AG/675

LE PRESIDENT CLINTON ENGAGE L'ONU A DEVELOPPER DES PARTENARIATS NOVATEURS AFIN D'ATTENUER LES DISPARITES ENGENDREES PAR LA MONDIALISATION

22 septembre 1997


Communiqué de Presse
AG/675


LE PRESIDENT CLINTON ENGAGE L'ONU A DEVELOPPER DES PARTENARIATS NOVATEURS AFIN D'ATTENUER LES DISPARITES ENGENDREES PAR LA MONDIALISATION

19970922 Le Secrétaire général, M. Kofi Annan souhaite que par ces décisions la cinquante-deuxième session devienne l"'Assemblée de la réforme"

La cinquante-deuxième session de l'Assemblée générale réunie sous la présidence de M. Hennadiy Udovenko (Ukraine) a entamé ce matin ses travaux en entendant une déclaration du Président des Etats-Unis, M. William J. Clinton, qui a souligné la nécessité d'établir une stratégie de sécurité pour faire face aux nouvelles menaces. Le Président américain a soutenu le rôle de l'ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales avant d'énumérer les mesures à mettre en oeuvre avant, pendant et à l'issue des conflits. M. Clinton a insisté sur la nécessité pour les Nations Unies de défendre les droits de l'homme universels et de permettre aux progrès réalisés en faveur de la démocratie de durer. Il a rappelé que les droits proclamés par la Déclaration universelle des droits de l'homme sont inhérents à tout être humain et a exhorté les Nations Unies à s'assurer que la mondialisation de l'économie ne crée pas de profondes disparités entre les pauvres et les riches, en instaurant des partenariats novateurs avec le secteur privé, les ONG et les institutions financières internationales.

Auparavant, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, présentant pour la première fois de l'histoire de l'ONU, son rapport annuel sur l'activité de l'Organisation, a souhaité ardemment que par les décisions qu'elle prendra à la présente session soit connue à l'avenir sous le nom d'"Assemblée de la réforme". M. Annan qui a déclaré être d'un optimisme prudent en ce qui concerne l'état général actuel de l'Organisation, a toutefois fait remarquer que la dynamique suscitée par son programme de réformes ne cesse de s'amplifier et a formé l'espoir que, lorsque la présente session s'achèvera, le processus de mise en oeuvre de ces réformes sera déjà entamé. Pour sa part, M. Annan a l'intention d'appliquer avant la fin de l'année toutes les mesures de réforme qui relèvent de sa compétence. Il a exhorté les Etats Membres à ne pas laisser passer l'occasion qui leur est offerte de repenser le rôle de l'ONU afin de lui insuffler une nouvelle vie pour le siècle à venir.

(à suivre - 1a)

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L'Assemblée avait commencé son débat général en attendant la déclaration du Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Luiz Felipe Lampreia, qui après avoir mis l'accent sur le processus d'intégration en Amérique du Sud, a jugé que l'Angola est un test décisif pour l'ONU, qui ne doit ménager aucun effort pour résoudre la crise actuelle et sortir le pays du conflit. Le Ministre a par ailleurs rappelé la détermination de son pays à représenter comme membre permanent l'Amérique latine et les Caraïbes au sein du Conseil de sécurité.

Au titre de son débat général, l'Assemblée générale a également entendu le Premier Ministre du Danemark, M. Poul Nyrup Rasmussen, qui a fermement appuyé le programme de réforme du Secrétaire général, invitant l'Assemblée générale à l'examiner et à l'adopter comme un tout. M. Rasmussen a indiqué que son pays est à l'origine de la création d'une brigade multinationale d'intervention rapide des forces de maintien de la paix en attente, avant d'insister sur la nécessité d'instaurer des relations étroites entre l'ONU et les organisations régionales.

Le Premier Ministre de la République de Fidji, M. Sitiven Ligamamada Rabuka, intervenant à son tour, a chaleureusement accueilli la récente finalisation à Oslo du projet de traité d'interdiction des mines antipersonnel. Après avoir rappelé l'importante contribution de son pays aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le Premier Ministre a une nouvelle fois préconisé l'adoption rapide d'une Déclaration universelle des droits des populations autochtones.

L'Assemblée générale a également entendu la déclaration de M. Jakaya Mrisho Kikwete, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République-Unie de Tanzanie qui a dénoncé les effets négatifs des Accords du cycle de l'Uruguay et défendu l'annulation de la dette des pays en développement. Il a, par ailleurs, passé en revue la situation dans la région des Grands Lacs soulignant l'obligation pour la communauté internationale d'aider les pays d'accueil à subvenir aux besoins des réfugiés et à réparer les conséquences à long terme de leur présence sur leur territoire.

Dernier orateur de la matinée, le Ministre des affaires étrangères du Chili, M. José Miguel Insulza, a estimé que tout élargissement de la composition du Conseil de sécurité devrait viser à renforcer son efficacité et à assurer la représentation équitable des pays en développement. Selon le Ministre, le temps est venu, pour le Secrétariat comme pour les Etats Membres, de faire preuve de courage et d'une créativité collective.

Au cours de sa prochaine séance, qui aura lieu cet après-midi, à 15 heures, la plénière entendra les déclarations du Président de la République du Nicaragua et du Président de l'Ukraine avant de poursuivre son débat général auquel participeront le Premier Ministre du Pakistan ainsi que les Ministres des affaires étrangères de la Norvège, de l'Afrique du Sud, de la République tchèque, de la Géorgie et de la République islamique d'Iran.

