LE MINISTRE ITALIEN DES AFFAIRES ETRANGERES MET EN GARDE CONTRE L'IMPRESSION QUE LES SIEGES DU CONSEIL DE SECURITE SONT A VENDRE
Communiqué de Presse
AG/681
LE MINISTRE ITALIEN DES AFFAIRES ETRANGERES MET EN GARDE CONTRE L'IMPRESSION QUE LES SIEGES DU CONSEIL DE SECURITE SONT A VENDRE
19970925 Le Pérou engage l'Assemblée à adopter un Programme mondial de coopération sur le phénomène météorologique "El Niño"L'Assemblée générale, poursuivant ce matin son débat général, sous la présidence de M. Hennadiy Udovenko (Ukraine) a entendu la déclaration du Ministre des affaires étrangères de l'Italie, M. Lamberto Dini qui après s'être félicité du succès enregistré par la Force multinationale de protection en Albanie, a annoncé que l'Italie organisera le mois prochain à Rome une Conférence ministérielle pour évaluer les besoins économiques de ce pays. Il a appuyé sans réserve le programme de réforme du Secrétaire général et a jugé impératif d'adopter un barème des quotes-parts réaliste. Selon lui, pour ne pas donner l'impression que les sièges permanents du Conseil de sécurité sont à vendre, il convient de ne pas lier la réforme du Conseil de sécurité à la capacité contributive des Etats.
De son côté, M. Eduardo Ferrero Costa, Ministre des affaires étrangères du Pérou, après avoir évoqué les résultats obtenus par son pays dans la lutte contre le trafic des drogues, a exhorté la communauté internationale à y apporter son concours. Il a invité l'Assemblée à adopter un Programme mondial de coopération intégrée relatif au phénomène météorologique "d'El Niño", qui pemettrait d'atténuer ses conséquences néfastes.
L'Assemblée avait auparavant entendu la déclaration de M. Percival James Patterson, Premier Ministre de la Jamaïque, qui s'est inquiété du fait que la mondialisation contribue à creuser les inégalités entre riches et pauvres et à marginaliser les petits Etats insulaires. Voyant là un facteur d'instabilité, il a appelé les Nations Unies à corriger ces inégalités. Selon lui, le nouveau régime européen de la banane, les catastrophes naturelles et le trafic de drogues et d'armes sont les risques majeurs auxquels sont confrontés les Caraïbes
Pour M. Mate Granic, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Croatie, il est inutile de prolonger le mandat de l'ATNUSO au-delà du 15 janvier 1998. Il a indiqué que la situation dans la région
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croate du Danube permet d'envisager l'élaboration d'accords de démilitarisation permanents. M. Granic a proposé de remplacer les observateurs de l'ONU par des mécanismes de contrôle bilatéraux, émettant toutefois des réserves sur le travail réalisé par le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie.
M. Adrian Severin, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a rappelé que son pays a récemment organisé avec l'aide du PNUD la 3ème Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, et a proposé la création d'un mécanisme de suivi du processus de consolidation de ces démocraties. La participation de la Roumanie à la MONUA et à la Force multinationale de protection en Albanie prouve sa volonté d'agir comme facteur de stabilité, a déclaré M. Severin, qui a indiqué que son pays est disposé à accroître sa contribution à la Force de stabilisation en Bosnie.
Pour sa part, Mme Zdenka Kramplova, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, appuyant les recommandations du Secrétaire général concernant la réforme, a souhaité que le financement de l'ONU en fasse partie. Le Ministre a préconisé la poursuite d'une discussion continue et approfondie du processus de réforme du Conseil de sécurité.
Dernier orateur de la matinée, M. Rashid Abdullah Al Noaimi, Ministre des affaires étrangères, a condamné l'occupation de trois îles des Emirats par la République islamique d'Iran, exigeant que le le Gouvernement iranien respecte ses obligations politiques et juridiques. Il a par ailleurs souligné l'importance que son pays accorde au respect de l'intégrité territoriale de l'Iraq tout en appelant ce dernier à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité.
Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu cet après-midi, l'Assemblée entendra les déclarations des Présidents de l'Equateur et de la Colombie, avant de poursuivre son débat général au titre duquel s'exprimeront, outre le Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Maroc, les chefs des délégations de l'Autriche, du Guyana, du Canada, de l'Irlande et de la Belgique.
