En cours au Siège de l'ONU

AG/686

POUR PLUSIEURS DELEGATIONS, L'ONU CONTINUE D'ETRE LE MEILLEUR INSTRUMENT DE PROMOTION DE LA PAIX ET DU DEVELOPPEMENT

29 septembre 1997


Communiqué de Presse
AG/686


POUR PLUSIEURS DELEGATIONS, L'ONU CONTINUE D'ETRE LE MEILLEUR INSTRUMENT DE PROMOTION DE LA PAIX ET DU DEVELOPPEMENT

19970929 Nombre de délégations dénoncent les effets pervers de la mondialisation

L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi les travaux de sa cinquante-deuxième session en entendant l'allocution du Président constitutionnel de la République de Bolivie, M. Hugo Banzer Suarez, qui s'est réjoui de ce que l'Amérique latine réunisse aujourd'hui toutes les conditions nécessaires pour aller de l'avant. Il a invité le Chili à retirer les mines terrestres antipersonnel placées le long de la frontière commune aux deux pays et a souhaité ardemment que la Bolivie dispose à nouveau d'un accès direct à l'océan Pacifique. Le Président a par ailleurs évoqué les efforts déployés par son pays dans la lutte contre le trafic de drogues, estimant qu'il est temps de réaffirmer en la matière le principe d'une responsabilité partagée.

L'Assemblée générale, reprenant ensuite son débat général, a entendu la déclaration du Chef de la délégation de la Namibie, M. Martin Andjaba, qui a appuyé l'ensemble des réformes proposées par le Secrétaire général, adressant toutefois une mise en garde contre tout retour en arrière. Il a estimé que la mondialisation et la libéralisation du commerce mondial doivent profiter à tous, jugeant impératif que les pays en développement aient libre accès aux marchés. Il s'est déclaré préoccupé par la situation en Angola, étant d'avis que seule la situation sur le terrain conditionnera le retrait des Nations Unies.

De son côté, M. Domingo Siazon, Ministre des affaires étrangères des Philippines s'est dit attristé par les récents événements politiques au Cambodge. Il a espéré que les pourparlers actuels sur la péninsule coréenne permettront de parvenir à une solution pacifique et contribueront au progrès économique en Asie du Sud-Est. Il a par ailleurs estimé que la proposition du Secrétaire général de créer un fonds de roulement d'un milliard de dollars grâce des contributions volontaires ou tout autre moyen pourrait accorder un répit temporaire à l'ONU.

M. Prachuab Chaiyasan, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a rappelé qu'en raison de la nature essentiellement interne du conflit du Cambodge, l'appui de son pays et de la communauté internationale

(à suivre - 1a)

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demeure conditionné à la volonté réelle des Cambodgiens de donner une chance à la paix. Pour lui, l'ONU continue d'être le meilleur instrument de promotion de la paix et du développement. Une plus grande coopération de l'ONU, des institutions de Bretton Woods, de l'OMC et des principaux pays industrialisés est nécessaire.

Pour sa part, M. Farez Bouez, Ministre des affaires étrangères du Liban, a indiqué que son pays approuve avec enthousiasme la modernisation des institutions des Nations Unies, tout en déplorant les difficultés causées à son pays par les restrictions budgétaires imposées notamment à l'UNRWA. Il a également regretté qu'Israël ait poursuivi ses agressions contre le Liban-Sud et sa Békaa-Ouest pour dresser son opinion contre la paix ou pour vider les initiatives internationales de leur contenu politique. Selon lui, la communauté internationale, sur laquelle se répercute directement ou indirectement la situation dans la région, est en droit de demander des comptes et de juger.

Le Chef de la délégation du Koweït, M. Mohammad Abulhasan, a fait observer que l'Iraq n'avait toujours pas rempli les conditions requises pour la levée des sanctions. Il a émis l'espoir que l'Iraq se conformera à l'ultimatum du Conseil de sécurité. Abordant la question du Proche-Orient et il a regretté la paralysie du processus de paix et l'abandon des règles adoptées lors de la Conférence de Madrid.

