SG/SM/6242

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE LE FORUM INTERNATIONAL DES FEMMES ET TOUS LES AMIS DE L'ONU A FAIRE MIEUX CONNAÎTRE ET MIEUX COMPRENDRE LA MISSION DE L'ORGANISATION

28 juillet 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6242
WOM/972


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE LE FORUM INTERNATIONAL DES FEMMES ET TOUS LES AMIS DE L'ONU A FAIRE MIEUX CONNAÎTRE ET MIEUX COMPRENDRE LA MISSION DE L'ORGANISATION

19970728 Selon M. Kofi Annan, la réforme en cours doit aboutir à un regain de confiance en l'Organisation et en sa capacité de relever les grands défis mondiaux

On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la réunion du Forum international des femmes qui s'est tenue le 27 mai au Siège :

Je suis très heureux de me trouver parmi vous aujourd'hui. Le Forum international des femmes rassemble de précieux amis de l'Organisation des Nations Unies, précieux tant par leur dévouement que par leur savoir. Vous êtes pour nous des amis sincères. Aussi cette rencontre d'aujourd'hui est- elle pour moi l'occasion d'échanger quelques points de vue et idées.

Nul n'ignore aujourd'hui que l'Organisation des Nations Unies, 52 ans après sa création, doit faire face à des défis majeurs.

Il nous faut à la fois reconstruire l'Organisation et faire en sorte qu'elle soit apte à relever les défis du futur. Il nous faut réformer notre Organisation pour le prochain millénaire.

Je pars du principe que l'Organisation des Nations Unies est un modèle unique, qu'il n'existe aucun autre instrument agissant à l'échelle mondiale, aucune autre organisation regroupant 185 États Membres, aucune autre institution, par conséquent, qui jouisse de la légitimité que confère à l'ONU sa composition universelle.

En l'ONU nous avons hérité d'un instrument de coopération internationale sans précédent, un instrument au service de l'humanité dont les immenses possibilités attendent encore d'être pleinement exploitées. Quant aux problèmes mondiaux appelant une action mondiale, leur liste ne cesse de s'allonger.

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Or, nous devons faire face aux problèmes des années 90 et répondre à ceux du siècle prochain à l'aide d'un instrument qui a été conçu dans les années 40 et qui n'a subi depuis que de légères retouches. Pendant ce temps, le système international a connu des transformations fondamentales, lesquelles ne se sont pourtant pas traduites par des changements correspondants au sein de l'institution des Nations Unies elle-même.

Ceux qui ont façonné l'Organisation des Nations Unies — ceux qui, comme Roosevelt et Churchill, ont été les premiers à en concevoir l'existence aux jours les plus sombres de la seconde guerre mondiale — avaient à l'esprit une entité capable de faire front commun contre toute agression armée commise par des États. C'est ainsi que l'Organisation des Nations Unies a vu le jour au lendemain de la seconde guerre mondiale, afin de permettre aux nations rassemblées de prévenir la guerre et de promouvoir le développement économique et social. Un pas considérable venait d'être franchi.

Mais le monde a changé depuis lors. Ainsi, on considère aujourd'hui que le développement économique est indissociable du contexte politico-militaire et qu'il constitue un facteur essentiel de la sécurité de l'humanité au sens le plus large. Promouvoir la paix et promouvoir le progrès économique et social, c'était hier encore poursuivre deux objectifs distincts, bien que complémentaires. Aujourd'hui, on sait que ces deux objectifs n'en font qu'un.

La nature même des relations entre États, voire des guerres, s'est modifiée. Les guerres entre États sont rares; les guerres à l'intérieur des États sont beaucoup plus fréquentes. Bon nombre d'anciennes colonies sont devenues des États indépendants. La structure bipolaire des relations internationales appartient désormais au passé.

L'ONU a largement contribué, en tant que médiateur, aux principaux bouleversements qui ont marqué ce dernier demi-siècle.

Elle a servi de tribune à la lutte anticoloniale et à la lutte contre l'apartheid. Elle a fourni l'élan politique et intellectuel indispensable au débat sur le développement. Elle a favorisé l'instauration du droit international. En tant que seule instance universelle, elle a permis aux représentants de blocs naguère rivaux de nouer des contacts officieux. Et dans nombre de différends internationaux, en déployant des soldats de la paix — fonction non inscrite dans la Charte — l'ONU a réussi à maintenir séparées les parties adverses tout en oeuvrant pour la paix. Un tel bilan est loin d'être négligeable.