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Débat général
Mme ZDENKA KRAMPLOVA, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a pris note avec satisfaction du rapport du Secrétaire général relatif à la réforme des Nations Unies et a appuyé ses efforts visant notamment à rationaliser les objectifs de l'Organisation et à utiliser de manière stratégique ses ressources. Cependant, le Ministre a jugé inacceptable toute réforme qui conduirait à un affaiblissement des Nations Unies. Selon elle, le financement de l'ONU doit faire partie intégrante du processus de réforme. A cet égard, le Ministre a estimé que toute solution concernant le paiement des contributions devrait être fondée sur le principe du respect par les Etats Membres de leurs obligations juridiques, même s'il y a lieu de reconnaître qu'un grand nombre d'entre eux n'ont pas payé leurs contributions en raison du fait que le barème des quotes-parts qui leur est imposé ne reflète pas leur capacité de paiement. Pour sa part, la Slovaquie espère que la cinquante- deuxième session de l'Assemblée générale confirmera son appartenance au groupe C pour le financement aux opérations de maintien de la paix.
Mme Kramplova a appuyé sans réserve les efforts déployés par le Secrétaire général afin d'établir un mécanisme de déploiement rapide de forces placées en attente et créer au Siège une équipe chargée du déploiement rapide des missions. Soulignant l'importance du renforcement de la paix à l'issue des conflits, le Ministre a soutenu la décision du Secrétaire général consistant à confier au Département des affaires politiques la coordination des objectifs, des critères et des directives opérationnelles ainsi que son intention de renforcer le rôle de ses représentants spéciaux dans ce domaine. La Slovaquie, dont les troupes et observateurs militaires participent actuellement à l'ATNUSO en Slavonie orientale et à la MONUA en Angola, est déterminée à poursuivre sa contribution aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Le Ministre a estimé que la réforme du Conseil de sécurité devrait se traduire par un renforcement de sa légitimité et de sa représentativité tout en maintenant sa capacité à réagir rapidement. En fait, la communauté internationale devrait concevoir différemment le Conseil de sécurité dont la composition devrait mieux refléter la nouvelle situation géopolitique mondiale. Tenant compte de la nature complexe et délicate de la question, la Slovaquie est favorable à une discussion continue et approfondie plutôt qu'à une accélération préjudiciable de l'ensemble du processus.
Pour Mme Kramplova, le désarmement doit continuer à figurer en priorité à l'ordre du jour des Nations Unies. "Nous sommes convaincus que la Conférence du désarmement doit avoir un rôle accru dans la solution des questions les plus importantes en matière de sécurité internationale, de stabilité, de paix, de contrôle des armes et de désarmement", a déclaré le Ministre qui a par ailleurs souligné la nécessité d'entamer sans plus tarder des négociations sur l'interdiction complète à l'échelle mondiale des mines terrestres antipersonnel. La Slovaquie s'apprête à ratifier d'ici la fin de l'année le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
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Le Ministre a également déclaré que l'appui au progrès économique et social est une mission fondamentale des Nations Unies. Mme Kramplova s'est félicitée de la création du nouveau Département des affaires économiques et sociales. Elle a jugé indispensable de revoir le rôle dévolu au Conseil économique et social en renforçant la gestion et le rôle de coordination du Conseil, mais également en rationalisant la structure et le fonctionnement de ses organes subsidiaires. La Slovaquie, qui est membre du Conseil d'administration du PNUD depuis 1993, a créé en juin dernier à Bratislava le Centre régional du PNUD pour l'Europe centrale et orientale, exemple concret de la mise en oeuvre de la réforme du système des Nations Unies. Notant que la communauté internationale célèbre cette année le cinquantième anniversaire de la Commission du droit international, le Ministre a accueilli les progrès accomplis grâce à la contribution majeure de la Commission avant d'émettre l'espoir que le projet de statut de la future cour criminelle internationale sera adopté l'an prochain au cours de la Conférence des plénipotentiaires organisée à Rome.
