En cours au Siège de l'ONU

AG/683

A L'AUBE DU NOUVEAU MILLENAIRE, LE DROIT DE VETO PARAIT ANACHRONIQUE A PLUS D'UN ORATEUR, A L'ASSEMBLEE GENERALE

26 septembre 1997


Communiqué de Presse
AG/683


A L'AUBE DU NOUVEAU MILLENAIRE, LE DROIT DE VETO PARAIT ANACHRONIQUE A PLUS D'UN ORATEUR, A L'ASSEMBLEE GENERALE

19970926 Beaucoup plaident également pour le renforcement des mécanismes de diplomatie préventive

Poursuivant ce matin les travaux de sa cinquante-deuxième session, l'Assemblée générale a entendu l'allocution de Sa Majesté le Roi Mswati III, Chef d'Etat du Royaume du Swaziland qui s'est félicité des propositions de réforme du Secrétaire général. Il a indiqué que dans le cadre de la réforme du Conseil de sécurité, les pays d'Afrique estiment que leur continent doit se voir attribuer deux sièges permanents avec droit de veto. Le Roi Mswati III a également évoqué l'instabilité et les conflits qui affligent le continent africain et notamment la situation au Sierra Leone, au Congo, dans les Comores, dans la région des Grands Lacs, dans la Corne de l'Afrique et en Angola. Le Roi Mswati III s'est félicité des élections qui se sont tenues au Libéria et de l'évolution de la situation au Sahara occidental. Il a évoqué l'importance des initiatives de l'OUA et des organisations sous-régionales comme l'ECOWAS et le SADC afin de résoudre les crises que connaît le continent africain et de maintenir la paix dans la région.

Dans le cadre de son débat général, l'Assemblée général a entendu une allocution de M. Alfred Sant, Premier Ministre de Malte. Au nom du Gouvernement nouvellement élu, il a annoncé que Malte a décidé d'affirmer sa neutralité, en entretenant des relations aussi transparentes que possible avec l'ensemble des pays européens et du bassin méditerranéen. Ajoutée à sa neutralité, sa position géographique unique permet au Gouvernement maltais de promouvoir la stabilité et la compréhension mutuelles entre les peuples de l'Europe et de la Méditerranée. C'est pourquoi, il a demandé qu'un bureau pour la Méditerranée soit crée au sein du Département des affaires politiques de l'Organisation. A l'aube du nouveau millénaire, l'Organisation doit être mieux adaptée et plus démocratique. Le droit et l'utilisation du veto sont des principes anachroniques qu'il faut limiter et à long terme éliminer.

(à suivre 1a)

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Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, M. Dato Seri Abdullah Haji Ahmad Badawi, évoquant le "crash financier" que viennent de subir un certain nombre de pays d'Asie du Sud-est, a remarqué que dans un monde interdépendant, une telle crise exige une action prompte des institutions financières multilatérales, comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, pour assister les économies affectées de la région à surmonter les effets de la manipulation excessive des spéculateurs financiers et à empêcher qu'elle ne se reproduise. Concernant la réforme des Nations Unies, M. Badawi a estimé qu'il était impératif que, dans un monde unipolaire, les Nations Unies préservent leur indépendance ou leur autonomie et prennent des décisions dans l'intérêt de tous les Etats Membres, et non seulement au profit d'un groupe d'Etats Membres en particulier. Il faudrait envisager la suppression ou dans un premier temps la restriction du droit de veto.

Dans sa déclaration, M. Dariusz Rosati, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a dit l'extrême importance que son pays attache à la poursuite du processus de désarmement, et espère que la Fédération de Russie ratifiera les prochains traités. Il a indiqué que son pays est prêt à assumer ses responsabilités au sein de l'OTAN et de la CEE.

M. Fatos Nano, Premier Ministre de l'Albanie, a remercié la communauté internationale d'avoir rapidement réagi et d'avoir fait preuve d'un grand sens de la responsabilité, de l'unité et de la solidarité. La tenue d'élections le 29 juin en Albanie doit jeter les bases d'un système démocratique stable. Le Gouvernement de coalition est déterminé à travailler avec une nouvelle philosophie pour assurer un processus de réconciliation, une coopération constructive, un relèvement économique et un retour à la normalité du pays.

