CD/G/355

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU SÉNÉGAL SOUHAITE L'EXAMEN DES QUESTIONS SUR LES MINES, LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET LA TRANSPARENCE

24 juin 1997


Communiqué de Presse
CD/G/355


CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU SÉNÉGAL SOUHAITE L'EXAMEN DES QUESTIONS SUR LES MINES, LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET LA TRANSPARENCE

19970624 La Finlande souhaite une décision sur la nomination d'un coordonnateur sur la question des mines et le Mexique demande un comité sur le désarmement nucléaire

Genève, 12 juin -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre des affaires étrangères du Sénégal, M. Moustapha Niasse, qui a déclaré que même si elle a réalisé d'importants progrès la Conférence devra «ouvrir de nouveaux chantiers». Il a notamment estimé que le moment est venu d'éradiquer le fléau des mines terrestres antipersonnel. Le Sénégal appuie pleinement le processus d'Ottawa et estime que la Conférence doit se saisir de cette question et aider la communauté internationale à la résoudre au nom de toute les victimes, déclarées ou potentielles, de ces armes de terreur.

Le Ministre sénégalais des affaires étrangères a salué les efforts déployés dans le domaine du désarmement nucléaire par les puissances nucléaires et encourage leur poursuite. Mais la Conférence a un rôle de premier plan à jouer sur cette question et le Sénégal reste favorable à la mise sur pied d'un comité spécial sur la cessation de la course aux armements nucléaires et le désarmement nucléaire. Il a également encouragé la Conférence a persévérer dans l'examen du dossier important de la transparence dans les armements, qui doit être examiné en rapport étroit avec celui du transfert international des armements.

Le Mexique a présenté, ce matin, au nom de 26 pays, un projet de décision concernant le mandat d'un comité spécial sur le désarmement nucléaire qui serait chargé de négocier un accord multilatéral juridiquement contraignant par lequel tous les États s'engageraient en faveur de l'objectif de l'élimination complète des armes nucléaires, un accord sur les mesures à prendre pour un programme échelonné selon un calendrier précis devant mener à l'élimination totale des armes nucléaires et une convention sur l'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Le Brésil et le Chili se sont associés à la proposition mexicaine, le Chili ajoutant qu'un accord est déjà intervenu sur le mandat d'un comité spécial sur les matières fissiles et regrettant la «loi du silence» qui pèse sur la question du désarmement nucléaire au sein de la Conférence.

La Finlande a pour sa part proposé ce matin que la Conférence se prononce sur un projet de décision par lequel elle déciderait de nommer un coordonnateur spécial sur la question des mines terrestres antipersonnel. La Syrie, la Malaisie, le Mexique, la Chine, le Myanmar ont constaté qu'il n'y avait pas de consensus sur la question. La Chine a suggéré que des consultation informelles se poursuivent. Le Mexique, soulignant son attachement au «processus d'Ottawa» a précisé qu'il se prononcerait contre la nomination d'un coordonnateur spécial sur les mines dans les termes proposés. La France a constaté que la position exprimée par le Mexique démontrait l'absence de consensus. Cuba a souligné que la première décision qui doit être prise doit concerner le programme de travail de la Conférence. L'Inde a proposé que la Présidente poursuive ses consultations sur la question des mines terrestres antipersonnel et fasse rapport à la Conférence lors de la prochaine séance plénière. La Turquie, le Chili, les États-Unis, les Pays-Bas, la Pologne, l'Australie, l'Allemagne, la République de Corée, le Japon, le Royaume-Uni et l'Argentine ont souhaité que la Conférence prenne une décision à ce sujet dès aujourd'hui, certains regrettant que la Conférence n'ait pas «le courage de prendre cette décision».

Le Maroc a proposé que la Conférence consacre une séance plénière, le 26 juin prochain, à la question de l'élargissement de la composition de la Conférence, étant donné une volonté commune d'examiner la question, dans le but de nommer un coordonnateur spécial. Le Chili, la République tchèque, l'Irlande, la Malaisie, la Turquie, ont également estimé que la Conférence devait se pencher sur la question de l'élargissement. L'Argentine s'est également dit favorable à l'élargissement de la composition de la Conférence mais a regretté qu'elle se penche sur son propre élargissement alors qu'il y a des questions de fond dont il faut discuter. L'Inde a suggéré que la Présidente nomme un «ami du Président» pour mener des consultations sur la question de l'élargissement.

