En cours au Siège de l'ONU

AG/679

LA REFORME DES NATIONS UNIES DOIT CONDUIRE A LA REVITALISATION DES ACTIVITES ECONOMIQUES ET SOCIALES DE L'ORGANISATION

24 septembre 1997


Communiqué de Presse
AG/679


LA REFORME DES NATIONS UNIES DOIT CONDUIRE A LA REVITALISATION DES ACTIVITES ECONOMIQUES ET SOCIALES DE L'ORGANISATION

19970924 Les délégations insistent sur l'obligation des Etats Membres de payer leur contribution à temps et sans condition

Réunie sous la Présidence de M. Hennadiy Udovenko, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, l'Assemblée générale a poursuivi ce matin les travaux de sa cinquante-deuxième session et a entendu l'allocution de M. Robert Mugabe, Président du Zimbabwe qui s'est exprimé au nom des Etats membres de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) dont il assume la présidence. Le Président Mugabe s'est félicité des propositions de réforme du Secrétaire général qu'il a qualifiées d'audacieuses. Selon lui, cette réforme doit prendre en compte la nécessité pour l'ONU d'asseoir son rôle en matière économique et social et de disposer de ressources financières adéquates. Le Président s'est également prononcé en faveur d'une réforme radicale du Conseil de sécurité. Il s'est arrêté, par ailleurs, sur la situation en Afrique qui, ayant entamé un double processus de réformes économiques et politiques, nécessite aujourd'hui l'appui de la communauté internationale pour alléger notamment le fardeau de la dette extérieure et du remboursement du service de la dette qui continuent de compromettre tous ses efforts de développement. Le Président a également évoqué le problème de la sécurité sur son continent en s'insurgeant contre la situation en Sierra Leone et en se félicitant des efforts déployés pour régler la crise au Sahara occidental. Il a, d'autre part, plaidé pour que la République démocratique du Congo bénéficie de l'appui de la communauté internationale.

L'Assemblée a également entendu l'allocution de M. Kiro Gligorov, Président de l'ex-République yougoslave de Macédoine qui s'est félicité du programme de réformes présenté par le Secrétaire général, ajoutant qu'il doit viser à consolider les efforts en faveur de la résolution des conflits existants et de la prévention de nouvelles crises. A cet égard, il a demandé que la présence dans son pays des soldats de la FORDEPRONU soit prolongée.

M. Inder Kumar, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l'Inde a déclaré que son pays soutiendra toutes les propositions de réforme de l'ONU qui permettront d'améliorer la capacité du Secrétariat à remplir les mandats de la communauté internationale. Mais L'Inde ne considère pas la

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réforme simplement comme un moyen de réduire le budget des Nations Unies. Le plus important objectif que les Nations Unies doivent se fixer, et qui doit être au centre de tout projet de réforme, est la promotion d'une croissance économique durable dans les pays en développement.

Pour sa part, M. Klaus Kinkel, Vice-Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l'Allemagne a appelé les gouvernements à rationaliser l'Organisation et à s'acquitter à temps de leur contribution. Evoquant la situation en Bosnie, il a appelé les dirigeants locaux à traduire M. Karadizc et les criminels de guerre devant le Tribunal de La Haye. Il a en outre appelé Palestiniens et Israéliens à faire preuve de bonne volonté et à relancer les pourparlers de paix. Le Ministre s'est également réjoui du soutien de nombreux pays à la candidature de l'Allemagne à un siège permanent au Conseil de sécurité.

Intervenant à son tour, M. Qian Qichen, VIce-Premier Ministre de la Chine s'est réjoui de la réunification pacifique de son pays qui a commencé par Hong-Kong et qui s'achèvera, a-t-il précisé, par le retour à la mère patrie de Macao et de Taïwan. Il a par ailleurs défendu le droit de tout pays de choisir sa propre voie de développement arguant qu'aucun pays ne devrait avoir la possibilité d'intervenir dans les affaires intérieures d'un autre. S'agissant des droits de l'homme, le Vice-Premier Ministre a convenu du caractère universel de la notion tout en souhaitant que les principes de ces droits s'intègrent toujours à la situation particulière de chaque pays.

