En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/406

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE POURSUIT SON DEBAT DE HAUT NIVEAU

9 avril 1997


Communiqué de Presse
ENV/DEV/406


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE POURSUIT SON DEBAT DE HAUT NIVEAU

19970409

La Commission du développement durable a poursuivi ce matin son débat de haut niveau consacré aux préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale relative à l'évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21 et au rapport final du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Elle a entendu une déclaration de M. Razali Ismail (Malaisie), Président de la cinquante et unième session l'Assemblée générale, qui a souligné que les déclarations politiques d'intention ne répondront pas aux objectifs de développement durable si les gouvernements ne prennent pas d'engagements concrets en ce qui concerne les ressources financières et les institutions ainsi que les instruments nécessaires à la mise en oeuvre et à la vérification de ces engagements. A cet égard, il a appelé tous les partenaires à renouveler les efforts non seulement pour réaffirmer les engagements pris à Rio, mais également à aller au-delà de ces engagements et à les maintenir.

La Commission a entendu en outre la déclaration des personnalités suivantes : M. Gudmundur Bjarnason, Ministre de l'environnement de l'Islande; M. Kaveli Hemila, Ministre de l'agriculture et des forêts de la Finlande; M. Pavel Gantar, Ministre de l'environnement et de la planification physique de la Slovénie; M. Vladislav Bizek, Vice-Ministre de l'environnement de la République tchèque; M. Simon Upton, Ministre de l'environnement et de l'aide publique au développement de la Nouvelle-Zélande; M. Jozef Zlocha, Ministre de l'environnement de Slovaquie; M. Jan Peeters, Secrétaire d'Etat à l'environnement, à l'intégration sociale et à la sécurité de la Belgique; M. Emil Marinov, Vice-Ministre de l'environnement de la Bulgarie; M. Svend Auken, Ministre de l'environnement et de l'énergie du Danemark; M. Sergio Marchi, Ministre de l'environnement du Canada; M. Imantas Lazdinis, Ministre de la protection environnementale de la Lituanie; et M. Z. Pallo Jordan, Ministre de l'environnement et du tourisme de l'Afrique du Sud. Le Président du Comité d'Etat pour la protection de l'environnement de la Fédération de Russie, M. Danilov-Danilian, a fait une déclaration.

(à suivre - 1a)

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La Commission a également entendu la déclaration des représentants des pays suivants : Trinité-et-Tobago, au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires), Bénin (qui a donné lecture de la déclaration des ministres et chefs de délégation des pays ayant le Français en partage), Hongrie, Malaisie, République islamique d'Iran, Turquie, Chili et Inde. Elle a également entendu la déclaration des personnalités suivantes : le Directeur exécutif de l'Agence des affaires de l'environnement de l'Egypte; le Sous-Directeur de l'Institut national des ressources naturelles renouvelables (IRENARE) de Panama; le Secrétaire permanent du Ministère thaïlandais de la science, de la technologie et de l'environnement; le Sous-Secrétaire du Ministère du logement, de l'aménagement du territoire et de l'environnement de l'Uruguay; le Conseiller du Président de la République du Guyana pour la science, la technologie et l'environnement; la Directrice de l'environnement et des ressources naturelles au Ministères des affaires étrangères du Nicaragua. Le représentant de la Banque mondiale et les représentants des organisations non gouvernementales "Association de Zanzibar pour le progrès" et "Energie solaire métropolitaine ont également pris la parole.

La Commission, en début de réunion, a entendu le Président, M. Moustafa Tolba (Egypte) qui a indiqué que le Bureau était désormais complet puisque les différents groupes régionaux avaient fini par se mettre d'accord pour élire aux deux derniers postes de vice-président MM. Czestaw Wieckowski (Pologne) et M. Bagher Asadi (République islamique d'Iran). La Commission avait élu lors de sa séance inaugurale, dans la matinée du mardi 8 avril les deux autres vice-présidents, Mme Monika Linn-Locher (Suisse) et M. John Ashe (Antigua-et- Barbuda).

La Commission poursuivra son débat de haut niveau demain, mercredi 10 avril, à 10 heures.

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Suite du débat de haut niveau

M. GUDMUNDUR BJARNASON, Ministre de l'environnement de l'Islande, a souligné que les besoins de la population mondiale ne pourront être satisfaits longtemps si le rythme actuel de consommation des ressources se poursuit. L'Islande souhaite que les océans soient mentionnés dans la déclaration finale qu'adoptera la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation de la mise en oeuvre d'Action qui se réunira à New York en juin prochain. L'Islande est favorable à la suppression des subventions accordées à la pêche si l'on veut protéger quelque peu cette ressource importante. Il convient également d'augmenter la part des sources d'énergie renouvelables pour encourager le développement durable. Il faudra s'assurer de la mise en oeuvre des recommandations de la session extraordinaire de l'Assemblée générale. La communauté internationale doit, par conséquent, élaborer des schémas de production et de consommation durable et suivre leur mise en oeuvre.

M. SALAH HAFEZ, Directeur exécutif de l'agence égyptienne des affaires de l'environnement de l'Egypte, a déclaré qu'il est essentiel que tous les pays réaffirment leur engagement et leur détermination à atteindre l'objectif du développement durable. L'Agenda 21 a permis d'établir un cadre clair pour le développement durable. L'Egypte n'a épargné aucun effort pour mettre en oeuvre l'Agenda 21 et est en train d'établir un plan égyptien de l'Agenda 21 pour le 21ème siècle. Le Ministre a appelé à la coopération internationale. Il est important d'évaluer l'ordre du jour de l'Agenda 21 de façon complète et non sélective. Il faut tenir compte des pays en développement afin qu'ils puissent atteindre les objectifs fixés. Il est nécessaire d'expliquer clairement ce dont on a besoin puis d'établir un programme dynamique pour atteindre les objectifs de l'Agenda 21. Des ressources supplémentaires devraient être dégagées. Le Ministre a déploré que l'aide officielle au développement ait été réduite. Il a noté qu'aucun progrès n'a été accompli dans le domaine du transfert des nouvelles technologies. Il faut que soit établi un cadre permettant un transfert de ce type. La protection de l'environnement ne doit pas se transformer en protectionnisme. Il faut veiller à ce que chaque mécanisme en place joue le rôle qui lui est donné dans l'Agenda 21. Le problème de la désertification doit absolument être résolu. Il ne s'agit pas de renégocier les engagements pris précédemment mais de les réaffirmer.

