En cours au Siège de l'ONU

AG/627

L'ASSEMBLEE GENERALE REPREND LES TRAVAUX DE SA CINQUANTE ET UNIEME SESSION ET EXAMINE LA QUESTION DE PALESTINE

12 mars 1997


Communiqué de Presse
AG/627


L'ASSEMBLEE GENERALE REPREND LES TRAVAUX DE SA CINQUANTE ET UNIEME SESSION ET EXAMINE LA QUESTION DE PALESTINE

19970312 Israël propose un code de conduite pour de prochaines négociations directes et sans ingérence extérieure

L'Assemblée générale a repris les travaux de sa cinquante et unième session et a examiné, ce matin, la question de Palestine, à la demande du Groupe des Etats arabes et du Mouvement des pays non alignés. Dans ce cadre, les représentants des pays suivants sont intervenus : Israël, Sénégal, Qatar, Indonésie, Japon, Sri Lanka, Malaisie, Turquie, Bangladesh, Colombie (au nom du Mouvement des pays non-alignés), Iran et Chine. L'Observateur de la Palestine a fait une déclaration.

L'Assemblée a entendu l'Observateur de la Palestine, M. Al-Kidwa qui a réaffirmé l'obligation permanente des Nations Unies à l'égard de la question de Palestine jusqu'à ce que l'on parvienne à un règlement global de la question sous tous ses aspects. La violation par Israël de ses obligations contractuelles cause un grave préjudice au processus de paix et menace les chances d'instaurer une paix juste, globale et durable dans la région, a souligné le représentant. Pour garantir le respect du droit international, des principes de justice et des valeurs morales, il est nécessaire pour la communauté internationale, représentée par les Nations Unies, de réaffirmer sa ferme position à l'égard des conséquences de ces mesures illégales. Sa délégation n'acceptera jamais l'abolition des droits des Palestiniens et des Arabes dans la Ville Sainte, et estime que la communauté internationale devrait réaffirmer le rejet des positions illégales israéliennes qui affectent les intérêts de toutes les autres parties.

L'Assemblée a en autre entendu le représentant d'Israël, M. David Peleg qui a souligné que seule la négociation directe peut mettre un terme aux effusions de sang et au cycle de violence que connaît la région depuis si longtemps. La Déclaration de principes et les accords subséquents entre Israël et les Palestiniens ont tous été obtenus à la suite de négociations directes entre les parties concernées. M. Peleg a jugé que les Nations Unies n'étaient pas l'endroit approprié pour discuter des problèmes que connaissent Israël et les Palestiniens arguant du fait que la multitude de résolutions adoptées par les Nations Unies relatives au conflit israélo-palestinien n'a pas fait avancer le processus de paix d'un pouce. Il a plaidé en faveur d'un code de conduite pour de prochaines négociations qui devront être directes, pacifiques et sans ingérences extérieures.

(à suivre - 1a)

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L'Assemblée générale a par ailleurs pris note d'une lettre adressée à son Président par le Secrétaire général dans laquelle ce dernier indique que l'Afghanistan, le Bélarus, Djibouti, le Honduras, Panama, la Sierra Leone et le Turkménistan, se sont acquittés de leurs arriérés, conformément à l'article 19 de la Charte des Nations Unies. Elle a, en début de séance, observé une minute de silence à la mémoire de Deng Xiaoping, dirigeant suprême de la Chine et à celle de Cheddi Jagan, Président du Guyana. L'Egypte, au nom du Groupe des pays africains; Oman, au nom du Groupe des pays asiatiques; Moldova, au nom du Groupe des pays d'Europe centrale et orientale; le Paraguay, au nom des pays d'Amérique latine et des Caraïbes; la Finlande, au nom du Groupe de pays d'Europe occidentale et autres Etats; et les Etats-Unis, au nom du pays hôte ont rendu un vibrant hommage pour le rôle crucial qu'ils ont joué dans leur pays et dans les relations internationales. Les délégations ont présenté les condoléances aux gouvernements et aux peuples de Chine et du Guyana. Les représentants de la Chine et de Guyana ont exprimé leurs remerciements aux délégations.