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Présentation par le Secrétaire général de son rapport annuel

Le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN s'est félicité de l'occasion qui lui était donnée de prendre la parole à la séance d'ouverture du débat général, et a observé que c'est la première fois que le Secrétaire général a cet honneur depuis que l'Organisation a été créée il y a cinquante deux-ans. "Ma présence aujourd'hui reflète l'importance que vous attachez aux propositions de réforme de l'Organisation que j'ai présentées aux Etats Membres le 16 juillet 1997", a déclaré le Secrétaire général avant de demander aux Etats Membres d'agir en sorte que la présente session soit connue comme "l'Assemblée de la réforme" et qu'elle reste dans la mémoire comme le moment où nous avons tous unis nos forces et saisi l'occasion créée par cette ère nouvelle pour revitaliser notre Organisation, instrument inégalable et universel d'action concertée visant à améliorer le sort de l'humanité".

Le Secrétaire général a indiqué que parmi les progrès accomplis l'an passé, il convient de citer l'adoption de l'Agenda pour le développement à laquelle il faut ajouter aussi des résultats majeurs dans le domaine du désarmement, en particulier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, la Convention sur les armes chimiques et le processus d'Ottawa visant à interdire les mines terrestres antipersonnel. Dans le domaine du maintien de la paix, un groupe de pays s'emploie activement à créer une brigade d'intervention rapide dans le cadre des accords relatifs aux forces en attente. Face aux demandes de plus en plus fréquentes des Etats Membres, l'Organisation a élargi ses programmes visant à appuyer l'amélioration de la l'administration publique, la démocratisation et le renforcement des capacités nationales à promouvoir les droits de l'homme.

M. Annan a précisé que son rapport fait également état de déceptions. Les avantages de la mondialisation sur le plan économique demeurent par trop concentrés pour pouvoir bénéficier à la grande majorité des pays en développement, alors même que l'aide publique au développement continue à fléchir. De nouveaux paradigmes de coopération sont nécessaires qui associent un accroissement majeur de l'aide à un allégement sélectif à la dette, de l'accès aux marchés et aux stratégies d'investissement. Toutes les sociétés, notamment celles qui sont marginalisées par les forces de la mondialisation, doivent avoir l'occasion de participer activement à la nouvelle économie internationale. Les progrès accomplis en matière de désarmement excluent encore les stocks restant d'armes nucléaires. Il n'ont pas touché non plus la prolifération des armes légères et de petit calibre. Le Département du désarmement et de la réglementation des armements que le Secrétaire général a proposé de créer vise à renforcer les moyens dont dispose l'Organisation pour atteindre ces objectifs. Qui plus est, dans un nombre croissant de conflits, les populations civiles sont devenues explicitement la cible des factions en lutte. La violence contre les femmes est devenue la violation des droits de l'homme la plus répandue, qui ignore les frontières de la géographie, de la culture et de la richesse. "Nous devons d'éliminer ces tares avilissantes de la vie contemporaine", a déclaré le Secrétaire général.

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M. Annan a indiqué que depuis son entrée en fonction en janvier dernier il a pris des initiatives en vue d'entamer ou de revitaliser le processus de paix dans le cadre de plusieurs conflits, dont certains résistent à tout règlement. Alors que la situation semble pouvoir se débloquer au Sahara occidental, des lueurs d'espoirs apparaissent ailleurs. S'agissant de l'Afghanistan, il est indispensable que les acteurs régionaux et internationaux s'engagent de nouveau à mettre fin au carnage et à empêcher une crise humanitaire d'une ampleur effroyable. Quant aux pays de la région de Grands Lacs il les a exhortés à s'engager sur la voie de la paix, de la démocratie, de la réconciliation et de la reconstruction, dans le plein respect des droits de l'homme, et à collaborer avec les membres de la communauté internationale afin d'aider et de soutenir leurs efforts. En Bosnie, la communauté internationale doit être prête à consolider les gains obtenus et à empêcher que ne se reproduisent les horreurs qui l'ont amenée à intervenir. Enfin la communauté internationale ne saurait considérer sans inquiétude grave les menaces croissantes aux processus de paix israélo- palestinien. "Nous demandons à toutes les parties de prendre les décisions courageuses qui s'imposent pour rétablir la confiance mutuelle et réaffirmer leur volonté résolue de parvenir à une paix durable", a déclaré le Secrétaire général.

Rappelant que le 16 juillet dernier il a présenté aux Membres de l'Assemblée générale des propositions détaillées relatives à la réforme de l'Organisation, M. Annan a formulé l'espoir que, lorsque la présente session s'achèvera dans plus de deux mois, un consensus sera obtenu et le processus de mise en oeuvre sera entamé. "Nous aspirons à une Organisation qui puisse s'employer activement, en renforçant la communauté de ses vues, la cohérence de ses efforts et la souplesse de ses moyens d'intervention, à rechercher la paix et le progrès", a dit le Secrétaire général", avant de mettre l'accent sur la nécessité pour l'Organisation de reconnaître une société civile mondiale plus solide que jamais et qui en soit le partenaire, tout en aidant à en éliminer les éléments incivils - trafiquants de drogue, criminels et terroristes -, et de voir dans le changement un allié, non pas pour le plaisir de changer, mais pour permettre de faire plus en faisant mieux.

Pour M. Annan, l'objectif des réformes vise à oeuvrer en faveur de ceux qui ont le plus grand besoin d'une Organisation renouvelée et revitalisée car ils n'ont ni le pouvoir ni les ressources nécessaires pour modeler l'environnement international à leur avantage. Selon le Secrétaire général, la dynamique suscitée par le programme de réformes qu'il a annoncé le 16 juillet ne cesse de s'amplifier. Les articles de presse parus dans le monde entier ont été encourageants. Le don extraordinairement généreux et sans précédent d'un milliard de dollars que M. Ted Turner a annoncé en faveur des activités de l'Organisation dans les domaines du développement, de l'environnement et de l'action humanitaire est l'expression la plus visible de cette relation nouvelle et pleine de promesse.

