En cours au Siège de l'ONU

AG/660

SOMMET PLANETE TERREE5 : LES GUERRES ONT DE GRAVES CONSEQUENCES SUR L'ENVIRONNEMENT

27 juin 1997


Communiqué de Presse
AG/660


SOMMET PLANETE TERRE+5 : LES GUERRES ONT DE GRAVES CONSEQUENCES SUR L'ENVIRONNEMENT

19970627 La dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale a poursuivi ce matin en séance plénière l'examen et l'évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21, le Programme adopté par les gouvernements à la Conférence de Rio. De nombreux orateurs ont souligné les dommages irrémédiables des guerres et des conflits internes sur l'environnement. De véritables catastrophes écologiques sont ainsi causées par les hostilités diverses, les bombardements intensifs, les sabotages d'infrastructures, la pause de mines terrestres et les migrations forcées des réfugiés et des personnes déplacées. A ces drames causés par les belligérants, il faut ajouter les violations massives des droits fondamentaux de l'homme qui empêchent les populations d'entretenir des relations respectueuses et durables avec leur environnement, aggravent la pauvreté source de nombreux maux écologiques et hypothèquent largement l'avenir des générations futures. Les problèmes relatifs à la gestion des ressources naturelles, et plus particulièrement ceux de la protection de la diversité biologique, ainsi que ceux de la durabilité des établissements humains ont également été une nouvelle fois évoqués, plusieurs délégations passant en revue les programmes et mesures mis en oeuvre par leur gouvernement. Le groupe principal des ONG a souligné que ce sont les millions d'individus ordinaires, souvent pauvres, qui sont en première ligne de la bataille pour la sauvegarde de notre planète.

Les personnalités suivantes sont intervenues : la Vice-Présidente de la République de Gambie, Mme Isatou Njie-Saidy; le Ministre de l'environnement et des ressources naturelles de la Zambie, M. William Harrington; le Ministre des communications et de la culture de la Guinée, M. Alpha Ibrahima Diallo; le Ministre de l'environnement de la Géorgie, Mme Nino Chkhobadze; le Ministre du développement rural et de l'environnement du Mali, M. Modibo Traore; et le Ministre du logement, des municipalités et de l'environnement du Bahreïn, M. Khaid Bin Abdulla Al-Khalifa.

L'Assemblée générale a également entendu les déclarations des Chefs des délégations suivantes : M. Mohammad Abulhasan (Koweït); M. M. Mohammad Samhan (Emirats arabes unis); M. Muhamed Sacirbey (Bosnie-Herzégovine); M. Samir Moubarak (Liban); et M. Ravan Farhadi (Afghanistan). Le Président du Conseil économique et social du Cameroun, M. Luc Ayang et le Directeur général du Département de l'organisation international au Ministère des affaires étrangères de l'Arabie saoudite; M. Turki Bin Mohammed Al-Kabir, sont également intervenus.

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Ont aussi pris la parole : le Président de l'Union interparlementaire, M. Ahmed Fathi Sorour; le Sous-Secrétaire général au Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), M: Wally N'Dow; le Président-Directeur général du Fonds pour l'environnement mondial, M. Mohamed El-Ashry; le Directeur du Réseau du tiers monde (au nom du groupe principal des ONG), M. Martin Khor; le représentant de la Chambre de commerce internationale (au nom du groupe principal du commerce et de l'industrie), M. David Kerr; le Secrétaire général de la Confédération internationale des syndicats libres (au nom du groupe principal des travailleurs et des syndicats), M. Bill Jordan; et le Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Goldwin O.P. Obasi.

L'Assemblée générale concluera son débat sur l'examen de la mise en oeuvre d'Action 21 cet après-midi, à 15 heures.

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Mme ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-présidente de la République et Ministre de la santé, de la sécurité sociale et des femmes de la Gambie : l'engagement de la Gambie en faveur de la gestion environnementale durable a été défini dès 1977, par la formulation et l'adoption de la Déclaration de Banjul. Il n'est par conséquent pas surprenant, qu'au moment de la Conférence de Rio, la Gambie disposait déjà d'un Plan d'action national en faveur de l'environnement. Cependant la mise en oeuvre d'Action 21 a souffert d'une faiblesse institutionnelle et d'un manque de soutien de la part des pays donateurs ainsi que d'une capacité limitée en matière de décentralisation. La Gambie a ratifié les conventions sur le changement climatique, sur la diversité biologique et sur la désertification et la sécheresse. S'agissant de la mise en oeuvre de la Convention sur les changement climatique, la Gambie a réalisé un Inventaire national des sources et processus de traitement des émissions de gaz à effet de serre. Une étude sur la vulnérabilité de la Gambie aux changements climatiques a également été réalisée. Pour mettre en oeuvre la Convention sur la diversité biologique, la Gambie a créé un système de zones protégées et, pour appliquer la Convention sur la désertification et la sécheresse, la Gambie a examiné sa politique forestière en faisant appel aux représentants des secteurs publics et privés.

La question de la pauvreté est probablement la plus grande préoccupation d'Action 21. La Gambie met actuellement en oeuvre une Stratégie d'allégement de la pauvreté pour améliorer la vie des groupes les plus vulnérables. Les contraintes citées tout au long de la présente session extraordinaire comme de véritables obstacles à la mise en oeuvre d'Action 21 montrent clairement l'existence de profondes divergences sur les questions intersectorielles, en particulier les ressources financières supplémentaires, les transferts de technologies, l'échange d'informations, la formation, le renforcement des capacités institutionnelles et le refus d'accepter nos responsabilités communes mais différenciées. Dans ces conditions, la Gambie appuie sans réserve les positions de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et du groupe des 77 et de la Chine sur ces questions. Il importe de réaffirmer l'esprit de Rio et notre volonté d'oeuvrer de concert dans un véritable partenariat.