Pour le Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, la réforme du Conseil de sécurité est la tâche la plus délicate, qui ne doit pas être conduite de façon hâtive. Elle doit reposer sur un consensus et contribuer à promouvoir une plus grande cohésion entre les Etats Membres de l'Organisation. Le Gouvernement espagnol souhaite que l'élargissement de la composition du Conseil soit limité aux membres non permanents. Les propositions formulées par certaines délégations visent à répondre aux intérêts légitimes d'un petit nombre d'Etats mais ne règlent pas les problèmes de l'Organisation. Le droit de veto devrait être restreint aux situations relevant du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.

Dernier orateur de la matinée, M. Hallbor Asgrimsson, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l'Islande, a estimé que l'initiative de réforme du Secrétaire général est la tentative la plus complète et la plus réaliste. Cette priorité ne saurait néanmoins détourner l'attention de la communauté internationale des problèmes de résolution des conflits régionaux et de la préservation de l'environnement, principalement des écosystèmes marins. A cet égard, il a appelé à la conclusion d'un accord juridiquement contraignant pour limiter les émissions de substances toxiques et non biodégradables. Il s'est également inquiété du fossé toujours plus grand entre pays riches et pays pauvres et a plaidé en faveur d'une solution définitive au problème de la dette extérieure des pays les plus pauvres. (à suivre - 1b)

- 1b - AG/683 26 septembre 1997

L'Assemblée générale reprendra son débat général cet après-midi, à partir de 15 heures. Elle entendra une allocution du Prince héritier Albert de Monaco, avant de donner la parole aux ministres des affaires étrangères de la Grèce, des Comores, de Myanmar, de la Turquie, de Panama, de la Bosnie- Herzégovine et de l'Ouganda.

Allocution de sa Majesté le roi Mswati III, Chef d'Etat de Royaume du Swaziland.

S. M. LE ROI MSWATI III, Chef d'Etat du Royaume du Swaziland, s'est félicité des premières propositions de réforme du Secrétaire général, notamment celles qui visent à réduire les dépenses administratives de l'ONU et à renforcer l'efficacité des programmes de développement sur le terrain. Il s'est également félicité des deuxièmes propositions de celui-ci concernant la réforme économique et sociale, le développement de la coopération, l'aide humanitaire et les droits de l'homme. Le Swaziland exhorte tous les Etats Membres à soutenir les propositions de réforme. La question de la composition et de l'élargissement du Conseil de sécurité est essentielle. Il faut que les pays en développement soient mieux représentés et figurent au nombre des membres permanents du Conseil de sécurité. Le Swaziland soutient la "position commune africaine" qui demande, entre autre, que la composition du Conseil de sécurité soit basée sur une formule de représentation géographique équitable, qu'elle soit régionale ou continentale. Il faut que le Conseil de sécurité puisse être plus démocratique. Les pays d'Afrique estiment que le continent africain doit avoir deux sièges permanents avec droit de veto. La nomination à ces sièges se ferait par un mécanisme mis en place par l'Organisation de l'unité africaine (OAU).

Le Roi Mswati III a également évoqué la question des finances des Nations Unies, qui se trouve au coeur du processus de réforme. Les efforts du Secrétaire général afin que l'Organisation soit à la fois moins coûteuse et plus efficace doivent être soutenus par l'ensemble des Etats membres qui doivent régler leurs arriérés. Le Swaziland se réjouit des initiatives prises en vue de réduire les armes nucléaires et plus particulièrement de l'engagement pris par les Etats Unis et la Fédération de Russie de poursuivre et de conclure les programmes "start". Le Swaziland se félicite également du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires et de la Convention sur les armes chimiques. Il soutient la proposition du Secrétaire général de créer un nouveau Département pour le désarmement. Par ailleurs, le Royaume du Swaziland continue à soutenir les efforts en cours en vue d'éliminer la production, l'utilisation et la vente des mines antipersonnel et se félicite de la signature prochaine du Traité conclu à la suite des négociations d'Oslo sur les mines antipersonnel. En ce qui concerne la situation au Moyen-Orient, il est clair que la communauté internationale doit continuer à soutenir le processus de paix et à s'efforcer de ramener les deux parties à la table des négociations.

