AG/677

LES DELEGATIONS ENGAGENT L'ASSEMBLEE GENERALE A SOUTENIR ET COMPLETER LES PROPOSITIONS DE REFORME DU SECRETAIRE GENERAL

23 septembre 1997


Communiqué de Presse
AG/677


LES DELEGATIONS ENGAGENT L'ASSEMBLEE GENERALE A SOUTENIR ET COMPLETER LES PROPOSITIONS DE REFORME DU SECRETAIRE GENERAL

19970923 Plusieurs délégations font l'éloge de la coopération régionale en matière de sécurité et de développement

L'Assemblée générale a poursuivi ce matin son débat général sous la présidence de M. Hennadiy Udovenko (Ukraine) en entendant l'allocution de M. Marc Forné Molné, Premier Ministre de la Principauté d'Andorre, qui a appuyé inconditionnellement le programme de réforme des Nations Unies, engageant notamment l'Organisation à renforcer ses moyens de communication. Le Premier Ministre a toutefois adressé une mise en garde contre une réforme qui tendrait à ignorer le rôle des petits Etats et ne tiendrait pas compte des aspirations de la jeunesse.

Pour sa part, M. Koffi Panou, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Togo, a estimé que l'Afrique doit chercher à prévenir les conflits fratricides qui détournent l'essentiel de ses énergies du développement, en poursuivant sa réflexion sur la création d'une Force africaine de maintien de la paix. Préoccupé par l'augmentation croissante de la pauvreté, il a souhaité que le développement soit au centre de la réforme de l'ONU.

S'exprimant au nom de l'Union européenne, M. Jacques Poos, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération du Grand-Duché du Luxembourg, a estimé que le Traité d'Amsterdam constitue un nouveau pas dans la construction européenne. Il s'est déclaré préoccupé par les retards pris dans l'application des accords de paix en Bosnie-Herzégovine et a engagé les parties au Moyen-Orient à retrouver l'esprit de confiance mutuelle qui avait fait naître l'espoir d'une paix juste, durable et globale. Il a appuyé pleinement les efforts déployés par l'OUA dans la région des Grands Lacs. "Le programme de réforme de l'ONU offre une occasion unique de procéder à une réforme en profondeur des Nations Unies" a déclaré M. Poos, qui a toutefois regretté que la crise financière de l'Organisation soit devenue structurelle.

(à suivre - 1a)

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De son côté, M. Robin Cook, Secrétaire d'Etat pour les affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, s'est félicité du fait que les propositions du Secrétaire général visent véritablement à moderniser et rendre plus efficace l'Organisation. Il a jugé la réforme du Conseil de sécurité nécessaire et inévitable, défendant le maintien d'un équilibre entre les pays développés et en développement. Abordant le financement de l'ONU, M. Cook a préconisé l'adoption d'une solution fondée sur la capacité des Etats à payer. Il a regretté que l'endettement des pays les plus pauvres les empêchent de se développer.

M. Yevgeni M. Primakov, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a établi un lien entre sécurité internationale et régionale et l'établissement de systèmes de sécurité. Le Ministre a estimé que l'OSCE peut fournir les bases d'un système de sécurité durable en Europe. Evoquant la signature de l'Acte fondateur des relations entre l'OTAN et la Fédération de Russie, il a indiqué que cet accord ne modifie en rien l'opinion négative de son pays vis-à-vis de l'élargissement de l'OTAN.

Pour sa part, M. Valdis Birkavs, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a déclaré que l'histoire récente montre la nécessité de réformer l'Organisation, estimant que les propositions de réforme du Secrétaire général visent le long terme et sont donc susceptibles d'évoluer. Il a souhaité une représentation géographique plus équitable et une présence renforcée des petits Etats au Conseil de sécurité. Le Ministre a également évoqué les succès enregistrés au cours de l'année écoulée par le Bataillon balte dans sa préparation aux opérations de maintien de la paix.

M. Tom Ikimi, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, après avoir rappelé que son pays attache une grande importance à la défense des droits de l'homme et ne nourrit aucun intérêt hégémonique ou expansionniste, a souligné qu'outre l'ONU, certaines organisations régionales et sous-régionales ont un rôle fondamental à jouer en matière de maintien de la paix. M. Ikim a déclaré que la réforme des Nations Unies serait incomplète sans une réforme du Conseil de sécurité, jugeant indispensable que l'Afrique y dispose de deux sièges permanents.

Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu cet après-midi à 15 heures, la plénière de l'Assemblée générale entendra les déclarations des Présidents du Paraguay, du Guatemala, du Costa Rica, d'El Salvador et du Honduras, ainsi que les interventions des délégations du Japon, de la Finlande, du Portugal et des Pays-Bas.

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M. MARC FORNE MOLNE, Premier Ministre de la Principauté d'Andorre, a indiqué que la Principauté d'Andorre s'associe inconditionnellement au projet de réforme des Nations Unies, car elle est convaincue que l'Organisation est indispensable. Comme petit Etat faible dans un monde de forts, la Principauté obéit à son intérêt national lorsqu'elle souhaite que le droit et le dialogue priment sur la loi du plus fort et sur les affrontements armés. L'Andorre qui possède le record de paix du monde, 700 ans, et les autres petits Etats jouissent d'une liberté de réflexion sur l'avenir de l'humanité et le bien- être des individus du troisième millénaire sans intérêts occultes ni motivations douteuses. Le défi consiste à créer une époque d'éclaircissement, où l'on pourra compter sur les Nations Unies et leurs idéaux. Pour leur part, les petits Etats ne manqueront jamais de les défendre.

Le Premier Ministre a estimé que les propositions de réforme des Nations Unies présentées par le Secrétaire général sont sérieuses, équilibrées, novatrices et concrètes. Il a soutenu la création d'un poste de Vice- Secrétaire général qui permettrait au Secrétaire général de se consacrer aux grands problèmes. M. Forné Molné a toutefois mis en garde contre le risque de voir le Vice-Secrétaire général devenir un contre-poids pour le Secrétaire général. Selon lui, la réorganisation de l'organigramme de direction de l'ONU est une prérogative qui incombe au Secrétaire général. Aussi, l'Andorre l'encourage-t-elle à renforcer le rôle des Comités exécutifs créés en janvier dernier ainsi qu'à établir l'embryon d'un cabinet exécutif. Le Premier Ministre a déclaré partager le souhait du Secrétaire général de voir une évolution dans la culture de la gestion de l'ONU vers une plus grande efficacité et une plus grande productivité. M. Forné Molné a appuyé la décision de M. Annan d'orienter les activités de l'Organisation en fonction d'objectifs concrets et d'échéanciers précis.

L'Andorre est convaincue que les réformes structurelles et fonctionnelles permettront de réaliser des économies substantielles. Elle estime cependant que les Etats Membres doivent s'acquitter de leurs contributions. Elle est d'avis que la création d'un fonds de crédit d'un milliard de dollars ne constitue qu'une solution transitoire à une précarité financière qui n'aurait jamais dû exister. L'Andorre est disposée, si les autres Etats Membres en appuient l'idée, à augmenter de 10% le montant de sa contribution annuelle au budget ordinaire de l'Organisation destinée à ce fonds d'urgence, à condition que les tous les pays paient leurs dettes. Le Premier Ministre a appuyé les propositions de réforme des activités de développement. Il a soutenu l'intention de transformer le rôle du Conseil de tutelle afin de lui confier le mandat de protéger l'intégrité de l'environnement mondial et du patrimoine commun de l'humanité.

L'Andorre croit aux idéaux des Nations Unies et appuie globalement la réforme proposée par le Secrétaire général. Elle souhaite un renforcement et une mobilisation constante des relations publiques des Nations Unies.

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"Montrons à nos peuples que les diplomates de 1997 ne sont pas un club de dames et de messieurs qui travaillent peu et errent dans les couloirs de cet édifice", a déclaré le Premier Ministre. A l'instar de ce qui se fait à l'UNICEF, il serait judicieux de nommer des personnalités et leaders d'opinion porte-paroles chargés de défendre la cause des Nations Unies dans leurs pays et de par le monde. Il faut réfléchir ensemble aux méthodes appropriées de relations publiques et de communication des Nations Unies en cette cinquante- deuxième session, session de réforme. Le Premier Ministre a conclu son intervention en adressant une mise en garde contre une réforme qui ignorerait le rôle des petits Etats et de la jeunesse.