M. Hubert Védrine, Ministre des affaires étrangères de la France s'est, de son côté, déclaré convaincu que le monde a plus que jamais besoin de l'Organisation des Nations Unies. Pour remplir ce rôle majeur, elle doit conserver ou retrouver les moyens de décider et d'agir et pour ce faire il faut résoudre le problème de la réforme et du financement. Il est choquant que les Nations Unies vivent sous le régime de la précarité: ce qui est dû doit être payé en totalité, à temps et sans condition et le paiement des contributions ne saurait constituer un élément de pression. La France apprécie la logique des mesures entreprises par le Secrétaire général pour restructurer et regrouper les institutions de l'Organisation, mais il faudra aussi se demander qu'elles sont les actions politiques et économiques qui font réellement progresser dans les situations concrètes, le respect des droits de l'homme.

Enfin, M. Angel Gurria, Ministre des affaires étrangères du Mexique a déclaré que la réduction des coûts ne devrait pas être le principe directeur de la réforme des Nations Unies. Celle-ci doit tendre à éviter les doubles emplois et à appliquer au mieux le programme de l'Organisation. La situation financière actuelle de l'Organisation n'est pas liée à la répartition des contributions et peut être réglé en payant celles-ci à temps, en totalité et sans condition. Cette crise ne doit pas nous mener à des décisions qui déformeraient l'esprit de réforme, que nous partageons.

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L'Assemblée générale se réunira cet après-midi à 15 heures pour entendre les allocutions du Président de la Slovénie et du Premier Ministre du Cap- Vert. La Lituanie, le Venezuela, l'Argentine, le Ghana, la Suède et la République dominicaine interviendront dans le cadre du débat général.

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M. ROBERT G. MUGABE, Président du Zimbabwe, s'exprimant au nom des Etats Membres de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) dont il assure la présidence, a souligné que l'Afrique avait toujours encouragé la réforme des Nations Unies au motif que l'Organisation doit véritablement être en mesure de servir l'intérêt collectif des peuples du monde. Le Président Mugabe s'est félicité, au nom de l'Afrique, des propositions audacieuses du Secrétaire général qui, a-t-il insisté, méritent un examen sérieux. L'Afrique est disposée à coopérer étroitement avec le Secrétaire et les autres délégations pour assurer le consensus et la participation démocratique de tous les Etats Membres. La réforme doit aller au coeur des questions posées et viser l'abandon d'arrangements antidémocratiques et obsolètes qui caractérisent toujours l'Organisation. Le fait que de grandes régions géographiques demeurent sous-représentées au Conseil de sécurité, par exemple, constitue une des plus grandes anomalies du temps présent. Pourquoi, s'est interrogé le Président, une petite minorité d'Etats devrait continuer à détenir tant de pouvoir sans le consentement de la majorité. Pourquoi certains Etats entendent saper le travail de l'organe le plus représentatif de l'ONU, à savoir l'Assemblée générale. La démocratie et la bonne gouvernance ne doivent-elles s'exercer que conformément au bon plaisir des puissants et des riches qui tournent ainsi en dérision les nobles idéaux de démocratie. Le Sommet de l'OUA, qui a lieu en juin dernier, a souligné la nécessité urgente de démocratiser le Conseil de sécurité des Nations Unies en tenant compte de la position de l'Afrique, groupe continental le plus important des Nation Unies. De l'avis des pays africains, l'exercice du droit de veto doit être limité sinon aboli. Si ce droit est appelé à subsister alors les nouveaux membres permanents du Conseil devraient avoir les mêmes prérogatives que les membres actuels.

S'agissant de la réforme dans les domaines économique et social, il a estimé que cette réforme doit tendre au renforcement du rôle central de l'ONU en la matière. Si l'Afrique est aujourd'hui convaincue des bienfaits de la libre entreprise en tant que moteur du développement économique, elle appelle pourtant à une certaine prudence. La mise en oeuvre du mandat de l'ONU nécessite l'existence de ressources financières adéquates. Il est essentiel, en conséquence, que les Etats Membres paient leurs contributions en temps voulu. Les actions unilatérales pour ajuster le barème des quotes-parts ou priver de ressources certains programmes des Nations Unies ne sauraient plus être tolérées. En matière de désarmement, l'Afrique se félicite de la réunion d'Oslo qui a conduit à l'acceptation d'un texte de convention visant l'élimination des mines antipersonnel. L'Afrique qui se distingue par une des concentrations les plus importantes de ces mines est heureuse de s'associer à ce consensus international.