M. KALEVI HEMILA, Ministre de l'agriculture et des forêts de la Finlande, a estimé que les gouvernements ont la responsabilité principale de la mise ne oeuvre d'Action 21 et des engagements de la CNUCED, mais que la promotion du développement durable est l'affaire de tous. En Finlande, le travail de la Commission nationale du développement durable, auquel participent le premier ministre et les autres ministres, de même que les représentants de la société au sens large, est très efficace. En ce qui concerne les structures institutionnelles mises en place afin de traiter des

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questions de développement durable et d'environnement mondial, la Finlande considère qu'elles devraient être mieux orientées et renforcées. Le financement d'Action 21 dans les pays en développement nécessite la mobilisation de ressources intérieures, extérieures, publiques et privées. La Finlande poursuit l'objectif de consacrer 0,7% de son PNB à l'aide publique au développement. L'APD doit être utilisée pour favoriser le développement durable et pour améliorer l'environnement afin qu'il soit favorable à des opérations du secteur privé dans des pays qui n'en bénéficieraient pas autrement. L'augmentation des ressources du FEM est essentielle à ce titre, et la Finlande est prête à y participer. Elle est prête à augmenter l'APD pour la gestion durable des forêts, et elle soutient le cadre d'action préparé par la Banque mondiale et le FMI pour les pays pauvres lourdement endettés.

En ce qui concerne la politique forestière internationale, la Finlande se félicite du travail effectué par le groupe intergouvernemental sur les forêts. La fixation de critères et d'indicateurs pour la gestion durable des forêts est essentielle à la réalisation de progrès dans ce domaine, et la Finlande soutient leur développement et mise en place au niveau national sur une base multi-sectorielle et avec la pleine participation de toutes les parties intéressées. La certification des forêts est un des outils utilisés pour la promotion de la gestion durable des forêts. Il s'agit principalement d'un instrument privé, mais les gouvernements ont un rôle à jouer afin de créer des conditions favorables à la certification. La Finlande soutient les efforts visant à établir un instrument juridiquement contraignant pour tous les types de forêts, dont la convention sur les forêts serait la première étape. Elle estime que la cinquième session de la Commission du développement durable devrait préparer la mise en place d'un comité de négociation intergouvernemental et définir son mandat, ses buts et un agenda, afin qu'une décision soit prise lors de la session spéciale en juin.

M. DIMAS ARCIA, Sous-Directeur de l'Institut national des ressources naturelles renouvelables (IRENARE) de Panama, a indiqué que son pays participera activement à la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21 et fera part, à cette occasion, de toutes les mesures qu'il a prises depuis la Conférence de Rio en matière de développement durable. M. Arcia a reconnu que dans l'ensemble, son pays a appliqué, avec lenteur, les préceptes dégagés à Rio. Il a rappelé que le Panama s'est doté d'une législation qui a permis de classer 25% de son territoire en zone protégée. Pour autant, le pays a besoin d'une coopération internationale qui doit non seulement se manifester au niveau financier, mais aussi au niveau technique. A cet égard, M. Arcia s'est dit convaincu qu'au cours des prochaines années, l'aide publique au développement loin de continuer à se réduire, augmentera de façon significative. M. Arcia a indiqué que depuis l'an dernier, son pays a pris l'initiative de diriger les efforts sous-régionaux en matière de développement durable, en élaborant notamment un document sur la nécessité de maintenir la

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diversité biologique. Le Panama, qui exerce actuellement la présidence de la Commission centraméricaine de l'environnement et du développement, n'a pas besoin de souligner que le débat actuel au sein de la Commission du développement durable intéresse au plus haut point les membres de l'Alliance pour le développement durable de l'Amérique centrale.

M. PAVEL GANTAR, Ministre de l'environnement et de la planification physique de la Slovénie, a déclaré que son gouvernement soutient la déclaration des Pays-Bas au nom de l'Union européenne. Il a reconnu l'importance des travaux du Groupe de travail spécial intersessions à composition non limitée. Le Ministre estime qu'il est juste de déclarer que les problèmes de l'environnement restent profondément liés au tissu socio- économique des nations et ce, dans toutes les régions. Une approche plus régionaliste doit être envisagée afin de permettre la mise en oeuvre de façon plus efficace des recommandations de la Conférence des Nations Unies pour l'environnement et le développement (CNUED). Le Ministre a indiqué que les priorités des pays en transition ne sont pas les mêmes que celles des pays en développement. Il est nécessaire d'avoir une approche diversifiée. Il a estimé qu'il est capital de mettre en oeuvre les documents de Rio. Au niveau national, la Slovénie a stimulé les communautés locales afin qu'elles préparent leur propre Agenda 21 local destiné à résoudre les problèmes locaux tels que l'eau douce, l'hygiène, la planification urbaine durable et l'énergie. Pour la Slovénie, de même que pour de nombreux pays en transition, il est important de lier la restructuration économique vers une économie de marché au concept de durabilité. L'utilisation de l'énergie et des ressources naturelles doit être rationalisée. Les besoins des petits états insulaires doivent être examinés avec attention. Le Ministre a mentionné, pour illustrer le besoin d'une approche régionale, qu'une coopération régionale continue à se développer dans le cadre de la Convention sur la protection des Alpes (Salzburg, 1991).

M. ANDREW STEER, Représentant la Banque mondiale, a mentionné les efforts entrepris par la Banque mondiale et toutes les organisations non gouvernementales qui se consacrent au développement durable. La mise en oeuvre du programme de l'Agenda 21 exige que les modes de financement soient modifiés et soient plus efficaces. M. Steer a regretté que l'aide publique au développement ait diminué. La session extraordinaire de l'Assemblée générale doit demander une aide publique. La Banque mondiale espère mobiliser des ressources additionnelles. M. Steer a déclaré que les 3/4 des flux privés ne sont dirigés que vers 12 pays en développement. Il faut que davantage de pays en développement puissent en bénéficier. La gestion des eaux, des forêts, des zones côtières est capitale. La Banque mondiale estime qu'il y a un énorme potentiel non utilisé. M. Steer a estimé que les organisations non gouvernementales et les communautés locales ont un rôle important à jouer pour le développement durable. Il est important de tenir compte des facteurs de l'environnement dans tout ce qui concerne le développement. L'énergie devrait être un thème clé de la session extraordinaire de l'Assemblée générale.

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Une collaboration entre les différents groupes est nécessaire. Il est essentiel de mettre en oeuvre les mesures envisagées par le passé et la Commission du développement durable a un grand rôle à jouer à ce sujet.

