En cours au Siège de l'ONU

AG/676

LES DELEGATIONS APPUIENT LES PROPOSITIONS DE REFORMES DU SECRETAIRE GENERAL EN PARTICULIER EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT ET DE DROITS DE L'HOMME

22 septembre 1997


Communiqué de Presse
AG/676


LES DELEGATIONS APPUIENT LES PROPOSITIONS DE REFORMES DU SECRETAIRE GENERAL EN PARTICULIER EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT ET DE DROITS DE L'HOMME

19970922 L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi les travaux de sa cinquante-deuxième session en entendant l'allocution du Président du Nicaragua, M. Arnoldo Aleman Lacayo, qui s'est félicité de l'importance qu'accorde le Secrétaire général dans son programme de réforme au processus de paix et à la nécessité d'améliorer la capacité du système à lutter contre le trafic des drogues et le terrorisme. Il a cependant estimé que les programmes de développement et de renforcement des systèmes démocratiques ne devraient pas être affectés par la réforme en cours, rappelant que les ennemis de la démocratie sont toujours aussi nombreux.

L'Assemblée générale a ensuite entendu la déclaration de M. Leonid Kuchma, Président de l'Ukraine qui a rappelé que son pays, qui s'est engagé depuis six ans sur la voie de la démocratie et du développement économique, a décidé de renforcer activement ses relations avec l'Europe et les pays du Pacte atlantique. Le Président a souhaité que cette année soit celle de la réforme aux Nations Unies. Il a estimé que Tchernobyl, qui n'est d'ailleurs pas le seul problème de l'Ukraine, ne saurait être résolu sans aide internationale.

Poursuivant ensuite son débat général, l'Assemblée a entendu la déclaration de M. Mohammad Nawaz Sharif, Premier Ministre du Pakistan, qui a jugé nécessaire de parvenir à un consensus sur la réforme du Conseil de sécurité et d'explorer de nouvelles sources de financement pour soustraire les Nations Unies à toute influence malsaine. Abordant la situation au Jammu-et- Cachemire, le Premier Ministre a indiqué que son pays a pris des mesures visant à reprendre le dialogue avec l'Inde. Il a toutefois regretté que plus de 600 000 soldats indiens continuent de brutaliser le peuple cashmiri et a demandé à l'ONU d'augmenter le nombre de ses observateurs.

L'Assemblée a ensuite entendu la déclaration du Ministre des affaires étrangères de la Norvège, M. Bjorn Tore Godal, qui s'est félicité de l'accord intervenu à Oslo sur le texte d'une convention visant à l'élimination complète des mines antipersonnel et a appelé tous les Etats à ratifier cette convention. Pour sa part, la Norvège s'engage à fournir 100 millions de dollars pour les activités de déminage et d'assistance aux victimes. Affirmant, par ailleurs, que seule l'ONU est capable de relever les défis qui se posent au monde actuel, le Ministre a apporté son ferme appui aux propositions de réforme du Secrétaire général.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/676 22 septembre 1997

Le Ministre des affaires étrangères de l'Afrique du Sud, M. Alfred Nzo, a estimé pour sa part que les propositions de réforme du Secrétaire général complètent en de nombreux points le processus intergouvernemental de revitalisation de l'Organisation. L'Afrique du Sud est d'avis qu'un élargissement limité de la composition du Conseil ne contribuerait pas à le rendre représentatif et que la question du droit de veto fait partie intégrante du processus de réforme. Le Ministre a déploré la poursuite de plusieurs conflits en Afrique, notamment en Angola et en Sierra Leone, en dépit des efforts louables de l'OUA.

Pour sa part, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, M. Josef Zieleniec, abordant la question de la restructuration du Conseil de sécurité, s'est prononcé en faveur de l'augmentation des sièges non permanents, incluant un siège pour le groupe des Etats d'Europe de l'Est. Il a estimé que l'invitation lancée au Sommet de Madrid à trois pays d'Europe centrale, dont son pays, afin d'entamer les discussions sur une admission à l'OTAN, doit être considérée comme le début du processus d'élargissement de l'OTAN.