M. Ablassé Ouedraogo, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, a estimé que l'Afrique a démontré sa volonté de régler ses conflits par des moyens pacifiques et a souligné la valeur de la diplomatie préventive. Il a regretté que la circulation des armes de petit calibre crée des phénomènes nouveaux et incontrôlables en Afrique. Il a fait part de son inquiétude de voir les efforts mis en oeuvre par les pays africains annihilés par la mondialisation.

M. Kamal Thapa, Ministre des affaires étrangères du Népal, a évoqué la nécessité pour les Nations Unies de répondre promptement aux crises émergentes. Il s'est félicité, en conséquence, de la participation de 70 pays aux accords relatifs aux forces en attente et a annoncé la signature par son pays du Mémorandum d'accord qui l'engage à mettre 2 000 soldats à disposition de l'ONU. Le Ministre s'est réjoui des propositions du Secrétaire général sur les activités de développement de l'ONU.

En fin de réunion, les représentants de la République populaire démocratique de Corée, de la Fédération de Russie, de la République de Corée et l'observateur de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.

Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu demain, mardi 30 septembre, à 10 heures, la plénière de l'Assemblée générale entendra l'allocution du Président du Tadjikistan, ainsi que les interventions du Brunéi Darrusalam, de Trinité-et-Tobago, de Maurice, du Lesotho, du Kazakhstan, du Liechtenstein et de la Jamahiriya arabe libyenne.

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M. HUGO BANZER SUAREZ, Président constitutionnel de la République de Bolivie, a noté avec satisfaction que tous les pays d'Amérique latine, d'une façon ou d'une autre, ont mis un terme à plusieurs décennies de confrontation idéologique et de crise économique. Il a toutefois remarqué que les vieux problèmes d'ajustement structurel, aggravés par les périodes de crises, ont réapparu, dont le plus importants reste la répartition inéquitable des ressources qui se traduit par l'exclusion, la pauvreté, la violence et la fracture sociale. En dépit de tout cela, l'Amérique latine réunit toutes les conditions nécessaires pour aller de l'avant et prospérer. Par contraste avec le passé, elle ne demande plus aux autres ce qu'elle ne peut faire. La preuve en est le remarquable progrès accompli récemment dans le renforcement des mécanismes d'intégration économique, telle que la Communauté andine et le Mercosur. Dans le même temps, la région adopte une approche différente dans ses relations avec les pays développés.

Se déclarant fortement préoccupé par la question des mines terrestres antipersonnel, le Président a précisé que ce problème revêt une importance particulière pour la Bolivie en raison du fait que le Chili a placé un grand nombre de mines le long de la frontière commune des deux pays. "Le retrait de ces mines est de la plus grande urgence eu égard aux engagements pris à Oslo, à la moralité la plus élémentaire et aux impératifs dictés par l'esprit d'intégration qui doit prévaloir dans les relations entre pays voisins", a déclaré M. Banzer Suarez.

Le Président a rappelé que son pays, après un long processus de confrontation sociale, a restauré la démocratie et les libertés économiques. Le nouveau pays qui émerge de cette transformation doit pour faire face à l'avenir adopter une nouvelle perspective et faire preuve d'une confiance renouvelée. L'association de la Bolivie au Mercosur est le résultat non seulement d'un désir de cultiver des relations amicales historiques, mais aussi une conséquence des besoins concrets du développement bolivien. La relation qu'entretient la Bolivie avec l'océan Pacifique est directement liée à l'existence même de la Bolivie. C'est pourquoi, la Bolivie a suivi avec beaucoup d'intérêt le processus de consolidation du large potentiel que constitue la Communauté andine. Les économies de la Bolivie, du Pérou et du Chili sont complémentaires. "Nos territoires constituent non seulement des marchés, mais des lieux d'intégration", a déclaré le Président. Force est cependant de constater que la réalité actuelle est fort éloignée des aspirations, en raison d'une guerre qui a eu lieu il y a plus d'un siècle et dont les conséquences continuent à se faire sentir dans les relations entre les pays concernés sous forme de l'enclavement géographique imposé à la Bolivie. La demande de la Bolivie visant à disposer à nouveau d'un accès direct à l'océan Pacifique est un objectif incontournable et une condition vitale pour son développement auxquels il est impossible de renoncer.

