En cours au Siège de l'ONU

AG/685

L'EGYPTE, ISR'L ET LE SOUDAN EVOQUENT LES CONDITIONS NECESSAIRES A LA REPRISE DU PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT

29 septembre 1997


Communiqué de Presse
AG/685


L'EGYPTE, ISRAEL ET LE SOUDAN EVOQUENT LES CONDITIONS NECESSAIRES A LA REPRISE DU PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT

19970929 La République de Corée réitère son opposition à l'interdiction complète des mines terrestres antipersonnel

L'Assemblée générale a poursuivi ce matin son débat général sous la présidence de M. Hennadiy Udovenko (Ukraine) en entendant la déclaration de M. Amre Moussa, Ministre des affaires étrangères de l'Egypte qui a rappelé que les fondements du processus de paix au Moyen-Orient que sont les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité ainsi que le principe de la "terre pour la paix". Il a affirmé que la politique d'Israël qui tend à imposer ou codifier le "fait accompli", et vider de leur substance les accords conclus a fini par précipiter le processus dans une impasse. Le Ministre s'est félicité de ce que, lors de sa visite dans la région, le Secrétaire d'Etat américain ait réaffirmé les termes de référence de la Conférence de paix de Madrid. Une paix stable et juste, a également affirmé le Ministre, doit se fonder sur des accords de sécurité propres à apaiser les appréhensions et il a invité Israël à signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

M. David Lévy, Ministre des affaires étrangères d'Israël, a invité l'Autorité palestinienne à se joindre à Israël pour lutter contre le terrorisme et la violence, causes essentielles de l'impasse dans lequel se trouve le processus de paix. Le Ministre a estimé qu'il fallait maintenir le règlement de toute question dans le cadre de négociations directes; de mettre en place des filières permanentes et institutionnalisées pour maintenir le dialogue même en période de crise, et de renoncer aux provocations et aux appels au Djihad. Le Ministre a également abordé la question de la réforme de l'ONU pour lancer un appel aux Etats Membres pour qu'ils cessent d'adopter des résolutions unilatérales contre Israël.

Pour sa part, M. Ali Othman Mohamed Taha, Ministre des relations extérieures du Soudan s'est félicité de la conclusion au mois d'avril d'un accord de paix global entre son gouvernement et les factions et entités politiques du Sud du pays, accord qu'il a qualifié d'"événement politique le plus important de l'histoire du Soudan". M. Taha a engagé l'ONU et les autres partenaires du développement à contribuer au retour et à la réinstallation des réfugiés. Abordant la situation au Moyen-Orient, le Ministre a invité Israël à mettre un terme à sa politique de création de colonies de peuplement et à se retirer des territoires arabes occupés.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/685 29 septembre 1997

M. Yoo Chong-Ha, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée a estimé que l'interdiction complète des mines terrestres antipersonnel ne constitue pas une solution satisfaisante pour son pays confronté à tout moment à un risque de reprise d'une guerre totale. Un règlement définitif de la question nucléaire nord-coréenne n'interviendra que lorsque ce pays respectera pleinement les accords de garantie de l'AIEA, ainsi que la Déclaration commune de 1991 sur la dénucléarisation de la péninsule.

De son côté, M. Michael Powles, Chef de la Délégation de la Nouvelle- Zélande, après avoir soutenu l'ensemble des réformes proposées par le Secrétaire général, a regretté la lenteur des Etats Membres à s'acquitter de leurs obligations financières. Il a souhaité que la question des groupements régionaux fasse l'objet de plus amples considérations, rappelant à cet égard que son pays est classé dans le Groupe des Etats d'Europe occidentale et autres Etats, alors qu'il appartient aux pays du Pacifique et de l'Asie.

Pour sa part, M. Denzil Douglas, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis a estimé que pour être efficace la réforme de l'ONU doit profiter à tous les Etats et ne pas se limiter au règlement de la crise financière. Il a regretté le peu d'attention accordé aux troubles politiques et sociaux dans les petits Etats insulaires, exhortant la communauté internationale à respecter les engagements pris lors de la Conférence de la Barbade.

