En cours au Siège de l'ONU

CS/809

LE CONSEIL DE SECURITE SE FELICITE DES EFFORTS DE MEDIATION VISANT UN REGLEMENT NEGOCIE DE LA SITUATION

23 avril 1997


Communiqué de Presse
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LE CONSEIL DE SECURITE SE FELICITE DES EFFORTS DE MEDIATION VISANT UN REGLEMENT NEGOCIE DE LA SITUATION

19970423 Réuni sous la présidence de M. Antonio Monteiro (Portugal), le Conseil de sécurité a tenu cet après-midi un débat dans le cadre de son examen de la situation en Somalie. Prenant note de la tenue le 10 juin 1997 d'une conférence de réconciliation nationale en Somalie, les délégations ont reconnu que ce sont les initiatives régionales qui ont permis d'obtenir des progrès dans la voie d'une reprise des négociations entre factions somaliennes. Elles ont ainsi salué les initiatives des Etats de la région comme le Kenya, l'Ethiopie et l'Egypte, de l'Organisation de l'unité africaine, la Ligue arabe et l'Autorité intergouvernementale pour le développement. En ce qui concerne le rôle des Nations Unies, certaines délégations ont accueilli avec satisfaction les propositions du Secrétaire général tendant à renforcer les activités du bureau politique des Nations Unies pour la Somalie et à nommer un représentant spécial sur le terrain.

Appelant les factions somaliennes à intensifier les efforts dans le sens du rétablissement de la paix et de la réconciliation nationale, les délégations se sont montrées préoccupées par la situation humanitaire et ont lancé un appel aux parties pour qu'elles facilitent l'acheminement de l'aide humanitaire en posant comme préalable l'ouverture de l'aéroport et du port de Mogadiscio et en appelant la communauté internationale à répondre généreusement à l'appel conjoint interinstitutions des Nations Unies pour l'assistance humanitaire en Somalie. Soulignant que les Nations Unies seraient appelées à soutenir les efforts de reconstruction, la plupart des délégations ont soutenu la proposition du Secrétaire général de créer un fonds d'affectation spéciale. Les délégations ont en outre lancé un appel en faveur d'un respect strict de l'embargo sur les armes et le matériel militaire imposé à la Somalie par le Conseil de sécurité dans sa résolution pertinente.

Les pays suivants membres du Conseil ont pris par au débat : Egypte, France, Chine, Royaume-Uni, République de Corée, Japon, Fédération de Russie, Chili, Suède, Costa Rica, Etats-Unis, Kenya, Guinée Bissau, Pologne et Portugal. Les pays suivants se sont également exprimés : Pays-Bas, au nom de l'Union européenne et des autres pays associés, Italie, Koweït, Tunisie et Ethiopie.

Débat

M. NABIL A. ELARABY (Egypte) a souligné combien la situation actuelle en Somalie est différente de celle qui prévalait lors du retrait de la Mission des Nations Unies. Les initiatives régionales ont en effet abouti à des développements positifs dont la réunion de Nairobi en octobre dernier. La médiation éthiopienne a également porté ses fruits puisqu'elle a conduit à l'organisation d'une réunion, à l'origine de la Déclaration du Conseil du Salut national. Rendant hommage aux efforts de médiation italienne, le représentant a mis l'accent sur les initiatives de la Ligue des Etats arabes en notant la participation du Conseil du salut national à la session spéciale de la Ligue. Une déclaration a ainsi pu être produite qui contenait un engagement à financer la conférence de la conciliation nationale et les efforts de médiation. Le rapport du Secrétaire général, contient des propositions et des recommandations importantes dont la désignation d'un Représentant spécial en Somalie et la consolidation du rôle des Nations Unies à Nairobi. L'Egypte appuie l'envoi d'un Représentant spécial en Somalie qui travaillerait dans le cadre d'une mission similaire à celle de l'Ambassadeur Chrétien dans la région des Grands Lacs. Il convient de procéder à des consultations avec les pays voisins et les organisations régionales pertinentes. Les résultats des consultations et des initiatives qui ont eu lieu jusqu'ici montrent qu'il demeure des voies de conciliation qu'il convient d'explorer. Il faut, dans un premier temps, s'accorder sur la nature du rôle des Nations Unies et réfléchir à une initiative nouvelle pour définir le caractère des mesures que les Nations Unies pourraient prendre. L'action de l'Organisation doit se mener en complémentarité avec les initiatives locales et régionales. Les Nations Unies doivent s'efforcer d'amener les différentes factions à participer aux négociations et mettre en garde contre la violation de l'embargo sur les armes décidé par le Conseil de sécurité. Pour sa part, l'Egypte poursuivra ses contacts avec toutes les factions somalies sans aucune exception en appelant les autres Etats à ne reconnaître aucune faction ne représentant pas tout le peuple somalien. Il revient également à la communauté internationale de convaincre les parties au conflit à examiner toutes les options qui leur sont offertes et de poursuivre l'assistance humanitaire et au développement. Le respect de l'intégrité territoriale du pays et la non-ingérence dans ses affaires intérieures sont également des éléments importants.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a estimé que depuis un an, ce sont les initiatives régionales qui ont, au premier chef, permis d'obtenir des progrès pour ce qui est de la reprise des négociations entre les factions somalies. A cet égard, il a rendu hommage aux efforts particuliers déployés par l'Ethiopie, le Kenya, l'Egypte, et des organisations régionales compétentes. Il a salué l'action du Bureau du Secrétaire général pour la Somalie ainsi que celle de l'envoyé spécial de la Commission européenne et du représentant italien. Le processus de négociations en cours entre Somaliens est encourageant, a indiqué le représentant, mais il ne peut aboutir que si toutes les parties y participent. La communauté internationale doit s'efforcer de

