OUVERTURE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE CONSACREE A L'EXAMEN DE LA MISE EN OEUVRE D'ACTION 21
Communiqué de Presse
AG/649
OUVERTURE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE CONSACREE A L'EXAMEN DE LA MISE EN OEUVRE D'ACTION 21
19970623 Le Premier Ministre du Japon propose l'adoption d'une stratégie mondiale pour la prévention du réchauffement de la planèteLa dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21, le Programme d'action adopté par le Sommet planète Terre à Rio de Janeiro en juin 1992, a été ouverte ce matin, au Siège des Nations Unies à New York, par M. Razali Ismail (Malaisie).
L'Assemblée générale a entamé son débat consacré à l'examen et à l'évaluation d'ensemble d'Action 21. L'accent a largement été mis sur le problème des changements climatiques. Le Premier Ministre du Japon, soulignant que la technologie actuelle ne permet pas de faire face à la réduction requise d'émissions de dioxyde de carbone, a proposé l'adoption d'une "Stratégie mondiale pour la prévention du réchauffement au niveau de la planète" fondée sur les techniques de conservation de l'énergie et l'aide et la coopération avec les pays en développement par le biais de la formation des ressources humaines. La préservation des forêts et l'importance de l'eau ont été également largement évoquées.
Les chefs d'Etat et de gouvernement suivants ont fait des déclarations : le Président de la République fédérative du Brésil, M. Fernando Henrique Cardoso; M. Robert Gabriel Mugabe, Président de la République du Zimbabwe, M. Benjamin William Mkapa, Président de la République-Unie de Tanzanie; le Président de la République française, M. Jacques Chirac; le Président de la République du Kazakstan, M. Nursultan A. Nazarbaev; le Président de la République argentine, M. Carlos Saúl Menem; le Vice-Président de la République du Pérou, M. Ricardo Marquez; le Premier Ministre du Japon, M. Ryutaro Hashimoto; le Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères générales du Royaume des Pays-Bas, M. Wim Kok; M. José Maria Aznar, Président du Gouvernement du Royaume d'Espagne; le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Tony Blair; le Chancelier fédéral de la République fédérale d'Allemagne, M. Helmut Kohl; et le Premier Ministre de la République italienne, M. Romano Prodi.
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Dans une déclaration liminaire, le Président de la cinquante-et-unième session de l'Assemblée générale, M. Razali Ismail, (Malaisie), qui a été élu Président de la dix-neuvième session extraordinaire, a souligné que des progrès considérables ont été accomplis depuis Rio, même s'ils ont été brouillons et inégaux. Il a estimé qu'il est temps d'en finir avec les vieilles excuses pour ne pas s'attaquer efficacement aux causes profondes de la dégradation de l'environnement et du sous-développement. Il a accueilli chaleureusement les représentants des différents secteurs de la société civile.
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a également prononcé une allocution liminaire, dans laquelle il a notamment estimé que pour le bien-être de la planète et pour les générations à venir, les participants à la session extraordinaire ne peuvent se permettre d'échouer. Les gouvernements et les Nations Unies doivent travailler avec le secteur privé, la société civile et les organisations non gouvernementales dans un nouveau partenariat fondé sur la reconnaissance d'intérêts et de responsabilités communs.
Avant l'inauguration des travaux, le Président du Brésil, M. Fernando Henrique Cardoso, en sa qualité de Président du pays qui a accueilli la Conférence de Rio et le Vice-Président des Etats-Unis, M. Al Gore, au nom du pays hôte de la session extraordinaire, ont prononcé une déclaration de bienvenue.
Le Président du Brésil a notamment souhaité que cette réunion au sommet permette de renforcer les engagements pris à Rio et d'oeuvrer à une plus grande coopération dans les domaines de l'environnement et du développement. "Nous avons l'occasion unique de renouveler le partenariat que nous avons forgé à Rio de Janeiro en 1992" a-t-il déclaré avant d'inviter les participants à la session à profiter de cette occasion avec sagesse.
Pour sa part, le Vice-Président américain, a indiqué que cette semaine est l'occasion de mesurer les succès accomplis depuis la Conférence de Rio. Toutefois, selon lui, de nombreux objectifs arrêtés à Rio restent à réaliser et il importe de réduire la pauvreté. Pour ce faire, il faut pouvoir disposer de l'imagination et de l'engagement de tous et faire du développement durable un principe directeur du 21ème siècle.
L'Assemblée a été saisie du rapport de la cinquième session de la Commission du développement durable qui a été présenté par son Président, M. Moustafa Tolba (Egypte). L'Assemblée générale a également organisé ses travaux et adopté son ordre du jour.
Au cours de la séance, le Président de l'Assemblée générale, a indiqué qu'il avait reçu une lettre du Secrétaire général (A/S-19/20) l'informant que conformément à l'Article 19 de la Charte des Nations Unies, 17 Etats Membres se sont acquittés de leurs arriérés de paiement et peuvent par conséquent prendre part aux votes en Assemblée générale.
Au cours de sa prochaine séance, qui aura lieu cet après-midi, à 15 heures, l'Assemblée générale devrait entendre les chefs des délégations suivantes : Fédération de Russie, Portugal, Roumanie, Afrique du Sud, Norvège, Danemark, Irlande, République de Corée, Belgique, Nicaragua, Etats fédérés de Micronésie, République kirghize, Mexique, Indonésie, Philippines, Suède, Australie, Saint-Marin, Chine, Uruguay, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Algérie.