Le Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, M. Irakli Menagarishvili, a fait remarquer que les conflits en Abkhazie et dans la région du Tskhinvali constituent un obstacle majeur au développement de son pays. Selon lui, la création du système des forces en alerte serait extrêmement importante pour développer des opérations de maintien de la paix et leur emploi ponctuel à la prévention des conflits, faisant observer que si ces forces existaient il y cinq ans, le développement dramatique du conflit en Abkhazie aurait été évité.

M. Kamal Kharrazi, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, a estimé que la crise du Moyen-Orient représente l'exemple le plus probant de la violation systématique du droit international et des droits des individus et des peuples. Il a jugé regrettable qu'en raison de sa position objective, certaines puissances extérieures accusent l'Iran d'appuyer le terrorisme et de s'opposer à la paix et à sécurité dans la région. La lutte contre ce fléau exige l'abandon du sensationnalisme et de la démagogie au profit d'un effort concerté visant à trouver des solutions raisonnables, objectives et réalistes.

Au cours de sa prochaine réunion plénière, qui aura lieu demain, mardi 23 septembre, à 10 heures, l'Assemblée devrait entendre les allocutions du Premier Ministre de la Principauté d'Andorre ainsi que les interventions des délégations du Togo, du Luxembourg (au nom de l'Union européenne), du Royaume-Uni, de la Fédération de Russie, de la Lettonie et du Nigéria.

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Débat général

M. ARNOLDO ALEMAN LACAYO, Président de la République du Nicaragua, a estimé que le monde contemporain consacre le principe de légitimité et de démocratie politique comme la forme la plus achevée de gouvernement. Aussi, les Nations Unies doivent-elles refléter ce principe de plus en plus universel, en appuyant les efforts déployés par les gouvernements et les peuples du monde, qui luttent pour instaurer la démocratie au sein de leurs nations. Après une décennie d'un système totalitaire et de guerre de résistance, le Nicaragua a opté pour la démocratie, en organisant des élections en 1990 et en 1996. "Le gouvernement que je préside s'est engagé à parvenir à un développement économique et social qui permettra de satisfaire des besoins fondamentaux de la population et garantira un développement durable à moyen et à long terme" a déclaré le Président avant de préciser que son gouvernement a initié un dialogue national ouvert et sincère avec les différentes composantes de la société, notamment avec les partis politiques, la société civile et les organisations non gouvernementales, afin de trouver ensemble les éléments nécessaires à l'émergence d'une culture politique démocratique.

Le Président a déclaré que le peuple du Nicaragua souhaite non seulement vivre en paix, mais aussi en harmonie avec la nature, si généreuse à son égard. Le gouvernement travaille au renforcement du Conseil national du développement dont la tâche est l'adoption de modèles de développement durable susceptibles de répondre aux besoins d'aujourd'hui, mais également des générations futures. Il se félicite de soutenir les efforts de l'hémisphère Sud, en tant que coordonnateur du point 18 du Sommet des Amériques consacré au renforcement du rôle des femmes dans la société. Le Sommet a mis l'accent sur le fait que l'exclusion des femmes des fonctions et dividendes du développement constitue un grave obstacle à la croissance et à la démocratie.

Le Président a fait remarquer que les Nations Unies ne peuvent rester en marge du processus de changement qui caractérise le monde actuel. Il a rendu hommage aux propositions de réforme présentées par le Secrétaire général le 16 juillet dernier. Le Gouvernement du Nicaragua approuve le renforcement du rôle dévolu au Secrétariat au sein de l'Organisation. Il prend note avec satisfaction de l'importance spéciale qu'accorde le Secrétaire général au processus de paix et à la nécessité d'améliorer la capacité du système de lutte contre le trafic des drogues et le terrorisme. Il est cependant d'avis que les programmes de développement et de renforcement des systèmes démocratiques ne devraient pas être affectés par la réforme en cours, rappelant que les ennemis de la démocratie sont toujours aussi nombreux. Le Président a estimé que la structure actuelle du Conseil de sécurité et les prérogatives de ses membres sont l'héritage d'une époque révolue.

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M. Lacayo, après avoir noté que les conflits armés ont pris fin en Amérique centrale et que l'Assemblée générale a déclaré la nécessité de promouvoir la paix, la démocratie et le développement dans la région, a fait part de sa joie de voir se construire chaque jour davantage une intégration réelle et efficace. Il a rappelé, à cet égard, que les présidents des pays d'Amérique centrale qui ont accepté d'initier un processus de constitution progressive d'une Union d'Amérique centrale viennent d'annoncer le 2 septembre dernier à Managua leur intention de constituer un groupe de haut niveau chargé de préparer une telle union. La communauté internationale est invitée à soutenir ce processus sans réserve. Le Président a, par ailleurs, rappelé que la région doit encore résoudre le problème posé par la présence de nombreuses mines antipersonnel et autres engins explosifs, si dommageables pour les populations et les économies nationales.