M. PERCIVAL JAMES PATTERSON, Premier Ministre de la Jamaïque, a insisté sur la nécessité, à l'heure où l'on cherche à renforcer la sécurité internationale, de s'attaquer aux causes profondes d'instabilité, de conflit et de confrontation partout dans le monde. A cet égard, il a relevé que la coexistence d'un monde sain et de prospérité et d'un monde de pauvreté et de misère, était au coeur d'une crise latente. Il a également souligné que si la mondialisation et la libéralisation des économies ont contribué à abattre de nombreuses barrières entre les nations, elles n'ont toutefois pas fait disparaître les barrières entre riches et pauvres. M. Patterson a estimé que c'est parce que le processus marginalise de nombreux pays en développement et que les transferts de ressources dont ils ont besoin ne se matérialisent pas alors que le poids de la dette continue d'obérer leur développement, que les Nations Unies ont un rôle crucial à jouer pour canaliser la coopération internationale et corriger les inégalités du système.
A ce propos, M. Patterson a évoqué la situation des petits Etats dont les intérêts ne sont pas pris en compte et restent très vulnérables. Il a ainsi mis en garde contre le danger que représentent les récentes décisions de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur le régime européen de la banane qui menacent de ruiner les économies des plus petits Etats de la Communauté des Caraïbes et mettent en péril l'équilibre économique de toute la région. Il a également déploré le peu de progrès réalisés dans la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade, qui attirait l'attention sur les besoins spécifiques des petits Etats insulaires.
Le Premier Ministre jamaïquain a rappelé qu'outre leur difficultés économiques, les petits Etats insulaires souffraient d'autres désavantages et, évoquant la récente éruption volcanique sur l'île de Montserrat, il en a appelé à la solidarité de la communauté internationale afin de lui apporter l'aide nécessaire à sa reconstruction et à un développement durable.
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Par ailleurs, M. Patterson a plaidé en faveur de la lutte contre le trafic de drogues soulignant qu'il représentait un danger particulier pour les petits Etats des Caraïbes, de même que le trafic d'armes, facteur important de diffusion de la violence et du crime.
Abordant ensuite les réformes de l'Organisation des Nations Unies, il a rappelé que la Jamaïque s'était prononcée en faveur de l'élargissement de la composition du Conseil de Sécurité afin de le rendre plus représentatif, ainsi que de son mode d'opération vers plus de démocratie et de transparence. Elle a mis en garde toutefois contre la tentation de confondre réforme et réduction des coûts.
M. EDUARDO FERRERO COSTA, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a déclaré que la réforme du système des Nations Unies était impérative, afin d'accroître son efficacité et de mieux l'adapter aux besoins actuels de la communauté internationale. Il a estimé d'autre part que le Conseil de sécurité devrait être plus représentatif; pour ce faire, il faudrait renforcer sa légitimité, assurer une représentation géographique plus équitable, le rendre plus transparent et aller vers l'abolition du droit de veto en limitant strictement son utilisation. Le Ministre s'est prononcé en faveur de l'augmentation des membres permanents et non permanents du Conseil. Le Ministre a par ailleurs estimé qu'il fallait renforcer le Secrétariat de l'Organisation et promouvoir le développement. Il a appuyé les recommandations relatives à une meilleure rationalisation et utilisation des ressources financières et a préconisé un renforcement de la coopération.
Le Ministre, a proposé qu'au cours de cette Assemblée, que le Secrétaire général a appelé "l'Assemblée de la réforme", soit abordée la question de la responsabilité institutionnelle pour les personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres pays. S'exprimant sur la question des ressources financières de l'Organisation, le Ministre a estimé que les contributions au budget régulier, qui sont une obligation légale, devraient être remplies entièrement et dans les délais.
Le Ministre a estimé que le trafic de drogues, le terrorisme et la corruption sont des phénomènes criminels que son pays combat vigoureusement car il érodent les valeurs fondamentales et menacent la stabilité des démocraties. M. Ferrero Costa a expliqué que son pays a déjà obtenu des résultats tangibles dans sa campagne nationale visant à interdire et à détruire les cultures illicites de drogues. Il s'est prononcé en faveur d'une coopération internationale accrue pour aider le Pérou à mener à bien la lutte contre les stupéfiants. Parlant de la Huitième Conférence internationale contre la corruption qui vient d'avoir lieu au Pérou et à laquelle ont participé des délégués de quatre-vingt treize pays, M. Ferroro Costa a indiqué que la "Déclaration de Lima", qui en est issue est le premier document international de ce genre.