M. S. Jayakumar, Ministre des affaires étrangères de Singapour, s'est déclaré peu convaincu par la volonté de changement des membres permanents du Conseil de sécurité, remarquant que nombre d'entre eux n'ont que récemment accepté que trois sièges permanents soient octroyés aux pays en développement. Il a suggère que chaque membre permanent soit élu par au moins deux tiers des Etats Membres ou, à défaut, que les sièges permanents des pays en développement soient soumis à un système de rotation.

M. Nicolae Tabacaru, Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova, a souhaité que son pays fasse partie du système des forces en attente de l'ONU. S'agissant du conflit qui a éclaté en 1992 dans la région de Transnistrie, le Ministre a estimé que pour y mettre fin , il faudrait assurer une médiation plus active de la Fédération de Russie, de l'Ukraine, et de la Mission de l'OSCE et de mobiliser un appui plus ferme de l'ONU".

Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu cet après-midi à 15 heures, la plénière de l'Assemblée générale entendra les déclarations du Président de Bolivie, ainsi que les interventions des délégations de la Namibie, des Philippines, de la Thaïlande, du Liban, du Koweït, du Burkina Faso et du Népal.

Suite du débat général

M. DENZIL DOUGLAS, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de St. Kitts-et-Nevis, a rappelé que les pays les plus démunis continuent d'être menacés par l'aggravation de la pauvreté. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle aide davantage les pays en difficulté à se doter de structures appropriées. C'est dans ce sens que doit aller la réforme de l 'Organisation. "Pour que les réformes soient efficaces, il ne faut pas qu'elles profitent à certains Etats mais à tous" a déclaré M. Douglas. Le Premier Ministre a souhaité qu'en matiére de réforme du Conseil de sécurité, une plus grande importance soit accordée à la question de la représentation géographique équitable. En effet, la réforme des Nations Unies ne doit pas étre confondue avec les obligations financières des Etats Membres de l'Organisation. M.Douglas a rappelé que les Etats Membres devaient travailler ensemble, quelque soit leur niveau économique, pour résoudre le problème de la pauvreté. Il faut développer davantage les relations entre décideurs politiques et les organisations privées. A cet égard, M.Douglas a salué la donation faite par M. Ted Turner aux Nations Unies estimant qu'il s'agisssait là d'un geste humanitaire exceptionnel.

Après avoir rappelé la situation qui prévaut dans les Caraïbes, le Premier Ministre a estimé que la démocratie n'est pas uniquement une donnée politique mais également une condition économique. La pauvreté a été pendant trop longtemps liée au destin des petits Etats insulaires. M. Douglas a soutenu que l'on accordait trop peu d'attention aux troubles politiques et aux conflits sociaux de ces Etats. Face à la mondialisation, les Etats insulaires se trouvent de plus en plus isolés et négligés a-t-il déclaré. Le Premier Ministre a soutenu que ces Etats avaient besoin d'une aide institutionnelle et du partenariat des pays développés pour aider leur jeunesse à d'adapter aux circonstances mondiales en évolution.

Il ne faut pas perdre de vue le lien qui existe entre la croissance économique et la stabilité politique et sociale à long terme, et, un dévelop- pement durable dans les Caraïbes serait dans l'intérêt de tous. Dans les années à venir St. Kitts et Nevis entend continuer la lutte contre la pauvreté. Mais les concepts de souveraineté et de gouvernement seraient constamment défiés lorsque nous essayons de maîtriser des puissances telles que la criminalité organisée qui continue de miner notre société et de menacer notre démocratie. Le caractére transnational de l'information, des capitaux, du travail et des progrès technologiques n'épargnent pas à nos petits pays les dures conséquences de la mondialisation.

L'industrie de la banane et du sucre est un des piliers économiques de l'île. Elle fournit la plus grande partie des emplois et permet de gagner des devises. Cependant, sans aucun égard pour notre survie, cette industrie est soumise à rude concurrence avec pour objectif final son total démantélememt. Le Gouvernement de St. Kitts-et-Nevis a fait un effort

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considérable pour diversifier son économie et encourager les investissements directs. Mais, la mondialisation et les "forces maléfiques du libre-échange" vont à l'encontre des efforts déployés par St.Kitts et Nevis.

Convaincu de la priorité à accorder à l'économie et à l'éducation, M.Douglas a fermement déclaré que son pays ne deviendrait pas un pays de mendiants. Les citoyens de St.Kitts-et-Nevis ont le droit de vivre dans le respect et la dignité humaine.