Le Président a enfin souhaité le réexamen de la résolution 2758 (XXVI) par laquelle l'Assemblée générale a décidé en 1971 d'exclure la République de Chine des Nations Unies. "Nous ne pouvons oublier le droit de ceux qui ont librement choisi de vivre et de constituer la République de Chine et nous voulons que leur pays puisse participer pleinement et efficacement aux activités de l'Organisation", a conclu M. Lacayo.

M. LEONID D. KUCHMA, Président de l'Ukraine, a rappelé que son pays était devenu depuis six ans un Etat démocratique, engagé sur la voie du développement économique. L'Ukraine, a-t-il poursuivi, s'est débarrassé de la dernière ogive nucléaire entreposée sur son territoire devenant ainsi le premier pays qui, d'ancienne puissance nucléaire, ne conserve plus d'armes de ce type.

Evoquant ses relations avec ses voisins, il a rappelé que la signature à Madrid d'un accord avec l'OTAN représente ce que l'architecture de la sécurité en Europe devra être à l'avenir, dans la mesure où il permet de développer de façon active les relations de l'Ukraine avec l'Europe et les pays de l'Atlantique, et d'échapper à la politique des blocs.

Le Président a souhaité que cette année soit celle des réformes aux Nations Unies. Mais comme dans ce domaine le bon sens doit prévaloir, l'Ukraine examine les différentes propositions fondées sur le compromis. Il a noté qu'il fallait savoir faire preuve de pragmatisme et entamer sans délai des discussions sur les propositions du Secrétaire général. Le Président a noté que l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité est une activité prioritaire qui doit tenir compte des principes tels que l'augmentation du nombre des représentants des pays d'Europe centrale et de l'Est, sans limitation dans la durée.

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Concernant les activités de maintien de la paix dans des zones de conflits, le Président s'est déclaré convaincu de la nécessité de poursuivre et de renforcer ces activités. Il a rappelé qu'il y a cinq ans déjà, l'Ukraine participait aux premières forces de maintien de la paix en ex- Yougoslavie. Concernant la situation en Géorgie et en Abkhazie, son pays est disposé à faire tous les efforts pour atténuer les conséquences de ces conflits.

Il a souligné que pour l'Ukraine, les problèmes environnementaux ne sont pas un vain mot. La catastrophe de Tchernobyl qui est un drame national n'est cependant pas terminée avec l'arrêt de la centrale. Aujourd'hui, Tchernobyl n'est plus le seul problème de l'Ukraine et pour surmonter les difficultés, le pays a plus que jamais besoin d'une aide internationale.

M. MOHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a appuyé le processus de réforme des Nations Unies. La réforme ne doit pas être victime de préférences stratégiques, politiques et administratives étroites d'un petit groupe afin d'assurer la solvabilité de l'Organisation. Une véritable réforme doit tenir compte des intérêts de tous. Les contours d'un monde multipolaire émergent progressivement. Dans le cas d'une reprise d'hostilités entre les grandes puissances, la prolifération du veto neutralisera de nouveau l'efficacité du Conseil de sécurité. Il est ironique de constater que les pays qui pratiquent la démocratie chez eux et plaident en faveur de cette démocratie à l'étranger souhaitent une nouvelle aristocratie des Etats. Toute décision sur la réforme du Conseil de sécurité, qui ne recueille pas le consensus de tous les Etats Membres, affaiblira la crédibilité et la légitimité du Conseil ainsi que des Nations Unies en général. La Charte des Nations Unies rejette l'hégémonie. La paix et la sécurité internationales doivent être instaurées par le biais de la coopération. Ceci entraîne le règlement des différends par la négociation, la médiation et l'arbitrage. Le Premier Ministre a fait remarquer qu'une des faiblesses essentielles des Nations Unies est que certains membres sont supposés payer leurs contributions intégralement et inconditionnellement alors que d'autres retardent leur paiement. L'obligation de payer est un principe juste et on ne peut y déroger unilatéralement. En même temps, il faudrait explorer de nouvelles sources de financement pour protéger les Nations Unies contre toute pression ou influence malsaine. Il est essentiel également de renforcer les liens de coordination entre toutes les institutions du système des Nations Unies.

