PKO/55

LE COMITE SPECIAL DU MAINTIEN DE LA PAIX TERMINE SON DEBAT GENERAL

11 avril 1997


Communiqué de Presse
PKO/55


LE COMITE SPECIAL DU MAINTIEN DE LA PAIX TERMINE SON DEBAT GENERAL

19970411 Réuni cet après-midi sous la présidence de M. Ibrahim Gambari (Nigéria), le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a achevé son débat général, entamé hier, sur l'étude d'ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.

Au cours du débat général, les délégations ont rappelé que les opérations de maintien de la paix sont des actions ponctuelles et ne constituent pas des solutions aux conflits. Elles ont appelé le Secrétariat des Nations Unies à élaborer des mesures de prévention et à développer un véritable mécanisme de diplomatie préventive. Certaines délégations se sont prononcées pour la création d'une unité chargé uniquement de mettre en oeuvre les instruments de la diplomatie préventive. Il a été souligné qu'étant donné leur caractère de plus en plus complexes, les opérations de maintien de la paix doivent avoir un mandat clair et précis, et être conformes aux principes tels que le consentement des parties au conflit, l'impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.

Les discussions ont également porté sur la crise financière du Département et sur ses implications politiques sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Nombre de délégations ont soulevé la question du prêt de personnel auquel le Département a de plus en plus recours. Elles ont mis en garde contre cette pratique contraire au principe de la représentation géographique des effectifs des Nations Unies. Les questions du remboursement des sommes dues aux pays fournisseurs de contingents, de la création d'un état major de mission à déploiement rapide, de la sécurité du personnel, des indemnisations en cas de décès et d'invalidité, des pratiques d'achat de matériel et d'équipement pour les opérations de maintien de la paix, et des consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de contingents ont également été abordées.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole au cours du débat: Népal, Japon, Jordanie, Nouvelle-Zélande, Argentine, République de Corée, Bélarus, Fédération de Russie, Kenya, Pérou, Equateur, Iran, Algérie, et Malaisie. L'observateur de la Suisse et le représentant de l'UNICEF, prenant également la parole au nom du HCR, ont également participé au débat.

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Le Comité se réunira dès lundi prochain, 14 avril, en Groupe de travail à composition non limitée, présidé par M. David Kaarsgad (Canada), pour formuler des propositions et recommandations visant à améliorer l'efficacité des opérations de maintien de la paix. Le Comité devrait se réunir en séance plénière le 2 mai, au plus tard, pour examiner et adopter le rapport du Groupe de travail.

La prochaine réunion plénière du Comité sera annoncée dans le Journal.

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M. BIKRAM SHAH (Népal) a souscrit à la déclaration faite par le représentant de la Thaïlande au nom du Mouvement des pays non alignés. Il s'est félicité de l'importance accrue du Comité spécial, vu sa composition élargie. Après avoir rappelé que son pays est un contributeur de troupes important, le représentant a déclaré qu'il est important de veiller à ce que le Comité ne soit pas perçu comme un organe menaçant d'empiéter sur des domaines qui relèvent de la responsabilité d'autres entités du système, en particulier du Département du maintien de la paix. Nous devons nous concentrer sur l'appui que nous pouvons apporter au travail de réforme et de restructuration en cours au sein du Département de maintien de la paix, a-t-il dit. A ce propos, il s'est dit encouragé par la détermination du Sous- Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Miyet, d'opérer une réforme en profondeur dudit Département en vue de le rendre plus efficace et plus transparent. Il a en outre attiré l'attention sur l'importance qu'il convient d'accorder au développement du système des forces en attente, et s'est félicité de l'évolution du processus d'établissement de ce système. Le Népal s'est engagé à mettre 2000 militaires et 200 policiers à la disposition des forces en attentes. Le Gouvernement népalais soutient également l'initiative visant à mettre en place un état-major pour les missions à déployer rapidement, étant entendu que ce dernier tiendra dûment compte de l'avis des Etats Membres et en particulier des pays contributeurs de troupes. Le représentant a soutenu la création d'un fonds de contributions volontaires pour financer cette unité en attendant qu'une base financière solide soit trouvée. Quelles que soient les réformes entreprises, a par ailleurs dit le représentant, l'Organisation ne pourra mener sa tâche à bien si elle continue de souffrir des problèmes financiers qu'elle connaît actuellement. Le Népal reste profondément attaché aux efforts menés par les Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité, et en dépit des lourds sacrifices que les casques bleus népalais ont déjà consentis dans l'exercice de leur mandat, le Népal continuera d'apporter son appui à la défense de la cause de la paix sous le drapeau des Nations Unies.