Le Roi Mswati III a évoqué l'instabilité et les conflits sur le Continent africain et notamment la situation en Sierra Leone, au Congo, aux Comores, dans la région des Grands Lacs, dans la Corne de l'Afrique et en Angola. Le Swaziland continue à soutenir tous les efforts de paix. Le Roi Mswati III s'est félicité des élections qui se sont tenues au Libéria et de l'évolution de la situation dans le Sahara occidental. Il a évoqué les initiatives de l'OUA et des organisations sous régionales comme l'ECOWAS et le

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SADC afin de résoudre les crises que connaît le continent africain et de maintenir la paix dans la région. Une des initiatives importantes a été la préparation de forces africaines de maintien de la paix pouvant être déployées sur le continent africain. Le Swaziland tient a remercier les Etats-Unis pour leur "initiative de réponse aux crises africaines" centrée sur un grand nombre de pays africain, dont le Swaziland.

En ce qui concerne la question de Taiwan, le Swaziland estime qu'il est temps de réexaminer cette question et de prendre en compte les profonds changements intervenus depuis 1971. Le roi Mswati III a évoqué la mondialisation et la libéralisation de l'économie. Les pays en développement ont besoin du soutien des pays développés. La Stratégie nationale de développement du Swaziland a répertorié les priorités du Gouvernement pour les vingt-cinq prochaines années. Un programme de restructuration se poursuit dans le pays et le Gouvernement a pris des mesures pour améliorer l'économie du pays. Le Swaziland a souffert d'une sécheresse dévastratrice de 1991 et de 1992. Il a entrepris un programme de construction de barrages dans les régions rurales. Par ailleurs, le Swaziland a procédé à une évaluation de sa constitution nationale et remercie la communauté internationale de son soutien. La participation de l'ensemble de la population à cette évaluation permettra d'établir un document qui reflètera les souhaits de toute la population.

M. DATO SERI ABDULLAH HAJI AHMAD BADAWI, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a fait remarquer qu'un certain nombre de pays de l'Asie du Sud-est ont connu ces dernières semaines de graves perturbations à la suite de la dépréciation de leur monnaie respective. Cette chute a été précipitée par les spéculateurs financiers qui ont tiré profit de la vulnérabilité des pays en développement, et en particulier de la fragilité de leurs marchés financiers. Ce qui s'est produit en Asie du Sud-est pourrait également se produire dans d'autres régions du monde qui dépendent de façon croissante des flux de capitaux pour leur croissance économique. Dans un monde interdépendant, la crise financière en Asie du Sud-est exige une action prompte des institutions financières multilatérales, comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, et des pays développés qui devraient assister les économies affectées de l'Asie de l'est à surmonter les effets de cette manipulation excessive et à prévenir leur retour. Leur action positive à cet égard est particulièrement importante pour maintenir l'engagement continu et la confiance des pays en développement face à la mondialisation, sur laquelle le libre échange international dépend de façon considérable.

Faisant référence à la sécurité des Etats et à celle des individus en particulier dans les pays en développement, le Ministre a fait observer que l'élévation de l'importance des droits de l'homme au niveau international a été exploitée et politisée pour servir des intérêts très limités et des priorités politiques particulières. Il a estimé que si l'intérêt des Etats est de favoriser l'application de la politique des "deux poids, deux mesures", la sélectivité et la récrimination mutuelle, la noble cause de la promotion des droits de l'homme universels risque d'en souffrir. Les violations

