En cours au Siège de l'ONU

AG/690

PLUSIEURS PAYS EN DEVELOPPEMENT EXPRIMENT LEURS INQUIETUDES FACE AUX CONSEQUENCES IMPREVISIBLES DE LA MONDIALISATION

1er octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/690


PLUSIEURS PAYS EN DEVELOPPEMENT EXPRIMENT LEURS INQUIETUDES FACE AUX CONSEQUENCES IMPREVISIBLES DE LA MONDIALISATION

19971001 Pour le Bénin, les pays développés ont un devoir moral de se préoccuper du destin de l'Afrique et de ne pas l'abandonner au bord du chemin

L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi son débat général, et entendu dans ce cadre les déclarations de l'Estonie, du Belize, d'Antigua-et- Barbuda, de l'Algérie, de la République démocratique populaire lao, d'Haïti, de l'Afghanistan et du Bénin.

M. Trivimi Velliste (Estonie) s'est félicité de ce qu'une partie des propositions de réformes présentées par le Secrétaire général soit déjà mise en oeuvre. Il a suggéré la réduction du nombre de points inscrits à l'ordre du jour des futures sessions et a appuyé les mesures du Secrétaire général visant à réduire les dépenses inutiles.

M. Oliver Barrow, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et de la sécurité nationale de Belize, s'est élevé contre les mesures prises récemment par l'Organisation mondiale du commerce concernant l'accès au marché européen des producteurs de bananes parties aux conventions liant les pays de la Communauté européenne aux pays d'Afrique-Caraibes et Pacifique (Conventions CEE-ACP). Il craint qu'une libéralisation débridée des échanges internationaux ne marginalise les pays les plus pauvres en faisant totalement fi de leurs intérêts particuliers.

M. Patrick Albert Lewis (Antigua-et-Barbuda) a exprimé sa préoccupation face à la mondialisation de l'économie. Les petits Etats des Caraïbes sont tenus de s'adapter et leurs hommes d'affaires d'accepter que disparaisse le concept de marchés protégés. Antigua-et-Barbuda discute actuellement de façon précise des réalités de la mondialisation et de la réalisation d'un marché unique avec le CARICOM.

M. Ahmad Attaf, Ministre des affaires étrangères de l'Algérie, s'est félicité de l'intégration, dans le cadre de la réforme de l'ONU, de nouvelles priorités, comme les droits de l'homme, les affaires humanitaires,

(à suivre - 1a)

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l'environnement, la lutte contre le terrorisme ou la répression du trafic de stupéfiants. En même temps, l'ONU ne saurait sacrifier ses deux piliers que sont la paix et le développement. Le Ministre s'est réjoui de la prise de conscience par la communauté internationale du caractère redoutable du terrorisme. Il a demandé la conclusion d'une convention internationale générale sur les actes de terrorisme.

M. Somsavat Lengsavad, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a fait état de l'admission le 23 juillet dernier de son pays et du Myanmar comme membres à part entière de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) qu'il a qualifiée d'événement historique d'une grande signification. Il a formulé l'espoir qu'une ANASE des dix se concrétise dans un avenir proche. Il a indiqué que son pays continue de reconnaître et de respecter Sa Majesté Norodom Sihanouk comme chef de l'Etat du Cambodge.

M. Fritz Longchamp, Ministre des affaires étrangères de Haïti, a déclaré que la police nationale se prépare à assurer la sécurité dans le pays quand le mandat de la Mission de Transition des Nations Unies en Haïti (MITNUH) prendra fin en novembre prochain. Il a regretté les faibles performances économiques et sociales de son pays et a déclaré que, pour être viable, le processus démocratique doit être alimenté et soutenu par un développement durable.

M. A. Abdullah, Vice-Ministre des affaires étrangères et envoyé spécial du Président de l'Afghanistan, a affirmé que, depuis leur prise du pouvoir à Kaboul voilà un an, les Taliban ont, dans les faits, emprisonné chaque femme et terrorisé chaque homme. Il a affirmé que seul son gouvernement, celui de l'Etat islamique d'Afghanistan, est fondé à parler au nom de l'Afghanistan dans les enceintes internationales, alors que les Taliban sont appuyés par le Pakistan, qui veut transformer l'Afghanistan en simple protectorat.

