CS/835

LE CONSEIL DE SECURITE DEMANDE LA FIN IMMEDIATE DES COMBATS QUI SE SONT INTENSIFIES EN AFGHANISTAN

9 juillet 1997


Communiqué de Presse
CS/835


LE CONSEIL DE SECURITE DEMANDE LA FIN IMMEDIATE DES COMBATS QUI SE SONT INTENSIFIES EN AFGHANISTAN

19970709 Il demande également la reprise des négociations intra-afghanes et la cessation de toute livraison d'armes aux belligérants par des pays tiers

A l'issue de consultations sur la situation en Afghanistan, le Président du Conseil de sécurité, M. Peter Oswald (Suède) a fait, au nom des membres du Conseil, la déclaration suivante :

Le Conseil de sécurité a examiné le rapport du Secrétaire général en date du 16 juin 1997 concernant la situation en Afghanistan (S/1997/482).

Le Conseil se déclare vivement préoccupé de constater que l'intensification de l'affrontement militaire en Afghanistan se poursuit. Il demande qu'il soit immédiatement mis fin aux combats.

Le Conseil demande à toutes les parties afghanes de retourner immédiatement à la table des négociations et de s'employer ensemble à former un gouvernement pleinement représentatif et reposant sur une large assise qui protégera les droits de tous les Afghans et s'acquittera des obligations internationales de l'Afghanistan.

Le Conseil, tenant compte des risques de déstabilisation de la région, considère que la paix et la stabilité en Afghanistan peuvent le mieux être assurées par des négociations politiques intra-afghanes, sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies et avec l'assistance active et coordonnée de tous les pays concernés. Il demande instamment aux parties afghanes et aux pays concernés de se conformer aux dispositions de ses résolutions pertinentes et de celles de l'Assemblée générale concernant l'Afghanistan.

Le Conseil souligne que toute ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan doit cesser et, dans ce contexte, demande à tous les États de mettre fin immédiatement aux livraisons d'armes et de munitions à toutes les parties au conflit afghan.

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Le Conseil constate avec une profonde préoccupation que la discrimination à l'égard des femmes et des filles se poursuit, de même que d'autres violations des droits de l'homme et atteintes au droit international humanitaire.

Le Conseil réitère que la poursuite du conflit en Afghanistan offre un terrain propice au terrorisme et à la production illicite et au trafic de drogue, qui amènent la déstabilisation dans la région et au-delà, et demande aux dirigeants des parties afghanes de mettre fin à ces activités.

Le Conseil est profondément préoccupé par l'aggravation de la situation humanitaire, et notamment par les déplacements de population civile. Il demande à cet égard aux États Membres de répondre généreusement à l'Appel conjoint pour une aide humanitaire d'urgence à l'Afghanistan lancé par les Nations Unies en 1997.

Le Conseil réaffirme son plein appui aux efforts que les Nations Unies déploient en Afghanistan, en particulier aux activités menées par la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan. Il prie le Secrétaire général de continuer à le tenir régulièrement informé de l'évolution de la situation ainsi que des résultats de son action et de celle de la Mission spéciale.

Le Conseil demeurera saisi de la question.

Aux fins de l'examen de la question, le Conseil était saisi du rapport du Secrétaire général en date du 16 juin concernant la situation en Afghanistan.

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Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/1997482)

Ce rapport est présenté, en application de la résolution 51/195 B du 17 décembre 1996, par. 19. Il porte sur les trois mois qui se sont écoulés depuis le 16 mars 1997. Il examine les éléments nouveaux intervenus sur les plans militaire, politique et humanitaire et donne des informations sur les activités au siège des Nations Unies, ainsi que sur celles de la Mission spéciale.