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convaincre les dirigeants somaliens qu'il n'y a pas d'alternative à la négociation en vue de la réconciliation nationale. Cet effort, a précisé le représentant, doit s'adresser en particulier à ceux qui seraient tentés par des voies sécessionnistes. Le maintien de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de la Somalie constitue un principe essentiel de tout règlement de cette question. Le représentant a insisté à nouveau sur l'importance des efforts déployés par les organisations régionales, telles que l'Organisation de l'unité africaine, la Ligue arabe et l'Autorité intergouvernementale pour le développement. Il a souligné qu'un renforcement du rôle des Nations Unies ne semble pouvoir être envisagé que de manière très progressive, à la condition qu'il soit accepté par les dirigeants somaliens et que ceux-ci aient démontré leur volonté sincère de participer aux négociations en vue de la réconciliation nationale.

M. WANG XUEXIAN (Chine) a indiqué que son pays a noté avec plaisir les changements qui se sont produits en Somalie ces derniers mois. La Chine apprécie les efforts déployés par les factions pour réaliser la réconciliation grâce aux consultations politiques. Elle espère qu'elles arriveront à réaliser la réconciliation nationale par un dialogue fraternel et à établir un gouvernement de coalition d'une plus large représentation nationale. Les chefs des factions somaliennes doivent comprendre que le continent africain entre dans une période historique de recherche de la paix, de la stabilité et du développement. La Somalie est loin de tout cela. La reprise des combats ne fera qu'accroître son retard. La Chine se félicite des efforts menés par l'Organisation des Etats Africains, la Ligue arabe, l'Autorité intergouvernementale de développement et certains pays africains afin de favoriser les consultations politiques et les négociations entre les factions en Somalie. La Chine appuie ces initiatives, en particulier celles des pays africains, et appelle les factions à collaborer avec les organisations qui les ont prises.

Ces efforts devraient recevoir un ferme soutien et une coopération de la communauté internationale, y compris des Nations Unies. Le rôle du Bureau des Nations Unies en Somalie doit être renforcé et le Conseil doit mettre en oeuvre les recommandations du Secrétaire général visant à désigner un Envoyé spécial du Secrétaire général sur la question de Somalie, et d'envoyer une mission d'établissement des faits ONU/OUA, ainsi que d'établir un Fonds d'affectation spéciale.

M. JOHN WESTON (Royaume-Uni), reconnaissant que le conflit en Somalie a duré trop longtemps, a indiqué qu'il serait injuste de dire que la communauté internationale a oublié la Somalie. De nombreux efforts ont été déployés, a précisé le représentant qui a rendu hommage au rôle joué par la Ligue des Etats arabes, l'Union européenne, l'Egypte et l'Italie. Les accords de Nairobi et de Sodere peuvent jouer un rôle vital en établissant les fondations d'un règlement politique mais ces accords doivent être considérés comme complémentaires. La participation de toutes la parties, y compris celles du Nord-Ouest, est indispensable si l'on veut garantir le succès du processus de

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réconciliation nationale. A la lumière des efforts déployés précédemment, a indiqué le représentant, il n'est pas nécessaire de lancer de nouvelles initiatives en Somalie. Il est vital de garantir la complémentarité et la coordination de ces efforts qui n'auront que peu de chance d'aboutir si les dirigeants des parties somalies ne font pas preuve de volonté politique.

