En cours au Siège de l'ONU

AG/678

LES PRESIDENTS D'AMERIQUE CENTRALE ANNONCENT A L'ASSEMBLEE LEUR INTENTION DE CREER L'UNION CENTRAMERICAINE

23 septembre 1997


Communiqué de Presse
AG/678


LES PRESIDENTS D'AMERIQUE CENTRALE ANNONCENT A L'ASSEMBLEE LEUR INTENTION DE CREER L'UNION CENTRAMERICAINE

19970923 Poursuivant cet après-midi les travaux de sa cinquante-deuxième session, l'Assemblée générale a entendu les allocutions de quatre Présidents d'Amérique centrale qui, bousculant quelque peu le protocole, avaient manifesté leur intention de s'adresser de façon conjointe aux membres de l'Assemblée générale.

M. Alvaro Arzu Irigoyen, Président de la République du Guatemala, intervenant en qualité de Président du Système d'intégration centraméricaine (SICA), a indiqué que les pays d'Amérique centrale ont décidé d'intervenir de la sorte pour pouvoir donner un relief particulier aux changements survenus dans la région, après des années de confrontation et de souffrances. Il a également estimé que le processus d'exécution de l'Accord final signé dans son pays le 29 décembre dernier va de l'avant. Le Président a fait part de l'intention affichée par les gouvernements de la région au début du mois, à Managua de dépasser l'intégration économique et d'entamer le processus de constitution, graduelle et progressive de l'Union centraméricaine.

M. José Maria Figueres Olsen, Président de la République du Costa Rica a déclaré qu'aujourd'hui, l'Amérique centrale se présente à la tribune des Nations, solidairement groupée autour d'un idéal d'intégration et attachée au même projet démocratique. Abordant la question de la réforme de l'Organisation, il a estimé qu'il faut sans délais supplémentaires faire en sorte que les Nations Unies passent des aspirations nobles aux actions concrètes en faveur de tous et notamment des pays en développement, qui constituent la grande majorité des membres.

Pour M. Armando Calderon Sol, Président de la République d'El Salvador, de profondes transformations au sein de la société salvadorienne ont été accomplies plus de cinq ans après les accords de paix. Expliquant que la réunification de la "Grande patrie" a toujours subsisté dans le coeur des peuples d'Amérique centrale, il a indiqué que son pays a signé le 2 septembre dernier la Déclaration du Nicaragua pour donner un nouvel élan à l'union politique de l'Amérique centrale.

(à suivre - 1a)

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M. Carlos Roberto Reina Idiaquez, Président de la République du Honduras, rappelant que de nouvelles élections présidentielles auront lieu au Honduras fin novembre, a évoqué la volonté des pays d'Amérique centrale de se rapprocher. Il a soutenu le processus de réforme de l'ONU.

Premier orateur de la séance, le Président de la République du Paraguay, M. Juan Carlos Wasmosy, avait reconnu la nécessité d'appuyer la réforme institutionnelle de l'Organisation, à travers le renforcement de l'Assemblée générale et la démocratisation du Conseil de sécurité, mettant l'accent sur la place qui doit y être réservée à l'Amérique latine et aux Caraïbes. Selon lui, la crise financière de l'ONU doit être abordée de façon sincère et décidée. Il a indiqué que son pays, grâce notamment à sa participation au Mercosur, s'est engagé à renforcer les liens entre la démocratie, les droits de l'homme et la satisfaction des besoins fondamentaux de sa population.

M. Keizo Obbuchi, Ministre des affaires étrangères du Japon, a déclaré que la 52ème session de l'Assemblée générale sera une assemblée de réformes que permettront de renforcer la légitimité et l'efficacité du Conseil de sécurité. Fort de l'appui de nombreux pays, le Japon est prêt à assumer ses responsabilités de futur membre permament du Conseil de sécurité. Le Ministre a insisté sur l'obligation pour les Etats Membres de s'acquitter pleinement de leurs contributions.

De son côté, M. Tarja Halonen, Ministre des affaires étrangères de Finlande, jugeant inévitable la réforme des Nations Unies, a appuyé vigoureusement la mise en place au Siège d'un état-major de mission à déploiement rapide. Le Ministre a accueilli avec satisfaction la tendance positive vers le désarmement et la non-prolifération qui a été renforcée par l'entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques et les engagements bilatéraux de la Fédération de Russie et des Etats-Unis en faveur du désarmement nucléaire.