M. VLADISLAV BIZEK, Vice-Ministre de l'environnement de la République tchèque, a indiqué que son pays appuie les conclusions du rapport du Groupe de travail intersessions à composition non limitée de la Commission du développement durable et estime que ce rapport couvre toutes les questions pertinentes. Cependant, le Ministre a estimé que le rapport aborde de façon insuffisante trois points essentiels. Tout d'abord, il importe de pouvoir mieux décrire le concept de durabilité et d'arrêter de façon précise des objectifs. La République tchèque organisera en fin d'année un atelier sur les indicateurs du développement durable afin de traduire les mots en action concrète. Le Ministre a également souligné la nécessité de disposer d'instruments économiques axés sur le marché pour le développement durable. La République tchèque organisera en outre un atelier sur ce point en octobre prochain. Enfin, la République tchèque estime que l'importance des problèmes relatifs aux matières chimiques et à la sécurité chimique est sous-estimée. C'est pourquoi, elle souhaite que les trois questions sur lesquelles elle met l'accent soient évoquées dans le document final de la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée en juin à la mise en oeuvre d'Action 21.

M. SIMON UPTON, Ministre de l'environnement et de l'aide publique au développement de la Nouvelle-Zélande, rappelant qu'il était en charge au sein de son gouvernement de deux responsabilités rarement cumulées, a estimé que cela reflète la position de son pays vis-à-vis des préoccupations en matière d'environnement et de développement durable qui sont étroitement liées. M. Upton a indiqué que son pays a augmenté de près de 30% son aide publique au développement depuis la Conférence de Rio et qu'il augmentera encore sa contribution l'an prochain. "Nous réaffirmons les engagements que nous avons pris à Rio", a-t-il déclaré. Le Ministre a souligné que la durabilité est le principe directeur du programme néo-zélandais d'aide publique au développement, qui a récemment lancé le Programme régional pour l'environnement dans le Pacifique Sud qui a pour objectif d'aider les pays riverains à résoudre les problème d'ordre environnemental. Le Ministre a estimé que l'aide publique au développement doit être utilisée de façon novatrice en faveur du développement durable et doit contribuer à mobiliser l'énorme potentiel que constituent les flux de capitaux privés. Le Ministre a estimé que cinq ans après Rio, les responsabilités des différentes organes des Nations Unies traitant de l'environnement et du développement ne sont toujours pas clairement définies. En particulier, le rôle du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) n'est pas précisé.

M. JOZEF ZLOCHA, Ministre de l'environnement de Slovaquie, a déclaré que son pays a pu créer un système global de lois liées à l'environnement. Une stratégie de politique écologique a été mise en place en Slovaquie et un fonds

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pour l'environnement a été créé. La Slovaquie accorde une importance particulière au problème de la pollution. Le gouvernement de la Slovaquie s'est, entre autres, efforcé de réduire les émissions de matières polluantes et de déchets. Les mesures qui ont été prises permettent de remplir les obligations des différentes conventions dont la Slovaquie est partie. M. Zlocha a déclaré que son pays est favorable à une convention sur les forêts. Sa délégation appuie la recommandation visant à renforcer le rôle de la Commission durable. De nombreux pays, comme la Slovaquie, ont travaillé activement pour atteindre les objectifs fixés dans la mesure de leurs moyens financiers. Pourtant, cela ne suffit pas. L'environnement continue de se détériorer. Il faut cesser de polémiquer pour savoir qui est coupable. L'humanité toute entière est concernée. Il faut préserver la vie sous toutes ses formes. Ce que sera la vie au XXIe siècle dépend de nous. Cette responsabilité doit orienter tous nos efforts.

Mme ANNETTE DES ILES (Trinité-et-Tobago, au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires), a indiqué que les 31 Etats Membres de l'AOSIS appuie la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. La représentante a estimé que l'un des résultats les plus encourageants depuis la Conférence de Rio aura été la reconnaissance, lors de la Conférence de la Barbade, en 1994, de la situation particulière des petits Etats insulaires en développement et de leur vulnérabilité. Elle a souligné que la Conférence d'examen du suivi et de la mise en oeuvre du Plan d'action et de la Déclaration de la Barbade devra se tenir dans les mêmes conditions que les autres conférences de suivi. Mme Des Iles s'est félicitée des recommandations intéressantes faites par les membres du Forum Rio+5 en ce qui concerne l'émission de gaz à effet de serre et a déclaré attendre avec impatience l'adoption du protocole ad hoc de la Convention sur le changement climatique qui devrait être adopté lors de la Conférence des Etats parties à Kyoto, à l'automne prochain. Les petits Etats insulaires attachent une grande importance aux questions des océans et à celle du tourisme durable qui devront être abordées comme il se doit dans le rapport final de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre d'Action 21.

M. FASSASSI YACOUBOU (Bénin) a souligné la nécessité de mobiliser les énergies et les ressources, tant au plan national qu'au plan international. Ceci suppose aussi la réaffirmation d'une solidarité entre pays développés et pays en développement, ainsi que la promotion d'un véritable partenariat pour le développement durable.

Le représentant a déclaré qu'au delà des objectifs généraux de développement durable, les pays francophones s'accordent pour donner, au cours des cinq prochaines années, sur les plans bilatéral et multilatéral, notamment dans le cadre de la coopération entre partenaires francophones, une priorité particulière à quatre thèmes sectoriels, dont chacun reflète les facettes politique, économique, sociale et environnementale du développement durable.

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Il s'agit de l'eau douce qui constitue un élément vital pour l'ensemble des activités humaines. Les objectifs fixés par Agenda 21 pour une gestion durable des ressources en eau devraient constituer des priorités de la Commission du développement durable au cours des prochaines années. Sa délégation appuie fortement l'idée de lancer dans le cadre de la Commission, en liaison avec le partenariat mondial pour l'eau, une initiative sur "l'eau pour le développement durable", permettant d'identifier des objectifs précis et d'impliquer l'ensemble des acteurs dans des projets et programmes dans le domaine de l'eau. Les Nations Unies devraient se montrer plus dynamiques dans l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes visant à améliorer les rendements énergétiques, à promouvoir une combinaison plus durable entre sources d'énergie et modes de consommation et le développement de sources d'énergie nouvelles et renouvelables, et à soutenir l'élaboration de politiques durables de l'énergie dans les pays en développement.

Le gouvernement béninois appuie la proposition de lancer un programme scientifique international sur la désertification, comprenant un programme d'observation de la désertification sous la responsabilité de l'Observatoire du Sahara et du Sahel. A cet égard, il prend note de l'offre du Canada d'accueillir à Montréal le Secrétariat permanent de la convention sur la désertification.