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M. Banzer Suarez a déploré le fait que le trafic de drogues déforme injustement la réalité de son pays et affecte la conduite de la coopération extérieure. Pour sa part, la Bolivie a déployé de nombreux efforts pour résoudre ce problème et son gouvernement s'est engagé à y mettre un terme avant la fin du présent mandat présidentiel en recourant au dialogue et à la concertation avec les paysans producteurs de coca. Elle estime cependant que le temps est venu de réaffirmer en la matière les principes de responsabilité partagée.

Le Président a renouvelé l'engagement de son pays en faveur du processus de paix au Moyen-Orient conformément aux principes et aux valeurs qui régissent la coexistence harmonieuse des peuples. La Bolivie accueille avec satisfaction les initiatives du Secrétaire général de réformer les Nations Unies. Elle réitère l'importance du processus d'élargissement et de réforme du Conseil de sécurité afin de corriger les déséquilibres actuels.

M. MARTIN ANDJABA, Chef de la délégation de la Namibie, a appuyé les réformes du Secrétaire Général et a souligné l'importance des activités des Nations Unies qui complètent les efforts de la Namibie. La Namibie n'est pas favorable à ce qu'il y ait des Membres permanents au sein du Conseil de sécurité. Elle serait plutôt d'avis que le Groupe de travail sur la restructuration du Conseil poursuive ses travaux de recherche et aboutisse à un consensus sur la question.

Abordant le désarmement, M. Andjaba s'est félicité des progrès accomplis, rappelant l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et de la Convention sur les armes chimiques. Le chef de la délégation a toutefois estimé que la prolifération d'armes nucléaires demeure au centre des préoccupations. M.Andjaba a invité les Etats dotés de l'arme nucléaire à suivre la voie du désarmement. Sur la question des mines terrestres antipersonnel, le gouvernement de la Namibie a appuyé le Traité récemment conclu à Oslo et s'est dit prêt à signer le Traité à Ottawa.

Evoquant le principe de la coopération internationale, M. Andjaba a estimé que la mondialisation et la libéralisation du commerce international doivent profiter à tous les pays. Il a jugé impératif que les pays en développement aient libre accès aux marchés, sans aucune condition. En l'espace d'une décennie, les pays en développement ont augmenté de 23 à 29% leur part dans le commerce mondial et ont diversifié leurs relations commerciales afin de répondre aux nouvelles tendances économiques. La Communauté de développement de l'Afrique Australe passe par une intégration régionale. Tous les Etats Membres de cette communauté s'efforcent de maintenir une intégration économique fondée sur l'équilibre des partenariats, la concurrence et le respect de l'entreprenariat. Pour mettre en oeuvre un processus de développement économique, il est nécessaire d'avoir une industrie performante. A cet égard, l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) joue un rôle fondamental, a souligné M.Andjaba.

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En matière de politique internationale, le chef de la délégation namibienne s'est dit préoccupé par la situation en Angola et a estimé que la condition de retrait des Nations Unies dépend de la situation sur le terrain. L'UNITA doit contribuer à une solution durable pour résoudre le conflit. Le chef de la délégation a émis l'espoir que la paix s'instaurera au Libéria. Il a condamné le coup d'Etat en Sierra Leone et a demandé à ce que soit poursuivie la politique d'isolement militaire de ce pays.

M. DOMINGO SIAZON, Ministre des affaires étrangères des Philippines, a déclaré qu'il fallait poursuivre les négociations en vue d'éliminer complètement les armements nucléaires. A cet égard, les Philippines vont signer en décembre prochain le traité résultant du processus d'Ottawa et interdisant les mines antipersonnel. Les disputes dans la mer de Chine du Sud, a-t-il noté, reste une source de tension dans la région. La Déclaration de la mer de Chine du sud, adoptée à Manille en 1992 par l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), appelait au règlement des problèmes exclusivement par des moyens pacifiques. Le Ministre a fait état de la détermination de son pays à régler ces problèmes conformément au droit international. Par ailleurs, il s'est dit attristé par les récents événements politiques du Cambodge. Un dialogue a été initié au sein de l'ANASE pour trouver une solution au problème cambodgien en attendant son admission prochaine au sein de la famille de l'ANASE. Evoquant la péninsule coréenne, il a exprimé l'espoir que les pourparlers actuels mèneront non seulement à la paix, mais aussi à une plus grande coopération menant à la croissance économique et au progrès en Asie du Sud-Est.

