LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU AFFIRME QUE POUR LA PREMIÈRE FOIS TOUS LES PAYS PEUVENT BÉNÉFICIER D'UNE ÉCONOMIE MONDIALE LIBRE ET OUVERTE
Communiqué de Presse
ECOSOC/G/347
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU AFFIRME QUE POUR LA PREMIÈRE FOIS TOUS LES PAYS PEUVENT BÉNÉFICIER D'UNE ÉCONOMIE MONDIALE LIBRE ET OUVERTE
19970703Ouvrant sa réunion ministérielle, l'ECOSOC entend aussi le Président de l'Assemblée générale, des ministres et de hauts responsables gouvernementaux
Genève, 3 juillet -- Le Conseil économique et social a entamé, ce matin, sa réunion ministérielle de haut niveau, qui se tiendra jusqu'à demain, vendredi 4 juillet, dans la soirée. Le débat de haut niveau est consacré, cette année, à la promotion d'un environnement favorable au développement.
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a ouvert la réunion en déclarant que, pour la première fois peut-être dans l'histoire récente, nous sommes en mesure de construire une économie mondiale libre et ouverte à laquelle tous les pays pourront participer et dont tous pourront bénéficier. Nous devrions être encouragés par plusieurs tendances économiques positives qui se manifestent dans le monde en développement, a-t-il ajouté. Force est cependant de constater que bien d'autres pays en développement et bien des gens dans tous les pays ne profitent pas des fruits de la mondialisation. S'agissant du rapport sur la réforme qu'il présentera à l'Assemblée générale au cours de ce mois, le Secrétaire général a notamment indiqué qu'il y examinerait les rapports très importants qui lient l'Organisation et le secteur privé, la société et d'autres organismes multilatéraux. Y figurera aussi un plan directeur à long terme pour l'Organisation. «Je ne pense pas qu'il existe un consensus d'ordre politique sur des réformes qui modifieraient fondamentalement le caractère du Conseil et l'autorité dont il jouit», a affirmé M. Annan.
Le Président de l'Assemblée générale, M. Ismail Razali, s'est dit convaincu que l'ONU devrait être autorisée à traiter des questions importantes relatives à l'évolution des marchés et à ne pas être condamnée à dépendre des décisions arbitraires des donateurs. Le rôle des Nations Unies doit être, notamment, de faire en sorte que les institutions de Bretton Woods soient «plus sérieuses» dans l'examen des questions économiques épineuses. Pour le Président de l'Assemblée générale, les Nations Unies doivent s'inscrire en concurrence directe avec le G-7 et G-8, clubs dans lesquels un petit groupe a entrepris de définir les règles du jeu de tous les autres et refuser que les règles financières soient fixées par les seules institutions financières. Il a souhaité que le Secrétariat incarne, à l'avenir, une nouvelle façon de penser, multilatérale et mondiale, et qu'il cesse d'être considéré comme un organe chargé d'entériner les décisions des organisations financières multilatérales et de l'Organisation mondiale du commerce.
(à suivre) Le Conseil économique et social a ensuite entendu les déclarations de sept ministres suivants : Mme Kari Nordheim-Larsen, Ministre de la coopération du développement de Norvège; M. Jan P. Pronk, Ministre de la Coopération des Pays-Bas; M. Martin Aliker, Ministre des affaires étrangères d'Ouganda; M. Kang Man Soo, Vice-Ministre de l'économie et des finances de la République de Corée; M. Robert Zile, Ministre des Finances de Lettonie; M. Fernando Villalonga, Secrétaire d'État pour le développement et la coopération avec l'Amérique latine d'Espagne; et M. Fethi Merdassi, Secrétaire d'État pour la coopération internationale et l'investissement extérieur de Tunisie.
L'ECOSOC a également entendu les allocutions de sept hauts représentants de gouvernements : M. Kavel Kovanda, Ministre adjoint de la République tchèque; M. Alfred Mabika, Ministre adjoint de la planification, de l'environnement et du tourisme du Gabon; Mme P. Mlambo-Ngcuka, Ministre adjoint du Commerce et de l'industrie d'Afrique du Sud; M. Wilfred Emvula, Ministre adjoint du commerce et de l'industrie de Namibie; M. Pitak Intrawityanunt, Ministre adjoint des affaires étrangères de Thaïlande; M. Mehmet Kaytaz, Sous-Secrétaire d'État au Trésor de Turquie; et M. Dante Canlas, Sous-Secrétaire d'État à la planification socio-économique des Philippines; et le représentant de Tanzanie.
