En cours au Siège de l'ONU

AG/689

LE PRESIDENT DE LA SIERRA LEONE DEMANDE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DE SAUVER SON PEUPLE DE L'AVENTURISME ET DE LA BARBARIE DE LA JUNTE MILITAIRE

1er octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/689


LE PRESIDENT DE LA SIERRA LEONE DEMANDE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DE SAUVER SON PEUPLE DE L'AVENTURISME ET DE LA BARBARIE DE LA JUNTE MILITAIRE

19971001 La République démocratique du Congo n'acceptera pas que la Commission d'enquête de l'ONU prenne une tournure purement politique

L'Assemblée générale a poursuivi ce matin ses travaux sous la présidence de M. Hennadiy Udovenko (Ukraine). L'Assemblée a entendu une allocution du Président de la République de Sierra Leone, M. Alhaji Ahmad Tijan Kabbah qui a déclaré que, depuis le coup d'Etat du 25 mai, son pays est en passe d'être détruit. Il a lancé un "appel désespéré" à la communauté internationale pour qu'elle sauve une nation et un peuple de la barbarie et de l'aventurisme de la junte militaire. Il a affirmé ne rien demander de plus que l'application de la déclaration du 6 août du Conseil de Sécurité, par laquelle celui-ci s'est déclaré prêt, en l'absence de réponse favorable de la junte, à prendre les mesures appropriées pour restaurer le gouvernement démocratiquement élu. Le Président a aussi demandé au Conseil d'aider la CEDEAO et l'ECOMOG à donner un contenu pratique à cet objectif.

L'Assemblée a par ailleurs poursuivi son débat général. M. Vu Khoan, Ministre des affaires étrangères du Vietnam, a formulé l'espoir que le Cambodge saura trouver la paix et la stabilité nécessaires à sa reconstruction. Il a donné des assurances que son pays entretiendra des relations d'amitié et de coopération avec le Royaume du Cambodge.

M. Abdus Samad Azad, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a estimé que la série de conférences sur les problèmes de développement et de sécurité organisées au cours des années 90 ont mis l'accent sur l'importance du développement humain et du développement durable. Le Bangladesh travaillera en faveur de l'implantation des divers aspects de ce programme.

M. Llaszlo Kovacs, Ministre des affaires étrangères de Hongrie, a apporté son soutien aux efforts de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et des autres organisations régionales pour empêcher de nouveaux conflits. Il a rappelé également que la Hongrie commencera les négociations sur son entrée dans l'Union européenne en janvier prochain et a indiqué que son pays deviendra un partenaire plus actif des Nations Unies grâce à son intégration à l'OTAN.

(à suivre - 1a)

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M. Bizima Karaha, Ministre des affaires étrangères de la République Démocratique du Congo, a déclaré que son pays, s'il ne s'opposait pas aux investigations de la Commission d'enquête de l'ONU sur les massacres présumés de réfugiés hutus dans l'est de son territoire, n'accepterait cependant pas que les travaux de cette mission de nature humanitaire prennent une tournure purement politique. Il a par ailleurs demandé l'annulation pure et simple de la dette extérieure de son pays et a sollicité l'aide de l'ONU pour que celui-ci puisse rentrer en possession des fonds déposés dans les banques étrangères par l'ancien régime de Kinshasa.

M. Farouk Al-Shara, Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a déclaré qu'il est clair que le processus de Paix au Moyen-Orient est désormais dans l'impasse. Il en a rendu responsable le gouvernement israélien, qu'il a accusé de refuser le principe même de l'échange de la paix contre la terre qui est au coeur du processus de paix. Certes, les questions de sécurité sont de la plus haute importance pour tous mais c'est la paix qui apporte la sécurité, et non l'inverse. L'obstination du gouvernement israélien actuel va transformer le processus de paix en processus d'effusion de sang.

M. Mapopa Chipeta, Ministre des affaires étrangères du Malawi, a demandé une assistance de la part de la communauté internationale et du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) dans le but d'améliorer la capacité de la région de traiter ce problème. La stabilité politique qui prévaut à présent au Malawi a créé un environnement favorable à l'investissement étranger, a ajouté le Ministre, qui attend avec impatience la consolidation du partenariat mondial pour l'Afrique.