M. KOFFI PANOU, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Togo, abordant la situation propre à son pays, a expliqué que le Président Eyadema s'emploie à consolider les bases politiques et juridiques d'un État de droit et à faire du développement et surtout de l'élimination de la pauvreté la clé de voute de sa politique. Le Ministre a indiqué que l'Assemblée Nationale est devenue un forum remarquable du débat démocratique tandis que le PIB s'est accru de 6 pour cent en 1996. L'amélioration de la compétitivité des exportations et la reprise progressive de la coopération ont permis le redressement de la balance des paiements et le renforcement de la contribution du pays aux réserves de change de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

Le Ministre a par ailleurs abordé la question du maintien de la paix qui selon lui constitue une tâche primordiale pour les Nations Unies. A cet égard, il a appelé au renforcement de la coopération avec les organisations régionales. Exprimant sa préoccupation quant à la situation qui prévaut dans la République du Congo, il a engagé les parties concernées à conclure le plus rapidement possible un cessez-le-feu définitif afin que puisse être déployée la Force internationale d'interposition sous l'égide de l'ONU et de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Pour ce qui est de la République démocratique du Congo, le Ministre a exhorté les autorités de Kinshasa à tout mettre en oeuvre pour instaurer un climat propice à la réconciliation nationale en vue de s'attaquer aux tâches prioritaires du développement. S'agissant de la Sierra Leone, il a demandé le rétablissement de l'ordre constitutionnel et a rappelé que son Gouvernement avait condamné le putsch du 25 mai 1997. Il s'est en revanche félicité de la mission menée par la CEDEAO appuyée par l'ONU et l'OUA au Libéria.

C'est à l'Afrique, a ajouté le Ministre, qu'il incombe de chercher à prévenir les conflits fratricides qui détournent l'essentiel de ses énergies de la voie du développement. Elle se doit par conséquent de poursuivre la réflexion sur le projet de création d'une Force africaine de maintien de la paix dont l'idée a été lancée pour la première fois par la Président Eyadema. Par ailleurs, il s'est félicité des efforts de redynamisation du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique et a

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estimé que celui-ci a un rôle de premier plan à jouer dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique. Au Moyen Orient, le Ministre a déploré la poursuite de la politique d'implantation des colonies de peuplement et la recrudescence des actes de violence. Il a appelé les parties à reprendre les négociations conformément à l'esprit des Accords de 1993 et 1994. Appelant par ailleurs à un désarmement général et complet, il a rappelé que le Togo a salué la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il s'est félicité de l'entrée en vigueur le 29 avril de cette année de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et de l'adoption du Traité relatif à l'interdiction de l'emploi, stockage et fabrication des mines terrestres antipersonnel.

Abordant la question relative au phénomène de mondialisation, il a exprimé sa préoccupation face aux poches de pauvreté qui ne cessent de croître. Cette situation, a-t-il indiqué, illustre bien la faillite des multiples stratégies de développement mises au point par la communauté internationale. La levée des barrières protectionnistes des pays du Nord constituera réellement une véritable contribution à l'effort de développement entrepris par les moins nantis. La mondialisation doit s'accompagner d'un élan de solidarité plus accru marqué par la volonté des pays du Nord d'acheter à des prix rémunérateurs nos produits de base. Pour ce qui est du problème de la dette des pays en développement, il a appelé à une plus grande compréhension de la part des créanciers tout en soulignant que la politique de développement ne saurait être conçue en dehors de la coopération régionale. S'agissant de la réforme et de la revitalisation de l'Organisation, le Ministre a plaidé en faveur de l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité sur une base géographique équitable. Pour ce qui est de la restructuration du Secrétariat, il a observé que les décisions et mesures adoptées ne devraient en aucun cas amoindrir les capacités de l'Organisation en matière de développement. Il a formé l'espoir que le développement sera au centre de la réforme.

M. JACQUES POOS, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération du Grand-Duché du Luxembourg, prenant la parole au nom de l'Union européenne, a rappelé que la monnaie unique, l'Euro, verra le jour le 1er janvier 1999 et contribuera à une plus grande stabilité et à un meilleur équilibre du système monétaire international. Il a expliqué que le Traité d'Amsterdam, qui sera soumis à la signature des plénipotentiaires dans deux semaines, constitue un nouveau pas dans la construction de l'Europe et ouvre la voie au processus d'élargissement. Il prévoit le renforcement de la cohérence dans l'action extérieure de l'Union. Les implications internationales de l'élargissement de l'Union iront bien au-delà des nouvelles frontières de l'Europe élargie, a-t- il déclaré.