Le Ministre a déclaré qu'il fallait appliquer les décisions prises à Beijing sur les droits de la femme ; il faut aussi oeuvrer pour approfondir ces droits. Il a estimé par ailleurs qu'il fallait mettre en oeuvre la Convention sur les droits des enfants et ajouter à cette convention un protocole qui organiserait des mesures générales contre l'esclavage des enfants, la prostitution et la pornographie.

Abordant la question de la réforme des Nations Unies, le Ministre a approuvé les recommandations du Groupe de travail sur le renforcement du système des Nations Unies. Si elles étaient mises en oeuvre correctement, elles pourraient rendre l'Assemblée générale plus efficace. Il s'est prononcé en faveur de l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité dans le but de le rendre plus efficace et plus transparent. Le Conseil de sécurité devrait être plus représentatif des pays en développement et de la réalité mondiale moderne. Les nouveaux membres devraient avoir les mêmes droits que les membres actuels et l'utilisation du veto devrait être limité aux mesures prises dans le cadre du Chapitre VII de la Charte. Il a noté que la proposition du Secrétaire général de créer un fonds de roulement d'un milliard de dollars payé par des contributions volontaires ou par d'autres moyens peut donner un répit temporaire à l'ONU. Il a cependant exprimé des craintes que cette proposition n'encourage ceux qui ont des arriérés à ne pas honorer rapidement leurs engagements.

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M. PRACHUAB CHAIYASAN (Thaïlande) a affirmé qu'en dépit des changements intervenus sur la scène internationale, l'héritage de la guerre froide reste encore vivace. En effet, si la situation actuelle au Cambodge est différente de celle qui prévalait avant la signature de l'Accord de Paris, la recherche d'une solution n'en est pas moins ardue. Comment régler un conflit essentiellement interne alors même que la faculté des pays à influencer le cours des évènements est restreinte et que la communauté internationale ressent comme une impression de "déjà vu". La vérité est que l'appui des pays de l'ANASE comme de la communauté internationale dans son ensemble demeure conditionné par la volonté réelle des Cambodgiens eux-mêmes de donner une chance à la paix. La situation au Cambodge témoigne d'un aspect étrange de cette nouvelle ère dans laquelle entre le monde. Dans ce monde en mutation constante, certains problèmes sont si profondément enracinés qu'ils résistent aux efforts les plus inlassables de la communauté internationale. Les Nations Unies, accoutumées aux conflits difficiles à maîtriser, continueront de constituer le meilleur espoir pour la communauté internationale de régler de telles situations.

Le Ministre des affaires étrangères a ensuite donné son point de vue sur l'évolution économique du monde. Il a fait état de l'expérience de son pays pour suggérer aux pays en développement de bien étudier les forces de marché et de s'y adapter afin d'être en mesure de bénéficier des avantages de la mondialisation de l'économie. Forte de son expérience, la Thaïlande sait que la libéralisation des marchés financiers exige un haut degré de discipline aussi bien du secteur public que du secteur privé. En outre, une analyse macroéconomique complète est nécessaire à une amélioration du contrôle des conditions économiques actuelles. L'expérience thaïlandaise a également démontré le rôle important que les Nations Unies peuvent jouer dans la coordination de la politique macroéconomique à l'échelle mondiale. Une plus grande coopération et coordination entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, l'Organisation mondiale du commerce et les principaux pays industrialisés afin d'appuyer le renforcement de la capacité de reconstruction des pays dont les économies montrent toujours des signes de faiblesse.

Le Ministre des affaires étrangères s'est félicité des propositions de réforme du Secrétaire général qui soulignent, à bon escient, que la nécessité de faire du développement durable la priorité des activités des Nations Unies. La Thaïlande se félicite également de la proposition de créer un compte du développement en drainant les ressources de l'administration vers des activités de développement. Toutefois, les réductions de personnel ne doivent pas être une fin en soi. L'élément central de la réforme doit se concentrer sur la manière de gérer les ressources et la mise en oeuvre des programmes afin de réaliser le développement qui est l'objectif commun de la communauté internationale. Le déclin des contributions volontaires compromet la capacité des Fonds et Programmes des Nations Unies à jouer leur rôle. Si le secteur privé constitue une source potentielle de financement comme le démontre le geste de M. Ted Turner, il faut qu'il vienne toujours en complément de l'aide officielle au développement.