Pour sa part, M. Jaime Gama, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a exprimé sa préoccupation quant à la situation au Timor oriental qui ne s'est pas améliorée en dépit de l'attention croissante accordée par la communauté internationale. Il a indiqué que seule la négociation mènera à une solution durable. Il a estimé que la communauté internationale qui a consenti un investissement conséquent en Angola devrait prendre les mesures qui s'imposent si la situation devait rester dans l'impasse.

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays- Bas, M. Van Mirlo, a déclaré que les propositions du Secrétaire général sont un premier pas dans le processus de réforme de l'Organisation. Il a évoqué les préoccupations des pays en développement qui s'inquiètent d'une réforme qui pourrait réduire les programmes de développement. M. Van Mierlo a indiqué que son pays se félicite de l'idée du dividende pour le développement avancée par le Secrétaire général dans ses propositions de réforme. Il a jugé

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essentiel d'améliorer la capacité des Nations Unies à faire face aux crises, qu'elles soient militaires, politiques ou humanitaires.

En fin de réunion, les représentants de l'Indonésie et du Portugal ont exercé leurs droits de réponse.

La plénière de l'Assemblée générale poursuiva ses travaux demain matin mercredi 24 septembre, à 10 heures. A cette occasion, elle devrait entendre les allocutions du Président du Zimbabwe et du Président de l'ex-République yougoslave de Macédoine. L'Assemblée poursuivra ensuite son débat général auquel participeront le Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l'Inde, ainsi que les ministres et chefs de délégations de l'Allemagne, de la Chine, de la France et du Mexique.

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M. JUAN CARLOS WASMOSY, Président de la République du Paraguay, a indiqué qu'en raison de l'importance fondamentale que son pays attache aux Nations Unies, il reconnaît la nécessité inéluctable d'appuyer la réforme institutionnelle de l'Organisation, à travers le renforcement de l'Assemblée générale et la démocratisation du Conseil de sécurité qui exige l'élargissement de sa composition afin que cette institution soit mieux à même de répondre de façon adéquate aux nouveaux défis auxquel est confrontée la communauté internationale.

M. Wasmosy a indiqué qu'il a présidé les 23 et 24 août derniers, à Asuncion, le 11ème Sommet des chefs d'Etat du Groupe de Rio qui a permis d'adopter une Déclaration relative au renforcement des Nations Unies et à la réforme du Conseil de sécurité. Dans cette Déclaration, les pays membres du Groupe réaffirment leur pleine adhésion au multilatéralisme, à la souveraineté égale des Etats et au respect de l'ordre juridique. Ils appuient également l'initiative du Secrétaire général présentée le 16 juillet dernier visant à mettre en oeuvre un vaste programme de réformes ainsi que le processus d'élargissement et de réforme du Conseil de sécurité pour corriger les déséquilibres de sa composition actuelle, mettant l'accent sur la place qui doit être réservée à cette occasion à l'Amérique latine et aux Caraïbes. Pour sa part, le Paraguay réitère son appui aux candidatures du Brésil, de l'Allemagne et du Japon comme Membres permaments. Il est d'avis que le processus de réforme doit inclure une stratégie visant à éliminer les dépenses inutiles, accroître l'intégration des programmes de développement et à optimiser l'utilisation des ressources disponibles. "Le grave problème financier des Nations Unies mérite d'être abordé de façon sincère et décidée", a déclaré le Président.

M. Wasmosy a noté avec une profonde satisfaction les efforts méritoires des Nations Unies en matière de maintien de la paix et les initiatives remarquables prises par l'Organisation dans les nouvelles zones de tension, notamment au Cambodge et en Sierra Leone. Le Paraguay exhorte les parties à déployer davantage d'efforts pour parvenir à une paix durable et stable au Moyen-Orient. Il est favorable à un réexamen de la résolution 2758 (XXVI) de l'Assemblée générale qui dénie selon lui aux 21 millions d'habitants de la République de Chine à Taïwan le droit fondamental de participer aux activités des Nations Unies.