M. WILLIAM HARRINGTON, Ministre de l'environnement et des ressources naturelles de la Zambie : la Zambie souscrit pleinement aux principes et aux objectifs fixés par la Conférence des Nations Unies sur le développement et l'environnementm, et plus particulièrement par Action 21. La Zambie s'est efforcée de mettre en oeuvre le consensus de Rio. Elle a ratifié les conventions négociées à Rio et espère élaborer une Action 21 nationale afin de pouvoir traiter de la question du développement de manière intégrée. Notre plan d'action national pour l'environnement a identifié cinq priorités : la déforestation, la dégradation de la terre, la pollution de l'eau, l'hygiène inadéquate, la pollution de l'air et la réduction des zones naturelles. La pauvreté est en Zambie, comme dans la plupart des pays en développement, un

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facteur important qui fait obstacle au développement et à la croissance économique. La dimension socio-économique du développement est liée à la dégradation des ressources naturelles.

Avant et après Rio, la Zambie a mis en oeuvre plusieurs stratégies visant la réduction de la pauvreté. La question de la pauvreté ne peut être résolue seulement au niveau local. Il est indispensable de trouver une solution qui soit à la fois locale et internationale. Les réformes mises en place en Zambie n'ont pas eu l'effet escompté. De ce fait, le Gouvernement n'a pas pu accroître, autant qu'il l'aurait voulu, les dépenses consacrées à l'éducation, la santé et l'eau. Ceci a eu des conséquences néfastes sur les pauvres, les forçant à exploiter de façon non durable les ressources de l'environnement et provoquant, de ce fait, une dégradation de l'environnement. Une autre question alarmante pour la Gambie est celle de la dette extérieure. Il est indispensable de trouver de façon urgente une solution durable à cette question. La baisse de l'Aide publique au développement (APD) et l'insuffisance du transfert des technologies a des répercussions négatives sur la gestion de l'environnement et la réduction de la pauvreté. La Zambie espère que les engagements pris, notamment par l'Union européenne, d'accroître l'APD destinée aux pays en développement, et particulièrement à l'Afrique, seront respectés.

M. ALPHA IBRAHIMA DIALLO, Ministre de la communication et de la culture de la Guinée : malgré les professions de foi, les réalisations sont nettement en deçà des espoirs suscités lors du Sommet de la Terre. Ce qui constitue une réelle source de préoccupation quant à la volonté des pays industrialisés à faire montre d'un esprit de solidarité et de coopération. Dans le cadre de la politique de développement du secteur rural, la Guinée a fait un effort considérable de planification. Les actions en faveur de l'environnement y constituent une priorité et nous cherchons à optimiser la gestion des ressources naturelles renouvelables et l'aménagement du cadre de vie en contribuant à la réduction de la pauvreté. Cependant nos efforts demeurent limités en raison de contraintes budgétaires. C'est pour répondre à toutes ces préoccupations que nous avons formulé un Plan d'action pour l'environnement, qui préconise notamment la coopération internationale et sous-régionale. Notre politique s'articule autour de six orientations principales, dont la maîtrise de la croissance démographique, l'amélioration du statut de la femme afin qu'elle contribue plus activement au développement socio-économique et la protection de l'environnement. Nous avons également entrepris l'élaboration d'une monographie nationale sur la diversité biologique, avec l'assistance de Programme des Nations Unies pour l'environnement et du Fonds de l'environnement mondial. Nous étudions actuellement la mise en oeuvre nationale effective de la Convention sur les changements climatiques et de la Convention sur la lutte contre la désertification.

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Je voudrais exhorter les pays industrialisés à davantage d'efforts en faveur de l'environnement et du développement car la mise en oeuvre d'Action 21 devient un impératif à la fois politique et moral. La réussite d'Action 21 demeure fonction du degré de volonté politique et d'engagement effectif de nos Etats. Je voudrais citer, par ailleurs, les initiatives prises par le Comité International Olympique dans le cadre des liaisons entre les objectifs du mouvement olympique et la protection de l'environnement. Ainsi dans le cahier des charges de toutes les villes candidates à l'organisation des Jeux olympiques, la protection de l'environnement et les mesures concrètes qui l'accompagnent sont l'un des critères fondamentaux du choix d'une ville.

PRINCE TURKI BIN MOHAMMED BIN SAUD AL-KABIR (Arabie saoudite) : les politiques et programmes du Royaume D'Arabie Saoudite dans le domaine du développement et de l'environnement s'appuient sur les principes de notre religion islamique. L'accent a donc été mis sur l'utilisation des ressources naturelles sans mettre en péril les générations futures et leur droit à des ressources suffisantes. Grâce au Comité Ministériel pour l'environnement, le Royaume a travaillé à la définition de futures priorités écologiques au niveau national en prenant en compte les notions de développement durable. Néanmoins, le Royaume d'Arabie Saoudite est préoccupé par la mise en oeuvre sélective d'Action 21. Le programmes traite de l'eau, de l'air, de la terre, ainsi que de l'activité humaine et des aspects économique, politique, et social. Nous aimerions que tous ces éléments d'Action 21 soient mis en oeuvre sur un pied d'égalité.