M. Pierre Osho, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, a déclaré que les pays développés ont le devoir moral de se préoccuper du destin de l'Afrique et de ne pas l'abandonner sur le bord du chemin de la mondialisation. Il a appelé la communauté internationale à mettre sur pied un Plan Marshall pour l'Afrique à commencer par l'annulation de la dette africaine et un réexamen du bien-fondé des mesures d'ajustement structurels et de leurs conséquences immédiates sur la vie des populations.

En fin de séance, le représentant du Canada a exercé son droit de réponse et le Pakistan a réservé son droit d'exercer le sien au cours d'une séance ultérieure.

L'Assemblée poursuivra son débat général demain, jeudi 2 octobre, à 10 heures. Elle entendra dans ce cadre un allocution du Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Dominique, M. Edison James, ainsi que les déclarations du Qatar, du Belarus, du Mali, du Gabon, de la Zambie, des Iles Marshall et du Liberia.

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M. TRIVIMI VELLISTE, Représentant permanent de l'Estonie, a noté avec satisfaction que la mise en oeuvre d'une partie des propositions de réformes présentées par le Secrétaire général a déjà commencé dont tous les Etats Membres tireront profit puisque le but de cette réforme est d'adapter l'Organisation des Nations Unies aux nouveaux défis afin de la rendre plus efficace et plus moderne. Le représentant a suggéré que par souci d'économie le nombre de points inscrits à l'ordre du jour des futures sessions de l'Assemblée soient réduits et d'éviter autant que possible les dépenses inutiles dans la mise en oeuvre de ses programmes. Quant à l'échelle des contributions, le représentant a indiqué la préférence de son gouvernement pour une échelle des quotes-parts plus transparente fondée sur le principe fondamental de la capacité de payer de chaque Etat Membre.

Le représentant a observé que deux événements majeurs s'étaient produits l'an dernier dans les domaines économique et social. Le premier a été l'adoption de l'Agenda pour le développement - domaine dans lequel les Nations Unies ont un rôle important à jouer et le second étant la dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la mise en oeuvre d'Action 21, le plan d'action mondiale pour le développement durable adopté à Rio de Janeiro en 1992. Il a souhaité à cet égard que la cinquante-deuxième session de l'Assemblée générale donne un nouvel élan politique aux mandats et tâches définies lors du sommet Planète terre. L'Estonie a établi sous l'autorité du Premier Ministre une Commission gouvernementale sur le développement durable et collabore par ailleurs avec les pays de la Mer baltique pour développer une stratégie de développement de la région balte dans son ensemble.

Abordant la question de la réforme du Conseil de sécurité, le représentant a plaidé pour une augmentation du nombre des membres permanents et non permanents. Le Japon et l'Allemagne devraient aussi faire partie des membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que les pays en développement de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique latine, a-t-il déclaré.

Il a noté que les opérations de maintien de la paix sont une activité majeure de l'Organisation à laquelle participe son pays. Une compagnie d'Estoniens a été récemment déployée avec succès avec la Force internationale des Nations Unies au Liban (FINUL). L'Estonie envisage avec la Lettonie et la Lituanie, de placer au début de 1998 un bataillon nommé Balbat à la disposition des opérations de maintien de la paix de l'ONU.

Le représentant a estimé que le fait que l'Union européenne et l'OTAN s'ouvrent petit à petit à de nouveaux membres, est un phénomène important dans le processus de renforcement de la sécurité et de la stabilité dans la région balte. L'Estonie, a-t-il indiqué, souhaite être associée dans un avenir proche en tant que membre à part entière à ces deux organisations.

