En cours au Siège de l'ONU

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LE COMITE DES DROITS DU PEUPLE PALESTINIEN COMMEMORE LE 30EME ANNIVERSAIRE DE L'OCCUPATION ISR'LIENNE

9 juin 1997


Communiqué de Presse
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LE COMITE DES DROITS DU PEUPLE PALESTINIEN COMMEMORE LE 30EME ANNIVERSAIRE DE L'OCCUPATION ISRAELIENNE

19970609 Il adopte une déclaration

Le Comité des droits inaliénables du peuple palestinien a tenu ce matin une réunion spéciale pour commémorer le trentième anniversaire de l'occupation par Israël du territoire palestinien, y compris Jérusalem, et d'autres territoires arabes. Il a adopté à cette occasion une Déclaration aux termes de laquelle il rappelle qu'en ce jour anniversaire, l'occupation israélienne fait du peuple palestinien un otage dans son propre pays, sur sa propre terre. Ses droits économiques sont bafoués parce que l'occupant a étouffé ce qui aurait pu devenir une économie nationale indépendante, est-il écrit dans la déclaration; qui poursuit que le droit au logement est bafoué parce que l'occupant confisque les terres des Palestiniens et y implante illégalement des colonies. Les libertés et droits religieux des Palestiniens sont bafoués par le régime d'occupation. Le droit au retour des réfugiés palestiniens est bafoué par une législation restrictive. Le Comité doit se donner pour mission de parvenir à un règlement global, juste et durable de la question de Palestine, afin d'assurer la paix, la stabilité et la prospérité partout au Moyen-Orient, selon les termes de la Déclaration.

Le Comité a entendu la déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, qui a regretté qu'un certain nombre d'obstacles aient ralenti le processus de paix. Il a invité les parties concernées à empêcher que les actions de certains radicaux ne compromettent ce processus dans l'intérêt de la majorité. Il les a également invitées à faire de leur mieux pour trouver un règlement de la situation qui soit mutuellement acceptable. Les Nations Unies continueront à déployer tous leurs efforts pour mobiliser les ressources nécessaires en vue de faire face aux besoins humanitaires et de développement des Palestiniens.

Le Président du Comité, M. Ibra Deguène Ka (Sénégal), le Président du Conseil de sécurité, M. Sergey Lavrov (Fédération de Russie) ont pris la parole. Le Vice-Président de l'Assemblée générale, M. Felipe Mabilangan (Philippines) a donné lecture d'un message du Président de l'Assemblée.

Des messages du Président de la Colombie, en sa qualité de Président du Mouvement des pays non alignés; du Président du Zimbabwe, en sa qualité de Président de l'Organisation de l'unité africaine (OUA); du Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, en sa qualité de Président de la 24ème Conférence ministérielle de l'Organisation de la Conférence islamique (OIC); et du Secrétaire général de la Ligue arabe ont également été lus. Le représentant du Comité international de coordination pour les organisations non gouvernementales sur la Question de Palestine est intervenu. Le Comité a été saisi d'un message Président du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien et des autres arabes des territoires occupés. Dans son message, le Président du Comité spécial indique que le peuple palestinien est aujourd'hui confronté à un double défi : la suspension du processus de paix et l'augmentation de cas de violations des droits de l'homme dans les territoires occupés.

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Déclaration adoptée par le Comité

Le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a adopté sans vote la Déclaration suivante :