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Le Secrétaire général a fait part de son intention d'appliquer toutes les mesures de réforme qui relèvent de sa compétence avant la fin de l'année. Il a exhorté les Etats Membres à agir, en s'acquittant de leurs obligations juridiques, notamment en réglant leurs arriérés et en versant leurs quotes- parts futures sans condition. Il a demandé à tous les Etats Membres d'examiner sans tarder le programme de réformes proposé, en vue de parvenir à un consensus politique et de donner les autorisations budgétaires requises avant la fin de la session. "Nous vivons une nouvelle époque qui appelle une nouvelle manière de procéder. Il faut donc que la présente Assemblée soit celle de la réforme". Le moment est venu de repenser le rôle de l'Organisation des Nations Unies afin de lui insuffler une nouvelle vie pour le siècle à venir. "L'occasion s'en présente à nous. Il ne faut pas la laisser passer", a conclu M. Annan.

Rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation (A/52/1)

Dans son rapport, le Secrétaire général indique que depuis que le 17 décembre 1996, les États Membres lui ont fait le grand honneur de l'élire septième Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, il poursuit un objectif premier qui est de renforcer la communauté de vues, la cohérence des efforts et la souplesse des moyens d'intervention, afin que l'Organisation puisse mieux aider à relever les défis de notre temps. A cet égard, le Secrétaire général remarque que chacune des composantes de l'ONU a réorienté son apport en fonction des changements sans précédent qui se sont produits ces dix dernières années, et les progrès accomplis au cours des douze mois écoulés sont récapitulés dans son rapport. Il constate cependant que l'Organisation doit, en tout état de cause, apprendre à beaucoup mieux tirer parti de ses principaux atouts que sont les multiples complémentarités et synergies dont l'institution est porteuse. Tel est précisément, fait-il remarquer, l'objet du vaste programme de réformes qu'il a présenté à l'Assemblée générale le 16 juillet dernier, et qu'elle est appelée à examiner à sa présente session.

Le rapport annuel, le premier qu'il a été demandé à un Secrétaire général de présenter en personne devant l'Assemblée, s'articule de la façon suivante. Il évoque succinctement dans l'introduction certaines des forces qui contribuent le plus à transformer le monde dans lequel s'inscrit l'action de l'ONU et, partant, son ordre du jour. Le chapitre II donne un aperçu général de l'activité menée par l'Organisation depuis un an, en insistant sur ce qui a été fait pour adapter et actualiser les grands programmes conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et aux priorités arrêtées par les États Membres. Au chapitre III, le Secrétaire général fait le point de la situation et précise en quoi et pourquoi les réformes institutionnelles qu'il propose constituent une étape obligée si l'on veut que l'ONU demeure un instrument essentiel et efficace de la coopération internationale à l'horizon 2000.

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En premier lieu, le Secrétaire général note que bien qu'elle remonte à près de 10 ans, la fin de la guerre froide exerce encore des effets tangibles et multiformes sur l'échiquier mondial. La rivalité des superpuissances et leur affrontement militaire ayant cessé, une multitude de changements bénéfiques se sont succédé à l'échelon des pays, dont ils ont progressivement modifié les relations. Cependant, poursuit-il, la communauté internationale reste aux prises avec les séquelles de la désagrégation des blocs. Des Etats dont la cohésion ne tenait qu'à l'utilité stratégique que leur prêtait l'un ou l'autre des deux camps se sont cruellement ressentis de ce changement de donne.

Pour le Secrétaire général, la deuxième des forces qui remodèlent notre époque est la mondialisation, source de transformations internationales la plus profonde, sans doute, à surgir depuis la révolution industrielle, qui elle-même a rendu possible l'essor du commerce extérieur, forme désormais aux pouvoirs publics des problèmes de divers ordres. Au nombre de ceux-ci figurent les risques inhérents à la sous-réglementation des marchés, notamment. Les pays en développement se trouvent aux prises avec diverses autres difficultés, les bienfaits de la mondialisation n'ayant encore atteint qu'un assez petit nombre.

L'interdépendance écologique toujours plus étroite des différents pays du monde constitue une quatrième force de transformation. Lors de la Conférence sur l'environnement et le développement, tenue à Rio en 1992, la communauté internationale a fait valoir que seul un développement écologiquement viable permettrait de concilier le progrès économique et social, souhaité par tous, et la sauvegarde des écosystèmes de la planète, dont tous dépendent. Comme l'a fait apparaître le Sommet «Planète Terre + 5», tenu au Siège de l'ONU en juin dernier, les progrès accomplis depuis Rio ont été décevants. Il faut miser maintenant sur la session que la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques tiendra à Kyoto à la fin de l'année.

Une cinquième mutation de notre époque réside dans la forte expansion transnationale de la société civile, elle-même suscitée par une multiplicité de changements à la fois politiques et technologiques. C'est là une tendance des plus importantes pour l'ONU. Dans le cadre des réformes qu'il propose, le Secrétaire général a instamment demandé à toutes les entités des Nations Unies de s'ouvrir aux organisations de la société civile qui agissent dans leurs secteurs respectifs, ainsi que de travailler en coordination et de favoriser la consultation et la coopération avec elles.

Sixièmement, et en concomitance, la démocratisation et le respect des droits de l'homme gagnent du terrain. Dans toutes les régions du monde, les gouvernements s'emploient d'eux-mêmes à contenir l'arbitraire des organes de l'État, de même que les abus et les coûts socio-économiques qui y sont liés. Des élections libres et régulières se tiennent maintenant dans 120 pays,

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nombre jamais atteint auparavant. Mais le Secrétaire général note aussi que les moyens technologiques qui sous-tendent la mondialisation et l'expansion transnationale de la société civile constituent également l'infrastructure sur laquelle repose la progression des réseaux mondiaux de la «société incivile», celle de la criminalité organisée, du trafic des drogues, du blanchiment de l'argent et du terrorisme. Ces éléments parasitaires constituent à ses yeux le septième facteur influant aujourd'hui sur l'ordre du jour de la communauté internationale.