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M. DEAN OLIVER BARROW, Vice Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et de la sécurité nationale de Belize, a déclaré que la démocratie, les droits de l'homme et la règle de l'Etat de droit sont devenus des thèmes centraux dans les sociétés latino-américaines autrefois en conflit. La bonne gouvernance, a-t-il dit, est la fondation sur laquelle doivent être bâties les structures d'un développement économique et d'une paix durables. Belize assure ses voisins et les États frères d'Amérique qui discutent d'intégration économique régionale et d'union politique de sa sympathie et jouera un rôle d'observateur à ces négociations.

En ce qui concerne la mise sur pied d'un marché commun dans les Caraïbes, Belize militera pour un partenariat qui aille vers l'instauration d'une démocratie engagée dans la recherche collective de la sécurité économique et du progrès social. Dans cette optique, a dit M. BARROW, Belize embrasse les initiatives de la communauté internationale sur la lutte contre la corruption, qui compromet de manière disproportionnée les efforts de développement des pays pauvres en détournant de leurs objectifs les ressources destinées à la promotion du bien-être social.

Sur le chapitre du développement économique, on doit faire davantage pour accroître le flot de capitaux destinés au développement, et il y a un doute quant aux théories qui prônent une simple réorientation des ressources dévolues à l'administration vers des activités d'opérations de développement. Toute économie réalisée sur le fonctionnement administratif suffiraient à peine à combattre la montée de la pauvreté, a-t-il dit.

Concernant les problèmes de la protection de l'environnement et de la promotion du développement durable, M. Barrow s'est plaint des résultats mitigés de la mise en oeuvre du Plan d'action 21 issu du Sommet de Rio. Des engagements à long terme et des actions de terrain concertées sont indispensables, si l'on veut arriver à satisfaire les besoins croissants d'une population de plus en plus nombreuse sans mettre en danger la base limitée des ressources naturelles, a-t-il constaté.

Belize demeure attaché à l'implantation du Programme d'action pour le développement durable des Etats insulaires, a poursuivi M. Barrow, qui a déploré les règles désavantageuses envers les Etats de la Convention Union européenne-Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (CEE-ACP) prises par l'Organisation mondiale du commerce, en ce qui concerne le marché de la banane. Cet exemple démontre amplement, a ajouté M. Barrow, qu'une libéralisation sans frein conduit à l'ignorance des besoins spécifiques des petites économies vulnérables et désavantagées. Bien que la pensée économique ait évolué, les besoins et la condition des pays pauvres restent les mêmes, et ils ne peuvent être compétitifs dans les mêmes termes que les pays riches. La mondialisation, a conclu M. Barrow, a entraîné une plus grande marginalisation des pays pauvres. Belize appelle donc à un débat annuel de l'Assemblée

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générale, au cours duquel les politiques de développement seraient débattues, ce forum pouvant permettre de discuter des voies et moyens de suivre et d'appliquer les engagements pris dans le cadre des différentes conférences.

Le Ministre a appelé à la lutte contre la criminalité internationale, et, en particulier, à la lutte contre le trafic des drogues et des stupéfiants dont les Caraïbes sont victimes, et qui met en jeu la sécurité même des Etats.