"Aujourd'hui, le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien appelle l'attention des Etats Membres de l'Organisation des Nations Unies et celle de la communauté internationale sur le fait que 30 ans après les hostilités de 1967 et l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 242 (1967), Israël continue d'occuper illégalement une bonne partie du territoire palestinien, en Cisjordanie, y compris Jérusalem, et dans la bande de Gaza, ainsi que d'autres territoires arabes. En agissant de la sorte, la puissance occupante fait ouvertement fi des normes du droit international et des nombreuses résolutions et décisions que le conseil de sécurité et l'Assemblée générale ont adoptées sur la question. En ce jour anniversaire, nous nous devons de rappeler que l'occupation israélienne fait du peuple palestinien un otage dans son propre pays, sur sa propre terre. Le peuple palestinien ne peut exercer les droits inaliénables reconnus dans la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l'homme. Depuis trop longtemps, ses droits fondamentaux sont bafoués parce que son sort demeure, dans une large mesure, entre les mains de l'occupant. Ses droits économiques sont bafoués parce que l'occupant a étouffé ce qui aurait pu devenir une économie nationale indépendante. Son droit au logement est bafoué parce que l'occupant confisque ses terres et y implante illégalement des colonies. Ses libertés et droits religieux sont bafoués par le régime d'occupation. Le droit au retour des réfugiés palestiniens est bafoué par une législation restrictive. La liste des atteintes aux droits de l'homme subies par le peuple palestinien ne s'arrête pas là et c'est en toute impunité qu'Israël, puissance occupante, perpètre ces actes et applique ces politiques depuis des années.

Le peuple palestinien mérite qu'on lui rende hommage. Pendant toute la durée de l'occupation et jusqu'à aujourd'hui, les Palestiniens ont fait preuve d'un courage et d'une ténacité incroyables, proches du stoïcisme, devant l'adversité et les difficultés de leur vie quotidienne. En 1991, lorsque leurs dirigeants sont allés à Madrid, ils les ont soutenus. Tout au long du processus de paix, ils ont manifesté leur volonté de prendre en main leur propre destin, d'exercer leur droit à l'autodétermination et d'avoir leur propre Etat.

Le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien est convaincu que l'Organisation des Nations Unies et la communauté internationale tout entière se doivent d'aider le peuple palestinien à réaliser ses objectifs. Aujourd'hui comme il y a trente ans, nous sommes déterminés à tout mettre en oeuvre pour que le peuple palestinien puisse aboutir à l'exercice de ses droits inaliénables. Le Comité rappelle que

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la responsabilité de l'Organisation des Nations Unies à l'égard de la question de Palestine ne prendra fin que lorsque celle-ci sera réglée sous tous ses aspects. L'ONU a un rôle crucial à jouer dans la poursuite du processus de paix, qui est fondé sur les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité et sur le principe de la terre en échange de la paix. Aujourd'hui, nous devons nous engager à nouveau à ne ménager aucun effort pour mettre fin à la longue occupation illégale du territoire palestinien, y compris Jérusalem, et d'autres territoires arabes et nous donner pour mission de parvenir à un règlement global, juste et durable de la question de Palestine, afin d'assurer la paix, la stabilité et la prospérité partout au Moyen-Orient.

Aujourd'hui nous devons aussi réaffirmer notre soutien au processus de paix et aux accords déjà conclus et prendre l'engagement que tout sera entrepris pour sauver le processus de paix, dans l'intérêt de tous les peuples de la région et dans l'intérêt de la paix et de la sécurité internationales."

Déclarations

M. IBRA DEGUENE KA, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que 21 ans après la présentation du premier rapport du Comité à l'Assemblée générale, la situation est loin d'être satisfaisante. A bien des égards, elle s'est même détériorée. Le plus inquiétant est qu'en se retirant de certaines zones palestiniennes, Israël y laisse des enclaves juives dont la dimension et la population ne cessent d'augmenter. Des milliers de Palestiniens dispersés de par le monde ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers et récupérer leurs biens. L'exode que l'occupation israélienne a provoqué en 1967 a encore aggravé le problème des réfugiés palestiniens. Etant donné que l'économie est exsangue et que de nombreux ménages palestiniens vivent toujours en-dessous du seuil de pauvreté, il n'a pas encore été possible de mettre en place des institutions économiques viables. Jérusalem est occupée et annexée par Israël, emplie et ceinturée de colonies juives.