Le paradoxe veut enfin qu'intégration et fragmentation aillent de pair. Dans certains cas, ce qui pourrait passer pour une tendance à la fragmentation est en fait une décentralisation des organes de direction et d’administration répondant à un souci d'efficacité, de productivité et de responsabilisation. Dans d'autres, la fragmentation est née de la désintégration des blocs et a conduit à des troubles civils et à des guerres intestines. Transformations et confusion tendent souvent à coexister. Aussi, la communauté internationale se doit et doit aux générations à venir de renforcer les mécanismes multilatéraux existants, dont l'inégalable instrument d'action concertée qu'est l'ONU, de façon à pouvoir récolter les fruits du changement collectif tout en contenant les effets malencontreux.

Enfin, le Secrétaire général souligne que la situation plus précaire que jamais dans laquelle se trouve l'ONU sur le plan financier exerce des effets débilitants. Outre les problèmes financiers dus aux arriérés, les mutations à long terme qui sont à l'oeuvre aussi bien au niveau national qu'au niveau international impliquent que le fonctionnement des organisations intergouvernementales aura à subir des changements fondamentaux. Or, les ressources dont disposent ces organisations, y compris l'ONU, diminuent par rapport à l'ampleur des tâches auxquelles elles doivent faire face et aux capacités des autres acteurs, en particulier le secteur privé. Dans ce contexte modifié, il ne suffira plus que l'Organisation procède comme dans le passé à des adaptations progressives. Elle devra, pour réussir en ce nouveau siècle, tirer parti au maximum de ses principaux atouts, qui sont ses complé- mentarités et ses synergies. En d'autres termes, elle devra subir des réformes fondamentales et non plus fragmentaires. Trois mesures sont impératives à cet égard et chacune exige l'appui des États Membres.

Il s'agit en premier lieu de créer au Secrétariat les structures appropriées qui permettront à l'Organisation d'agir de manière synergique dans ses divers domaines d'activité. Il ne s'agit pas de gommer ce qui fait l'originalité des diverses unités constitutives, mais de faire en sorte que l'Organisation soit capable de déployer stratégiquement ces unités tout en évitant chevauchements et doubles emplois et en éliminant les rivalités. Nombre de réformes que le Secrétaire général a proposées visent à atteindre ce but notamment la création du poste de Vice-Secrétaire général, du Conseil de direction, du Groupe de la planification stratégique, des quatre Comités exécutifs sectoriels et du Groupe des Nations Unies pour le développement, pour ne citer que l'essentiel.

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La deuxième mesure fondamentale consiste à rééquilibrer les attributions entre les organes délibérants de l'ONU et le Secrétaire général. Pour des raisons ayant surtout à voir avec la politique des blocs pratiquée durant la guerre froide, la rigidité dont est affligée l'Organisation découle en fait dans bien des cas des mandats qui lui sont assignés. Les États Membres exigent, à bon droit, que des comptes leur soient rendus. Toutefois, le Secrétariat a également besoin de souplesse pour pouvoir accomplir sa tâche de la manière la plus économique. Or, la situation actuelle est mal adaptée à cette double exigence. Plusieurs réformes que le Secrétaire général a proposées visent à remédier au problème, y compris les recommandations concernant la rationalisation de l'ordre du jour et des délibérations de l'Assemblée générale, l’inclusion de clauses-couperets dans les nouveaux mandats et, ce qui est le plus important, l'adoption progressive d'un système de budgétisation fondé sur les résultats.

Enfin, le Secrétaire général rappelle que le personnel des Nations Unies constitue une ressource précieuse qui, dans une certaine mesure, a été gaspillée par des règles et des réglementations qui entravent plus qu'elles ne facilitent l'accomplissement efficace de sa tâche. L'Organisation a besoin d'un programme d'organisation des carrières qui fonctionne, d'un ensemble rationnel de moyens d'évaluation des résultats et de critères d'efficacité accompagnés d'un régime prévoyant des mesures concrètes d'incitation et de pénalisation, et d'un style de travail dynamique qui motive son personnel et favorise l'esprit d'équipe. Il se déclare tout disposé à collaborer avec les États Membres pour concevoir une politique du personnel qui contribuera à réunir ces conditions.

Au seuil du siècle nouveau, conclut le Secrétaire général, la communauté internationale a encore du chemin à parcourir pour concrétiser les espoirs et les engagements énoncés dans la Charte des Nations Unies. Toutefois, en mesurant les progrès réalisés par rapport à l'état du monde il y a cent ans, nous ne pouvons manquer d'être impressionnés par tout le trajet accompli. En effet, l'une des principales différences entre la fin du siècle dernier et l'époque actuelle est précisément qu'il existe maintenant des organisations internationales pour rappeler au monde qu'il doit mieux faire et lui en donner les moyens. "C'est la raison pour laquelle nous avons l'obligation solennelle et historique de faire de l'Organisation des Nations Unies l'instrument le plus efficace possible pour parvenir à la paix et au progrès, dans l'intérêt de nos enfants et petits-enfants".

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Débat général

M. LUIZ FELIPE LAMPREIA, Ministre des affaires étrangères du Brésil a noté que l'ONU n'a pas toujours été capable d'empêcher ou de prévenir les conflits mais que toutefois elle a contribué à réduire leur fréquence ou leurs conséquences les plus graves. Il a estimé que l'ONU est entrée dans une nouvelle atmosphère d'espoir.

En raison de ses nombreux avantages politiques et économiques, l'intégration est devenue une réalité en Amérique du Sud, qui résulte de la démocratie et de la liberté économique. Le MERCOSUR, qui donne un nouvel et important élan au développement de la région, est un exemple d'intégration. Seule une action déterminée et coordonnée de la part de la communauté internationale, en particulier dans le domaine du contrôle de la production et de la vente d'armes, pourrait réduire, voire arrêter, le commerce d'armes qui enrichit les cartels du crime et conduit à la violence et à la peur. Le Brésil veut prendre part de façon constructive, aux discussions sur la prorogation indéfinie du Traité de non-prolifération nucléaire, le plus universel des traités sur le désarmement. Le Ministre a observé que des conflits, qui avaient été apparemment réglés par un esprit de compréhension et d'action constructive de la part des Nations Unies, ont resurgi et exigent une action concertée de la part de la communauté internationale. Le conflit en Angola en constitue un exemple. A cet égard, les Nations Unies ne doivent pas manquer à leur devoir. Le Brésil qui, actuellement, occupe la présidence de la communauté des pays lusophones, appelle la communauté internationale et, en particulier, les membres du Conseil de sécurité à suivre de près le processus de paix en Angola.