Abordant la situation humanitaire, le représentant a plaidé en faveur de la poursuite de l'aide humanitaire qui requiert également la coopération de toutes les parties sur le terrain, en particulier pour ce qui est de la sécurité, de la liberté de mouvement, et de l'accès à la mer et aux aéroports. Le représentant a exprimé sa préoccupation quant aux problèmes rencontrés par les institutions humanitaires sur le terrain. Il est du devoir de toutes les parties de faire en sorte que le travail des institutions humanitaires ne soit pas entravé, a-t-il souligné.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) s'est réjoui des progrès accomplis dans le processus de paix, notamment grâce au dialogue entamé entre les dirigeants des différentes parties qui, en janvier dernier, ont fait un pas important vers l'instauration d'un gouvernement d'une représentation nationale plus large. Malgré ces avancées, le chemin vers la paix s'annonce encore périlleux et imprévisible et il faut déplorer l'intransigeance des dirigeants des principales factions, notamment le refus de MM. Aidid et Egal de participer aux négociations de paix. Pour parvenir à de plus amples progrès, la communauté internationale et les Etats régionaux qui oeuvrent en faveur de la paix doivent concentrer leurs efforts sur la participation aux négociations de MM. Aidid et Egal et la rencontre des trois leaders de Mogadicio en vue de parvenir à un accord sur la restauration de la stabilité dans la capitale et ses alentours. Même si la responsabilité finale de la paix et de la réconciliation réside dans la volonté du peuple somalien et de ses dirigeants, le Conseil de sécurité a un rôle phare à jouer et c'est pourquoi les propositions faites en février par le Secrétaire général sont les bienvenues.

La communauté internationale ne doit pas perdre de vue la précarité de la situation humanitaire et doit par conséquent se tenir prête à réagir en cas d'urgence. Toutefois, les activités humanitaires ne peuvent pas être déployées de manière satisfaisante sans la pleine coopération des factions somaliennes, dont les attaques persistantes à l'encontre du personnel des Nations Unies et des organisations non gouvernementales sont hautement condamnables. Il est également de la responsabilité de la communauté internationale de faire respecter l'embargo sur les armes en Somalie et en tant que Président du Comité des sanctions du Conseil de sécurité, le représentant a regretté que la question n'ait jusqu'à présent pas été réglée de manière efficace. Il a appelé le Conseil à examiner à nouveau les moyens d'améliorer le respect de l'embargo sur les armes en Somalie mais également dans les autres Etats africains.

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M. HISASHI OWADA (Japon) a déclaré que sa délégation trouve encourageante l'ouverture des négociations à Nairobi en octobre dernier entre les trois chefs de faction. Cependant, elle estime que la participation de M. Atto, qui a été exclu des discussions, est essentielle à l'avancement du processus de paix global. La réunion consultative à haut niveau sur les mouvements politiques somalis a été également une mesure encourageante. Chacun des efforts déployé par les différents pays et institutions a produit une contribution valable, mais ils n'ont pas abouti à une solution globale. Il est essentiel que les factions somaliennes unifient leurs efforts pour parvenir à un règlement global et durable. La communauté internationale doit redoubler d'efforts pour convaincre les chefs de faction, et particulièrement M. Hussein Aidid, le chef de la faction qui réclame la plus grande partie du territoire, d'entamer des négociations avec toutes les parties. Le Japon est prêt à fournir sa médiation.

La situation humanitaire en Somalie requiert une attention immédiate. Des actes de violence continuent à mettre en danger la sécurité de la population civile de même que celle du personnel des Nations Unies et des employés des organisations humanitaires. La communauté internationale doit en appeler aux chefs de faction à se conformer strictement au droit humanitaire international et aux autres normes dans le secteur humanitaire et à contrôler les actions de leurs subordonnés pour qu'ils garantissent la sécurité et les droits de l'homme des civils de même que la liberté de mouvement des employés des organisations internationales. Il faudrait que l'aéroport et le port de Mogadiscio soient rouverts pour faciliter la livraison de nourriture et de fournitures médicales. Il sera important que la communauté internationale donne son plein appui aux efforts de reconstruction et de réhabilitation, une fois que l'accord de paix sera réalisé.

