pays au Conseil de sécurité.

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M. MONIE R. CAPTAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria, a déclaré qu'après une guerre civile de près de 10 ans, son pays vient d'organiser, le 19 juillet dernier, des élections qui représentent un nouveau départ vers la démocratie, avec un gouvernement représentatif au sein d'un ordre constitutionnel. Prenant la parole au nom de son Président, M. Charles Taylor, le Ministre a précisé que ces élections ont donné naissance à un nouvel esprit de liberté au sein du peuple libérien et que le processus de réconciliation nationale est entamé. Le Gouvernement a réaffirmé la Constitution de 1986 comme étant la loi organique du pays qui garantit et protège les droits et libertés fondamentaux de tous. Il a assuré que l'Administration garantira le fonctionnement d'un système judiciaire crédible et indépendant et que les droits de l'homme et la liberté de la presse seront assurés. Par dessus tout, un gouvernement d'unité nationale assurera la stabilité interne du pays. M. Captan a affirmé que le droit à l'autodétermination est une des conditions nécessaires au développement national et au rôle significatif que le Libéria devrait jouer dans la communauté des nations.

Sur le plan international, le Ministre a déploré la situation menaçante qui s'est récemment développée dans le pays voisin, la Sierra Leone. Il a déclaré que le rétablissement de la paix et la réconciliation nationale en Sierra Leone représentaient l'intérêt du Libéria et de ses voisins. Il a espéré que le développement de l'Afrique restera un but de la communauté internationale.

A propos de la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a déclaré que le droit de veto allait à l'encontre du principe d'universalité et laissait le sort du monde entre les mains de quelques pays. Par conséquent, son pays souhaite la suppression du droit de veto. Il a appelé à l'extension du Conseil, et particulièrement à la création de deux sièges permanents pour l'Afrique. Concernant la réforme de l'Organisation, il a émis l'espoir que cela n'affectera pas la capacité des Nations Unies dans leurs activités de développement, figurant dans la Charte. Il a noté que 200 millions de dollars seraient économisés d'ici l'an 2002, en faveur du développement.

Parlant des sanctions prises par l'ONU, il a déclaré que son gouvernement était sceptique quant à leur utilité. Elles ne sont pas toujours couronnées de succès et les pays visés parviennent souvent à les contourner, au détriment du peuple innocent.

Le Ministre a déclaré que l'une des priorités principales de son gouvernement était la promotion de la paix. Le Gouvernement a entamé un processus pour légiférer et créer une Commission nationale pour les droits de l'homme qui opérera de manière indépendante et qui instruira les cas de violation de ces droits. Un poste de Vice Ministre aux droits de l'homme a été crée au sein du Ministère de la justice du Libéria.

-12- AG/691 2 octobre 1997

L'un des défis du Libéria est la revitalisation de l'économie. Le Ministre est convaincu du rôle clef du secteur privé. Il a précisé que les bonnes relations entretenues avec les institutions financières internationales est l'une des conditions indispensables au succès du programme de reconstruction. Compte tenu du fait que la dette extérieure de son pays est ressentie comme un très lourd fardeau, il a exhorté la communauté internationale à faire quelques concessions. De plus, a estimé le Ministre, la transition de la guerre vers la paix ne pourra être couronnée de succès que si des fonds suffisants seront mis rapidement à la disposition du gouvernement pour lancer le programme de reconstruction.

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