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Le Ministre a souligné que l'Union européenne était le plus grand contributeur au budget ordinaire et au budget des opérations de maintien de la paix de l'ONU. Il s'est dit préoccupé par les lenteurs et les retards dans la mise en oeuvre des accords de paix en Bosnie-Herzégovine, tout en soulignant que la responsabilité de cette mise en oeuvre incombait aux parties elles- mêmes. Le Ministre a déclaré que l'Union ne cessera d'exiger une pleine coopération de toutes les parties avec le Tribunal pénal international. Il a observé avec préoccupation la crise politique qui a éclaté en République Srpska et a estimé que pour sortir de l'impasse politique, la solution appropriée et démocratique passait par la tenue d'élections législatives sous la surveillance de l'OSCE. Il s'est par ailleurs félicité de la tenue et du déroulement des élections municipales les 13 et 14 septembre derniers avec le concours de toutes les parties. Abordant la question du processus de paix au Moyen-Orient, le Ministre a engagé les dirigeants israéliens et palestiniens à poursuivre les négociations pour faire avancer l'application de l'accord intérimaire et de l'accord d'Hébron, et à reprendre les pourparlers sur le statut définitif. Il a demandé à Israël de supprimer certaines mesures prises à l'égard des Palestiniens et a proposé la création d'un comité de sécurité permanent avec la participation des parties concernées et éventuellement celle aussi des Etats-Unis et de l'union européenne.

Dans la région des Grands Lacs, il a affirmé que l'Union européenne est disposée à reprendre progressivement la coopération avec le gouvernement de la République démocratique du Congo en fonction des progrès constatés dans les domaines des droits de l'homme de la démocratisation et de l'établissement de l'état de droit. Concernant la situation au Cambodge, le Ministre a lancé un appel en vue de la cessation immédiate de toute violence et il a réitéré son attachement à la tenue d'élections libres et pluralistes en mai 1998.

Le Ministre a déclaré que les Etats de l'Union européenne avaient pris connaissance avec satisfaction des propositions ambitieuses du Secrétaire général. Il ne s'agit certes pas de redéfinir les mandats de l'ONU mais de transformer l'Organisation en un instrument performant. M. Poos a encouragé le Secrétaire général à mettre en vigueur les propositions qui retirent de sa responsabilité propre et destinées à transformer les services du Secrétariat en une structure plus cohérente le plus rapidement possible. Concernant les propositions visant à améliorer le fonctionnement et à renforcer les mécanismes intergouvernementaux, volet qui requiert l'approbation des Etats Membres, le Ministre a estimé que la méthode retenue et les choix du Secrétaire général devraient permettre de s'engager dans une réforme des Nations Unies effective et de grande portée. Il a estimé que le programme de réformes proposé offre une occasion unique de procéder à une réforme en profondeur de l'Organisation. Le Ministre a souligné que l'Union européenne n'avait pas l'intention d'insister à ce qu'il soit tenu compte de façon détaillée des positions pour chacune des propositions ou recommandations, mais il a exprimé le voeu que les autres délégations acceptent de placer l'orientation générale positive du paquet de propositions

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au-dessus de la satisfaction de chacune de leurs revendications spécifiques. En conclusion, il a rappelé que la crise financière de l'Organisation, de conjoncturelle, était devenue structurelle. Cette crise met en cause la mise en oeuvre des programmes de l'Organisation dans de nombreux domaines. Elle ne pourra être résolue que lorsque tous les Etats Membres auront accepté de remplir pleinement leurs obligations en remboursant les arriérés qu'ils doivent aux Nations Unies et en versant à temps et de manière inconditionnelle le montant intégral de leurs contributions obligatoires au budget ordinaire et aux budgets des opérations de maintien de la paix a-t-il déclaré.

M. Poos a rappelé que l'Union européenne a présenté un ensemble de propositions cohérentes en vue d'assurer une base financière sûre et prévisible à l'Organisation. Ces propositions portent sur des mesures destinées à accélérer le paiement des arriérés, à rendre plus rigoureux le système de paiement des contributions, à renforcer le contrôle de la régularité des dépenses de l'ONU, à réformer dans le sens d'une plus grande équité les barèmes des quotes-parts, afin de mieux tenir compte du principe de la capacité de paiement.