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Déclarations liminaires
M. RAZALI ISMAIL, Président de la dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale : nous sommes ici pour faire une évaluation objective et honnête des engagements pris au Sommet planète Terre il y a cinq ans. Notre tâche dans l'examen de la mise en oeuvre d'Action 21 doit dépasser le simple calcul de ratios des progrès obtenus en matière de lutte contre la dégradation de l'environnement. C'est un moment de réflexion critique et d'action concrète. Reconnaissant que nous sommes liés par une destinée mutuelle et commune, et dans un esprit de partenariat, j'accueille chaleureusement les représentants des différents secteurs de la société civile. Pour la première fois, tels des actionnaires, vous participerez aux travaux de l'Assemblée générale aux côtés des gouvernements. Des progrès considérables ont été accomplis depuis Rio, même s'ils ont été brouillons et inégaux. Nous devons en finir avec les vieilles excuses avancées pour ne pas s'attaquer efficacement aux causes profondes de la dégradation de l'environnement et du sous-développement.
Cette session extraordinaire sera un échec aux yeux du monde si elle ne permet que de dégager la rhétorique récurrente qui fait la une des journaux et si elle se limite aux exhortations du genre "il faut continuer à faire mieux". Je demande aux gouvernements du Nord et du Sud de surmonter les véritables obstacles à la mise en oeuvre d'Action 21. Nous devons éviter la tentation de concentrer nos travaux sur les prétendues questions urgentes. Les questions fondamentales sont les questions intersectorielles, celles qui lient l'environnement et le développement. Le communiqué du Sommet de Denver énumère les priorités pour l'avenir en matière de développement durable mais ne fait aucune référence à la l'élimination de la pauvreté et aux besoins spécifiques des pays en développement. Eu égard à l'interdépendance mondiale reconnue à Rio, la session extraordinaire exige non seulement que nous réaffirmions nos précédents engagements, mais que nous relevions un nouvel ensemble de défis. Si la communauté internationale souhaite véritablement déployer des efforts pour trouver des solutions mondiales aux problèmes mondiaux, il importe alors de renforcer le système des Nations Unies.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies : se réjouit de la présence de si nombreux Chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que de nombreux hauts responsables politiques. Leur présence est la preuve d'une volonté politique afin que le processus commencé à Rio se poursuive. La tâche qui s'offre à nous lors de cette session extraordinaire est de traduire cet engagement politique en action. Cette question mondiale est urgente et vitale. La Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED) et le processus de Rio sont une base solide pour la nouvelle diplomatie mondiale. La Conférence a permis de réunir des Gouvernements, des organisations non gouvernementales et des individus concernés. Ses objectifs étaient plus vastes qu'ils ne l'avaient jamais été auparavant. La CNUED a permis de relier l'environnement au développement dans le nouveau concept de "développement durable". Ce concept embrasse la dimension humaine et sociale du développement durable. La Conférence a apporté un nouvel espoir en montrant que le problème de la pauvreté pouvait être envisagé de façon plus claire et cohérente. Des
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progrès ont été faits depuis la CNUED. De nombreux pays ont rapporté à la Commission du développement durable qu'ils ont établi des mécanismes de coordination nationaux pour le développement durable et la mise en oeuvre d'Action 21. Les trois conventions sur le changement climatique, la biodiversité et sur la lutte contre la désertification sont entrées en vigueur peu après leur ouverture à la signature. Il y a eu des progrès notables en ce qui concerne l'utilisation de sources d'énergie renouvelables. Le nombre des personnes ayant accès à l'eau potable a augmenté entre 1990 et 1994 de 472 millions.
Malgré, il y a également les aspects négatifs du bilan. Le rapport du développement humain pour l'année 1997 du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) montre que plus du quart de la population des pays en développement vit encore dans la pauvreté absolue. Il n'y a eu presque aucun progrès à la suite de la CNUED en ce qui concerne le transfert de technologie aux pays en développement. Les émissions de carbone dioxyde continuent à augmenter. La réduction des forêts se poursuit de façon inacceptable. La question de l'accès à l'eau est toujours un problème important pour le tiers de la population mondiale. Les experts estiment qu'à moins que des efforts soient faits il y aura une crise des ressources mondiales en eau d'ici l'an 2025. En ce qui concerne la question des océans, ceux-ci sont exploités de façon excessive et les stocks de poissons commencent à diminuer. Il est vital que la Convention sur la lutte contre la désertification soit mise en oeuvre. Il est à espérer que la Conférence des Parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques qui doit se tenir à Kyoto permettra que des progrès soient faits. Ce qui est en jeu cette semaine, c'est la capacité sur un plan international des systèmes des Etats d'agir de façon décisive dans l'intérêt du monde. Le programme de réforme aux Nations Unies amènera un renouveau au sein de l'Organisation. Mais, il faudra aller plus loin. Les Gouvernements et les Nations Unies doivent travailler avec le secteur privé, la société civile et les organisations non gouvernementales dans un nouveau partenariat fondé sur la reconnaissance d'intérêts et de responsabilités communes. Nous devons agir pour mettre en oeuvre Action 21. Pour le bien-être de notre planète et pour les générations à venir, nous ne pouvons nous permettre d'échouer.
Débat
M. FERNANDO HENRIQUE CARDOSO, Président du Brésil : l'après Rio montre clairement que les changements intervenus dans la structure politique et économique du monde n'ont pas été suivis de véritables progrès dans la lutte contre la pauvreté et le pillage des ressources naturelles. Il faut une nouvelle fois confirmer le rang de priorité du développement durable dans les relations économiques internationales. Il faut rectifier le déséquilibre entre les progrès en matière de liberté politique et économique, d'une part, et en matière de développement durable, d'autre part. Pour mobiliser l'opinion mondiale internationale à la cause du développement durable, le Brésil s'apprête à accueillir à Rio de Janeiro un "Forum sur l'environnement et le développement ".