Dans leurs déclarations, les hauts représentants gouvernementaux ont, pour la plupart, insisté sur le fait que la globalisation, pour bénéfique qu'elle ait été, a eu des résultats inégaux pour tous les acteurs en présence. Certains ont souligné les obligations qui incombent aux pays en développement et aux pays développés pour faciliter l'accès de tous aux marchés mondiaux ainsi que l'appui nécessaire des institutions financières et commerciales multilatérales au mouvement d'ouverture qui s'amorce dans de nombreux pays. Plusieurs hauts dignitaires ont également présenté les réformes engagées par leur pays pour une plus grande ouverture économique et ont présenté les résultats positifs, en termes d'investissements étrangers, que ces mesures ont généré. Ils ont toutefois plaidé, dans l'ensemble, pour un raffermissent de cette tendance.
Le Conseil économique et social poursuivra, cet après-midi, à partir de 15 heures, son débat de haut niveau.
Déclaration du Secrétaire général des Nations Unies
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a rappelé que la mission première des Nations Unies demeure le développement. Pour la première fois peut-être dans l'histoire récente, nous sommes en mesure de construire une économie mondiale libre et ouverte, à laquelle tous les pays puissent participer et dont tous puissent bénéficier, a déclaré M. Annan. On observe dans les pays en développement plusieurs tendances économiques encourageantes, a-t-il ajouté. Certains attirent aujourd'hui des flux sans précédent de capitaux et d'investissements étrangers. Leur exemple montre que l'accélération du développement passe par une meilleure intégration dans l'économie mondiale. Force est cependant de constater que bien d'autres pays en développement et bien des gens dans tous les pays ne profitent pas, hélas, des fruits de la mondialisation.
L'établissement de conditions propices au développement exige une coopération internationale accrue, a souligné le Secrétaire général, qui a ajouté que la démocratie, le respect des droits de l'homme et la bonne gestion des affaires publiques sont à cet égard absolument indispensables. La démocratisation des relations internationales est également vitale. Elle implique, entre autres, une plus grande participation des pays en développement aux mécanismes de l'économie mondiale. Les gouvernements des pays en développement doivent suivre une sage politique et mettre en place des services sociaux ainsi qu'une infrastructure matérielle solides. Les pays développés ont également beaucoup à faire. Ils doivent coordonner leurs politiques macro-économiques et suivre une démarche plus cohérente en matière de commerce, d'aide et d'économie.
S'agissant du rapport sur la réforme qu'il présentera à l'Assemblée générale le 16 juillet, le Secrétaire général a indiqué qu'il y examinerait les rapports très importants qui lient l'Organisation et le secteur privé, la société et d'autres organismes multilatéraux. Y figurera aussi un plan directeur à long terme pour l'Organisation. Les réformes opérées seront jugées largement sur le concours qu'elles apporteront effectivement à un renforcement de la capacité de l'ONU de favoriser le progrès économique et social et de s'attaquer, par le biais du développement, aux causes premières de la pauvreté et des conflits. Ce qui compte, en dernière analyse, c'est l'impact que nous pouvons avoir sur la vie des gens au quotidien.
Le Conseil économique et social n'a pas été à même de jouer pleinement le rôle que lui attribuait la Charte, a poursuivi le Secrétaire général. Bien que cette situation ait été l'occasion d'appels répétés à une réforme radicale, «je ne pense pas qu'il existe un consensus d'ordre politique sur des réformes qui modifieraient fondamentalement le caractère du Conseil et l'autorité dont il jouit» a dit M. Annan. C'est pourquoi il proposerait les voies par lesquelles les débats de haut niveau du Conseil pourraient influer davantage sur la conception des politiques et la coopération au développement dans les années à venir. Il abordera aussi les modalités suivant lesquelles il serait possible de renforcer l'action du Conseil dans la coordination des politiques au sein du système des Nations Unies et de rendre plus homogène l'ensemble des organes subsidiaires du Conseil. M. Annan a par ailleurs déclaré qu'il est nécessaire de renforcer le lien unissant la procédure de prise de décisions du Conseil et celle de l'Assemblée générale.