M. PATRICK ALBERT LEWIS (Antigua-et-Barbuda) s'est interrogé sur la pertinence des nombreuses conférences organisées par l'Organisation au cours des dix dernières années qui ont eu un impact certain sur notre compréhension des concepts, pratiques et croyances mais dont la mise en oeuvre des décisions s'est révélée aléatoire. C'est la raison pour laquelle il faut reformer les Nations Unies, a-t-il estimé. Indiquant le soutien de son pays à certaines propositions du programme de réforme du Secrétaire général, le représentant a accueilli favorablement la décision prise par un groupe d'Etats de participer à la brigade d'intervention rapide des forces en attente. Il a également fait valoir l'importance de la démobilisation des groupes para-militaires dans le cadre des efforts de déminage et d'intensification des opérations de maintien de la paix, d'instauration et d'imposition de la paix. Le représentant a indiqué le soutien d'Antigua-et-Barbuda au concept de "budgétisation avec obligation de résultat" ainsi qu'à la proposition visant à ce que le Secrétaire général et les Etats Membres entament une discussion en vue de faire passer le budget-programme des Nations Unies du système de comptabilité basé sur la disponibilité de ressources à un système favorisant la responsabilisation avec obligation de résultats. M. Lewis s'est félicité de la tenue au mois de juin prochain d'une conférence diplomatique qui examinera de la création d'une Cour pénale internationale. Il a également exprimé sa préoccupation concernant l'expansion du trafic de drogue et a plaidé pour une plus grande coordination et une approche d'ensemble dans ce domaine. Pour ce qui est de la réforme du Conseil de sécurité, il a indiqué que l'élargissement de sa composition doit viser à inclure les pays en développement et les deux groupes régionaux d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes. Il a émis des réserves sur l'utilisation du droit de veto et a demandé que le Conseil de sécurité soit plus responsable devant l'Assemblée générale qui elle-même devrait défendre vigoureusement son rôle pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le représentant a par ailleurs exprimé sa préoccupation au sujet du phénomène de mondialisation de l'économie qui est par ailleurs appuyé par le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, et l'Organisation mondiale du commerce. Ainsi les petits Etats des Caraïbes sont tenus de s'adapter et leurs hommes d'affaires d'accepter que tombe en désuétude le concept de marchés protégés. Antigua-et-Barbuda discutent actuellement de façon précise des réalités de la mondialisation et de la réalisation d'un marché unique avec la CARICOM. A cet égard, le représentant s'est félicité de ce qu'Haïti ait rejoint les rangs de la CARICOM. Le représentant a regretté que les

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institutions financières multilatérales n'octroient leurs aides aux pays en développement que sur la base de leur produit national brut sans tenir compte de la vulnérabilité de leurs territoires. Il a appuyé pleinement les recommandations du Comité spécial tendant à ce que le Haut Commissariat pour les réfugiés et le Programme des Nations Unies pour le développement contribuent à venir en aide rapidement à la population des Iles Emeraudes des Caraïbes. Il y a d'autres volcans dangereux dans les Caraïbes et l'un d'entre eux est en cours de formation sous les eaux à proximité de la Grenade, a-t-il indiqué.

Abordant la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21, il a regretté l'incapacité de la communauté internationale à capitaliser les promesses et engagements de la Conférence de Rio. Les pays industrialisés doivent donner l'exemple en modifiant leurs schémas de consommation et en aidant les pays en développement, a-t-il souligné. Il a en outre critiqué la baisse du montant de l'aide publique au développement, qui fait partie des Accords de Rio, et qui a eu pour conséquence de reporter de façon injuste le fardeau du développement durable sur les épaules des pays en développement. Les capitaux privés et les investissements étrangers directs, que l'on considérait comme la panacée du développement durable pour les pays en développement, n'ont engendré que peu de bénéfices pour certains pays seulement. Soulignant le rôle de premier plan joué par les femmes pour la mise en place des programmes de développement durable, il a appelé les donateurs multilatéraux et bilatéraux à accroître leur soutien aux organisations de femmes. Le représentant a évoqué les modifications intervenues dans l'Accord de Lomé pour dénoncer cet acte hostile comparable à une déclaration de guerre. Sans des garanties de protection, a-t-il ajouté, l'industrie de la banane au sein des Etats de la CARICOM s'effondrera.

M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères de l'Algérie, a déclaré que l'Organisation des Nations Unies doit s'adapter à la transition globale, à la fois politico-stratégique et économique, que connaît actuellement l'humanité. Il s'est félicité que le Secrétaire général ait ouvert la réflexion sur ce point. Certaines des réformes proposées dépendent entièrement du Secrétaire général mais d'autres relèvent de la seule compétence des Etats, qui devront naturellement en discuter avant de se prononcer. Le ministre s'est félicité de l'intégration de nouvelles priorités, qu'il s'agisse des droits de l'homme, des affaires humanitaires, de l'environnement, de la lutte contre le terrorisme ou de la répression du trafic de stupéfiants. En même temps, a-t-il ajouté, l'ONU ne saurait sacrifier ses deux piliers que sont la paix et le développement. De même, si la nouvelle culture de la gestion des ressources, que souhaite introduire le Secrétaire général, présente un intérêt certain pour remédier à la crise financière de l'Organisation, il importe que les Etats Membres s'imprègnent d'abord de l'obligation qu'ils ont de verser promptement et intégralement leur contribution au budget. C'est là la seule solution véritable et durable.