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Au cours de cette session, nous devons identifier objectivement et judicieusement, les domaines dans lesquelles aucun progrès n'a été effectué et reconnaître que les défis actuels sont encore plus importants qu'il y a cinq ans. Si nous avons avancé dans l'examen des questions essentielles comme le changement climatique, la biodiversité ou la désertification, les moyens efficaces de mise en oeuvre et de financement font encore défaut. Dans certains cas, il reste encore à sortir de l'impasse. Le Brésil a présenté des propositions concrètes en matière de climat, de biodiversité et des forêts. La pauvreté et la dégradation de l'environnement, en particulier dans les milieux urbains, continuent d'affecter la vie quotidienne de millions de personnes à travers le monde. L'ordre du jour urbain est donc aussi important que l"ordre du jour vert". Il est également nécessaire de souligner l'importance de la protection des océans et à cet égard, il faut stimuler des initiatives comme la Commission mondiale indépendante des océans. L'environnement est aujourd'hui utilisé comme prétexte pour donner libre cours à des mesures protectionnistes. Il faut rétablir l'équilibre acquis à Rio et ne pas sacrifier le développement durable au nom d'une efficacité économique illusoire.
Pour sa part, le Brésil est en train de développer, aux côtés d'Action 21 national, des ordres du jour aux niveaux régional et local. Ayant souligné la coordination des politiques économiques et environnementales, le Brésil a notamment défini un Protocole vert pour faire correspondre les ressources avec la protection de l'environnement. Dans le cadre de MERCORUR, le Brésil est en train de parachever un instrument juridique unifié de l'environnement et forte de son expérience en la matière, il s'est joint aux efforts de l'Allemagne, de Singapour et de l'Afrique du Sud pour contribuer à la définition des priorités pour le proche avenir. Les défis à venir consisteront à renforcer la structure des Nations Unies dans le domaines de l'environnement, à promouvoir la participation des ONG dans le débat social et à impliquer les secteurs du travail et des affaires.
M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président de la République du Zimbabwe : la dégradation de l'environnement est générale. L'Afrique a elle seule souffre de déforestation, 3,6 milliards d'hectares de forêt disparaissant chaque année. Depuis Rio, la tendance générale a été marquée par le fait que les riches sont devenus plus riches et que les pauvres sont devenus plus pauvres. D'ici la fin du siècle, le monde comptera 5,6 milliards d'individus. Du fait de nos activités irresponsables d'aujourd'hui, les générations futures risquent d'hériter d'une planète inhabitable. Il y a peu, le Zimbabwe a accueilli le Sommet mondial du soleil qui a permis de mettre l'accent sur l'importance de l'énergie solaire. Celle-ci pourrait, grâce à des fonds de recherche conséquents, devenir une énergie alternative efficace.
La Commission du développement durable a largement souligné les conséquences négatives du phénomène de mondialisation sur l'Afrique. Ces tendances ne peuvent être inversées que par un partenariat et une coopération mondiale. Le système des Nations Unies constitue la meilleure instance pour la prise en compte de toutes ces données. La session extraordinaire doit reprendre à son compte la Déclaration adoptée en mars dernier lors de la Conférence
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panafricaine des Ministre africains de l'environnement qui a eu lieu à Ouagadougou, au cours de laquelle les Ministres ont prôné la mise en place et le financement d'un programme d'action régional pour l'Afrique. La session extraordinaire doit également s'attaquer au problème troublant de la désindustrialisation. En effet, sans industrialisation, il ne peut il y avoir de développement durable.
M. RUYTARO HASHIMOTO, Premier Ministre du Japon : j'ai réitéré lors du Sommet de Denver ma détermination à préserver l'environnement mondial. Je voudrais souligner d'une part, notre responsabilité à l'égard des générations à venir, et d'autre part la sécurité mondiale au niveau humain. Chacun d'entre nous doit assumer ses responsabilités et modifier son style de vie. Il faut également développer des technologies novatrices en matière d'environnement, et promouvoir leur transfert vers les pays en développement. A cet égard, le rôle des Nations Unies est essentiel. Les changements climatiques au niveau mondial sont un des problèmes environnementaux qui affectent nos existences, et menacent l'avenir du genre humain. La troisième conférence des parties à la Convention- cadre des Nations Unies sur les changements climatiques doit avoir lieu dans notre ancienne capitale, à Kyoto, en décembre prochain. Il ne faut épargner aucun effort pour qu'elle soit un succès. Lors du Sommet de Denver, les huit pays ont accepté de prendre des mesures et de se fixer des objectifs réalistes et équitables afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'ici à l'an 2010. Nous devons, lors de cette session extraordinaire, faire la preuve de notre engagement à faire de la Conférence de Kyoto un succès. La Japon est déterminé à faire tout son possible dans ce but.
Il faut également résoudre le problème des changements climatiques dans une perspective à moyen et long termes. La technologie actuelle ne nous permet pas d'y faire face. Je propose une initiative qui s'appellera la stratégie mondiale pour la prévention du réchauffement au niveau de la planète, ou Initiative verte, qui reposera sur deux piliers : la "technologie verte", afin de promouvoir les efforts des pays développés à l'égard des pays en développement et la transmission des technologies de conservation de l'énergie; et "l'aide verte", qui permettrait d'utiliser l'aide publique au développement et les ressources financières privées afin de traiter les questions énergétiques et de réchauffement mondial, et de promouvoir la coopération avec les pays en développement grâce à l'utilisation des ressources humaines.