Le Secrétaire général fait observer que les Taliban ont paru prendre l'avantage militaire lorsque le général Malik s'est rebellé contre le général Dostum, mais la situation est revenue à l'état antérieur lorsqu'il a de nouveau changé de camp quelques jours plus tard. Les Taliban dominent à peu près les deux tiers du pays. La coalition d'opposition est maîtresse des cinq provinces du nord (Faryab, Jowzjan, Balkh, Samangan), que tiennent les forces du général Malik, de même que des provinces de Kunduz, Takhar, Badakshan et d'une partie de la province de Kapisa, qui sont tenues par les troupes du professeur Burhanuddin Rabbani et du commandant Massoud; le Hezb-i-Wahbat, dirigé par Karim Khalili, domine la province de Bamyan. Le général Malik a annoncé le 3 juin que la coalition, qui se désignait jusque-là sous le nom de Conseil suprême pour la défense de l'Afghanistan, serait désormais le Front islamique uni de salut de l'Afghanistan.

Le Secrétaire général réitère que les événement récents ont montré une fois de plus que la question de l'Afghanistan ne saurait recevoir une solution par la force. Si une partie impose sa volonté aux autres, même quand elle semble connaître le succès à très court terme, le pays et la région ne sauraient y gagner une paix durable ni la stabilité. La futilité de poursuivre les combats en Afghanistan a été soulignée à maintes reprises par les Etats Membres en des occasions comme la deuxième réunion des pays qui exercent une influence en Afghanistan, ainsi que par le Conseil de sécurité. La situation en Afghanistan demeure instable. Les parties belligérantes paraissent résolues à résoudre leurs problèmes par des moyens militaires de préférence à des négociations pacifiques et n'ont prêté aucune attention aux nombreux appels du Conseil de sécurité, du Chef de la Mission spéciale et d'autres pays en faveur d'un cessez-le-feu et de l'ouverture d'un dialogue. Pour aggraver encore la situation, le conflit est de plus en plus nourri par un net antagonisme ethnique entre les Taliban, qui se recrutent principalement parmi les Pushtun, d'une part, et les Tadjiks, Hararas et Ouzbeks, qui composent le camp adverse, de l'autre. Tous les Etats Membres intéressés affirment convenir que l'Afghanistan a besoin de retrouver la paix, mais un certain nombre d'entre eux semblent ne pas être encore prêts à faire pression de concert sur les factions belligérantes pour qu'elles mettent fin à cette guerre civile dépourvue de sens.

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Le Secrétaire général fait remarquer que, tandis que les parties belligérantes se sont montrées peu intéressées à une solution pacifique en Afghanistan, certaines personnalités et certains groupes ont pris des initiatives pour mobiliser des Afghans modérés et influents, résident à l'intérieur comme en dehors de l'Afghanistan, qui ne participent pas directement au conflit en cours. Le Secrétaire général juge ces initiatives afghanes positives, dans la mesure où elles visent à donner une voix à la majorité des Afghans auxquels les hostilités prolongées ont imposé le silence. M. Holl, le Représentant spécial du Secrétaire général, suit de près le déroulement de ces initiatives et en informe régulièrement le Secrétaire général de leurs résultats.

L'Appel global pour l'assistance humanitaire d'urgence à l'Afghanistan lancé il y a quelques mois visait à recueillir 133 millions de dollars, mais le montant total des contributions reçues jusqu'à présent est de 26,7 millions, soit 205 environ des besoins. Ce montant ne permet pas à l'Organisation de maintenir ses activités humanitaires à un niveau satisfaisant. Aussi, le Secrétaire général invite-t-il la communauté internationale à répondre généreusement à l'Appel global en faveur de la population afghane appauvrie.

Bien que les perspectives de paix apparaissent sombres pour l'avenir immédiat, le Secrétaire général se dit résolu à rechercher une solution négociée du problème afghan. Il invite par ailleurs les Etats Membres intéressés à cesser de soutenir militairement les factions belligérantes, à rechercher plus au fond le meilleur moyen de résoudre le conflit afghan et à coordonner plus étroitement leurs efforts avec ceux de l'Organisation.

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