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Le Ministre a remarqué que de nombreux pays, dont le Pérou, font face actuellement à un ouragan dévastateur, connu sous le nom de "El Nino", qui a entraîné de graves conséquences économiques, environnementales et sociales, ainsi que des changements profonds dans l'environnement marin, source de nourriture et d'emplois dans le monde entier. Les effets dévastateurs de ce genre de catastrophes naturelles font l'objet d'études approfondies au Pérou depuis des décennies. Il a proposé que la présente Assemblée établisse un Programme mondial de coopération intégrée pour le phénomène "d'El Nino", qui permettrait d'atténuer ses effets et de limiter les conséquences matérielles qui en découlent. Nous proposons, au titre de la réforme des Nations Unies, de maintenir et de renforcer la capacité opérationnelle du système à diriger et à mobiliser de l'aide pour les catastrophes naturelles, a-t-il conclu.
M. MATE GRANIC, Vice-premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Croatie, a déclaré que pour son pays, qui occupe une position centrale en Europe, la sécurité de la région et sa pleine intégration au sein des institutions Euro-Atlantique figurent au rang de ses priorités. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement de Croatie accorde une attention particulière aux relations de bon voisinage avec les pays voisins sur la base du respect des frontières actuelles reconnues internationalement, les droits des minorités, et la résolution pacifique des différends conformément à la Charte des Nations Unies. Aujourd'hui, a précisé le Ministre, la Croatie a conclu une douzaine d'accords bilatéraux avec ses voisins. Evoquant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Croatie, telles que UNPROFOR et l'UNCRO, le Ministre a rendu hommage aux efforts déployés par l'Organisation en vue de mettre un terme à la guerre. Il a également remercié M. Jacques Klein, Administrateur transitoire dans les territoires de la Slavonie orientale, de la Baranja, et du Srem occidental dont le travail et l'étroite coopération avec le Gouvernement de Croatie ont permis la réintégration de ses régions à la Croatie. La Croatie est d'avis qu'il n'est pas nécessaire de prolonger le mandat de l'UNTAES au-delà du 15 janvier 1998, a-t-il précisé. Par ailleurs, le Ministre a indiqué qu'au vu des développements dans la région croate du Danube, l'on pouvait envisager l'élaboration d'un accord de démilitarisation permanent. Il a proposé de remplacer les observateurs des Nations Unies par des mécanismes de contrôle bilatéraux.
Faisant référence par ailleurs au rôle que son pays a joué au sein du système des Nations Unies, il a appelé à une plus grande représentation de son pays au sein du Secrétariat. Dans le cadre de la réforme des Nations Unies, il a indiqué le soutien de son pays aux propositions du Secrétaire général. Le Ministre a souligné l'importance de réformer le Conseil de sécurité et notamment de procéder à son élargissement aussi bien pour ce qui est des membres permanents et non permanents en tenant compte des réalités géopolitiques. Il a indiqué son soutien à la candidature du Japon et de l'Allemagne en qualité de membres permanents, à celle de l'Afrique et à celle
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du Groupe des Etats d'Europe de l'Est. Pour ce qui est du Traité de non prolifération nucléaire, il a appelé les Etats dotés de l'arme nucléaire à donner suite aux propositions visant à codifier le principe de la non prolifération dans un instrument juridique contraignant. Il a également appuyé le Traité sur la réduction des matières fissiles. Indiquant par ailleurs que son pays est particulièrement touché par le problème des mines terrestres antipersonnel, le Ministre a réitéré son soutien au texte adopté à Oslo sur leur interdiction. Le déminage en Croatie prendra du temps, a-t-il précisé, car il est retardé par le manque d'équipement spécialisé. Il faut néanmoins rendre hommage aux efforts déployés par le Centre de déminage de Zagreb.