M. ROBIN COOK, Secrétaire d'Etat pour les Affaires étrangères et du Commonwealth, a évoqué l'interdépendance de tous les pays du fait de la mondialisation de l'économie. Les questions telles que la pauvreté, les changements climatiques, la protection de l'environnement, la lutte contre le crime international et le trafic de drogue sont prioritaires à l'échelle internationale. C'est pourquoi l'ONU doit plus que jamais jouer un rôle important. Pour cela, il est capital de réformer l'Organisation afin qu'elle puisse, ainsi que ses membres, faire face aux nouveaux défis qui lui seront lancés à l'avenir. Elle devra être modernisée, faire preuve de plus de souplesse, de compétence et d'efficacité. Les propositions du Secrétaire général vont dans ce sens et les Etats Membres doivent soutenir ses efforts. Le nouveau Gouvernement britannique est fermement engagé à soutenir l'ONU. La réforme du Conseil de sécurité est nécessaire et inévitable. Le Japon et l'Allemagne devraient devenir des membres permanents et il devrait y avoir un équilibre, au sein du Conseil, entre les pays développés et en développement. La question de la représentation équitable des femmes au sein de l'Organisation est également importante.

En ce qui concerne le financement de l'Organisation, il faut une solution qui soit fondée sur la capacité des pays à payer. Les contributions doivent être calculées en fonction du produit national brut et revues suffisamment fréquemment pour tenir compte des changements de l'économie mondiale. Il est capital que les contributions soient payées à temps, ce que fait le Royaume-Uni. Il faut que les questions de la réforme institutionnelle et financière de l'ONU et de la réforme du Conseil de sécurité soient examinées le plus rapidement possible afin de permettre à l'Organisation de remplir son mandat en oeuvrant pour la promotion du développement durable, de la paix et des droits de l'homme.

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M. Cook a évoqué la question de l'endettement qui empêche les pays les plus pauvres de se développer. L'aide internationale ne suffit pas pour éliminer la pauvreté. Les pays les plus pauvres doivent avoir accès aux marchés les plus lucratifs de l'économie mondiale. Il faut par ailleurs s'assurer que le développement ne détruise pas l'environnement. Une action internationale concertée pour sauver l'environnement mondial doit être entreprise. Le Royaume-Uni attend beaucoup de la Conférence de Kyoto sur les changements climatiques. Les questions concernant la diplomatie préventive, le maintien de la paix et les droits de l'homme sont vitales pour l'Organisation. La liberté politique et le développement économique, loin d'être en conflit, se renforcent mutuellement. C'est pourquoi le Royaume-Uni soutient la proposition du Secrétaire général d'intégrer la question des droits de l'homme dans tout les travaux de l'Organisation.

M. YEVGENI M. PRIMAKOV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que la tâche d'une importance capitale qu'il faut accomplir dans la période de l'après-guerre froide consiste à élaborer des mesures efficaces de lutte contre l'émergence et le développement des conflits régionaux. A la lumière du nombre croissant de conflits éthniques interétatiques, le Ministre a estimé que la recherche de solutions doit prendre en compte le respect de l'intégrité territoriale des Etats et les droits des minorités. Etablissant un lien entre conflits régionaux et actions terroristes, le Ministre a fait part de son soutien inconditionnel à la lutte contre le terrorisme tout en mettant en garde contre la tentation de mettre à l'index pour toujours les Etats Membres de l'Organisation au mépris des modifications qui sont intervenues dans la formulation de leur politique. Personne ne détient le monopole de la résolution des conflits, a-t-il insisté. Pour ce qui est des efforts de maintien de la paix dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), le Ministre a fait valoir notamment la coopération qui s'est instaurée au Tadjikistan entre les troupes de la Fédération de Russie, la Mission d'observation des Nations Unies et la force de maintien de la paix de la CEI. Il a également mentionné les efforts de coopération au Nagorny-Karabakh entre son pays, les Etats Unis et la France et ceux déployés par la Russie et la communauté internationale dans le cadre du conflit qui oppose la Géorgie et l'Abkhazie.

Pour ce qui est des opérations de maintien de la paix en général, le Ministre a indiqué qu'il ne voyait rien de répréhensible à leur décentralisation, notamment par le biais des organisations régionales. Il a en revanche appelé à la prudence en ce qui concerne les mesures d'imposition de la paix en particulier dans le cadre de la décentralisation des opérations. De telles actions doivent recevoir l'aval du Conseil de sécurité. Abordant les questions de désarmement, il a indiqué que la Fédération de Russie et les Etats-Unis sont convenu des différentes dispositions de START-3. En conséquence, l'arsenal des deux plus grandes puissances nucléaires sera réduit de 80 %. La stabilité de notre monde multipolaire, a-t-il précisé, ne passe pas seulement par la fin de la course aux armements mais également par des

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garanties de non résurgence. Il est donc indispensable, a-t-il ajouté, que la communauté internationale accorde une dimension universelle au Traité de non prolifération nucléaire. Il s'est par ailleurs félicité de la mise en oeuvre de la Convention sur les armes chimiques. Pour ce qui est des mines terrestres antipersonnel, il a plaidé en faveur de négociations dans le cadre de la Conférence de Genève sur le désarmement.

