LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA FORDEPRENU JUSQU'AU 30 NOVEMBRE 1997
Communiqué de Presse
CS/822
LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA FORDEPRENU JUSQU'AU 30 NOVEMBRE 1997
19970528Le Conseil de sécurité, réuni cet après-midi, sous la présidence de M. Soo Gil Park (République de Corée), pour examiner la situation dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, a adopté à l'unanimité la résolution 1110 (1997), par laquelle il proroge le mandat de la Force de déploiement préventif des Nations Unies (FORDEPRENU) jusqu'au 30 novembre 1997.
Il décide de commencer le 1er octobre 1997, si la situation à cette date le permet, à réduire progressivement, sur une période de deux mois, la composante militaire pour en ramener l'effectif à 300 hommes. Il demande également au Secrétaire général de réévaluer la composition, le déploiement, les effectifs et le mandat de la Force, compte tenu de l'évolution de la situation dans la région, en particulier en Albanie.
Le représentant de l'ex-République yougoslave de Macédoine a fait une déclaration. Les représentants de la Fédération de Russie, des Etats-Unis et du Japon ont expliqué leur vote.
Aux fins de l'examen de cette question, le Conseil de sécurité était saisi d'un rapport du Secrétaire général.
Texte du projet de résolution (S/1997/405)
Le Conseil de sécurité,
Rappelant toutes ses résolutions sur la question, en particulier ses résolutions 1082 (1996) du 27 novembre 1996 et 1105 (1997) du 9 avril 1997,
Rappelant également sa résolution 1101 (1997) du 28 mars 1997, dans laquelle il exprimait sa profonde préoccupation en ce qui concerne la situation en Albanie,
Réaffirmant son attachement à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'ex-République yougoslave de Macédoine,
Saluant à nouveau le rôle important que la Force de déploiement préventif des Nations Unies (FORDEPRENU) joue en contribuant au maintien de la paix et de la stabilité, et rendant hommage à son personnel pour la manière dont il s'acquitte de sa mission,
Se félicitant des progrès notables réalisés par le Gouvernement de l'ex-République yougoslave de Macédoine et celui de la République fédérative de Yougoslavie en ce qui concerne le développement de leurs relations dans de nombreux domaines et renouvelant l'appel qu'il a lancé aux deux Gouvernements pour qu'ils appliquent intégralement leur Accord du 8 avril 1996 (S/1996/291, annexe), en particulier pour ce qui est du tracé de leur frontière commune, compte tenu du désir qu'ils ont manifesté de résoudre cette question,
Prenant note de la lettre datée du 1er avril 1997 que le Ministre des affaires étrangères de l'ex-République yougoslave de Macédoine a adressée au Secrétaire général pour demander la prorogation du mandat de la FORDEPRENU (S/1997/267, annexe),
Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 12 mai 1997 (S/1997/365 et Add.1) et les recommandations qui y figurent,
Notant l'observation du Secrétaire général selon laquelle les événements qui se sont produits récemment dans la région, en particulier en Albanie, ont montré que la stabilité y reste extrêmement précaire,
1. Décide de proroger le mandat de la FORDEPRENU jusqu'au 30 novembre 1997 et de commencer le 1er octobre 1997, si la situation à cette date le permet, à réduire progressivement, sur une période de deux mois, la composante militaire pour en ramener l'effectif à 300 hommes, tous grades confondus;
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2. Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de l'évolution de la situation et lui demande également de réévaluer la composition, le déploiement, les effectifs et le mandat de la Force, comme il le propose dans son rapport, compte tenu de l'évolution de la situation dans la région, en particulier en Albanie, notamment dans le contexte des élections qui auront lieu dans ce pays, et de lui présenter un rapport à ce sujet pour examen, au plus tard le 15 août 1997; 3. Se félicite du redéploiement de la FORDEPRENU opéré au vu de la situation en Albanie et encourage le Secrétaire général à poursuivre dans cette voie en fonction de l'évolution de la situation dans la région et conformément au mandat de la Force;