Après avoir rappelé la catastrophe de Montesserat, le Premier Ministre a demandé à la communauté internationale de donner suite aux engagements pris dans le Plan d'action des Barbades.

M. YOO CHONG-HA, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a jugé que les dernières propositions du Secrétaire général contiennent un large éventail de réformes qui visent à renforcer l'ensemble du système des Nations Unies. La République de Corée est convaincue que la plupart des idées du Secrétaire général peuvent se concrétiser au cours de la présente session grâce à un débat ouvert bénéficiant de la participation de tous les Etats Membres. Cependant, les Nations Unies ne pourront procéder à une transition efficace vers le 21ème siècle sans un appui financier approprié. Pour sa part, la République de Corée, qui s'est engagée à payer l'intégralité de sa contribution dans les délais impartis, participera aux efforts visant à adopter au cours de cette session un barème des quotes-parts plus équitable. Elle examine la possibilité de passer progressivement du Groupe C au Groupe B en ce qui concerne sa contribution au budget des opérations de maintien de la paix.

Tout projet de réforme du Conseil de sécurité devrait permettre aux Etats de puissance moyenne de participer aux travaux du Conseil eu égard à leurs capacités d'action et de paiement, a observé le Ministre qui a jugé nécessaire de déployer davantage d'efforts pour rendre le Conseil plus représentatif et démocratique. En qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité dont le mandat prendra fin le 31 décembre prochain, la République de Corée a contribué comme, il le fallait, à la cause de la paix et de la sécurité internationales. Elle estime toutefois que l'adhésion universelle aux régimes de non-prolifération existants représente une étape essentielle pour la non-prolifération des armes de destruction massive et se félicite à cet égard de l'entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques en exhortant les Etats Membres qui n'y sont pas encore parties, notamment la Corée du Nord, de le devenir au plus tôt.

La République de Corée a décidé de prolonger pour une période indéfinie son moratoire sur l'exportation des mines terrestres antipersonnel censé expirer à la fin de l'année. Tout en réitérant le plein appui de son pays à la noble croisade qui vise à protéger les civils innocents de ce fléau, le Ministre a fait remarquer que l'interdiction complète et totale des mines ne constitue pas une solution satisfaisante pour la République de Corée qui est confrontée au risque réel de reprise d'une guerre totale. C'est la raison

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pour laquelle, le projet de convention, adopté à Oslo il y a deux semaines, ne reflète pas la nature exceptionnelle en matière de sécurité de la situation qui prévaut sur la péninsule coréenne. La République de Corée qui vit toujours sous la menace du terrorisme, soutient fermement les efforts internationaux pour combattre le terrorisme et souligne l'importance de retenir le principe de la tolérance zéro.

M. Yoo s'est félicité de l'adoption de l'Agenda pour le développement et des propositions du Secrétaire général pour renforcer les initiatives économiques et sociales ainsi que les activités de développement des Nations Unies. De son côté, la République de Corée en tant que nouveau membre de l'OCDE participera plus vigoureusement aux projets de coopération Sud-Sud. En mai dernier, la République de Corée a créé, en coopération avec le PNUD, l'Institut international du vaccin dont l'objectif est de développer les vaccins pour les enfants, en particulier dans les pays en développement.

Revenant à la situation dans la péninsule coréenne, le Ministre a estimé que seuls le dialogue et la réconciliation permettront de progresser et de résoudre pacifiquement le différend. La République de Corée émet l'espoir que la Corée du Nord réalisera l'importance d'entretenir de meilleures relations intercoréennes grâce à sa participation aux pourparlers quadripartites. La République de Corée continuera à apporter une aide humanitaire à la Corée du Nord. Elle estime qu'au cours de l'année écoulée les efforts internationaux pour résoudre la question nucléaire de la Corée du Nord ont connu une évolution positive, grâce à l'entrée en vigueur de l'Accord-cadre conclu en 1994 à Genève et à la cérémonie de lancement du projet de réacteur à eau lourde qui a eu lieu le mois dernier sous les auspices de l'Organisation pour le développement énergétique de la péninsule de Corée (KEDO). "Le règlement définitif de la question nucléaire nord-coréenne ne sera possible que lorsque la Corée du Nord respectera pleinement les accords de garantie de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ainsi que la Déclaration commune sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne signée par les deux Corées en 1991.