Etablissant un lien entre sécurité internationale et régionale et l'établissement de systèmes de sécurité, le Ministre a estimé que l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) peut fournir les bases d'un système de sécurité durable en Europe. Le Ministre a évoqué la signature de l'Acte fondateur des relations entre l'OTAN et la Fédération de Russie qui a, selon lui, contribué à l'amélioration du climat européen. Néanmoins, cette signature n'a pas modifié notre opinion négative sur l'élargissement de l'OTAN qui d'une part fait fi des réalités contemporaines et d'autre part engendre le risque de créer de nouvelle lignes de division. Il a en outre mentionné l'accord signé entre son pays, l'Ukraine et le Belarusse qui a contribué à la stabilité de la région. La Russie est disposée à garantir la sécurité de ses voisins. Ceci pourrait se faire à travers un accord de bon voisinage entre la Russie et les Etats de la Baltique, a-t-il précisé. Dans la région de l'Asie-Pacifique, le Ministre a rappelé que les accords relatifs aux frontières entre la Russie et la Chine se révèleront un facteur stabilisateur dans cette vaste région.

Pour ce qui est de la réforme des Nations Unies, le Ministre a insisté sur la nécessité d'améliorer les capacités de l'Organisation. Ceci ne sera possible que si l'Organisation déploie ses efforts dans les domaines où elle a déjà un avantage sur les autres organisations internationales. ll est également nécessaire de supprimer la duplication des tâches menées par les institutions spécialisées du système tout en faisant en sorte que le travail du personnel reflète les réels besoins des Etats Membres. Pour ce qui est de la situation financière de l'Organisation, il a souligné la responsabilité que porte chaque Etat Membre envers l'Organisation et a appelé au règlement des contributions. Il s'est par ailleurs prononcé en faveur de l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité à condition que cela n'affecte pas l'efficacité de l'Organisation. Le Ministre a également fait valoir l'importance croissante des organisations régionales tout en insistant sur le rôle de chef de file des Nations Unies.

M. VALDIS BIRKAVS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a estimé que l'ensemble de propositions de réformes présenté par le Secrétaire général constitue le début d'un processus plutôt que des propositions statiques. Même si elles sont imparfaites ou incomplètes, ce sont les meilleures dont l'Assemblée dispose actuellement. Il a rappelé que, dans les prochains mois, l'Assemblée et le Secrétaire général auront besoin de travailler de concert pour mettre en oeuvre cet ensemble. Pour assurer le succès du processus, il est nécessaire d'établir une base financière saine pour l'Organisation.

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Envisageant la difficile question de la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a réitéré son soutien sans faille à un élargissement de cet organe qui soit être représentatif, notamment des petits Etats. Il a par ailleurs souligné l'intérêt particulier de son pays pour l'avenir des opérations de maintien de la paix et a rappelé que le bataillon balte, dans le cadre de l'opération en Bosnie-Herzégovine, a passé avec succès une année durant laquelle les Lettons, les Estoniens et les Lithuaniens ont oeuvré côte-à-côte et appris à coopérer. Le Ministre a par ailleurs fait part de l'intention de son pays de participer activement à l'établissement d'une Cour criminelle internationale.

Le Ministre a ensuite abordé les récentes réformes en Lettonie, en rappelant que son pays avait retrouvé son indépendance depuis six années. La Lettonie reçoit une assistance internationale de nombreuses sources, dont les Nations Unies, a-t-il rappelé. Grâce à cette coopération, notamment avec le Programme des Nations Unies pour le développement, le bien-être économique et social a été amélioré.

Concernant les droits de l'homme, le Ministre a indiqué que la Lettonie avait versé une contribution volontaire pour appuyer les travaux du Haut Commissariat dans les institutions nationales des droits de l'homme. La Lettonie a ratifié la Convention européenne des droits de l'homme, le 4 juin 1997, fournissant ainsi de nouvelles garanties à ses ressortissants. Le Gouvernement s'efforce de faciliter l'intégration à une frange relativement large de la population qui ne possède pas la connaissance du Letton, en lui offrant des cours dans cette langue qui est la langue officielle.