Le Président du Comité a rappelé qu'il a pleinement appuyé en son temps la Conférence de paix de Madrid et s'est réjouit d'un certain nombre d'accords bilatéraux historiques qui ont été paraphés depuis. Le processus de paix au Moyen-Orient était et demeure laborieux, intense et difficile. Les nouvelles colonies dont Israël promet l'implantation compromettent la survie des Palestiniens aujourd'hui et demain. Outre qu'elles violent les obligations découlant de la Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre, ces actions sont contraires aux accords déjà signés dans le cadre du processus de paix puisqu'elles prédéterminent l'issue des négociations sur le statut permanent. Pleinement conscient que le sort de la Ville Sainte sera au centre des négociations sur le statut permanent, Israël

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n'en a pas pour autant renoncé à mettre en place autour de la ville une large ceinture de colonies juives et une infrastructure routière laissant les villages palestiniens à l'écart. Le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale ont déclaré que toute tentative de la part d'Israël de modifier la démographie et le statut des territoires occupés était nulle et non avenue. La résolution que l'Assemblée générale vient d'adopter lors d'une session extraordinaire d'urgence a réaffirmé cette position.

Evoquant la situation économique de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, le Président du Comité a souligné qu'en dépit de l'aide accrue de la communauté internationale des donateurs, l'économie palestinienne demeure fragmentée, instable et tributaire de celle d'Israël. En outre, des années d'occupation militaire et de déni des droits de l'homme fondamentaux du peuple palestinien ont désagrégé le tissu de la société palestinienne. Aujourd'hui encore, alors que le processus de paix est en cours, Israël continue de violer presque chaque jour les droits individuels et collectifs de ce peuple. Aujourd'hui, la communauté internationale prend de nouveau l'engagement de mettre un terme à l'occupation par Israël des terres palestiniennes et de trouver une solution juste et globale à la question de Palestine, a observé le Président qui a indiqué que, pour sa part, le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien n'abandonnera jamais le peuple palestinien.

Le Secrétaire général, M. KOFI ANNAN, a déclaré que la réunion d'aujourd'hui qui commémore le trentième anniversaire de la guerre israélo-arabe de juin 1967, reflète l'engagement continu de la communauté internationale à trouver une solution permanente et pacifique à la question de Palestine. Les Nations Unies ont toujours joué un rôle central en assistant les parties dans leurs efforts à parvenir à un règlement négocié. La signature en septembre 1993 de la Déclaration de principes sur les accords d'autonomie intérimaire par Israël et l'Organisation de la libération de Palestine a marqué un pas important dans ces efforts. Le début du processus de paix d'Oslo a également ouvert la voie à de nouvelles possibilités pour l'appui des Nations Unies. Après la mise en place d'une administration palestinienne élu à Gaza et dans différents secteurs de la Cisjordanie, les Nations Unies ont accru leurs activités dans la région en vue de faire progresser le développement économique et social des territoires Palestiniens. Un mécanisme spécial chargé d'assurer la coordination efficace de l'assistance internationale a été créé avec la coopération de l'Autorité palestinienne. Un Coordinateur spécial des Nations Unies a été nommé, basé à Gaza, pour servir de point focal à toutes les institutions et programmes des Nations Unies actives sur le terrain. En outre, les Nations Unies ont transféré le siège de l'UNRWA à Vienne pour assurer une plus grande efficacité de ses activités.

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Le Secrétaire général a indiqué qu'au début de cette année, il s'est félicité de la signature de l'Accord sur Hébron et d'autres questions importantes par Israël et l'Autorité palestinienne. Malheureusement, un certain nombre d'obstacles ont ralenti le processus de paix. Il y a eu des actes de violence qu'il a condamnés fermement. Le Secrétaire général invite les parties à empêcher que les actions de certains radicaux ne compromettent le processus de paix établi pour l'intérêt de la majorité. Se référant à la construction de logements à Jabal Abu Ghneim/Har Homa, il a invité les parties à faire de leur mieux pour trouver un règlement qui soit mutuellement acceptable et à poursuivre le processus de paix. Les Nations Unies continueront de déployer tous leurs efforts pour mobiliser les ressources nécessaires en vue de faire face aux besoins humanitaires et de développement des Palestiniens, afin d'instaurer une paix juste et durable.