La question de la désertification est une source de préoccupation pour l'Arabie Saoudite. Nous formons l'espoir que la communauté internationale accordera la contribution financière indispensable à la mise en oeuvre de La Convention des Nations Unies de lutte contre la désertification. La plupart des pays touchés par la désertification sont pauvres et ne possèdent pas les technologies et les connaissances scientifiques nécessaires. Au même moment, il apparaît que la Convention sur les changements climatiques jouit d'un large soutien financier. En conséquence nous espérons que les pays industrialisés assumeront leur responsabilités et accorderont aux pays en développement les ressources nécessaires pour lutter contre la désertification, la sécheresse, et la pauvreté. Pour sa part, le Royaume d'Arabie Saoudite a accordé 72 milliards de dollars aux pays en développement et travaille activement à l'élargissement des parties vertes de ses zones côtières.

Selon les principes de base de l'article 3 de la Convention sur les changements climatiques, les éléments suivants devraient être pris en compte : les Etats parties à la Convention devraient adhérer au Mandat de Berlin afin de renforcer les engagements pris par les pays industrialisés qui sont parties à l'Annexe 1 de la Convention. Cela signifie que l'on ne devrait pas imposer de nouvelles obligations aux pays en développement et que toutes nouvelles propositions doivent s'inscrire dans le cadre du mandat de Berlin. Nous pensons également que les Etats parties à la Convention devraient prendre en compte les besoins des pays en développement qui dépendent de la production et

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de l'exportation de carburants fossiles. Il est difficile en outre d'accepter l'imposition de taxes sur le pétrole qui fait déjà l'objet d'une forte taxation dans les pays industrialisés tandis que le charbon et l'énergie nucléaire bénéficient de mesures d'incitation et de subventions. Les pays industrialisés doivent éliminer ces subventions qui sont proportionnelles au niveau de la pollution qu'ils engendrent. Il est également difficile d'accepter la logique de production continue de sources d'énergie des pays industrialisés, en particulier, le pétrole extrait des régions développées, qui appelle en même temps à la réduction de la consommation de ces mêmes ressources au niveau international. Le résultat de cette contradiction est la réduction des importations des pays en développement dont le revenu pour la plupart d'entre eux, en dépend à 90 %. Il est donc nécessaire d'approuver le principe de compensation en faveur des pays en développement dont l'économie aurait souffert des mesures adoptées par les pays industrialisés.

Mme NINO CHKHOBADZE, Ministre de l'environnement de la Géorgie : il est évident que le niveau de développement d'une nation est lié au degré de sa réussite en ce qui concerne son développement durable. Une bonne politique nationale, combinée avec une assistance internationale, peut permettre d'accélérer le processus du développement d'un pays. La Géorgie estime que tout problème mondial, qu'il s'agisse du changement climatique, de la réduction de la couche d'ozone ou de l'appauvrissement de la diversité biologique, ne pourra être résolu à moins que des solutions soient trouvées aux niveaux local, national, et régional. Il est crucial d'identifier une approche particulière pour les pays en transition. Les problèmes écologiques de la Géorgie concernent plus particulièrement les forêts, l'eau et les déchets. La Géorgie a pour cela créé des programmes d'action au niveau national. Elle a adopté une Loi pour la protection de l'environnement et une Stratégie pour le développement durable. La Géorgie est partie aux instruments juridiques sur la diversité biologique, la protection de la couche d'ozone, les changements climatiques et la lutte contre la désertification.

La Géorgie a activement participé à l'élaboration d'une stratégie et d'un plan d'action régional pour la protection de la mer Noire. La Géorgie est un état du Caucase qui est une région marquée par une fragilité économique et des conflits ethniques, sociaux et politiques. La Géorgie appartient à la liste des pays victimes de sévères crises politiques et économiques. Dans ce pays dont la population est de 5 millions d'habitants, il y a 300 000 réfugiés et personnes déplacées à l'intérieur du territoire. Le chômage est élevé et une grande partie de la population vit en dessous du niveau de pauvreté. Le développement durable et la protection de l'environnement sont des priorités pour l'ensemble du monde et plus particulièrement pour les pays en développement et en transition. C'est pourquoi il est temps de passer des paroles à l'action.

M. LUC AYANG, Président du Conseil et économique et social et chef de la délégation du Cameroun : a Rio, il y a cinq ans, nous reconnaissions que la paix, le développement et la protection de l'environnement sont

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interdépendants et indissociables et que les problèmes de l'environnement ne concernent non pas une seule nation, ni un seul continent mais l'ensemble de la communauté internationale. Les pays en développement se sont ainsi engagés à tout mettre en oeuvre en vue de la préservation et de la protection de l'environnement, tandis que les pays développés devaient, outre leurs obligations écologiques, fournir des ressources financières nouvelles en vue de créer un environnement économique international favorable et de concourir à l'élimination de la pauvreté. C'est ainsi que le Cameroun s'est attelé à mettre sur pied un arsenal juridique interne et des structures appropriées comportant notamment une loi sur les forêts et la faune, l'organisation de journées de sensibilisation, la création d'une commission consultative pour l'environnement et le développement durable et l'élaboration d'un Plan national de gestion de l'environnement. Avec d'autres pays africains, nous avons entrepris des projets sur les écosystèmes marins et côtiers, les ressources halieutiques, la gestion du patrimoine forestier et la gestion des eaux et des bassins versants. Nous avons fait des efforts pour traduire dans les faits les termes des différentes conventions adoptées. S'agissant de la Convention sur la biodiversité, aujourd'hui 30% de notre territoire national a été érigé en aires protégées. Un Plan d'action national de lutte contre la désertification a été mis en place afin d'assurer une gestion rationnelle des écosystèmes fragiles des zones semi-arides du pays.