Le Pakistan a pris une série de mesures au niveau national pour consolider la démocratie parlementaire, restaurer l'équilibre financier et lutter contre la corruption, le trafic illicite des stupéfiants et le terrorisme. Ces mesures ont déjà porté des fruits. Le Pakistan lutte pour restaurer la paix et la stabilité dans la région et cherche à mettre fin rapidement au conflit fratricide qui frappe l'Afghanistan. Le Pakistan s'efforce de régler, de manière juste, le différend sur le Jammu-et-Cachemire, conformément aux résolutions des Nations Unies. Il s'efforce de faire cesser la course aux armements en Asie du sud ainsi que de développer le potentiel économique et commercial de l'Asie centrale et du sud.

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Concernant la situation au Jammu-et-Cachemire, M. Nawaz Sharif a indiqué que son gouvernement a pris des mesures visant à reprendre le dialogue avec l'Inde. L'existence du Cachemire ne peut être rejetée. Le droit à l'autodétermination est sacrosaint. Il a été réaffirmé, à plusieurs reprises, par les Nations Unies. Le Conseil de sécurité ne peut être sélectif dans la mise en oeuvre de ses résolutions. Le Premier Ministre a regretté profondément que plus de 600 000 soldats indiens continuent de brutaliser le peuple Cachemiri. Aussi, a-t-il souhaité que les Nations Unies augmentent le nombre des observateurs et demandent à l'Inde de les autoriser à stationner sur leur côté de la ligne de contrôle. M. Nawaz Sharif a émis l'espoir que l'Inde prendra les mesures nécessaires à créer un climat propice au succès des pourparlers, notamment en mettant fin à la campagne de répression contre le peuple Cachemire.

M. BJORN TORE GODAL, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, s'est félicité de ce que, la semaine dernière à Oslo, près d'une centaine de pays soient parvenus à un accord sur le texte d'une convention visant l'élimination complète des mines antipersonnel, et ce, grâce aux efforts inlassables des gouvernements, des organisations non gouvernementales et de la société civile qui ont montré par là-même un modèle unique de coopération. Au début du mois de décembre, les Etats concernés se retrouveront à Ottawa pour la cérémonie de signature de la Convention. La Norvège lance un appel à tous les pays pour qu'ils s'engagent à la ratifier. La Norvège a l'intention de contribuer 100 millions de dollars aux activités de déminage et d'assistance aux victimes, sur une période de cinq ans. L'existence des mines antipersonnel, des petites armes et des armes de destruction massive ne constitue, malheureusement, qu'un des éléments des défis mondiaux qui illustrent la nécessité pour le monde de disposer d'une organisation du genre de l'ONU. La pauvreté, la pollution, l'émergence de nouveaux conflits, les violations des droits de l'homme montrent que seule l'ONU peut s'attaquer à l'élimination de ces fléaux universels et interdépendants de manière radicale et intégrée. Partant, la Norvège accueille avec satisfaction et appuie fermement le programme de réforme du Secrétaire général des Nations Unies. Les Pays nordiques souhaitent que cette réforme soit entreprise le plus rapidement possible, mus par la détermination de rendre l'Organisation plus forte et plus efficace.

La Norvège est un des plus grands contributeurs du système des Nations Unies, dans le domaine du développement comme dans celui du maintien de la paix, a rappelé le Ministre. Elle appuie les propositions du Secrétaire général parce qu'elle veut assurer une utilisation à bon escient de sa contribution. En effet, par son projet de réforme, le Secrétaire général entend garantir une répartition plus efficace des ressources supplémentaires au développement par la création, par exemple, d'un compte pour le développement. En outre, de l'avis de la Norvège, ces propositions de réforme sont susceptibles de renforcer la capacité des Nations Unies à gérer les conflits. Le moment est venu de créer au Siège un état-major à déploiement rapide pour les opérations de maintien de la paix et les autres opérations.