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flagrantes des droits de l'homme, commises en Bosnie-Herzégovine, dans les territoires arabes occupés ou dans d'autres régions du monde, doivent être condamnées et empêchées, si les Nations Unies veulent jouer un rôle efficace en matière de promotion et de protection de ces droits. Lorsque l'on commémorera le Cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il faudra procéder à l'examen des textes pertinents des droits de l'homme ainsi qu'à la façon dont il ont été mis en oeuvre. Il faudrait réaffirmer l'engagement en faveur d'une approche équilibrée à l'égard de tous les aspects des droits de l'homme - civils, politiques, sociaux, économiques et culturels. L'interprétation ou l'application sélective des droits de l'homme n'affaiblira pas leur valeur mais elle affaiblira de façon plus sensible le bien-être des individus dans les régions du monde qui subissent encore des tensions causées par une haine séculaire. Le Ministre a souligné qu'il n'existe aucune contradiction entre les droits de l'individu et les droits collectifs. Ils ne sont pas mutuellement exclusifs mais constituent plutôt la base d'une relation mutuellement complémentaire et équilibrée. A cet égard, la Malaisie se félicite de la nomination de Mme Mary Robinson au poste de Haut Commissaire aux droits de l'homme et a émis l'espoir qu'avec le Secrétaire général, elle sera en mesure d'améliorer le rôle du mécanisme des droits de l'homme des Nations Unies. Les Nations Unies demeurent la seule institution qui soit dotée d'un mandat pour répondre aux causes d'instabilité et de conflit et pour traiter de manière globale et intégrée la grande variété de questions économiques, sociales et écologiques liées au développement. L'engagement des Nations Unies en faveur du développement demeure son rôle le plus crucial. Alors que les actions de l'Organisation en matière de maintien de la paix font la une des médias, ce sont ses activités en matière de développement, en termes de création de ressources et d'amélioration des conditions de vie des populations, qui sont essentielles aux Etats Membres. Il est apparu clairement que tandis que l'éradication de la pauvreté et le renforcement du développement incombe aux Etats eux-mêmes, le système des Nations Unies a un rôle clé de conception et de promotion à jouer. L'objectif ultime qui vise à garantir le développement des pays en développement demeure le même. Les Nations Unies doivent projeter fermement la nécessité d'atteindre des niveaux plus élevés de croissance, de développement accéléré et de distribution géographique équitable de croissance. A cet égard, il est nécessaire que l'approche au développement tienne compte des réalités économiques, politiques et technologiques de notre temps, en particulier l'influence du secteur privé, a recommandé M. Badawi. Les Nations Unies devraient explorer de nouveaux moyens visant à renforcer la coopération avec le secteur privé. Les sociétés privées pourraient assister les gouvernements dans le domaines des technologies écologiquement rationnelles.

Abordant la question de la réforme des Nations Unies, M. Badawi a déclaré qu'il est impératif que les Nations Unies continuent d'être une institution démocratique, responsable à l'égard de tous. Il est indispensable que dans un monde unipolaire les Nations Unies préservent leur indépendance ou leur autonomie et prennent des décisions dans l'intérêt de tous les Etats Membres, et non seulement au profit d'un groupe d'Etats Membres en

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particulier. Le processus de démocratisation des Nations Unies est particulièrement important dans le contexte de la réforme de l'Organisation. La Malaisie est favorable à un règlement rapide de cette question. L'Ambassadeur Razali Ismaïl a, en sa qualité de Président de la 51ème session de l'Assemblée générale et de Président du Groupe de travail de haut niveau sur la réforme et la restructuration du Conseil de sécurité, fait de son mieux pour faire progresser ce processus. Il faudrait continuer à déployer des efforts concertés pour que le Conseil de sécurité reflète les réalités et, en particulier, le rôle important des pays en développement dans les relations internationales. En même temps, il ne devrait pas y avoir de discrimination entre les anciens et les nouveaux membres permanents. Si la réforme du Conseil de sécurité doit être vraiment globale et compatible avec l'esprit et les réalités de notre temps, il faudrait envisager la suppression ou dans un premier temps la restriction du droit de veto. Par ailleurs, la Malaisie appuie l'approche de gestion selon le modèle d'un Cabinet que le Secrétaire général propose, ainsi que la création d'un poste de Vice-Secrétaire général.

Suite du débat général

M. ALFRED SANT, Premier Ministre de Malte, s'est félicité de l'engagement du Secrétaire général à faire des Nations Unies une organisation plus souple et efficace pour relever les défis du XXIème siècle. Les Nations Unies ont en effet un rôle important à jouer en faveur de la promotion de la compréhension et de la coopération mutuelles, qui sont deux éléments essentiels à la survie de l'humanité. Il a apporté son soutien à la création d'une cour criminelle internationale visant à garantir qu'aucun crime contre l'humanité ou aucune violation massive des droits fondamentaux de l'homme ne demeure impuni. Malte soutient également avec force les efforts déployés en vue d'interdire la production et l'utilisation des mines terrestres antipersonnel.