M. JAYAKUMAR, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a accueilli avec satisfaction les propositions du Secrétaire général concernant la réforme des Nations Unies et il a demandé instamment à tous les pays de les appuyer dans l'intérêt du système. Il a observé que les Membres Permanents du Conseil de sécurité avaient une influence décisive sur la réforme et qu'il n'était pas certain que ceux-ci souhaitent vraiment des changements, à moins que ce ne soit selon leurs propres termes et sans aucune érosion de leurs prérogatives actuelles.

Le Ministre a attiré l'attention sur le fait que de nombreux Membres permanents n'ont jusqu'ici indiqué clairement que leur souhait de voir le Japon et l'Allemagne devenir de nouveaux membres. Ils n'ont que récemment accepté par principe que trois sièges de Membres permanents soient attribués aux pays en développement d'Asie, d'Afrique et d'Amérique. Cependant leur mode de désignation reste encore flou. Une des possibilités consisterait à

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désigner chaque pays par un vote des deux-tiers de tous les Etats Membres. Une autre possibilité serait de soumettre les sièges des pays en développement à un système de rotation. Or ce serait une contradiction dans les termes que de dire qu'un siège permanent est sujet à rotation. Il a fait part de ses réserves concernant ce système sauf pour l'Afrique où c'est un principe établi. Bien qu'il soit favorable à ce que l'Allemagne et le Japon soient des Membres permanents, un tel choix comparé à celui des pays en développement est discriminatoire. Il a en outre noté que même les Membres permanents qui soutiennent le Japon et l'Allemagne restent silencieux quant à leur droit de veto. En conclusion, il estime que ce serait une erreur historique de lier la réforme administrative et structurelle proposée par le Secrétaire général, à celle du Conseil de sécurité, qui est bien plus sujette à contentieux.

M. AMRE MOUSSA, Ministre des affaires étrangères de l'Egypte, a estimé que la première étape de la réforme de l'Organisation doit conduire à la naissance d'une volonté collective ferme de renforcer le système des Nations Unies par le biais d'une approche intégrée, et ce, dans l'intérêt de tous. La réforme administrative ne doit en aucun cas affaiblir la capacité de l'Organisation à mettre en oeuvre les programmes adoptés par les Etats Membres. En ce qui concerne les questions de financement, il est clair que les contributions des Etats Membres sont partie intégrante de leurs obligations entérinées par la Charte. Ils doivent donc payer à temps et sans condition. Le déclin des ressources allouées aux programmes de développement doit inciter les Etats Membres à réexaminer les modalités des activités opérationnelles de l'ONU dans ce domaine afin d'assurer une un approvisionnement financier régulier. S'agissant de la proposition du Secrétaire général d'élaborer un nouveau concept de Conseil de tutelle, le Ministre a jugé impératif de discuter de l'importance et de la nécessité de placer sous une tutelle collective des questions instituées par la communauté internationale dans un cadre d'accords interna- tionalement établis exprimant par là-même la volonté de la communauté internationale dans son ensemble.

Pour ce qui est de la question relative aux droits de l'homme, le Ministre a souligné l'appel de plusieurs pays tendant à ce que ce concept reflète au mieux les apports des différentes cultures et civilisations. Une telle initiative épargnerait à la communauté internationale les accusations de négligence, de double standard ou de vision biaisée par un concept culturel unique. Le Ministre, sur la réforme du Conseil de sécurité, a donné son appui à un système de rotation des Etats Membres, fondé notamment sur le rôle joué par un pays dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et régionales, y compris ses capacités de participer aux opérations de maintien de la paix. Une attention doit également être accordée à la faculté du pays à préserver et à défendre les intérêts de sa région. Le Ministre a également plaidé en faveur d'un usage moins fréquent du droit de veto qui ne devrait s'appliquer qu'en vertu du Chapitre VII de la Charte. Il s'est dit partisan d'une réévaluation des régimes de sanctions qui doivent tenir dûment compte des aspects humanitaires et de la souffrance infligée aux populations concernées.