Mme Absa Claude Diallo (Sénégal), Présidente de la Conférence, a déclaré qu'elle mènerait des consultations sur la nomination d'un coordonnateur spécial sur la question de mines terrestres antipersonnel et sur la question du programme de travail de la Conférence. Elle a aussi indiqué qu'elle consulterait les délégations sur la question de l'élargissement de la composition de la Conférence.

La Conférence a par ailleurs décidé, ce matin, d'accéder à la demande de la Côte d'Ivoire de participer aux travaux de la Conférence à titre d'observateur.

La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement aura lieu le jeudi 19 juin 1997.

( suivre)

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Déclaration du Ministre des affaires étrangères du Sénégal

M. MOUSTAPHA NIASSE, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a souligné que, si le spectre d'un affrontement nucléaire devient de plus en plus éloigné, la menace des armes de destruction massive est plus réelle que jamais et le risque de prolifération n'a toujours pas disparu. Qui plus est, le trafic des matières nucléaires rend leur utilisation à des fins terroristes de plus en plus probable. Au même moment, la prolifération des armes classiques, entretenue par la persistance des conflits locaux et régionaux, se poursuit sans relâche à l'échelle mondiale. C'est dire que la Conférence du désarmement va devoir ouvrir de nouveaux chantiers, aussi importants que ceux déjà défrichés.

Parmi ces nouveaux chantiers, le Ministre a mentionné tout particulièrement la question des mines terrestres antipersonnel. Le Sénégal estime que le moment est venu d'éradiquer ce fléau. Fort de cette conviction, il approuve pleinement le processus d'Ottawa qui est destiné à promouvoir l'élimination de ces armes car l'Afrique souffre, plus que tout autre continent, de leur prolifération. Beaucoup de voix se sont élevées pour souhaiter que la Conférence trouve un mécanisme adéquat pour examiner comme il se doit cette question, par exemple avec la nomination d'un coordonnateur spécial sur les mines terrestres. L'essentiel, a estimé le Ministre, est que la Conférence se saisisse de cette question et aide la communauté internationale à la résoudre au nom de toute les victimes, déclarées ou potentielles, de ces armes de terreur.

M. Niasse a souligné que la Conférence du désarmement a déjà inscrit à son actif des progrès encourageants vers l'arrêt de la course aux armements nucléaires. Mais il reste encore beaucoup à faire pour atteindre l'objectif d'un désarmement nucléaire général et complet. Le processus de désarmement nucléaire doit se poursuivre. Le Ministre sénégalais a salué les efforts louables déployés par les puissances nucléaires et encourage leur poursuite. Néanmoins, la Conférence a un rôle de premier plan à jouer sur cette question et c'est la raison pour laquelle le Sénégal reste favorable à la mise sur pied d'un comité spécial sur la cessation de la course aux armements nucléaires et le désarmement nucléaire tel qu'il figure dans le projet de programme de travail présenté par le Groupe des 21.

Les déclarations unilatérales de certaines puissances nucléaires, par lesquelles elles se sont engagées à ne pas recourir à l'emploi ou à la menace de l'emploi d'armes nucléaires contre les États qui n'en sont pas dotés, ont constitué un pas dans la bonne direction. Mais il faut aller plus loin. Il faut, en effet, qu'un instrument juridiquement contraignant puisse être élaboré pour fournir aux États non dotés d'armes nucléaires les garanties dont ils ont besoin pour leur propre sécurité. M. Niasse encourage donc la Conférence à poursuivre les efforts déjà engagés sur cette question.