M. DANILOV-DANILIAN, Président du Comité d'Etat pour la protection de l'environnement de la Fédération de Russie, a déclaré que la Conférence des Nations Unies pour l'environnement et le développement (CNUED) s'est efforcée de définir une orientation et les moyens d'arriver aux buts fixés. M. Danilov-Danilian a estimé que les mesures prises sont insuffisantes. On peut noter partout dans le monde une détérioration de l'environnement. M. Danilov-Danilian s'est, entre autres, inquiété de la baisse de la biodiversité et de la productivité des océans mondiaux. Il faut reconnaître une interdépendance au niveau de la planète des différents problèmes écologiques du monde. La destruction des écosystèmes et le déséquilibre génétique à tous les niveaux sont des facteurs inquiétants. Il est essentiel que les problèmes sociaux et écologiques soient résolus. Il faut, entre autres, permettre une restauration progressive des écosystèmes naturels. L'homme doit accepter son rôle dans le mécanisme de la biosphère. La coordination de l'action entre les différents pays en ce qui concerne le développement durable doit être renforcée. Chacun doit avoir un sens de sa responsabilité. La Charte de la terre aura un rôle important à jouer dans cette bataille.

M. JAN PEETERS, Secrétaire d'Etat à l'environnement, à l'intégration sociale et à la sécurité de la Belgique, a estimé qu'une approche mieux intégrée en matière d'interdiction de l'exportation de produits chimiques prohibés reste à développer, car comment expliquer aux citoyens que les gouvernements négocient une convention qui limite le commerce de certains produits chimiques dangereux tout en entreprenant, dans le même temps, des négociations pour limiter graduellement la production de ces substances.

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Les stratégies de développement durable doivent servir de catalyseur pour une intégration des politiques internes de chaque pays mais aussi devenir les véhicules d'une nouvelle forme de coopération supranationale englobant les domaines environnementaux, sociaux et économiques. C'est via des instruments économiques d'internalisation des coûts et des bénéfices environnementaux que seront générés des revenus pour le financement du développement durable et envoyés des signaux aux marchés pour infléchir les modes de consommation et de production, a-t-il ajouté, affirmant que le secteur environnemental peut être rémunérateur et créateur d'emplois.

La Belgique considère que la problématique du changement climatique est un des enjeux mondiaux pour lequel il est nécessaire d'avoir un forum international de décision. Il faut également clarifier la relation entre les priorités politiques, les stratégies de développement durable et les indicateurs devant servir à la prise de décision. C'est pourquoi il a soutenu le programme relatif aux indicateurs de développement durable proposé par la Commission. Il a ajouté que le financement de la mise en oeuvre d'Agenda 21 est d'abord à rechercher dans les pays eux-mêmes, à travers l'application de politiques nationales propices au développement durable. L'aide publique au développement (APD) est donc une source cruciale de financement et la Belgique souscrit pleinement à l'objectif de 0,7% du PNB attribués à l'APD.

M. EMIL MARINOV, Vice-Ministre de l'environnement de la Bulgarie a fait part de la ferme volonté et de l'engagement de son Gouvernement à mettre pleinement en oeuvre les recommandations de la Conférence de Rio. La progression du processus lancé à Rio en Bulgarie a cependant été lente en raison d'un manque d'information, et en l'absence de mesures politiques, d'expertise, ainsi que de sensibilisation de l'opinion publique, qui viennent s'ajouter aux défis spécifiques que la transition impose à la Bulgarie. Sept ans après le début des réformes, la Bulgarie est encore loin de la réalisation des objectifs qu'elle s'est fixée au début de la décennie. La situation économique s'est gravement détériorée, la pauvreté et le chômage ont pris des proportions massives, et le montant de la dette extérieure a gonflé. La réforme économique est lente et la privatisation des entreprises d'Etat a dû être retardée. La plupart des infrastructures industrielles hautement polluantes sont toujours en place et les investissements dans les équipements de contrôle de la pollution sont restés très limités. La réduction de l'émission de polluants dans l'air et dans l'eau est due à la réduction de la production, et non à la mise en place de structures industrielles écologiquement saines. Le niveau actuel risque d'ailleurs de remonter dès que le processus de croissance économique se remettra en marche. C'est là le principal défi qui s'impose au Gouvernement, aujourd'hui. L'environnement doit être pris en compte dans tout processus de décision ayant trait au développement économique. A ce propos, le Vice-Ministre de l'environnement de la Bulgarie a insisté sur le fait que son pays manque encore de contacts avec des mécanismes de coopération interministériels appropriés.

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M. RAZALI ISMAIL, Président de l'Assemblée générale, a souligné que les déclarations politiques d'intention ne répondront pas aux objectifs de développement durable si les gouvernements ne prennent pas d'engagements concrets sur les ressources financières et les institutions et instruments nécessaires à la mise en oeuvre et à la vérification de ces engagements. A cet égard, il a appelé tous les partenaires à renouveler les efforts non seulement pour réaffirmer les engagements pris à Rio, mais également à aller au-delà de ces engagements et à les maintenir. Le Président de l'Assemblée générale a toutefois regretté que le débat traditionnel Nord-Sud demeure inchangé, en dépit de la reconnaissance du partenariat mondial et du principe des responsabilités communes et différenciées. Aussi, est-il nécessaire de rechercher un équilibre au cours de la présente session afin que la polarisation entre les priorités du Nord et celles du Sud soit reliée.

La présente session devrait bénéficier à la fois aux pays en développement et aux pays développés. Bien que les réalités et les priorités nationales diffèrent, M. Razali a estimé que les pauvres devraient en être les principaux bénéficiaires - pas nécessairement les gouvernements pauvres, mais aussi les populations marginalisées dans le Sud et dans le Nord qui sont les premières victimes des stratégies et pratiques de développement non durable. Il est crucial pour les pays développés d'ajuster l'examen des questions prioritaires, à savoir l'eau potable, les forêts, l'énergie et de développer une analyse approfondie des questions intersectorielles. Pour leur part, les pays en développement doivent déployer tous les efforts nécessaires pour concilier la nécessité politique de la primauté d'une croissance économique durable avec la réalité écologique, sociale et économique selon laquelle le développement exige l'évaluation de la qualité de la croissance, car l'équilibre entre un développement matériel et durable n'est pas un luxe mais une nécessité. M. Razali a estimé qu'en ce qui concerne les forces du marché et la mondialisation ainsi que le rôle des gouvernements dans ses relations avec le secteur privé, la présente session de la Commission du développement durable devrait analyser l'impact de la déréglementation, de la compétitivité et de l'accès au marché sur la force du secteur public et la capacité des initiatives nationales, régionales et mondiales visant à répondre aux objectifs de développement durable.