M. HISASHI OWADA (Japon) a noté qu'en cette période d'après guerre froide, la communauté internationale a eu à faire face à des situations de conflit qui ont résulté principalement de la désintégration des systèmes nationaux. A la lumière de ce qui précède, le représentant a estimé que les opérations de maintien de la paix traditionnelles ne sauraient suffire à répondre à ces situations. Illustrant ses propos, il a expliqué que dans la région des Grands Lacs, une opération des Nations Unies de type traditionnel ne pourrait pas réaliser une paix durable puisqu'il s'agit d'une région qui se trouve frappée par une myriade de problèmes sous-jacents au conflit. En conséquence, il est nécessaire d'envisager une approche exhaustive qui tienne compte des différents éléments qui jusqu'ici ont été abordés séparément. Cette démarche exigera que les activités du Conseil de sécurité, les opérations de maintien de la paix et les diverses institutions humanitaires et de développement agissent d'une manière intégrée et coordonnée. La tâche du Comité spécial doit donc être d'examiner comment ce type de démarche intégrée doit être conçu et mis en oeuvre.

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Depuis les échecs subis en Somalie et en ex-Yougoslavie, il existe une tendance qui veut que l'on revienne aux anciens types d'opérations de maintien de la paix alors que les Nations Unies sont appelées à jouer un rôle central dans les efforts internationaux pour relever les défis découlant des nouveaux types de conflits régionaux. De l'avis du Japon, il convient de traiter des problèmes dès le premier stade. En outre, la possibilité de déployer des forces multinationales pouvant agir rapidement mérite toute l'attention de la communauté internationale. Il serait utile d'étudier comment de telles forces pourraient coopérer et partager leur rôle avec les Nations Unies. Le Japon estime que pour accroître l'efficacité des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix, il convient de prendre certaines initiatives dont la formation d'un groupe de pays qui serait chargé d'aider les Nations Unies dès les premiers stades d'un conflit. Un tel groupe aurait pu être très efficace dans les cas du Zaïre ou de l'Afghanistan par exemple. Il convient également de renforcer la coopération entre les Etats d'une même région et la communauté internationale devrait, pour ce faire, constituer un fonds pour faciliter cette coopération. Des améliorations dans le renforcement des capacités de déploiement rapide, de la fourniture de l'assistance humanitaire qui doit se dérouler en toute sécurité pour le personnel du maintien de la paix, de la coopération avec les organisations régionales et du déminage font partie des mesures susceptibles d'accroître l'efficacité de l'ONU.

Son Altesse le Prince ZEID RAAD (Jordanie) a attiré l'attention sur la nature de plus en plus complexe et sur le caractère multifonctionnel des opérations de maintien de la paix. Cette tendance doit nous amener à réfléchir aux voies et moyens qui nous sont offerts d'adapter les procédures et mécanismes existants à cette nouvelle forme d'opérations, et en particulier pour ce qui est des structures de commandement de ces dernières. Le représentant a suggéré que le Secrétariat institue une nouvelle méthode de sélection des candidats aux postes de responsabilité des opérations de maintien de la paix. Ces derniers pourraient par exemple être sélectionnés par un Groupe d'experts établi par le Secrétaire général.