Le Paraguay est optisme quant aux résultats des travaux préparatoires de la Conférence de réexamen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui se tiendra en l'an 2000. De même, le Paraguay a suivi avec intérêt le Processus d'Ottawa et a participé à la Conférence diplomatique d'Oslo qui a adopté le texte définitif de la Convention relative à l'interdiction de l'emploi, du stockage et de la production de mines terrestres antipersonnel et à leur destruction, appuyant la position majoritairement partagée par les membres de la communauté internationale. Le Paraguay réaffirme son intention de souscrire à cette convention, de même que

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son engagement ferme à poursuivre la lutte contre le terrorisme et sa volonté inébranlable de participer activement aux efforts concertés de la communauté internationale en matière de lutte contre le trafic des drogues.

Rappelant que le 10 décembre 1998, la communauté internationale célèbrera le cinquantième annniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le Président a indiqué que cette même année, seront organisées au mois d'août, les premières élections présidentielles libres et démocratiques. Il a indiqué que son gouvernement s'est engagé à renforcer les liens entre la démocratie, les droits de l'homme et la satisfaction des besoins fondamentaux.

Cinq ans après la tenue de la Conférence de Rio, le Paraguay sensibilise chaque jour davantage sa population à la nécessité de respecter l'environnement, cette priorité étant consacrée dans la Constitution de 1992. Le Paraguay souligne l'obligation d'appliquer efficacement le principe de la responsabilité commune mais différenciée des Etats, affirmée lors de la Conférence de Rio. Un peu plus de six ans après la constitution du MERCOSUR, ses pays membres ont pleinement conscience d'avoir posé des jalons importants pour le présent et l'avenir de leurs peuples. Le Mercosur a initité des négociations avec la Communauté andine et participe à la Zone de libre-échange des Amériques, une initiative qui concerne 34 Etats.

M. KEIZO OBUCHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a déclaré que cette session de l'Assemblée générale sera "une assemblée pour la réforme". Nous devons rénover l'Organisation pour lui permettre de remplir pleinement ses tâches. Si les Nations Unies sont incapables de se réformer afin de répondre aux besoins nouveaux, si elles ne s'engagent que dans une répétition sans but de discussions fragmentées au cours desquelles chaque Etat Membre ne poursuit que son propre intérêt, la confiance de la communauté internationale perdra confiance dans l'Organisation.

Le Japon est persuadé que les réformes concernant le Conseil de sécurité, les finances et le développement sont les trois piliers de l'action pour rénover l'Organisation, a poursuivi le Ministre. Il a noté que depuis la fondation des Nations Unies, le monde avait beaucoup évolué. D'autres Etats que ceux qui étaient à l'origine supposés exercer les plus hautes responsabilités pour assurer la paix et la sécurité internationale ont émergé, avec la capacité et la volonté de jouer un rôle mondial. Dans le même temps, de nombreux Etats sont devenus indépendants et ils représentent aujourd'hui la majorité de la communauté internationale. Il est essentiel de réorganiser le Conseil de sécurité pour l'adapter à ces changements, en renforçant sa légitimité et son efficacité. Seul un Conseil de sécurité renforcé et rénové pourra jouer un rôle efficace dans la recherche de solutions aux conflits dans des régions telles que l'Afrique par exemple. Le Japon est en faveur de l'augmentation du nombre des Etats Membres, à la fois permanents et non- permanents du Conseil de sécurité. Il est prêt à assumer ses responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.

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Le Ministre a déclaré qu'il était essentiel pour les Nations Unies d'avoir une solide base financière. A cet égard, il a insisté sur l'obligation faite aux Etat Membres de payer entièrement leurs contributions. Il a fait remarquer que la quote-part du Japon était sur le point d'atteindre celle des Etats-Unis et qu'elle était au moins aussi importante que celle des quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité si la quote-part du Japon continuait à augmenter sans que la réforme du Conseil de sécurité ne soit réalisée, cela poserait un problème d'équité.

Abordant la question du développement, le Ministre a déclaré que le développement et la paix sont étroitement liés. Sous sa Constitution actuelle, le Japon attache une grande importance à sa contribution à la paix internationale par le biais de ses engagements actifs dans les questions de développement et ses efforts d'assistance humanitaire. Par ailleurs, il a déclaré qu'il fallait renforcer les efforts de désarmement ainsi que le régime de non-prolifération des armes de destruction massive.

Mme TARJA HALONEN, Ministre des affaires étrangères de Finlande, a déclaré que la réforme des Nations Unies était inévitable. La réforme est de l'intéret de tous les Etats Membres, petits ou grands, industrialisés ou en développement. L'Assemblée générale devrait considérer ces propositions comme un tout cohérent et donner au Secrétaire général l'autorité pour leur mise en oeuvre durant la session.