M. Roberto Robaina Gonzalez, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a estimé que les efforts consentis pour établir un nouvel ordre économique mondial juste et équitable sont bafoués par quelques rares puissants. Il a souligné que son pays ne peut pas admettre que ce club sélect décrète de façon totalitaire l'ordre politique et juridiques des peuples. Abordant le blocus imposé à son pays, il a demandé jusqu'à quand le monde contemplera les bras croisés un crime aussi impitoyable. Seule la pression internationale peut empêcher que ces agressions se multiplient contre Cuba.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures. Elle entendra les déclarations de l'Estonie, du Belize, d'Antigua-et- Barbuda, de l'Algérie, de la République démocratique populaire lao, d'Haïti, de l'Afghanistan et du Bénin.

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Suite du débat général

M. VU KHOAN, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a indiqué qu'au moment où l'humanité se prépare à entrer dans le troisième millénaire, il est compréhensible que toutes les nations s'attachent à consolider la paix et à promouvoir le développement. La paix et le développement sont étroitement liés l'un à l'autre dans la mesure où le développement ne peut être durable que s'il repose sur les fondations solides de la paix. A cet égard, a indiqué le Ministre, nous appuyons les points de vue contenus dans l'Agenda pour le développement. Se félicitant des progrès réalisés sur le chemin de la paix comme en témoigne l'adoption du Traité sur l'interdiction complète des essais d'armes nucléaires et la Convention sur les armes chimiques, le Ministre a néanmoins regretté qu'un certain nombre de pays dispose en matière d'armements d'une supériorité absolue, ce qui leur permet d'imposer leur volonté. Il est indispensable de libérer la planète de la menace des armes nucléaires en interdisant complètement la production, le stockage et la menace de l'emploi de ces armes de destruction massive. Nous attendons également, a indiqué le Ministre, que les Etats dotés de l'arme nucléaire signent le Protocole au Traité définissant une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est.

Abordant la situation au Cambodge, le Ministre a indiqué que son pays respecte pleinement le principe de l'indépendance et de la souveraineté des nations. Les décisions doivent être prises par le peuple de ce pays sans qu'il n'y ait une quelconque ingérence étrangère. Il a formé l'espoir que le peuple du Cambodge obtiendra la paix et la stabilité nécessaires à la reconstruction du pays et a donné l'assurance que le Viet Nam entretiendra des relations d'amitié et de coopération avec le Royaume du Cambodge. S'agissant de la Mer de l'Est, le Ministre a estimé que le différend doit faire l'objet d'un règlement à travers des négociations conformément aux conventions internationales, et notamment la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982. Pour le moment, a- t-il ajouté, il est indispensable de maintenir le statu quo et de s'abstenir d'actions qui porteraient préjudice à la stabilité de la région, tout en cherchant à obtenir des accords de coopération acceptables pour tous. Il a indiqué en outre la satisfaction de son gouvernement pour ce qui est des développement récents dans la péninsule de Corée.

Abordant par ailleurs le phénomène de la libéralisation de l'économie, le Ministre a insisté sur la nécessité de la coopération pour le développement. Il faut renverser la tendance à la baisse de l'aide publique au développement aux plans bilatéral et multilatéral. Dans ce contexte, le Ministre a plaidé en faveur du renforcement des transferts de technologies et de la mise en place d'accords commerciaux raisonnables qui prennent en compte les difficultés que rencontrent les pays en voie de développement. Dans ce cadre, le Ministre a aussi déclaré qu'il est temps de mettre un terme aux raisonnements et agissements obsolètes du passé tels que le régime des sanctions ou les embargos qui violent les droits fondamentaux de l'être humain.

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Aux yeux du Ministre, la réforme de l'Organisation est de plus en plus nécessaire. Outre ses activités en faveur de la paix et de la coopération, les Nations Unies doivent s'impliquer plus vigoureusement dans les activités de promotion du développement. Le Ministre a indiqué son plein soutien aux idées que le Secrétaire général a exprimées dans son rapport qui souligne que la promotion du développement économique et de la coopération constitue le mandat principal de l'Organisation. Le Ministre a suggéré la création d'un comité plénier pour élaborer des mesures particulières afin d'atteindre cet objectif. Il a par ailleurs exprimé son appréciation pour l'aide apportée par le système des Nations Unies au Viet Nam, en particulier pour ce qui est de l'aide à la reconstruction. Un accord sur les engagements à prendre pour améliorer l'efficacité de ce partenariat est intervenu récemment à Hanoi lors de la Conférence d'examen des 20 ans de coopération entre le Viet Nam et les Nations Unies. Le Ministre a plaidé en faveur de leur démocratisation, des méthodes de travail des Nations Unies, du renforcement du statut des pays en développement, notamment au Conseil de sécurité, et du renforcement du rôle de l'Assemblée générale. Il a ajouté qu'il était nécessaire d'élargir la composition du Conseil de sécurité dans les catégories permanente et non permanente et d'accorder un nombre de sièges satisfaisant aux pays en développement d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Sur le front des relations internationales, le Ministre a indiqué que son pays poursuivra une politique étrangère ouverte reposant sur le multilatéralisme, la souveraineté et l'indépendance. Il a rappelé que le Viet Nam se prépare à accueillir le Septième Sommet de la francophonie. Il a également fait part du souhait de son pays de devenir membre du Conseil économique et social.