Aux yeux du Ministre, la protection et la promotion des droits de l'homme sont nécessaires pour garantir la paix et la stabilité internationales. Les différences culturelles et sociales doivent être prises en compte mais elles ne doivent pas servir d'excuse en cas d'échec du respect des droits de l'homme. Mettant en avant la transparence qui caractérise la situation des droits de l'homme en Croatie, le Ministre a appelé à plus de coordination parmi les différentes organisations internationales qui surveillent leur application. Il faut évaluer la situation des droits de l'homme en Croatie dans le contexte d'événements exceptionnels de son histoire récente. Le mois prochain, la Croatie ratifiera la Convention européenne sur les droits de l'homme, a-t-il indiqué. Cependant, de nombreux problèmes subsistent qu'il faut régler, notamment la question du retour des personnes déplacées, l'identification des personnes disparues, les droits des croates dans les Etats voisins, et le retour des Croates serbes. Le Gouvernement a l'intention de continuer à travailler au règlement de ces questions dans le respect des droits de l'homme.
Abordant le problème de la succession des Etats à la suite de la dissolution de l'ex-République fédérative de Yougoslavie, le Ministre a indiqué que la redistribution des propriétés, les droits ou l'accession en tant que Membres des nouveaux Etats au sein d'organisations internationales n'est pas encore achevé. Des efforts supplémentaires seront nécessaires pour garantir le règlement durable de ces questions. Par ailleurs le Ministre a plaidé en faveur de la création d'un tribunal pénal international en indiquant que la Croatie coopère avec le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie depuis sa création. Néanmoins, la Croatie n'est pas totalement satisfaite du travail que fournit le Tribunal de la Haye. La composition ethnique des personnes qui ont été accusées et jugées ne rend pas compte de la nature et de l'ampleur des crimes commis. En convoquant les Etats et leur hauts représentants, le Tribunal a outrepassé ses droits, a estimé le Ministre.
M. LAMBERTO DINI, Ministre des affaires étrangères de l'Italie, après avoir mis l'accent sur la nécessité pour la communauté internationale de disposer à l'avenir de normes plus rigoureuses en matière de sécurité, de développement et de démocratie, a indiqué que l'Italie est récemment devenue le sixième pays à formaliser sa participation aux mécanismes de mobilisation
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rapide des forces en attente des Nations Unies. Le Ministre a rappelé qu'en mars dernier, le Conseil de sécurité, répondant rapidement à la grave situation en Albanie, a autorisé un groupe d'Etats mené par l'Italie, à constituer la Force multinationale de protection. "Durant les quatre mois de son mandat, l'Opération Alba a permis de remettre le pays sur pied", a déclaré le Ministre. Il a attribué ce succès à l'approche novatrice adoptée en la circonstance et qui a permis à la Force de planifier et de se déployer rapidement grâce à l'étroite coordination des pays participants et du pays hôte, sous le contrôle permanent des Nations Unies. Pour consolider les résultats obtenus, il importe désormais d'organiser la réhabilitation des institutions étatiques et économiques. C'est dans cet esprit, que le Gouvernement italien a souhaité organiser en octobre prochain à Rome une Conférence ministérielle afin d'évaluer les besoins et décider des actions communes à entreprendre.
M. Dini, rappelant que cela fait plus d'un demi-siècle que les Nations Unies essaient d'établir une cour criminelle internationale, a tenu à confirmer le ferme appui de son pays à ces efforts - ce qui l'a notamment amené à accueillir l'année prochaine, à Rome, la Conférence diplomatique qui devra adopter le statut de la cour. L'Italie qui peut se targuer d'avoir l'une des législations les plus strictes et les plus avancées en matière d'exportation d'armes, a décidé unilatéralement en juin dernier de renoncer à la production, à l'exportation, au stockage et à l'utilisation des mines terrestres antipersonnel. Pour autant, cet engagement n'aura de sens que s'il est partagé par tous les Etats, qu'ils soient ou non parties au processus d'Ottawa.
L'Italie appuie sans réserve le programme de réforme des Nations Unies proposé par le Secrétaire général, dont l'un des principaux objectifs vise à revitaliser les travaux de l'Assemblée générale. Pour ce faire, il importe d'alléger l'ordre du jour de l'Assemblée et d'identifier les priorités devant être examinées à court et à moyen terme. Il convient également de doter l'Organisation de ressources adéquates afin de lui permettre de fonctionner normalement. L'heure est venue d'adopter un barème des quotes-parts réaliste fondé sur la capacité des Etats à payer et rendant l'Organisation moins dépendante des contributions d'un seul Etat. "Cependant, aucun lien ne doit être établi entre la contribution des Etats Membres et la réforme du Conseil de sécurité, lien qui donnerait l'impression que les sièges permanents sont à vendre", a déclaré le Ministre.