Le représentant a en outre insisté sur la nécessité de procéder à une uniformisation des compensations en cas de décès ou de blessures du personnel des opérations de maintien de paix. Si cette question relève effectivement de la responsabilité de la Cinquième Commission, elle n'en est pour autant pas à exclure des discussions au sein du Comité spécial. Selon le représentant, elle devrait être examinée conjointement par ces deux instances, et il convient de voir ici une opportunité pour le Comité et la Cinquième Commission de renforcer leurs relations et de travailler ensemble à la résolution de certains problèmes. La crise financière de l'Organisation a des répercussions très négatives sur l'image extérieure des Nations Unies, et sape la crédibilité de cette dernière auprès de l'opinion publique. Les Nations Unies, parce qu'elles ne peuvent rembourser les pays contributeurs de troupes des dépenses occasionnées par leur participation aux opérations de maintien de la paix risquent de se retrouver dans une position où seule une poignée de

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grandes puissances contribueront encore à ces opérations. Aussi est-il impératif de faire en sorte que tous les Etats Membres paient leurs dettes au titre du budget des activités de maintien de la paix.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a regretté que le Département des opérations de maintien de la paix manque toujours de ressources financières adéquates malgré les propositions faites à plusieurs reprises par le Secrétaire général. A la lumière de cette expérience, le représentant a dit attendre des informations actualisées sur ce que devraient être dorénavant les opérations de maintien de la paix du point de vue de la taille et des fonctions. L'octroi d'un personnel compétent est également essentiel aux yeux de la Nouvelle-Zélande. A cet égard, il est utile de rechercher des contributions volontaires en espèces tout en soulignant que le recours au personnel prêté par les gouvernements doit se faire sur une base temporaire et exceptionnelle. Poursuivant, le représentant a estimé que le succès des opérations repose également sur la qualité des consultations entre les trois groupes d'acteurs concernés, à savoir le Conseil de sécurité, les Etats fournisseurs de contingents et le Secrétariat. Se félicitant de l'institutionnalisation des consultations pertinentes par le Conseil de sécurité, il a souhaité que l'on aille plus loin et envisage des consultations avec des conseillers militaires avant de décider du déploiement d'une mission. Les mandats seraient ainsi plus clairement définis et gagneraient en viabilité.

Le représentant a également plaidé pour que les discussions du Comité spécial accordent aux points de vue de certains acteurs humanitaires l'attention qu'ils méritent. En ce qui concerne la capacité d'intervention rapide des Nations Unies, le représentant s'est félicité des progrès enregistrés dans la création de l'état major à déploiement rapide arguant que les organisations régionales ne sont pas toujours les instances les plus appropriés pour résoudre les nombreuses questions afférentes aux conflits. Le représentant a conclu en se déclarant préoccupé par le fait que certains gouvernements continuent de refuser de s'acquitter de leurs obligations financières. Jugeant cette situation intolérable, il a invité le Comité spécial à souligner, une fois encore, les implications politiques de cette situation. Selon lui, le Comité spécial est compétent pour recommander au Secrétaire général de prendre des mesures vigoureuses pour résoudre le problème. Le mandat du Comité spécial, a-t-il dit, est de renforcer l'efficacité des Nations Unies en matière de maintien de la paix et les membres du Comité ne doivent pas fuir cette responsabilité.