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M. Attaf a demandé une rationalisation des méthodes de travail de l'Assemblée générale, ajoutant que les résolutions de celle-ci doivent être dotées de l'efficacité requise, notamment juridique. Enfin, la réforme du Conseil de sécurité doit refléter correctement les changements qualitatifs et quantitatifs intervenus dans les relations internationales, avec une représentation équitable, qu'il s'agisse des sièges permanents ou non permanents. La Déclaration des ministres des affaires étrangères des pays non alignés de New Delhi et celle des chefs d'Etat et de gouvernement africains d'Harare constituent à cet égard des contributions incontournables.

Le terrorisme est à l'évidence le plus redoutable des nouveaux défis auxquels se trouve confrontée la communauté internationale, a affirmé M. Attaf. Le ministre s'est réjoui de la prise de conscience de la communauté internationale et de la décision de l'Assemblée générale d'inscrire la lutte contre le terrorisme parmi ses principales priorités dans son plan d'action à moyen terme. Il a estimé que la conclusion d'une convention internationale générale sur les actes de terrorisme doit être un des axes prioritaires d'une action internationale plus efficace.

M. Attaf a réaffirmé l'engagement de son pays en faveur de l'édification d'un espace maghrébin uni. C'est à cette même fin, a-t-il ajouté, que s'inscrit la contribution de l'Algérie à la recherche d'une solution juste et durable de la question du Sahara occidental. L'accord récemment conclu à Houston représente une avancée majeure sur la voie d'un règlement définitif dont chacun ne peut que se féliciter. L'Algérie continuera à apporter sa pleine contribution aux efforts du Secrétaire général et de son envoyé personnel, M. James Baker, en vue de la tenue d'un référendum qui habilitera le peuple du Sahara occidental à exercer son droit à l'autodétermination sans entraves.

Le ministre a jugé inquiétants les récents développements au Moyen- Orient, marqués par les reniements de l'administration israélienne, son refus du principe de l'échange de la paix contre la terre et la poursuite de la politique de colonisation, y compris à Jérusalem-Est. La revitalisation du processus de paix commande que l'administration israélienne cesse ses actions unilatérales contraires à l'esprit comme à la lettre des engagements souscrits.

M. Attaf a déclaré que la démocratie et le pluralisme gagnent chaque jour du terrain en Afrique et s'y ancrent, alors que la croissance économique atteint des taux souvent spectaculaires. La communauté internationale doit encourager ces efforts durables. Le ministre s'est réjoui en ce sens de la récente réunion du Conseil de sécurité au niveau ministériel, consacrée à l'Afrique. La mondialisation, si elle annonce des opportunités réelles, soumet les pays du Sud à de grandes incertitudes, a estimé M. Attaf. Ils craignent d'être davantage marginalisés. Malgré des efforts d'adaptation, nombre de pays rencontrent d'innombrables difficultés, aggravées notamment par

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l'endettement extérieur et la dégradation continue des termes de l'échange. Ces tendances inquiétantes contrastent avec le consensus mondial dégagé des grandes conférences internationales organisées par l'ONU dans la décennie et suscitent un questionnement légitime sur l'avenir même du système actuel de coopération internationale pour le développement.