La poursuite et l'intensification de toutes ces actions requièrent un soutien actif de la communauté internationale, qui jusqu'à lors n'a apporté qu'une réponse timide aux attentes de Rio. Les ressources financières nécessaires à la mise en oeuvre d'Action 21 font cruellement défaut et l'environnement économique international se caractérise par la marginalisation croissante des pays du Sud. Il faut parvenir à une complémentarité accrue des efforts de tous les pays, qui doivent s'inscrire dans le sens d'une solidarité globale prenant en compte les réalités spécifiques et les nombreux défis du développement auxquels les pays du Sud sont aujourd'hui confrontés.

M. MODIBO TRAORE, Ministre du développement rural et de l'environnement du Mali : le tableau dressé à Rio est toujours d'actualité. La pauvreté qui est reconnue comme une des principales causes de la dégradation de notre environnement continue de sévir à nos portes et sous nos yeux. Le concept de développement durable approuvé par la communauté internationale intégrant les dimensions économique, sociale et environnementale et auquel notre pays a adhéré en ratifiant toutes les conventions qui y sont liées, implique la satisfaction de nos besoins actuels sans compromettre ceux des générations futures. Aussi les objectifs de sécurité alimentaire, de lutte contre la sécheresse et la désertification des besoins de protection de l'environnement, de satisfaction des besoins essentiels des populations sont au centre des programmes de développement de notre pays.

Au Mali, la cause majeure de la déforestation reste les défrichements agricoles qui atteignent plusieurs milliers d'hectares par an. Le Mali dépend quasi exclusivement du bois de feu et du charbon de bois qui pèse pour 92%

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dans son bilan énergétique. Pour faire face à cette situation, les institutions forestières ont été restructurées, la législation forestière a été révisée et une nouvelle Politique forestière élaborée. Conformément aux recommandations d'Action 21, le Plan national d'action environnementale du Mali en cours d'élaboration prendra en charge les problèmes relatifs à la dégradation de l'environnement.

Le Mali adhère à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine faite au cours de la présente session et insiste sur le fait que la recherche légitime de nouveaux axes d'intervention et de nouvelles approches plus adaptées ne doit pas nous dévier de la recherche de moyens pour la mise en oeuvre d'idées simples dont l'efficacité dans la lutte contre la pauvreté ne fait l'objet d'aucun doute. Pour atteindre ces objectifs, il faut du temps, des moyens, de la persévérance et la formation d'un front commun de lutte. Mais sans délai nous devons nous engager dans la diffusion de la culture de la durabilité écologique de toutes les actions que nous entreprenons.

CHEIK KHALID BIN ABDULLA AL-KHALIFA, Ministre du logement, des municipalités et de l'environnement de Bahreïn : il y a une volonté politique internationale de confirmer le rôle des Nations Unies en tant qu'instance qui tient compte des besoins de tous les pays en matière de développement durable. Le Bahreïn a adhéré à la Convention sur la biodiversité, ainsi qu'à d'autres conventions régionales et internationales pertinentes. Il a appuyé les efforts régionaux et internationaux faits pour donner vie à la notion de développement durable. Le Bahreïn a participé au Sommet de la terre de Rio et à la Conférence de la Barbade sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement. Le Bahreïn a restructuré son organe chargé de l'environnement et promulgué une loi sur l'environnement conforme aux principes de Rio. Le soutien des organisations internationales est nécessaire pour aider les pays à préparer des stratégies nationales. Les programmes nationaux du Bahreïn tiennent compte des principes d'Action 21. Les pays en développement ont des ressources limitées. Le Bahreïn, qui est un paradis pour plusieurs espèces en voie d'extinction, a établi des zones protégées. Il est capital qu'Action 21 et le Programme d'action de la Barbade soient mis en oeuvre.

M. MOHAMMAD ABDALLAH ABULHASAN (Koweït) : la participation au plus haut niveau lors de cette session extraordinaire démontre l'intérêt porté par la communauté internationale aux problèmes de l'environnement. Les questions cruciales et complexes de l'environnement demandent une approche efficace et globale en matière de coopération internationale. Depuis Rio, le Koweït a conçu une stratégie nationale intégrée en faveur de l'environnement. Des objectifs ont été fixés et tout un ensemble de politiques et de mesures a été développé, en adoptant une approche multisectorielle. Nous avons été les victimes de l'une des plus grandes catastrophes environnementales de l'humanité lorsque 700 puits de pétrole ont été incendiés, en plus du déversement de millions de barils de pétrole brut dans les eaux du Golfe persique. Afin de poursuivre la mise en oeuvre des dispositions d'Action 21,

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nous avons mis sur pied deux groupes d'experts sur les changements climatiques et sur la biodiversité. Nous avons également créé le Comité national pour l'environnement, qui a approuvé une loi environnementale, qui fixe plusieurs objectifs principaux dans les domaines de la pollution, de la gestion de la croissance urbaine et du logement et de l'impact des technologies sur la vie humaine.

Parmi les résultats les plus notables, nous avons mis en place un projet d'introduction d'essence sans plomb sur le marché domestique. Nous nous efforçons également de mesurer l'effet de nos différents projets et activités sur l'environnement et nous avons introduit à nos programmes scolaires de nouvelles disciplines d'étude, telles la science du désert, l'océanographie et l'écologie. Le Koweït a également signé plusieurs des conventions internationales issues de Rio.

M. MOHAMMAD SAMHAN, (Emirats arabes unis) : les Emirats arabes unis cherchent à poursuivre une politique de promotion des ressources humaines qui tient compte des considérations relatives au développement et à l'environnement. Le pays a créé en 1992 une Commission de l'environnement et en 1993 un Conseil national de l'environnement. Nous avons également mis en place un Projet de Stratégie nationale pour préserver les ressources naturelles et un Programme d'action contre la désertification. Nous travaillons à la protection des zones côtières, du milieu marin et des stocks de poisson et cela en dépit des conséquences nuisibles de l'important trafic maritime que connaît la région. Les Emirats arabes unis essaient d'échanger les informations pertinentes au moyen de séminaires, de stages et de colloques internationaux. Le pays a signé la Convention sur la diversité biologique, a adhéré à la Convention-cadre sur les changements climatiques et envisage de signer la Convention sur la désertification et la sécheresse.