M. ABDUS SAMAD AZAD, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a déclaré que son pays soutiendrait une négociation des réformes de l'Organisation des Nations Unies dans le cadre de réunions plénières informelles. Le Bangladesh soutiendra, en particulier, la proposition du Secrétaire général relative à l'élaboration d'un code de conduite pour les membres de la fonction civile internationale.

M. Azad, sur la sécurité internationale, a appelé à l'émergence d'une culture de paix et à une guerre totale contre la pauvreté. Dans cette optique, a-t-il poursuivi, la série de conférences sur les problèmes de développement et de sécurité, qu'ont connue les années 90, ont mis l'accent sur l'importance du développement humain et du développement durable. L'agenda pour le développement, adopté au mois de juin, est l'aboutissement de cette série et est le fruit de quatre années d'efforts et de négociations. Le Bangladesh oeuvrera en faveur de l'implantation des divers aspects de ce programme et soutiendra le maximum de participation de la société civile à ces tâches.

Sur la question des réformes économiques et politiques , M. Azad a dit que son pays accepte les concepts de libre entreprise et d'économie de marché qui sont la clef du développement économique et humain. En même temps,il croit aux vertus de la bonne gouvernance et aux règles de l'Etat de droit, tout en étant convaincu que cela n'exclut pas un soutien accru de la

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communauté internationale aux efforts de développement des pays pauvres. L'accès aux marchés du Nord pour les produits des pays en développement devrait être facilité a-t-il demandé, et les pays en développement devraient bénéficier de plus de transferts de capitaux et de connaissances techniques de la part des pays riches.

La fin de la guerre froide a suscité des espoirs quant à l'avènement d'un nouvel ordre international plus juste et plus libre ou les pays les plus puissants accorderaient plus de respect aux plus faibles, a dit M. Azad. Ce monde devrait être un monde plus ouvert et sans frontières, a-t-il poursuivi. Au niveau régional, le Bangladesh s'attelle à accélérer la coopération avec les Etats voisins pour éradiquer la pauvreté, et dans ce cadre, se réjouit de sa coopération avec le Népal, l'Inde, et le Bhoutan. Les négociations avec l'Inde sur le partage des eaux du Gange sont particulièrement importantes et ont abouti, en décembre dernier, après vingt ans de pourparlers, a dit le Ministre. Le Bangladesh accorde la plus haute importance au développement des secteurs de la santé, et de l'éducation et au respect des droits de l'homme. Sur ce dernier thème,le pays est en train de mettre sur pied, sous le patronage de Mme Sheik Hasina, son Premier Ministre, une commission nationale des droits de l'homme, à laquelle le Parlement devrait accorder un mandat législatif l'an prochain.

C'est un truisme de dire que le monde devient de plus en plus interdépendant a observé M. Azad, en faisant remarquer avec regret que ce monde est cependant devenu aussi beaucoup plus dangereux et instable. Ce constat doit cependant amener a espérer que les négociations en cours sous l'égide des Nations Unies en Bosnie, en Afghanistan, dans la région des Grands Lacs et au Moyen- Orient se poursuivront pour aboutir de façon positive. Des résolutions du Conseil de sécurité existent sur ces différents problèmes , a dit M.AZAD, et le Bangladesh, pour sa part, appelle à une paix juste au Moyen-Orient et à la reconnaissance totale des droits du peuple palestinien, dont le droit à une patrie indépendante.

M. ALHAJI AHMAD TEJAN KABBAH, Président de la République de Sierra Leone, a rappelé que, l'an passé, il avait longuement évoqué devant l'Assemblée générale les efforts de son gouvernement pour parvenir à un accord avec le Front révolutionnaire unifié (RUF), en vue de résoudre la question des personnes déplacées et de promouvoir la réconciliation nationale. Malheureusement aujourd'hui, une grande tragédie est en train de détruire la Sierra Leone, depuis que, le 25 mai, une coalition d'éléments de l'armée et du RUF a renversé par la violence le gouvernement démocratiquement élu et imposé au pays un règne de terreur sans précédent. Du jour au lendemain, la Sierra leone a été transformée en un goulag d'horreurs. Le peuple de la Sierra Leone a été contraint d'entrer dans une longue nuit. Pour la première fois, la survie de notre société en tant qu'ensemble moralement et socialement cohérent est remise en question.