L'Assemblée générale reprendra ses travaux, cet après-midi à partir de 15 heures.

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La situation au Moyen-Orient, Question de Palestine

Débat

M. NASSER AL-KIDWA, Observateur de la Palestine, a déclaré que le Conseil de sécurité a été mis dans l'incapacité de s'acquitter de son mandat en vertu de la Charte des Nations Unies, à la suite du veto exercé le 7 mars dernier par un de ses membres permanents, à savoir les Etats-Unis. Le projet de résolution parrainé par la France, le Portugal, la Suède et le Royaume-Uni a toutefois recueilli 14 votes favorables. M. Al-Kidwa a émis l'espoir que l'Assemblée générale adoptera la décision nécessaire fondée sur le droit international et la justice pour le processus de paix au Moyen-Orient. Cette position appellerait Israël à s'abstenir de toutes politiques ou mesures illégales, notamment l'implantation de colonies de peuplement, en particulier à Jérusalem-Est. Sa délégation réaffirme l'obligation permanente des Nations Unies à l'égard de la question de Palestine jusqu'à ce que l'on parvienne à un règlement global de la question sous tous ses aspects. La violation par Israël de ses obligations contractuelles cause un grave préjudice au processus de paix et menace les chances d'instaurer une paix juste, globale et durable dans la région. Pour garantir le respect du droit international, des principes de justice et des valeurs morales, il est nécessaire pour la communauté internationale, représentée par les Nations Unies, de réaffirmer sa ferme position à l'égard des conséquences de ces mesures illégales.

Le 26 février 1997, le gouvernement d'Israël a décidé d'implanter une nouvelle colonie de peuplement à Jabal Abou-Ghneim, en territoire palestinien occupé. Cette colonie de peuplement isolera le secteur arabe de Jérusalem-Est de la partie sud de la Cisjordanie et isolera Jérusalem de l'ensemble de la ville de Bethlehem. Cette mesure israélienne s'ajoute à une série d'autres mesures et actions prises par Israël, notamment la construction d'un tunnel sous le site archéologique de la Ville sainte. Les autorités israéliennes continuent de priver les Palestiniens de Jérusalem de leur droit inaliénable de vivre dans leur ville comme leurs ancestres l'ont fait auparavant. Outre ces mesures, le gouvernement israélien a repris ses activités d'implantation de colonies de peuplement dans tous les territoires palestiniens occupés, notamment la construction de nouveaux logements, le transfert de nouveaux colons et la confiscation de terres. Ces mesures israéliennes violent également les accords déjà conclus entre les Palestiniens et les Israéliens, ainsi que la logique du processus de paix tout entier. Le représentant a souligné que le statut de Jérusalem est une question cruciale pour le peuple palestinien, le monde arabe et le clergé musulman, puisque Jérusalem est le carrefour des trois grandes religions monothéistes. Sa délégation n'acceptera jamais l'abolition des droits des Palestiniens et des Arabes dans la Ville Sainte, et estime que la communauté internationale devrait réaffirmer le rejet des positions illégales israéliennes qui affectent les intérêts de toutes les autres parties. Il ne peut y avoir de paix au Moyen-Orient sans la restauration des droits palestiniens à Jérusalem.

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En dépit des espoirs exprimés après la conclusion du Protocole sur le redéploiement à Hébron, qui marquait le point de départ d'une nouvelle ère, le retour du gouvernement israélien à ses anciennes pratiques n'a servi qu'à effacer ces espoirs. En outre, les positions de négociations d'Israël ont complètement empêché la réalisation de nouveaux progrès dans la mise en oeuvre des accords conclus. 70% de la Cisjordanie demeure sous contrôle d'Israël, a fait remarquer M. Al-Kidwa. La solution au problème vise à garantir le véritable respect par le gouvernement israélien des accords conclus et d'achever la mise en oeuvre en bonne foi et dans le cadre des calendriers établis.