Le Secrétaire général a souligné que l'utilisation des fonds et l'exécution des programmes doivent être inspirées des politiques communes à l'application desquelles ils sont tous censés contribuer. L'Assemblée générale a demandé que les arrangements relatifs au financement soient mieux coordonnés et a dit que les équipes établies dans les pays par l'ONU devaient être organisées en fonction des exigences des programmes de coopération proprement dits plutôt qu'en fonction des institutions, de leurs structures et de leurs divisions. Les réformes qu'il proposera concernant les activités opérationnelles s'inspirent de ces principes. Les mesures et propositions en matière d'assistance humanitaire viseront les activités tant au Siège que sur le terrain, a indiqué M. Annan.
Déclaration du Président de l'Assemblée générale
M. ISMAIL RAZALI, Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, a fait valoir que la coopération internationale se trouve dans l'impasse pour ce qui est de trouver les moyens d'exécuter les programmes de développement. La communauté internationale doit s'interroger sur la baisse régulière de l'aide publique au développement depuis cinq ans et se demande si cela ne révèle pas l'existence d'un véritable «veto politique» sur les possibilités de financement novateurs. L'Organisation des Nations Unies veut-elle se contenter d'être un organe normatif incapable de concrétiser les engagements qui ont été pris, a demandé le Président de l'Assemblée.
M. Razali s'est dit convaincu que l'ONU devrait être autorisée à traiter des questions importantes relatives à l'évolution des marchés et que son action ne soit pas limitée aux seules questions économiques et financières. Il s'est demandé si les Nations Unies sont condamnées à dépendre des décisions arbitraires des donateurs et, ce faisant, à ne pas tenir compte des priorités et des besoins des pays les plus pauvres. Il a affirmé qu'il faudra de toute urgence établir une distinction entre les actions d'urgence et humanitaires et les activités de développement, ces dernières pâtissant d'un trop grand transfert de fonds, environ 30%, vers l'humanitaire.
M. Razali a estimé que le rôle des Nations Unies doit être, notamment, de faire en sorte que les institutions de Bretton Woods soient «plus sérieuses» dans l'examen des questions économiques difficiles. L'ONU doit associer davantage les chefs de gouvernements et les ministres en charge du développement et de la coopération dans ses débats de manière à insuffler une volonté politique aux décisions qui seront prises. Les Nations Unies doivent s'inscrire en concurrence directe avec le G-7 et le G-8, clubs dans lesquels un petit groupe de pays a entrepris de définir les règles du jeu de tous les autres, a dit M. Razali. Il a estimé que l'on ne peut plus admettre que les règles financières soient fixées par les seules institutions financières et que les Nations Unies doivent impérativement examiner ces questions dans le cadre d'un système financier global. Les Nations Unies doivent dire aux pays développés qu'ils doivent ouvrir leurs marchés, et aux pays en développement, qu'ils sont dans l'obligation d'améliorer leurs marchés intérieurs.
M. Razali a lancé un appel en faveur d'une nouvelle forme de coopération entre l'Assemblée générale, le Conseil économique et social et le Secrétariat au service d'un objectif commun. Le Secrétariat devra, à l'avenir, incarner une nouvelle façon de penser, multilatérale et mondiale. Le Secrétariat ne peut pas être considéré comme faisant partie du «consensus de Washington» ni comme un organe chargé d'entériner les décisions des organisations financières multilatérales et celles de l'Organisation mondiale du commerce, a déclaré le Président de l'Assemblée.
Débat de haut niveau
M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a déclaré que, pour créer un environnement favorable, il faut de bonnes politiques macro-économiques nationales. Il a souligné que presque tous les pays en développement ont mené des politiques d'ajustement structurel qui faciliteront la création d'économies de marché libres et ouvertes et attireront les investissements directs étrangers. Dans certaines circonstances, les gouvernements auront besoin d'intervenir pour prévenir ou corriger les contrecoups de l'économie de marché, promouvoir la stabilité et assurer une concurrence équitable tout en assurant l'équité sociale. En dépit de la croissance économique encourageante enregistrée dans plusieurs parties du monde, y compris dans les pays en développement, l'aide internationale est toujours nécessaire pour appuyer les efforts nationaux consentis par les pays en développement pour accroître leurs taux de croissance. Or, les flux d'aide publique au développement sont tombés de 0,34% en 1992 à 0,25% actuellement. Ces chiffres sont très en deçà de l'objectif de 0,7% du PNB des pays développés.