En fait, la réforme du Conseil de sécurité doit être inspirée par les principes de démocratie, de représentation géographique équitable et de transparence. Le Ministre a mis en garde l'Assemblée générale contre la proposition de ceux qui souhaitent instaurer quatre catégories distinctes de membres du Conseil. A son avis, cette classification qui s'apparente au système de castes qui prévalaient dans les anciens empires, irait à l'encontre des principes fondamentaux de la logique et de la démocratie et marginaliserait certains des pays les plus actifs de l'Organisation. M. Dini
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a estimé que la question du droit de veto ne peut être examinée séparément de celle de l'élargissement de la composition du Conseil. Avant de déterminer le nombre de sièges du futur Conseil et de choisir ses membres, il faut définir les critères qui présideront à sa réforme. Aucune solution ne pourra émerger sans un large consensus. Le Ministre a rappelé à cet égard que le Parlement italien a proposé que l'Union européenne occupe un siège permanent du Conseil de sécurité, ce qui consacrerait l'évolution naturelle de sa politique étrangère commune.
M. ADRIAN SEVERIN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a noté que son gouvernement, avec l'assistance du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a organisé, à Bucarest, la troisième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies. Les travaux se sont centrés sur la démocratie et le développement. En tant que Président en exercice de la Conférence, il a proposé la création d'un mécanisme de suivi concernant le processus de consolidation des démocraties nouvelles ou rétablies. Il a exprimé son intention d'agir afin que l'Assemblée générale adopte une résolution renouvelant l'appui que l'Organisation octroie aux démocraties nouvelles ou rétablies.
S'exprimant sur la réforme du système des Nations Unies, le Vice-Premier Ministre a rallié le point de vue de l'Union européenne. Il a estimé que la réforme ne doit pas être réduite à un exercice de diminution des coûts, mais elle doit tendre avant tout à renforcer le rôle de l'ONU et son efficacité, en tant que forum mondial.
Il a déclaré que durant la dernière moitié de ce siècle, une philosophie du partenariat a été promue dans le cadre des structures européennes et euro- atlantiques, avec des résultats connus sur le plan de la stabilité et de la coopération du continent, ce qui explique le désir des pays de l'Europe centrale et de l'Est de s'intégrer dans ces structures. Cette philosophie du partenariat est suivie par la Roumanie dans le développement d'une politique de solidarité et de coopération sur les plans sous-régional, régional et international. La participation de la Roumanie à la Mission de l'ONU pour le maintien de la paix en Angola, aux efforts de stabilisation en Albanie, ainsi qu'en Bosnie-Herzégovine, sous l'égide de l'OTAN, "constituent la preuve de notre volonté politique d'agir comme facteur de stabilité", a-t-il déclaré. M. Severin a indiqué que son pays était disposé à accroître sa contribution à la Force de stabilisation en Bosnie, et à se joindre à d'autres actions de ce genre, comme, par exemple, à la Force de déploiement préventif des Nations Unies de l'ex-République yougoslave de Macédoine.
De l'avis du Vice-Premier Ministre, les situations de crises et les conflits sont engendrés par la pauvreté et la faiblesse des institutions de l'Etat moderne démocratique. En outre, la Roumanie soutiendra les actions de maintien de la paix de l'ONU et a l'intention de diversifier sa contribution tout en incluant des composantes
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civiles. Dans le domaine du contrôle des armements et du désarmement, le Premier Ministre a déclaré attacher une importance particulière aux problèmes ayant trait à la non-prolifération nucléaire. Il a par ailleurs estimé que les discussions sur la problématique économique et sociale doivent créer les prémisses d'une relance nécessaire au dialogue Nord-Sud sur les problèmes du développement. Il a suggéré que soit examinée la possibilité de créer un Fonds social de solidarité pour les personnes défavorisées et pour faciliter l'intégration des chômeurs ou des exclus dans des activités productives.