C'est dans le contexte de ces changements dramatiques que le Président a lancé un appel désespéré à la communauté internationale pour sauver une

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nation et un peuple. Ma présence sur ce podium, a-t-il ajouté, symbolise le geste du peuple de la Sierra Leone, tendant la main vers les Nations Unies pour que celles-ci l'éloignent du précipice. Le peuple de la Sierra Leone a peur que si rien n'est fait, et fait maintenant, la barbarie et aventurisme de la junte militaire poussera le pays dans le précipice. Si on laisse la situation actuelle perdurer par manque de volonté politique ou pour toute autre raison, alors les espoirs de vie d'une nation pacifique auront été trahis. Cela ne peut être le souhait des Nations Unies pour la Sierra Leone. C'est pour cela que je porte la question de la Sierra Leone devant cette Assemblée.

Seule la restauration rapide du gouvernement démocratiquement élu de la Sierra Leone peut offrir une solution durable à la crise et permettre au pays d'en revenir à une situation normale, a affirmé M. Kabbah. Le Président a rappelé que lui-même et son gouvernement avaient été démocratiquement élus, sous le contrôle de la communauté internationale, à la suite d'un processus de transition et malgré les intimidations et une campagne de terreur organisée par les forces antidémocratiques présentes au sein de l'Armée et du RUF. Il semble qu'il ne restait plus alors aux forces réactionnaires, pour imposer leurs vues, que le coup d'Etat du 25 mai.

Il a rappelé que, dès son discours d'investiture, il avait fait de la recherche de la paix et de la fin de la guerre avec les rebelles sa priorité. Cela a abouti à des négociations et aux Accords de paix d'Abidjan du 30 novembre 1996 mais nous ne pouvions pas savoir que le RUF négociait de mauvaise foi, a ajouté le chef de l'Etat. De même, le gouvernement démocratiquement élu avait promu la réconciliation nationale en nommant en son sein des responsables de partis d'opposition, en créant une Commission de réconciliation nationale.

Des gens animés des meilleures intentions mais peu au fait de la situation ont appelé à des négociations, a déclaré le Président. Celui-ci a exprimé de profondes réserves, notamment en expliquant que la junte est une coalition instable dont les composantes n'ont d'autre objectif commun que de conserver le pouvoir. Le RUF, sa composante la plus forte, veut conserver ce pouvoir par tous les moyens et estime que, s'il ne peut le garder, personne d'autre ne le prendra. Il suffit pour s'en convaincre de voir comment le RUF a négocié avec le Comité des quatre Ministre des affaires étrangères de la CEDEAO. Toutefois, si la communauté internationale insiste sur la tenue de négociations, celles-ci devraient se dérouler entre la junte et le Comité - désormais des Cinq - de la CEDEAO, a déclaré le Président. Mais il faut qu'elles se tiennent sur la base de la formule en trois points de la CEDEAO (qui prévoit la restauration préalable du gouvernement légitime et du Président, le retour de la paix et de la sécurité et une solution à la question des réfugiés et personnes déplacées). Il faut aussi qu'elles comportent une date butoir.

La Sierra Leone a besoin avant tout de la paix et de la réconciliation, a déclaré le Président. C'est pourquoi il s'oppose à ceux qui, en Sierra

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Leone, demandent la création d'un tribunal international pour juger les crimes commis par la junte. Un tel tribunal ne pourrait que retarder la réconciliation. Le Président ne demande rien de plus aux Nations Unies que la déclaration du 6 août du Conseil de sécurité, par laquelle celui-ci se dit prêt, en l'absence de réponse favorable de la junte, à prendre les mesures appropriées pour restaurer le gouvernement démocratiquement élu. Le Président demande aussi au Conseil de sécurité d'aider la CEDEAO et l'ECOMOG à donner un contenu pratique à cet objectif. Une fois remis en place, le gouvernement démocratiquement élu s'engagera dans l'esprit de réconciliation qui l'a toujours guidé, à appliquer pleinement les Accords d'Abidjan de 1996, a affirmé le Président. Il a également appelé le soutien du Conseil au plan et aux recommandations présentés en janvier au Conseil de sécurité par le Secrétaire général en vue de la création d'une force de maintien de la paix en Sierra Leone.

M. LASZLO KOVACS, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a déclaré que les propositions de réformes du Secrétaire général ont été guidées par l'urgence de la tâche, le réalisme, ainsi que la volonté personnelle de promouvoir des changements. Il a salué l'intention du Secrétaire général de mettre en oeuvre rapidement des mesures organisationnelles concrètes relevant de sa compétence.