Le représentant de la Tanzanie a rappelé qu'au cours de la dernière session extraordinaire de l'Assemblée générale, les pays en développement ont souligné que les flux d'investissements directs étrangers ne sauraient remplacer l'aide publique au développement, d'autant plus que l'essentiel de ces flux ne se dirige que vers une douzaine de pays en développement à croissance rapide d'Asie et d'Amérique latine. Les diverses mesures d'allégement de la dette actuellement en place ne vont pas assez loin, a poursuivi le représentant. Il faut faire davantage en termes d'annulation de la dette. Les pays en développement, pour leur part, doivent diriger leur efforts vers un développement autonome. À cet égard, les transferts de technologie doivent être considérés comme un élément clef. M. Mwakawago a rappelé que la coopération Sud-Sud est une des pierres angulaires de la philosophie globale qui anime le Groupe des 77.
M. MAN-SOO KANG, Vice-Ministre des finances et de l'économie de la République de Corée, a indiqué que l'économie mondiale se trouve au seuil d'un nouvel «âge d'or» et que ce que l'on a un temps appelé «le miracle asiatique» n'est plus seulement cantonné aux pays d'Asie puisqu'il se propage un peu partout dans le monde. Pourtant, l'avènement de cet «âge d'or» ne viendra pas de soi et il faudra des efforts conscients et concertés pour qu'il voie pleinement le jour, a-t-il assuré. Parmi ces efforts, il faudra créer et maintenir un environnement propice au développement, et en particulier maintenir les flux de capitaux vers les pays en développement, surtout vers ceux qui se trouvent à la périphérie de la prospérité.
À cette fin, la République de Corée estime que les mécanismes de marché devront être renforcés partout dans le monde de manière à encourager et à permettre la mondialisation des activités économiques et la promotion d'un mouvement mondial des flux de capitaux. Ceux qui veulent attirer les capitaux étrangers devront faire ce qu'ont fait les autres avant eux en assurant la liberté du commerce et des investissements, a estimé M. Man-Soo. Les pays en développement devront mettre en oeuvre les réformes nécessaires, qui devront aller de pair avec une assistance de la communauté internationale. Cette assistance ne doit pas seulement prendre la forme d'une aide financière. Elle doit surtout se traduire par la coopération technique et la fourniture de services-conseils. Le Vice-Ministre a rappelé que son pays est l'un de ceux qui a bénéficié d'une aide de la communauté internationale et qui aide à son tour ceux qui sont moins bien lotis que lui.
M. KAREL KOVANDA, Ministre adjoint des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que, depuis plusieurs années, son pays se félicite de ses résultats macro-économiques. De «monnaie de singe», la devise du pays est devenue monnaie convertible. L'inflation a baissé et la plupart des grandes entreprises auparavant publiques ont été nationalisées. La République tchèque a signé un accord d'association avec l'Union européenne et a rejoint l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Le Gouvernement a pris conscience des insuffisances du cadre administratif et juridique du pays, qui ne fournissait pas les conditions permettant aux propriétaires de se comporter de manière responsable. La privatisation a entraîné le développement de la propriété privée, mais la législation n'a pas suivi pour protéger celle-ci. M. Kovanda a reconnu que le milieu des affaires de la République tchèque a été secoué par de nombreux scandales qui ont notamment dissuadé les investisseurs étrangers de pénétrer dans le pays. C'est pourquoi il est vrai que, comme l'affirme le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, les gouvernements ont un rôle économique précis qui consiste à assurer un environnement politique approprié et à créer des conditions favorables aux activités du secteur des affaires. Aussi, les pays qui connaissent des transformations rapides, tels que les pays en transition ou d'autres qui s'orientent vers la privatisation à grande échelle ou à une réduction du rôle de l'État, doivent tirer les leçons de l'expérience tchèque.