M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a déclaré que son pays fêtera en 1998 le 40ème anniversaire de sa participation aux opérations de paix, depuis l'envoi de forces au Liban en 1958. L'Argentine participe actuellement à 9 des 18 opérations de maintien de la paix. Elle se concentre dans les petites unités spécialisées. Le Commandant de l'UNFICYP est un Argentin. L'Argentine estime que les opérations de maintien de la paix constituent un instrument irremplaçable pour la paix et la sécurité internationales. Les

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Nations Unies doivent se conformer aux nouvelles tendances de l'ordre international et traiter les menaces à la sécurité. Les missions actuelles requièrent des effectifs plus réduits, mais leurs fonction sont plus importantes. Il est de la responsabilité des Etats Membres que les Nations Unies réagissent de manière adéquate aux nouveaux conflits. A cet effet, le Conseil de sécurité doit pouvoir bénéficier de l'avis de tous les Etats Membres, ce à quoi il ne parviendra que par une plus grande transparence de son action. Cependant, la difficulté d'accès des membres des Nations Unies aux informations fournies au Conseil nuit à leur possibilité de se former une idée claire des événements. Par ailleurs, un dialogue permanent avec les organisations régionales peut être très utile.

L'Argentine appuie l'usage de la diplomatie et des opérations préventives, de même que les mesures de consolidation de la paix. Elle estime que la reconstruction constitue un élément essentiel sur la voie de la réconciliation nationale, et rappelle à cet égard l'initiative des "Casques blancs" du Président Carlos Menem. Le déminage constitue un autre de ces éléments. Les Nations Unies doivent par ailleurs améliorer considérablement leur vitesse de réaction. L'Argentine est favorable à la mise en place d'un quartier général de déploiement rapide. Le concept de forces en attente doit également être redéfini. L'Argentine travaille actuellement à l'amélioration de l'entraînement de son personnel militaire et policier qui participe aux opérations des Nations Unies. Elle a ratifié la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et déplore que peu d'Etats aient imité cet exemple.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) a noté que son pays, qui participe activement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, attache la plus haute priorités au renforcement de l'efficacité de l'Organisation dans ce domaine. Il s'est félicité des mesures qui ont été prises à cette fin, ainsi que du rôle novateur que continue de jouer le Comité spécial en stimulant la réflexion commune et la recherche de solutions concertées à apporter au mécanisme de maintien de la paix afin d'en renforcer la capacité. A l'exception de quelques points dans le monde, parmi lesquels figure la péninsule de Corée, la guerre froide est bel et bien enterrée, et les Nations Unies doivent dorénavant faire face à des crises multidimensionnelles, d'une complexité sans précédent. Aussi est-il urgent et impératif que l'Organisation adapte son action et ses mécanismes à ces nouveaux défis. Toute action entreprise à cette fin par le Département du maintien de la paix doit viser un seul et même objectif : l'efficacité de la gestion et de la conduite des opérations de la paix. A ce sujet il a en particulier attiré l'attention sur deux questions qui demandent une action prioritaire: la question des fonctionnaires prêtés gratuitement par les Etats Membres au Département du maintien de la paix, qui représentent maintenant plus de 50% du personnel dudit Département, et dont la contribution a été sans valeur jusqu'à ce jour, d'une part, et d'autre part, la question du commandement des opérations de maintien de la paix, y compris le rôle que le Département du maintien de la paix doit jouer vis-à-vis des structures de commandement de ces

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opérations, et la prise de décisions sur les questions importantes qui surviennent à certains stades des opérations. Il convient de s'assurer que les décisions prises au Siège ne mettent pas en péril la vie des Casques Bleus sur le terrain. Le représentant a par ailleurs mis l'accent sur l'importance que revêt aux yeux de sa délégation le développement de stratégies d'action préventive. Il a fait part des préoccupations de son pays à l'égard de ce type de stratégie, dans la mesure où elle peut servir de prétexte à certains pour justifier une ingérence dans les affaires internes d'un Etat.

M. ALYAKSANDR SYCHOU (Bélarus) a déclaré qu'en matière de maintien de la paix, la priorité doit être donnée aux mesures de diplomatie préventive. En ce qui concerne le fonctionnement des opérations de maintien de la paix, le représentant a souligné que l'expérience a montré que leur succès repose sur la formulation par le Conseil de sécurité d'objectifs politiques précis, d'un mandat clair, d'une structure de commandement efficace, de règles strictes d'engagement de la force militaire. Leur succès dépend aussi de la fourniture du personnel et du matériel appropriés et d'une bonne base financière. Il repose également sur leur conformité aux principes fondamentaux de la Charte comme le consentement des parties au conflit, l'impartialité et le non recours à la force.