Onze mois après le changement démocratique de gouvernement, Malte réitère son engagement envers les idéaux d'intégration européenne et d'unité méditerranéenne. Afin d'éliminer une fois pour toutes les craintes de ses voisins quant à une menace d'agression, Malte a décidé d'affirmer sa neutralité, en entretenant des relations aussi transparentes que possible avec l'ensemble des pays européens et du bassin méditerranéen. Le gouvernement maltais s'efforce d'établir avec l'Union européenne une zone de libre-échange ainsi qu'un accord de coopération politique, technique et de sécurité à long terme. Fier de son héritage méditerranéen et de sa position géostratégique, Malte souhaite également participer au renforcement du dialogue et de la coopération entre les pays de ce littoral. Ajoutée à sa neutralité, cette position géographique unique permet au gouvernement maltais de promouvoir la stabilité et la compréhension mutuelles entre les peuples de l'Europe et de la Méditerranée. Plus que la menace militaire, ce sont des problèmes de nature politique, environnementale, économique, sociale et humanitaire qui mettent cette région en péril, a-t-il déclaré. Néanmoins la création en Méditerranée d'une zone exempte d'armes nucléaires contribuerait inévitablement au renforcement de la paix et de la stabilité.

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Abordant la question de la réforme de l'Organisation et des objectifs de cette cinquante-deuxième session, le Premier Ministre a estimé que la lutte contre les stupéfiants, contre la dégradation de l'environnement et l'élimination de la pauvreté sont des priorités qui requièrent une attention immédiate. A l'aube du nouveau millénaire, l'Organisation doit être mieux adaptée et plus démocratique. Le droit et l'utilisation du veto sont des pratiques anachroniques qu'il faut limiter et à long terme éliminer. Par ailleurs, on peut aisément parvenir à un Conseil de sécurité plus représentatif en augmentant le nombre de ses membres non-permanents. Les succès de l'Organisation ne sauraient être mesurés uniquement en termes financiers. Ainsi la pratique des sanctions imposées à un pays, et notamment celles qui frappent l'ensemble de la population, ne devrait être retenue qu'en dernier recours et avec l'assurance de sa pleine justification. Le gouvernement de Malte souhaite que le Département des affaires politiques consacre plus de temps à la situation du bassin méditerranéen et au sein de ce département, un bureau spécial pour la Méditerranée pourrait être créé. "Plus l'Organisation sera efficace, mieux nos intérêts seront servis " a-t-il conclu.

M. DARIUSZ ROSATI, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a souligné l'importance de l'élimination des armements de destruction massive, qu'ils soient nucléaires, chimiques ou biologiques. Il a considéré comme très important le travail en cours pour à élargir l'application du Traité de non prolifération. Son pays attache une extrême importance à la poursuite conjointe par les Etats-Unis et la Fédération de Russie des négociations START, et espère que cette dernière ratifiera le traité START II et la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. La Pologne attache également une extrême importance à l'élimination des armes conventionnelles, y compris les mines terrestres anti-personnel. Elle se félicite des arrangements actuels auxquels sont parvenus les participants à la Conférence d'Oslo. Mais la consolidation des accords dans ce domaine devrait être poursuivie dans le cadre de la Conférence de Genève sur le désarmement, ce qui garantirait la participation aux négociations des principaux fabricants et exportateurs.

Le Ministre a déclaré que la Pologne est d'accord avec les initiatives du Secrétaire Général concernant la réforme de l'organisation et est prête à coopérer activement. La Pologne soutient le concept de déploiement rapide en réponse aux situations de crise. Elle soutient les aspirations de différents groupes régionaux à la création de sièges supplémentaires au Conseil de Sécurité. Un nouveau siège devrait revenir à l'Europe centrale et de l'est. Le gouvernement polonais est favorable à l'accession du Japon et de l'Allemagne au rang de membres permanents. La Pologne croit que des organisations régionales devraient jouer un rôle plus actif dans la diplomatie préventive et le maintien de la paix. Il a déclaré que son pays, qui tiendra la présidence de l'OSCE en 1998, favorisera la coopération de cette institution avec les Nations Unies.