Ces dernières années, a poursuivi le Président Mugabe, ont vu le continent africain entamer un double processus de réformes économiques et politiques. Dans ce dernier domaine, la démocratie et la bonne gouvernance se

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sont implantées résolument sur le continent. Dans le domaine économique, les programmes d'ajustement structurel ont stimulé l'accroissement des taux de croissance et créé un environnement propice aux investissements étrangers directs. Des traités de coopération ont été signés qui permettront au continent de prendre des mesures sans précédent pour s'assurer un contrôle sur le développement économique. La réunion d'Harare a notamment conclu des protocoles de coopération sous-régionaux afin d'édifier une communauté économique fiable au niveau de continent. Il et indispensable que l'Afrique reçoive l'appui de la communauté internationale dans son ensemble. La dette extérieure et le remboursement du service de la dette continuent d'affaiblir de nombreuses économies. Il faut que les organisations internationales adoptent une approche unifiée à l'égard de l'Afrique.

S'agissant de la sécurité sur le continent, il a déclaré que la situation en Sierra Leone demeure préoccupante. Le message de l'Afrique doit être clair; la dictature ne passera plus et aucune légitimité ne sera plus donnée aux régimes qui piétinent leur peuple. Aucun secours ne doit être apporté à ces juntes militaires, même au nom de l'aide humanitaire. Rendant hommage aux initiatives des Nations Unies en ce qui concerne le Sahara occidental, M. Mugabe a appelé l'ONU à appuyer les initiatives de l'Afrique en matière de diplomatie préventive et de règlement des conflits. Se déclarant encouragé par le maintien de la présence des Nations Unies en Angola, il a rendu hommage au peuple de la République démocratique du Congo et salué la volonté du Gouvernement congolais de défendre les principes démocratiques. La tâche de réhabilitation et de reconstruction ne sera pas aisée; il faudra donc que la communauté internationale intervienne. Certes, les enquêtes sur les violations du droit international humanitaire sont importantes, il n'empêche que les principes de démocratie et de bonne gouvernance ne pourront s'appliquer que si la communauté internationale apporte un appui immédiat, a estimé le Président du Zimbabwe.

M. KIRO GLIGOROV, Président de l'ex-République yougoslave de Macédoine, a déclaré qu'à l'aube du XXIème siècle, il est essentiel de respecter le principe d'interdépendance entre la paix et le développement de la planète, car il est dangereux que certains poursuivent leur développement quand d'autres ne cessent de reculer. Ceci ne peut être qu'une source de conflits, d'affrontements et même de guerres. C'est pourquoi il n'est pas d'autre solution que de renforcer la paix par le développement de la coopération internationale, ce dont les Nations Unies ont la responsabilité. Dans cette optique, il faut se féliciter du programme de réformes présenté par le Secrétaire général, qui propose des changements indispensables, tout en gardant à l'esprit la nécessité pour l'Organisation de rester une institution démocratique représentant les intérêts de tous ses membres. "Il nous appartient, à nous Etats Membres, de rendre cette organisation véritablement démocratique" a-t-il ajouté, soulignant que le renforcement de l'Assemblée générale, la réforme des organes des Nations Unies et, avant tout, du Conseil

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de sécurité, ainsi qu'une plus grande transparence et un meilleur contrôle des finances, des dépenses et de l'établissement des quotes-parts constituent les priorités véritables.

La réforme des Nations Unies doit être au service d'une meilleure résolution des problèmes complexes auxquels la communauté internationale doit faire face. Aussi faudra-t-il consolider les efforts en faveur de la résolution des conflits existants et de la prévention de nouvelles crises. L'Organisation est aujourd'hui reconnue et saluée pour ses opérations de maintien de la paix, telle la FORDEPRONU, présente, entre autres, en Macédoine afin de prévenir toute extension des crises yougoslave et albanaise. A cet égard, il a demandé que la présence dans son pays des soldats de la paix soit prolongée, car elle constitue un facteur de stabilité et de sécurité, essentiel dans cette région. C'est également dans ce contexte que l'ex- République yougoslave de Macédoine a soutenu et suivi l'application des Accords de Dayton, y compris la traduction en justice des criminels de guerre. La communauté internationale ne doit laisser aucune place à l'échec et les Nations Unies, en coordination avec l'OTAN et l'Union européenne, doivent renforcer leur engagement envers ces accords.