Le Japon a connu par le passé un gros problème de pollution, et a renforcé ses politiques en matière d'environnement de manière fondamentale. Depuis le Sommet de Rio, le Japon a élaboré un plan et édicté des lois en matière d'environnement, qui ont abouti à l'élaboration d'une politique écologique claire. Le Japon est prêt à présenter ses succès, mais aussi ses échecs, et à coopérer avec d'autres afin que les erreurs ne se reproduisent pas.
L'aide publique au développement (APD) joue un rôle important dans la promotion du développement durable dans les pays en développement. Le Japon a atteint l'objectif qu'il s'était lui-même fixé lors du Sommet Planète terre, et a fourni au cours des 5 années passés environ 13,3 milliards de dollars d'APD
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dans le domaine de l'environnement, et va poursuivre ses efforts, en dépit de ses contraintes budgétaires actuelles. Un nouveau plan, appelé Initiatives pour le développement durable pour le vingt-et-unième siècle, va être mis en oeuvre. Ce plan va comporter des mesures en matière de pollution de l'air et de l'eau, par une réseau de surveillance des dépôts d'acide en Asie de l'Est, et la promotion de transfert de technologie de l'environnement pour la prévention de la pollution; des mesures relatives au réchauffement mondial, par le transfert de technologies de conservation d'énergie et de nouvelles sources d'énergie aux pays en développement; et la préservation de l'environnement naturel, en particulier en ce qui concerne la question des forêts. Le centre de la biodiversité en Indonésie sera utilisé pour promouvoir les efforts coordonnés de l'Indonésie, du Japon et des Etats Unis. Enfin, la promotion de l'éducation en matière d'environnement sera encouragée.
M. BENJAMIN WILLIAM MKAPA, Président de la République unie de Tanzanie : aujourd'hui, il faut procéder à un examen honnête du chemin parcouru, individuellement et collectivement, vers la réalisation des objectifs d'Action 21 et essayer de retrouver l'esprit de Rio en faveur d'un partenariat global. Tenter de renégocier les engagements nobles et librement contractés constituerait un recul du consensus de Rio. Des progrès notables ont certes été réalisés, notamment par les pays en développement, et plusieurs conventions internationales en faveur de l'environnement sont désormais en vigueur. Toutefois ces succès restent modestes à l'aune des ambitions de 1992. Ainsi il était convenu à Rio que les pays développés fournissent une aide publique au développement (APD) de 0,7% de leur PNB. En réalité, depuis Rio le montant de l'APD est passé de 0,34% à 0,25% du PNB. Or la capacité pour les pays en développement de satisfaire aux objectifs environnementaux fixés par Rio dépend largement du montant d'APD qui leur parvient. De plus, ces pays souffrent du poids insupportable de la dette. La Conférence de Rio a également établi que les transferts de technologie sont essentiels pour permettre aux pays en développement d'opérer leur transition vers le développement durable. Aujourd'hui il faut parvenir à un accord international fixant les modalités de ces transferts.
Par ailleurs, il faut trouver une solution aux problèmes de la dégradation de l'environnement due aux modes de consommation et de production excessifs. Le récent Sommet mondial sur l'énergie solaire, tenu à Harare en septembre dernier montre qu'il existe un grand nombre de projets qui méritent et demandent le soutien actif des pays développés et de l'ensemble des donateurs. La Session extraordinaire de l'Assemblée générale doit être l'occasion de régénérer l'esprit de partenariat global en faveur du développement durable et de la réduction de la pauvreté par le biais d'une augmentation de l'APD et des investissements ainsi que grâce à un accès préférentiel aux marchés des pays développés accordés aux pays en développement.
M. WIM KOK, Premier Ministre du Royaume des Pays-Bas, (au nom de l'Union européenne et des pays associés : Bulgarie, Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Norvège, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie), a observé que cette session extraordinaire de l'Assemblée générale permettra d'évaluer les progrès faits depuis le Sommet de Rio en 1992
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et d'établir de nouvelles politiques pour les années à venir. Il faut viser au développement durable au niveau mondial. Cela est possible par des politiques environnementales, économiques et sociales cohérentes et bien coordonnées. Il est essentiel d'établir un équilibre durable entre la protection de l'environnement et la croissance économique. L'interdépendance des économies mondiales ne doit pas être utilisée par certains gouvernements comme une excuse pour ne pas se sentir responsable dans leur propre pays. La personne humaine doit être placée au centre du développement. Le développement n'est durable que si l'on élimine la pauvreté, promeut l'emploi, l'intégration sociale, l'égalité des sexes et le respect des droits de l'homme. Le développement durable exige que l'on change les modes de production et de consommation. Il faut que la croissance économique pèse de moins en moins sur l'environnement et il est capital d'intensifier les efforts dans ce sens. La contribution des ONG et des grands ensembles de la société civile est essentielle. Le changement climatique est un problème mondial. Il est nécessaire que les pays industrialisés réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Ceux-ci devraient conclure un engagement juridiquement contraignant à Kyoto.