La région du Golfe, qui est considérée comme une des régions les plus stratégiques du monde, continue de souffrir de problèmes environnementaux graves liés au transport maritime important et aux conséquences des différents conflits qu'elle a connus ces dernières années. Les Emirats arabes unis estiment qu'il importe de résoudre par la négociation et des moyens pacifiques les conflits, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies. L'occupation israélienne des territoires arabes fait peser de graves menaces sur l'environnement de la région. Une paix durable ne pourra être instaurée que si Israël s'acquitte de ses obligations internationales. Israël doit également respecter les engagements pris à Rio.

M. MUHAMED SACIRBEY (Bosnie-Herzégovine) : ironiquement les premières conséquences de la guerre ont donné des indications contradictoires en termes d'environnement. D'une part, les forêts et les autres ressources naturelles sont exploitées sans discernement et les mécanismes de protection de l'environnement ont été soit détruits soit ignorés. De l'autre, les infrastructures de chauffage et d'électricité ainsi que les installations sanitaires ayant été détruites, la quantité de déchets humains et industriel a

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fortement diminué avec pour conséquence l'amélioration de la qualité de l'air et le rajeunissement de la vie aquatique des rivières et des lacs. Toutefois la durabilité de la paix exige que les mines et autres résidus de la guerre soient totalement retirées et que des opportunités de reconstruction économique et industrielle soient offertes aux populations. La pression qu'exerce la demande d'emplois et de production sur un pays qui a déjà dépassé le seuil des pays en développement et dont la philosophie économique doit surmonter les haines nationalistes et les tendances antidémocratiques ne peut être que très forte.

La Bosnie-Herzégovine assumera sa part de responsabilité mais l'assistance multilatérale et bilatérale demeure déterminante pour son avenir. Malheureusement, conscients du désespoir et de la situation d'urgence qui prévalent dans le pays, certains investisseurs étrangers ont eu tendance à exporter de la technologie obsolète et à entreprendre une véritable exploitation économique. La Bosnie-Herzégovine reste cependant convaincue qu'elle peut compter sur ceux de ses amis multilatéraux et bilatéraux qui respectent son potentiel économique et écologique et les avantages stratégiques de la paix. Les leçons de la Bosnie-Herzégovine peuvent servir à tous les Etats qui portent d'une guerre. Si elle est bien suivie, la paix peut se traduire en de nouvelles opportunités économiques et écologiques et une intensification de la coopération internationale. Si en revanche, des stratégies et des options sont mises en place sans perspicacité, cela peut conduire à la détérioration de la situation combinée aux conséquences de la guerre, de la pollution et d'une exploitation industrielle déraisonnable.

M. SAMIR MOUBARAK (Liban) : pendant que la communauté internationale lançait Action 21 et posait les bases du débat sur le développement durable, le Liban se relevait des cendres d'une guerre destructrice qui avait duré 20 ans. La dégradation du système écologique et de l'environnement humain avait été très grave. Le Liban s'oriente maintenant vers la reconstruction, avec à l'esprit les impératifs de protection de l'environnement et de développement durable. Le Gouvernement du Liban a opéré un retour à la normale dans le pays, et a mis en place un plan de reconstruction ambitieux, intitulé "Perspectives 2000". Le pays s'est engagé dans la mise en oeuvre des engagements figurant dans le Plan de Rio et fait de la protection et de la réhabilitation de l'environnement une partie intégrante de ses programmes. Il a aussi accéléré son accession aux instruments internationaux conclus à cet effet, tels que la Convention sur la biodiversité, la Convention sur les changements climatiques et la Convention sur la lutte contre la diversification. Le Liban a mis en place des commissions nationales afin de traduire en programmes nationaux les programmes d'action des conférences internationales. Un Ministère de l'environnement a été créé pour coordonner l'application des projets pour l'environnement et pour intégrer les considérations écologiques dans la planification économique. Une commission nationale du développement durable est également en préparation, ainsi qu'un programme de réhabilitation de l'environnement. Un plan pour la reforestation du Liban a été mis en oeuvre, grâce auquel des milliers d'arbres ont été

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plantés dans différentes parties du pays. Des réserves naturelles ont été créées, ainsi qu'une Banque nationale pour le développement agricole et un Fonds national d'assurance pour les catastrophes naturelles.

Par ailleurs, le pays travaille à l'élimination de la pauvreté et au développement social. De nombreuses personnes déplacées ont pu rentrer chez elles, un nouveau système éducatif a été adopté, une Commission nationale pour les femmes a été établie. L'économie est dynamique, mais le Liban a quelques difficultés à affronter les éléments pratiques de la mondialisation de l'économie. Il s'associe à la déclaration du groupe des 77 et la Chine en ce qui concerne la cadre institutionnel et la coopération internationale nécessaires pour mettre en oeuvre un vrai partenariat qui permette le développement durable de tous les pays en développement. L'APD doit atteindre 0,7% du PNB et doit être complété par les investissements étrangers du secteur privé.