M. ALFRED MABIKA, Ministre délégué à la planification, à l'environnement et au tourisme du Gabon, a estimé que les moyens du développement existent de part et d'autre: les ressources naturelles, la population de consommateurs et les positions géographiques et stratégiques d'une part, les ressources humaines, la technologie, le capital financier et le savoir-faire d'autre part. Il a jugé louables les efforts des pays en développement et singulièrement ceux de l'Afrique qui ont choisi d'appliquer des réformes institutionnelles et d'instaurer un débat authentiquement contradictoire dans les choix économiques et sociaux. La communauté internationale devrait continuer à soutenir ces pays et à aider ceux qui traînent le pas ou qui sont aux prises avec des conflits internes. Pour sa part, le Gabon a compris que les facteurs démocratiques agissent sur les conditions de production, de stabilisation, de relance de l'économie et de répartition des revenus au même titre que les réformes purement économiques. Si le cadre institutionnel et les réformes économiques sont une condition nécessaire, il ne constituent pas une condition suffisante pour obtenir réellement une développement durable. Il importe pour les pays en développement d'identifier les projets de développement et contribuent à attirer l'investissement.
La réalisation des ces projets dans un cadre macro-économique assaini et réformé nécessitera néanmoins des moyens, a-t-il fait valoir. En attendant, il faut trouver des ressources additionnelles dans les budgets des États pour que ces investissements à dimension humaine voient le jour et remédier au déclin de l'aide publique au développement. Le Gabon est favorable à ce que les institutions financières s'emploient à bâtir une politique de décentralisation et de proximité des structures engagées dans le développement, pour favoriser le dialogue et une meilleur appréciation des financements sollicités ainsi que le contrôle de leurs utilisations. Cette décentralisation accompagnée d'une autonomie de décision favoriserait le développement. Cette dynamique doit soutenir les pays qui, dans le cadre régional, veulent créer des fonds d'investissement et de garantie alimentés à partir des fonds multilatéraux déjà existants. La levée des obstacles à la réalisation de tels objectifs pourrait concourir à un développement harmonieux et durable des populations et donner des raisons d'espérer, a conclu le Ministre.
M. FERNANDO VILLALONGA, Secrétaire d'État pour le développement, la coopération internationale et l'Amérique latine de l'Espagne, a insisté sur la nécessité de renforcer la stabilité politique et de promouvoir la transparence juridique afin de garantir le droit à la propriété et lutter contre la corruption. Ce n'est qu'à cette condition que l'on favorisera les initiatives privées, l'épargne et le redémarrage économique en général. M. Villalonga a souligné que l'actuel processus de mondialisation comporte des bénéfices mais aussi des risques. Il faut donc une coordination appropriée entre les politiques nationales et la coopération internationale afin de réduire les risques de la mondialisation pour les pays les plus pauvres, en particulier en ce qui concerne les flux internationaux de capitaux. Il est également important de favoriser la stabilité des marchés par une réglementation des transactions financières internationales et en établissant les mécanismes de contrôle appropriés. La mondialisation en soi ne s'accompagne pas automatiquement de l'incorporation de tous à l'économie mondiale ni d'une sortie de la pauvreté, a souligné le Secrétaire d'État.
M. Villalonga a indiqué que le Gouvernement espagnol est pleinement conscient de la nécessité d'augmenter les ressources destinées à l'aide publique au développement, mais a souligné que toute augmentation du volume de cette aide doit aller de pair avec une amélioration des aspects qualitatifs de l'aide. En effet, il faut s'assurer que les activités menées dans ce domaine ont le plus grand et le meilleur impact possible sur leurs destinataires. Pour sa part, l'Espagne entend accroître non seulement la qualité de sa coopération mais aussi la quantité de son aide, en visant progressivement l'objectif de 0,7% du PNB consacré à l'aide publique au développement. M. Villalonga a ajouté que les efforts visant à augmenter le volume de l'aide publique au développement doivent s'accompagner de mesures complémentaires dans le domaine de la dette extérieure. L'Espagne va par ailleurs renforcer son action en ce qui concerne la protection de l'environnement, tant au niveau national que dans le cadre de la coopération internationale.
Mme P. MLAMBO-NGCUKA, Ministre adjoint du commerce et de l'industrie d'Afrique du Sud, a fait valoir que, tant que la marginalisation des pays africains se poursuivra, on ne saurait vanter les mérites de la mondialisation. Les défis auxquels sont confrontés «les pays oubliés du développement» doivent nous inciter à penser à de nouveaux modèles d'intervention des Nations Unies et des autres organisations multilatérales en faveur du développement. Le Ministre a estimé qu'il est temps que les Nations Unies s'engagent résolument sur la voie de la réforme. Les Nations Unies doivent impérativement s'efforcer de mettre la société civile, les femmes et les enfants qui souffrent et qui ont faim au coeur de ses délibérations et de ses décisions, a-t-elle déclaré.