M. SOMSAVAT LENGSAVAD, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a exprimé sa préoccupation quant à la persistance de conflits qui résultent selon lui de l'ingérence dans les affaires intérieures des Etats et de l'application de politiques hégémoniques à l'encontre des pays en développement, des clivages tribaux, ethniques, religieux et autres. Cette situation de tensions et de conflits constitue un danger potentiel pour la coexistence pacifique entre les peuples et risque de nuire à l'atmosphère actuelle de coopération internationale en faveur du développement, a-t-il estimé. Le Ministre a souligné qu'en Asie du Sud-Est, les efforts de renforcement de la coopération économique, culturelle et le règlement pacifique des différends constituent une priorité. L'admission le 23 juillet dernier de la République démocratique populaire Lao et du Myanmar comme membres à part entière de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) fut un évènement historique d'une grande signification. Nous espèrons fermement qu'une ANASE des dix se concrétisera dans un avenir proche, a dit le Ministre. Pour ce qui est du Cambodge, il a indiqué que son pays continue de reconnaître et à respecter Sa Majesté Norodom Sihanouk comme Chef de l'Etat du Cambodge. Il s'est félicité que, suite aux événements survenus récemment, le gouvernement actuel ait pu normaliser la situation en conformité avec la procédure législative du pays.

Pour ce qui est de la situation dans son pays, il a expliqué que la stabilité politique continue d'être solidement garantie. La quatrième élection législative de l'Assemblée nationale vers la mi-décembre de cette année témoigne de l'attachement du pays aux valeurs démocratiques et à la promotion d'un Etat de droit. Dans le domaine économique, le Ministre a fait état de la croissance de l'économie au rythme de 7 % par an au cours des cinq dernières années tout en précisant que les calamités naturelles qui se sont produites ont causé des pertes importantes.

Parallèlement à son admission au sein de l'ANASE, la République démocratique populaire lao a pris des mesures imnportantes pour intégrer son économie et son marché à ceux de la région et du monde. Le gouvernement entend fermement poursuivre sa politique de développement du pays suivant le mécanime de l'économie de marché et celui de l'élargissement des relations de coopération avec la communauté internationale, a souligné le Ministre. Il a par ailleurs soulevé la question du trafic de drogues qui constitue un grand sujet de préoccupation pour son pays. Indiquant que son gouvernement a pris d'importantes mesures nationales et internationales pour contribuer à l'effort mondial visant à éradiquer ce fléau de la planète, il a rappelé que le mois dernier, son pays a été élu membre de la Commission des stupéfiants par le

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Conseil économique et social. Pour ce qui est des propositions de réformes du Secrétaire général, il a estimé que tout processus de réforme doit avoir pour objectif principal de renforcer la capacité de l'Organisation à promouvoir le développement socio-économique tout en traitant de pair les questions relatives au maintien de la paix, aux droits de l'homme et aux activités humanitaires.

M. FRITZ LONGCHAMP, Ministre des affaires étrangères de Haïti, a remercié la communauté internationale pour la solidarité qu'elle a manifestée à la suite du naufrage qui a coûté la vie il y a trois semaines à une centaine de ses concitoyens. Il a également exprimé la reconnaissance de son pays pour le rétablissement des institutions démocratiques en Haïti auquel a contribué la communauté internationale. Evoquant les progrès réalisés dans le domaine social et des droits de l'homme, il a déclaré qu'aucun effort n'a été ménagé pour mettre un terme aux pratiques répressives qui caractérisaient les régimes dictatoriaux antérieurs. Ainsi, la police nationale a remplacé les Forces armées d'Haïti, principales responsables des repressions qu'a connues le pays. Cette force se prépare à garantir la sécurité dans le pays quand le mandat de la Mission de transition des Nations Unies en Haïti (MITNUH) prendra fin en novembre prochain. Le système judiciaire, quant à lui, bénéficie d'une attention spéciale. Le Ministre a toutefois regretté les faibles performances économiques et sociales en Haïti, même si des efforts ont été faits pour revitaliser l'économie, comme la modernisation des entreprises publiques ou la libéralisation du système douanier. Il a fait état de la mise en oeuvre d'un programme de réformes agraires de nature à faciliter l'intégration sociale d'une catégorie de citoyens longtemps marginalisée et a estimé que, pour être viable, le processus démocratique doit être alimenté et soutenu par un développement durable.