M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que la solution en Somalie n'est possible que grâce au développement du processus de paix avec la participation de toutes les factions. Il a noté avec satisfaction les progrès enregistrés dans le dialogue intersomali qui sont imputables aux efforts de médiation des pays voisins, des autres pays intéressés et des organisations régionales. Certains résultats remarquables ont été obtenus lors des récentes consultations, qui se sont tenues au Caire, avec les présidents des différentes factions. Le bilan de ces consultations devraient permettre d'élargir les bases du dialogue intersomali. Les efforts des Nations Unies demeurent un facteur important même si ce sont les Somaliens eux-mêmes qui sont responsables du rétablissement de la paix. Lançant un appel aux parties pour qu'elles facilitent l'acheminement de l'aide humanitaire, le représentant a jugé important d'assurer un respect scrupuleux de l'embargo sur les livraisons d'armes. Il a en outre appuyé la proposition du représentant de la République de Corée de rechercher un moyen de renforcer l'efficacité du régime d'embargo.

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M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée Bissau) a déclaré que la Somalie continue de se distinguer par l'existence sur son territoire d'autant de factions politiques et de groupes armés qu'il existe de clans qui s'obstinent à se détruire mutuellement pour pouvoir régner sans partage dans un univers pourtant caractérisé par une constellation de tribus. La course effrénée au pouvoir se trouve ainsi alimentée par les rivalités entre les chefs des différents clans et véhiculée par leurs velléités inassouvies de jouir d'un pouvoir politique en relation avec leur ascendance morale et religieuse sur les membres de leurs communautés respectives. Les chefs de factions doivent rompre le cycle de violence qu'ils ont engendré et admettre sans plus tarder qu'aucune faction ne peut s'imposer durablement par la force, quelle que soit la nature ou l'importance des allégeances et des alliances dont ils disposent. La Guinée Bissau se réjouit de la décision prise par le Secrétaire général de réactiver le Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie. Les contacts établis entre les représentants des Nations Unies et les chefs des factions somaliennes doivent être poursuivis car ils constituent un signe encourageant dans la restauration du climat de confiance nécessaire à toute coopération fructueuse. Il convient de créer les conditions favorables à l'acceptation par toutes les parties d'une présence effective à Mogadiscio susceptible de permettre une considération appropriée des recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport du 17 février. Il est indéniable que personne ne peut décider à la place des leaders de factions somaliennes de l'avenir de leur pays. Mais il faut souligner le rôle dévolu à la communauté internationale dans la poursuite et la réalisation des objectifs de paix dans ce pays. Ce rôle ne pourrait être joué que si une décision de mettre fin aux hostilités est prise par ceux qui fomentent les divisions et persistent dans la conduite de la guerre. La Guinée Bissau attend de voir de la part des chefs de clans une attitude positive vis à vis des organisations humanitaires dont ils ont l'obligation d'assurer le libre accès aux populations nécessiteuses en toute sécurité. La réouverture de l'aéroport et du port de Mogadiscio paraît constituer un préalable qui a valeur de test.

M. PETER OSVALD (Suède) a déclaré que les Nations Unies et la communauté internationale doivent aider la Somalie à passer du chaos et de la souffrance à la normalisation et au développement. La responsabilité ultime de la réconciliation nationale revient au peuple somalien lui-même. Les Somaliens sont en droit d'exiger et méritent des dirigeants qui se comportent non pas comme des "seigneurs de la guerre" mais comme des dirigeants préparés à surmonter les ambitions individuelles et à se concentrer sur l'intérêt national. Les efforts de paix en cours déployés par les organisations régionales et les Etats intéressés bénéficient de l'appui de la Suède. Toutefois, il convient de coordonner davantage les initiatives pour aboutir à un processus intégré avec la participation de tous les chefs somaliens. Si elle accueille avec satisfaction les derniers développements quant à un règlement négocié de la question somalienne, la Suède n'oublie pas que les résultats n'en seront pas concluants tant que les efforts de réconciliation ne se concentreront pas sur la reconstruction de la société civile aux niveaux régional et local. Le représentant a appuyé la proposition de désigner un

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représentant spécial du Secrétaire général et a rappelé que le contrôle de la Somalie par les seigneurs de la guerre se fonde en grande partie sur la possession d'armes. Les Nations Unies doivent assurer le respect de l'embargo sur les armes. De même l'assistance internationale doit faciliter la démilitarisation de la société somalienne. En Somalie, l'assistance humanitaire doit être coordonnée dans le cadre d'une approche partagée en ce qui concerne les questions centrales. Dans le récent appel conjoint interinstitutions, des mesures en ce sens ont été prises. La Suède a l'intention d'y contribuer et encourage les autres Etats à faire de même.