Le représentant a, par ailleurs, souligné l'importance qu'il y a à distinguer sans équivoque les opérations de maintien de la paix de type traditionnel et celles lancées en vertu du Chapitre VII de la Charte. Une prudence extrême doit présider à la décision d'impliquer une force militaire dans une opération. Le Bélarus, qui a toujours souligné l'importance des mesures préventives, estime que les opérations de maintien de la paix ne constituent pas les meilleurs moyens de régler les conflits. Elles ne doivent être lancées que pour prévenir l'escalade des situations explosives. Pendant le déroulement d'une opération, la communauté internationale se doit de continuer à rechercher les voies et moyens de régler le conflit de manière pacifique. En ce qui concerne la participation du Bélarus aux efforts de paix des Nations Unies, le représentant a affirmé que les instances pertinentes de son pays sont en train d'étudier les moyens d'adhérer aux arrangements relatifs aux forces en attente. A cet égard, le Bélarus accueillerait avec satisfaction l'assistance des Etats membres expérimentés en matière de formation.

M. YURI FEDOTOV (Fédération de Russie) a déclaré qu'un maintien de la paix efficace implique une relation étroite entre le bon fonctionnement des opérations de maintien de la paix et les efforts politiques visant à régler les conflits. Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être clairement définis et fondés sur des ressources humaines, matérielles et financières appropriées, conformément aux critères et principes établis. La notion d'action préventive nécessite une analyse approfondie. L'expérience de l'opération des Nations Unies en Macédoine a mis en exergue la nécessité de définir de façon plus précise une "stratégie de sortie", ainsi que les principes d'une reconfiguration ponctuelle de l'opération après que la

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situation ait changé. Les principes de maintien de la paix doivent être pleinement appliqués aux opérations de prévention mandatées par le Conseil de sécurité, notamment, le consentement des parties, le non-recours à la force à l'exception des cas de légitime défense, le respect de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats sur le territoire duquel le déploiement préventif est exercé. En conséquence, a estimé M. Fedotov, ce sont principalement des observateurs militaires et le personnel civil nécessaire plutôt que des contingents militaires qui devraient garantir l'autorité des opérations de prévention, bien que l'usage de la force ne doive pas être totalement exclu au cas où le Conseil de sécurité établirait l'existence d'une menace à la paix.

La Fédération de Russie appuie l'idée d'une participation plus active des organisations régionales à la diplomatie préventive, aux efforts en faveur de la paix et, en cas de besoin, au maintien de la paix. A cet égard, M. Fedotov a souligné le rôle de son pays dans le cadre de la coopération entre la Communauté des Etats indépendants (CEI) et les Nations Unies. Pour renforcer l'efficacité de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, il est impératif de faire une répartition équitable de leurs responsabilités tout en préservant le rôle prépondérant du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le régime des accords relatifs aux troupes en attente pourrait contribuer au renforcement de l'efficacité des activités de maintien de la paix. M. Fedotov a jugé utile l'idée de créer au sein du Secrétariat des Nations Unies un quartier général de missions pouvant être déployer rapidement.

M. NJUGUNA M. MAHUGU (Kenya) a regretté que la majorité des officiers détachés à titre gracieux provient des pays développés. Ceux-ci sont affectés dans des secteurs stratégiques du Département des opérations de maintien de la paix et notamment à la division de la planification, de la logistique, à la section financière et au groupe des politiques, a-t-il précisé. Il a appelé instamment à moins de dépendance vis-à-vis de ces officiers, à une répartition équitable des postes et à la transparence. Il a également souhaité que ces officiers fassent preuve de responsabilité dans le travail qui leur est confié. Par ailleurs, il a accueilli favorablement la conclusion des accords relatifs aux forces en attente et la création d'un état-major de missions rapidement déployable. Un tel mécanisme doit être financé par le budget régulier des Nations Unies et le compte de soutien des opérations de maintien de la paix. Les Etats Membres doivent régler leurs contributions à temps, dans leur totalité et en application du barème des quotes-parts existant, a-t- il précisé. Le représentant a en outre plaidé en faveur d'un barème d'indemnisation unique en cas de décès et d'invalidité et a souligné l'importance de la coopération avec les organisations régionales.