Abordant la question de la réforme des Nations Unies, il a appuyé les propositions du Secrétaire général et l'idée de regrouper les activités de l'ONU autour de cinq grands thèmes, à savoir paix et sécurité, développement économique et social, coopération pour le développement, affaires humanitaires et droits de l'homme. Il a cependant demandé à ce que les questions de développement soient traitées avec une attention égale, voire plus grande que les autres thèmes. Il a demandé plus de transparence et de participation au sein du Conseil de sécurité. Son élargissement, a-t-il déclaré, doit se faire de manière équitable et égale.

Le Ministre s'est félicité de l'adoption récente du texte du Traité d'interdiction des mines antipersonnel cependant que la communauté internationale doit faire face avec détermination au trafic et à l'usage des stupéfiants grâce à la coopération. Il a demandé que l'éradiction de la pauvreté dans les pays les moins avancés aille au-delà des simples discours et résolutions et fasse intervenir une volonté politique forte, des ressources adéquates, des stratégies bien définies et l'exécution de programmes appropriés.

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La politique de bon voisinage que pratique Haïti lui a permis de se rapprocher des pays de la région. Ainsi, la Commission mixte haïtiano- dominicaine a établi un mécanisme de consultations avec la République dominicaine et Haïti a désormais rejoint la Communauté des Caraïbes. En conclusion, il a exhorté la communauté internationale à appuyer l'effort de reconstruction de Montserrat.

M. A. ABDULLAH, Vice-Ministre des affaires étrangères et envoyé spécial du Président de l'Afghanistan, a rappelé que, lorsque les Taliban sont entrés dans Kaboul, le 27 septembre 1996, leur première action a été de s'emparer de l'immeuble ds Nations Unies. Depuis, ils ont multiplié les décrets dans les zones qu'ils contrôlent, aboutissant en pratique à emprisonner chaque femme et terroriser chaque homme. Leur dernier acte inqualifiable a consisté à arrêter temporairement le Commissaire européen aux droits de l'homme, Mme Emma Bonino, ainsi que les journalistes qui l'accompagnaient.

Il faut demander à ceux qui, sous prétexte de neutralité, traitent de la même manière agresseurs et victimes. Qui suit les règles du monde civilisé? Les actes de quelle partie méritent-ils la reconnaissance internationale ? Qui mérite de participer aux discussions civilisées au niveau mondial? C'est nous, bien sûr, l'Etat islamique d'Afgahnistan, qui défendons notre nation. Et nous continuons, comme bien d'autres dans le monde, y compris des personnalités du Pakistan, à considérer que la cause fondamentale du conflit afghan est l'intervention pakistanaise et l'ingérence dans les affaires intérieures du pays. M. Abdullah a accusé le Pakistan de jouer sur les divisions ethniques en Afghanistan et de vouloir transformer son pays en simple protectorat.

M. Abdallah a rappelé son adoption de la résolution du 17 décembre 1996 par l'Assemblée nationale qui proclamait l'attachement à la souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale et l'unité nationale de l'Afghanistan et demandait à tous les Etats de mettre fin à la fourniture d'armes aux parties. Depuis, a-t-il affirmé, la livraison d'armes et de munitions de l'étranger a considérablement augmenté. Elle est devenue un programme d'action important des services de sécurité pakistanais. L'intensification des combats, le nombre croissant des réfugiés, menacent la stabilité de la région, notamment des Etats d'Asie centrale. Le trafic illicite de drogue s'est également aggravé.

M. Abdallah a apporté son total soutien aux efforts de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan. Il a demandé à tous les organismes donateurs de ne pas abandonner son pays, surtout à l'approche de l'hiver. Il s'est dit favorable à un cessez-le-feu immédiat et durable, qui serait contrôlé par une commission composée des parties au conflit, avec l'assistance des Nations Unies. Il s'est également montré favorable à la démilitarisation de Kaboul et à la constitution d'un conseil politique à large assise et pleinement représentatif, comme le demandait l'Assemblée générale, en

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attendant la formation d'un gouvernement de transition à large assise. Il a déclaré partager la profonde inquiétude de l'Assemblée générale concernant la discrimination à l'égard des femmes et des fillettes et a dénoncé la violation par les Taliban du droit humanitaire international.