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Il a adressé un grand remerciement aux pays, organisations et personnes qui ont apporté leur assistance pendant les crues catastrophiques qui ont frappé la Pologne cette année.

Rappelant que son pays a été invité à entrer à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et à l'Union européenne, il a déclaré que son pays était prêt à remplir ses futures responsabilités au sein de ces organisations et que sa politique étrangère rencontrait le soutien massif du peuple polonais.

Il a rappelé la proposition de M. Aleksander Kwasniewski, pour l'élaboration d'une convention internationale contre le crime transnational organisé. La Pologne est prête à coopérer pour étendre le champ d'action de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale.

M. FATOS NANO, Premier Ministre de l'Albanie, a évoqué la situation de son pays qui, alors qu'il a un grand potentiel humain et naturel, a souffert d'un isolement chronique du reste du monde et est un pays sous-développé et pauvre. Les difficultés que connaît l'Albanie sont liées au fait qu'elle a hérité d'un demi siècle de communisme, caractérisé par des institutions non démocratiques ne fonctionnant pas. L'intolérance partisane, le manque de coopération constructive, la mauvaise gestion, la corruption ne sont pas des phénomènes rares dans cette partie du monde et ont conduit à une frustration et un désillusionnement de la population et entraîné le pays dans le chaos et l'anarchie. La communauté internationale a rapidement réagi et a fait preuve d'un grand sens de la responsabilité, de l'unité et de la solidarité. L'engagement de l'OSCE, de l'Union européenne et du Conseil de sécurité ont permis d'éviter que la situation ne s'aggrave et de progressivement régler la crise. Le Premier Ministre a tenu à remercier les pays contributeurs de troupes qui ont permis que la Force de protection multinationale puisse remplir avec succès son mandat. L'assistance que l'Albanie a reçue lui a permis d'engager un processus de réconciliation et de restauration progressive de la stabilité politique dans le pays. La tenue d'élections le 29 juin en Albanie doit être la base d'un système démocratique stable. Le Gouvernement de coalition est déterminé à travailler avec une nouvelle philosophie pour assurer un processus de réconciliation, une coopération constructive, un rétablissement économique et un retour à la normalité du pays le plus tôt possible. L'Albanie, qui a déjà commencé à réorganiser son armée, a pour objectif d'avoir une armée moins importante et plus efficace sous contrôle civil et en conformité avec les standards des armées modernes.

De nombreux problèmes perdurent dans le domaine économique et l'on a constaté une détérioration de tous les indices micro et macro-économiques. L'Albanie espère beaucoup qu'avec l'aide du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale des progrès pourront être faits dans les domaines sociaux et économiques. Elle est déterminée à poursuivre la reconstruction et l'établissement de ses institutions démocratiques. Elle espère également pouvoir contribuer au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région, en Europe et intégrer les structures Euro- atlantiques. L'Albanie s'efforcera de travailler de façon constructive et transparente avec la communauté internationale.

Le Premier Ministre a évoqué la nécessité de résoudre la question du Kosovo qui demeure une menace à la paix et à la sécurité internationale.

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L'Albanie condamne la violence et la brutalité de la police, la répression massive, la violation des droits humains, politiques et nationaux de la population du Kosovo. La République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) n'a pas changé son attitude malgré les résolutions de l'Assemblée générale, du Conseil de sécurité et les décisions et déclarations de l'OSCE. L'Albanie exhorte les Nations Unies et les organisations européennes à assurer la mise en oeuvre des accords de Dayton visant à mettre fin à la guerre en Bosnie. Il faut une médiation internationale appropriée pour résoudre les problèmes dans les Balkans. Peut-être pourrait-il y avoir une mini-conférence de Dayton pour résoudre les problèmes de l'ex-Yougoslavie et notamment la question du Kosovo.