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A cet égard, la Norvège a fait une offre tendant à prendre en charge les frais de personnel de cet état-major. La Norvège estime enfin que ces propositions de réforme permettront de renforcer la capacité des Nations Unies dans le domaine des droits de l'homme. A ce titre, elle accueille avec satisfaction la proposition de renforcer le secrétariat des droits de l'homme ainsi que la nomination de Mme Mary Robinson au poste de Haut Commissaire pour les droits de l'homme. Le Ministre a estimé que les réformes doivent également s'étendre au Conseil de sécurité. Il a rappelé la position de son pays qui consiste à rendre l'instance plus représentative des Etats Membres de l'Organisation ainsi que des changements intervenus dans les domaines politique et économique.

La Norvège se prononce pour l'attribution de nouveaux sièges à l'Allemagne et au Japon ainsi qu'aux pays en développement d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Elle se prononce également en faveur d'une augmentation des sièges non permanents. Le Ministre a en outre mis l'accent sur la nécessité d'entamer des réformes financières et de modifier le barème des quotes-parts. Le moment est venu, a-t-il déclaré, de faire montre de souplesse dans les discussions en la matière et de souligner sans équivoque la nature inacceptable de la politique de non-paiement. Le Ministre a souligné la nécessité de veiller à une meilleure intégration et coordination au sein du système des Nations Unies et entre les Nations Unies et les organisations régionales, les gouvernements, la société civile et les acteurs non gouvernementaux, en particulier en ce qui concerne le domaine humanitaire.

Sur la Bosnie, le Ministre a fait observer que l'attitude des dirigeants locaux n'a pu empêcher la tenue d'élections qui ont eu le mérite de démontrer la capacité de la communauté internationale à redonner espoir en l'avenir. La Norvège demeurera engagée en Bosnie et ce, jusqu'à la consolidation de la paix. Elle continuera en outre à insister sur la nécessité de faire comparaître les criminels de guerre devant les tribunaux. En ce sens, la création d'une cour criminelle internationale revêt toute son importance. Evoquant la situation au Moyen-Orient, le Ministre a appelé les parties à réaliser qu'il n'existe aucune alternative au processus de paix qui doit être mené conformément à l'esprit et à la lettre des Accords d'Oslo. Il a insisté pour que des mesures supplémentaires soient prises afin d'éradiquer le terrorisme dans la région.

M. ALFRED NZO, Ministre des affaires étrangères de l'Afrique du Sud, a estimé que les propositions de réforme du Secrétaire général complètent en de nombreux points le processus intergouvernemental de revitalisation de l'Organisation. Selon lui, le processus de réforme devrait permettre de disposer d'une Organisation revitalisée capable de répondre aux problèmes essentiels auxquels est confrontée l'humanité, à savoir la paix et la sécurité. L'Afrique du Sud appuie sans réserve la position exprimée par le Mouvement des pays non alignés en ce qui concerne l'augmentation du nombre des membres du Conseil de sécurité et rappelle que les chefs d'Etats de

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l'Organisation de l'unité africaine (OUA) ont demandé lors du Sommet d'Harare que l'Afrique dispose de deux sièges permanents et de cinq sièges non permanents. L'Afrique du Sud est, par conséquent, d'avis qu'un élargissement limité de la composition du Conseil ne contribuerait pas à le rendre représentatif. Elle estime de plus que la question du droit de veto fait partie intégrante du processus de réforme.

L'Afrique du Sud en raison de sa douloureuse expérience du colonialisme et de l'apartheid, appuie pleinement la mise en oeuvre du Plan d'action de la décennie pour l'élimination du colonialisme et se déclare favorable à la poursuite des activités du Comité spécial de la décolonisation. Déplorant la poursuite de plusieurs conflits en Afrique, en dépit des efforts louables de l'OUA et de plusieurs dirigeants africains, le Ministre a exhorté les parties en conflit en République du Congo à respecter le cessez-le-feu et à déployer tous les efforts nécessaires à la tenue d'élections nationales en 1998. Il a condamné le coup d'Etat survenu au Sierra Leone et a demandé aux Etats Membres des Nations Unies de soutenir les efforts africains visant à restaurer l'ordre constitutionnel. Rappelant que son pays s'est engagé en faveur de la paix en Angola, le Ministre s'est félicité de la décision du Conseil de sécurité d'imposer les sanctions prévues dans sa résolution 1127 (1997) afin d'obliger l'UNITA à s'acquitter des obligations contenues dans le Protocole de Lusaka. L'Afrique du Sud suit également l'évolution de la situation au Moyen-Orient avec un optimisme prudent, en rappelant que l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien représente la condition préalable à toute paix durable dans la région. Elle note avec satisfaction les dernières initiatives prises par le Secrétaire général pour parvenir à une solution définitive sur la question de Chypre.