4. Décide de rester saisi de la question.
Rapport du Secrétaire général sur la Force de déploiement préventif des Nations Unies (FORDEPRENU) (S/1997/365 et Add.1)
Le Conseil de sécurité était saisi d'un rapport du Secrétaire général sur la Force de déploiement préventif des Nations Unies (FORDEPRENU) (S/1997/365 et add.1) dans lequel il estime que les événements qui se sont produits récemment en Albanie montrent que la stabilité dans les Balkans reste extrêmement fragile. La situation demeure incertaine dans le pays, en partie en raison de l'absence d'un dialogue constructif entre les parties. Des doutes ont été émis quant à la possibilité de tenir des élections libres et régulières en juin. En l'absence de gouvernement légitime, élu et représentatif, et de progrès dans la remise sur pied des institutions publiques qui se sont effondrées, les efforts visant à relancer l'économie totalement ruinée de l'Albanie seront fortement compromis. La stabilité relative établie par la Force de protection multinationale le sera également. En outre, l'absence de changement rapide et tangible dans la situation en Albanie pourrait conduire à une autre explosion de violence interne, qui risque d'avoir des répercussions négatives sur les pays voisins. À cet égard, le nombre considérable d'armes qui circulent dans la région, et dont certaines ont déjà été interdites dans les zones frontalières par les autorités de l'ex-République yougoslave de Macédoine, fait peser sur la stabilité de la région un risque qu'on ne saurait négliger. Le résultat des élections qui doivent avoir lieu en Bosnie-Herzégovine en septembre constitue un autre facteur potentiel de déstabilisation au cours des prochains mois.
Le Secrétaire général recommande que le mandat de la FORDEPRENU soit prorogé pour une nouvelle période de six mois, jusqu'au 30 novembre 1997, compte tenu des arguments très convaincants que le Gouvernement de l'ex- République yougoslave de Macédoine a présentés en faveur du maintien de la Force. Il recommande en outre que l'effectif actuel soit maintenu pour une période de quatre mois, jusqu'au 30 septembre 1997, l'objectif étant de
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commencer le 1er octobre 1997, si la situation à cette date le permet, à réduire progressivement, sur une période de deux mois, la composante militaire pour en ramener l'effectif à 750 soldats comme prévu par le Conseil dans sa résolution 1082 (1996). Le Secrétaire général indique qu'il a demandé à son Représentant spécial et au commandant de la Force d'évaluer l'efficacité et la composition de chaque composante de la mission de la FORDEPRENU et de lui faire part sans tarder de leurs recommandations concernant les mesures à prendre pour permettre à la mission de s'acquitter de tous les aspects de son mandat de façon économique et cohérente, y compris en ce qui concerne la possibilité d'améliorer la structure des éléments militaires de la Force. Le Secrétaire général a également demandé que le déploiement actuel de ces éléments soit réévalué afin d'accroître l'efficacité opérationnelle de la Force et de lui donner plus de flexibilité pour répondre à l'évolution de la situation sur le terrain. Il a en outre donné pour instructions à la FORDEPRENU d'examiner la possibilité de réorganiser la mission de manière à accroître le rôle joué par la police civile, les observateurs militaires et les éléments civils dans l'exécution de son mandat.
La composition et les effectifs de la composante militaire et de la police civile de la FORDEPRENU au 9 mai 1997 sont mentionnés en annexe du rapport.
La composante militaire de la Force consiste en deux bataillons d'infanterie mécanisée : un bataillon nordique composite de 500 soldats et un groupe spécial de 500 soldats de l'armée de terre des Etats-Unis, tous deux appuyés par une unité de génie (mécanique lourde) de l'Indonésie, comptant 50 personnes. La FORDEPRENU compte également 35 observateurs militaires et 26 contrôleurs de la police civile provenant de 27 pays.