L'Afrique du Sud, pour sa part, reste persuadée que l'on ne peut pas laisser toute la latitude aux marchés internationaux. Les gouvernements ont un rôle central à jouer pour s'assurer que les fruits de la croissance sont équitablement partagés et que les distorsions des marchés sont corrigées. Le Ministre s'est dit convaincue que les gouvernements servent bien les intérêts des peuples lorsqu'ils associent leurs représentants aux processus de décision et lorsqu'ils font du peuple l'objectif final de leur politique. Elle a également évoqué les flux de capitaux qui tendent à s'orienter uniquement vers certains pays du monde en développement et a souhaité que l'on examine de toute urgence comment attirer des capitaux en Afrique.
M. ROBERTS ZILE, Ministre des finances de la Lettonie, a déclaré que les six années qui se sont écoulées depuis la restauration de l'indépendance de son pays ont été essentielles pour la transition de la Lettonie vers l'économie de marché. Il a précisé que la Lettonie est parvenue au stade de la stabilisation économique. Ainsi, a-t-il poursuivi, le Gouvernement letton a, au début de l'année, adopté un budget équilibré dont l'exécution ne sera toutefois pas aisée. Le Ministre des finances a souligné qu'avec le soutien de la BIRD et de la BERD, 27 projets d'un montant de 470 millions de dollars sont en train d'être menés en Lettonie. Il a rappelé que le bureau du PNUD à Riga travaille déjà de manière très efficace en coordonnant toutes les activités des agences spécialisées des Nations Unies en Lettonie. S'agissant des activités opérationnelles, le Ministre a par ailleurs déclaré que le déclin régulier des ressources de base et leur dépendance croissante à l'égard d'un petit nombre de pays constitue un facteur d'instabilité et de vulnérabilité pour l'ensemble du système des activités opérationnelles. Si l'assistance financière des institutions internationales peut être considérée comme un important moyen d'appuyer le développement économique, elle ne saurait être la source de financement principale du développement étant donné que sa fonction essentielle est d'assurer la stabilité économique en vue de créer les conditions nécessaires pour attirer l'investissement direct provenant d'autres sources. M. Zile a indiqué que son pays envisage son intégration à l'Union européenne et à l'OTAN comme une condition essentielle de son développement économique et social durable et comme une garantie de son indépendance et de sa sécurité. «La Lettonie est prête pour le décollage», a assuré le Ministre.
M. FETHI MERDASSI, Secrétaire d'État de la coopération et de l'investissement extérieur de Tunisie, a fait valoir que la mondialisation a eu des retombées positives puisqu'elle a permis l'accélération de l'intégration des marchés de biens, de services et de capitaux et qu'il en a découlé des marchés plus ouverts. Mais les retombées de ce phénomène pour les pays en développement sont loin d'être uniformes et ont été fortement contrastées. De nombreux pays demeurent en marge de ce processus et restent soumis à la récession économique, a dit M. Merdassi. Il a souligné que l'économie mondiale continue de connaître des déséquilibres et des incertitudes qui affectent plus particulièrement les intérêts des pays en développement. Évoquant le phénomène de la participation croissante des pays en développement dans la dynamique des échanges mondiaux, le Secrétaire d'État a noté que celle-ci ne pourra être sauvegardée sans la poursuite de la libéralisation des régimes commerciaux et la promotion d'un système commercial multilatéral ouvert et fiable. Un tel système doit être transparent, réglementé et équitable, a-t-il souligné. Pour la Tunisie, le mécanisme de règlement des différends de l'OMC constitue une base essentielle de la crédibilité du système. Il a en revanche estimé que les politiques environnementales qui sont menées à l'échelle mondiale ne doivent pas devenir un moyen de discrimination commerciale arbitraire ou une forme déguisée de protectionnisme.
M. Merdassi a noté que les investissements directs se sont concentrés sur les pays en développement les plus avancés et qui bénéficient d'un taux de croissance élevé. Pour la Tunisie, il importe donc d'étudier ensemble les voies et moyens pour encourager la stabilité des flux internationaux de capitaux privés et de trouver, parallèlement, des solutions efficaces, équitables et durables pour régler les problèmes d'endettement extérieur de ces pays. M. Merdassi a rappelé que son pays a procédé à des réformes importantes en libéralisant l'économie, en libéralisant le prix des importations, en encourageant l'initiative privée et en réformant le système fiscal et financier, en ouvrant davantage son économie et en assurant une promotion sociale.