M. MELVIN SAENZ BIOLLEY (Costa Rica) a estimé qu'il est urgent que les parties somalies s'associent au processus de négociations tel qu'en témoigne, entre autres, les accords de Sodere. Il a insisté pour que les Nations Unies restent proches de ce processus de réconciliation nationale et a appuyé la proposition tendant à créer un fonds d'affectation spécial pour financer les rencontres entre les parties. Le représentant a exhorté tous les Etats à respecter l'embargo sur les armes. ll a exprimé sa préoccupation quant aux difficultés rencontrées par les institutions humanitaires dans l'exercice de leur mandat. Pour ce qui est du processus de rapatriement des réfugiés somaliens, il a indiqué que 10 000 personnes supplémentaires seront rapatriées d'ici au mois de juin. Il a souhaité qu'une attention particulière soit accordée aux réfugiés somaliens au Kenya. Il a insisté sur la nécessité d'ouvrir le port de Mogadiscio et d'éliminer "la ligne verte" qui divise la ville et barre l'accès aux infrastructures indispensables au travail des institutions humanitaires. Il a indiqué que son pays appuie la proposition du Secrétaire général en vue de renforcer et de rouvrir prochainement le Bureau des Nations Unies à Mogadiscio.

M. BILL RICHARDSON (Etats-Unis) a estimé qu'il revient aux dirigeants des factions somaliennes elles-mêmes de prendre la décision difficile et nécessaire d'instaurer un processus de réconciliation viable. Les Etats-Unis appuient les efforts des dirigeants régionaux, de l'OUA, de l'Autorité intergouvernementale de développement, de la Ligue des Etats arabes et des autres Etats qui ont essayé de faciliter les négociations. Toutefois les acteurs extérieurs ne peuvent ramener la paix en Somalie. La communauté internationale ne peut qu'assister les Somaliens dans leurs efforts de définir leur propre solution à la crise et de s'acheminer vers la paix, la stabilité, le droit, l'ordre et la réconciliation nationale. Les Etats-Unis lancent un appel aux chefs somaliens pour qu'ils mettent fin aux divisions qui les tiennent éloignés de la réconciliation politique et de travailler à la formation d'un gouvernement national reposant sur une large assise et représentant tout le peuple somalien.

M. NJUGUNA M. MAHUGU (Kenya) a déclaré que son pays accueille favorablement les efforts faits par les 27 partis politiques somalis ainsi que par les membres de la communauté internationale afin d'encourager le dialogue et les négociations politiques entre les Somaliens. Il a rappelé aux responsables des factions somalies que personne ne peut résoudre les problèmes

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de la Somalie à leur place. Il faut que ceux-ci fassent preuve de flexibilité afin que toutes les parties puissent être satisfaites. Il est capital que la Communauté internationale garde la question de la Somalie à son ordre du jour et continue de répondre aux besoins du peuple Somalien. Les agences des Nations Unies doivent continuer à s'occuper des secours humanitaires qui seront nécessaires tant que les problèmes politiques ne seront pas résolus. Les dirigeants somalis doivent, de leur côté, respecter le droit humanitaire international. Le représentant a regretté le manque de sécurité en ce qui concerne les opérations d'aide humanitaire, ce qui reste un obstacle à l'aide apportée aux populations qui en ont besoin. En tant que membre de l'IGAD, qui s'est continuellement efforcé de promouvoir la paix en Somalie, il a souligné plusieurs points. En premier lieu, il faudrait que la communauté internationale profite de ce moment, qui est favorable à l'établissement de la paix, pour faciliter les négociations. Ensuite, il faudrait que tous les efforts faits en vue d'assurer une paix durable en Somalie soient entrepris en coordination avec l'initiative de l'IGAD. Enfin, il faudrait apporter un soutien matériel et financier afin d'assurer le succès de la Conférence prévue à Bosaso. Le représentant du Kenya a rappelé qu'une initiative régionale destinée à aider la population Somalienne est en place et a demandé à la communauté internationale de soutenir cette initiative.

M. JUAN SOMAVIA (Chili) a rappelé que le siège de la Somalie depuis un certain nombre d'années est vide à l'Assemblée générale car le pays ne peut pas faire entendre sa voix au sein de l'Organisation. Cette situation reflète ce qui se passe sur le terrain. L'ONU ne peut même pas maintenir un bureau sur le terrain. Il y a un an, a-t-il rappelé, nous avons mené un débat public et le ton général était marqué par le pessimisme. Cependant depuis la fin de l'année dernière, les nouvelles ont été plus encourageantes. L'accord de Sodere a créé le Conseil de salut national. Les démarches du représentant italien a permis également de progresser. Néanmoins, la responsabilité incombe au premier chef aux Somaliens et, en particulier, aux dirigeants politiques pour la recherche d'une solution. Malheureusement, a regretté le représentant, certains dirigeants ne sont pas capables de dépasser leur propre intérêt personnel. Ils vivent confortablement tandis que la population fait les frais de leurs querelles internes.