Le Secrétaire général rappelle que dans son rapport sur le financement de la FORDEPRENU, dont l'Assemblée générale est actuellement saisie, le montant brut nécessaire pour permettre le fonctionnement de la Force avec ses effectifs actuels pendant une période de 12 mois est estimé à 49,5 millions de dollars, soit un montant mensuel de 4 125 000 dollars. Si le Conseil de sécurité décide de proroger le mandat de la Force, les dépenses de fonctionnement devront être couvertes par le crédit qui sera ouvert par l'Assemblée générale. Au 30 avril 1997, le montant des contributions non acquittées au compte spécial de la Force pour la période de 12 mois prenant fin le 30 juin 1997 s'élevait à 7,8 millions de dollars.
Déclaration
M. NASTE CALOVSKI (Ex-république yougoslave de Macédoine) a estimé que le projet de résolution montre que la communauté internationale continue d'appuyer les efforts de paix dans la région. L'ex-République yougoslave de Macédoine n'a épargné aucun effort en ce sens et le déploiement de la
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FORDEPRENU a été un élément stabilisateur important dans la région. Toutefois les événements négatifs intervenus, notamment en Albanie font qu'il est nécessaire de proroger le mandat de la FORDEPRENU. L'adoption unanime de la résolution à cet effet ne fera que lui donner plus de force, a ajouté le représentant. Sa mission exige des efforts continus et coordonnés de tous. C'est pourquoi le gouvernement de l'ex-République yougoslave de Macédoine se félicite de la décision du Conseil et continuera à apporter son appui à la Force.
Explications de vote
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation a voté en faveur de la résolution visant à proroger le mandat de la FORDEPRENU. Le mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité a été accompli avec succès. La situation difficile qui sévit actuellement en Albanie a été un facteur déterminant de cette prorogation. A cet égard, le représentant a fait observer que la présente résolution indique dans son dispositif que des recommandations doivent être formulées en vue de réévaluer la composition, le déploiement, les effectifs et le mandat de la Force, compte tenu de l'évolution de la situation dans la région, et en particulier en Albanie, notamment dans le contexte des élections.
M. BILL RICHARDSON (Etats-Unis) s'est félicité de la prorogation du mandat de la FORDEPRENU pour une nouvelle période de six mois. Il a estimé que la Force joue un rôle crucial et très efficace pour promouvoir la stabilité dans l'ex-République yougoslave de Macédoine. La crise en Albanie a mis en évidence la nécessité de maintenir la FORDEPRENU, mais, de l'avis de la délégation des Etats-Unis, il existe d'autres sources d'instabilité et de tension dans la région qui montrent qu'il faut soutenir le rôle également important de la FORDEPRENU. La délégation des Etats-Unis appuie pleinement le message d'engagement en faveur du maintien de la Force et en faveur de la région. Par la présente résolution, le Conseil de sécurité décide de tenir compte de la situation actuelle et agit dans l'intérêt de la région.
M. MASAKI KONISHI (Japon) a déclaré qu'alors que le Conseil s'apprête à proroger le mandat de la Force de déploiement préventif, il est indispensable d'examiner la situation dans la région et les pays voisins et notamment en Albanie. Si la situation en Albanie est aujourd'hui stable, dans une certaine mesure grâce au déploiement de la Force de protection multinationale et aux activités de plusieurs institutions humanitaires, il est à prévoir que la restauration de l'ordre politique, social et économique prendra du temps, même après la tenue des élections prévues à la fin du mois de juin. Parallèlement le nombre croissant d'incidents le long de la frontière avec l'ex-République yougoslave de Macédoine démontre la fragilité de la situation dans la région des Balkans.
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Par ailleurs, les tensions dues aux rivalités ethniques au Kosovo et les difficultés rencontrées dans l'application de l'Accord de Dayton en Bosnie-Herzégovine sont des sources d'inquiétude supplémentaires pour le maintien de la paix et de la sécurité dans la région. Il en va de même en ce qui concerne les relations inter-ethniques dans l'ex-République yougoslave de Macédoine. C'est pourquoi il est indispensable, ainsi que le propose le Secrétaire général de renouveler le mandat de la Force de déploiement préventif, jusqu'au 30 novembre 1997. De son côté, le gouvernement japonais, qui attache une grande importance à la stabilité de l'ex-République yougoslave, mène des efforts bilatéraux en complément de ceux déployés par la communauté internationale et fournit une aide financière à ce pays.
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