En cours au Siège de l'ONU

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LE COLLOQUE DES ONG D'AMERIQUE DU NORD SUR LA QUESTION DE PALESTINE OUVRE SES TRAVAUX AU SIEGE A NEW YORK

9 juin 1997


Communiqué de Presse
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LE COLLOQUE DES ONG D'AMERIQUE DU NORD SUR LA QUESTION DE PALESTINE OUVRE SES TRAVAUX AU SIEGE A NEW YORK

19970609 Le Colloque des Organisations non gouvernementales d'Amérique du Nord sur la question de Palestine a entamé ses travaux cet après-midi au siège des Nations Unies à New York. Le Président du Comité spécial pour les droits inaliénables du peuple palestinien a prononcé le discours d'ouverture. Autour de son thème principal intitulé "30 ans d'occupation : vers l'autodétermination et la création d'un Etat", le colloque se divisera en trois tables rondes sur les thèmes suivants : aspects fondamentaux d'un règlement juste et global de la question de Palestine; transition vers un statut permanent - le rôle de la communauté internationale; et encourager une action conjointe des organisations non gouvernementales d'Amérique du nord pour appuyer la transition vers l'autodétermination et la création d'un Etat.

M. Haidar Abdel Shafie, Membre du Conseil palestinien et le principal intervenant de la première table ronde, a fait une déclaration liminaire, dans laquelle il a rappelé que les Palestiniens ne renonceraient jamais à leurs droits légitimes et inaliénables et que personne ne devrait se faire d'illusion à ce sujet. Si je reproche à la communauté internationale sa passivité face à l'agression d'Israël, a poursuivi M. Abdel-Shafi, je blâme davantage les Palestiniens pour leur incompétence, leurs échecs et les nombreuses erreurs qu'ils ont commises. Même si l'attitude d'Israël constitue un appel indirect à la violence, je ne crois pas que l'affrontement soit aujourd'hui une bonne solution, a déclaré M. Shafi, en arguant que seule l'instauration d'institutions démocratiques pourra apporter des changements.

Sur le thème des aspects fondamentaux d'un règlement juste et global de la question de Palestine, M. Geoffrey Aronson, rédacteur du "Rapport sur les colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés", à la Fondation pour la paix au Moyen-Orient (Washington D.C.) a fait un exposé sur les colonies de peuplement israéliennes. MM. Naïm Ateek, Directeur de "Sabeel", Centre de théologie pour la libération (Jérusalem) et Eitan Felner, Directeur exécutif du Centre israélien d'information pour les droits de l'homme (Jérusalem) sont intervenus sur la question de Jérusalem. M. Elia Zureik, Professeur de sociologie à Queens University (Kingston, Canada) a fait une présentation sur la question des personnes déplacées et des réfugiés palestiniens.

Les participants du colloque ont ensuite procédé à un échange de vues.

Le Colloque se réunira demain mardi 10 juin à 10 heures. Il devrait entamer sa deuxième table ronde intitulée "Transition sur un statut permanent - le rôle de la communauté internationale".

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Déclarations liminaires

Dans sa déclaration d'ouverture, le Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal), a indiqué que, compte tenu du thème du Colloque - 30 années d'occupation, vers l'autodétermination et la création d'un Etat - et des différentes activités qui seront organisées à cette occasion, le Comité a jugé approprié d'inviter les représentants des ONG à cette séance extraordinaire. Les représentants des ONG d'Amérique du Nord et leurs homologues des autres régions du monde pourront jouer un rôle important d'appui aux objectifs du Comité.

Le Président a souligné que la fin rapide de l'occupation du territoire palestinien, principale exigence de la communauté internationale, passe par la mobilisation et de nouvelles initiatives à tous les niveaux de la vie internationale, des gouvernements, des organisations intergouvernementales et des ONG. Etant donné les possibilités d'une solution pacifique qu'offre le processus de paix et le recul inquiétant enregistré ces derniers temps, il est plus que jamais nécessaire de sensibiliser l'opinion publique mondiale, notamment en Amérique du Nord, à la situation intolérable que vit le peuple palestinien. Le Président s'est déclaré convaincu que la séance extraordinaire de ce matin a inscrit le Colloque dans le contexte approprié et imprimera un élan important à ses travaux.