La Hongrie oeuvre pour la paix et la stabilité, en accordant une importance particulière à la région à laquelle elle appartient. Les événements tragiques en ex-Yougoslavie, les crises sur le territoire de l'ex-Union soviétique, l'émergence de nationalismes agressifs et du populisme en Europe centrale et de l'Est, illustrent l'ampleur des défis auxquels il faut faire face et mettre en évidence la nécessité de mesures appropriées par la communauté internationale. Le Ministre a soutenu les efforts de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et des autres organisations multilatérales et régionales dans leur souci de prévenir de nouveaux conflits. Il a expliqué que son pays poursuit une politique de relations amicales avec les Etats voisins et appuie les initiatives de coopération régionale telles que l'Initiative de l'Europe centrale, l'Accord de libre-échange d'Europe centrale et l'Initiative de coopération de l'Europe du Sud-Est. Rappelant que la Hongrie entamera les négociations sur son entrée dans l'Union européenne en janvier prochain, le Ministre a estimé que son pays deviendra un partenaire plus actif des Nations Unies grâce à cette intégration et à celle dans l'OTAN. Le Ministre a souligné que ces dernières années la Hongrie avait renforcé sa participation aux opérations de maintien de la paix de l'ONU de différentes façons, par le biais de la fourniture de soutien logistique ou d'infrastructures par exemple, ainsi que par la contribution de contingents militaires et de police.

Abordant la question de la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a insisté sur la nécessité de préserver l'efficacité d'un Conseil qui comprendrait plusieurs membres supplémentaires permanents et non permanents.

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Le Ministre a par ailleurs déclaré qu'en mettant en place les Tribunaux ad hoc pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda, la communauté internationale a réaffirmé que ceux qui ont commis des crimes de guerre doivent en être tenus personnellement responsables. L'expérience a ouvert la voie à une plus grande acceptation de l'idée d'une cour internationale de justice. Le Ministre a réaffirmé son engagement à poursuivre les négociations qui permettront de finaliser le statut de la cour lors de la conférence diplomatique qui se tiendra l'an prochain.

M. BIZIMA KARAHA, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique du Congo, a observé que l'ouverture de la 52ème session de l'Assemblée générale de l'ONU coïncide avec l'émergence en Afrique d'une nouvelle génération de dirigeants entièrement acquis à la cause de la renaissance africaine. L'adhésion des Congolais à la lutte qui a vu la victoire de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) représente, a dit M. KARAHA, la victoire de l'Afrique progressiste et panafricaniste sur l'obscurantisme, le pessimisme, le misérabilisme et le défaitisme qui ont servi de prétexte à certaines puissances pour s'assurer pendant longtemps le contrôle politique et stratégique du continent.

La politique africaine du Gouvernement de Kinshasa, a dit M. KARAHA, va dans le sens de l'amélioration de la coopération avec tous les Etats de la région pour les amener à s'adapter au nouveau contexte géopolitique sous- régional en vue d'une meilleure coopération et d'une meilleure intégration des Etats. Le Gouvernement de M. Kabila s'est attelé, a poursuivi M. Karaha, à la reconstruction nationale. Dans ce sens, il a adopté un programme triennal dont les grands axes sont la réhabilitation des infrastructures sociales, la création d'emplois et surtout le retour de la paix et de la stabilité. L'Afrique continue de connaître de multiples conflits et l'Afrique centrale en particulier est une poudrière, a ajouté M.KARAHA qui a lancé un appel à l'ONU pour qu'elle intervienne dans la crise du Congo-Brazzaville dont les retombées touchent Kinshasa et pour qu'elle s'oppose à l'affaiblissement et à la déstabilisation des pays qui ont un rôle important à jouer dans la région. Sur ce plan, la République démocratique du Congo soutient l'application totale des Accords de Lusaka pour le retour de la paix en Angola et appuie le processus d'Arusha pour la résolution des conflits internes du Burundi.

La paix et la stabilité mondiales sont menacées par la persistance des difficultés économiques des pays en développement, a souligné M. Karaha en abordant le problème de la crise de la dette. La dette de la République démocratique du Congo s'élevant à 14 milliards de dollars, le Ministre a invité les bailleurs de fonds à proposer à son pays des solutions raisonnables, la République démocratique du Congo, totalement en délabrement n'ayant point bénéficié des fruits de ces dettes. Il est de notoriété publique que ces sommes n'ont jamais pris le chemin de la République démocratique du Congo, et qu'elles sont placées substantiellement sur des comptes bancaires américains, européens et asiatiques, a observé M. Karaha, qui a, par conséquence, demandé l'annulation pure et simple de la dette de son pays. Il a demandé l'assistance de l'ONU pour la restitution à Kinshasa des sommes qui lui sont dues et qui sont déposées dans les banques internationales.