La mise en place de bonnes relations de voisinage entre les pays des Balkans est à l'ordre du jour de l'Assemblée générale, car tout au long du vingtième siècle cette région a été une source de préoccupation pour le monde entier. Mais la République de Macédoine s'est engagée, sans équivoque, en faveur de la paix, notamment en établissant une politique de coopération mutuelle avec ses voisins, en respectant l'intégrité territoriale et la souveraineté des Etats de la région et l'inviolabilité des frontières internationales. Le Président a réitéré l'engagement de son pays en faveur de la participation fonctionnelle et institutionnelle des Balkans au processus d'intégration européenne. Il a rappelé que dès 1994 la République de Macédoine a présenté sa candidature pour un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour le mandat 1998-1999 du Groupe des pays d'Europe de l'Est, car elle souhaite contribuer à toutes les activités de l'Organisation en apportant sa propre politique de paix et de démocratie. En outre, dans un avenir proche, l'Organisation continuera de devoir traiter le problème des Balkans et cette réalité appelle l'élection au Conseil de sécurité d'un membre de cette région, honneur pour lequel la République de Macédoine s'est longuement préparée et qu'elle s'engage à saluer dans le plein respect de la Charte des Nations Unies. "Ce n'est qu'en respectant les principes du droit international et en adoptant une attitude réaliste que nous pourrons créer un monde meilleur et plus humain et renforcer la confiance que nous plaçons dans cette Organisation", a-t-il conclu.

M. INDER KUMAR GUJRAL, Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de l'Inde, a déclaré que les Nations Unies doivent évoluer et s'adapter à un environnement en changement rapide, afin de mieux satisfaire les besoins de la communauté mondiale. L'Inde, comme d'autres pays, y a un

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intérêt vital. L'Inde se félicite que le Secrétaire général ait fait de la réforme une de ses priorités et ait fait en sept mois une série de propositions impressionnantes et exhaustives. L'Inde soutiendra toutes les propositions qui permettront d'améliorer la capacité du Secrétariat à s'acquitter des mandats que lui a confiés la communauté internationale. La crise financière de l'ONU résulte de l'incapacité de certains Etats à respecter leurs engagements et de l'imposition de conditions préalables à ce respect. De ce fait, l'Organisation n'a plus les moyens d'exécuter les programmes qui répondent aux besoins de ses membres, alors que ceux-ci en ont plus besoin que jamais. Elle risque donc d'être marginalisée. La solution ne réside pas dans des réformes partielles, mais dans la confiance à bâtir entre nations et dans l'acceptation des principes démocratiques comme la norme des relations internationales.

La sécurité internationale et le développement sont inextricablement liés. Le plus important objectif que les Nations Unies doivent se fixer, et qui doit être au centre de tout projet de réforme, est la promotion d'une croissance économique durable dans les pays en développement, afin d'éradiquer la pauvreté et d'apaiser les tensions sociales qui ont provoqué l'effondrement interne de certains Etats et des conflits internationaux. L'an prochain, le monde célébrera le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, a déclaré M.Gujral, qui a rappelé que ce texte reconnaît l'importance des droits économiques, sociaux et culturels comme des droits politiques et civils. L'Inde, a-t-il ajouté, fait en sorte de s'y conformer. C'est un objectif difficile. Souvent, lorsque l'Etat a échoué, la société civile y a suppléé. En Inde comme ailleurs, des individus ont réalisé des miracles en travaillant en dehors des cadres établis. Ce fut le cas de Mère Térésa.

Le Ministre a déclaré qu'aucune puissance nucléaire n'a envisagé, et encore moins pris, la moindre mesure crédible pour libérer le monde des armes nucléaires. Ces puissances devront expliquer pourquoi elles ont besoin de telles armes à une opinion mondiale qui, au contraire, demande une convention qui interdise les armes nucléaires, comme cela est le cas pour les armes chimiques ou biologiques. L'Inde appelle les puissances nucléaires à répondre à cette demande du monde. M. Gujral a déclaré qu'il était temps que le Conseil de sécurité accepte des pays en développement comme membres permanents. Il a rappelé que l'Inde, la plus grande démocratie du monde qui participe depuis longtemps aux opérations de maintien de la paix, est candidate a un poste permanent. Il a appelé les Nations Unies à prendre la tête du combat contre le terrorisme, qui est à l'opposé des idéaux de la Charte.

