En cours au Siège de l'ONU

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LE COLLOQUE SUR LA QUESTION DE PALESTINE EXAMINE LE ROLE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DANS LE REGLEMENT DE LA QUESTION DE PALESTINE

10 juin 1997


Communiqué de Presse
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LE COLLOQUE SUR LA QUESTION DE PALESTINE EXAMINE LE ROLE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DANS LE REGLEMENT DE LA QUESTION DE PALESTINE

19970610 Le Colloque des Organisations non gouvernementales de l'Amérique du Nord sur la question de Palestine a tenu cet après-midi une table ronde sur le thème "Transition vers un statut permanent- le rôle de la communauté internationale". Il a entendu dans ce cadre M. Gabriel Habib, Consultant au Conseil national des églises aux Etats-Unis et M. Gershon Baskin, Directeur du Centre de recherche et d'information Israël/Palestine à Jérusalem. Les deux participants ont déterminé les mesures que devraient prendre les parrains des Accords d'Oslo, en particulier les Etats-Unis, les Nations Unies et la communauté des ONG, pour sauver le processus de paix.

Le Colloque a entamé un échange de vues au cours duquel les participants ont souligné que la principale lacune dans les Accords d'Oslo réside dans le fait qu'ils n'établissent aucune garantie sur l'engagement des parties à les mettre en oeuvre.

Le Colloque reprendre ses travaux, demain mercredi 11 juin à 10 h 30. Il devrait organiser la table ronde III intitulée "Encourager une action conjointe des ONG nord-américaines et palestiniennes pour appuyer la transition vers l'autodétermination et la création d'un Etat".

Table ronde II : "Transition vers un statut permanent - Le rôle de la communauté internationale"

Le rôle de l'Amérique du Nord et le rôle des pays voisins

M. GABRIEL HABIB, Consultant au Conseil national des Eglises aux Etats-Unis, a souligné que l'existence même d'un Groupe de discussions entre Israéliens et Palestiniens indique qu'il existe une sorte de consensus sur la nature du statut permanent et la façon dont le droit à l'autodétermination doit être exercé. Toutefois, la politique du Gouvernement israélien montre qu'un tel consensus n'est plus de mise. Les actions israéliennes font ressurgir dans la mémoire collective des déceptions et des doutes quant aux objectifs réels des Israéliens en Palestine et dans le monde arabe, de manière générale. De l'autre côté, le monde s'accorde à reconnaître que l'OLP a fait des concessions historiques en abandonnant le projet régional d'Etats pluralistes et unitaires en faveur de deux Etats éthniques en Palestine. Les Accords d'Oslo ont également eu valeur de concession. Bien que ces Accords aient été considérés comme une Déclaration de principes plutôt que comme un accord de fait, les Palestiniens continuent de croire qu'il ne serait pas sage d'interrompre les négociations durant la période intérimaire tant ils croient à la pertinence des Accords d'Oslo pour l'exercice prochain de leurs droits sociaux.

Aujourd'hui, des dispositions des Accords d'Oslo sont mises en oeuvre dans le cadre de la politique habituelle israélienne qui est celle du fait accompli. Ce fait montre une chose c'est que les Accords d'Oslo n'étaient pas appropriés et encore moins conçus pour rendre justice aux Palestiniens. En effet certaines questions fondamentales ont été laissées en suspens et aucune garantie n'a été fournie sur l'engagement d'Israël à les régler. La situation observée actuellement réduit indubitablement les chances de réussite des négociations. Pourtant, en dépit de cette évolution négative, les Palestiniens demandent à la communauté internationale de prendre des mesures urgentes pour contraindre Israël à instaurer une interaction constructive en vue de la paix.

Quel est le rôle que la communauté internationale peut jouer dans ce contexte. Il est important que les parrains des Accords d'Oslo se prononcent clairement en faveur d'une intervention avant qu'il ne soit trop tard tant il devient urgent de transformer la dynamique de guerre en un partenariat pour la paix. Cette intervention devrait permettre de prendre les mesures suivantes : faire pression sur Israël afin qu'il énonce clairement ses intentions en ce qui concerne la création d'un Etat palestinien; oeuvrer pour la paix et le partenariat avec les Palestiniens; mettre au point un plan visant à développer l'économie palestinienne; et enfin faire pression sur l'Autorité palestinienne

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pour qu'elle instaure des institutions démocratiques. Pour leur part, les Nations Unies se doivent d'examiner la coordination des activités des Etats Membres en faveur du développement et de la paix ente Israël et les Palestiniens; intensifier les activités dans la région, en particulier dans les camps de réfugiés; et s'opposer à toute tentative de modifier les résolutions pertinentes sur les droits des Palestiniens.