L'Afrique du Sud accorde une grande importance à la diplomatie préventive. C'est pourquoi, elle exhorte le Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix à régler la question des états-majors à déploiement rapide et du développement des dispositions relatives aux forces des Nations Unies en attente. L'Afrique du Sud, en dépit de la réapparition de positions maximalistes dans les débats consacrés au désarmement à l'échelle mondiale, est encouragée par le grand nombre d'Etats qui se sont engagés au cours de l'année écoulée à éliminer complètement les armes de destruction massive en devenant parties aux différents traités relatifs à la non-prolifération et au désarmement. Pour autant, il importe d'accorder une priorité aux stratégies et politiques visant à prévenir la prolifération des armes classiques. A ce titre, l'Afrique du Sud attend avec impatience l'entrée en vigueur de la Convention sur les mines terrestres antipersonnel adoptée le 18 septembre dernier à Oslo. Pour sa part, elle a élaboré une législation qui a pour objectif de réglementer l'aide militaire apportée aux gouvernements et institutions étrangers par des individus ou des sociétés privées.

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L'Afrique du Sud a placé la promotion et la défense des droits de l'homme au centre de sa politique étrangère. C'est pourquoi, elle appuie l'organisation d'une conférence mondiale sur le racisme et la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance. L'Afrique du Sud est favorable au renforcement du rôle des Nations Unies en matière de promotion de la coopération internationale pour le développement économique et social, dans le cadre notamment d'un Agenda pour le développement tourné vers l'action. Rappelant successivement la nécessité de venir en aide aux pays les moins avancés et de trouver rapidement des solutions à la question de leur dette extérieure, le Ministre a indiqué que son pays a entrepris résolument de contribuer au processus de transformation et de revitalisation de la Communauté de développement de l'Afrique australe. Il a regretté l'absence de consensus qui a été observé lors du Sommet Rio+5, en juin dernier, mais s'est réjoui de la décision de consacrer une session extraordinaire de l'Assemblée générale à la lutte contre le trafic des drogues. Le Ministre a appuyé la création rapide d'une cour criminelle internationale et a invité les Etats Membres à appuyer les activités des Tribunaux internationaux pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie.

M. JOSEF ZIELENIEC, Premier Ministre de la République tchèque, s'est félicité des efforts de réforme du Secrétaire général, qui, a-t-il noté, ont suscité une réponse favorable de la part des Etats Membres. Concernant la restructuration du Conseil de sécurité, il s'est prononcé en faveur d'un élargissement de cet organe qui n'affecterait ni son efficacité ni sa souplesse. Il a soutenu un accroissement du nombre des membres permanents qui comprendrait l'Allemagne, le Japon et trois autres pays représentant l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine. Il s'est prononcé en faveur de l'augmentation des sièges non permanents, en particulier un siège pour le groupe des Etats d'Europe de l'Est. Il a fait remarquer que tous les Etats Membres doivent remplir leurs obligations financières. Il a noté que l'année en cours est riche en événements politiques importants. L'invitation lancée au Sommet de Madrid à trois pays d'Europe centrale, dont la République tchèque, pour ouvrir les discussions sur une admission à l'OTAN, constitue une décision historique qui ne doit pas être considérée comme la première et la dernière étape, mais bien comme le début du processus d'élargissement de l'OTAN. Il s'est déclaré convaincu que l'OTAN inviterait dans le futur d'autres pays démocratiques.