Le Ministre a souligné que son gouvernement avait déployé de grands efforts pour assurer une stabilité économique durant la période de transition d'une économie planifiée à une économie de marché. Une des leçons apprises en Lettonie est que toute réforme n'entraîne pas uniquement des bénéfices, mais a aussi des coûts.

M. TOM IKIMI, Ministre des Affaires étrangères du Nigéria, a déclaré que les relations internationales doivent être basées sur la perception d'un bien commun, un respect mutuel de la souveraineté et la considération de circonstances et de sensibilités nationales. Les Nations Unies doivent continuer à empêcher l'imposition de la volonté du plus fort au plus faible. Chaque pays vient ici avec son histoire, sa culture et ses traditions. Le Nigéria voit dans la situation des pays africains en difficulté le reflet de sa propre image et un appel à l'aide dans la meilleure tradition de la fraternité africaine. Le Nigéria accorde une grande importance à la promotion et à la défense des droits de l'homme et ne nourrit aucun intérêt hégémonique ou expansionniste. Depuis son accession à l'ONU, le Nigéria a continuellement défendu les intérêts de l'Afrique.

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Le Nigéria a activement participé aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Malgré les efforts des Nations Unies, la sécurité et la stabilité du monde ne sont toujours pas des réalités. La menace de la guerre nucléaire existe encore et l'élimination totale des armes nucléaires doit rester une question prioritaire à l'ordre du jour des Nations Unies. Les Nations Unies sont responsables du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Certaines organisations régionales et sous-régionales ont également un rôle crucial à jouer. Cela a été le cas de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et du Groupe de contrôle de la CEDEAO au Libéria. M. Ikimi a par ailleurs évoqué la situation en Sierra Leone qui a été condamnée par l'OUA, l'ONU et la communauté internationale. La CEDEAO s'est efforcée de trouver une solution au problème qui est apparu dans le pays et a adopté une combinaison de trois stratégies à savoir, le dialogue et les négociations, les sanctions et l'embargo, et le recours possible à la force. Au sommet d'Abuja, des mesures supplémentaires ont été prises afin de renforcer le processus de négociation pour un règlement pacifique de la crise en Sierra Leone. La CEDEAO, la Conférence pour la coordination du développement de l'Afrique australe (SADCC) et l'Autorité intergouvernementale pour le développement ont montré leur capacité à résoudre les conflits. Le Nigéria estime que toute initiative visant à résoudre des conflits doit être, au préalable, examinée et adoptée dans le cadre des mécanismes de l'OUA pour la prévention, la gestion et la résolution des conflits.

M. Ikimi a évoqué les questions de la souveraineté nationale et des droits fondamentaux individuels. La question des droits de l'homme ne doit pas servir de prétexte pour entreprendre des activités qui ébranlent la souveraineté de certains Etats membres. Il y a deux ans, l'administration actuelle du Nigéria a annoncé un programme de retour à la loi civile. Depuis lors, des progrès ont été faits pour mettre en oeuvre ce programme. Les processus du programme de transition devraient être achevés comme prévu le 1er octobre 1998. Si le Nigéria est préoccupé par la question de la paix et de la stabilité sur son territoire, en Afrique de l'ouest et dans toute l'Afrique, c'est parce qu'il est convaincu que le développement socio- économique de l'Afrique ne peut être accompli sans paix et stabilité. M. Ikimi a noté que les dépenses militaires ont eu pour effet de réduire les ressources pour le développement. La prolifération des conflits régionaux et des guerres civiles a conduit les Nations Unies à allouer d'énormes ressources au maintien de la paix et a réduire sa capacité à remplir ses obligations.

M. Ikimi a par ailleurs évoqué la question de la réforme des Nations Unies concernant le Secrétariat, l'Assemblée générale et ses institutions spécialisées. Cette réforme serait incomplète sans une réforme du Conseil de sécurité qui approuve une augmentation du nombre de ses membres permanents et non permanents. Il est capital que l'Afrique, qui représente un tiers des Nations Unies, soit représentée de façon adéquate au sein du Conseil de sécurité. Le Nigéria soutient la proposition faite lors du sommet de l'OUA à Harare, où il a été demandé que l'Afrique se voit attribuer deux sièges permanents avec un pouvoir de veto.

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