En ce qui concerne les Etats-Unis, ils continuent de déclarer leur volonté de sauver le processus de paix tout en continuant à assurer armes et finances à Israël et à réduire l'aide à la Jordanie, à l'Egypte et aux Palestiniens. Les Etats-Unis veillent à ce que l'Europe ne participe pas, de manière significative au processus de paix au Moyen-Orient. S'ils veulent vraiment sauver le processus de paix, les Etats-Unies doivent encourager instamment Israël à respecter les dispositions du Conseil de sécurité et à interrompre l'implantation de colonies tout en agitant la menace d'effectuer des coupes sombres dans l'aide accordée à Israël. Enfin, pour leur part, les ONG doivent envisager la possibilité de suivre de près l'attitude des parrains des Accords d'Oslo et d'exercer une pression pour leur faire adopter une politique débouchant sur la justice et la paix. Les ONG doivent également encourager l'élaboration de programmes d'éducation et mettre à disposition des organisations palestiniennes des ressources afin d'assurer la survie de la société civile. Il revient en outre aux ONG de promouvoir un dialogue entre les religions monothéistes visant à isoler l'influence des extrémistes et à définir le rôle de la religion dans la solution des conflits. Un tel dialogue permettra à Jérusalem de retrouver sa vocation universelle et son statut de ville de paix pour le monde.

M. GERSHON BASKIN, Co-directeur du Centre Israël/Palestine pour la recherche et le développement à Jérusalem, a indiqué que les Palestiniens doivent être mieux préparés pour faire face aux défis des négociations. Il apparaît souvent que les Palestiniens ne déterminent pas à l'avance en détail leurs positions et de façon bien réfléchie. En raison de l'absence de stratégie palestinienne cohérente et créative, aucune véritable décision palestinienne n'est faite en ce qui concerne les éventuels compromis et les demandes en échange de compromis, tout compromis fait par les Palestiniens apparaît comme un acte d'impuissance. Le style de négociation, de tactique et de pratique israélien est clairement fondé sur la confusion. Israël, gouverné par le Likoud ou par le Parti travailliste, ne fait jamais de concession gratuitement. Il est clair que les Palestiniens n'ont entre leurs mains que quelques cartes potentielles. Les Israéliens exploitent leur position morale sur la scène internationale et cela affaiblit considérablement la position palestinienne. Ceci est clair lorsque les Palestiniens font l'objet d'accusations de corruption et de violation des droits de l'homme et que la presse internationale en fait une large publicité.

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Les Palestiniens devraient exprimer et montrer leur engagement en faveur de la paix et de la coexistence. Ils attireront davantage l'attention en montrant que la stratégie, les objectifs et même le rêve palestiniens visent sincèrement à réaliser une véritable paix avec Israël et à parvenir à la pleine réconciliation avec le peuple israélien. Israël a recouru à la même tactique pendant des décennies et c'est une des raisons pour lesquelles Israël est apparu pendant longtemps maître de fondements moraux très élevés. Cette position contribuerait davantage à persuader Israël à faire des concessions sur des problèmes concrets.

De l'avis de M. Baskin, les Etats-Unis disposent d'un certain nombre d'options. L'Egypte a accepté le rôle de médiateur, mais avec l'intransigeance continue d'Israël, il est peu probable que M. Moubarak peut préserver son estime dans le monde arabe et continuer à jouer le jeu en vertu des règles établies par M. Nétanyahou. L'option qui vise à attendre que les parties concernées agissent est certainement la pire hypothèse. La stratégie actuelle qui consiste à adopter une approche modérée, assurer une médiation très faible pour trouver des mécanismes de procédures permettant aux deux parties de discuter, est également très mauvaise. Elle ne contribue qu'à faire perdre du temps, à augmenter les frustrations et à perdre espoir. Actuellement, tout le monde est perdant, à l'exception de M. Nétanyahou. L'action de l'Egypte est plus limitée que celle de la Syrie qui ne dépend pas de l'aide financière des Etats-Unis. Les Iraniens gagnent car l'extrémisme et le fondamentalisme prévalent lorsque la raison et la logique n'existent plus. Les Iraquiens sont également vainqueurs car à tout moment, les Etats-Unis échouent dans une région où Saddam Hussein jubile. Le peuple d'Israël est à la fois gagnant et perdant car les Israéliens souhaitent la paix mais pas à n'importe quel prix. De nombreuses questions liées au statut final peuvent être examinées plus aisément dans un cadre triangulaire. Les accords conclus entre la Jordanie et la Palestine et entre la Jordanie et Israël devraient constituer une partie intégrante des accords sur le statut final entre les Palestiniens et Israël. Alors pourquoi ne pas associer maintenant les Jordaniens à ces négociations. L'adoption d'une telle approche pourrait donner un nouvel élan au processus de paix.