Aux yeux du représentant, le statut futur de la Somalie doit être décidé par les Somaliens eux-mêmes. Ceux qui refusent de participer au processus de paix doivent comprendre qu'une occasion unique se présente à eux et qui leur permettra de définir le mode de société somalienne. La Charte des Nations Unies souligne le rôle de la diplomatie préventive mais aujourd'hui, la majorité des conflits sont d'ordre interne. Le résultat est que les instruments de la diplomatie classique n'ont pas la même efficacité. Dans le futur, a souligné le représentant, le Conseil de sécurité devra avoir recours à d'autres expériences pour la résolution des conflits tels que la participation des communautés ou la réduction des tensions.

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M. ZBIGNIEW MARIA WLOSOWICZ (Pologne) a estimé que le Conseil de sécurité n'a jamais été indifférent à la situation en Somalie mais que la responsabilité première pour la recherche de solutions et du dialogue incombe en premier lieu aux dirigeants Somaliens. Si la situation n'a guère changé depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité, les rencontres de Sodere et de Nairobi constituent néanmoins des étape importantes vers la réconciliation nationale. L'on ne peut mettre en doute la volonté de la communauté internationale d'aider la Somalie, a insisté le représentant qui a rendu hommage à l'Italie, au Kenya, à l'Ethiopie et à l'Egypte pour leurs efforts. Les factions doivent profiter de l'élan amorcé à Nairobi et à Sodere, a-t-il souligné. Il s'est en outre félicité de la prorogation de six mois des activités du Bureau politique des Nations Unies.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a attiré l'attention sur les vertus de la persistance et sur les moyens dont disposent encore la communauté internationale - les Nations Unies en particulier -pour apporter une contribution substantielle à la recherche de la paix en Somalie. Le plus grand espoir de voir se réaliser la paix dans ce pays réside dans les négociations en vue d'un règlement politique du conflit, et le transfert du pouvoir à un gouvernement représentatif de toutes les factions. Le Portugal accueille avec satisfaction la proposition d'une conférence de réconciliation nationale à Boussaro. L'entière responsabilité du succès de la réconciliation et du rétablissement de la paix est dans les mains du peuple somali. Les chefs des différentes factions devraient garder ce message à l'esprit, en particulier ceux d'entre eux qui se refusent à revitaliser le dialogue politique. Les efforts de médiation des Etats Membres et des organisations régionales, telles que l'Organisation de l'unité africaine et l'Union européenne devraient être étroitement coordonnés, et le processus de réconciliation doit comprendre les mesures suivantes : respect des droits de l'homme; établissement et strict respect de la règle de droit; création d'une armée et d'une police nationales, et promesse d'élections quand la situation le permettra. Evoquant la proposition visant la création d'une mission d'établissement des faits conjointe OUA\ONU, le représentant a fait valoir que sa délégation soutenait l'avis du Secrétaire général selon lequel il n'est pas évident qu'une telle mission pourra à l'heure actuelle apporter une contribution supplémentaire. Il a également mis l'accent sur l'importance que son gouvernement accorde au respect strict de l'embargo sur les armes imposé à la Somalie, et a estimé que la reprise du dialogue politique dans ce pays permettra, sans aucun doute, à la communauté internationale d'apporter tout son soutien aux efforts de réconciliation, de réhabilitation et de reconstruction de la Somalie.

M. JAN BERTELING (Pays-Bas), au nom de l'Union européenne et des autres pays associés, a réitéré l'appui de l'Union européenne aux efforts déployés par les Etats de la région et par les autres pays intéressés pour promouvoir un dialogue politique direct en Somalie et faciliter un règlement politique reposant sur une large assise. Le représentant a toutefois regretté que les résultats de ces efforts n'aient pas été concluants puisque dans chaque cas,