Le Ministre a fait observer que les Nations Unies sont en train de perdre leur influence dans les domaines du maintien de la paix et de la promotion de la coopération et du développement. L'inaction, le manque de consensus, l'obscurantisme et la politisation de questions simples à résoudre sont à l'origine de cet état de choses. Le Conseil de sécurité devra être représentatif des réalités internationales contemporaines, comme il l'a été par le passé. Le Brésil est résolu à lutter pour l'obtention d'un siège de membre permanent, en tant que représentant de l'Amérique latine et des Caraïbes, a fait observer le Ministre, qui a souligné que la priorité de son pays est de définir le schéma le plus adapté pour un élargissement du Conseil de sécurité. La réforme est devenue plus qu'un concept clé; c'est l'ordre du jour des Nations Unies en 1997.

M. WILLIAM J. CLINTON, Président des Etats-Unis, a déclaré que les forces d'intégration mondiale sont une grande marée, éloignant de façon inexorable l'ordre établi des choses. Mais il faudrait déterminer ce qui doit en rester. Les gens ont peur du changement quand ils en redoutent les conséquences mais ils n'en voient pas les avantages. Ils restent suspicieux à l'égard du protectionnisme déguisé et des appels empoisonnés de nationalisme

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extrême, de haine ethnique, raciale et religieuse. Les nouveaux défis écologiques mondiaux exigent que nous explorions des voies permettant d'oeuvrer ensemble sans porter atteinte aux aspirations en faveur du progrès. Nous sommes tous vulnérables aux actes des Etats et à ceux des terroristes, des trafiquants de stupéfiants et des criminels internationaux, a fait remarquer M. Clinton. Pour saisir les occasions qui s'offrent à nous et faire face aux menaces posées par cette nouvelle ère mondiale, il est indispensable d'établir une nouvelle stratégie de sécurité. Au cours des cinq dernières années, les pays ont commencé à mettre en place cette stratégie par le biais d'un nouveau réseau d'institutions et d'accords, dotés de missions distinctes, mais avec un objectif commun : assurer et renforcer les gains de la démocratie et des marchés libres tout en repoussant leurs ennemis. On peut constater que cette stratégie prend forme dans chaque continent. Il en est ainsi des alliances militaires élargies comme l'OTAN, son partenariat pour la paix et ses partenariats avec une Russie démocratique et une Ukraine démocratique; des accords de libre-échange, comme l'Accord mondial sur la technologie de l'information et les progrès vers des zones de libre-échange réalisés par les pays des Amériques, de la région de l'Asie et du Pacifique et d'autres régions; des régimes solides de contrôle des armes, comme la Convention sur les armes chimiques et le Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Les coalitions multinationales visant à anéantir le terrorisme, la corruption le crime et le trafic des stupéfiants en sont une autre illustration. Des engagements internationaux contraignants pour protéger l'environnement et sauvegarder les droits de l'homme. Par cet ensemble d'institutions et d'Accords, les Etats établissent des normes pour le XXIème siècle, jetant une base pour la sécurité et la prospérité pour ceux qui y vivent tout en isolant ceux qui les défient de l'extérieur. Ce système ne se développera et ne durera que si ceux qui respectent les règles de paix et de liberté en recueillaient les fruits.

Conçues dans le chaudron de la guerre, les Nations Unies doivent jouer un rôle de leader dans cet effort, afin de combler les lacunes de cette nouvelle ère mondiale. Il incombe, en premier lieu, aux Nations Unies de maintenir leur rôle dans le domaine de la paix et de la sécurité. Pendant 50 ans, les Nations Unies ont contribué à prévenir une guerre mondiale et un holocauste nucléaire. Malheureusement, les conflits entre les Etats et les conflits internes perdurent. De 1945 à ce jour, ils ont coûté la vie à 20 millions de personnes. Des millions de tragédies humaines dans le monde mettent en garde qu'il ne faut pas rester complaisant ou indifférent; les troubles qui éclatent dans une région éloignée peut avoir des répercussions sur tout le monde. En ce moment précis, les Nations Unies maintiennent la paix dans seize pays, souvent en coopération étroite avec des organisations régionales comme l'OTAN, l'Organisation des Etats américains (OAS), l'ANASE et la CEDEAO, pour empêcher la propagation des conflits et de plus grandes souffrances. Notre engagement en faveur d'une formation plus réaliste des troupes de maintien de la paix des Nations Unies et en faveur d'un rôle plus dynamique de police civile ainsi qu'une meilleure intégration entre les

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institutions militaires et civiles permettra aux Nations Unies de s'acquitter plus efficacement de leur mandat. En même temps, il faudrait améliorer les capacités des Nations Unies à la fin d'un conflit afin de leur permettre de garantir une paix durable. Les Nations Unies ne peuvent édifier des nations, mais elles peuvent les aider à la reconstruction en encourageant la mise en place d'institutions gouvernementales, en organisant des élections et en jetant une fondation solide pour la reconstruction économique.

Cette semaine, le Conseil de sécurité tiendra une réunion ministérielle sans précédent sur la sécurité en Afrique, qui sera présidée par le Secrétaire d'Etat des Etats-Unis, et auquel participera le Président Mugabe, président en exercice de l'Organisation de l'unité africaine. Cette réunion mettra en exergue le rôle que les Nations Unies peuvent et devraient jouer pour prévenir les conflits sur un continent où des progrès considérables en faveur de la démocratie et du développement coexistent avec tant de discorde, de maladies et de détresse.