M. RAVAN FARHADI (Afghanistan) : en raison de la diversité du climat en Afghanistan, les problèmes liés à la protection de l'environnement sont de nature très diverse. La conservation et le développement durable de tous les types de forêts constituent un facteur crucial dans le développement économique et social. Avant 1979, l'Afghanistan recevait une assistance technique du Gouvernement allemand pour la conservation des forêts de la région montagneuse de Pakitia. Toute assistance occidentale a été interrompue après l'occupation. Concernant la détérioration de l'environnement en Afghanistan, le rapport du PNUD fait observer que l'inaccessibilité ou l'absence de ressources énergétiques de substitution dans les zones rurales ont rendu la population très dépendante du charbon pour faire face à leurs besoins énergétiques de base. La surexploitation de ces ressources a causé une déforestation extensive, l'érosion du sol et la disparition de terres fertiles. La guerre en Afghanistan a causé la destruction de l'infrastructure rurale de base, notamment des systèmes d'irrigation traditionnels.

Dans de nombreuses régions du pays, le déplacement forcé de la population résultant des conflits armés et le flux de réfugiés dans les zones rurales ont entraîné des difficultés considérables, en particulier l'absence d' eau potable. La poursuite de la guerre a aggravé la situation dans le pays. Outre les tueries et l'exode forcé d'entières zones rurales ou semi- rurales provoqué par les Taliba, la guerre a eu pour effet une détérioration considérable de l'écosystème et un des bouleversements du rythme des cultures saisonnières. Le rôle des institutions pertinentes du système des Nations Unies, des ONG et des pays donateurs est crucial pour garantir la protection de l'environnement en Afghanistan. Le PNUD devrait continuer à renforcer sa contribution aux programmes en matière de développement durable et de protection de l'environnement, en coopération étroite avec d'autres organisations, ainsi que pour l'éradication de la pauvreté.

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M. AHMED FATHY SOROUR, Président de l'Union interparlementaire : au cours des cinq dernières années, les membres de l'Union interparlementaire ont débattu des conséquences des décisions prises à Rio, afin qu'elles soient appliquées le mieux possible. Leur rôle est important car leur participation active est indispensable à la réalisation des objectifs de la Conférence de Rio. L'Union a adopté récemment une évaluation globale de l'action parlementaire nécessaire à la mise en oeuvre d'Action 21. C'est une tâche difficile pour les gouvernements et les citoyens de respecter des engagements qui leur imposent des sacrifices dans le court terme et dont les bénéfices ne se feront ressentir qu'à long terme. La crise écologique conduit à la détérioration de l'environnement, mais constitue aussi un facteur de déclin économique et de déstabilisation sociale. Il faut trouver un moyen de réconcilier les impératifs de protection de l'environnement et de développement social. La principal obstacle au développement durable est de nature politique. C'est aux parlementaires qu'il revient de surmonter cet obstacle en donnant la préférence aux intérêts à long terme de la société et en remettant en question le modèle dominant de développement. L'Union interparlementaire se félicite du renforcement de ses liens avec les Nations unies et souligne l'absolue nécessité de redonner de la force au partenariat international pour le développement durable. C'est le non-respect par les pays du Nord de leurs engagements à l'égard des pays en développement qui a réduit leur capacité à s'acquitter des obligations requises pour promouvoir le développement durable, et ils doivent y remédier. Par ailleurs, les pays du Sud doivent créer des conditions favorables aux investissements sociaux et financiers pour la préservation de l'environnement et l'élimination de la pauvreté. Les mesures financières doivent s'accompagner d'une politique mondiale qui établira des objectifs précis ainsi qu'un calendrier d'application.

M. WALLY N'DOW, Sous-Secrétaire général, Centre des Nations Unies pour les établissements humains : la promesse du Sommet de la Terre ne pourra être réalisée que si l'on s'occupe également de la gestion des établissements humains. Il y a un lien important entre le Sommet de la Terre et la Conférence d'Istanbul. Il est de ce fait urgent d'améliorer les conditions de vie des 1.5 milliard de personnes qui n'ont pas de logement décent dans le monde. La Conférence d'Istanbul a également souligné l'importance de la question du processus mondial d'urbanisation. Le droit à un logement décent est une priorité mondiale. La croissance urbaine est un phénomène particulièrement important dans les pays en développement. C'est dans les centres urbains du monde que la bataille pour la durabilité sera gagnée ou perdue. La place des centres urbains doit être examinée lorsqu'il est question de la protection de l'atmosphère, des ressources naturelles, de l'eau, des zones côtières et des océans, et de la santé. Les plans d'action au niveau local pour le développement durable ont proliféré. 1800 Agenda 21 locaux ont été mis en place. 130 pays ont élaboré des plans d'action nationaux pour le développement durable des établissements humains. La participation des organisations et des institutions représentant la société civile est plus importante. Le partenariat et la coopération internationale

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sont des éléments fondamentaux pour atteindre le développement durable. De nouvelles formes de partenariat entre les Nations Unies, les Gouvernements et la société civile se développent. A Istanbul la communauté internationale a renouvelé son engagement à mettre en oeuvre Action 21. A la 16ème session de la Commission des établissements humains, qui s'est tenue en mai à Nairobi, plusieurs résolutions et décisions ont été adoptées sur la nécessité de renforcer le rôle de la Commission sur les établissements humains et du Centre pour les établissements humains. Ceci devrait favoriser la mise en oeuvre de façon plus efficace du Programme d'action d'Habitat et d'Action 21.