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Sur la situation au Moyen-Orient, le Ministre a souligné les fondements du processus de paix que sont les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et leur essence qui est le principe de la "terre pour la paix". Il est également entendu, a insisté le Ministre, que chaque partie doit privilégier l'esprit de paix et s'abstenir d'imposer ou de codifier la politique du fait accompli, qui porte préjudice aux principes et fondements du processus ou encore qui vide de leur substance les accords conclus par le recours à la force et aux pressions. L'impasse dans laquelle se trouve le processus de paix est entièrement imputable à la politique israélienne qui consiste à poursuivre la construction de colonies de peuplement, à se moquer des accords juridiques, à défier les co-parrains du processus et à placer toute question sur le terrain de la confrontation. Le Ministre a donné les détails de la résolution adoptée, il y a une semaine, par le Conseil des Ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe pour se féliciter ensuite des propos tenus par le Secrétaire d'Etat américain lors de sa visite dans la région où elle a réaffirmé les termes de référence de la Conférence de paix de Madrid. Une paix stable et juste, a poursuivi le Ministre, doit se fonder sur une base d'accords de sécurité propres à apaiser les appréhensions. Dans ce contexte, il est urgent qu'Israël, seul pays dans la région à n'avoir pas accédé au TNP, remédie à cette lacune.

Après avoir donné son point de vue sur la situation en Afrique, les initiatives visant à renforcer les liens entre les pays méditerranéens ou encore sur l'état du commerce et des investissements internationaux, le Ministre a conclu en mettant en garde contre une marginalisation des Nations Unies. Pour éviter que l'ONU ne devienne un club d'élites ou une association de riches et de puissants, il est nécessaire de permettre à l'Organisation d'assumer ses responsabilités dans l'intérêt de tous et ce, sans discrimination. Il revient donc à tous les Etats Membres d'aider cette oeuvre mondiale à sortir de la crise actuelle et de la sauver des dangers qui menacent son existence même.

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M. MICHAEL POWLES, (Nouvelle-Zélande), a rendu hommage aux importants efforts déployés, ces cinquante dernières années par les Nations Unies en matière de promotion du respect des droits de l'homme. Il a appuyé l'ensemble des réformes proposées par le Secrétaire général, le 16 juillet dernier et a demandé aux Etats Membres de considérer ces réformes comme un tout et ne pas s'arrêter à des détails qui plairaient moins à certains.

Faisant une distinction entre efficacité et réduction du budget des Nations Unies, M.Powles a estimé que le financement de l'Organisation ne devrait pas être le fait du hasard. Les Etats Membres ont tendance à payer de plus en plus tard leurs contributions et cela pénalise les Etats Membres qui honorent leurs obligations. Le Gouvernement néo-zélandais, pour sa part, a augmenté son assistance au développement d'approximativement 50% dans les cinq dernières années. M.Powles a également salué le don de M. Ted Turner, estimant que cette offre généreuse donnera une nouvelle impulsion au financement des activités de développement des Nations Unies.

M.Powles a estimé qu'il fallait être clair et réaliste en ce qui concerne les tâches confiées aux Nations Unies et résister à la tentation de faire de la microgestion. Cela constituera un changement fondamental dans le fonctionnement des Nations Unies.

Poursuivant sur la question des réformes, M Powles a estimé que la ressource la plus importante des Nations Unies est son personnel. Si l'on veut attirer les meilleurs et les plus brillants, il faut les recruter, les former,les promouvoir et les payer au meilleur tarif des Etats Membres des Nations Unies.

S'agissant des questions importantes telles que la réforme du Conseil de sécurité et des finances de l'Organisation, la Nouvelle-Zélande jugera les propositions concernant le Conseil de sécurité à l'aune de la démocratie et de la représentativité de l'institution dans son ensemble. Augmenter le nombre de sièges permanents par rapport aux non permanents serait contraire à ce principe et toute réforme du Conseil qui n'introduirait pas des aménagements dans ses méthodes de travail ne sera pas acceptable non plus.