La paix et la sécurité internationales ainsi que le développement sont indissociables, a fait observer le Ministre qui a souligné qu'il est impossible de réaliser l'un au détriment de l'autre. Au cours des six ou sept dernières années, on a souligné de façon croissante les aspects politiques des obligations qu'exige le développement, tels la démocratie et les droits de

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l'homme. Si l'on ne s'attaque pas aux causes sous-jacentes du sous- développement, qui sont la pauvreté et l'aliénation sociale, on ne réalisera pas le développement, a observé le Premier Ministre. C'est la raison pour laquelle les Nations Unies devraient se fixer pour objectif, entre autres, la promotion d'une croissance économique durable dans les pays en développement, ce qui conduira à l'élimination de la pauvreté.

M. KLAUS KINKEL, Ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne, évoquant le scepticisme de la jeunesse à l'égard de la capacité des classes dirigeantes, a invité toutes les délégations à la réflexion ici et maintenant afin de préserver le monde pour les générations futures. Les programmes et fonds des Nations Unies, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, le Programme des Nations Unies pour le développement, le Fonds des Nations Unies pour la population et le Programme alimentaire mondial, consacrent plus de 4,6 milliards de dollars par an à l'aide économique et sociale, soit environ 80 pourcent par habitant de la planète. Par comparaison, les gouvernements ont dépensé en 1994 environ 767 milliards de dollars en armements, soit près de 134 dollars par personne. Cette disproportion est intolérable, a-t-il affirmé. Au nombre des mesures qu'il préconise, figurent la réduction par les gouvernements des émissions de gaz à effet de serre, l'interdiction des mines antipersonnel en adhérant au processus d'Ottawa, l'arrêt de la prolifération des armes de destruction massive, la rationalisation de l'Organisation des Nations Unies, et surtout le paiement à temps de leur contribution par les Etats Membres.

Passant en revue les programmes des Nations Unies dans les divers domaines, il a dénoncé le manque de volonté politique dans la mise en oeuvre des stratégies arrêtées lors des Conférences et Sommets mondiaux récents. "Nous devons apprendre à faire passer l'intérêt commun avant nos intérêts nationaux", a-t-il souligné, appelant, à cet égard, l'Assemblée Générale à prendre, au cours de sa présente session, les décisions qui s'imposent concernant la réforme de l'Organisation. Il a ensuite évoqué la situation difficile de nombreux enfants dans le monde et dit son admiration pour les 25.000 soldats, civils et membres d'organisations non gouvernementales qui servent la cause de la paix dans le monde. Il a évoqué à cet égard l'accident tragique qui a coûté la vie la semaine dernière à cinq Allemands, cinq Américains, un Britannique et un Polonais, en Bosnie. L'Allemagne, a-t-il rappelé, a consacré plus de 17 milliards de marks au processus de paix et à l'accueil de 350.000 réfugiés. Il faut que les dirigeants politiques de Bosnie fassent preuve de bonne volonté et travaillent à la réconciliation de leurs populations car l'aide extérieure, et notamment militaire, ne leur serait pas fournie indéfiniment, et en aucun cas accordée à ceux qui compromettent la paix et la réconciliation. M. Karadzic et les autres criminels de guerre doivent être traduits devant le Tribunal pénal international pour l'ex- Yougoslavie de La Haye.

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Le Ministre a indiqué que depuis 1978, l'Allemagne avait annulé les dettes de pays moins développés et moins avancés d'Afrique à hauteur de plus de 9 milliards de marks. Ces pays continueront à être une priorité de notre coopération au développement. L'Allemagne a dégagé, entre 1991 et 1995, 16,3 milliards de marks pour les pays de l'Afrique sub-saharienne. En ce qui concerne les conflits en Afrique, il a proposé de continuer à soutenir les efforts de l'Organisation de l'unité africaine et des autres organisations sous-régionales. Il a appelé au dialogue entre les civilisations et les religions, et a suggéré la tenue d'un forum au sein des Nations Unies afin d'envisager comment relancer un dialogue mondial. Rejetant tout dialogue avec les terroristes, il a exprimé le souhait que les négociations sur la convention proposée par le G8 concernant la lutte contre les attentats à la bombe, puissent aboutir d'ici la fin de la session.