M. HAIDAR ABDEL-SHAFI, Membre du Conseil palestinien, a souligné que le 15 novembre 1988, le Conseil national palestinien a fait une importante concession en acceptant le principe du partage du territoire en deux Etats, ce qui revenait à reconnaître l'existence d'un Etat israélien indépendant dans le territoire palestinien. Israël a d'emblée rejeté l'offre prouvant ainsi que les anciennes revendications sionistes sur l'ensemble de la Palestine n'avaient pas été abandonnées. Depuis 1967, Israël a adopté une triple stratégie pour parvenir à ses fins, qui consiste à acquérir des terres à tout prix, à entreprendre immédiatement la construction d'infrastructures sur ces terres pour mettre la communauté internationale devant le fait accompli et à déformer et dénaturer les faits pour tromper l'opinion mondiale. En ce qui concerne l'attitude d'Israël sur la nécessité d'une paix, l'initiative lancée par le Président Sadate allait mettre à rude épreuve son discours ambigu. Israël a appliqué le traité de paix signé avec l'Egypte, en entreprenant un vaste programme d'implantations de colonies en Cisjordanie et en lançant, quelques années plus tard, en 1982, une guerre brutale dans le sud du Liban, qui s'est soldée par les massacres de Sabra et Chatila.

Il est vrai que depuis le début du processus de paix entamé en 1991, on assiste à un redéploiement des forces israéliennes à l'extérieur des grandes villes et des camps de réfugiés. Il n'en demeure pas moins qu'Israël continue de contrôler plus de 90% de la Cisjordanie et 30% de Gaza. Il se soustrait

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toutefois à ses responsabilités sous prétexte qu'une Autorité palestinienne indépendante a été créée. S'il est vrai que les raisons de sécurité qu'Israël ne cesse d'invoquer sont en théorie valables et compréhensibles, il est également vrai qu'Israël ne peut à la fois aspirer à la sécurité et revendiquer des territoires. Il doit faire un choix.

Israël a souvent invoqué le problème du terrorisme pour justifier ses actes illégaux ainsi que ses violations des normes internationales et des principes relatifs aux droits de l'homme. Il est clair pourtant que le non-respect des principes de base du processus de paix et le déni obstiné des droits des Palestiniens sont les causes principales du problème de sécurité. On ne peut nier non plus que le terrorisme dans la région tire ses origines du terrorisme juif des années 30 et que les Israéliens continuent de se livrer à de tels actes.

Le processus de paix a été lancé sous les auspices des Etats-Unis et de l'Union soviétique en ralliant, en particulier, toutes les démocraties occidentales. Israël a bafoué tous les principes établis, exploitant, d'une part, sa supériorité militaire et, d'autre part, l'apathie et l'impuissance des pays démocratiques ainsi que l'attitude de l'Autorité palestinienne qui n'a pas agi et qui continue d'affirmer la crédibilité du processus de paix. Depuis la signature de l'Accord d'Oslo, le nombre de colons a augmenté de 20%, vingt villages palestiniens ont été absorbés dans le cadre de l'annexion illégale d'une partie de Jérusalem-Est. En outre, prétextant des raisons de sécurité, Israël maintient le bouclage de Jérusalem depuis près de deux ans et a imposé celui de la Cisjordanie et de Gaza pendant presque toute l'année dernière.

Compte tenu des imperfections de l'Accord d'Oslo, on ne peut s'empêcher de penser que l'issue des négociations sur le statut permanent dépendra de la seule générosité d'Israël, les Palestiniens devant accepter la réalité telle qu'elle se présente sur le terrain. Malheureusement, l'Autorité palestinienne a adopté une attitude ambiguë, réaffirmant continuellement la crédibilité du processus de négociation et ne protestant que faiblement contre les violations flagrantes d'Israël. Les gouvernements démocratiques ont aussi leur part de responsabilités en raison de l'attentisme et de la passivité dont ils ont fait preuve devant les violations par Israël des principes du droit international et des résolutions de l'ONU.

A travers les actes de violences qu'ils ont perpétrés en septembre 1996 et pour lesquels ils ont payé un lourd tribut, les Palestiniens ont clairement fait savoir à Israël, à la communauté internationale et à l'Autorité palestinienne que jamais ils ne renonceraient à leurs droits légitimes et inaliénables. Personne ne devrait se faire d'illusion à ce sujet. Si je reproche à la communauté internationale sa passivité, a poursuivi M. Abdel-Shafi, je blâme davantage les Palestiniens pour leur incompétence, leurs échecs et les nombreuses erreurs qu'ils ont commises.