Le Premier ministre a estimé que le conflit dans l'ex-Yougoslavie, et en particulier en Bosnie-Herzégovine, représente une des questions les plus difficiles à résoudre. Il a appuyé à cet égard le processus de paix fondé sur les accords de Dayton et le Plan d'action de Londres. Sur les questions du maintien de la paix et du désarmement, le Premier ministre a fait valoir que son pays avait participé activement au contrôle des armements et au désarmement. En tant qu'Etat non doté d'armes nucléaires, la République tchèque se prononce en faveur de l'universalité du Traité de non-prolifération des armes nucléaires et de son strict respect. Il a appuyé les efforts en vue

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de créer la Cour internationale criminelle, qui devrait établir un nouveau système pour punir les violations les plus graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Il a soutenu l'élaboration d'une Convention internationale pour la suppression des attentats terroristes à l'explosif. Il a noté qu'une des sphères les plus dynamiques de la coopération internationale est le développement durable et que, dans ce domaine, les résultats obtenus ne sont pas à la mesure des espoirs suscités par la 19ème session spéciale de l'Assemblée sur la question.

M. IRAKLI MENAGARISHVILI, Ministre des affaires étrangères de Géorgie, a fait remarquer que les conflits en Abkhazie et dans la région du Tskhinvali constituent un obstacle majeur au développement de son pays et à la mise en oeuvre des réformes économiques. Environ 300 000 réfugiés et personnes déplacés d'Abkhazie ne peuvent toujours pas réintégrer leurs foyers et commencent à abandonner tout espoir d'un règlement pacifique du conflit. Son gouvernement continue de lancer un appel en vue de l'adoption d'une nouvelle approche, capable de relancer le dialogue. A cet égard, le Gouvernement géorgien se félicite des activités visant à renforcer le rôle des Nations Unies dans le règlement du conflit en Abkhazie. M. Menagarishvili a indiqué que son pays avait accueilli les nouvelles initiatives du Secrétaire général avec espoir et optimisme. A cet égard, il a souligné l'importance que la Géorgie attache à la reprise des négociations de Genève sous les auspices des Nations Unies et avec la participation de la Fédération de Russie, en tant que médiateur, des Amis du Secrétaire général et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Le Ministre s'est déclaré convaincu que le processus de Genève contribuera non seulement au règlement du conflit, mais il mettra également en évidence l'adaptation du rôle des Nations Unies aux nouvelles réalités. La création du système des forces en alerte serait extrêmement importante pour développer des opérations de maintien de la paix et leur emploi ponctuel à la prévention des conflits. Il a fait observer que si ces forces avaient existé il y cinq ans, le développement dramatique du conflit en Abkhazie aurait été évité. Ce conflit montre clairement l'importance des actions coordonnées entre les Nations Unies et les autres organisations internationales compétentes pour le règlement des conflits. Les composantes de restauration de la paix post-conflit telles que la réhabilitation économique des zones de conflit et la création de l'infrastructure nécessaire à leur développement, faciliteraient la confiance entre les parties concernées et créerait un climat social et économique propice au règlement global. De même, la création d'un fonds spécial viendrait utilement renforcer le potentiel des Nations Unies pour la restauration de la paix post-conflit.

La région du Caucase montre clairement les capacités du "modèle progressif" de l'intégration mondiale. Compte tenu de la situation géostratégique de la région, le rôle de la coopération interrégionale, notamment entre les régions d'Europe et d'Asie, est crucial. La Géorgie a été invitée à promouvoir activement la mise en oeuvre de la notion de couloirs qui offre un moyen unique d'élaborer de nouvelles valeurs culturelles, assurer une intégration économique et garantir la stabilité dans la région.

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S'agissant des propositions de réforme présentées par le Secrétaire général, M. Menagarishvili a estimé qu'il faudrait axer l'attention sur un traité qui définirait le cadre juridique international de l'ordre mondial d'aujourd'hui. La Charte des Nations Unies élaborée dans des circonstances particulières, offre un mécanisme pour la prévention et le règlement des conflits entre Etats. Ce mécanisme s'est avéré inefficace lorsque les conflits éclatent au sein même d'un pays. Les principes qui constituent la base des opérations de maintien de la paix traditionnelles, notamment le principe du "consentement des parties" applicable à ce qu'on appelle un conflit ethnique, est souvent incompatible. C'est pourquoi, il faut que la Charte des Nations Unies soit réexaminée et adaptée aux réalités. A cet égard, la Géorgie appuie la création d'une Commission ministérielle pour la révision de la Charte des Nations Unies et des textes juridiques qui définissent le mandat respectif des institutions spécialisées. Le Ministre a appuyé la proposition visant à créer un poste de Vice-Secrétaire général. Il a estimé que l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité constitue le pivot des réformes des Nations Unies. La répartition des responsabilités de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité est également une question vitale.