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La restructuration du Conseil de sécurité est également une part importante du processus de réforme des Nations Unies. Il est regrettable que la question ait fait l'objet de négociations ardues. De l'avis de la Thaïlande, la réforme doit d'abord viser la restriction du droit de veto puis son élimination. La composition du Conseil de sécurité lui-même doit s'élargir pour tenir compte de l'augmentation du nombre des Etats Membres et renforcer son caractère démocratique et représentatif tout en préservant son efficacité.

M. FAREZ BOUEZ, Ministre des affaires étrangères du Liban, a indiqué que son pays appuie avec enthousiasme la modernisation des institutions des Nations Unies et en particulier celle du Conseil de sécurité. Le Liban souscrit au principe de roulement pour ce qui est des sièges permanents, adhérant en cela à la position du groupe arabe. De même, les propositions de réforme de l'Organisation présentées par le Secrétaire général ont retenu toute l'attention de sa délégation et méritent d'être étudiées de façon approfondie. Il importe de renforcer le rôle de l'Assemblée générale, de placer le développement en tête des priorités de l'Organisation et de mettre l'accent sur le rôle des commissions économiques régionales.

Le Ministre a déploré que les coupes budgétaires aient amené bien des organes des Nations Unies, dont l'Office pour les travaux et les secours aux réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), à réduire leur capacité d'action, ce qui entraîne pour les pays concernés dont le Liban, des charges supplémentaires difficiles à assumer, alors qu'il y va de la responsabilité de la communauté internationale la responsabilité de corriger l'injustice et la spoliation subies par les réfugiés. Pour le Ministre, cette amère réalité n'est pas exempte de sournoises intentions visant, grâce à des pressions, à imposer l'absorption des réfugiés par les pays en question, parvenant ainsi à liquider le problème de leur droit au retour. Bien plus, la situation actuelle sert de moyen de pression contre les pays d'accueil afin qu'ils se résignent à accepter les conditions politiques qu'ils ne sauraient admettre.

"Au bout de longues et éprouvantes années, nous aurions souhaité venir cette fois pour exprimer notre gratitude pour l'instauration de la paix au Liban et dans toute la région du Proche-Orient, à la suite du succès qu'aurait enregistré le processus lancé à Madrid il y a plus de six ans", a regretté M. Bouez, qui a estimé que l'arrivé au pouvoir en Israël du gouvernement actuel et de son chef, a réduit par ses pratiques tout les espoirs à néant. Au lieu d'oeuvrer pour la paix véritable, l'on a assisté à des manoeuvres médiatiques qui visaient à intoxiquer l'opinion et à des rencontres cérémonieuses qui n'avaient d'autre but que de faire croire que le dialogue se poursuit.

Face à l'acuité de sa crise intérieure, le Gouvernement israélien a attisé la situation aux frontières et dans les zones se trouvant sous son occupation, afin de détourner l'attention de la paix bafoué, recourant en cela

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à la provocation et du défi pour cimenter les rangs à l'intérieur. Israël a poursuivi ainsi ses agressions contre le Liban-Sud et la Békaa-Ouest, tantôt pour dresser son opinion contre la paix, tantôt pour vider les initiatives internationales de leur contenu politique. A mesure que se prolonge l'occupation, Israël s'embourbe toujours plus dans le marécage du Sud-Liban qui est devenu son enfer.

La communauté internationale sur laquelle se répercute directement ou indirectement la situation dans la région, est en droit de demander des comptes et de juger. Il est de son droit, voire de son devoir, d'agir par le biais de l'ONU. Cette dernière s'en est remise à autrui en bien des occasions espérant ainsi une solution. De même, a-t-elle toujours répugné à imposer l'application de ses résolutions, à la différence de ce qu'elle a fait à l'encontre de nombreux autres Etats au cours des récentes années. Il est maintenant temps que l'ONU retrouve son rôle. Il est temps de retourner aux principes tels qu'établis à Madrid, notamment au principe de la terre contre la paix; à la nécessité d'appliquer les résolutions 242, 338 et 425; à un arrêt immédiat des implantations; à une solution pour la ville de Jérusalem; et au retrait des territoires palestiniens, du Golan syrien et du Sud-Liban et de la Békaa-Ouest. Parier sur une paix qui ignorerait ces fondements est un mauvais pari susceptible d'embraser l'ensemble de la région", a déclaré le Ministre.