Le Vice-Premier Ministre a appuyé les mesures visant à renforcer la capacité de l'ONU en ce qui concerne l'assurance du contrôle international sur les drogues, la lutte contre la corruption et du crime organisé. En conclusion, il a proposé que l'ONU examine l'éventualité de déclarer une "Année internationale contre la corruption et le crime organisé" dont l'objectif serait de promouvoir les instruments internationaux de coopération pour l'éradication de ces fléaux.
M. RASHID ABDULLAH AL-NOAIMI (Emirats arabes unis) a déclaré que la réforme des Nations Unies, que son pays appuie en principe, doit refléter les aspirations des pays du monde et en particulier celles des pays en développement. Il a également fait part du soutien des Emirats arabes unis aux efforts d'élargissement de la composition du Conseil de sécurité et d'amélioration de ses méthodes de travail afin de garantir une représentation géographique équitable et plus de transparence. il a également appuyé les propositions visant à améliorer les mécanismes de coordination entre l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social. Le Ministre a fait part de sa préoccupation quant à l'instabilité qui prévaut dans la région du Golfe. Nous avons besoin d'établir un équilibre sur la base d'une volonté politique ferme afin de soutenir les accords régionaux de règlement des différends. Il faut également construire des ponts de coopérations multilatéraux dans le cadre d'accords bilatéraux et collectifs. Le Ministre a évoqué l'occupation de trois îles appartenant aux Emirats par la République islamique d'Iran et a appelé le Gouvernement iranien à respecter ses obligations politiques et juridiques. Les Emirats arabes unis qui ont accueilli favorablement le nouveau Gouvernement iranien et ses nouvelles orientations en ce qui concerne notamment la promotion de relations de bon voisinage avec ses voisins, l'élimination des tensions et le règlement pacifiques des différends, espère que celui-ci répondra dans un esprit de coopération et d'objectivité à nos initiatives pacifiques.
Après avoir souligné l'importance que son pays accorde au respect de l'intégrité territoriale de l'Iraq, il estimé qu'il fallait travailler à l'élimination des souffrances du peuple iraquien dans le cadre de la mise en oeuvre de la résolution 986 du Conseil de sécurité. Le Ministre a d'autre part appelé le Gouvernement iraquien à remplir les obligations juridiques qui lui incombent et qui sont stipulées par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et notamment celles ayant trait à la libération des prisonniers de guerre koweitiens et la restitution des propriétés koweitiennes.
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Abordant la situation dans le Moyen-Orient, le Ministre a condamné énergiquement la politique israélienne et a réitéré la nécessité de relancer le processus de paix qui est, à son avis, la seule alternative possible. Il a, à cet égard, rendu hommage au Secrétaire d'Etat des Etats-Unis et a formé l'espoir qu'elle poursuivra ses efforts afin de garantir l'application des accords israélo-palestiniens et la relance des négociations entre la Syrie et le Liban sur la base du principe de la terre contre la paix et l'inadmissibilité des actions unilatérales. Dans ce contexte, il est également nécessaire que le Gouvernement israélien mette un terme à son occupation et ses attaques répétées contre le Liban, a-t-il précisé. Nous soulignons les droits inaliénables des peuples à résister contre l'occupation, l'agression et condamnons toute forme de terrorisme qu'elle soit menée par des individus ou par des Etats. Le stockage d'armes interdites et la menace de leur utilisation contre d'autres Etats constituent une autre forme de terrorisme, a estimé le Ministre. Il a lancé un appel à la communauté internationale et aux organisations internationales compétentes afin qu'elles déploient tous les efforts pour faire de la région du Moyen Orient et du Golfe une zone exempte d'armes nucléaires.
Abordant la question de la mondialisation de l'environnement, le Ministre a appelé à l'édification d'un environnement juste et équitable grâce aux efforts conjoints des pays développés et des pays en développement en prenant en considération les besoins des pays les moins avancés, et notamment en augmentant l'aide publique au développement, en levant les barrières commerciales et autres obstacles économiques. Il a rendu hommage au travail mené par la Banque mondiale, l'Organisation mondiale du commerce. En participant au travail de ses organisations, les Emirats arabes unis ont contribué dans une large mesure à la promotion des investissements, du commerce, de l'industrie et la libéralisation du commerce, a souligné le Ministre. Il a annoncé que son pays accueillera en octobre la Conférence sur le "Rôle du secteur privé dans l'aide aux Nations Unies".
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