Il a appelé le Président Arafat à tout faire pour mettre fin au terrorisme et le Gouvernement israélien à s'abstenir de toute mesure pouvant amener les Palestiniens à douter de son engagement en faveur de la paix. La poursuite de la construction de colonies de peuplement à Har Homa ne fait qu'aggraver la situation, a-t-il affirmé, et un moratoire est indispensable pour relancer les pourparlers de paix. L'Allemagne qui reste ouverte à une reprise du dialogue avec l'Iran, se demande si le changement de ton du nouveau Gouvernement iranien se traduira par une nouvelle politique constructive, notamment en ce qui concerne le processus de paix au Proche-Orient.

Le Ministre a encore mentionné l'initiative pour l'environnement lancée par le Chancelier Helmut Kohl, avec le Brésil, l'Afrique du Sud et Singapour en vue de la protection des ressources naturelles, ainsi que l'intention de l'Allemagne de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25 pourcent d'ici 2010, sur la base des niveaux de 1990. Il a invité à cet égard les pays industrialisés à une réduction d'au moins 15 pourcent. Il a souhaité, par ailleurs, que Bonn soit choisi comme siège du Secrétariat de la Convention internationale sur la lutte contre la désertification. Enfin, il a apporté son soutien aux réformes proposées par le Secrétaire général, bien que l'Allemagne ne soit pas d'accord avec tous les détails, et a préconisé que les économies dégagées soient affectées à l'aide au développement. Il s'est réjoui du soutien de nombreux pays à la candidature de son pays à un siège permanent au Conseil de sécurité et a estimé qu'il fallait envisager un statut plus élevé pour l'Afrique, l'Asie, l'Amérique latine et des Caraïbes. Il a rappelé, en outre, que l'Union européenne avait proposé une modification du barème des quotes-parts, visant à assurer une meilleure répartition des charges.

M. QIAN QICHEN, Vice-Premier Ministre de la Chine et Ministre des affaires étrangères, a rappelé que le 1er juillet, son pays a repris l'exercice de sa souveraineté sur le territoire de Hong-Kong, geste qui a effacé une humiliation nationale et ouvert la voie à la réunification pacifique de la Chine. Au cours des deux derniers mois, Hong-Kong a joui

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d'une stabilité sociale et d'une prospérité économique qui a rempli d'une grande joie le peuple de Chine et les peuples du monde. Le matérialisation du concept d'"un pays, deux systèmes", prôné par le regretté Deng Xiaoping, revêt, aujourd'hui, un sens profond. Adhérant fermement à ce principe, le peuple chinois poursuivra la réunification pacifique de sa mère patrie en assurant le retour de Macao et en résolvant, pour finir, la question de Taïwan. Ce territoire est une partie intégrante du territoire chinois et la question de Taïwan est une question qui relève exclusivement des affaires intérieures chinoises. Tout pays qui tente d'utiliser cette question pour faire pression sur la Chine agit en complète violation des principes de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes de l'Assemblée générale. Une telle attitude est absolument intolérable pour le peuple chinois et pour tous les pays du monde épris de justice.

Les relations entre Etats doivent se fonder sur les cinq principes du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, de la non-agression mutuelle, de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, de l'équité et de la coexistence pacifique. Chaque pays doit jouir du droit de choisir sa voie de développement conformément à sa propre situation nationale et aucun pays ne devrait avoir la possibilité de s'ingérer dans les affaires intérieures d'un autre. Cette assertation doit servir de précondition politique à la sécurité régionale et internationale. Tous les Etats doivent viser à accroître la coopération dans le domaine économique, éliminer les pratiques iniques en matière de commerce et de relations économiques et abandonner les politiques discriminatoires pour atténuer progressivement le fossé entre les riches et les pauvres et parvenir à la prospérité commune. Cette assertion doit également servir de fondement économique pour la sécurité régionale et économique.