Général LUIS SALAZAR-MONROE (Pérou), se félicitant de l'élargissement de la composition du Comité spécial, a jugé impératif d'augmenter le nombre des membres du Bureau en respectant le principe de la répartition géographique équitable. Le représentant a également souhaité que des progrès soient

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effectués dans l'élaboration d'un code de conduite à l'intention du personnel du maintien de la paix et que le Groupe des enseignements tirés de l'expérience des missions poursuive ses travaux en étant doté de ressources humaines et financières adéquates. En ce qui concerne la question du prêt de personnel auquel le Département a recours, le représentant a estimé que cette question doit être traitée très sérieusement et que le recrutement doit se faire en utilisant des critères de compétence et de transparence. Le processus de rationalisation des ressources entrepris par les Nations Unies ne saurait constituer un argument valable. En outre, le représentant a invité le Comité spécial à trouver les raisons pour lesquelles certains pays refusent de participer désormais aux opérations de maintien de la paix. Une plus large participation des Etats membres assurerait, en effet, une meilleure légitimité des mesures prises par les Nations Unies et une exécution plus efficace.

M. OLIVIER F. DESARZENS (Suisse) a indiqué que son pays privilégie les contributions en faveur des opérations préventives et de consolidation de la paix, dans la mesure où celles-ci ont un impact réel sur la cause des conflits. Dans le cadre des efforts de consolidation de la paix, il a souhaité que le déminage, la promotion de la démocratie, des droits de l'homme et des droits des minorités soient au rang des priorités. Le représentant a salué la participation croissante des organisations régionales aux efforts de maintien de la paix et le travail des missions de diplomatie préventive de l'Organisation. Il a en outre expliqué que le vote négatif de juin 1994 sur le projet de mise à disposition aux Nations Unies d'un contingent armé Suisse n'affecte en aucune manière le soutien traditionnel de la Suisse aux opérations de maintien de la paix. A l'avenir, a-t-il ajouté, la Suisse compte poursuivre et renforcer l'engagement de personnel sur le terrain (experts civils, observateurs de police, observateurs militaires, contingents militaires non armés), poursuivre l'opération aérienne en faveur de la Mission d'Observation des Nations Unies en Géorgie, poursuivre et renforcer les contributions volontaires effectuées dans le domaine de l'assistance au déminage. A cet égard, le représentant a souligné l'importance qu'attache son pays à l'intensification de la campagne pour l'interdiction totale des mines antipersonnelles.

M. EMILIO IZQUIERDO (Equateur) a rappelé que son pays contribuait activement aux efforts de paix des Nations Unies et a réitéré l'importance que son pays attache à l'officialisation de la pratique des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes. Le représentant a par ailleurs fait part de sa préoccupation devant le nombre important de fonctionnaires prêtés gratuitement par des Etats Membres à l'Organisation et qui travaillent au Département du maintien de la paix. L'Equateur considère que cette pratique a été instaurée en tant que mesure d'urgence, et à titre provisoire pour pallier aux effets négatifs de la crise financière. Le représentant a toutefois souligné que cette mesure était tout à fait contraire aux principes régissant le statut des fonctionnaires internationaux. IL a par ailleurs attiré l'attention sur les répercussions que la crise financière risque d'avoir, si elle se poursuit, sur la motivation des pays contributeurs

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de troupes : il serait dangereux, a-t-il souligné, que la participation des Etats Membres aux opérations de la paix se transforme, par un effet pervers, en un privilège exclusivement réservé aux Etats les plus riches.