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Abordant le thème des droits de l'homme, M. Karaha s'est élevé contre la campagne orchestrée au niveau international contre l'AFDL et contre le gouvernement de M. Kabila qui, selon lui, n'est pas sans rappeler la malheureuse intervention onusienne en République démocratique du Congo en 1960. Le problème des réfugiés doit demeurer une question humanitaire et ne peut devenir un problème politique, a-t-il fait remarquer. La République démocratique du Congo n'a rien a cacher en ce qui concerne les réfugiés et les allégations de massacres, et ce que le Gouvernement de Kinshasa conteste, c'est l'identification des ex-forces armées rwandaises et des milices interahamwes comme des réfugiés, ceci en violation totale des Conventions de Genève et de l'OUA. Et puisqu'on ne peut parler des réfugiés Hutus sans aborder la question de la Commission d'enquête des Nations Unies,a déclaré M. Karaha, cette mission ne devrait pas essayer de se transformer en mission politique comme elle a essayé de le faire jusqu'à présent. Il est entendu, que le déploiement de cette mission ne doit en aucun cas violer la souveraineté et l'indépendance de la République démocratique du Congo, a-t-il fait observer.

M. FAROUK AL-SHARA, République arabe syrienne a déclaré qu'il est clair que le processus de paix au Moyen-Orient lancé lors de la Conférence de Madrid est désormais dans une impasse. Cela est dû à la volte-face de l'actuel Gouvernement israélien envers ce processus, et à son mépris évident pour tous les efforts menés au plan international pour parvenir à une solution globale pour la première fois dans l'histoire du conflit israélo-arabe. Le Gouvernement israélien cherche à se libérer progressivement des engagements pris durant les négociations de paix. Il ne le fait pas selon le processus classique "un pas en avant, deux pas en arrière", mais selon une nouvelle formule "un pas en arrière, deux pas en arrière" puis menace de nouveaux pas en arrière qui ne peuvent être faits, même provisoirement, jusqu'à ce que l'autre partie accepte des conditions qu'elle avait jusqu'alors rejetées, et ainsi de suite. Les différents étages du processus de paix sont aussi progressivement effacées. Le Ministre a également accusé Israël de refuser le principe même de l'échange de la paix contre la terre, qui est pourtant au coeur du processus de paix parrainé par les Etats-Unis et qui a toujours fait l'unanimité au sein de la communauté internationale.

Certes, les questions de sécurité sont de la plus haute importance pour tous les Etats, peuples et individus. Mais c'est la paix qui apporte la sécurité, pas l'inverse. La politique israélienne, qui donne la priorité à la sécurité sur la paix, va donc à l'encontre de tous les concepts définis par les sociétés et les Etats en guerre. L'obstination du Gouvernement israélien va transformer le processus de paix en processus d'effusion de sang qui risque de ramener le conflit israélo-arabe à ses tragiques origines. Le Gouvernement israélien ne s'est pas limité à saper le processus de paix, a affirmé M. Al- Shara. Il a intensifié ses attaques au Liban, ne réussissant toutefois qu'à resserrer l'unité libanaise, à l'encontre de ses objectifs. L'occupation du Golan syrien a été consolidée avec l'instauration de nouvelles colonies de

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peuplement, en violation flagrante des Conventions de Genève de 1949 et de leurs Protocoles additionnels. Nous autres Arabes, nous avons toujours voulu la paix, a ajouté le Ministre. Mais pour que cette paix soit réaliste et soutenue par le peuple, il faut un retrait total d'Israël du Golan sur la ligne du 4 juin 1967, du Liban-Sud et de la vallée de la Bekaa, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Cette paix doit aussi garantir les droits nationaux légitimes du peuple palestinien, y compris le droit à l'autodétermination et à un Etat indépendant.

M. Al-Shara a déclaré que son pays avait toujours été favorable à la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Proche-Orient. Mais il est préoccupé par l'opposition constante d'Israël, qui refuse d'adhérer au Traité de non-prolifération. Israël devrait adhérer au TNP, placer toutes ses installations nucléaires sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique et détruire tout son stock d'armes nucléaires.