M. WILFRED EMVULA, Vice-Ministre du commerce et de l'industrie de la Namibie, a souligné que le fossé entre le niveau de vie des pays développés et celui des pays africains n'a cessé de se creuser depuis 1965. Pour nombre de pays en développement, «l'optimisme mondial se mêle à un pessimisme local», a-t-il affirmé. Il a par ailleurs rappelé que la Conférence des ministres responsables du développement économique et social de la Commission économique pour l'Afrique, qui s'est réunie à Addis-Abeba en mai dernier, a unanimement accepté l'idée selon laquelle la promotion du commerce et de l'investissement en Afrique dépend de la stabilité de l'environnement politique et économique, de l'adoption de politiques macro-économiques appropriées et de la prise d'initiatives au niveau multilatéral. La Namibie a pour sa part choisi de s'attaquer aux deux problèmes majeurs que constituent le chômage et la pauvreté. Pour cela, elle a adopté une stratégie fondée sur l'investissement dans l'éducation, la formation et les autres services sociaux et sur le renforcement du secteur privé. M. Emvula a estimé que le Conseil devrait exprimer sa préoccupation en ce qui concerne la situation de l'Afrique eu égard au fait que, si 35% de l'aide publique au développement sont alloués à l'Afrique sub-saharienne, une part importante de cette aide est ponctionnée pour des activités de secours d'urgence et de maintien de la paix. En outre, il faut appliquer des solutions durables au problème de la dette des pays africains.
Mme KARI NORDHEIM-LARSEN, Ministre de la coopération pour le développement de Norvège, a jugé qu'il est crucial de mieux intégrer les pays en développement dans l'économie mondiale. Les politiques gouvernementales sont à cet égard aussi importantes pour le développement des marchés intérieurs que pour l'accès maîtrisé aux marchés mondiaux. Pour ce faire, il faut se doter d'institutions efficaces et d'un cadre économique sain afin d'encourager le développement des secteurs privés et les investissements étrangers.
Pour qu'il y ait coopération au niveau international, il faut qu'il existe une coopération entre les différents acteurs du développement, a rappelé le Ministre. Les institutions internationales chargées du développement et du commerce doivent travailler de concert, a-t-elle déclaré. La Norvège est favorable à une plus grande cohérence entre les politiques de commerce et d'environnement. Le Ministre a par ailleurs estimé que la baisse de l'aide publique au développement enregistrée ces dernières années est inacceptable, d'autant plus que l'on enregistre parallèlement une hausse de la croissance mondiale. Les pays riches ne peuvent imposer de conditions de développement tout en refusant de débloquer les ressources nécessaires à cette fin. Elle a également estimé que des mécanismes multilatéraux appropriés et des règles de fonctionnement font cruellement défaut dans certains domaines et que les institutions multilatérales peuvent contribuer à remédier à ces lacunes.
M. PITAK INTRAWITYANUNT, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a souligné que son pays a connu l'une des plus fortes croissances économiques du monde durant la période 1985-1994. Ces dernières années, une combinaison de facteurs nationaux et internationaux ont toutefois constitué des défis pour l'économie thaïlandaise. Le pays est devenu vulnérable aux spéculateurs et aux flux volatiles de capitaux à court terme. Aussi, le secteur financier du pays doit-il être renforcé. Pour autant, la Thaïlande s'attend encore à ce que les bénéfices de la mondialisation en dépassent les coûts. Mais il lui faudra du temps pour s'ajuster. Afin de parer aux attaques spéculatives dont a été victime la monnaie nationale et mettre un terme aux incertitudes qui pesaient sur le système de taux de change, la Banque de Thaïlande a annoncé hier la mise en place d'un système flottant selon lequel la valeur de la monnaie serait déterminée par les forces du marché. La Banque de Thaïlande interviendra toutefois de temps en temps sur les marchés des changes étrangers pour se préserver des fluctuations excessives. Si un certain ralentissement économique est à craindre dans l'application de ce nouveau régime de taux de change, le Gouvernement thaïlandais est persuadé que ce régime pourra asseoir les bases de la croissance et de la stabilité pour les années à venir. Toutefois, la communauté internationale et les grands pays industriels doivent prendre une plus grande part de responsabilité dans la création d'un environnement favorable à tous, a souligné le Vice-Ministre des affaires étrangères.