La question de la crise de l'eau devrait être examinée de façon prioritaire. Il faut aller plus loin dans le processus de négociation pour une Convention mondiale sur les forêts qui devrait être ouverte à la signature en l'an 2000. Il faut continuer à apporter un soutien financier à la mise en oeuvre de la gestion durable des forêts, en particulier celles des pays en développement. La Convention sur la lutte contre la désertification donne un cadre essentiel. Le transfert de technologie est un processus complexe qu'il faut encourager dans un cadre multilatéral tel que celui du PNUD ou du PNUE. L'assistance au développement ne doit pas être envisagée comme un substitut à la mobilisation de ressources domestiques et l'investissement étranger direct. L'Union européenne réaffirme les engagements pris à Rio. Elle s'engage a procurer des ressources financières nouvelles et additionnelles nécessaires pour la mise en oeuvre d'Action 21. L'Union européenne s'efforcera de freiner la tendance à la baisse de l'aide publique au développement afin d'atteindre l'objectif fixé de 0.7%. L'Union européenne s'engage à fournir des ressources à l'Afrique et aux pays les plus pauvres. En tant que grand donateur, l'Union européenne insiste sur la nécessité d'une responsabilité partagée par les pays donateurs traditionnels et les nouveaux pays qui sont en mesure d'apporter leur contribution. L'Union européenne demande au Secrétaire général de présenter de nouvelles stratégies pour un développement durable à long terme.
M. JOSE MARIA AZNAR, Président du Gouvernement espagnol : les résultats obtenus à Rio sont le reflet écrit de la prise de conscience par l'humanité du fait que ce n'est qu'en conservant l'environnement que l'on peut aspirer à une vie décente. Ils sont la preuve d'une obligation morale de remettre aux générations futures un monde dans lequel elles puissent vivre et du devoir d'éviter le fossé éthique entre les systèmes occidentaux traditionnels et l'émergence de nouvelles technologies auquel Hans Jonas fait référence. En fait, nous ne sommes pas satisfaits par les progrès réalisés depuis Rio et notre détermination à améliorer ces résultats confirme la valeur que nous attachons au cadre éthique accepté par nous tous. Nous devons surmonter les obstacles
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rencontrés dans la mise en oeuvre pratique de la notion de développement durable. Nous appuyons, par conséquent, les objectifs fixés par le Premier Minstre des Pays-Bas au nom de l'Union européenne. Le programme qui sera développé doit être large et répondre à deux priorités : l'élimination de la pauvreté et le changement des modes de production et de consommation. Entre nous tous, nous devons créer un environnement économique international qui favorise le développement durable et une politique commerciale adéquate au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Je représente un pays qui a mis en place au cours des vingt dernières années un processus accéléré de modernisation et qui connaît les dilemmes du développement et de la dégradation de l'environnement. Je viens d'une terre qui dispose d'écosystèmes fragiles, riveraine d'une mer menacée et appartiens à un peuple qui au cours de l'histoire a tourné son regard vers le ciel à la recherche de pluies rédemptrices. Notre identité méditerranéenne rend prioritaires la promotion d'un tourisme durable et la gestion adéquate des ressources en eau. Nous avons appelé Projet Araucario un programme qui vise à protéger cinq zones géographiques disposant d'une riche diversité biologique hautement représentative des écosystèmes américains. Pour sa mise en oeuvre et son suivi, nous travaillerons de concert avec la société civile, les organisations non gouvernementales et le secteur privé ibéro-américains. Ce programme et de nombreux autres mis en oeuvre dans d'autres régions du monde, sont les meilleures garanties que nous pouvons apporter à notre avenir commun.
M. TONY BLAIR, Premier Ministre du Royaume-Uni : je m'adresse à vous, non seulement en tant que Premier Ministre, mais également en qualité de père de famille, car les décisions qui seront prises lors de ce sommet auront une influence profonde sur le monde dont nos enfants vont hériter. Trois principes doivent nous guider dans notre volonté de protection de l'environnement : tout d'abord, tout le monde doit avoir un rôle dans l'environnement mondial et c'est pourquoi la diminution de flux d'aide, depuis 1992, est préoccupante. Il faut donner la priorité aux pays les plus pauvres, y compris en Afrique. Lors du Sommet de Denver, je me suis engagé à accroître de 50% l'aide bilatérale du Royaume-Uni pour la santé, l'éducation, et les projets liés à l'eau en Afrique. La réduction de la pauvreté est dans notre propre intérêt, et dans l'intérêt de la protection de l'environnement. Par ailleurs, il faut empêcher la destruction des forêts. J'espère que nous pourrons entamer cette semaine les négociations pour une Convention sur les Forêts. La Grande-Bretagne a une grande expérience en matière de gestion publique et privée des forêts et souhaite partager cette expérience. Elle a l'intention d'adopter une nouvelle norme sur les forêts afin de les régénérer et pouvant servir de modèle aux autres pays. Elle va également augmenter son aide au développement pour la gestion des forêts pour les pays qui souhaitent partager cette expertise. Enfin, les pays industrialisés doivent reconnaître que l'on peut allier le progrès économique et une meilleure qualité de l'environnement. Les considérations environnementales doivent faire partie de toutes les décisions publiques, sur toutes les questions.
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L'eau est plus précieuse que le pétrole. La Grande-Bretagne va contribuer à la mise en place d'un plan d'action afin d'assurer un accès universel à l'eau salubre et à l'assainissement. Les progrès qui seront faits cette semaine devront produire des résultats lors de la Commission du développement durable l'année prochaine.