M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie), Président du Conseil de sécurité, a rappelé que la résolution 242 (1967) du Conseil de sécurité, adoptée à l'unanimité, continue de refléter la position des Nations Unies concernant la question de Palestine et la situation au Moyen-Orient. A ce jour, les principes qui y sont énoncés, ainsi que dans d'autres résolutions, servent de base pour l'action internationale visant à instaurer la paix et la stabilité dans la région. A de nombreuses reprises, le Conseil de sécurité a porté son attention sur différents aspects politiques et humanitaires de la question de Palestine. En agissant ainsi, le Conseil a toujours été conscient de l'importance particulière de la dimension palestinienne de la question à la quête d'un règlement pour une paix globale au Moyen-Orient. Depuis la Conférence de paix au Moyen-Orient, tenue à Madrid en 1991, le peuple palestinien est entré dans une nouvelle phase de son histoire. Le processus de paix au Moyen-Orient lancé à cette conférence historique a changé de façon extraordinaire le climat dans la région, permettant pour la première fois des négociations directes entre les Palestiniens et les Israéliens. Au cours des années qui ont suivi, on a assisté à la signature de la Déclaration de principes, de l'Accord intérimaire israélo-palestinien sur la Bande de Gaza et la Cisjordanie, et d'une série d'autres accords importants conclus par les Israéliens et les Palestiniens. Aujourd'hui, au moment où les Palestiniens traversent une période de transition cruciale, il est de la plus haute importance que la communauté internationale continue à oeuvrer sérieusement pour garantir le succès de ce processus de paix. Les membres du Conseil sont pleinement conscients des obstacles auxquels se heurtent les négociations de paix. Le Conseil de sécurité suit étroitement l'évolution des négociations, en gardant à l'esprit les nombreuses préoccupations et les revendications mutuelles des parties. Le Conseil est prêt à assister les parties à s'acquitter de leur mission historique de réconciliation et de paix. Il invite les Israéliens et les Palestiniens à progresser avec courage, à régler le processus de paix et à faire preuve d'un maximum de retenue dans leurs actions sur le terrain afin de préserver les acquis du processus de paix.

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M. FELIPE MABILANGAN, Vice-Président de l'Assemblée générale, transmettant le message du Président de l'Assemblée, a déclaré que la question de Palestine est la plus inextricable de l'histoire des Nations Unies. Il y a plus de cinq ans maintenant, des décisions historiques ont été prises par des dirigeants courageux et visionnaires de Palestine et d'Israël. Encouragés et appuyés par des Puissances étrangères, ces leaders ont surmonté leur crainte de lier leur sort et pris des décisions menant à un règlement pacifique de la question de Palestine. Il est regrettable de noter que la perspective d'une paix juste et durable pour les peuples de Palestine et du Moyen-Orient, est maintenant sérieusement compromise et a été récemment mise en danger par les mesures prises par le Gouvernement israélien.

Les Nations Unies doivent élever des critiques à l'égard de tous ceux qui veulent faire capoter le processus de paix. La communauté internationale doit continuer à appuyer la cause légitime du peuple palestinien fondée sur le droit international, les principes de la Charte des Nations Unie et de ses résolutions pertinentes. Les constructions récentes à Jabal Abu Ghneim ne sont qu'une extension de la politique israélienne établie qui consiste à modifier systématiquement le caractère, la composition démographique et le statut juridique de Jérusalem. Les résolutions du Conseil de sécurité ont souligné à suffisance l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la force et du changement du statut juridique de Jérusalem.