M. MEHDI DANESH-YAZDI (Iran) a souligné que certains principes fondamentaux devraient être suivis lors de la mise ne place et du fonctionnement de toutes les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Les opérations de maintien de la paix ne devraient jamais être considérées comme un moyen de substitution au règlement pacifique des différends. Ces opérations devraient observer strictement les principes et objectifs énoncés dans la Charte des Nations Unies, en particulier les principes de plein respect de la souveraineté et de l'égalité de tous les Etats, de leur intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures. Le représentant a souligné que les opérations de maintien de la paix ne devraient pas être de nature interventionniste. Les leçons tirées du passé montrent clairement que le consentement des parties concernées, l'impartialité et le non-recours a la force constituent les éléments clé du succès de ces opérations. De l'avis de sa délégation, le recours à des prêts et le recrutement de personnel volontaire sont contraires à l'esprit de la Charte et au règlement du personnel de l'Organisation. Par ailleurs, M. Danesh-Yazdi s'est félicité de l'initiative visant à élaborer un code de conduite pour le personnel de maintien de la paix des Nations Unies, compatible avec le droit humanitaire international en vigueur.

M. NACERDINE SAI (Algérie) a appuyé la déclaration faite par la Thaïlande, au nom des pays non alignés. Il a estimé que, s'il est admis que l'ONU agit au nom de la communauté internationale tout entière, le véritable pouvoir de décision reste le privilège d'un nombre limité de pays dont les motivations ne sont pas toujours susceptibles de traduire la volonté collective des Etats membres. Les occasions de s'exprimer sont rares pour la majorité des Etats. A ce titre, le Comité des opérations de maintien de la paix reste quasiment le seul cadre où ce droit est exercé, pour l'expression de simples avis, alors qu'il est demandé une véritable association des pays intéressés à la gestion des opérations de maintien de la paix dans tous leurs aspects. Dans ce cadre, l'Algérie insiste tout particulièrement sur la nécessité d'approfondir les consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, car ce sont ces derniers qui offrent en réalité les véritables outils nécessaires à la réussite de toute opération de maintien de la paix. La délégation d'Algérie insiste également sur la nécessité d'élargir ces consultations aux pays qui abritent des activités liées aux opérations de maintien de la paix.

Par ailleurs, l'Algérie insiste sur la nécessité de réagir promptement aux besoins de lancement d'opérations de maintien de la paix; sur l'urgence de remédier à la crise financière de l'ONU, laquelle est due essentiellement au manquement de certains pays à leurs obligations financières envers l'Organisation; et sur l'obligation faite à l'ONU de s'acquitter convenablement de ses dettes envers les pays contributeurs de troupes,

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notamment le remboursement des frais occasionnés par la participation de leurs troupes aux opérations de maintien de la paix, en particulier les pays à faible revenu et capacités. L'établissement d'un système uniforme de compensation de décès et d'invalidité pour les personnels des opérations de maintien de la paix devrait rétablir le principe d'équité et d'égalité de tous ceux qui se mettent au service de l'ONU.

M. HASMY BIN AGAM (Malaisie) s'est déclaré préoccupé par les conséquences que la situation financière actuelle du Département des opérations de maintien de la paix pourrait avoir sur la participation future des Etats Membres, en particulier les pays en développement. Il s'est demandé comment l'Organisation entend accomplir son mandat si les Etats membres continuent de se montrer si peu prêts à s'engager. En conséquence, il faut lancer un appel urgent aux Etats membres pour qu'ils honorent leur obligations, s'acquittent de leurs dettes et paient leur contribution en temps voulu. S'agissant du remboursement des pays fournisseurs de contingents, le representant a souligné que l'importance des sommes dues est susceptible d'affecter la volongé des Etats de participer aux opérations de maintien de la paix. Il a lancé un appel au Secrétaire général pour qu'il accorde la priorité au règlement des plaintes en suspens et qu'il garantisse le remboursement des sommes en temps voulu.