M. DAVID PELEG (Israël) a indiqué que son pays souhaite mettre un terme aux effusions de sang et au cycle de la violence et de haine qui ont marqué la région depuis si longtemps. Seule la négociation directe peut nous permettre d'arriver à ce résultat. Cette méthode a connu des progrès tangibles dans l'ensemble de la région. La Déclaration de principes et les accords subséquents entre Israël et les Palestiniens ont tous été obtenus à la suite de négociations directes entre les parties concernées. Il a exprimé l'espoir que les négociations entre le Liban et la Syrie reprendront prochainement et que la réunion à Moscou à la fin du mois de mars du Comité directeur du groupe de travail multilatéral donnera lieu à des résultats positifs. Rappelant les progrès réalisés dans le cadre de la mise en oeuvre des accords de paix, et notamment le redéploiement des forces israéliennes d'Hébron, ou encore la libération de toutes les femmes palestiniennes des prisons israéliennes, le représentant a formé l'espoir que ces mesures renforceront la confiance mutuelle et généreront une atmosphère propice à la promotion du processus de paix.

M. Peleg a regretté que, en dépit des progrès accomplis, les Palestiniens aient adopté une attitude inappropriée. A chaque fois que des problèmes se sont posés, les Palestiniens ont fait appel à des parties tiers et à des institutions n'étant pas impliquées dans le processus de paix, au lieu de recourir à la négociation directe. Abordant la question du statut permanent de la ville de Jérusalem, qu'il a qualifiée de capitale de l'Etat d'Israël, il a rappelé que des discussions sur le sujet reprendront au cours du mois de mars. Cette question doit faire l'objet de négociations associant les deux parties. M. Peleg a estimé que les Nations Unies n'étaient pas l'endroit approprié pour discuter des problèmes que connaissent Israël et les Palestiniens. Ni le Conseil de sécurité, ni l'Assemblée générale ne le sont. La multitude de résolutions adoptées par les Nations Unies relatives au conflit israélo-palestinien n'a pas fait avancer le processus de paix d'un pouce. Nous ne nous sommes pas précipités aux Nations Unies quand l'Autorité palestinienne a ouvert des bureaux à Jérusalem en violation des accords signés avec Israël, a-t-il signalé. Nous ne nous sommes pas non plus adressés aux Nations Unies à chaque fois que des habitations arabes ont été érigées ou rénovées à Jérusalem sans que les permis nécessaires aient été délivrés. Mettons-nous d'accord sur un code de conduite pour nos prochaines négociations qui seront directes, pacifiques et sans ingérences extérieures, a proposé le représentant.

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M. IBRA DEGUENE KA, (Sénégal), Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a jugé regrettable que le Conseil de sécurité n'ait pas donné suite, le 7 mars dernier, à la décision prise par le Gouvernement israélien de construire une nouvelle colonie de peuplement dans la zone de Jabal Abou Ghneïm, alors que les membres du Conseil et toutes les délégations ayant participé au débat des 5 et 6 mars derniers avaient unanimement dénoncé et rejeté cette décision. Le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien déplore que ce projet de résolution n'ait pas été adopté en raison du vote négatif d'un membre permanent. A son avis, une résolution dans laquelle le Conseil aurait réaffirmé ses décisions antérieures aurait été opportune et serait même de nature à faciliter la poursuite du processus de paix.

Venant s'ajouter aux autres mesures concernant Jérusalem-Est et aux obstacles et retards intervenus dans l'évolution du processus de paix, cette décision met sérieusement en doute l'engagement et la volonté politique de la puissance occupante d'appliquer les dispositions des accords israélo- palestiniens et sa volonté d'instaurer une paix juste avec les Palestiniens, sur la base de la formule établie à Madrid et à Oslo. Le statut de Jérusalem et l'avenir des territoires palestiniens occupés sont des questions qui relèvent du droit et de la légitimité internationaux. L'argument avancé par certains pays, selon lequel l'Organisation ne devrait pas se prononcer sur ces questions qui devraient être abordées dans le cadre des négociations sur le statut permanent, semble inacceptable.