M. MOHAMED T. EL-ASHRY, Fonds pour l'environnement mondial : la priorité aujourd'hui est d'apporter des solutions à la question du changement climatique. Il ne faut pas confondre les responsabilités mais se rappeler que la responsabilité première incombe aux pays qui produisent le plus d'émissions de gaz. Les solutions à ce problème mondial doivent se fonder sur la coopération de toutes les nations sans toutefois compromettre le droit du monde en développement de son propre développement durable. A cet égard, il faut prendre des mesures pour encourager un transfert de technologies énergétiques. Dans ce contexte le Fonds pour l'environnement mondial aide déjà les pays en développement et les pays en transition à mettre en oeuvre les premières mesures pour relever la question des changements climatiques. En collaboration avec la Banque Mondiale et d'autres partenaires, le Fonds pour l'environnement mondial est en train d'explorer les moyens d'élaborer un programme de grande ampleur dans le domaine de l'énergie renouvelable. Toutefois, les efforts resteront vains si les pays industrialisés ne réduisent pas leurs émissions de gaz. La communauté internationale peut encore conclure un accord équitable et efficace à la réunion de Kyoto si elle fait preuve de volonté politique et s'engage à prendre les mesures nécessaires. Nous ne pouvons plus parier sur l'avenir de nos petits enfants et de leurs enfants.

M. MARTIN KHOR, Directeur du Réseau du Tiers-monde, parlant au nom du groupe principal des organisations non gouvernementales : il y a cinq ans, le Sommet de Rio a été une grande source d'espoir pour la société civile mondiale. Mais aujourd'hui, en ce dernier jour de la session extraordinaire, les citoyens du monde s'inquiètent de voir se précipiter la catastrophe écologique alors que les anciens styles de vie perdurent, que les forêts et les terres sont dévastées et que la pollution de l'atmosphère se poursuit, comme si le Sommet de la Terre n'avait jamais eu lieu. L'esprit de Rio semble s'être évanoui et les ressources financières vers les pays en développement continuent d'être absorbées par le service de la dette. Au lieu des transferts technologiques promis, les nouveaux accords sur la propriété intellectuelle conclus par l'Organisation mondiale du commerce créent de nouveaux obstacles à l'accès des pays du Sud aux techniques environnementales appropriées. Ceci contribue, de plus, à accélérer les pratiques de piraterie biologique, qui procurent des profits gigantesques aux grandes entreprises. Les premières victimes sont les communautés pauvres qui souffrent de la destruction de leur environnement et de la pauvreté. Malgré tout, nous tenons à saluer les efforts de millions d'individus ordinaires, fermiers,

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consommateurs, scientifiques et femmes, en faveur de la sauvegarde de la Terre. Nous louons également les populations indigènes qui luttent désespérément pour la préservation des forêts équatoriales et des écosystèmes. Ces gens humbles, souvent pauvres, sont les véritables acteurs du développement durable. Ils sont en première ligne de la bataille pour la sauvegarde de notre planète et paient parfois de leur propre vie.

Tous les conflits qui apparaissent au niveau local sont liées au phénomène de la mondialisation croissante. La mondialisation qui prévaut aujourd'hui est inéquitable ; elle profite à quelques-uns et marginalise la majorité. En outre, elle se fonde sur la généralisation rapide des modes de consommation et de production que nous avons déjà identifiés comme non durables et détruit les fondements de Rio et du développement durable. Nous, organisations non gouvernementales, nous inquiétons de voir que cette approche, fondée sur les principes du secteur privé, affaiblit sensiblement le rôle des Nations Unies dans les questions sociales, économiques et environnementales qu'elle transfère, en réalité, aux institutions financières de Bretton Woods et à l'Organisation mondiale du commerce. C'est pourquoi, nous demandons instamment aux dirigeants des pays de prendre le contrôle de la mondialisation et de l'orienter vers le développement durable. Là est la première priorité pour les cinq prochaines années. La Commission du développement durable et les autres organes du système des Nations Unies doivent examiner la question de la mondialisation et du développement durable. Il faut réaffirmer haut et fort l'esprit de Rio, selon lequel les pauvres ont droit au développement, les riches ont le devoir de modifier leurs modes de vie et d'aider les pauvres et le principe de responsabilité commune mais différenciée doit être mis en pratique.

Pour ce faire, il faut que le secteur privé soit redevable et contrôlé, que les systèmes financiers et commerciaux internationaux soient plus transparents, que le rôle et les ressources des Nations Unies soient renforcés, que les organisations non gouvernementales participent davantage aux activités des Nations Unies et des gouvernements, au niveau national, que les questions sociales et environnementales soient intégrées aux politiques nationales et internationales économiques, que les transferts de technologies soient garantis, que le transport de substances dangereuses soit empêché, que les ressources en eau soient protégées et que les pratiques agricoles durables soient développées. Ces objectifs sont difficiles à mettre en place et ne réussiront qu'avec la participation active de l'ensemble des citoyens. C'est pourquoi, les organisations non gouvernementales intensifieront leur action en faveur de l'avenir de la planète.

M. DAVID KERR, Chambre de commerce internationale, au nom du groupe principal du commerce et de l'industrie : le développement durable ne peut être atteint par une seule compagnie, un seul secteur du commerce et de l'industrie ou un seul pays. Il faut qu'il y ait un effort collectif de coopération. Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer. Il faut signaler cependant qu'il y a une tendance parmi les Gouvernements, les organisations

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non gouvernementales et les média, à demander aux entreprises de s'occuper de tout : créer des emplois, nettoyer l'environnement, procurer le développement, combattre la corruption, développer l'éducation et la santé, stabiliser et améliorer la société. Il est évident que les entreprises ne peuvent pas tout faire mais elles peuvent contribuer à trouver une solution. La seule condition est que les entreprises doivent pouvoir faire un profit car, sans cela, elles ne pourraient pas continuer à exister dans le futur.