Venant à la question des officiers fournis gratuitement, le représentant s'est montré préoccupé par le fait que leur nombre a atteint des proportions alarmantes. Ceci est en contradiction avec le principe de la représentation géographique équitable dans les effectifs. La Malaisie invite le Secrétaire général à reexaminer la présente composition du Département des opérations de maintien de la paix et à se séparer de ce personnel prêté. Concluant sur la création de l'état-major de mission à déploiement rapide, le représentant a souhaité que le Comité soit consulté et que l'occasion lui soit donnée de discuter de la question et de prendre des décisons avant toute finalisation du processus. La Malaisie estime que le processus de sélection du personnel de l'état-major doit se faire d'une manière transparente et que des directives claires et acceptables devront lui être fournies.

M. NIGEL FISHER, Directeur du Bureau des Programmes d'urgence du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), dans une déclaration commune avec le Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR), a, en sa qualité d'observateur, évoqué la question de l'impact des conflits armés sur les enfants. Rappelant la résolution omnibus adoptée par l'Assemblée générale à sa dernière session, il a précisé qu'au cours de la décennie écoulée les conflits armés ont fait 2 millions de victimes parmi les enfants, 4 à 5 millions de blessés, 12 millions de sans abri et 10 millions d'enfants victimes de séquelles psychologiques. Les enfants soldats sont encore aujourd'hui estimés à 250 000 et le nombre des mineurs victimes d'agressions sexuelles et d'autres formes d'exploitation ne cesse d'aller croissant. La responsabilité de la protection des enfants dans les conflits armés incombe au premier chef aux Etats Membres, toutefois l'UNICEF et le HCR recommandent que

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lorsqu'il en est besoin, la protection des enfants soit incluse dans les mandats de maintien de la paix et de démobilisation ainsi que dans la formation des personnels de maintien de la paix envoyés sur le terrain par le Conseil de sécurité. Pour ce qui est en particulier des enfants soldats, il est urgent que les Etats achèvent la phase d'élaboration du nouveau protocole facultatif à la Convention des droits de l'enfant, qui vise à interdire le recrutement et la participation des enfants de moins de 18 ans dans les conflits armés, y compris l'enrôlement volontaire.

Soulignant que le taux de prostitution enfantine augmente souvent avec l'arrivée des troupes de maintien de la paix, il a indiqué que ce phénomène est étroitement lié au niveau de discipline des personnels de maintien de la paix, à l'exigence du respect des codes de conduite par les commandements et à la tradition d'impunité dont les militaires bénéficient dans certains régiments. Les viols et la prostitution des enfants sont très répandus dans les situations d'extrême pauvreté ou de déplacement et de rapatriement. Les enfants sont alors forcés à coopérer sexuellement en échange de nourriture ou de papiers. L'UNICEF et le HCR demandent d'interdire l'exploitation sexuelle des enfants de moins de 18 ans. Par ailleurs, l'exploitation sexuelle et la prostitution des enfants devraient être considérées par les autorités militaires, dont les courts martiales, comme des infractions disciplinaires. Pour ce type de violations, des plaintes publiques et des procédures d'enquêtes devraient être rendues possibles au niveau national et international. Un ombudsman, nommé au sein de chaque opération de maintien de la paix et chargé de s'occuper de ces violations, constituerait une avancée capitale, a-t-il ajouté. En outre, l'UNICEF et le HCR appellent de leur voeux l'adoption d'un code de conduite pour les personnels de maintien de la paix des Nations Unies, qui serait conforme avec le droit humanitaire international et les droits de l'homme. Il a également appelé au renforcement de la coopération entre les Etats Membres, l'ensemble du système des Nations Unies et les agences spécialisées.

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