M. MEHMET KAYTAZ, Sous-Secrétaire d'État au trésor de la Turquie, a estimé que le but de la communauté internationale en matière économique doit être d'amener tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, sous la bannière d'un système multilatéral plus transparent, plus prévisible et mieux géré. L'Organisation mondiale du commerce doit continuer à servir de forum de négociations afin d'élargir davantage l'accès des pays en développement aux marchés mondiaux et de définir des comportements plus adéquats en matière de commerce.
Pour ce qui est des flux de ressources, la Turquie est d'avis qu'aucun effort ne doit être épargné pour inverser la tendance à la baisse de l'aide publique au développement. M. Kaytaz s'est par ailleurs dit inquiet des maigres perspectives de développement en Afrique et s'est à cet égard félicité des initiatives prises par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international pour réduire la dette des pays les plus endettés. La Turquie est par ailleurs convaincue que les investissements étrangers directs constituent l'un des meilleurs vecteurs de l'intégration dans les marchés internationaux. C'est pourquoi la Turquie soutient activement les travaux que
mène la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement afin d'élaborer les règles d'un régime commun d'investissements qui prendraient en compte les aspect liés aux besoins du développement.
M. MARTIN ALIKER, Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda, a déclaré que les principaux éléments de la stratégie de l'Ouganda visant à créer un environnement favorable à un développement économique rapide résident dans son engagement en faveur de la stabilité macro-économique et de la coopération régionale, dans la privatisation et le soutien au secteur privé, ainsi que dans la libéralisation de la politique commerciale. La détermination du pays à maîtriser l'inflation associée à un taux de croissance du PNB relativement élevé ont permis d'inspirer confiance aux investisseurs et d'attirer les investissements tant locaux qu'étrangers, a souligné le Ministre. Il a par ailleurs rappelé que, depuis 1986, mais surtout depuis 1995, un nouveau système de gestion démocratique a été mis en place qui associe les Ougandais à la prise de décision sur les questions qui les concernent directement.
Des mesures ont également été prises par le Gouvernement pour restructurer l'économie, ce qui a permis d'enregistrer des taux de croissance annuels supérieurs à 5% depuis 1990. En outre, les flux de capitaux vers l'économie du pays ont été attirés par l'existence de solides institutions financières et d'une bonne base de données pour les investisseurs. Actuellement la tâche de mobiliser les investisseurs incombe à l'Autorité ougandaise pour l'investissement (UIA). Depuis 1991, cette autorité a enregistré 2 166 propositions de projets d'investissement représentant, au 3 avril 1997, 3,6% milliards de dollars. D'autre part, alors que le café représentait 90% des recettes d'exportations, le Gouvernement a pris des mesures pour diversifier ses exportations en se tournant vers des produits d'exportation moins traditionnels.
M. DANTE CANLAS (Philippines) a souligné que l'un des changements fondamentaux intervenus au cours de la décennie écoulée a été l'adoption par plusieurs pays en développement de réformes politiques structurelles orientées vers le marché et la stabilisation. Les bénéfices que tirent ces pays en développement de leur intégration croissante aux marchés sont désormais reconnus. Nombre d'entre eux exportent en effet des produits manufacturés à grande échelle, ce qui a des effets salutaires sur la croissance du revenu réel et de l'emploi. De plus, la participation du secteur privé, y compris dans la production de biens non commerciaux, s'est améliorée. Cette ouverture croissante a toutefois ouvert la voie à de nouveaux défis politiques. Ainsi, la mobilité des capitaux internationaux peut entraîner des fluctuations indésirables des taux de change et des taux d'intérêt. Les politiques macro-économiques nationales doivent par ailleurs s'adapter aux contraintes imposées par la mobilité des capitaux. M. Canlas a insisté sur l'importance qu'il y a pour les pays en développement à suivre des politiques fiscales et monétaires responsables. Il a également souligné que les pays les moins avancés disposent d'une capacité limitée pour entreprendre ces réformes politiques internes. Ils sont en effet gênés par le manque de capitaux et de main-d'oeuvre qualifiée.
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