Le Président a souligné que la deuxième tâche importante que les Nations Unies doivent accomplir à l'aube du XXIème siècle consiste à défendre et à étendre les droits de l'homme universels et à permettre aux progrès réalisés en faveur de la démocratie de durer. Les droits proclamés par la Déclaration universelle des droits de l'homme ne sont ni américains, ni occidentaux ni propres aux pays en développement, mais ils sont inhérents à tout être humain sans distinction. Les Nations Unies doivent être préparées à y répondre - pas seulement en établissant des normes mais également en les appliquant. Pour éviter les violations des droits de l'homme, il faudrait renforcer les activités sur le terrain des Nations Unies ainsi que les mécanismes d'alerte rapide. Pour renforcer les institutions démocratiques - les meilleurs garants des droits de l'homme - nous devons poursuivre les programmes visant à contribuer au fonctionnement de nouvelles institutions juridiques, parlementaires et électorales.

Pour réprimer les responsables des crimes contre l'humanité - et promouvoir la justice pour maintenir la paix - il faudrait maintenir notre solide appui aux tribunaux pénaux internationaux et aux commissions d'enquête établis par les Nations Unies. Avant la fin de ce siècle, il est indispensable de créer une cour criminelle internationale permanente pour connaître des violations les plus graves du droit humanitaire. Les Etats-Unis se félicitent des efforts du Secrétaire général visant à renforcer le rôle des droits de l'homme au sein du système des Nations Unies et de la nomination de Mme Mary Robinson au poste de Haut Commissaire pour les droits de l'homme.

Il incombe en outre aux Nations Unies de s'assurer que la mondialisation de l'économie ne crée pas de profondes disparités entre les pauvres et les riches. C'est pourquoi, les Nations Unies doivent renforcer leurs efforts de doter les populations des outils nécessaires à la direction de leur destinée. Toutefois, les Nations Unies ne peuvent plus agir seules. Des partenariats

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novateurs avec le secteur privé, les ONG et les institutions financières internationales peuvent renforcer l'efficacité de l'Organisation à plus long terme. La semaine dernière, un Américain visionnaire, M. Ted Turner, a fait un don remarquable pour renforcer le développement des Nations Unies et leurs programmes humanitaires. Les Etats-Unis appuient le leadership du Secrétaire général des Nations Unies et souhaitent que son programme de réforme soit adopté au cours de la présente session. Le Président Clinton a rappelé qu'il a accordé la priorité pour oeuvrer étroitement avec le Congrès sur une législation globale qui permettra le règlement de l'ensemble des arriérés et le plein financement de la contribution des Etats-Unis dans les années à venir.

M. POUL NYRUP RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark, a souligné, à l'instar du Secrétaire général des Nations Unies, l'interdépendance des activités principales de l'Organisation, à savoir la paix et la sécurité; les affaires économiques et sociales; la coopération au développement; les affaires humanitaires; et les droits de l'homme. Le Danemark appuie fermement le programme de réforme du Secrétaire général qui, à ses yeux, constitue une contribution importante au renforcement de l'Organisation. Le programme de réforme constitue un tout qu'il demande à l'Assemblée générale d'examiner comme tel et de lui donner son assentiment politique dans les semaines à venir. Aucune institution a-t-il fait observer ne peut assumer ses fonctions sans une base financière solide. Cela exige que les Etats membres paient leur contribution sans condition dans la mesure où celle-ci se fonde sur leur capacité à payer.

Abordant ensuite la question des réfugiés, le Premier Ministre s'est déclaré profondément préoccupé par la situation qui prévaut à l'heure actuelle et a appelé tous les Etats membres à tout mettre en oeuvre pour appuyer les efforts des organisations humanitaires visant à aider les réfugiés et autres personnes déplacées le plus près possible de leur lieu d'origine à défaut de pouvoir les rapatrier compte tenu de la présence des mines antipersonnel qui font souvent obstacle au retour des réfugiés.

La prévention des conflits, a insisté le Premier Ministre, doit demeurer une priorité de l'ordre du jour de l'Organisation. A cet égard, le Danemark a lancé une initiative visant à établir une brigade multinationale d'intervention rapide des forces en attente. La cellule de planification de cette brigade a été inaugurée officiellement par le Secrétaire général au début de ce mois. Le Premier Ministre a également mis l'accent sur la nécessité d'améliorer la capacité et la formation de la police civile qui a, à maintes reprises, démontré son importance lors des récentes opérations. S'agissant de la question des droits de l'homme, le Premier Ministre s'est félicité de la récente évolution en cette matière qui a conduit à la création du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme que devra diriger Mme Mary Robinson qu'il a assurée du soutien de son pays.

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Le Premier Ministre a également évoqué les activités des Nations Unies en matière de lutte contre la pauvreté. Il s'est arrêté sur le rôle des organisations de développement qui faute de renforcer la coopération entre elles voient malheureusement leurs ressources décroître. Nombre de donateurs connaissent un sentiment de frustration face à ces organisations qui s'engagent dans une course aux ressources préjudiciable à leur objectifs. Dans ce contexte, le Danemark appelle toutes les parties à appuyer les propositions du Secrétaire général en la matière qui, mises en oeuvre, permettront de recueillir plus de fonds aux fins du développement.

Poursuivant sur la question de l'aide publique au développement qui est passée à son niveau le plus bas depuis 1970 date à laquelle l'objectif de 0,7% du Produit national brut a été décidé, le Premier Ministre a souligné que son pays maintient sa contribution au seuil d'1% du PNB. La tendance actuelle doit être renversée, a-t-il insisté en faisant observer combien il est nécessaire, de rendre les engagements crédibles et de faciliter la tâche de réforme des Nations Unies. Le Premier Ministre a conclu sur la coopération entre l'ONU et les organisations régionales. Il a rappelé qu'en sa qualité de Président de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, le Ministre des affaires étrangères du Danemark a fixé comme priorité le renforcement des relations entre l'ONU et l'OSCE.