Au début de cette année, la Chine, la Fédération de Russie, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan ont signé un accord sur une réduction mutuelle des forces militaires dans les régions frontalières. En outre, des discussions quadripartites ont été entamées qui visent à élaborer le mécanisme d'une nouvelle paix dans la péninsule coréenne. Le Forum régional qu'est l'ASEAN a introduit une forme préliminaire de coopération sur les questions de sécurité visant une participation égale et un consensus négocié. Ces faits illustrent la volonté de ces pays de rechercher de nouveaux modes de coopération en matière de sécurité. Convenant des progrès effectués en matière de désarmement au niveau international, le Vice-Premier Ministre a estimé qu'aucun Etat ne peut s'arroger le monopole du marché des armements sous le prétexte fallacieux de prévenir la prolifération des armes tout en visant à intervenir dans la coopération économique et technologique des autres pays, en particulier des pays en développement. L'objectif du désarmement ne doit pas être porté par les seuls pays en développement car la responsabilité doit en incomber aux pays dotés des arsenaux les plus importants et les plus sophistiqués. Pour sa part, la Chine qui a déjà entrepris en 1980, une réduction d'un million de troupes de son armée, entend aller plus loin et entamé une réduction de 500 000 troupes au cours des trois prochaines années.

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Le Vice-Premier Ministre a évoqué les droits de l'homme pour affirmer que si l'universalité de cette notion doit être maintenue elle doit s'intégrer à la situation particulière de chaque pays. De l'avis de la Chine, il est naturel que les avis divergent sur la question des droits de l'homme. La vraie question est de savoir comment régler ces divergences. La Chine a opté pour le dialogue et entend signer très bientôt le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. Elle étudie en outre avec attention le Pacte international sur les droits civiques et politiques. Sur la réforme des Nations Unies, le Vice-Premier Ministre a souligné qu'il s'agit d'une question qui doit intéresser tous les membres de l'Organisation. Cette réforme doit permettre plus de démocratie et la prise en compte des intérêts des différentes parties. Aux yeux de la Chine, il importe tout spécialement que la réforme mette un accent particulier sur les questions de développement afin de renforcer, plutôt que de les affaiblir, les activités de l'Organisation en la matière.

M. HUBERT VEDRINE, Ministre des affaires étrangères de la France, s'est déclaré convaincu que le monde a plus que jamais besoin de l'Organisation des Nations Unies, qui n'a pas perdu sa raison d'être avec la fin de la guerre froide et de la course aux armements. Pour remplir ce rôle majeur, elle doit conserver ou retrouver les moyens de décider et d'agir et pour ce faire il faut résoudre le problème de la réforme et du financement. La composition du Conseil de sécurité ne reflète plus la géographie politique du monde actuel et il doit être élargi pour devenir plus représentatif. Il faut tenir compte du rôle indispensable du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et élire des pays à même de contribuer à cette tâche. C'est pourquoi, la France est favorable à l'accès de l'Allemagne, du Japon, mais aussi de trois pays du Sud à des sièges permanents et à la création de nouveaux sièges non-permanents. Mais une fois élargi, le Conseil devra demeurer efficace.

Aussi complexe est la réforme du financement de l'Organisation. Il est choquant que les Nations Unies vivent sous le régime de la précarité et plusieurs principes doivent conduire à la recherche d'une solution : ce qui est dû doit être payé en totalité, à temps et sans condition et le paiement des contributions ne saurait constituer un élément de pression. En ce qui concerne la répartition des contributions, la notion de capacité de paiement de chaque Etat est encore la plus simple, logique et équitable. "Si l'Organisation était contrainte de se soumettre aux exigences unilatérales d'un seul Etat membre, tant pour son financement que pour son fonctionnement, comment pourrait-elle demain convaincre de son impartialité et obtenir le respect de ses propres décisions?" s'est-il interrogé.