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un ou plusieurs acteurs somaliens ont refusé d'y participer. Cet état de fait souligne la nécessité de coordonner les divers efforts régionaux et de les intégrer dans une solution complète de la question somalienne dans son ensemble. Le représentant a souligné que la responsabilité ultime de la réconciliation nationale et du rétablissement de la paix incombe aux peuple somalien lui-même. L'Union européenne lance un appel à toutes les factions somalies pour qu'elles cessent immédiatement les hostilités et coopèrent aux efforts de paix et de réconciliation nationale. L'Union européenne est encouragée par la dernière réunion du Conseil national de salut et par la création d'un Comité conjoint de Mogadiscio chargé de parvenir à un règlement politique. Cette dernière initiative pourrait renforcer le climat actuel de dialogue et de compromis. La réponse de la communauté internationale au dernier appel conjoint interinstitutions des Nations Unies pour l'assistance en Somalie n'a été que limitée, a souligné le représentant en ajoutant que l'Union européenne encourage tous les Etats à contribuer généreusement aux appels des Nations Unies pour assurer la poursuite de l'aide et des efforts de reconstruction du pays. L'Union européenne formule l'espoir que les factions somalies s'abstiendront d'user de la violence, assureront la sécurité et la liberté de mouvement de tout le personnel humanitaire et faciliteront l'acheminement de l'aide humanitaire au peuple somalien. Ceci requiert l'ouverture de l'aéroport et du port de Mogadiscio. L'Union européenne rappelle qu'il existe un moyen par lequel la communauté internationale peut aider la Somalie à résoudre ses problèmes, c'est en respectant scrupuleusement l'embargo sur les armes et sur le matériel militaire décidé par le Conseil de sécurité.

M. PAOLO FULCI (Italie), faisant sienne la déclaration des Pays-Bas au nom de l'Union européenne, a rappelé que depuis janvier 1991, la Somalie est un pays sans gouvernement, ni loi, ni ordre public, ni sécurité alimentaire, sans que la communauté internationale ait pu trouver une réponse appropriée au problème. Les qualités de résistance dont le peuple somalien a fait montre jusqu'à présent ne doivent pas occulter la nécessité d'un Etat unifié disposant d'une autorité légitime. Les développements récents sont encourageants et récompensent les efforts de plusieurs pays, ainsi que la volonté des factions de parvenir à la paix. Aujourd'hui, plus que jamais, ces efforts doivent s'intensifier et être coordonnés. La décision récente du Conseil de salut public de convoquer une conférence de réconciliation nationale va dans ce sens et cette conférence, pour être un succès, doit adopter une approche globale, comme le prévoient les accords de Sodere et assurer la participation de l'ensemble des dirigeants des factions et des représentants de la société civile. Or il semble que certaines parties envisagent la création d'un second gouvernement provisoire, avant même qu'un accord global soit conclu, ce qui engendrerait des conflits de légitimité et augmenterait les tensions. La seule solution possible passe par le dialogue et la multiplication des rencontres entre toutes les parties. Les efforts ne doivent pas se concentrer seulement sur Mogadiscio mais être étendus à l'ensemble du pays.

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Le représentant a affirmé que l'Italie continuera d'apporter son assistance humanitaire pour soulager le fardeau du peuple somalien. A cet égard, il a évoqué la prochaine réunion à Rome des organes d'assistance humanitaire à la Somalie. Le Conseil de sécurité doit aujourd'hui envoyer un message fort et clair rappelant que le processus de réconciliation nationale doit rassembler toutes les factions somaliennes, car le destin du peuple somalien réside, au premier chef, entre ses propres mains et dans la volonté de ses dirigeants de dépasser leurs différends pour assurer la paix et le développement.

M. MOHAMMAD A. ABULHASAN (Koweït) a souligné que la guerre civile en Somalie a conduit la communauté internationale à prendre des mesures visant à sauver le peuple somalien du fléau d'un conflit qui au début n'avait aucune justification. Le Groupe des Etats arabes demandent au Conseil de sécurité de continuer de débattre de la situation en Somalie. La communauté internationale seule peut s'opposer à la volonté des belligérants de s'arroger les richesses d'un pays au détriment du peuple. Se félicitant des différents efforts de médiation, le représentant s'est réjoui de la participation du Conseil de salut national à la session de la Ligue arable grâce à la médiation de l'Italie. Le Groupe des Etats arabes estime qu'il faut tirer parti de cette évolution afin d'instaurer la stabilité en Somalie. La stratégie du Groupe des Etats arabes se fonde sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Somalie et l'engagement du Conseil de sécurité envers un règlement négocié en Somalie. Le Groupe des Etats arabes demande à toutes les factions de coopérer avec tous les efforts internationaux et régionaux et encourage les Etats à répondre généreusement à l'appel conjoint interinstitutions des Nations Unies afin de permettre la poursuite des efforts de secours d'urgence et de reconstruction de la Somalie.