M. SITIVEN LIGAMAMADA RABUKA, Premier ministre de Fidji, a estimé que le temps était venu de faire en sorte que les nations développées et toutes les organisations internationales qui le peuvent, coopèrent afin d'aider les pays en développement dans leurs efforts pour accélérer leur développement économique et social. En effet, a-t-il souligné, ces pays ont besoin d'investissements directs étrangers et de flux de capitaux pour stimuler et soutenir la croissance économique. Le Premier Ministre s'est déclaré déçu par la récente décision de l'Organisation mondiale du commerce concernant les exportations de bananes des Caraïbes vers l'Union européenne. Les pays de la région, a-t-il déclaré, ne demandent pas de faveur, mais plaident simplement pour une période de transition raisonnable permettant à leur pays respectif de s'adapter. Bien qu'il ait concédé que ceci ne pouvait pas se faire d'un coup de baguette magique, il a néanmoins plaidé pour que les arrangements spéciaux en vigueur jusqu'ici, soient maintenus pour donner le temps à son pays de trouver de nouveaux débouchés.

Le Ministre a demandé instamment à la communauté internationale d'entamer des négociations aussitôt que possible sur un traité visant l'arrêt et l'interdiction de la production et du développement de toutes les armes nucléaires. Il a chaleureusement accueilli la finalisation d'un projet de traité, la semaine dernière à Oslo, interdisant la fabrication, la production, l'acquisition, le stockage et le transfert de mines antipersonnel. Il a par ailleurs appelé à la réforme des Nations Unies.

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Le Ministre a rappelé qu'en termes de population, son pays était parmi les plus grands contributeurs des Nations Unies en troupes, pour les opérations de maintien de la paix. Il s'est aussi prononcé en faveur d'une représentation plus équitable et plus large des membres non permanents au Conseil de sécurité, où les régions et les sous-régions devraient adopter un système de rotation, avec une interdiction de réélection immédiate. Le Ministre a renouvelé son appel visant l'adoption rapide de la Déclaration universelle des droits des populations autochtones. Il a expliqué que son pays abritait deux groupes ethniques, les Fidjiens et les "rotumans". De nouveaux arrivants se sont installés plus récemment et ils représentent presque la moitié des habitants de Fidji. Un des défis majeurs a été d'accommoder les aspirations et les intérêts de ces citoyens et de les réconcilier avec les sensibilités, les perceptions des autochtones. Le Ministre a évoqué la Constitution de Fidji promulguée en 1990, qui assure une représentation adéquate des autochtones au Parlement, afin de protéger et d'assurer leur avenir dans la société.

M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Tanzanie, s'est félicité de l'issue des négociations, en juin dernier, du Groupe de travail de l'Assemblée générale sur l'Agenda pour le développement auxquelles les pays en développement ont participé activement. Nombre de ces pays, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères, ne sont toujours pas en mesure de bénéficier du double processus de la libéralisation et de la mondialisation de l'économie et les pays les moins développés risquent d'être davantage marginalisés. C'est la raison pour laquelle les pays en développement continuent de demander que l'Organisation mondiale du commerce et les autres organisations concernées adoptent des mesures concrètes et spécifiques pour contrer les effets négatifs de la mise en oeuvre des Accords du cycle de l'Uruguay. Ces mesures doivent inclure un appui financier et technique, le transfert des techniques et l'amélioration des performances commerciales des pays en développement. Il est également indispensable d'assurer une participation pleine et effective des pays en développement au processus de prise de décision en matière d'économie internationale. Dénonçant le déclin de l'aide publique au développement, le Ministre des affaires étrangères a appelé les pays développés à renouveler l'engagement qu'ils ont pris de réaliser l'objectif fixé et à explorer d'autres sources d'assistance financière.

En plus de l'aide publique au développement et de l'assistance multilatérale, le Ministre des affaires étrangères a souligné l'importance pour les pays en développement de l'investissement étranger direct. Il a fait observer que l'Afrique ne reçoit qu'une part infime de ce type d'investissement en dépit des réformes de grande ampleur qu'elle a entreprises. Pour faire face à cette situation, une des solutions consisterait à améliorer les infrastructures économique et sociale des pays les moins avancés, a affirmé le Ministre des affaires étrangères. Abordant la question de la dette extérieure et des problèmes liés au remboursement du

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service de la dette, il a souligné l'urgence qu'il y a à rechercher des solutions durables en recourant davantage à l'annulation pure et simple des dettes des pays les plus concernés. Le Ministre des affaires étrangères s'est félicité des initiatives du Club de Paris, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, tout en ajoutant que les critères d'éligibilité aux arrangements proposés doivent être plus souples pour permettre à un plus grand nombre de pays d'en bénéficier. En ce qui concerne les propositions de réforme du Secrétaire général en matière de développement, le Ministre des affaires étrangères a estimé qu'une attention soutenue doit être accordée au renforcement du rôle économique des Nations Unies. Les institutions concernées telles que la CNUCED, l'ONUDI et les organes pertinents du Conseil économique et social doivent être maintenus.