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Seuls face aux agressions d'Israël, nous devons promouvoir une meilleure organisation et une planification plus efficace par l'introduction de changements démocratiques. Même si l'attitude d'Israël constitue un appel indirect à la violence, je ne crois pas que l'affrontement soit aujourd'hui une bonne solution. En démocratisant la société palestinienne, il sera possible d'obtenir le soutien et gagner le respect des autres. C'est pourquoi un mouvement en faveur de la démocratie vient d'être lancé dans les territoires occupés. A cet égard, l'aide des organisations non gouvernementales nous est indispensable, a souligné M. Haidar Abdel-Shafi.

Table ronde I sur les aspects fondamentaux d'un règlement juste et complet de la question de Palestine

Question des colonies de peuplement

GEOFFREY ARONSON, Auteur d'un rapport sur les colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés, a déclaré que dès l'année qui a suivi son élection, le Premier Ministre du Gouvernement israélien s'est embarqué dans une véritable politique d'expansion des colonies de peuplement. Selon la presse israélienne, le Gouvernement prévoit la construction de quelque 9000 unités d'habitation. Compte tenu de la complexité des procédures de construction en Israël, on peut supposer que seules 2500 unités ont été autorisées. Toutefois, il faut savoir que l'expansion des colonies de peuplement connaît des contraintes qui viennent de l'état de l'économie israélienne et de la baisse de la demande en matière de logement. Pendant sa visite en Israël, le négociateur américain, M. Dennis Ross, a laissé entendre à Israël qu'il n'y avait pas lieu d'élargir davantage le plan d'implantation de colonies étant donné que selon des statistiques américaines près de 26% des logements dans les territoires occupés étaient inoccupés. Les Israéliens ont contesté ce chiffre en arguant que le taux réel de vacance ne s'élevait pas à plus de 12%. Récemment la presse israélienne a publié un article dévoilant la carte secrète du Premier Ministre israélien sur le plan d'implantation en Cisjordanie. Il semble qu'avec la construction de nouvelles colonies à Jérusalem-Est, le Premier Ministre israélien a lancé la guerre pour l'édification du Grand Israël. Selon la presse, le Président Clinton, qui a été mis au courant de ce plan, ne l'a ni appuyé ni rejeté. La carte du Premier Ministre sur la Cisjordanie reste fidèle à des principes géostratégiques anciennes. Pour Israël, il s'agit d'assurer des frontières défendables, d'élargir un"pont de territoires" liant Jérusalem à la côte et à casser la continuité territoriale de l'entité palestinienne en construisant des colonies et en promouvant une expansion vers l'est.

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Statut de Jérusalem

M. NAIM ATEEK, Directeur de "Sabeel" - Centre de théologie pour la libération à Jérusalem, a fait observer que Jérusalem semble impuissante devant l'injustice qu'elle subit. Sa mosaïque vole en éclat. La belle harmonie des multiples voix de la chorale est remplacée par la monotonie israélienne et la belle symphonie est remplacée par un instrument israélien qui souhaite supprimer tous les autres sons. M. Ateek a souligné la nécessité de maintenir la légalité internationale et les droits de l'homme à Jérusalem. Il faudrait confier aux Nations Unies le règlement du conflit. En raison de ses propres intérêts, l'Administration américaine ne peut régler le conflit de manière équitable. La communauté internationale a donné une chance aux deux super-puissances de régler le conflit israélo-palestinien. Mais les Etats-Unis et la Fédération de Russie n'ont pas été en mesure de s'acquitter de ce mandat. Les Nations Unies continuent de représenter le meilleur instrument que la communauté internationale a créé pour régler les conflits. Il est ironique et même stratégique que les Etats-Unis continuent d'insister sur le maintien des sanctions en Iraq jusqu'il respecte toutes les résolutions des Nations Unies, alors qu'Israël continue de bafouer les résolutions qui condamnent sa politique. La communauté internationale doit demeurer ferme en déclarant que la puissance d'Israël ne doit pas l'emporter. Il faudrait continuer d'avoir une action prophétique et plaider en faveur de la justice. Il est nécessaire de renforcer la présence palestinienne à Jérusalem, et dans toute la Palestine. Il faut faire preuve de persévérance et de courage. Il faudrait faire tout ce qui est possible pour fournir les logements nécessaires aux Palestiniens et préserver la dignité du peuple palestinien. En attendant la libération, il faut garder dans nos coeurs et nos esprits Jérusalem. Nous devons assurer le respect des droits de l'homme et du droit. Il est possible de renforcer le caractère moral du peuple palestinien. La plupart de l'énergie des Palestiniens est consacrée à la lutte pour la création d'un Etat. Toutefois, il faudrait bâtir dans nos coeurs une Jérusalem saine et rétablir la mosaïque qui a volé en éclat. La Jérusalem d'aujourd'hui détruit le rêve d'une ville qui intègre à la fois les chrétiens, les juifs et les musulmans. C'est pourquoi, il est nécessaire de s'engager dans un processus moral et d'éducation. Les armes les plus puissantes dont nous disposons sont la confiance et la justice. Dans nos mosquées, églises et synagogues, nous devons prier pour la justice. Seule la justice pourra établir une paix durable, a souligné M. Ateek.