Il y a cinq ans, le Sommet de Rio a lancé le programme Action 21. Depuis, 70% des autorités locales ont été inspirées, par les directives d'Action 21 local qui consistent "à penser au niveau mondial et agir au niveau local". Toutes les autorités locales anglaises devront avoir adopté les stratégies locales d'Action 21 d'ici à l'an 2000. L'action internationale est tout aussi essentielle. Le monde a besoin d'initiatives mondiales en matière d'environnement et d'une organisation des Nations Unies plus forte. Le problème le plus préoccupant est celui des changements climatiques. C'est pourquoi l'Union Européenne a proposé de réduire de 15% par rapport à leur niveau de 1990 les émissions de dioxyde de carbone d'ici à l'an 2000. Le Royaume-Uni est prêt à aller jusqu'à 20%. Il faudra pour cela que tous changent leurs modes de vie, que de nouvelles énergies soient trouvées, que le système de transport public soit repensé. Le Ministère britannique de l'environnement vient d'être fusionné avec le Ministère des transports à cet effet.
Tous les pays ici présents étaient à Rio, et ont pris des engagements, qu'ils n'ont pas toujours respectés. C'est pourquoi je leur adresse ce message: nos objectifs ne seront pas pris au sérieux par les pays les plus pauvres si les pays les plus riches ne les respectent pas. Pour être efficaces, il faut agir au niveau planétaire. A Kyoto, les pays industrialisés doivent accepter des objectifs juridiquement contraignants pour réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre au cours de la première décennie du siècle prochain. Ce sont les pays qui produisent les émissions les plus importantes qui ont la plus grande responsabilité en la matière. D'autre part, les pays industrialisés doivent travailler avec les pays en développement afin de les aider à combattre les changements climatiques, les pertes de diversité biologique et les autres défis en matière d'environnement. Le Royaume-Uni soutient la diversification du fonds pour l'environnement mondial. Nous proposons de renforcer la partenariat du Royaume-Uni avec les pays en développement en matière d'efficacité énergétique et en ce qui concerne la recherche et l'observation en matière de changements climatiques.
M. HELMUT KOHL, Chancelier de la République fédérale d'Allemagne : en dépit d'importants progrès réalisés depuis le Sommet de Rio, les grandes questions liées à la pollution mondiale n'ont pas encore été réglées. La question cruciale est de savoir comment on pourra sauvegarder de façon permanente la base naturelle de vie pour une population mondiale croissante. Compte tenu des réserves limitées en eau potable, des changements climatiques éventuels et de la désertification, cette question devient très urgente. Nous n'avons plus de temps à perdre. Si l'on ne réussit pas à faire face à ce défi, les conflits liés aux ressources naturelles se multiplieront. Même aujourd'hui, de nombreuses personnes dans le monde sont forcées de quitter leur foyer en raison de la destruction de la base naturelle de leur existence. Toutefois, certains progrès
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permettent d'espérer. Maintenant, on dispose du savoir-faire et des moyens nécessaires à la protection durable des sources naturelles de la vie de l'homme. Par exemple, on peut protéger de façon active le climat en utilisant l'énergie solaire et en faisant un usage efficace des autres ressources énergétiques. Le message de Rio de 1992 concernant les questions d'environnement et de développement comme les deux faces d'une pièce de monnaie, reste valable.
Les pays industriels et les pays en développement doivent s'assurer que leur propre croissance économique ne signifie pas également une aggravation de la pollution. De nombreux exemples illustrent bien qu'un développement qui ne nuit pas à la nature n'agit pas au détriment de l'économie mais lui donne plutôt de l'élan. La Conférence des Parties à la Convention sur les changements climatiques, tenue à Berlin en avril 1995, a jeté les bases d'un accord pour la protection mondiale du climat. La session extraordinaire de l'Assemblée générale devrait demander à la Conférence qui se tiendra à Kyoto à la fin de cette année de parvenir à un accord international pour réduire de façon substantielle l'émission des gaz à effet de serre. Les pays industriels devraient adopter la position de l'Union européenne visant à réduire ces émissions de 15% d'ici l'an 2010. Il est nécessaire d'exprimer une voix clairement audible aux Nations Unies pour répondre aux problèmes de la protection de l'environnement mondial et du développement durable. En conséquence, il faudrait à court terme renforcer la coopération entre les différentes organisations chargées des questions d'environnement. A moyen terme, il faudrait créer une organisation mondiale pour la protection de l'environnement, avec la coopération du Programme des Nations Unies pour l'environnement comme pilier principal.
M. JACQUES CHIRAC, Président de la République française : Rio a marqué le début d'une prise de conscience. Elle était essentielle mais elle demeure insuffisante. Ce qui importe aujourd'hui, c'est de nous fixer des objectifs simples, concrets mais ambitieux, pour les cinq ans à venir. Parachevons d'abord l'édifice des règles internationales qu'impose le principe de précaution. En décembre à Kyoto, mettons-nous d'accord sur les objectifs et les modalités de notre lutte commune contre l'effet de serre. Engageons, avant la fin de l'année, la négociation de la convention nécessaire à la protection de nos forêts. Précisons enfin nos engagements concernant les Conventions sur la diversité biologique et sur la lutte contre la désertification. Pour appliquer ces textes, contrôler leur mise en oeuvre, faire progresser partout le respect de l'environnement, les Nations Unies doivent disposer d'institutions rénovées, plus efficaces, regroupées autour de deux pôles : Nairobi et Genève. Elles doivent aussi disposer de moyens suffisants. Créé à l'initiative de la France et de l'Allemagne, le Fonds pour l'environnement mondial joue un rôle central. Je souhaite qu'en septembre à Paris, les pays contributeurs s'accordent sur la reconstitution équitable des ressources de ce fonds. La France troisième donneur mondial d'aide publique au développement, y apportera toute sa part.