Tout d'abord, le fait que les parties aient décidé de négocier dans un certain cadre n'enfreint en rien le respect que l'on doit observer pour les principes établis du droit international et ne saurait mettre fin au rôle de l'Organisation et de la Communauté internationale en tant que gardiennes de cette légalité internationale. Ensuite, le processus a pour objet l'application des résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité, qui sont fondées sur le principe de l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la force. La communauté internationale en général, et l'Organisation en particulier, doivent s'intéresser étroitement aux différentes étapes du processus de paix et continuer à oeuvrer pour maintenir ce processus sur la bonne voie.

Il est de l'intérêt de tous les peuples de la région que les dirigeants israéliens reconnaissent au plus vite que la paix ne peut être obtenue que si elle est juste. Cette recherche de la paix exige aussi des compromis ainsi que la mise en place d'un partenariat véritable. Le Comité espère donc qu'à l'issue de ce débat, l'Assemblée générale manifestera massivement sa ferme volonté d'obtenir qu'Israël revienne sur sa décision de construire des logements pour des colons juifs dans la région de Jabal Abou Ghneïm et mette un terme à la politique de judaïsation de la ville sainte de Jérusalem, cité symbole de coexistence pacifique des peuples croyants des trois religions monothéistes, cette ville qui doit demeurer la ville de la paix.

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M. NASSER BIN HAMAD AL-KHALIFA (Qatar) a déclaré que l'attitude des Etats-Unis est d'autant plus déplorable qu'ils ont joué un rôle important dans les négociations de paix. Cette attitude encourage Israël dans sa politique d'annexion des terres, ce qui est en violation de la Convention de Genève et des résolutions pertinentes de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Ces résolutions précisent que toutes mesures prises par Israël en vue de modifier le statut de Jérusalem sont nulles et non avenues. Rappelant que la réunion de l'Assemblée générale a été demandée en raison de l'incapacité du Conseil de sécurité à exercer son rôle de garant de la paix et de la sécurité internationales, le représentant a souligné que la paix n'est pas l'apanage des Arabes et des Israéliens. Elle est l'affaire de toute la communauté internationale.

M. NUGROHO WISNUMURTI (Indonésie) a estimé qu'en ce moment crucial dans le processus de paix au Moyen-Orient, il est très approprié et opportun pour l'Assemblée générale d'exprimer de façon très claire les vues de la communauté internationale. La décision israélienne constitue une violation grave des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 242 (1967), 252 (1968) et 338 (1973) qui, entre autres, soulignent l'inadmissibilité d'acquérir un territoire par la force, et estiment que toutes les mesures prises par Israël visant à modifier le statut juridique de Jérusalem sont nulles et non avenues. C'est une décision qui est prise en violation de la Quatrième Convention de Genève de 1949 et d'autres instruments juridiques internationaux. La décision prise par Israël est totalement contraire à la lettre et à l'esprit de la Déclaration de principes et des accords ultérieurs. En revanche, les Palestiniens ont fait preuve d'une grande retenue et de patience, et ont opté en faveur de moyens pacifiques pour régler la crise actuelle. Leur appel en faveur d'une action concrète par le Conseil de sécurité a malheureusement été bloqué par le veto d'un membre permanent du Conseil de sécurité. En conséquence, il est maintenant impératif que la voix de la raison et de la justice de la communauté internationale soit entendue dans le cadre de ce débat à l'Assemblée générale et que des mesures efficaces soient adoptées pour répondre à l'action illégale d'Israël. L'urgence de cette question est absolue.

Les actions qui pourraient compromettre le processus de paix doivent être condamnées et les efforts déployés en faveur de la paix sont irréversibles, a souligné M. Wisnumurti. La confiance mutuelle qui a été établie avec de grandes difficultés au cours des quatre dernières années constitue la condition sine qua non de la réalisation d'une paix durable et globale au Moyen-Orient. Les progrès réalisés dans le cadre des négociations de paix entre Israël et la Syrie d'une part, et entre Israël et le Liban d'autre part sont ralentis à cause de l'absence d'engagement ferme de la part du gouvernement israélien. Pour faire prévaloir la paix, la justice et la stabilité au Moyen-Orient, les Nations Unies doivent assurer le retrait inconditionnel d'Israël de tous les territoires palestiniens et arabes occupés depuis 1967, y compris Jérusalem, le Golan et le Liban, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