Abordant la situation politique en Afrique, le Ministre des affaires étrangères s'est déclaré profondément préoccupé par le chaos qui règne en Sierra Leone et a indiqué que son pays s'associe pleinement aux efforts déployés par l'Organisation de l'unité africaine. Il continue d'espérer que les militaires réaliseront la folie de leur aventure et accepteront de retourner à l'Etat de droit. S'agissant de l'Angola, le Ministre des affaires étrangères tout en lançant un appel urgent à l'UNITA pour qu'il abandonne sa politique d'obstruction et se conforme aux Accords de paix de Lusaka, a exprimé l'espoir du maintien de la présence des Nations Unies dans le pays. Il a, par ailleurs, regretté que la situation au Burundi ne s'améliore pas et a appelé les dirigeants de ce pays à faire face à la réalité et à comprendre que la communauté internationale ne leur permettra pas de conduire le pays à l'autodestruction et à la guerre. Appelant ensuite la communauté internationale à aider le Rwanda à émerger des conséquences morale, physique et spirituelle du génocide de 1994, le Ministre s'est, d'autre part, félicité de l'arrivée au pouvoir du Président Laurent-Désiré Kabila en République démocratique du Congo. La communauté internationale doit manifester sa solidarité, sa compréhension et apporter un appui matériel au peuple et au gouvernement congolais, a plaidé le Ministre. Il a conclu en attirant l'attention sur la question des réfugiés dans la région qui, a-t-il dit, soulève le problème de l'assistance aux pays hôtes non seulement pour les aider à subvenir aux besoins de cette population particulière mais également pour traiter des conséquences à long terme de sa présence dans un pays.

M. JOSE MIGUEL INSULZA, Ministre des affaires étrangères du Chili, a déclaré que le gouvernement de son pays estime que tout élargissement du Conseil de sécurité devra conjuguer les exigences de l'efficacité du Conseil avec la nécessité pour une représentation équitable des pays en développement, qui reflète, de façon adéquate, l'accroissement des membres de l'Organisation au cours de ces 50 dernières années. A cet égard, le Chili appuie la teneur de la Déclaration sur le renforcement des Nations Unies et sur la réforme du Conseil de sécurité adoptée par les Chefs d'Etat et de gouvernement au XIème Sommet du Groupe de Rio, qui s'est tenue à Asuncion (Paraguay), le 24 août

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dernier. De l'avis de M. Insulza, l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité à 25 membres n'affecterait pas son efficacité, à condition que cet élargissement réponde aux exigences d'une représentation équitable, compte tenu de l'augmentation des membres de l'organisation depuis la dernière réforme de la Charte des Nations Unies et de l'importance indéniable des pays en développement. Se déclarant favorable à l'admission de l'Allemagne et du Japon en qualité de membres permanents du Conseil de sécurité, le Chili se dit convaincu que cela doit se faire dans le contexte d'une représentation régionale appropriée, comprenant d'autres membres permanents d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Le gouvernement chilien appuie un processus de consultations régionales et de consensus pour pourvoir ces postes. Il faudrait explorer toutes les possibilités qui garantiraient une représentation géographique équitable. La richesse de la contribution faite au Conseil de sécurité par les membres non permanents assure un véritable équilibre et la capacité du Conseil à se renouveler.

Le Ministre a rappelé que sa délégation, en qualité de non-membre du Conseil de sécurité, avait proposé un mécanisme qui établisse les modalités par lesquelles le Conseil communiquerait avec les institutions humanitaires oeuvrant sur le terrain. De même, le Chili a été particulièrement préoccupé par le fait que les pays qui connaissent des conflits graves ne soient pas abandonnés par le système des Nations Unies après la fin du conflit. A cette fin, le Chili avait proposé de maintenir une présence des Nations Unies sur le terrain, notamment dès que la phase de restauration de la paix cède le pas à celle de la reconstruction et du développement. Le gouvernement chilien attache une importance particulière aux questions africaines à l'ordre du jour du Conseil de sécurité.

Conscient que le processus de réforme n'est pas limité au Conseil de sécurité, M. Insulza a indiqué que son pays appuie les propositions formulées par le Secrétaire général visant à transformer la structure de direction et de gestion des Nations Unies afin de permettre à l'Organisation de fonctionner avec une plus grande unité des objectifs, de cohérence et de rapidité pour s'attaquer aux problèmes posés. Il est temps que le Secrétariat et les Etats Membres fassent preuve d'une créativité collective et de courage. La période de la bureaucratisation au sein des Nations Unies doit céder le pas à l'ère de la créativité. M. Insulza s'est déclaré convaincu que ce n'est que par le biais d'une gestion souple et efficace qu'il sera possible de donner un nouvel élan à l'Organisation et de la doter des instruments nécessaires à la véritable modernisation souhaitée par la communauté internationale. Il est essentiel de procéder davantage à la réorientation et la restructuration du Conseil économique et social en vue de renforcer la coordination à la fois des institutions spécialisées et des organes subsidiaires, en vue de garantir son efficacité. Doté d'un tel mandat, le Conseil économique et social entretiendra des relations plus efficaces avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Pour l'examen des activités des commissions

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régionales par le Conseil économique et social, il est impératif de trouver des mécanismes qui, sans affecter le mandat régional de chaque commission, puissent contribuer à la définition et à la dimension de la mise en oeuvre au niveau régionale des accords et consensus importants adoptés par les grandes conférences que les Nations Unies ont parrainées, ces dernières années. Dans ce contexte, le gouvernement chilien suit avec intérêt la proposition selon laquelle le Coordonnateur résident aura autorité sur tous les organes des Nations Unies présents sur le terrain. Cette nouvelle approche intégrée, qui maintient l'autonomie des fonds et programmes, permettra de contribuer à la cohésion nécessaire et de réduire les divergences naturelles existant entre les institutions multidisciplinaires représentées, afin de renforcer leurs activités de façon appropriée. Toutefois, le Ministre se déclare préoccupé par la recommandation visant à fusionner les commissions sur le trafic illicite des stupéfiants et sur la prévention du crime, car une telle fusion risque de réduire la question du trafic illicite des stupéfiants à sa simple dimension criminelle, négligeant ainsi les éléments du processus qui sont inhérents à la question de la drogue, tels que les aspects de l'éducation et de la prévention. Se félicitant de la proposition visant à renforcer le Haut Commissariat pour les droits de l'homme, à la fois sur le plan institutionnel et sur le plan des activités, M. Insulza a assuré l'appui de son pays à tout ce qui contribue à renforcer le rôle du Haut Commissaire.

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