Un risque majeur de pénurie d'eau douce menace l'humanité. La consommation augmente deux fois plus vite que la croissance démographique. Source de vie, l'eau risque de devenir source majeure de conflits. La France soutenue par toute l'Union européenne, a présenté devant la Commission du
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développement durable des propositions qui, je l'espère, déboucheront sur des programmes concrets et un partenariat à l'échelle du monde. Décidons ensemble que, dans dix ans, chaque village du tiers-monde, et notamment d'Afrique, devra être doté d'un puits ou d'un accès à l'eau potable. Décidons ensemble de réduire de moitié, en dix ans, le nombre des foyers urbains qui n'ont pas accès à l'eau potable ou qui ne sont pas raccordés à des réseaux d'assainissement. Pour préciser nos objectifs et mobiliser davantage toutes les ressources nécessaires, la France, qui accueille à Marseille le Conseil mondial de l'eau, propose de recevoir, au début de l'an prochain, une conférence réunissant tous les acteurs d'une politique de l'eau. Cette conférence s'inscrirait dans le cadre de l'élaboration du plan d'action que la Commission du développement durable devrait adopter lors de sa prochaine session, au printemps 1998. La capacité d'invention de l'homme, le pouvoir qu'il s'est donné de modifier l'environnement, appellent, en contrepartie, une exigence : c'est l'esprit de responsabilité. Notre responsabilité aujourd'hui, c'est de protéger notre planète. L'efficacité de notre action dépendra de notre volonté commune, de l'impulsion qu'ensemble nous donnerons à ce grand dessein. L'urgence est forte. Porter atteinte à la nature, c'est porter atteinte à l'humanité.
M. RICARDO MARQUEZ, Vice-Président du Pérou : Le Pérou a mis en oeuvre son Programme pour le Pérou, qui est la contrepartie d'Action 21. Les principes directeurs des politiques environnementales constituent des impératifs des politiques économiques. Le développement social et humain doit se faire dans le respect de la nature. La pauvreté est à la fois la cause et l'effet de la dégradation de l'environnement, et la surmonter est le principal objectif du Président Fujimori. L'objectif qu'il s'est fixé est de garantir l'accès de tous les Péruviens aux services de base. Les dépenses sociales représentent 40% du budget national sont en hausse. Il ne s'agit pas seulement d'affecter des ressources mais de déterminer comment les investir, et en faveur de qui. La participation de la société civile est sans cesse plus importante et plus dynamique. C'est cette concertation qui a conduit au Sommet des Amériques sur le développement durable.
Cette session extraordinaire de l'Assemblée générale doit réaffirmer et honorer les engagements pris en 1992. Il faut prendre de nouveaux engagements pour mettre en oeuvre les objectifs qui ont été fixés à Rio. La libéralisation du commerce et le transfert de ressources financières et technologiques devaient permettre de parvenir au développement durable. Cinq années après le Sommet de Rio, le bilan n'est pas positif. Les questions financières et technologiques ont été reléguées au deuxième plan. Au Pérou, des arrangements institutionnels ont été pris afin d'intégrer des principes liés à la protection de l'environnement. L'année 1997 a été proclamée année du reboisement au Pérou, à hauteur de 100 millions d'arbres. Le reboisement doit constituer une priorité pour la communauté internationale. Le Pérou a une méga-diversité biologique et les autochtones maîtrisent la connaissance de 1300 espèces végétales. Il est favorable à une civilisation moderne de biomasse s'appuyant sur les ressources durables. La politique de développement durable de l'Amazone résulte de la contribution du Pérou et des pays du Traité de coopération amazonienne à une
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stratégie mondiale de développement durable. Il faut développer la capacité de concevoir et développer des programmes mondiaux en matière d'environnement en faisant coopérer des organisations gouvernementales et non gouvernementales.
M. NURSULTAN A. NAZARBAEV, Président de la République du Kazakstan : Du fait de la mondialisation des relations internationales, il est nécessaire de rejeter les anciens stéréotypes, les approches technocratiques et les tentatives pour arriver à tout prix à la croissance économique. Il est capital d'adhérer aux principes de la Déclaration de Rio afin d'assurer une croissance économique en relation avec le processus de développement social et de sécurité environnementale. En ce qui concerne les nouveaux Etats indépendants, il n'est pas possible de parler de développement économique durable et de sécurité dans le domaine environnemental. Afin de mener à bien leurs réformes, les pays indépendants doivent faire face à des coûts sociaux considérables. Dans la plupart des pays de l'après-socialisme, les réformes et les aspects sociaux du développement économique sont conflictuels. L'alternative à ces réformes est la stagnation, la pauvreté et le désespoir. Pendant un demi siècle, le territoire de l'ex-Union soviétique a vu se développer des installations polluantes défiant tout contrôle écologique. La nature continue d'en pâtir et les effets sur l'environnement sont devenus planétaires.