L'Albanie est engagée à promouvoir la coopération régionale. Elle envisage l'avenir de la région avec une approche du type de celle de Schengen. Elle est convaincue que les initiatives régionales telles que celles de la Conférence pour la stabilité, la sécurité et la coopération dans l'Europe du Sud-Est, la Communauté des Etats indépendants (CEI) et la Communauté économique des Etats baltes permettront d'aller dans ce sens. L'Albanie espère que la réforme de l'Organisation renforcera le rôle primordial qu'elle joue dans la résolution des conflits. Le Premier Ministre a souligné la nécessité d'intervenir suffisamment tôt pour prévenir les conflits et empêcher les crises humanitaires. L'Albanie espère à l'avenir pouvoir participer plus activement aux activités de maintien de la paix des Nations Unies, et aux organes principaux de l'ONU. Les économies réalisées grâce à la réforme des Nations Unies devront permettre que des fonds supplémentaires soient accordés aux programmes de développement destinés aux pays qui en ont le plus besoin. En ce qui concerne le Conseil de sécurité, il faut que sa composition soit équitable, souple et démocratique afin que cet organe puisse répondre avec succès aux défis qui lui seront lancés dans le siècle prochain.

M. ABEL MATUTES, Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, a appuyé les propositions de réforme présentées par le Secrétaire général et a estimé que celle concernant le Conseil de sécurité était la tâche la plus sensible, dans la mesure où elle exige un amendement de la Charte des Nations Unies. cette réforme doit être conduite de façon approfondie quoique dans un délai raisonnable. Cette réforme doit également être faite sur la base d'un consensus et doit contribuer à promouvoir une plus grande cohésion entre les membres de l'Organisation et éviter de créer des tensions entre eux. L'élargissement de la composition du Conseil de sécurité et, en particulier l'augmentation de ses membres permanents, est une question plus délicate que l'amélioration de ses méthodes de travail. Le gouvernement espagnol souhaite que l'élargissement de la composition du Conseil soit limité aux membres non permanents. Les propositions formulées par certaines délégations visent à répondre aux intérêts légitimes d'un petit nombre d'Etats mais ne règlent pas

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les problèmes soulevés par la majorité écrasante des membres de l'Organisation et ne peuvent donc être satisfaisantes pour l'ensemble des Nations Unies. Pour ce qui est du droit de veto, M. Matutes a proposé de le restreindre aux situations relevant du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.

Abordant la question du maintien de la paix et de la sécurité internationale, le Ministre espagnol des affaires étrangères a rappelé que son pays a contribué en troupes en Bosnie-Herzégovine, au Guatemala et en Albanie. L'Espagne explore actuellement les moyens qui permettraient de renforcer l'action rapide de l'Organisation, en particulier en ce qui concerne le déploiement rapide de ses forces. Le gouvernement espagnol attache une importance particulière à la situation en Bosnie et en Afrique sub-saharienne. Il se félicite des accords conclus récemment à Houston (Texas) sur le Plan de règlement des Nations Unies pour le Sahara occidental. Il estime que la tenue d'un référendum avec des garanties internationales qui permettra au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination, continue d'être la seule solution acceptable pour ce différend. L'Espagne qui a toujours appuyé le Plan de règlement, estime donc que la prorogation du mandat de la MINURSO est indispensable. Le Ministre est convaincu que les parties concernées continueront à faire preuve de souplesse et d'un esprit constructif jusqu'à la tenue du référendum. Préoccupée par la situation au Moyen-Orient, l'Espagne réitère son engagement en faveur du Plan de paix. Ayant joué un rôle actif dans les différentes phases du processus de paix au Guatemala, l'Espagne continuera à apporter son appui à ce processus, par le biais de la coopération bilatérale et multilatérale. Faisant observer que le rôle humanitaire des Nations Unies est étroitement lié au maintien de la paix, M. Matutes a appuyé les initiatives du Secrétaire général visant à renforcer la coordination et l'action rapide par le biais du Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence.