M. Al-Shara a déclaré que la réforme des Nations Unies devrait se faire dans le plein respect des principes de la Charte. Il faut insister sur le droit au développement. La Syrie est préoccupée de l'affaiblissement du rôle de l'Assemblée générale et par ses méthodes de travail. L'Assemblée doit assumer effectivement son rôle. Il faut aussi instituer des règles et adopter des critères pour empêcher un usage arbitraire du droit de veto au Conseil de sécurité. Toutefois, la réforme du Conseil, aussi urgente soit-elle, ne doit pas être soumise à un calendrier spécifique, de façon à obtenir un accord général. Tout en saluant les propositions de réformes du Secrétaire général, le Ministre a regretté qu'il n'ait pas accordé davantage d'attention au rôle fondamental de l'ONU dans la promotion de la coopération internationale en faveur du développement. En particulier, la Syrie aurait souhaité que les propositions excluent toute mesure susceptible d'affecter les programmes et activités liés au développement et à l'élimination de la pauvreté. Quant aux droits de l'homme, ils constituent une question très importante qui doit continuer d'être présentée de manière indépendante, de façon à éviter tout risque d'amalgame et d'ingérence dans les affaires intérieures des Etats.

M. MAPOPA CHIPETA, Ministre des affaires étrangères du Malawi, a déclaré que dans le combat contre le trafic de narcotiques, son pays est en train de mettre en place une administration efficace afin de coordonner les activités des départements gouvernementaux et de la société civile. Il a fait part de l'intention de son pays d'établir une Commission nationale pour le contrôle des drogues, comme point central, afin de coordonner les activités nationales et internationales, en particulier celles relatives à la promotion de la coopération à l'intérieur de la Communauté de développement de l'Afrique australe. Il a sollicité l'assistance de la communauté internationale et du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) dans le but d'améliorer la capacité de la région à faire face à ce fléau.

Au plan économique, le Ministre a déclaré que le Malawi a fait des progrès. Cependant la pauvreté continue d'être la source principale de

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préoccupation. En tant que pays en développement, et un des moins développés, nous ne sommes toujours pas en mesure de mobiliser les ressources nationales adéquates pour accomplir nos propres programmes de développement, a-t-il souligné. En dépit de ces force adverses, le Malawi est déterminé à élargir sa base économique. La stabilité politique actuelle du pays a créé un environnement favorable à l'investissement étranger. La coopération internationale entre toutes les nations est nécessaire pour l'existence même et la survie de l'humanité, a-t- il estimé. Il a déclaré qu'il attendait avec impatience la consolidation du partenariat mondial pour l'Afrique. Nous apprécions l'assistance que le Malawi reçoit de la communauté internationale. Il a souligné les remarquables progrès réalisés dans l'intégration régionale et dans la coopération Sud-Sud. Un partenariat financier pour le développement est impératif.

Il a estimé que les situations en Angola, au Burundi, dans la République Démocratique du Congo, dans la région des Grands Lacs, en Sierra Leone, au Sahara occidental, en Afghanistan, en Bosnie-Herzégovine et au Proche-Orient, entre autres, continue d'occuper une place importante. Il a regretté qu'une junte militaire se soit installée en Sierra Leone, en usurpant le pouvoir. Il a demandé instamment au peuple du Burundi de taire ses divergences et de mettre en place un gouvernement stable. Concernant l'Angola, le Ministre a déclaré qu'il soutenait entièrement les résolutions du Conseil de sécurité. Il a lancé un appel pressant aux dirigeants de l'Union nationale pour une indépendance totale en Angola (UNITA) pour qu'ils remplissent leurs obligations dans le processus de paix sans délai afin que le peuple de l'Angola réalise son désir de vivre en paix.

M. ROBERTO ROBAINA GONZALEZ, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a estimé que la communauté internationale laisse passer les occasions de sauver cette planète malade et agressée de multiples manières. Tandis que l'on voyage sur Mars, la terre continue de compter plus d'un milliard d'analphabètes et d'exclus fait observer le Ministre. Pourquoi permettre ce crime à l'aube d'un nouveau siècle, où est donc cette terre promise, s'est interrogé le Ministre. La mémoire du monde est perdue au point que ceux qui protestaient contre la muraille de béton de la capitale allemande érigent maintenant un mur dix fois plus long et infiniment plus militarisé qui divise le Rio Bravo jusqu'en basse Californie et le Sud du Nord, et que bien peu osent dénoncer. Une telle hypocrisie permet que les plus gros chiffres d'affaires au monde correspondent à la vente d'armes et des stupéfiants alors que l'on sait que le coût de fabrication d'un bombardier moderne permettrait de soulager la dette extérieure des vingt pays les plus touchés par ce fléau, a ajouté le Ministre. Il a indiqué que la seule concertation qui semble vraiment consolidée est celle touchant aux interventions humanitaires, aux opérations de maintien ou de consolidation de la paix, aux actions préventives et d'alerte précoce, activités qu'il a qualifiées de masque dont on affuble les nouvelles guerres. Le Ministre, évoquant l'achèvement de la décennie consacrée au droit international, a demandé quand la communauté internationale signera de vrais accords de désarmements nucléaires et interdira une bonne fois pour toutes le recours à la force ou à la menace de la force dans