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Aujourd'hui, les États se doivent plus que jamais d'agir ensemble, non pas tant contre les agressions armées commises par des États que contre d'autres dangers mondiaux particulièrement insidieux. Ces nouvelles menaces étant, par nature, mondiales, aucun État ne saurait à lui seul les déjouer.

Qu'il s'agisse des grands problèmes liés à l'environnement, tels le réchauffement de la planète et la pollution atmosphérique et marine, aux nouvelles épidémies et pandémies, tel le VIH/sida, au terrorisme international ou encore au trafic des drogues et au crime international, tel le blanchiment de l'argent, ce sont autant de dangers mondiaux qui exigent des réponses à l'échelle mondiale.

Pour être à même d'apporter ces réponses, notre Organisation doit être transformée. Si j'attache autant d'importance à la réforme de l'ONU, c'est qu'elle est la clef de son avenir.

Cette réforme doit être un processus positif destiné à renforcer l'Organisation. Il ne s'agit pas seulement de réductions et de compressions, encore que celles-ci restent bien entendu nécessaires chaque fois qu'elles permettent d'éviter le gaspillage et les doubles emplois.

Nous sommes résolus à empêcher le chevauchement des mandats et à réduire les dépenses d'administration. Le seul but d'une telle opération est de renforcer la capacité de l'Organisation des Nations Unies et de faire en sorte qu'elle soit mieux à même de remplir la mission qui lui est confiée par ses États Membres et les nations qui les constituent.

Réforme signifie, à mes yeux, revitalisation, revigoration, rajeunissement.

Ce à quoi cette réforme doit aboutir, c'est à un regain de confiance en l'Organisation et en sa capacité de relever les grands défis mondiaux.

Le processus de réforme atteindra son apogée à la mi-juillet, lorsque je présenterai mes propositions à une réunion extraordinaire de l'Assemblée générale. Mais les réformes se poursuivront, dont certaines auront un caractère permanent.

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Ainsi, par exemple, nous devrons établir de nouvelles relations avec les organisations représentant la société civile.

La Charte des Nations Unies appartient non seulement aux États mais aussi aux peuples du monde. Son texte commence en effet par ces mots : "Nous, peuples des Nations Unies...".

Nous devons veiller à ce que cette réalité soit prise en considération d'une manière plus systématique. Nous devons montrer que l'Organisation des Nations Unies n'est pas la propriété exclusive des ministres et des diplomates, mais qu'elle a aussi pour rôle de promouvoir et de représenter les intérêts des peuples. Nous devons montrer que notre Organisation traite non pas d'obscures notions abstraites, mais de questions cruciales dont dépend le bien-être de toutes les femmes, de tous les hommes et de tous les enfants, de chaque citoyen de la planète.

Le Forum international des femmes est l'un des innombrables organismes constitués d'individus et de groupes qui s'efforcent, dans le monde entier, de promouvoir des objectifs communs en exprimant des valeurs communes. Vous faites partie de ce qu'il est convenu d'appeler la société civile. Vous êtes aussi l'expression de valeurs et d'aspirations communes.

Ce sont ces groupes qui, partout dans le monde, constituent la société — bien que leur importance réelle ait tardé à être pleinement reconnue. Tout le monde s'accorde aujourd'hui à reconnaître que les États ne peuvent pas tout faire eux-mêmes, et que les sociétés se composent non seulement d'êtres humains pris individuellement mais aussi de groupes. Groupes de jeunes, groupes de femmes, organismes professionnels ou religieux, organismes de secours bénévoles ou organismes du secteur privé, ce sont eux qui contribuent à maintenir la société dans son ensemble en complétant l'action menée par les États et les gouvernements.

Depuis peu, dans la foulée des grandes conférences mondiales et, en particulier, depuis la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement qui s'est tenue il y a cinq ans à Rio de Janeiro, on a commencé à reconnaître enfin le rôle indispensable que jouent les organisations de la société civile.

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L'apport fourni par des groupes tels que le Forum international des femmes revêt une importance cruciale pour la vie de l'Organisation des Nations Unies. Cet apport nous est aujourd'hui plus que jamais nécessaire. Il importe que tous les amis de l'Organisation des Nations Unies s'emploient à faire mieux connaître et mieux comprendre la mission qui est la sienne. Tel est l'appel que je tenais à vous adresser aujourd'hui.

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