M. SVEND AUKEN, Ministre de l'environnement et de l'énergie du Danemark, a estimé que l'ouverture des marchés des pays industrialisés aux produits provenant du monde en développement et des pays en transition n'est qu'un des nombreux préalables au développement. Les institutions internationales financières et de réglementation sont indispensables à la modernisation. Il convient de mettre en place un cadre de réglementation mondial en vue de canaliser les forces du marché, si l'on veut renforcer les sciences et améliorer l'éducation, la sécurité sociale, les conditions de travail, la mise en application des techniques et l'utilisation durable des ressources naturelles. Sans un tel cadre de réglementation, il sera impossible de parvenir à une juste compétition. Ceci est d'autant plus vrai à une époque où

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le monde est soumis à une mondialisation croissante et confronté au défi consistant à créer un cadre approprié pour le développement durable. Il ne faut pas laisser les nations industrialisées utiliser l'ouverture des marchés pour établir de nouvelles opérations dans le monde en développement, sur la base de normes environnementales inappropriées et d'une technologie dépassée.

La libéralisation du commerce et de l'investissement doit être accompagnée par le transfert de savoir-faire et de la technologie - en termes préférentiels selon que de besoin - afin de permettre aux pays en développement de parvenir au développement durable. Tout doit être fait pour aider les pays en développement à éviter les erreurs que les pays développés ont faites au cours des 200 années d'industrialisation et d'urbanisation.

M. SERGIO MARCHI, Ministre de l'environnement du Canada, a déclaré qu'il faut traduire la vision et la promesse de Rio en un plan plus précis de protection de l'environnement du monde. Depuis Rio, des progrès ont été accomplis. Le monde est davantage sensibilisé à la menace que représente la dégradation de l'environnement. La quasi-totalité des pays ont mis en place des mécanismes de lutte contre la pollution. Les émissions de CFC ont chuté radicalement. Les économies d'énergie sont de plus en plus efficaces dans les pays industrialisés. Des conventions planétaires sur les changements climatiques, la diversité biologique et la désertification ont été créées. Les discussions sur les produits chimiques ont progressé et des progrès particulièrement notables ont été accomplis dans le dossier des polluants organiques rémanents. Des mécanismes financiers tels que le Fonds pour l'environnement mondial ont été créés. Pourtant, certains dossiers sérieux sur l'environnement doivent être traités et qui concernent les changements climatiques, les pénuries d'eau, la biodiversité, les catastrophes naturelles, la pauvreté. La croissance de la population, l'industrialisation accrue à l'échelle du globe ainsi que les modes de production et de consommation non durables soumettront l'environnement mondial à des pressions sans précédent. Le développement durable fait partie intégrante des programmes sociaux, politiques, environnementaux et économiques du Canada.

Le Canada a privilégié un certain nombre de secteurs clés tels que l'eau propre, les forêts et les ressources maritimes durables, les changements climatiques, la protection des espèces et l'adoption de modes de transport durables. Le Ministre est convaincu que c'est dans la création d'un nouveau pragmatisme que se trouve la réponse. Les quatres éléments suivants doivent déterminer ce nouveau pragmatisme. Il faut en premier lieu passer moins de temps à faire des déclarations et plus de temps à mettre en oeuvre les plans devant permettre d'atteindre les objectifs fixés. Il faut en deuxième lieu renforcer le rôle de tous les groupes, des industries, des communautés et des particuliers. Il faut en troisième lieu améliorer la gestion des organismes internationaux. Il faut en quatrième lieu intégrer le développement durable dans les nombreux programmes des Nations Unies et ailleurs. Qu'il s'agisse de lutte contre la pauvreté, de commerce, de santé ou de croissance économique,

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tenir compte du développement durable est toujours crucial. Le Canada estime que la Commission du développement durable, grâce à un nouveau mandat, serait le meilleur organisme pour élaborer les instruments et les plans de travail nécessaires pour traiter les dossiers qui transcendent plusieurs secteurs et plusieurs programmes.

M. IMANTAS LAZDINIS, Ministre de la protection environnementale de la Lituanie, a estimé que le rapport préparé par le Groupe de travail de la Commission du développement durable constitue un pas positif vers une évaluation sérieuse des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs d'Agenda 21, en tenant compte des priorités régionales et locales fondées sur les conditions macro-économiques, politiques et sociales. Il convient toutefois d'entreprendre de nouvelles études et discussions en vue d'identifier des solutions plus novatrices et davantage orientées sur le long terme. A cet égard, il est important d'assurer une collaboration plus efficace et orientée sur l'action entre les acteurs internationaux, régionaux et locaux.

Il est essentiel dans ce contexte, pour la Lituanie, d'évaluer l'efficacité d'ensemble de son système de réglementation, notamment de sa capacité de mise en oeuvre existante, du niveau de mise en conformité dans les divers domaines, et de l'étape d'intégration des éléments de réglementation environnementaux, économiques, sociaux et politiques en un seul système, orienté sur les effets à long terme et le développement durable. Outre cet aspect, il existe de très importantes mesures de régulation horizontales, telles que le recours ample et efficace de l'évaluation de l'impact environnemental, la promotion d'un accès suffisant à l'information, la prise de conscience du public et la participation au processus de prise de décision ainsi que l'introduction d'un réseau de contrôle indépendant. Ce type d'activité de régulation devrait être développé davantage.

Il convient d'accorder une attention particulière aux priorités nationales dans les différents secteurs. Les problèmes principaux - les principes de réglementation liés au contrôle de la pollution, de la raréfication des ressources naturelles, la biodiversité et la détérioration des terres - sont les mêmes dans tous les pays européens. Toutefois, il existe nombre d'approches spécifiques pour y faire face. Il convient donc d'adopter une approche bilatérale, incluant à la fois les dimensions de l'espace européen d'une part, les spécificités régionales ou sous-régionales d'autre part.

M. KASEM SNIDWONGS, Secrétaire permanent du Ministère thaïlandais de la science, de la technologie et de l'environnement, a indiqué que son pays place de grands espoirs dans les résultats de la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée en juin prochain à l'évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21. "Mais la présente session de la Commission du développement durable doit fournir l'occasion de procéder à une évaluation de nous-mêmes", a-t-il déclaré. Nous devrions évaluer de façon critique notre

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propre mise en oeuvre d'Action 21 et chercher les voies et moyens de renforcer la coopération internationale. La Thaïlande partage l'idée d'un partenariat mondial en matière de gestion de l'environnement entre le Nord et le Sud et entre les pays du Sud. Cela doit être fait sur la base des responsabilités communes mais différenciées, telles que reconnues à Rio.