Abordant la question de la célébration du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme l'année prochaine, la Ministre a remarqué que c'était une occasion de rappeler l'universalité des droits de l'homme dans la mesure où ils appartiennent à chaque individu, quelle que soit sa culture et son système politique. Le devoir des gouvernements est de promouvoir et de protéger ces droits, a-t-il déclaré, et le Gouvernement finlandais se félicite et appuie la nomination de Mme Mary Robinson au poste de nouveau Haut Commissaire aux droits de l'homme.

La Ministre a noté que les Nations Unies avaient aujourd'hui une grande expérience de la gestion des crises et des opérations de maintien de la paix. Une fois que les décisions politiques sont prises, elles doivent être appliquées rapidement et sans délai. Il a appuyé vigoureusement la mise en place au Siège de l'Organisation d'un état-major de mission à déploiement rapide. La Ministre a noté avec satisfaction que les récentes élections en Bosnie-Herzégovine aient été couronnées de succès et a encouragé les efforts de l'Organisation de l'unité africaine en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix. La Finlande, a-t-il indiqué, est disposée à fournir son assistance à la formation du personnel de maintien de la paix. S'agissant du Proche-Orient, il a déclaré que la Finlande est disposée à continuer à jouer son rôle de soutien au processus de paix, mais il a souligné que les parties devraient elles-aussi jouer le leur pour qu'il y ait un processus à soutenir. Elle a accueilli avec satisfaction la tendance

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positive vers le désarmement et la non-prolifération qui a été renforcée par l'entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques et les engagements bilatéraux de la Fédération de russie et des Etats-Unis concernant le désarmement nucléaire.

Enfin, la Ministre a estimé que le non-paiement des contributions était une menace pour les Nations Unies, car cela compromettait les engagements et la solidarité des Etats Membres envers l'Organisation.

M. JAIME GAMA, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a exprimé les soutien de son pays au programme de réformes du Secrétaire général. Il a indiqué que son pays accueille favorablement la création d'un poste de vice- secrétaire général ainsi que la proposition visant à rationaliser les débats de l'Assemblée générale. Dans le domaine de la paix et de la sécurité, le Ministre a appuyé les initiatives tendant à renforcer les capacités de diplomatie préventive et d'édification de la paix après les conflits. Il a également soutenu la création d'un quartier général rapidement déployable et la constitution d'une brigade d'intervention rapide des forces en attente pour permettre aus Nations Unies de lancer rapidement une opération de maintien de la paix. Il a en outre appelé à la promotion de la coopération avec les organisations régionales, en particulier en Afrique.

Poursuivant son analyse du Programme de réformes du Secrétaire général, il a indiqué le soutien du Portugal à la décision de regrouper le Centre des droits de l'homme et le Bureau du Haut Commissaire pour les droits de l'Homme; de restructurer le secteur de l'assistance humanitaire en renforcant le rôle du Coordonnateur des secours d'urgence et en établissant un segment des affaires humanitaires au sein de l'ECOSOC; de renforcer les mécanismes de coordination des politiques macro-économiques des Nations Unies et de ses institutions spécialisées; de garantir une approche intégrée, cohérente et coordonnée des activités d'aide au développement des fonds, programmes et institutions pertinentes. Le Ministre a par ailleurs estimé que la mobilisation de sources de financement privées pourrait se révéler très importante dans cette période de restriction budgétaire.

Pour ce qui est de la réforme du Conseil de sécurité, il a reaffirmé le soutien de son pays aux candidatures de l'Allemagne et du Japon en qualité de membres permanents. Néanmoins, a-t-il ajouté, il serait difficile de comprendre pourquoi l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité ne comprend pas de représentants d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et des Caraïbes. Parmi les Etats Membres éligibles, il y a le Brésil, pays fondateur des Nations Unies et plus grande nation d'Amérique latine. Le Ministre a également souligné l'importance de revoir les méthodes de travail du Conseil de sécurité afin de permettre aux pays qui n'en sont pas membres, de participer à ses travaux.