Les questions de l'environnement et du développement sont de plus en plus importantes pour les entreprises. Les lois pour la protection de l'environnement sont de plus en plus strictes et concernent notamment les entreprises polluantes. Les banques surveillent de plus en plus étroitement l'état de service des entreprises en matière d'environnement. Il est important d'améliorer la communication entre les entreprises, les Gouvernements et les organisations non gouvernementales. Les Gouvernements doivent créer des conditions permettant d'atteindre des buts réalistes. Afin que les entreprises contribuent davantage au développement durable, il faut qu'il y ait un marché plus libre et plus ouvert. Un marché libre et ouvert est une force puissante permettant de créer des chances égales pour tous. Il faut que les règles du commerce aident à garantir les conditions pour une compétition plus libre et plus juste. Les politiques doivent permettre la diffusion rapide des technologies afin de résoudre bon nombre de problèmes sociaux et environnementaux. Les instruments économiques doivent encourager les actions permettant d'atteindre les buts du développement durable.

M. BILL JORDAN, Secrétaire général de la Confédération internationale des syndicats libres : au vu du non-respect d'un grand nombre d'engagements pris à Rio, il convient de se questionner sérieusement sur l'efficacité de la coopération internationale. De l'avis de la Confédération, cette situation découle du faux raisonnement qui consiste à penser globalement sans agir localement. Trop souvent, dans la recherche de solutions, le point essentiel du vrai changement, à savoir, le lieu de travail, se voit écarté. La Confédération des syndicats libres représente 124 millions de travailleurs qui ont un potentiel énorme pour ce qui est de stimuler le changement. Nous savons que les syndicats peuvent, avec les gouvernements et les employeurs, mobiliser les travailleurs dans les lieux de travail et permettre l'abandon des modes de production non durables. Si la communauté internationale entend réellement relever les défis de l'humanité, elle doit y impliquer le mouvement syndical. Une modification significative des modes de production et de consommation doit comprendre certaines mesures essentielles.

Il faut d'abord placer les lieux de travail au centre de l'ordre du jour du développement durable et reconnaître aux syndicats leur position stratégique et leur capacité à contribuer à la recherche de solutions. Des partenariats doivent être encouragés entre les employeurs, les syndicats et les gouvernements. L'Organisation internationale du travail (OIT) doit avoir une place centrale dans la mise en oeuvre des plans, grâce à ses normes de travail et ses mécanismes d'établissement de rapports. Il faut également

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rendre obligatoires l'écogestion et la pratique de l'audit dans les lieux de travail. L'écoaudit, que la Confédération promeut depuis 1993, a l'avantage de réunir travailleurs et employeurs dans la recherche de solutions aux problèmes de production, y compris les émissions de gaz carbonique et de fournir un mécanisme de contrôle et d'évaluation des progrès effectués.

M. G.O.P. OBASI, Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale : après le Sommet de la Terre notre organisation a été désignée comme l'institution du système des Nations Unies responsable des questions relatives au Programme climatologique mondial, au suivi de la sécheresse et à l'atténuation des effets des catastrophes naturelles et coresponsable des activités relatives à la protection de l'atmosphère. Avec d'autres institutions, nous sommes aussi responsables de l'évaluation des ressources en eau de la planète et jouons un rôle de premier plan dans la protection des océans et des zones côtières. Des études que nous avons entreprises, il ressort que l'activité humaine altère à bien des égards l'atmosphère de la planète. C'est pourquoi, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est aussi l'un des résultats majeurs de Rio. Les résultats de la surveillance continue du climat montrent que le rythme actuel de la hausse thermique est le plus rapide depuis 10 000 ans et que les gaz à effet de serre en seraient la cause principale. Pour mettre en oeuvre Action 21, nous avons dû resserrer les liens et renforcer nos relations de travail avec les autres organisations internationales concernées, notamment dans le cadre d'un Programme d'action pour le climat. En avril de cette année, nous avons constitué le Comité interinstitutions du Programme d'action pour le climat, afin d'en préciser les exigences aux gouvernements.

Parallèlement nous coparrainons des initiatives complémentaires, tels que les Systèmes mondiaux d'observation du climat, de l'océan et de l'environnement terrestre. Nous faisons également beaucoup pour déceler et rendre public le problème de la déperdition de l'ozone stratosphérique, qui a de sérieuses répercussions sur la santé. La mise en oeuvre des accords conclus en vertu du Protocole de Montréal est une réussite majeure, mais les gouvernements doivent savoir que seul le strict respect de ces accords permettra de contenir, puis de stabiliser, le rythme de déperdition de la couche d'ozone. Nous coopérons, en outre, avec la FAO à diverses initiatives visant à établir des pratiques de gestion des sols plus rationnelles afin d'augmenter la production alimentaire. Quant à la protection des océans, nous avons mis sur pied un système d'intervention d'urgence en cas de pollution de la mer.

Le problème de l'eau douce occupe également une place prépondérante de notre action, car il constituera le défi majeur du siècle prochain. Il faut commencer par évaluer précisément les ressources planétaires en eau douce et pour ce faire, il est urgent de renforcer les réseaux locaux de collecte de données hydrologiques. Il serait, en outre, souhaitable de regrouper les fonctions des trop nombreux organismes, nationaux et internationaux, qui s'occupent des questions relatives à l'eau. L'accent doit être mis sur le

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renforcement des capacités et sur le transfert d'une technologie, appropriée et d'un coût abordable, aux pays en développement et aux pays à économie de transition. D'une manière général, cinq ans après Rio, il faudrait que tous les pays s'engagent plus fermement à appliquer les conventions qui visent à protéger l'environnement. Il est impératif que les gouvernements passent à l'action, en particulier dans les secteurs de l'énergie et des transports.

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