La Thaïlande appuie la proposition visant à renforcer la Commission du développement durable afin d'en faire le principal organe responsable du développement durable au sein du système des Nations Unies, et de la doter pour ce faire des organes subsidiaires nécessaires. Pour autant, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) doit rester le principal organe de l'ONU chargé des questions d'environnement à l'échelle mondiale. La Thaïlande estime que la Commission du développement durable devra se concentrer davantage à l'avenir à la question de l'élimination de la pauvreté. Pour sa part, la Thaïlande espère qu'à l'issue de son 8ème Plan national de développement économique et social, le pourcentage de sa population vivant en- dessous du seuil de pauvreté sera de moins de 10%.

M. Z. PALLO JORDAN, Ministre de l'environnement et du tourisme de l'Afrique du Sud, a déclaré que sa délégation appuie la priorité accordée à l'élimination de la pauvreté, principal obstacle à la recherche du développement durable. Le Programme de reconstruction et de développement de l'Afrique du Sud est une politique sociale qui vise à établir un partenariat entre tous les secteurs de la société. Un plan de croissance, de la redistribution et de l'emploi vise à rétablir les disparités sociales. Le Ministère de l'environnement et du tourisme a pour but de promouvoir et d'institutionnaliser les objectifs du développement durable dans les domaines de la gestion de l'environnement et du tourisme. Il est sur le point de publier un livre blanc sur la gestion de l'environnement qui fournira un cadre pour unifier l'approche qu'ont les gouvernements en matière d'environnement. Le Livre blanc souligne que dans cinq ans, la politique de l'environnement aura contribué de manière significative à l'amélioration de la qualité de la vie de tous les citoyens, et en particulier des groupes désavantagés par les progrès qui auront été réalisés afin de concilier développement économique et utilisation, protection et amélioration durable de l'environnement pour les générations présentes et futures. Les nouvelles politiques de l'environnement proposées par le Ministère de l'environnement visent à l'amélioration du bien- être économique et politique. Une fois adoptés, le gouvernement sud-africain pourra assurer que les initiatives de développement seront durables en matière d'environnement. Le gouvernement favorise par ailleurs le développement de l'éco-tourisme, afin de protéger et de développer des écosystèmes sensibles et biologiquement divers. En ce qui concerne les ressources en eau potable, l'Afrique du Sud privilégie la coopération entre pays de la région. Elle se félicite des progrès du régime d'ozone mais est préoccupée par le manque de progrès au titre de la Convention cadre sur les changements climatiques. Elle exhorte les parties à la Convention à mettre en oeuvre le principe de responsabilités communes mais différenciées.

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Elle accorde une grande importance au transfert de technologie des pays développés vers les pays en développement, mais estime que l'on ne prend pas assez en compte les technologies mises au point dans les pays en développement. Il faudrait également faciliter leur transfert vers d'autres pays en développement. L'Afrique du Sud est favorable à l'objectif de 0,7% du PNB des pays développés accordé à l'aide publique au développement. Elle souhaite que le rôle de l'UNEP soit renforcé et que la coordination entre la Commission du développement durable et d'autres institutions en matière d'environnement soit renforcée.

M. JUAN GABITO ZOBOLI, Sous-Secrétaire du Ministère du logement, de l'aménagement du territoire et de l'environnement de l'Uruguay, a déclaré que, dès la création de son ministère, une grande importance a été donnée à l'environnement. Les accords de Rio sont des piliers fondamentaux pour le développement durable. Le Ministre a estimé que tous les chapitres d'Action 21 doivent être abordés, particulièrement ceux qui concernent l'eau douce. Le thème de l'océan doit être abordé dans la perspective du développement durable. Le Ministre a signalé l'importance du rôle de l'éducation et du renforcement des capacités techniques et scientifiques. Il a estimé qu'il faut renforcer les processus de décentralisation des programmes liés à l'environnement. Les mesures prises doivent être appliquées aux niveaux national et local. Le Ministre a déclaré qu'il faut élargir le Fonds pour l'environnement mondiale. Il s'est dit préoccupé de constater que le processus de responsabilité mondial, qui était déjà lent, pourrait s'arrêter. Le moment est venu d'agir. Le Ministre a espéré que les gouvernements seront à la hauteur de la responsabilité historique qui leur est donnée. Une application réelle des engagements pris officiellement est nécessaire.

M. NAVIN CHANDERPAL, Conseiller du Président de la République du Guyana pour la science, la technologie et l'environnement, a déclaré que cinq ans après la tenue de la Conférence de Rio force est de constater que les résultats sont bien en deçà des attentes. Pour sa part, le Guyana est sur le point de finaliser une stratégie nationale de développement. L'an dernier, le pays a adopté une loi sur la protection de l'environnement et a mis en place une Agence de protection de l'environnement. Le Guyana a réservé 360 000 hectares de forêt vierge pour la création d'un Centre international qui servira de véritable laboratoire permettant d'asseoir scientifiquement la gestion durable des forêts tropicales. Le Guyana est d'avis qu'il faut cesser de se contenter de généralités et d'adopter des mesures spécifiques. Sa délégation espère, par conséquent, que la dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale permettra de réaffirmer les acquis de Rio et d'Action 21, d'évaluer la mise en oeuvre d'Action 21 et d'identifier les priorités et les propositions d'action pour les cinq prochaines années. A cette occasion, le Guyana fera des propositions concrètes. Le Guyana estime que le Programme d'action de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement qui s'est tenue à la Barbade en 1994 doit recevoir un soutien actif de la part de la communauté internationale.

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Dans ce contexte, il s'associe pleinement à la déclaration faite par Trinité- et-Tobago au nom des pays de l'Alliance des petits Etats insulaires. Soulignant que les pays en développement ne veulent pas dépendre de l'aide extérieure pour parvenir à un développement durable, M. Chanderpal a fait remarquer que les réalités socio-économiques ne permettent pas à ces pays de disposer des ressources nécessaires pour relever les défis auxquels elles sont confrontés.