La France apprécie la logique des mesures entreprises par le Secrétaire général pour restructurer et regrouper les institutions de l'Organisation, mais il faudra aussi se demander qu'elles sont les actions politiques et économiques qui font réellement progresser dans les situations concrètes, le respect des droits de l'homme. L'ONU est la seule organisation à pouvoir

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tenter d'ordonner une société internationale qui, simultanément, se fragmente et se mondialise. Or, face à ces défis nouveaux, l'ONU a déjà fait preuve de qualités d'imagination, d'adaptabilité et de souplesse. Aujourd'hui les Nations Unies interviennent de plus en plus souvent de concert avec d'autres organisations, ou en autorisant l'action d'acteurs régionaux. Cette évolution doit être encouragée et il faut aider les Etats et les instances africaines à renforcer leurs capacités propres dans le domaine du maintien de la paix. Mais encourager l'Afrique à s'impliquer davantage dans la résolution des crises ne signifie en aucune façon que la communauté internationale doive se défaire de ses autres responsabilités et il est impératif que l'ONU soit prête, dès que les conditions seront réunies, à agir au Congo-Brazzaville. Cet engagement doit aussi servir la cause des droits de l'homme ; d'où l'importance que la mission d'investigation humanitaire en République démocratique du Congo puisse faire son travail. Sans relâche, l'état de droit doit être consolidé, l'idéal démocratique mis en pratique face aux tentations d'oppression et de recours à la force et à l'heure de la réforme de l'Organisation, seule la concertation internationale, la gestion en commun des crises, la sage préservation des ressources de la planète permettent de faire prévaloir la voix de la raison et de la paix.

M. ANGEL GURRIA, Ministre des affaires étrangères du Mexique, a rappelé que l'Amérique latine est l'une des régions du monde où les dépenses d'armement sont les plus faibles et où il n'existe pas de course aux armements. Toutefois, le Mexique s'inquiète de l'absence de progrès dans le désarmement nucléaire. Lors de la prorogation indéfinie du Traité de non- prolifération, des engagements ont été pris, mais aucun progrès n'a été accompli depuis. Le Mexique, qui a présenté un Programme d'Action à la Conférence de Genève sur le désarmement, soutient en outre la multiplication des zones exemptes d'armes nucléaires. Le Mexique se réjouit également de la signature de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, catégorie d'armes dont l'utilisation constitue une violation flagrante du droit humanitaire international.

Le Ministre a déclaré que le trafic international de drogue représente une menace grave pour sa sécurité nationale et pour la santé de l'humanité. Le Mexique, a-t-il rappelé, est favorable à la tenue, en juin prochain, d'une session exraordinaire de l'Assemblée générale sur l'état du trafic de drogue dans le monde. En revanche, le Mexique est opposé aux mesures policières répressives visant à empêcher ou contrôler les flux migratoires. Il souhaite l'établissement de règles de conduite minimales entre pays sur les relations avec les migrants, quel que soit le statut juridique de ceux-ci.

Le Mexique, membre fondateur de l'ONU, est prêt à contribuer aux efforts de réforme. Celle-ci doit être menée dans le respect le plus scupuleux des principes juridiques de la Charte. Le Mexique soutient les efforts tendant à renforcer le rôle du Secrétariat. Mais la réduction des coûts ne doit pas être le principe directeur de la réforme. Celle-ci doit tendre à éviter les

- 11 - AG/679 24 septembre 1997

doubles-emplois et à appliquer au mieux le programme de l'Organisation. La situation financière de l'Organisation vient du non-respect par certains des obligations de la Charte. Elle n'est pas liée à la répartition des contributions. Il faut la régler en payant à temps, en totalité et sans condition, les contributions fixées par la Charte. La crise financière ne doit pas nous mener à des décisions qui déformeront l'esprit de réforme que nous partageons, a déclaré le Ministre. Menée jusqu'au bout, cette logique conduira à désigner Ted Turner comme membre permanent du Conseil de sécurité avec un droit de véto.

Le Ministre a rappelé la position de son pays concernant la réforme du Conseil de sécurité. Celle-ci est nécessaire pour rémédier au déséquilibre de sa composition actuelle. Toute réforme établissant une discrimination entre pays développés et en développement est inacceptable. Le droit de veto doit être, dans un premier temps, restreint au Chapitre VII de la Charte. Toutes ces réformes forment un bloc indivisible. Le Mexique sera prêt à participer à un Conseil de sécurité rénové, élargi et représentatif. Toutefois, cette réforme doit être un facteur de cohésion de l'Organisation. Or, à l'heure actuelle, la multiplicité des propositions et le lobbying de chacun vont dans le sens inverse. La question est trop importante pour être rêglée dans l'urgence.

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