( suivre)

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La question de la «Transparence dans le domaine des armements» devrait être examinée en rapport étroit avec celle du transfert international des armements. En effet, la transparence peut permettre de déceler les situations de gonflement excessif des arsenaux militaires et conduire à réduire au maximum le niveau des transferts d'armements. L'aisance avec laquelle les protagonistes, potentiels ou déclarés, d'un conflit arrivent à acquérir des armes et à les accumuler, contribue gravement à alimenter et à prolonger des conflits qui, autrement, auraient pu être prévenus ou résolus à temps. Il faudra encore vaincre beaucoup de réticences à rendre transparentes les dépenses militaires. Il faudra aussi affronter franchement des intérêts établis, en particulier ceux des marchés privés d'armements. Il a encouragé la Conférence à persévérer dans l'examen de cet important dossier.

Débat

M. MARKKU REIMAA (Finlande), soulignant l'importance que son pays accorde à la question des mines terrestres antipersonnel, a rappelé que la Finlande avait présenté le 27 mars, avec le Chili et la Pologne, une proposition tendant à nommer un coordonnateur spécial sur la question. Il a lancé un appel à la Conférence pour qu'elle prenne, aujourd'hui même, une décision sur le texte déposé par la Finlande le 22 mai (CD/1458) sur la nomination du coordonnateur spécial afin qu'il puisse commencer dès à présent une tâche exigeante. La Finlande souligne que la nomination d'un coordonnateur spécial sur cette question n'empêcherait pas la Conférence d'examiner d'autres questions, notamment la négociation sur une convention d'interdiction de la production de matières fissiles.

Le représentant finlandais a estimé que la proposition faite le 5 juin par le Groupe des 21 comporte des éléments intéressants. La Finlande considère en particulier que les propositions tendant à nommer des coordonnateurs spéciaux sur les questions de l'élargissement de la composition de la Conférence et sur l'amélioration du fonctionnement de la Conférence sont appropriées et viennent à point nommé.

Mme ESTHER MSHAI TOLLE (Kenya) a souligné le rôle de premier plan de la Conférence du désarmement pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales et a exprimé, à cet égard, sa préoccupation devant l'inertie de la Conférence en ce qui concerne l'établissement de son programme de travail. Tous les membres de la Conférence ont pourtant exprimé une volonté politique et fait preuve de souplesse pour parvenir à un accord sur son programme de travail.

Le Kenya salue les progrès importants réalisés entre les États-Unis et la Fédération de Russie pour une réduction de leurs arsenaux nucléaires. Toutefois, cet effort ne s'étend pas à tous les États dotés d'armes nucléaires. Le Kenya, a déclaré Mme Tolle, «ne voit pas de raison pour l'existence d'armes nucléaires». C'est pourquoi il appuie la création d'un comité spécial sur le désarmement nucléaire. Il souhaite aussi la création

( suivre)

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d'un comité spécial sur les arrangements de sécurité pour les États non dotés d'armes nucléaires.

Le Kenya est également préoccupé par le fléau des mines terrestres antipersonnel qui frappe tout particulièrement le continent africain, avec ses graves conséquences sur le développement de ces pays. Mme Tolle a attiré l'attention sur la coopération interafricaine en matière de déminage et d'aide aux victimes des mines terrestres antipersonnel. Le Kenya n'a pas d'objection à la nomination d'un coordonnateur spécial sur les mines terrestres antipersonnel, étant entendu que le rôle de la Conférence doit être un complément des efforts déployé au sein d'autres instances.

M. ANTONIO DE ICAZA (Mexique) a déclaré que le Groupe des 21 accorde la priorité à la création d'un comité spécial sur le désarmement nucléaire. Il a présenté, au nom de 26 pays, un projet de décision concernant le mandat d'un tel comité. Aux termes de ce texte, la Conférence déciderait de créer un comité spécial afin de commencer des négociations sur un programme échelonné de désarmement nucléaire en vue de l'élimination totale des armes nucléaires selon un calendrier déterminé, en tenant compte de la proposition soumise le 7 août 1996 par 28 membres de la Conférence appartenant au Groupe des 21 et d'autres propositions et initiatives à venir. Ce comité établirait des Groupes de travail pour negocier, dans une première étape, un accord multilatéral juridiquement contraignant par lequel tous les États s'engageraient en faveur de l'objectif de l'élimination complète des armes nucléaires, un accord sur les mesures à prendre pour un programme échelonné selon un calendrier précis devant mener à l'élimination totale des armes nucléaires et une convention sur l'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires.

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( suivre)

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