Quant aux réformes financières la Nouvelle-Zélande ne doute pas qu'il y ait des problèmes avec le barème des quotes-parts aussi bien pour le budget régulier comme pour les opérations de maintien de la paix. Le taux plancher actuel n'est pas favorable aux petits pays vulnérables comme les îles du Pacifique, voisines de la Nouvelle-Zélande. C'est là une des situations qui méritent d'être corrigées. Mais ceux qui souhaitent de vrais changements dans le barème des quotes-parts doivent proposer des solutions et non des menaces. Aucun Etat Membre n'a le droit de refuser de payer sa contribution.

Abordant la question des groupements régionaux, M. Powles a estimé qu'il fallait procéder à leur révision afin de les mettre à jour avec les réalités géopolitiques contemporaines. Il est anormal par exemple que nos voisins des îles du Pacifique membres du Forum du Pacifique Sud appartiennent au Groupe

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asiatique alors que pour des raisons historiques la Nouvelle-Zélande fasse partie du Groupe des pays de l'Europe de l'Ouest. La Nouvelle-Zélande estime qu'elle appartient davantage aux forum du Pacifique et à l'ASEAN. Il a donc suggéré que son pays soit dorénavant rattaché à ces groupes électoraux dans le système des Nations Unies.

M. ALI OTHMAN MOHAMED TAHA, Ministre des relations extérieures du Soudan, a indiqué que son pays soutiendra les efforts du Secrétaire général en matière de réforme jusqu'à ce que l'Organisation atteigne les objectifs pour lesquels elle a été créée. Qui plus est, la réforme doit consacrer la participation des pays en développement aux activités des Nations Unies, en renforçant notamment la transparence des travaux du Conseil de sécurité. Dans ce domaine, le Soudan réaffirme la nécessité de respecter les principes de la représentation géographique équitable et de la souveraineté des Etats. Le Ministre s'est félicité qu'à la conclusion de la "Charte de la paix" annoncée l'an dernier, ait succédé au mois d'avril celle d'un accord de paix global entre son gouvernement et les factions belligérantes et entités politiques du Sud du Soudan. "Cet Accord, par excellence, est devenu l'événement politique le plus important de l'histoire du Soudan", a jugé le Ministre, avant d'ajouter que l'Accord de paix de Khartoum permettra un règlement définitif du problème soudanais. Le Ministre a souligné que l'Accord prévoit notamment que les populations du Sud pourront exercer leur droit à l'autodétermination dans le cadre d'un référendum organisé à la fin d'une période transitoire de quatre ans. Un accord complémentaire a été conclu afin de prévenir les hostilités et d'assurer un cessez-le-feu entre les parties signataires. En outre, un décret d'amnistie générale a été pris par le Président du Soudan en ce qui concerne tous les crimes commis durant les 14 ans précédant la conclusion de l'Accord de paix. La semaine dernière, un accord a été passé avec la seule faction qui n'avait pas déposé les armes en vue de la reprise des négociations à Nairobi le 28 octobre prochain.

Le Ministre a engagé les Nations Unies, les institutions financières internationales et les autres partenaires du développement à contribuer à la réinstallation des réfugiés en passant de programmes d'aide humanitaire à la mise en place de projets de reconstruction et de développement. Cet appel trouve sa légitimité dans l'esprit et le contenu des délibérations de la session ministérielle du Conseil de sécurité sur l'Afrique, tenue le 25 septembre dernier. Le Ministre a indiqué que son gouvernement a pris des dispositions visant à favoriser l'avènement d'une économie de marché et à libéraliser l'économie. Il a exhorté les pays donateurs et les institutions financières internationales à fournir les ressources nécessaires à la mise en oeuvre du programme de réforme économique. Le Soudan encourage également toutes les aides et investissements privés, et ce, dans tous les domaines.

M. Taha a rappelé l'importance pour les pays africains de la mise en oeuvre de l'Accord international sur la lutte contre la désertification et des recommandations adoptées lors du Sommet mondial sur l'alimentation. Il a fait remarquer le lien indissociable qui existe entre le développement économique et la sécurité et la stabilité, notamment en Afrique. Il s'est félicité de

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l'évolution de la situation au Libéria et a invité les parties à mettre fin à l'effusion de sang en Somalie et en République du Congo, espérant que les efforts déployés par les pays d'Afrique de l'Ouest seront couronnés de succès en Sierra Leone. Il a mis l'accent sur la nécessité pour l'Afrique de disposer d'une aide internationale en matière de déminage. Il a déploré les effets négatifs causés par l'imposition de sanctions à la Jamahiriya arabe libyenne et a souhaité que cette question soit réglée conformément aux propositions présentées par l'OUA.