Echange de vues

Un échange de vues dirigé par Mme Nuhad Jamal de Grassroots International a lieu entre les participants au colloque. Ainsi, un participant a fait remarquer qu'à l'heure actuelle, il existe des deux côtés des extrémistes déterminés à faire échouer le processus de paix, et la mise en oeuvre des Accords d'Oslo en particulier. Il semble aujourd'hui que ces extrémistes l'emportent, a souligné le participant. Répondant à cette observation, le Consultant au Conseil national des Eglises aux Etats-Unis a dit ne pouvoir se prononcer sur la responsabilité des extrémistes dans l'échec

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de la mise en oeuvre des Accords d'Oslo. Il a rappelé que la délégation palestinienne qui a participé aux négociations d'Oslo était exclusivement composée de membres de la branche modérée de l'OLP. Oslo n'a accordé aucune place aux extrémistes qu'ils soient Palestiniens ou Israéliens. Apportant son commentaire, le Directeur du Centre de recherche et d'information Israël/Palestine a argué que la principale lacune des Accords d'Oslo se trouve dans le fait qu'ils ne donnent aucune garantie sur l'engagement des parties à les mettre en oeuvre. Il a souligné que lorsque l'Autorité palestinienne s'est installée en Cisjordanie et dans Gaza, l'un des premiers défis a été de démanteler les milices armées. Cette entreprise n'ayant pas été menée à bien, l'élection du Premier Ministre actuel, qui a fait suite à une série d'attentats sanglants, a sonné le glas de l'optimisme qui prévalait alors.

Un autre participant est revenu sur la question des actes terrorismes perpétrés par certains membres de la communauté palestinienne. Il a souligné que le terrorisme peut également revêtir la forme de comportement sociaux et de mesures politiques. Or, force est de reconnaître aujourd'hui que les Palestiniens sont victimes de ce terrorisme là. Si l'on reconnaît le droit des personnes à se soulever contre l'oppression, il faut donc accorder des circonstances atténuantes aux Palestiniens concernés. Appeler les Palestiniens à rester attachés à la paix et à respecter l'esprit et la lettre des Accords d'Oslo alors que le Gouvernement israélien en cesse, par ses actes, de leur contester le droit à un territoire, est trop leur demander dans l'état actuel des choses. Abondant dans ce sens, le Directeur du Centre de recherche et d'information Israël/Palestine a précisé qu'il ne s'agit pas de demander aux Palestiniens de renoncer à leur droit de s'opposer à l'oppresseur. Il a pourtant demandé que l'on fasse une distinction entre le terrorisme qui consiste à boucler des territoires et celui qui vise à faire exploser un autobus. Il serait regrettable de commencer à comparer les souffrances tant il est vrai que tout le monde a souffert. Etant la partie la plus faible, les Palestiniens doivent essayer de s'en tenir au processus de paix et tout mettre en oeuvre pour préserver la place morale qui est aujourd'hui la leur. Ils doivent se préparer à lancer une nouvelle initiative porteuse d'espoir parce qu'il n'y a plus rien à attendre du côté des Israéliens. Les Palestiniens doivent se rendre compte que les Accords d'Oslo ne sont plus viables et que l'actuel Premier Ministre peut se maintenir au pouvoir quelques années encore.

Un participant a rappelé que les Palestiniens, en dépit des appels lancés par les extrémistes de s'opposer aux Accords d'Oslo, ont opté pour les négociations et ont fait de nombreuses concessions à Israël. La violation des accords de paix par Israël a précédé les actes de violence commis par les Palestiniens. L'acte de paix était sincère et inébranlable. Israël doit assumer toute la responsabilité de la situation actuelle. Une autre participante a estimé que même si les accords d'Oslo avaient été couronnés de succès, rien ne garantissait que la paix serait définitive et permanente.

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Selon un autre, aucun parti israélien ne souhaite véritablement conclure la paix avec les Palestiniens. Il est grand temps que les Palestiniens et les Arabes comprennent qu'il n'est pas possible, dans les circonstances actuelles, de faire la paix. Les Etats-Unis devraient exercer des pressions sur Israël, notamment en interrompant leur aide financière. Les Etats-Unis qui prêchent les droits de l'homme dans le monde, sont partisans de la politique discriminatoire d'Israël.

Répondant à ces observations, M. Gershon Baskin a fait remarquer qu'en aucun cas on ne peut justifier l'assassinat ou le meurtre de personnes innocentes tant dans la région que partout ailleurs dans le monde. M. Baskin a fait observer que la société israélienne est une société où il existe une ségrégation. La question des colonies de peuplement n'est pas une question de ségrégation mais une politique illégale de confiscation. Estimant que le processus d'Oslo est interrompu, il a suggéré d'utiliser au maximum l'expérience américaine pour faire respecter les acquis d'Oslo. Les Palestiniens méritent une meilleure autorité que celle qui leur a été attribuée. Il faut faire appel à toutes les techniques existantes pour garantir des chances égales aux Palestiniens.

Pour M. Habib, le rôle des régions en vue d'appuyer les efforts en faveur de la paix déployés par les Palestiniens et en vue d'exercer des pressions sur le gouvernement israélien est crucial.

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