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Abordant la situation en Angola, le Ministre a exprimé sa préoccupation quant aux difficultés que connaît le processus de paix. Selon le Portugal, la résolution 1127 du Conseil de sécurité qui envisage l'imposition de sanctions, est un moyen d'inciter l'UNITA à remplir ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka, et non pas une condamnation ou une tentative d'isolement. La paix en Angola est possible mais elle dépend de la volonté des parties concernées. Celles-ci, a-t-il indiqué, ne doivent pas ignorer l'investissement matériel, humain et financier qui a été consenti par la communauté internationale. Si la situation devait rester dans l'impasse, la communauté internationale adoptera les mesures qui s'imposent, a-t-il souligné. Pour ce qui est de la situation au Timor oriental, il a regretté qu'en dépit de l'intérêt croissant de la part de la communauté internationale, la situation ne se soit pas améliorée, notamment dans les domaines des droits de l'homme et de la liberté d'expression. Seule la négociation mènera à une solution durable au Timor oriental, a-t-il souligné.

Le Ministre a par ailleurs attiré l'attention sur la participation de son pays aux travaux des organisations internationales, notamment l'OSCE et l'OTAN. Il a indiqué par ailleurs que le Portugal préside les travaux préparatoires de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les stupéfiants qui aura lieu en juin 1998. Pour ce qui est du développement durable, il a explique que la lutte contre la désertification, la protection des forêts, des océans et des mers font partie des thèmes prioritaires de l'ordre du jour de son gouvernement.

M. H. VAN MIERLO, Vice Premier-Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a déclaré que sa délégation soutient la déclaration qui a été faite au nom de l'Union européenne. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir comment faire en sorte que l'Organisation des Nations Unies puisse jouer le rôle qu'elle seule peut jouer et comment la doter d'un système qui lui permette de mieux fonctionner et de mieux remplir son mandat. Du fait d'une structure trop complexe, l'Organisation a perdu de sa crédibilité. La réforme de l'Organisation est nécessaire et les propositions du Secrétaire général, que les Pays-Bas soutiennent, sont un premier pas dans ce processus. M. Van Mierlo a évoqué les préoccupations des pays en développement qui s'inquiètent d'une réforme qui pourrait, en réduisant le budget de l'ONU, faire en sorte que l'Organisation se concentre sur le maintien de la paix, l'aide humanitaire et les droits de l'homme et réduise les programmes pour le développement. Les pays en développement aimeraient que le développement économique et social soit renforcé. M. Van Mierlo a observé que le développement occupe une place importante dans les propositions de réforme du Secrétaire général et son pays se félicite de l'idée de dividende pour le développement avancée par le Secrétaire général.

M. Van Mierlo a déclaré qu'il est capital que tous les Etats Membres s'acquittent, sans condition, de leurs obligations financières pour le budget régulier ainsi que pour le budget des opérations de maintien de la paix. Le

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maintien de la paix est une des activités les plus visibles de l'Organisation. Il est essentiel d'améliorer la capacité des Nations Unies à faire face aux crises, qu'elles soient militaires, politiques ou humanitaires. Trop souvent l'Organisation est incapable de trouver une solution aux conflits. Cela ne peut pas continuer et ici encore une réforme est indispensable. Comme bon nombre d'Etats Membres, les Pays-Bas ont essayé de développer le concept d'une force d'intervention rapide. Les crises demandent une réponse internationale cohérente et efficace qui intègre non seulement la diplomatie préventive, la médiation politique, l'aide humanitaire mais également l'action sociale, les alternatives économiques et la communication, c'est à dire le développement. La diplomatie préventive, les sanctions économiques, l'embargo sur les armes et la pression politique pourront réduire les risques et les coûts d'une intervention militaire qui doit être utilisée en dernier ressort. Il est impératif d'établir un lien entre la paix et la sécurité et le développement.

En ce qui concerne le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, M. Van Mierlo a déclaré qu'il fallait rester vigilants. Les engagements pris précédemment doivent être mis en oeuvre et devenir une réalité. Les Pays-Bas se félicitent du fait que la question des droits de l'homme occupe une place importante dans les propositions de réforme du Secrétaire général. M. Van Mierlo a par ailleurs évoqué la Conférence qui se tiendra à Rome et qui, comme il l'espère, adoptera une Convention pour l'établissement d'une Cour criminelle internationale. Son pays s'en réjouit à l'avance et a l'honneur d'annoncer qu'il a offert d'accueillir le siège de la Cour dans la ville de La Hague.