M. KAMAL KHARRAZI, Ministre des affaires étrangères d'Iran, a estimé qu'aujourd'hui les relations internationales méritent une doctrine nouvelle dont le principal objectif serait la réalisation progressive d'une société civile mondiale. Les principes de cette société seraient l'institutionnalisation d'une règle de droit concernant les relations intérieures et extérieures, d'une part, et la participation de tous, d'autre part. Par l'acceptation de ces deux principes, la communauté internationale serait ainsi en mesure de s'engager résolument en faveur du pluralisme, du dialogue entre les civilisations, de la promotion des droits de l'homme, du développement durable et équilibré et de la justice. Pour sa part, l'Iran a adopté des mesures concrètes pour se conformer à ce qui découle de ces principes, tant aux niveaux régional qu'international et demeure disposé à coopérer avec tous les pays pour réaliser les objectifs communs inscrits dans la Charte des Nations Unies. La crise du Moyen-Orient, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères, représente l'exemple le plus probant de la violation systématique du droit international et des droits des individus et des peuples. Les dernières années ont démontré à suffisance que tout schéma ou proposition qui ne tiendrait pas compte des réalités de la région ou de la politique infamante d'Israël est vouée à l'échec. Il est regrettable que certaines puissances extérieures continuent d'accuser l'Iran d'appuyer le terrorisme et de s'opposer à la paix et à la sécurité dans la région. Abordant la question de l'Afghanistan, le Ministre des affaires étrangères a affirmé qu'il ne saurait exister de solution militaire au conflit qui secoue le pays. Il a assuré les Etats Membres que l'Iran poursuivra ses activités humanitaires et de maintien de la paix dans le pays en coordination avec les Nations Unies et l'Organisation de la Conférence islamique.

- 11 - AG/676 22 septembre 1997

L'établissement de la confiance aux niveaux régional et international ne saurait être effective en l'absence d'une certaine transparence dans la prise de décisions et de la participation de tous les intéressés. Or aujourd'hui le phénomène de l'unilatéralisme trouve sa manifestation dans des domaines aussi cruciaux que le contrôle des armements, le développement, le commerce international, l'environnement et la codification de nouvelles règles des droits de l'homme. L'Iran juge inhumain et illégitime l'existence et la détention d'armes de destruction massive. En dépit des garanties de l'AIEA, certains gouvernements continuent de proférer à son encontre des accusations infondées. Il est pourtant clair que l'insécurité au Moyen-Orient trouve son origine dans le militarisme caractérisé d'Israël. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, en 1995 et en 1996, l'Iran n'a consacré que 3,3% de son produit national brut aux dépenses militaires. Le message de l'Iran à ses voisins est celui de paix et de fraternité. Il accueillera avec satisfaction toute initiative visant à consolider les fondations de la confiance et de la coopération dans la région.

De l'avis de l'Iran, le terrorisme est le fruit de l'absence de lois et des obstacles érigés contre une participation élargie des citoyens. La politique qui consiste à exploiter ce problème international avec force allégations dans le seul but de promouvoir une cause inavouée ou de dissimuler des lacunes dans la politique intérieure ou extérieure se révèle elle-même aussi dangereuse que le terrorisme. La lutte contre ce fléau exige une mise à l'écart du sensationnalisme et de la démagogie au profit d'un effort concerté visant à rechercher des mesures raisonnables, objectives et réalistes. Il faut tout particulièrement privilégier les mesures agrées par les organisations internationales pertinentes. Abordant la question de la réforme des Nations Unies, le Ministre des affaires étrangères a estimé que la composition actuelle du Conseil de sécurité est loin de refléter l'état des affaires internationales. Toute réforme de cette instance doit prendre en compte les points de vue des pays en développement. En outre, l'Assemblée générale, organe le plus représentatif des Etats Membres, doit être en mesure d'assumer la responsabilité de la paix et de la sécurité internationales. De l'avis de l'Iran, seul l'élargissement de la base des participants aux prises de décisions fondé sur des normes acceptables pour toutes les cultures permettra la liberté, la sécurité, la stabilité et le développement durable. A cet égard, l'Assemblée générale représente l'organe le mieux propice au dialogue et à la compréhension et le plus indiqué pour l'adoption de mesures coordonnées visant à construire un monde meilleur et plus juste.

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