Abordant la situation au Moyen-Orient, le Ministre a lancé un appel en faveur d'un règlement global, juste et durable de la question, soulignant l'importance du respect des principes de justice et de la protection des droits inaliénables du peuple palestinien et des pays arabes de la région. "Israël devrait mettre un terme à sa politique de création de colonies d'implantation et se retirer des territoires arabes occupés, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale", a déclaré M. Taha. Aussi, le Soudan demande-t-il à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités face à la détérioration de la situation et à l'escalade de la violence. Il l'invite à épargner la région d'une guerre qui menace de se déclarer dans la région en raison de la poursuite de pratiques israéliennes inacceptables.

M. DAVID LEVY, Ministre des affaires étrangères d'Israël, a noté que la communauté internationale commémore, cette année, le vingtième anniversaire de l'initiative de paix du Premier Ministre d'Israël et du Président de l'Egypte. Ces dernières années, depuis 1991, année où la Conférence de Madrid a établi les principes du processus de paix, Israël a enregistré un certain nombre de développements importants : l'instauration d'une paix totale avec la Jordanie et la signature d'accords intérimaires avec les pays voisins. Aussitôt après les élections, le Gouvernement israélien a décidé d'honorer les Accords d'Oslo et a oeuvré pour les appliquer. Malheureusement, la confiance a été ébranlée par suite de l'absence de réciprocité, les Palestiniens n'ayant pas réalisé, de leur côté, leur part des accords signés. Malgré les actes terroristes, les citoyens israéliens n'ont pas encore perdu leur espoir dans la paix, a fait remarquer M. Levy.

La paix signifie l'abandon de la violence, de manière irréversible et sans équivoque, mais aussi le dialogue, la négociation, le respect scrupuleux et mutuel des accords, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères. Le terrorisme ne surgit pas du néant. Maintes fois, le monde a vu des organisations terroristes adopter une apparence innocente tout en constituant une infrastructure de soutien à l'exécution d'actes criminels. On ne peut admettre le terrorisme comme instrument d'une lutte quelle qu'elle soit. Il appartient donc à la communauté internationale de dénier au terrorisme tout droit de cité, toute légitimité, tout consentement fût-il tacite. Depuis 1993, année de la signature des Accords d'Oslo, l'Autorité palestinienne ne cesse de réaffirmer sa détermination à lutter contre le terrorisme. Or la preuve a été faite que cet engagement n'est pas tenu. L'Autorité doit agir avec Israël contre le terrorisme et la violence. Il ne

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s'agit d'un diktat ni d'une tentative de coercition mais d'une exigence de respecter l'accord signé, a souligné le Ministre. De l'avis d'Israël, compte tenu des crise répétées, il convient notamment de maintenir le cadre de négociations directes; les parties évitant de transférer leurs différends dans l'arène internationale. Il faut également mettre en place des filières permanentes et institutionnalisées qui maintiendront le dialogue, même en période de crise. La renonciation aux provocations et aux appels du Djihad doit devenir effective.

Se félicitant de la visite du Secrétaire d'Etat américain dans la région, le Ministre a renouvelé la proposition de son pays d'accélérer le processus de négociations sur l'accord final en lui assignant, par avance, une durée déterminée. Les tentatives d'internationaliser le conflit et de transférer les négociations dans le cadre de l'ONU et dans d'autres forums internationaux n'auront aucun effet, a affirmé M. Levy. Il a ajouté que la paix à laquelle son pays aspire ne pourra s'instaurer que lorsqu'un accord aura été conclu avec la Syrie et le Liban. A cet égard, Israël ne peut tolérer la poursuite d'actions violentes et le maintien de la tension à sa frontière nord, a-t-il souligné en dénonçant les activités d'organisations telles que le Hezbollah.