M. SLAHEDDINE ABDELLAH (Tunisie) a souligné la nécessité d'un engagement soutenu de la part de la communauté internationale en faveur du rétablissement d'une paix durable en Somalie. La conclusion entre la plupart des factions somaliennes des deux accords de Nairobi, en octobre 1996, et de Sodere en janvier 1997, est incontestablement l'un des développements prometteurs de ces derniers mois, car ils dénotent de la part des signataires une prise de conscience et une volonté de mettre un terme à la guerre fratricide et de permettre la réintégration du pays au sein de la communauté internationale. A l'instar de la ligue des Etats arabes et de l'Organisation de l'Unité africaine, le représentant a mis en avant l'importance de l'adhésion de toutes les factions somaliennes au processus de paix en cours, ce qui pourrait laisser espérer que la conférence de réconciliation nationale, prévue par l'accord de Sodere, se tiendra avec la participation de toutes les tendances représentatives du peuple somalien.

D'un autre côté, les actions de médiation régionales et internationales doivent être menées d'une manière coordonnée et concertée et à cette fin, il serait utile de désigner un envoyé spécial de haut niveau qui aurait pour mission d'assurer la liaison entre les acteurs régionaux et d'appuyer leurs

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bons offices. Le rôle des Nations Unies est primordial et le Conseil de sécurité dispose de l'autorité nécessaire pour renforcer le camp des partisans de la paix et faire respecter strictement l'embargo sur les armes. Le représentant a apporté son appui à la proposition du Secrétaire général d'établir un fonds d'affectation spéciale, d'autant que la consolidation des progrès sur la voie de la réconciliation nationale passe impérativement par l'amélioration des conditions de vie de la population. A cet égard, il a appelé les factions somaliennes à faciliter le déroulement des activités humanitaires et à favoriser les conditions propices à la reconstruction et au relèvement économique du pays.

M. DURI MOHAMMED (Ethiopie) a estimé qu'aujourd'hui et pour la première fois depuis l'adoption de la Déclaration de Nairobi de 1994, des signes encourageants sont apparus et notamment à la suite de l'initiative du Président du Kenya. Celui-ci, en effet, a réuni les dirigeants des trois principales factions somalies en octobre dernier à Nairobi. Au même moment, l'Ethiopie, qui était mandatée par l'Organisation de l'Unité africaine et par l'Autorité intergouvernementale pour le développement, a conduit des négociations avec les factions somalies et les différents mouvements politiques. Les dirigeants de 26 organisations politiques se sont rencontrés pour des consultations de haut niveau à Sodere. Pour assurer le succès de la réunion de Sodere, l'Ethiopie a déployé tous les efforts pour que toutes les factions soient représentées. Malheureusement, a regretté le représentant, une des factions n'y a pas participé.

Le représentant a souligné que la responsabilité première pour la recherche de la paix incombe aux Somaliens eux-mêmes. La communauté internationale, quant à elle, se doit d'aider et de faciliter les efforts déployés. Dans leur Déclaration adoptée à Sodere, les dirigeants somaliens ont placé les intérêts nationaux au-dessus des intérêts de clan, reconnaissant ainsi la responsabilité qui leur incombe. L'établissement du Conseil du Salut national concrétise leurs engagements, a ajouté le représentant. Ce Conseil a pour objectif de lancer un processus préparatoire devant mener à l'établissement d'une Autorité transitoire centrale ou à un Gouvernement provisoire de Somalie. Les mouvements politiques de Somalie ont également convenu de tenir une Conférence de réconciliation nationale à Bosaso en Somalie, le 10 juin prochain. Pour que la paix et la réconciliation nationale s'enracine profondément, il est indispensable que le gouvernement futur de Somalie repose sur une assise large. A cet égard, le représentant a rappelé que les Accords de Sodere ont mis en place des procédure permettant d'y inclure tous ceux ayant participé au processus de négociations.

Aux yeux du représentant, les Nations Unies, et en particulier le Conseil de sécurité, devraient lancer un appel à toutes les parties somalies pour que celles-ci coopèrent avec l'Organisation de l'Unité africaine et avec l'Autorité intergouvernementale pour le développement. Les Nations Unies doivent indiquer clairement qu'elles ne tolèreront pas le refus des factions de coopérer avec ceux qui ont donné la preuve de leur engagement en faveur de

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- 13 - CS/809 23 avril 1997

la paix. L'Organisation doit également étendre l'aide qu'elle accorde à la Somalie avec le but de maintenir l'élan de paix. Le Conseil de sécurité devrait demander au Secrétaire général de créer un fonds d'affectation spécial afin de garantir le succès de la Conférence de réconciliation nationale de Bosaso. Le Conseil de sécurité devrait également mettre l'accent sur l'importance d'une coordination plus étroite et des consultations entre tous ceux qui travaillent à l'instauration de la paix en Somalie.

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