M. MOHAMMAD ABULHASAN, Chef de la délégation du Koweït, a déclaré que son pays approuve les propositions de réforme des Nations Unies du Secrétaire général. Le Groupe de travail sur la réforme des Nations Unies, qui a examiné la question de la réforme du Conseil de sécurité devra prendre en considération l'évolution du monde contemporain. Sur ce point, le Koweit s'associe pleinement avec la position commune des pays arabes et celle des pays non alignés. Il a évoqué la guerre que son pays a connue et ajouté que ces événements pourraient se reproduire, si on ne tire pas les leçons qui s'imposent. Le représentant a jugé que l'Iraq n'a toujours pas rempli les conditions requises pour mériter la levée des sanctions. La question des prisonniers de guerre koweïtiens n'est toujours pas réglée et de jeunes enfants continuent de pleurer leur père qui leur manque. Une des obligations clefs que l'Iraq n'a pas remplies est celle de l'élimination des armes de destruction massive. Le représentant s'est félicité de la résolution 1115 (1997) du Conseil de sécurité qui prouve que le régime iraquien na pas respecté les inspections de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA).

Après avoir réitéré son plein soutien aux décisions du Conseil de coopération du Golfe concernant l'occupation de trois îles appartenant aux Emirats arabes unis par l'Iran, il a abordé la question du Proche-Orient et en particulier le processus de paix qui, à son avis, est caractérisé par la paralysie, ce qui crée de nouvelles tensions dans la région. Le Gouvernement israélien s'est écarté des principes adoptés à Madrid et par la communauté

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internationale qui consacre la formule de la terre contre la paix. Israël n'a pas mis fin à sa politique d'annexion de Jérusalem. Il a estimé que le peuple palestinien a souffert trop longtemps de l'oppression ; il doit exercer son droit à l'autodétermination et établir son propre Etat avec Jérusalem comme capitale. Le représentant a demandé le retrait d'Israël du Golan.

M. ABLASSE OUEDRAOGO, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso a rappelé que son pays s'est investi dans des initiatives sous-régionales et régionales concernant le Libéria, le Burundi et la République centrafricaine en soutenant une politique de prévention des conflits. Le Ministre a estimé que l'Afrique a démontré sa volonté de régler ses conflits par des moyens pacifiques et a souligné la valeur de la diplomatie préventive.

Abordant la question du désarmement, le Ministre a réaffirmé la nécessité de travailler à l'élimination des armes de destruction massive et a rappelé, qu'en Afrique, la circulation des petites armes crée des phénomènes nouveaux et incontrôlables qui ajoutent à l'instabilité de régions entières. Le Ministre, en revanche, s'est félicité des résultats de la Conférence d'Oslo sur les mines terrestres antipersonnel et a invité tous les Etats à adhérer à la Convention adoptée à Oslo.

En matière de politique internationale, M. Ouedraogo a rappelé la tragédie de la région des Grands Lacs. Il a condamné l'interruption au Sierra Leone du processus démocratique et réaffirmé son adhésion à la décision 356 de l'OUA sur la situation en Sierra Leone. En revanche, il a salué favorablement les avancées significatives en Angola et a exhorté l'UNITA à jouer un rôle constructif.

S'agissant de la question de la mondialisation des échanges et de la globalisation de l'économie, M. Ouedraogo a fait part de son inquiétude de voir les efforts mis en oeuvre par les pays africains annihilés par "une mondialisation où la part du commerce international ne cesse de décroître." Il a souhaité que l'Agenda pour le développement soit un catalyseur pour les pays en développement. La sincérité de l'engagement de tous et de chacun sera jugée à l'aune de l'effectivité de sa mise en oeuvre, a ajouté M. Ouedraogo.

Poursuivant sur la question de l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité, le Ministre a souhaité que l'Afrique ait une place reconnue dans un Conseil de sécurité où la plupart des questions débattues ont trait au continent africain. A cet égard, M. Ouedraogo a espéré que l'élargissement du Conseil de sécurité, tout en incluant le Japon et l'Allemagne, réponde à la "représentation équitable" de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine. Autant que sa composition, c'est le fonctionnement du Conseil de sécurité qui doit être revu, a-t-il ajouté. Le Conseil de sécurité doit cesser de se comporter comme un "club de privilégiés" mais comme une institution portant les plus hautes responsabilités pour le bénéfice de tous.