M. ISTVAN NATHON (Hongrie) a estimé que la session extraordinaire de l'Assemblée générale doit traiter des questions sectorielles et intersectorielles et du renforcement du système institutionnel. Il a regretté que les questions relatives aux sources d'énergie et aux transports n'aient pas été abordées de façon appropriée dans Action 21. L'augmentation de la demande en source d'énergie et l'existence d'un lien entre la production énergétique et les dangers causés par différents types d'émissions justifient que l'on se penche sur ces questions. Le transport est un des secteurs où l'on pourrait réaffecter les ressources existantes et réorienter les politiques avec succès, a ajouté le représentant. Tout comme les transports, les ressources en eau devraient figurer à l'avenir au rang des priorités de la communauté internationale. Le renforcement de la coopération régionale, a-t- il précisé, permettra d'assurer la disponibilité en eau potable et la protection des cours d'eau transfrontaliers. Pour ce qui est de la diversité biologique, le représentant a souligné l'importance des négociations relatives à la sécurité biologique. Bien que des progrès importants aient été réalisés dans la gestion des déchets chimiques, il est indispensable de développer et d'appliquer des techniques de production propres. Il faut accorder une attention particulière aux déchets radioactifs, à leur transport transfrontalier et à leur stockage. Le représentant a insisté sur le caractère indispensable des initiatives locales. A cet égard, il a appelé à un renforcement de la collaboration aux niveaux international et national des sociétés locales qui mettent en oeuvre Action 21.

M. DATO'V. DANABALAN (Malaisie), après avoir fait sienne la déclaration faite par le Président du Groupe des 77 et la Chine, a déclaré partager la préoccupation d'autres délégations qui estiment que les résultats obtenus depuis cinq ans ne sont pas à la hauteur des engagements politiques pris lors de la Conférence de Rio. Tout en soulignant la nécessité d'évaluer et d'améliorer les stratégies de mise en oeuvre, le représentant a rappelé qu'Action 21 constitue un cadre exhaustif d'action et, par conséquent, ne doit être ni dilué, ni réécrit. La Malaisie espère qu'au cours du processus préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21, les membres de la communauté internationale pourront lancer un appel en faveur d'un engagement politique en vue de favoriser la levée des obstacles à l'application d'Action 21. La session extraordinaire devra également souligner la nécessité de prendre d'urgence des mesures et de fixer des priorités.

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D'après le représentant, il incombera à la session extraordinaire de réaffirmer et de rendre opérationnel le principe des responsabilités communes, mais également différenciées des parties concernées. Enfin, il conviendra de renforcer les liens entre la lutte contre la pauvreté et le développement durable. Pour sa part, la Commission du développement durable devrait être la première instance chargée de résoudre les questions intersectorielles du développement durable au niveau de la prise de décision politique. La Commission devrait également renforcer les liens entre les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour s'assurer qu'elles sont conformes aux efforts déployés à l'échelle mondiale en matière de développement durable.

MS. STADTHAGEN, Directrice de l'environnement et des ressources naturelles au Ministère des affaires étrangères du Nicaragua, a déclaré que son pays appuie la déclaration faite au nom du groupe des 77 et la Chine. Il a évoqué, à l'échelle sous-régionale, l'élaboration de l'Alliance de l'Amérique centrale pour le développement durable qui place l'individu au centre des actions entreprises. Des cadres juridiques régionaux relatifs, entre autres, à la biodiversité, la gestion durable des forêts et la gestion des déchets ont été établis. La région pourrait se transformer en une région modèle pour le développement. Le Nicaragua est passé d'une économie centralisée à une économie de marché. Bien que l'un des pays les plus endettés, le Nicaragua continue d'être attaché aux accords de Rio, il a promulgué une loi pour la conservation, la protection et l'utilisation des ressources naturelles. Le gouvernement du Nicaragua estime qu'il est important que la société civile participe aux programmes relatifs à l'environnement. Le Ministre a encouragé la création de mécanismes permettant de mieux s'acquitter des engagements pris à Rio. Il a estimé que le développement durable ne peut se faire sans la participation des grands groupes. Le Ministre a déclaré que les modèles de consommation des pays développés n'ont pas changé. Ce sont ces pays qui contribuent le plus à la détérioration de l'environnement mondial.

M. GUISEPPE JACOANGELI (Italie) a estimé que cinq ans après la tenue de la Conférence de Rio, le moment est venu de procéder à une première évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21. Si l'on peut se féliciter de certains progrès, de nombreuses menaces pèsent toujours sur l'environnement et plusieurs obstacles de taille existent en matière de développement socio- économique. Le représentant a estimé que depuis la Conférence de Rio, l'insuffisance de l'intégration des politiques constitue une préoccupation majeure. Or, a-t-il fait remarquer, l'intégration est fondamentale pour le développement durable, car c'est le seul moyen de s'assurer que ses trois piliers, qui sont le développement économique, le développement social et la protection de l'environnement, sont pleinement opérationnels. Aussi, l'Italie est-elle d'avis que la session extraordinaire de l'Assemblée générale devrait exhorter les pays développés et les pays en développement à recourir davantage aux instruments de prise de décision favorisant l'intégration et à promouvoir les instruments économiques et politiques susceptibles d'aider le processus d'intégration de l'environnement et du développement dans la prise de décision.

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Le représentant a estimé que la protection de l'atmosphère est l'un des plus importants défis auquel est confrontée l'humanité. La communauté internationale devra parvenir au cours de la Conférence de Kyoto à s'entendre sur plusieurs points fondamentaux, notamment sur le fait que les pays développés doivent s'engager juridiquement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 15% d'ici à l'an 2010 et que les pays en développement devront être activement associés au processus de prise de décision de la Conférence. Le représentant a également mis l'accent sur le problème de la déforestation. De même, selon lui, la gestion des océans est une question qui exige une coordination efficace des politiques et actions aux niveaux national et international. Le représentant a également regretté que la Conférence de l'Organisation mondiale du commerce tenue à Singapour n'ait pu obtenir de résultats significatifs en ce qui concerne la relation qui existe entre commerce et environnement. Rappelant que la Convention sur la désertification est la dernière des conventions de Rio à être entrée en vigueur, le représentant a rappelé que son pays accueillera à Rome du 29 septembre au 10 octobre 1997 la première Conférence des Etats parties à cette convention.

M. KAMAL KHARRAZI, Représentant permanent de l'Iran, s'associant à la déclaration de la Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a déclaré que le réalisme et le pragmatisme imposent à la communauté internationale de saisir l'opportunité de la présente session et de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le suivi du Sommet de Rio pour évaluer ce qui a été réalisé et ce qui ne l'a pas encore été depuis Rio et pour montrer la route à suivre, à savoir la mise en oeuvre des dispositions de Rio. Ainsi que le souligne la résolution pertinente de l'Assemblée générale, toute tentative de renégociation des accords de la CNUCED et des autres organes intergouvernementaux ne serait que contreproductive.