Les Nations Unies doivent jouer un rôle plus actif dans le transfert de technologies propres vers les pays à économies en transition. Les Nations Unies pourraient créer un mécanisme de contrôle, un genre de COCOM, pour la non- prolifération de technologies et d'industries polluantes et toxiques. Bien entendu chaque pays devrait s'occuper individuellement de la question du développement durable. C'est pourquoi le Kazakstan a défini sa propre stratégie de réformes économiques. De nombreux progrès ont pu être faits au Kazakstan pendant les cinq ans de son indépendance. Le Kazakstan a complètement changé son système de relations économiques et sociales. De nombreux pays ne peuvent résoudre leurs problèmes sans l'aide de la communauté internationale. Dans le cas du Kazakstan, il se voit confronté au problème relatif aux essais nucléaires souterrains de Semipalatinsk et à la disparition de la mer d'Aral. Les armes nucléaires représentent une tragédie non seulement pour le Kazakstan mais pour tous les peuples. Le Kazakstan propose de matérialiser la responsabilité des puissances nucléaires sous forme d'un fonds international pour la réhabilitation de la santé des populations et de la nature des régions affectées par les essais nucléaires. En ce qui concerne la région de la mer d'Aral, celle-ci connaît une dégradation grave de l'environnement. Chaque Etat traite de cette catastrophe individuellement alors que celle-ci a des conséquences sur un plan mondial. La communauté internationale ne peut ignorer ces tragédies du fait que l'Asie centrale est une nouvelle réalité géopolitique et géoéconomique. Il est nécessaire de résoudre aujourd'hui les problèmes écologiques de la région.
M. ROMANO PRODI, Premier Ministre de l'Italie : Aujourd'hui, le développement durable demeure un principe plutôt abstrait, dont le degré d'application dans l'élaboration des politiques et la mise en oeuvre aux niveaux national et régional a été inapproprié. L'intégration est fondamentale dans le développement durable. C'est le seul moyen d'assurer que les trois piliers
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d'Action 21 - développement économique, développement social et protection de l'environnement - sont examinés en même temps et que la durabilité est opérationnelle. De toute évidence, l'intégration n'est possible que si des arrangements institutionnels sont mis en place. Ces arrangements dépendent de la volonté politique. L'Italie se rallie à l'idée selon laquelle l'éradication de la pauvreté et les modes de consommation et de production durables représentent les objectifs fondamentaux de la communauté internationale et les questions essentielles à l'ordre du jour de la présente session extraordinaire. L'Italie est prête à apporter sa contribution selon ses moyens, pour aider les pays les plus pauvres à réduire la pauvreté dans un délai raisonnable et à améliorer la qualité de la vie de tous les groupes sociaux de ces pays, en particulier la pleine intégration des femmes au processus de développement économique et social. Dans ce contexte, il faudrait centrer l'attention sur les droits des enfants, en particulier en appuyant les projets visant à instaurer des villes accueillantes pour les enfants.
En ce qui concerne la question des modes de consommation et de production, le gouvernement italien est fermement convaincu que les pays développés devraient prendre la direction dans le processus de développement des technologies rationnellement écologiques et des politiques en matière de d'environnement, de mise en oeuvre des réformes nécessaires dans leur propre pays, alors que les pays nouvellement industriels devraient réduire la pression que leur taux de croissance rapide fait peser sur l'écosystème. En même temps, il faudrait reconnaître que les pays à très faibles revenus puissent réaliser des progrès économiques et sociaux sans reproduire les schémas de développement et d'industrialisation des pays industriels. Il incombe à ces pays d'adopter des modèles plus appropriés et plus durables de développement. L'Italie sera l'hôte de la première Conférence des Parties à la Convention sur la désertification, qui se tiendra à Rome du 29 septembre au 10 octobre 1997. La Conférence marquera le point de départ de la mise en oeuvre de la Convention en encourageant l'élaboration de plans d'action efficaces et les expériences de mise en oeuvre conjointe, en particulier dans la région méditerranéenne, et permettra de renforcer la coopération internationale par le biais d'une meilleure utilisation des ressources disponibles à cette fin.
M. CARLOS SAUL MENEM, Président de l'Argentine : Il faut mettre fin à l'idée selon laquelle le développement économique et la protection de l'environnement sont antagonistes. Le gouvernement argentin a incorporé dans la réforme de la constitution en 1994 le droit de tous les habitants de jouir d'un environnement sain et équilibré. Il faut éliminer la pauvreté qui conduit à des styles de vie destructeurs pour l'environnement. Il faut concilier les mesures de protection de l'environnement et du développement durable avec la sauvegarde d'un système de commerce ouvert, non discriminatoire et équitable.
En ce qui concerne le problème de pénurie de l'eau douce, l'Argentine a ouvert aux capitaux privés le système de distribution. S'agissant de la préservation de l'écosystème, 10 nouvelles zones protégées ont été ajoutées aux autres, et elles représentent 5,5% du territoire continental. En 1997, on aura ajouté cinq nouveaux parcs nationaux. Ces mesures constituent le témoignage de
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la défense de la diversité biologique. Par ailleurs, pour l'Argentine qui dispose d'un littoral de plus de 4000 kilomètres, la préservation des ressources marines exige des pratiques de pêche non discriminatoires. La troisième Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer a eu des résultats insuffisants. Les Nations Unies doivent établir un cadre juridique clair et opérationnel pour les bateaux qui pêchent au-delà de 200 miles. La déprédation des ressources maritimes peut engendrer des conflits qui menaceraient la paix et la sécurité.
En ce qui concerne la coopération multilatérale, une attention particulière doit être portée aux mécanismes financiers internationaux. La Commission du développement durable devrait pouvoir évaluer l'efficacité et l'équité de l'attribution des ressources au développement. L'Argentine réitère son appui au Programme des Nations Unies pour l'environnement. Elle estime qu'il y a des progrès dans le mise en place d'Action 21, mais le développement des capacités nationales et d'une coopération internationale sont nécessaires. Lors de la Conférence de Stockholm il y 25 ans, le Président Péron avait réclamé un changement de cap, qui a été décidé lors de la Conférence de Rio. Il faut accélérer le rythme des progrès et s'atteler désormais aux réalisations.
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