Pour faire régner la paix, a ajouté M. Levy, il ne suffit pas de signer des accords et des traités. Il faut encore créer une réalité pacifique, en d'autres termes, la normalisation. Les résolutions des ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe, qui appelle à freiner cette normalisation reviennent, en fait, à boycotter la paix elle-même. Le gel continu et délibéré des négociations multilatérales contribue également à fragiliser la paix. Le doute qui plane concernant la tenue de la conférence économique régionale, prévue pour la fin de l'année au Qatar, est un témoignage supplémentaire de cette tendance négative. Les dirigeants iraniens retrouvent à nouveau un ton et une phraséologie menaçants et les tentatives de l'Iran et de l'Iraq de se doter d'armes de destruction massive constituent, aujourd'hui, la plus grave menace pour la paix et la stabilité dans la région.

Ce n'est qu'après l'établissement de relations de paix entre Israël, les Etats arabes et les autres pays du Moyen-Orient qu'il sera possible de mettre en place un système de défense régionale, qui fournira une réponse multilatérale commune à l'ensemble des problèmes de sécurité du Moyen-Orient, a affirmé M. Levy.

M. NICOLAE TABACARU, Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova, a pris note du programme de réforme proposé par le Secrétaire général, notamment les propositions visant à éviter les doubles emplois de certaines institutions spécialisées de l'ONU. Il a souligné la nécessité de réformer le système de paiement des contributions. Le Ministre a appuyé les efforts des Nations Unies pour maintenir la paix et la sécurité internationale. Il a indiqué qu'il venait de signer, le 24 septembre, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il a souhaité que son pays fasse partie des pays contributeurs de Forces de l'ONU en attente, tout

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en exprimant son intention de fournir au Secrétariat général les contingents et les équipements prêts à cette fin.

Le Ministre a souligné que les récentes tendances séparatistes apparues dans les nouveaux Etats indépendants, membres de l'ONU, n'ont rien de commun avec l'aspiration légitime des peuples à l'autodétermination. Selon lui, les tentatives d'interpréter le droit à l'autodétermination comme le droit d'une communauté ethnique ou nationale de constituer son propre gouvernement et de se séparer sont tout à fait dangereuses pour la sécurité régionale et internationale. Le Ministre a fait part des difficultés de son pays concernant le processus de réforme économique, et a demandé l'appui des pays développés, de l'ONU et des autres organisations internationales.

Le Ministre a déclaré que les autorités de la République de Moldova agissent pour trouver des solutions pragmatiques au conflit qui a éclaté en 1992 dans la région de Transnistrie. Il a estimé que la partie transnistrienne insiste sur un modèle de règlement contraire à la Constitution de la République de Moldova et porte préjudice au principe de souveraineté sur l'intégralité du territoire. Selon lui, les dirigeants séparatistes ont émis deux actes anticonstitutionnels. "Il est de mon devoir de souligner que pour mettre fin à ce conflit aussi vite que possible, il est nécessaire d'assurer tant une médiation plus active de la part de la Fédération de Russie, de l'Ukraine, et de la Mission de l'OSCE, tant un appui plus ferme de la communauté internationale et, en premier lieu, de l'ONU". Le conflit de Transnistrie menace la paix et la sécurité sous-régionale et régionale. Le régime séparatiste est appuyé par une puissante force paramilitaire, qui provient de la dotation des forces militaires de la Fédération de Russie stationnées illégalement sur le territoire de la République de Moldova, a-t-il déclaré. "Il est impérieux de coordonner le retrait des troupes russes avec le désarmement et la liquidation des forces paramilitaires transnistriennes". Le Ministre a fait observer qu'il était dans l'attente d'une implication de la communauté internationale car l'expérience récente a montré que toutes les tentatives des autorités de la République de Modova de régler le conflit par le dialogue et les négociations n'ont pas abouti. Il a souligné que le stationnement illégal des contingents militaires de la Fédération de Russie sur le territoire de la République de Molodva se poursuivait. Le terme de l'accord moldo-russe concernant le retrait des formations militaires russes du territoire moldave expirera le 21 octobre 1997 sans que la Douma d'Etat n'ait ratifié l'accord. Il a estimé que l'admission de la Fédération de Russie au Conseil de l'Europe a été conditionnée au retrait de ses troupes du territoire de la République de Moldova, a-t-il rappelé. En conclusion, il a exprimé l'espoir que l'évacuation et le retrait des troupes du territoire de la République de Moldova seront achevés le plus tôt possible.

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( suivre)

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