Les mesures que prend le Gouvernement israélien en défiant l'opinion mondiale sapent la confiance nécessaire à la paix dans la région. Il ne fait aucun doute que la question de Jérusalem demeure la pierre angulaire des efforts tendant à instaurer une paix durable dans la région. Etant donné son importance critique, des tentatives de modifier son statut ne peuvent être acceptées par la communauté internationale. Le statut de Jérusalem, ville sainte pour les trois religions du monde, ne peut être résolu que dans le cadre de négociations sur le statut permanent tel qu'accepté par les parties concernées. Il faut donner à la paix une chance de prendre racine et de prospérer dans la région, mais cette paix ne peut être significative et durable que si les Palestiniens y participent. La communauté internationale ne doit pas seulement se contenter de mots mais elle doit prendre des mesures substantielles pour assurer que la paix, la justice et la stabilité prévalent désormais.

M. NASSER AL-KIDWA, Observateur de la Palestine, donnant lecture d'un message de M. Yasser Arafat, Président de l'Autorité de Palestine, a rappelé que l'occupation israélienne revêt une des formes les plus repoussantes d'occupation qui existent dans l'histoire contemporaine. Dès le début de l'occupation, Israël a mis en oeuvre des politiques et pratiques expansionnistes, notamment à Jérusalem-Est, et a commencé à implanter des colonies de peuplement illégales et instaurer des modes de vie différentes

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de celles des Palestiniens. Israël assure en outre un contrôle économique continu du territoire palestinien, l'exploitant comme son marché exclusif. Ces pratiques israéliennes représentent un plan global et prédéterminé pour coloniser les terres et exploiter la population et empêcher l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Il faudrait mettre aujourd'hui fin à ces pratiques en permettant l'exercice des droits inaliénables des Palestiniens, notamment le droit au retour, l'autodétermination et le droit de créer leur propre Etat dont la capitale sera Jérusalem.

M. Al-Kidwa a estimé que les Nations Unies ont un rôle crucial à jouer dans la réalisation d'un règlement global de la situation au Moyen-Orient. Les résolutions des Nations Unies sur la question de Palestine et le Moyen-Orient devraient servir de base pour un règlement juste dans la région. En outre, les Nations Unies ont une responsabilité permanente à l'égard de la question de Palestine, jusqu'à ce que tous les aspects de cette question soient réglés. L'Observateur a fait remarquer qu'en dépit de la session extraordinaire de l'Assemblée générale convoquée à la suite de la détérioration sur le terrain, le gouvernement israélien a continué à menacer le bon déroulement du processus de paix, en construisant des logement à Jabal Abu Ghneim et en confisquant des terres dans les territoires occupés. En dépit de ces actes, l'Autorité palestinienne continue à adhérer au processus de paix. Elle souhaite poursuivre ce processus sur la base des accords conclus et sur la pleine mise en oeuvre de bonne foi de ces accords. A cet égard, M. Al-Kidwa a réaffirmé la nécessité d'intensifier les efforts, déployés, en particulier, par les co-parrains du processus de paix et pour les autres parties concernées, en vue d'instaurer une paix juste, permanente et globale au Moyen-Orient.

M. JULIO LONDONO-PAREDES, Représentant de la Colombie, transmettant un message du Président de la Colombie en sa qualité de Président du Mouvement des pays non alignés, dans le quel le Président a regretté que les mesures prises récemment par Israël aient altéré le climat de franchise et de confiance qui prévalaient depuis 1991. La construction de colonies par Israël est un élément perturbateur qui vient compromettre le processus de paix à un moment d'une grande importance. C'est pourquoi aujourd'hui, en dépit des progrès réalisés, la cause de la Palestine connaît à nouveau des risques graves. Il est déplorable que la confiance, prévalant jusqu'ici, se soit dégradée. En ce moment délicat, il faut rappeler l'appui sans réserve du Mouvement des pays non alignés pour la lutte légitime du peuple palestinien. Le Mouvement considère que la vigilance des Nations Unies ne doit fléchir tant que le peuple palestinien n'aura pas créé un Etat indépendant et souverain et tant que ne sera pas résolu le problème des réfugiés. Toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies doivent être respectées et il faut déclarer nulle et non avenue toute action en infraction de ces résolutions.