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S'agissant des réformes financières, le Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso a rappelé à tous les Etats Membres que leurs contributions au budget doivent être honorées intégralement, à temps et sans condition. Cela participe au bon fonctionnement de la réforme.

M. KAMAL THAPA, Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que les Nations Unies ne peuvent remplir leur mission efficacement en risquant la banqueroute d'année en année, comme c'est le cas actuellement. Si aucun pays ne doit porter un fardeau excessif en la matière, le principe fondamental de tout barème des quotes-parts doit être la capacité d'un pays à payer, qui doit elle même être calculée à partir de la part de ce pays au produit national brut mondial. De même, il n'est pas normal que la moitié des Etats Membres de l'Organisation payent la même contribution. Le Ministre a poursuivi sur la réforme du Conseil de sécurité en se fondant sur les recommandations de la Déclaration de Cartagena (Colombie) adoptée par les Ministres des affaires étrangères du Mouvement des pays non alignés. Ces derniers plaident pour que cette réforme soit le fruit d'un consensus mondial ratifiable et qu'elle ne diminue en rien la capacité de l'instance à agir promptement. A cet égard, le Ministre a souhaité que le Secrétaire général soit encouragé et appuyé financièrement à user de sa haute fonction pour régler les conflits naissants. En outre, il faut souligner que le succès des activités de maintien de la paix dépend largement de la disponibilité des forces armées des Etats Membres.

Le Ministre s'est félicité de ce que soixante-six pays participent déjà aux accords relatifs aux forces en attente des Nations Unies et a indiqué que son pays s'est joint aux dix autres Etats qui ont signé le Mémorandum d'accord. Le Népal s'engage à mettre à la disposition de l'Organisation quelque 2000 troupes. Il a jugé nécessaire que l'état-major de déploiement rapide de ses forces soit opérationnel dans les plus brefs délais. Le Ministre s'est, par ailleurs, réjoui des propositions du Secrétaire général de créer un nouveau groupe pour le développement et un cadre des Nations Unies pour l'aide au développement. Toutefois, il a craint qu'au nom de la fusion ou de l'intégration, les fonds, programmes et institutions des Nations Unies ne perdent de leur efficacité. L'adoption de l'Agenda pour le développement, cette année, témoigne du renouveau de la coopération au développement entre le Nord et le Sud, a estimé le Ministre qui a ajouté que l'utilité de ce document ne se mesurera qu'à l'aune de sa réelle mise en oeuvre. La nécessité de ressources additionnelles sur une base prévisible constitue une condition préalable au développement durable des pays les moins développés et enclavés.

Se félicitant de ce que le Secrétaire général ait souligné l'importance de la lutte contre la pauvreté, le Ministre a affirmé que la baisse du niveau de vie dans la presque totalité des pays les moins avancés constitue un témoignage ironique du degré de leur marginalisation, et ce, en dépit du nouveau régime de commerce supposé accélérer une ère de prospérité à travers le monde. Cette anomalie s'aggrave en raison de la diminution croissante de l'aide au développement aux pays les moins avancés. Pour ces derniers, l'investissement étranger direct ne saurait se substituer à l'aide publique au développement.

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Le Ministre a conclu en évoquant la question des réfugiés pour demander la création d'un environnement où les peuples n'auront pas à se déplacer ou fuir leur pays. Le Népal est un des pays qui portent le fardeau des réfugiés. En tant que pays moins avancé et enclavé, la satisfaction des aspirations naissantes du peuple est un exercice pénible. L'ampleur du problème des réfugiés est prouvée par le fait qu'une personne sur 200 au Népal appartient à la catégorie des réfugiés. Le Népal défend le droit au retour de cette population dans la paix et la dignité. Il est déterminé à résoudre ce problème de manière pacifique, par le biais du dialogue.