M. ALVARO ARZU IRIGOYEN, Président de la République du Guatemala, intervenant en qualité de Président du Système d'intégration centraméricaine (SICA), a indiqué que les pays d'Amérique centrale ont décidé d'intervenir aujourd'hui de manière conjointe devant l'Assemblée générale afin de mettre en relief l'importance, la portée, la profondeur et l'ampleur des changements qui se produisent dans la région, après des années de confrontation et de souffrance. "Nous apportons de bonnes nouvelles. L'Amérique centrale est en train de changer d'une manière remarquable. Nous apportons des nouvelles de paix, de démocratie et de développement. De compréhension et d'unité", a déclaré le Président, avant d'ajouter que cette nouvelle étape se déroule avec l'accompagnement respectueux et l'appui responsable de la communauté internationale. Il faut se rappeler, a-t-il poursuivi, qu'il y a à peine douze ans, les Centraméricains se trouvaient au bord d'une guerre régionale. Il y a dix ans nous avons conclu les Accords d'Esquipulas II, procédure pour une paix ferme et durable en Amérique centrale. C'est en parcourant des chemins ardus et complexes que les processus de dialogue et de réconciliation ont avancé.

Le Président a indiqué qu'en 1996, en moins de dix mois, le Guatemala a fait aboutir les négociations requises pour la conclusion de sept accords spécifiques de paix au Guatemala, conclus avec l'Unité révolutionnaire

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nationale guatémaltèque (URNG), parvenant ainsi, le 29 décembre dernier, à la signature de l'Accord final pour une paix ferme et durable, mettant fin à 36 années de conflit armé intérieur. Le processus d'éxécution des accords de paix va de l'avant, d'une allure décidée. Le Congrès national s'apprête à discuter les réformes constitutionnelles convenues et les organisations de la guérilla qui composent l'URNG, ayant été démobilisées, font le nécessaire en vue de leur retour à la légalité et sont en passe de se convertir en organisation politique en vue de la lutte électorale.

Le Président a insisté sur le fait que tous ces changements fondamentaux sont contrôlés et appuyés par les Nations Unies. Ils viennent s'ajouter à d'autres qui les ont précédés dans l'isthme, qui ont permis la reprise en main et la revitalisation du processus d'intégration régional. Après avoir établi en 1991 le Système d'intégration centraméricaine, les pays de la région réunis il y a quelques semaines au Panama, puis au début du mois à Managua, se sont mis d'accord pour réviser le plus largement possible l'ensemble des institutions régionales. Pour la première fois les gouvernements de la zone ont reconnu le besoin d'aller au-delà de l'horizon de l'intégration économique et de poser clairement la volonté et la décision de diriger leurs efforts vers une union politique régionale.

C'est ainsi que nous avons décidé de commencer le processus de constitution, graduelle et progressive de l'Union centraméricaine, en tant qu'expression supérieure de l'association communautaire.

M. JOSE MARIA FIGUERES, Président de la République du Costa Rica, a rappelé qu'il y a dix ans l'Amérique centrale avait surpris le monde entier en proclamant la paix entre des nations où la haine et l'injustice avaient régné jusqu'alors. "Mes compatriotes croient en la paix, au désarmement et à l'avenir de l'être humain placé sous le signe de l'harmonie et de la solidarité grâce à un droit international bien établi" s'est exclamé le Président, ajoutant que les convictions de son peuple reposent sur plus de cent ans d'expérience d'une démocratie pluraliste et respectueuse des droits de l'homme. Cette démocratie a permis au Costa Rica dès 1948 de supprimer le caractère d'institution permanente à ses forces armées et de déclarer la paix au reste du monde.

Aujourd'hui, l'Amérique centrale se présente à cette tribune unie autour d'un idéal d'intégration et attachée au même projet démocratique. Pour la première fois de leur histoire, les pays qui la composent se tournent vers l'Assemblée générale pour proclamer leur intention d'effectuer un pas décisif vers l'unité dans le cadre de la communauté et de l'association inscrites dans l'Accord de Tegucigalpa, signé en 1991. "Nous savons que nous devons traduire dans la réalité les objectifs et les priorités de cette alliance pour assurer le développement durable" a-t-il assuré, précisant que des relations préférentielles, fondées non plus sur les intérêts à court terme de chacun

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mais sur des stratégies réalistes, sont déjà en place entre l'Amérique centrale et de nombreux pays. C'est conscients de la nécessité de renforcer le processus d'intégration au moyen d'une réforme profonde des institutions régionales, que les pays d'Amérique centrale font aujourd'hui part de leur décision d'aller de l'avant.