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Le Mouvement des pays non alignés lance un appel à la pleine application des accords signés et des résolutions pertinentes des Nations Unies. Il est nécessaire que le mécanisme mis en place par l'Organisation relatif à la question de Palestine continue de fonctionner de manière efficace. On ne peut fermer les yeux devant l'occupation par Israël des territoires arabes. On ne peut rester indifférent face à la situation de centaines de milliers de Palestiniens qui continuent de souffrir. On ne peut tourner le dos à la question de Palestine qui est la poudrière du monde. Les peuples ont le droit de jouir de la paix et d'un territoire sans limitations ni restrictions et dans des circonstances propices au développement économique et social. Toutes les nations ont l'obligation morale de participer à la réalisation de cet objectif.

M. ARIZAL EFFENDI (Indonésie) a lu un message du Président de la 24ème réunion ministérielle de l'Organisation de la Conférence islamique dans lequel Président a déclaré que la réunion d'aujourd'hui se tient à un moment crucial des efforts internationaux tendant à réaliser un règlement juste, complet et durable de la question de Palestine, question-pivot de l'instauration d'une paix durable au Moyen-Orient. Il ne fait aucun doute que les acquis du passé récent se trouvent aujourd'hui en péril. Israël a pris une série de mesures qui sont en contradiction avec l'esprit et la lettre de la Déclaration de principes de 1993 et des accords postérieurs ainsi qu'avec les résolutions pertinentes de l'Organisation. En outre, des mesures qu'Israël aurait dû prendre pendant la période de transition n'ont pas été mises en oeuvre comme la mise en place d'un passage sûr entre la Cisjordanie et la bande de Gaza. Toutes les actions d'Israël ont été rejetées, à une majorité écrasante, par la communauté internationale, comme l'a démontré la 10ème session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale tenue au cours du mois d'avril dernier.

Nonobstant les provocations d'Israël, l'avenir de la paix dans le Moyen-Orient doit être assuré. Israël se doit de respecter pleinement et de manière substantielle les dispositions des accords conclus avec les Palestiniens et entamer les négociations sur le statut permanent en reconnaissant les droits inaliénables du peule palestinien à un Etat indépendant avec Al Quods Al-Sharif comme capitale. Il est également impératif de renforcer le processus de paix par le biais d'efforts concertés de la part de la communauté internationale pour consolider les fondations de la nation palestinienne. Une paix complète au Moyen-Orient demeurera vague tant qu'Israël continuera son occupation de Jérusalem, des autres territoires arabes dont le Golan syrien, le sud-Liban et l'ouest de la Bekaa. Il est regrettable que le manque d'engagement d'Israël dans le processus de paix se manifeste également dans les négociations avec la Syrie et le Liban. A cet égard, il est essentiel qu'Israël réaffirme son adhésion aux engagements donnés lors des négociations et respecte les dispositions des résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité.

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M. MAPURANGA (Zimbabwe), au nom de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a regretté que les pratiques israéliennes continuent de faire obstacle au processus de paix au Moyen-Orient. Les accords conclus par Israël et l'Autorité palestinienne sont des initiatives qui ont commencé à façonner ce qui était considéré comme un processus de paix irréversible, a-t-il rappelé. L'OUA a maintenu à l'ordre du jour de ses sessions la question de la situation au Moyen-Orient et en Palestine. Elle ne reconnaît pas l'annexion de Jérusalem par Israël. Les tentatives d'Israël visant à modifier le statut juridique de Jérusalem sont illégales. Les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité sont irréversibles. Toutes les mesures prises en violation des principes établis sont considérées comme nulles et non avenues. Le représentant a estimé que l'on ne devrait pas hésiter à s'opposer à toute implantation de colonies de peuplement dans les territoires occupés. Il est crucial pour les parties concernées de respecter les accords qu'elles ont conclus. Les solutions ne pourront être durables si l'on se montre intransigeant et l'on refuse le compromis.