Cette cinquième session du Comité pour le développement durable prend place alors que pour la majorité des pays en développement la situation est pire que les années précédentes. La différence entre aujourd'hui et le Sommet de Rio ne réside pas dans l'identification des difficultés mais dans la volonté politique des pays industrialisés de les résoudre en assumant leurs engagements et leurs responsabilités. La session extraordinaire de l'Assemblée générale ne doit pas être le prétexte à un découpage du Programme Action 21 en privilégiant certains problèmes au détriment d'autres. Au contraire, la session doit être l'occasion d'identifier les barrières intersectorielles qui freinent la mise en oeuvre des dispositions d'Agenda 21 et offrir l'opportunité d'élaborer des solutions pratiques. Il est ainsi urgent de prendre des actions déterminées dans les domaines du transfert des technologies, de l'assistance technique et des échanges d'information ainsi que de la fourniture d'une aide financière adéquate et de l'aide aux pays en développement, et notamment aux pays les moins avancés, pour parvenir à l'élimination de la pauvreté. Il faudrait en outre procéder au changement des modes de consommation et de production, surtout dans les sociétés développées et parvenir à la réalisation des engagements pris dans les divers accords existants. C'est en apportant une réelle amélioration dans ces domaines que l'on parviendra au développement durable, tel que conçu et défini à Rio.

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M. ZEYNEP DEMIRHAN-DARVISH (Turquie) a déclaré que, bien que le concept de développement durable ait été adopté dans le sixième plan quinquennal turc, qui couvre la période 1990-1994, peu de progrès ont été réalisés pour s'assurer de la prise en compte des facteurs liés à l'environnement dans les décisions économiques et sociales. Le septième plan a été mis en oeuvre avec un objectif de gestion des ressources sociales et naturelles, en harmonie avec les politiques de développement économique et social durable, pour garantir aux générations futures un environnement sain. Ce plan est fondé sur deux approches, la première reposant sur des stratégies visant à prévenir la pollution et la seconde établie sur le principe du développement durable, qui donne la priorité à l'intégration des questions d'environnement et des questions économiques et sociales. Les objectifs politiques comprennent une coordination appropriée entre commerce et environnement au niveau national, et le soutien mutuel de ces politiques dans la poursuite du développement durable. Des politiques sont développées, basées sur la reconnaissance du fait que les questions d'environnement jouent un rôle déterminant dans les relations économiques, sociales, politiques et commerciales dans le monde, et que la prise en compte de ces questions peut renforcée la crédibilité internationale de la Turquie. La Turquie appuie les principes d'Action 21 et les décisions du conseil économique et social sur le développement durable. Elle attache une grande importance au principe des responsabilités communes mais différenciées. Le Gouvernement turc a entrepris un certain nombre de mesures afin d'améliorer la qualité de l'environnement dans le pays, par une "Stratégie et plan d'action pour l'environnement". Des consultants turcs et internationaux travaillent sur un rapport de synthèse intitulé "plan d'action national pour l'environnement", qui décrira les problèmes principaux de la Turquie, et formulera des politiques et des actions concrètes pour les traiter.

M. JUAN LARRAIN, Représentant permanent adjoint du Chili auprès des Nations Unies, a déclaré qu'il ne faut pas se contenter exclusivement de la protection de l'environnement qui est liée à de nombreuses autres questions telles que le changement climatique, la biodiversité, la gestion des forêts, des océans et des déchets. Il est de la responsabilité de chacun d'évaluer les progrès accomplis pour atteindre les objectifs d'Action 21. Il faut évaluer les questions connexes liées au développement durable comme la pauvreté. Le représentant a souligné la nécessité de prévenir l'exportation et le stockage des déchets radioactifs et des combustibles nucléaires usés. Les déchets radioactifs doivent être stockés dans les Etats qui les ont créés. Le Sommet de Rio représente une transformation du dogme du développement. Il faut aujourd'hui agir de façon concrète et mettre en oeuvre les objectifs d'Action 21.

M. SHERIFF, Association de Zanzibar pour le progrès, après avoir évoqué la réunion d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, à laquelle il a déclaré ne pas avoir été autorisé à participer, a indiqué qu'il

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souhaitait que la reconnaissance par les Nations Unies des associations de jeunes comme la sienne se multiplie. L'Association, en revanche, est moins reconnue à l'extérieur du système des Nations Unies et cela se traduit par des problèmes de financement.

M. ANDREWS (Inde) a souhaité rappeler l'esprit dans lequel avait été adoptée Action 21 lors de la Conférence de Rio et a espéré que les engagements pris à l'époque seront prochainement réaffirmés. Déclarant attacher une grande importance à l'élimination de la pauvreté, le représentant a souligné que la plus grande partie de la population mondiale vit dans la pauvreté. Pour mettre un terme à cette situation, il convient de mobiliser les ressources financières nécessaires. Le représentant a appuyé la déclaration faite par la République-Unie de Tanzanie au nom du groupe des 77 et la Chine. M. Andrews a estimé que seul le protocole de Montréal a jusqu'à présent été suivi de réalisations concrètes. C'est pourquoi les engagements pris à Rio doivent être mis en oeuvre, ainsi que les éléments pertinents du protocole de Berlin. Les pays en développement doivent bénéficier des transferts de technologie.

Le représentant a jugé encourageants les progrès enregistrés en ce qui concerne le renforcement de la sécurité chimique. Il a évoqué, à cet égard, les recommandations formulées par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). De même, en ce qui concerne l'eau douce, M. Andrews a souligné l'importance de l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires. Il a rappelé que la moitié de la population mondiale ne dispose pas de telles installations. "L'eau devient un facteur essentiel pour le développement socio-économique", a observé le représentant. Il a prôné la conclusion d'accords au niveau international pour procéder au partage des ressources en eau douce. Le représentant a estimé que la session extraordinaire de l'Assemblée générale devra évaluer la mise en oeuvre d'Action 21. Rien de plus, rien de moins.

Mme DELING WANG, Représentante de la Société métropolitaine d'énergie solaire, a déclaré que les coûts directs et indirects des politiques de développement d'énergie durable doivent être clairement reconnus. Les gouvernements devraient accroître les programmes en faveur des énergies renouvelables. Mme Wang a déclaré qu'il est nécessaire d'utiliser de nouvelles sources d'énergie. Les énergies renouvelables comme l'énergie solaire ou éolienne doivent être encouragées à différentes fins, y compris à des fins domestiques. Des subventions ont été accordées à d'autre sources d'énergie comme les combustibles fossiles. Mme Wang a regretté que les estimations faites sont fondées sur des hypothèses qui ne sont pas compatibles avec le développement durable et les questions connexes qui y sont associées telles que la pauvreté, la lutte contre chômage, la santé et la prévention de la pollution. Les combustibles fossiles seront un jour épuisés. Il est nécessaire d'élaborer des politiques efficaces en matière énergétique.

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