Le Président du Costa Rica a poursuivi en soulignant la diversité et la division du monde contemporain. A cet égard, les Nations Unies jouent et continueront à jouer un rôle pivot. Dès sa présentation, le projet de réforme du Secrétaire général a recueilli le plein soutien des pays d'Amérique centrale. Il faut , en effet, sans délais supplémentaires faire en sorte que l'Organisation passe des aspirations nobles aux actions concrètes en faveur de tous et notamment des pays en développement, qui constituent la grande majorité de ses membres. La réforme doit s'accompagnée d'un examen constructif du barême des quotes-parts. Pour les pays d'Amérique centrale, il faut modifier les critères de définition des contributions des Etats Membres, afin que chacun participe financièrement à l'Organisation à hauteur de ses capacités. La stratégie de préservation de la paix et de la sécurité internationales, telle que définie en 1945, doit également faire l'objet d'un examen détailé et fondé sur le consensus. "Nous soutenons ainsi le principe de l'augmentation du nombre des membres permanents au Conseil de sécurité" a- t-il déclaré, précisant que toute proposition dans cette direction doit être démocratique et refléter le pluralisme des Nations Unies. C'est pourquoi l'Amérique centrale soutient tout particulièrement la proposition d'accorder un siège de membre permanent du Conseil de sécurité à trois régions en développement et d'y limiter, si ce n'est supprimer, le droit de véto aux sujets relevant exclusivement du Chapitre VII de la Charte. Cinquante ans après les fondateurs de l'Organisation, la communauté internationale a le devoir de doter les Nations Unies des conditions politiques, financières et adminitratives qui lui permettront de poursuivre ses efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales.

M. ARMANDO CALDERON SOL, Président de la République d'El Salvador, a estimé que, plus de cinq ans après la signature des Accords de paix, El Salvador a réalisé ses objectifs. Nous avons accompli de profondes transformations au sein de la société salvadorienne qui mérite une reconnaissance universelle. Néanmoins, les obligations et responsabilités de notre Gouvernement ne s'achèvent pas avec l'accomplissement des accords de paix mais se poursuivent dans le temps et dans l'espace afin de garantir le le respect de la démocratie et des droits de l'homme. La société salvadorienne, a expliqué le Président, s'est engagée à édifier un nouveau El Salvador en s'attaquant aux racines de la pauvreté et de la marginalisation sociale. L'aboutissement positif du processus de pacification au Guatémala et à El Salavdor a créé une situation propice au renforcement de la stabilité régionale faisant de l'Amérique centrale une région de paix, de liberté et de

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démocratie. Abordant le phénomène de mondialisation de l'économie, le Président a appelé à plus de créativité. C'est la raison pour laquelle nous révisons le système institutionnel de l'Amérique centrale afin de nous permettre l'intégration au nouvel ordre mondial. Le réunification de la "Grande patrie" a toujours subsisté dans le coeur de nos peuple, a-t-il souligné. Le 2 septembre dernier nous avons signé la Déclaration du Nicaragua pour donner un nouvel élan à l'union politique de l'Amérique centrale.

Par ailleurs, M. Calderon Sol a estimé que les principes de l'Organisation restent valables tout en soulignant l'importance du processus de réforme afin de permettre aux Nations Unies de répondre de façon adéquate aux exigences du nouvel ordre mondial. Il a indiqué son soutien au programme de réforme institutionnelle proposé par le Secrétaire général et a appelé à la stabilisation des ressources financières de l'Organisation. Le règlement des contributions doit être inconditionnel si l'on veut garantir la crédibilité des Nations Unies. Pour ce qui est de la réforme du Conseil de securité, il a plaidé en faveur d'une augmentation des membres permanents et non permanents sur la base d'une représentation géographique équitable. Le Président a également soulevé la question des méthodes de travail du Conseil de sécurité. Le processus de prise de décisions doit être transparent, collégial et démocratique et doit associer toutes les institutions du système à travers un mécanimes de coordination. D'autre part, il a indiqué son appui aux justes aspirations de la République de Chine à Taïwan et sa candidature au sein de l'Organisation. Il a par ailleurs fait part de la reconnaissance de son pays envers les Nations Unies pour leurs efforts de pacification à El Salvador.