M. EITAN FELNER, Directeur exécutif de B'Tselem, Centre israélien d'information pour les droits de l'homme (Jérusalem), a fait remarquer qu'il est difficile de parler de Jérusalem de façon rationnelle. En tant que ville sainte pour le judaïsme, le christianisme et l'islam, toute discussion sur Jérusalem est généralement entachée de connotations religieuses et/ou souvent de rhétorique nationaliste passionnée. Comme le décrit un grand poète israélien, Yehuda Amichaï, "l'air au-dessus de Jérusalem est plein de prières

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et de rêves; comme l'air au-dessus des villes industrielles, il est difficile de respirer; de temps en temps, une nouvelle vague d'histoire apparaît". Mais Jérusalem est une ville qui vit. C'est l'histoire de la confiscation, de la discrimination systématique et délibérée, de la violation constante de la dignité et des droits fondamentaux des résidents palestiniens de la ville. La pierre angulaire dans la planification à Jérusalem est de maintenir la supériorité démographique de la population juive dans la ville, ce que les autorités israéliennes appellent avec euphémisme le maintien d'un "équilibre démographique". De tous temps, les gouvernements israéliens qui se sont succédé ont réaffirmé cet objectif comme un principe directeur de la politique de planification municipale. En conséquence, cette politique vise à encourager l'immigration juive vers la ville et l'émigration des Palestiniens de Jérusalem. La construction massive de logements juifs sur des terres palestiniennes à Jérusalem-Est constitue l'un des aspects les plus flagrants de cette politique. Bien que les Palestiniens soient propriétaires de la majorité de ces terres, plus de 39 000 logements y ont été construits, dont aucun n'a été réservé aux Palestiniens qui représentent, a rappelé M. Felner, un tiers de la population de la ville. Par le biais d'une myriade de décisions de planification, les autorités israéliennes ont déployé des efforts délibérés pour freiner le développement des quartiers palestiniens et restreindre la croissance démographique palestinienne.

Au cours des 18 derniers mois, les efforts israéliens d'exercer leur souveraineté à Jérusalem-Est ont pris une nouvelle tournure. La plupart des Palestiniens vivant à Jérusalem sont des résidents permanents, et ce statut leur confère le droit de vivre dans la ville. Avant 1996, les Palestiniens ont perdu leur statut de résident permanent s'ils ont vécu dans un autre pays pendant plus de sept ans, ou sont devenus citoyens d'un autre pays. Aujourd'hui, les Palestiniens doivent prouver qu'ils n'ont jamais quitté Jérusalem, et ont vécu et continuent à vivre dans la ville. Leur statut de résident permanent est révoqué et ils sont priés de quitter la ville dans un délai de 15 jours. Cette nouvelle politique est mise en oeuvre de façon rétroactive à l'égard d'une personne qui était autorisée jusque-là à voyager à l'étranger pour de longues durées et qui n'a pas notifié qu'en s'installant hors de Jérusalem, même en banlieue, elle risquait de perdre son droit de résidence à Jérusalem. Cette politique établit une discrimination flagrante entre les Palestiniens et les Israéliens vivant à Jérusalem. Considérer les Palestiniens de Jérusalem-Est comme des immigrés est absurde, puisque c'est Israël qui est "entré" à Jérusalem en 1967.

La communauté internationale, et en particulier l'Administration américaine, s'est montrée peu favorable à faire pression sur Israël pour renoncer à ces politiques. Si elle s'abstient d'agir et si Israël maintient sa position, lorsque les négociations sur Jérusalem seront entamées, les discussions sur Jérusalem n'auront plus leur raison d'être.

