CD/G/353

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DÉCLARATIONS SUR L'INTERDICTION DES MINES TERRESTRES ANTIPERSONNEL

29 mai 1997


Communiqué de Presse
CD/G/353


LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DÉCLARATIONS SUR L'INTERDICTION DES MINES TERRESTRES ANTIPERSONNEL

19970529 Les consultations informelles se poursuivent sur la manière dont la Conférence devrait examiner la question

Genève, 29 mai -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, Mme Absa Claude Diallo (Sénégal), qui accède à la présidence de la Conférence pour une période de quatre semaines. Elle a également entendu une déclaration de la délégation du Soudan sur la question des mines terrestres antipersonnel.

Mme Diallo a regretté «le règne de la suspicion» qui veut que chaque proposition faite à la Conférence est immédiatement perçue comme douteuse et donc à rejeter. Après ses succès récents on espérait qu'elle s'attaquerait aux autres questions importantes dont elle est saisie, tant dans le domaine des armements nucléaires que classiques, y compris les mines terrestres antipersonnel. Malheureusement, la Conférence semble s'être enlisée dans des considérations stériles. Mme Diallo a exprimé l'espoir que la raison va prévaloir et que la Conférence saura trouver un consensus pour adopter un programme de travail tenant dûment compte des intérêts des uns et des autres. En fin de séance, elle a indiqué que des consultations informelles seraient menées sur les propositions qui ont été faites en ce qui concerne le programme de travail de la Conférence et a engagé les délégations à faire preuve d'un esprit de compromis.

Dans sa déclaration, Mme Diallo a également attiré l'attention sur la position de son pays à cet égard, indiquant que le Sénégal, tout en s'associant aux efforts déployés dans le cadre du processus d'Ottawa pour interdire les mines terrestres antipersonnel, pense aussi que la Conférence pourrait trouver un mécanisme adéquat pour étudier la question. Mais le Sénégal ne pourrait accepter que la Conférence ignore la question du désarmement nucléaire dont l'importance n'est plus à démontrer.

Le représentant du Soudan a pour sa part salué la proposition de créer un comité spécial sur la question des mines terrestres antipersonnel. Il a exprimé l'espoir qu'un arrangement international permettra éventuellement à la communauté internationale d'exercer des pressions pour que cesse la production et le transfert des mines.

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La Finlande, le Chili et la Pologne ont appuyé une proposition de l'Allemagne d'adopter ad referendum la proposition faite la semaine dernière par l'Australie tendant à nommer un coordonnateur spécial chargé de mener des consultations sur les meilleurs arrangements pour examiner la question des mines terrestres antipersonnel. Ils ont suggéré que la Conférence du désarmement commence dès à présent des consultations sur la question.

Le Nigéria et le Mexique ont souligné qu'il n'y avait pas de consensus sur la tenue de séances informelles sur la question, le Mexique ajoutant qu'il n'est pas convaincu que la Conférence du désarmement soit le lieu approprié pour examiner cette question. La délégation du Maroc a suggéré que des consultations soient menées sur l'ensemble du programme de travail.

Intervenant au sujet de l'incident qui s'est produit au même moment que la séance plénière de la Conférence du désarmement de la semaine dernière, le représentant de Turquie a déploré les entraves à la liberté de mouvement des délégations et des fonctionnaires qu'a entraîné cette manifestation de personnes brandissant des drapeaux du PKK. Il a noté que le Directeur général s'est félicité que les activités des Nations Unies n'aient pas été perturbées, mais a souligné qu'il avait été empêché de remplir ses fonctions de représentant de son pays auprès de la Conférence du désarmement ce jour là. Il a demandé que des mesures urgentes soient prises pour renforcer les mesures de sécurité au Palais des Nations et souligné que tout retard pourrait mener à de nouvelles attaques sur les locaux des Nations Unies, avec des conséquences peut-être plus graves. Le Sri Lanka s'est associé à la déclaration de la Turquie pour demander un renforcement des mesures de sécurité par l'Office des Nations Unies à Genève et le pays hôte.

La Présidente a indiqué à cet égard que la question a été soulevée avec le Directeur général, M. Vladimir Petrovsky, qui a assuré les délégations qu'aucun effort ne serait épargné à l'avenir pour éviter que ce genre d'incident ne se reproduise. Aujourd'hui se tient une réunion avec le Président du comité diplomatique et les représentants des autorités du pays hôte pour envisager les mesures à prendre à cet égard.

La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement aura lieu jeudi 5 juin 1997, à 10 heures.

Déclarations

Mme ABSA CLAUDE DIALLO (Sénégal) a déclaré que son pays, connu pour son esprit de dialogue, n'a aucunement l'intention, ni aujourd'hui, ni demain, de se doter d'armes de destruction massive. Ses dirigeants estiment que toutes ces richesses investies dans la recherche, le développement ou l'acquisition de ces armes pourraient mieux servir au développement durable et au bien-être de l'humanité tout entière. C'est pourquoi le Sénégal s'est réjoui de la

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signature du Traité sur une zone exempte d'armes nucléaires en Afrique et s'est associé au groupe des 21 pour élaborer un programme d'action pour l'élimination des armes nucléaires. Il demeure favorable à la création d'un comité spécial sur la question du désarmement nucléaire, sans préjudice aux efforts louables des puissance nucléaires. L'implication de la communauté internationale est fondamentale dans ce domaine.

S'agissant des mines terrestres antipersonnel, le Sénégal s'associe aux efforts déployés dans le cadre du processus d'Ottawa. Il pense aussi que la Conférence du désarmement pourrait trouver un mécanisme adéquat pour étudier la question.

Ce que le Sénégal ne pourrait accepter, a déclaré Mme Diallo, c'est que la Conférence ignore la question du désarmement dont l'importance n'est plus à démontrer.

M. ALI AHMED SAHLOOL (Soudan) a souligné que son pays subit la dévastation de la guerre civile depuis 1955. Si un pas important vers un règlement a pu être franchi le mois dernier avec la signature d'un accord de paix entre le Gouvernement et les sept factions rebelles, beaucoup reste à faire avant de parvenir à un règlement pacifique définitif. Dans l'intervalle, le gouvernement, qui mène un programme de réinstallation des personnes déplacées, est confronté au grave problème du déminage : le Soudan est au troisième rang de l'Afrique pour le nombre de mines terrestres antipersonnel. Le représentant s'est félicité que de nombreux donateurs, y compris aux États-Unis, se sont engagés à contribuer aux opérations de déminage dès que les hostilités auront cessé. Le Soudan lance un appel à la communauté internationale pour qu'elle fournisse au Département des affaires humanitaires et à son Groupe sur le déminage toute l'assistance nécessaire au renforcement de sa capacité dans ce domaine.

Dans ce contexte, le Soudan estime que la Conférence devrait jouer un rôle dans les efforts visant à une interdiction complète des mines terrestres antipersonnel. Il a salué à cet égard la proposition de créer un comité spécial sur la question. Le Soudan est également disposé à participer aux préparatifs de la Conférence d'Ottawa sur la question. Il exprime l'espoir qu'un arrangement international permettra éventuellement à la communauté internationale d'exercer une surveillance sur les pays qui persistent à fournir aux parties aux divers conflits dans le monde les moyens de poser des mines, ainsi qu'une pression sur ces pays pour les persuader de cesser la production et le transfert de ces mines.

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