Droits de réponse

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée s'est déclaré surpris par les allégations mensongères de la République de Corée notamment en ce qui concerne les armes chimiques. La République populaire démocratique de Corée a subi dans les années 50 les attaques chimiques de la part de la Corée du Sud. Elle est d'avis que chaque Etat a le droit d'adhérer ou non à la Convention sur les armes chimiques. La Corée du Sud copie l'attitude de son parrain, les Etats-Unis en ce qui concerne la question des mines terrestres antipersonnel. Abordant, la question des droits de l'homme, le représentant a indiqué que la Corée du Sud n'a aucune leçon à donner lorsque l'on sait que l'incarcération de plusieurs prisonniers politiques remonte à plus de quarante ans en vertu de la "loi nationale de sécurité". Même les Etats-Unis, parrains de la Corée du Sud, ont demandé l'abrogation de cette loi. Abordant les négociations quadripartites, le représentant a préconisé le remplacement rapide de l'armistice actuel par une paix durable, objectif réaliste qui a pourtant été rejeté par la Corée du Sud. La Corée du Sud clame son innocence et offre hypocritement son aide humanitaire à la Corée du Nord, poursuivant en cela des fins politiques visant à isoler la Corée du Nord. La Corée du Sud devrait plutôt déployer des efforts pour contribuer au départ des troupes étrangères dans la région dont la présence n'est que source de tension.

Le représentant de la Fédération de Russie a répondu aux propos tenus ce matin par le représentant de la République de Moldova qui dénonçait la présence illégale de contingents russes en Transnistrie. La Fédération de Russie tient à souligner que cette déclaration est contraire aux accords qui lient la République de Moldova et la Fédération de Russie. Le nombre des forces russes en Transnistrie diminue constamment et un retrait hâtif et mal préparé sans un règlement politique préalable de la question pourrait aboutir à une évolution anarchique de la situation agravée par la présence d'arsenaux. La Fédération de Russie continue de prendre une part active au règlement du conflit et estime que la question doit être réglée dans le respect de l'intégrité territoriale de la République de Moldova. Le processus de rétablissement d'un dialogue entre les parties n'évolue pas aussi simplement que l'aurait souhaité la Fédération de Russie. Le Président de Moldova a lui-

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même compris cette réalité. C'est pourquoi la déclaration du représentant de Moldova ne peut que susciter des doutes quant à la cohérence de la politique du pays d'autant qu'au cours de pourparlers récents, rien de la position défendue aujourd'hui n'a filtré. De l'avis de la Fédération de Russie, le processus de règlement est possible dans une dynamique positive.

Le représentant de la République de Corée, regrettant l'intervention du représentant de la Corée du Nord, a estimé que ce pays n'est pas en mesure de remettre en cause la situation des droits de l'homme dans le monde. Il est bien connue que la Corée du Nord est une dynastie totalitaire qui n'encourage pas la démocratie en son sein, même si elle se vante de vouloir créer le paradis des travailleurs. Il n'y existe pas de liberté de mouvement, de parole ou de pensée. Il n'y a qu'à rappeler que les rapports d'Amnesty International contiennent des informations édifiantes sur les camps de concentration de Corée du Nord. La République de Corée a du se doter d'une loi nationale sur la sécurité pour se prémunir des agissements hostiles de la Corée du Nord dont l'objectif avoué est l'annexion de la République de Corée.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a estimé ne pas devoir relever les assertions du représentant de la République de Corée qui relèvent l'"analphabétisme politique" de ce pays. La République populaire démocratique de Corée qui est reconnaissante de l'aide humanitaire apportée, regrette que la Corée du Sud cherche à saper ces efforts, et pis l'esprit dans lequel cette aide est octroyée.

Le représentant de la République de Corée, ne souhaitant pas épiloguer, a indiqué que son pays a accordé une aide de plus de 280 millions de dollars à la Corée du Nord depuis 1985.

L'observateur de la Palestine a regretté que le Ministre des affaires étrangères d'Israël ait présenté un tableau contraire à la réalité qui prévaut au Moyen-Orient. L'actuel gouvernement israélien a repris l`implantation de colonies de peuplement et a imposé un blocus à l'économie palestiniennes. L'Autorité palestinienne condamne le terrorisme et souhaite que l'élimination de la violence permette de créer une atmosphère favorable au progrès et au développement économique. Les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité restent valables et ne peuvent être remplacées par de soi-disant accords de transition.

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