M. ALI AL-SALAFI, donnant lecture d'un message du Secrétaire général de la Ligue des Etats arabe, a souligné que l'occupation israélienne des territoires palestinien et arabes se fonde sur des pratiques et des politiques de plus en plus agressives en violation évidente du droit international, de la Convention de Genève sur la protection des personnes civiles en temps de guerre, et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Israël est allé jusqu'à annexer Jérusalem-Est, en dépit de la position de la communauté internationale qui considère comme nulle et non avenue une telle décision. Israël continue d'imposer la fermeture des couloirs entre les différentes villes palestiniennes, aggravant ainsi la situation des populations concernées. Israël continue de nier tous les principes et lois internationaux et d'élargir les colonies de peuplement. Dernièrement encore, Israël a installé une colonie de peuplement à Jérusalem, suscitant ainsi la colère de la communauté internationale et entraînant la suspension des négociations avec les Palestiniens. Toutes ces mesures, y compris l'imposition des programmes scolaires aux écoliers palestiniens et le retrait des cartes d'identité, visant, en fait, à nier l'identité propre des Palestiniens. Israël montre donc son intention de mettre en place une politique de colonisation dans l'ensemble de Gaza et de la Cisjordanie. Une tentative existe aussi d'annexer l'économie palestinienne à l'économie israélienne. Sur le plan juridique, il apparaît que la Cour suprême a pris une décision visant à permettre la pratique de la torture et la destruction d'habitations en contradiction flagrante avec la Convention de Genève.

La Ligue arabe a appuyé le processus de paix avant même la Conférence de Madrid. Elle a considéré l'Accord de 1993 comme une étape importante de la réalisation du principe "terre contre paix". La Ligue appelle Israël à s'engager complètement et totalement dans ce processus. Le Gouvernement actuel doit cesser de violer les conventions et engagements signés par son

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prédécesseur. Les politiques actuelles ne font que détériorer le sort de la population palestinienne qui a un effet direct sur le processus de paix. La ligue arabe est convaincue de la nécessité de faire du Moyen-Orient une zone de paix et de sécurité. Elle est confiante que les autres organes pertinents prendront toutes les mesures nécessaires pour que le processus se poursuive selon le calendrier établi, ce qui renforcera la crédibilité des Nations Unies. La Ligue estime que le rôle du Comité des droits inaliénables du peuple palestinien contribuera à préparer les conditions nécessaires à la réalisation des ambitions du peuple palestinien de créer un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale.

M. LARRY EKIN, Président du Comité de coordination nord-américain des ONG sur la question de Palestine, a rappelé qu'aujourd'hui des centaines d'organisations non gouvernementales du monde entier réaffirment leur appui au peuple palestinien par leur affiliation au Comité de coordination. Ces ONG assurent toutes formes d'assistance technique dans le domaine de l'agriculture, de la santé, du logement, de l'éducation et de la formation. Elles contribuent également à améliorer le secteur de l'industrie et à encourager les coopératives des villages. D'autres ONG lancent des campagnes d'information et d'éducation ou exercent des pressions sur leurs propres gouvernements pour le développement du peuple palestinien. Il a fait observer que quelles que soient les injustices subies, le peuple palestinien a trouvé des moyens de poursuivre sa voie vers la liberté. Il a estimé qu'il faut reconnaître la participation de nombreux Palestiniens qui ont exprimé leur intention d'explorer les voies et moyens visant à parvenir à un règlement pacifique de la question de Palestine. Les ONG ont commencé à coordonner leurs activités dès 1948. Les efforts et activités des ONG devraient permettre de renouveler la détermination, l'engagement et l'appui des principes définis par les Nations Unies qui ont contribué à nous réunir et à nous motiver aujourd'hui, a souligné M. Ekin.

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