M. Abdullah a affirmé vouloir entretenir des relations fraternelles avec le Pakistan et les autres Etats voisin. Mais une telle coopération n'est possible qu'avec un Afghanistan pacifique et uni. C'est là le véritable désir de tous les patriotes afghans et des véritables amis de l'Afghanistan.

M. PIERRE OSHO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République du Bénin, a déclaré que dans le cadre de la réforme de l'Organisation des Nations Unies, son pays souhaite que le bureau du Coordonnateur Spécial pour l'Afrique et les pays les moins avancés soit renforcé en ressources humaines et financières pour être à même de jouer pleinement son rôle au sein du système des Nations Unies. Il a regretté que les mécanismes de mise en oeuvre de l'Agenda pour le développement proposé par le Secrétaire général n'aient pas plus été étudiés. Il a demandé que la question soit prise en compte dans le cadre des discussions des mesures de réforme de l'Organisation.

Abordant les thèmes de développement de l'Afrique et de l'aide internationale, M. OSHO a constaté que six ans après l'adoption du Nouvel agenda des Nations Unies pour le développement de l'Afrique, en dépit des efforts faits par les pays africains pour mieux utiliser l'aide au développement, et malgré le souci de certains pays développés de soutenir la croissance du continent, le montant de l'aide allouée a baissé d'un tiers par rapport à la prévision initiale de 30 millards de dollars. La tiédeur manifestée par certaines institutions en ce qui a trait à l'annulation pure et simple de la dette africaine vient ajouter au déficit d'investissements et de liquidités dont souffre les pays africains, a ajouté M. Osho, qui a déclaré que la poursuite harmonieuse du processus de mondialisation implique nécessairement un nouveau programme international de solidarité et de coopération en faveur des pays pauvres pour leur éviter une marginalisation totale.

Les effets bénéfiques de l'aide ne sont-ils pas en fait réduits à néant par les politiques d'ajustement structurel qui se traduisent sur le terrain par des mesures d'austérité drastiques, de privatisation et de dérèglementation dans des pays déjà écrasés de dettes et impuissants face aux capitaux spéculatifs, s'est interrogé le Ministre. M. Osho a souhaité que les partenaires au développement de l'Afrique envisagent de manière globale un mécanisme de financement souple débarassé de toutes procédures bureaucratiques en faveur du continent, l'objectif étant de mettre sur pied une caisse centralisée destinée à accueillir toutes les ressources destinées au développement économique et social. Ce système devrait être à l'image du Plan Marshall qui a largement contribué à la reconstruction sociale et économique de l'Europe, a précisé le Ministre béninois.

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En ce qui concerne les mesures nationales de lutte contre la pauvreté, la faim, la maladie et l'analphabétisme, le Gouvernement du Bénin a mis en place un concept de minimum social commun qui a été discuté lors d'un colloque international tenu à Cotonou en août 1997. Ce concept et ses applications devraient aider à améliorer la qualité de la vie et à garantir l'utilisation durable des ressources naturelles, la consolidation du processus de renouveau démocratique ne pouvant que bénéficier de succès économiques et sociaux immédiats ou à court terme .

L'Afrique a contribué par la sueur et le sang à l'édification des bases de l'économie du nouveau monde, et la mémoire collective de l'humanité ne saurait nier ce fait historique majeur, a conclu M. OSHO en lançant un appel aux pays développés qui ont le devoir moral de se préoccuper, autant que les Africains eux-mêmes, du destin de l'Afrique et de ne pas l'abandonner au bord du chemin de la mondialisation.

Droit de réponse

Le représentant du Canada, a tenu à apporter une clarification sur l'allégation faite par le représentant de la République démocratique du Congo selon laquelle certains membres du Conseil de sécurité avaient fait objection à l'établissement d'une force multinationale sous l'égide du Canada. Le représentant du Canada a rappelé que la résolution 1080 (1996), établissant cette force, a été adoptée à l'unmanimité par le Conseil de sécurité.

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