M. CARLOS ROBERTO REINA, Président de la République du Honduras, s'est félicité du fait que, en cette fin de siècle, la plupart des nations ont choisi la démocratie comme forme de gouvernement. Il a cependant fait remarquer qu'il y avait un "mal être de la démocratie". Le système démocratique est remis en cause lorsqu'il est question du développement et du bien être des populations. Dans les années à venir, il faudra trouver des formules qui garantissent une relation efficace entre la démocratie et le développement, le bien-être et l'équité, une richesse croissante et une pauvreté en voie d'extinction.

Ces dernières années, cinq gouvernements se sont succédés légitimement et sans interruption au Honduras à la suite d'élections libres. Ceci n'a pas de précédent dans l'histoire du pays. La réalité concrète du Honduras illustre une fois de plus le fait que les élections libres ne sont pas suffisantes pour consolider le système gouvernemental et pour garantir la pleine satisfaction de la population. Il est capital de passer de la démocratie formelle à la démocratie réelle. Cela exige une vigilance permanente. Il est capital de lutter contre la corruption qui est un des pires enemis de la démocratie. De nouvelles élections présidentielles auront lieu au Honduras fin novembre et la communauté internationale peut être assurée que le processus électoral sera libre et transparent. Le Président a

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déclaré que, à la fin de son mandat, les indicateurs économiques reconnaissent que l'économie du Honduras s'est améliorée. Un état dynamique est en train de se constituer. Le Président a évoqué la volonté des pays de l'Amérique centrale, dont le Honduras fait partie, de se rapprocher. L'alliance pour le développement durable a donné un nouveau concept de développement qui reconnait l'importance de la personne humaine. Il y a eu de ce fait une valorisation des ressources des pays d'Amérique centrale. Il est important de tirer partie des avantages spécifiques des pays de la région tels que leur litoral ou encore leur biodiversité. Le Président a évoqué la déclaration du Nicaragua dans laquelle apparait la détermination des états d'Amérique centrale de développer l'intégration régionale. L'Amérique centrale n'est pas seulement un acte de foi mais également un travail immense qui prend en considération la spécificité de chacun des états.

Le Honduras soutient le processus de réforme de l'Organisation des Nations Unies. L'Organisation doit évoluer avec son temps. Le Honduras réaffirme qu'il n'est pas favorable à la voie rapide de la réforme du Conseil de sécurité. Le Président a évoqué la déclaration adoptée par le Groupe de Rio dans laquelle il est demandé que la région de l'Amérique latine et des caraïbes soit représentée au cas où il y aurait un élargissement de la composition du Conseil de sécurité. Le Président a par ailleurs évoqué la question des mines terrestres antipersonnel que son pays condamne vigoureusement. Il a également déclaré qu'il était satisfait de la façon dont est traitée, à l'échelle mondiale, la question de la corruption.

Droits de réponse

Le représentant de l'Indonésie, en réponse à l'intervention faite cet après-midi par le Portugal, qui avait évoqué la situation au Timor oriental, a estimé que cette intervention pose la question de la sincérité du Portugal dans le cadre du dialogue tripartite actuellement en cours. Le Portugal ne peut à la fois demander un dialogue constructif sur la question et saisir toutes les occasions qui lui sont offertes pour émettre des critiques négatives. Le représentant de l'Indonésie a estimé que le Portugal aurait mieux fait d'entendre les voix qui s'élèvent depuis 22 ans en faveur de la décolonisation. Le peuple du Timor oriental a décidé, conformément aux résolutions pertinentes de l'Assemblée générale, d'exercer son droit légitime à l'autodétermination en s'associant à l'Indonésie.

La représentante du Portugal a déclaré que le Timor oriental n'a pas été décolonisé et demeure un territoire non autonome dont la situation est examinée par les Nations Unies. Le Portugal est déterminé à aider le Secrétaire général, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies, à trouver une juste solution à un problème qui n'a que trop duré.

- 12 - AG/678 23 septembre 1997

Le representant de l'Indonésie a estimé que la réponse apportée par le Portugal n'apporte aucun nouvel élément. Il a souligné que le peuple du Timor oriental partage les points de vue de l'Indonésie sur la question de l'autodétermination.

La représentante du Portugal a rappelé la position de son pays sur la question et fait valoir que la déclaration du représentant de l'Indonésie n'avait rien apporté de nouveau.

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