Le Ministre souhaite contribuer à la recherche de nouveaux moyens de financement pour la coopération en faveur du développement, comme le propose le Secrétaire général. L'intégration dans les activités de coopération pour le développement de critères purement économiques - facteurs sociaux et écologiques - est l'expression d'un concept ou d'un principe auquel les Nations Unies ont donné la priorité dans un certain nombre de leurs conférences internationales. A cet égard, M. Matutes a souligné l'importance que le gouvernement espagnol attache aux questions de l'environnement et son intérêt particulier pour le problème de la désertification qui affecte si directement l'Espagne. Le gouvernement espagnol présente la candidature de la ville de Murcie pour abriter le siège du Secrétariat permanent de la Convention sur la lutte contre la désertification. Le Parlement espagnol devrait adopter prochainement un projet de loi sur la coopération visant à rationaliser les efforts de coopération du pays pour les rendre plus efficaces.

Se référant au terrorisme international, M. Matutes a indiqué que son gouvernement place au centre de ses priorités l'établissement d'une coopération internationale efficace en la matière. L'Espagne participe activement aux négociations sur l'élaboration d'une convention relative à la

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répression des attentats terroristes et appuie les mesures pertinentes adoptées par l'Assemblée générale, à ses sessions précédentes. Elle attache également une importance primordiale à la lutte contre le trafic illicite des stupéfiants qui est de toute évidence lié au terrorisme et au crime organisé.

M. HALLDOR ASGRIMSSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l'Islande, a regretté que les Nations Unies n'aient pas été jusqu'à présent dotées des moyens d'accomplir leurs missions alors que les demandes sont plus fortes que jamais et que les ressources disponibles restent inadéquates au regard des tâches à accomplir. Une fois encore, il faut demander à tous les Etats Membres de payer leur contribution en totalité et à temps. Même si les propositions de réformes du Secrétaire général reflètent un compromis, et par conséquent ne sauraient donner entière satisfaction à chacun des Etats ou groupes d'Etats, l'initiative du Secrétaire général représente la tentative de réforme la plus complète à ce jour dans la mesure ou elle propose les solutions les plus réalistes, compte tenu des circonstances.

Si la question de la réforme mérite un caractère hautement prioritaire, il ne faut néanmoins pas détourner notre attention des conflits régionaux. Ainsi au Moyen-Orient, la situation a rarement été aussi précaire que depuis la signature des Accords d'Oslo. Les parties en présence doivent impérativement s'abstenir de toute mesure de provocation. La situation est également préoccupante en Afrique sub-saharienne et notamment dans la région des Grands Lacs. C'est pourquoi, il faut poursuivre les efforts en faveur du désarmement et notamment de l'interdiction des mines antipersonnel. A cet égard, la récente Conférence d'Oslo sur la question a permis de trouver un nouvel élan vers l'adoption d'un traité contraignant.

Les Nations Unies ont décidé de déclarer l'année prochaine "Année des océans" et il faudra saisir cette occasion pour renforcer la conscience collective et améliorer la protection des écosystèmes marins. Un accord légalement contraignant devrait être conclu pour limiter les émissions de substances toxiques et non biodégradables. Les problèmes liés à la protection du système marin demandent une meilleure coordination au niveau mondial. Néanmoins, il faut reconnaître que la responsabilité première de la gestion durable des ressources marines revient aux Etats qui dépendent d'une telle production pour leur survie. S'il est important que les Etats collaborent avec les organisations non gouvernementales, il n'en faut pas moins résister aux pressions exercées par certains groupes protectionnistes qui souhaitent rompre le lien vital entre le protection de l'environnement et les intérêts économiques. A cet égard et sans être entré véritablement en vigueur, l'Accord sur les stocks de poissons chevauchants et grands migrateurs a déjà eu un effet fort positif. L'Islande engage fermement tous les Etats Membres à ratifier cet accord.

Poursuivant sur la question du développement durable, le Ministre s'est inquiété du fossé toujours plus grand entre pays riches et pays pauvres. Une croissance continue, un secteur privé dynamique, le renforcement des

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instruments juridiques et institutionnels et une bonne et saine gestion des affaires publiques sont les clefs du développement économique durable. M. Asgrimsson a souligné, à cet égard, l'importance du rôle de la Banque mondiale et a estimé que l'initiative entre les pays pauvres lourdement endettés doit déboucher sur une solution définitive pour éliminer le poids insupportable de la dette de ces pays.

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