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Question des réfugiés palestiniens et des personnes déplacées

M. ELIA ZUREIK, Professeur de Sociologie à l'Université Queens à Kingston au Canada, a indiqué qu'aujourd'hui moins de 50% de la population palestinienne est demeurée dans la Palestine historique, les autres étant devenus des réfugiés, des personnes déplacées ou des membres de la diaspora. Selon les chiffres du Bureau du recensement américain notamment, la taille de la population palestinienne est estimée à huit millions de personnes de par le monde dont 3,4 millions dépendent de l'UNRWA, en tant que réfugiés. Il convient de souligner qu'il existe des réfugiés qui ne sont pas inscrits auprès de l'Office puisqu'ils sont expulsés vers des pays qui ne relèvent pas du mandat de l'UNRWA. En outre, près de 20% de la population palestinienne habitent aujourd'hui en Israël formant ainsi la majorité des personnes déplacées. L'on estime à 4 millions de personnes le nombre de réfugiés ou de personnes déplacées. Dans le cas où très peu de réfugiés rentrent chez eux et que l'immigration de la population juive en Israël continue, on peut prévoir que d'ici à l'an 2005, il y aura 4,8 millions de Palestiniens en Palestine historique et 5 millions de Juifs israéliens. Ainsi d'ici à l'an 2010-15, une partie relative aura été établie. La question des réfugiés a été examinée à deux niveaux au long des pourparlers de paix; au niveau de la filière multilatérale qui comprend les Palestiniens, les Israéliens, les partenaires régionaux, les pays donateurs, l'ex-Union soviétique, et au niveau bilatéral qui implique la Jordanie, Israël, les Palestiniens et l'Egypte. Au cours des cinq dernières années, le résultat de toutes les négociations s'est révélé extrêmement décevant. Le sort des personnes déplacées n'a jamais été évoquée et les Palestiniens eux-mêmes n'ont pas soulevé la question de peur de susciter l'antagonisme d'Israël. Pour sa part, Israël continue de prétendre qu'un certain nombre de personnes pourront rentrer chez elles au titre de la politique du regroupement familial. En vertu de cette politique, Israël accueillerait 4000 à 6000 personnes par an. Aucune preuve n'existe et il ne reste plus qu'à croire sur parole le Gouvernement israélien. Or, si tel est le cas, il faudra des siècles pour faire rentrer les 4 millions de réfugiés qui attendent leur retour. Force est donc de constater qu'Israël a mis en place une manoeuvre brillante avec l'aide de ses amis américains pour se laisser le temps de confisquer les terres, de construire des colonies de peuplement et d'élargir ses frontières.

D'autre part, le principe de la terre contre la paix est aujourd'hui détourné au profit du principe de l'ajustement des frontières. Pour leur part, les réfugiés souhaitent voir une amélioration des conditions de vie dans les camps à condition que cela n'entrave pas le droit au retour. Un an après le début des pourparlers de paix, le Groupe de travail sur les réfugiés a dépêché une mission dans les camps en tirant des conclusions analogues. En dépit du refus du Gouvernement israélien actuel de mentionner la question des réfugiés, une série de recommandations a été publiée récemment émanant de

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la première conférence populaire sur les réfugiés en Cisjordanie. L'une d'elles indiquent clairement que les réfugiés souhaitent rentrer chez eux et qu'ils continuent de refuser le démantèlement de l'UNRWA, symbole de leur souffrance.

Echange de vues

Répondant aux questions et observations formulées par les participants, M. Ateek a estimé qu'il est fait parfois une interprétation exclusive de la revendication des terres à Jérusalem dans les écritures juives de l'Ancien Testament. C'est pourquoi, il est nécessaire de lutter contre toute tendance extrémiste. Un participant a rappelé que la résolution 242 (1967) du Conseil de sécurité interdit l'acquisition des terres par la force, alors que dans son exposé, M. Aronson expliquait qu'une bonne lecture des accords d'Oslo montrait qu'ils visaient à promouvoir la paix en même temps que l'expansion des colonies de peuplement. Répondant à ces observations, M. Aronson a fait remarquer que si les négociateurs palestiniens ont négocié ces textes, ils ne pouvaient pas ignorer les dispositions concernant les colonies de peuplement. Pour sa part, concernant la configuration géographique de Jérusalem, M. Eitan Felner a rappelé qu'avant 1967, 51% des terres à Jérusalem faisaient partie intégrante de la Cisjordanie.

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