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les relations internationales. Tous les efforts consentis pour établir un nouvel ordre économique mondial juste et équitable sont bafoués par quelques rares puissants. Cuba ne peut pas admettre que ce club sélect décrète de façon totalitaire l'ordre politique et juridique des peuples. Pour nous, a ajouté le Ministre, il n'y a pas de doute que le principe de la souveraineté des Etats continue à être un concept toujours valable et un droit des peuples indépendants.

Abordant la réforme, le Ministre à appeler à dépasser la réthorique en cours depuis deux ans et qui fait allusions à des transformations sans préciser lesquelles. Il faut rejeter l'approche corporatiste et transnationale qui fait la promotion de certains principaux donateurs de l'Organisation, comme si cet édifice était une bourse de valeurs et les justes aspirations des peuples que de simples marchandises. Le Ministre a estimé que la réforme doit permettre à l'Assemblée générale d'exercer toutes ses prérogatives, y compris celles qui ont été usurpées, tout en préservant le principe de l'égalité entre tous les Etats Membres. La participation intergouvernementale à l'analyse du train de réformes et à l'adoption de résolutions pertinentes doit être une condition sine qua non. Cuba préconise également l'adoption de mesures qui permettent de renforcer en particulier les structures de l'Organisation travaillant dans le domaine du développement économique et social. Le Ministre a par ailleurs insisté sur la nécessité pour les Nations Unies de recouvrer ses prérogatives pour ce qui est de la prise de décisions relatives au libre-échange, au financement du développement et aux autres questions monétaires. Il a mis en garde contre une récupération de ces questions par les principaux pays donateurs. Insistant sur la nécessité d'assurer un financement stable à l'Organisation, il a plaidé en faveur de l'adoption d'un budget par programme qui reflète le montant total des ressources dont les Nations Unies auront besoin. A cet égard, nous nous opposons à toutes formules basées sur l'extorsion et les pressions de certains pays, à plus forte raison si elles proviennent du pays, qui tout en étant le plus grand contributeur est le plus gros débiteur. Le Ministre a par ailleurs insisté sur la nécessité de réformer la composition et les procédures du Conseil de sécurité et de rectifier le déséquilibre actuel en y permettant l'accès des pays en développement sur une base géographique équitable.

Abordant la situation à Cuba, le Ministre a fait état des répercussions négatives du blocus qui lui est imposé. Les crédits financiers indispensables à notre relance et à notre croissance économique ont été interrompus, ajournés ou surtaxés, a-t-il regretté. Qui plus est, les Cubains n'ont pas libre accès aux médicaments parvenus sur le marché après 1979, notamment ceux relatifs au traitement du SIDA et du cancer. Plus de trente-cinq ans de lutte contre le blocus économique, commercial et financier imposé par les Etats Unis d'Amérique nous confortent dans nos arguments tandis que le nombre de pays, qui vote chaque année à une majorité écrasante en faveur de la cessation de cette sale guerre féroce et silencieuse, augmente chaque année. Jusqu'à quand le monde va-t-il contempler les bras croisés un crime aussi impitoyable, s'est encore demandé le Ministre. Le délire obsessionnel des milieux réactionnaires semble n'avoir pas de fin tandis qu'une vraie tyrannie tente toujours

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d'atteindre son but qui est d'exercer le pouvoir mondial. Le Ministre a condamné l'établissement d'une liste noire contenant le nom des entreprises et d'hommes d'affaires étrangers qui ne se soumettent pas aux règles du jeu et le chantage dont sont victimes des citoyens européens aux termes de lois aussi illégales que la loi Helms-Burton. Ces diplomates de l'impérialisme ont beau se déguiser en touristes, défenseurs des droits de l'homme ou en philanthropes, ils sont identiques à ceux qui, voilà trente-cinq ans, furent impliqués dans le climat d'agressivité ayant débouché sur la crise des missiles d'octobre 1962. Seule la pression internationale peut empêcher que ces agressions se multiplient contre Cuba, a estimé le Ministre.

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