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M. MASAKI KONISHI (Japon) a déclaré que les parties au Moyen-Orient doivent à la fois surmonter le fossé qui les sépare et intensifier leurs efforts pour faire avancer le processus de paix. Or la décision d'Israël d'établir des colonies de peuplement à Jérusalem-Est risque de faire basculer la situation relative aux territoires occupés et de préjuger des résultats des négociations sur le statut final, d'autant que nul n'ignore que le processus de paix est aujourd'hui à un moment clef. C'est pourquoi, il a demandé instamment aux deux parties de déployer tous les efforts possibles pour que la situation actuelle ne devienne pas un obstacle majeur au processus de paix, qui doit être poursuivi. Il est encore temps pour le Gouvernement israélien de reconsidérer sa décision. Dans le cas contraire, l'initiative d'Israël pourrait mener à une grave crise de confiance, engendrant rancoeur et méfiance et détruisant la substance même du processus de paix, a-t-il mis en garde, espérant que les parties mettront tous leurs efforts en oeuvre pour surmonter la situation.

M. HERMAN LEONARD DE SILVA (Sri Lanka) a estimé que l'initiative israélienne d'entamer la construction de 6500 logements sur le site de Jabal Abu Ghneim à Jérusalem-Est constitue un pas supplémentaire dans la politique illégale d'extension des colonies de peuplement sur la rive occidentale de la Palestine. Une telle initiative est destinée à compromettre l'établissement d'un Etat palestinien souverain. Il ne s'agit pas seulement d'une violation du droit international et des droits inaliénables du peuple palestinien, mais d'une tentative calculée de diriger les pourparlers à venir sur le statut de Jérusalem et par là-même de nier les progrès durement acquis du processus de paix. Israël doit adopter une attitude plus humaine à l'égard du peuple palestinien et cesser immédiatement de poursuivre sa politique d'expansion des colonies de peuplement. C'est là l'avis de la quasi-totalité des Etats Membres de l'Organisation, qui se doivent de faire en sorte qu'Israël respecte les obligations contractées aux termes des accords de paix, ainsi que des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des principes du droit international.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a exprimé sa déception à la suite du veto de l'un des membres permanents du Conseil de sécurité et a rappelé que son pays refuse l'insertion selon laquelle le Conseil de sécurité n'est pas l'organe approprié pour discuter du Moyen-Orient. Il a regretté que, malgré la signature encourageante du Protocole d'Hébron le 15 janvier dernier, Israël ait manqué à ses engagements. Le Gouvernement israélien a agi de mauvaise foi en décidant de façon unilatérale de construire une nouvelle colonie de peuplement dans le quartier de Jabal Abu Ghneim. Il s'agit clairement d'un acte de provocation destiné à briser le moral des Palestiniens et à leur nier leur rêve de créer leur propre Etat avec Jérusalem pour capitale. Il s'agit d'une violation flagrante de la Quatrième Convention de Genève et des résolutions pertinentes des Nations Unies.

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Au lieu de créer la confiance et la compréhension, a souligné le représentant, le Gouvernement israélien a choisi de construire de nouvelles colonies de peuplement. Nous pouvons donc nous poser des questions quant à la nature de l'engagement d'Israël en faveur de la paix. La décision récente d'Israël de se retirer de 9 % des territoires occupés de Cisjordanie est une autre manifestation de sa mauvaise foi, a-t-il estimé. Ma délégation réitère sa condamnation des dernières mesures prises par Israël et l'appelle à s'abstenir de toutes mesures unilatérales susceptibles de saper l'équilibre fragile du processus de paix. Il a appelé instamment l'Assemblée générale à se prononcer sur la question. L'adoption d'une résolution rédigée de façon appropriée est indispensable si l'on veut traduire et transmettre la forte réprobation de la communauté internationale.

M. HUSEYIN CELEM (Turquie), rappelant que les Israéliens et les Palestiniens sont unis dans le processus de paix, a déclaré qu'il était très décourageant de constater, à plusieurs reprises au cours des huit derniers mois, que des actions unilatérales compromettent le processus de paix et pourraient conduire à un véritable échec. Malheureusement, tout le monde est conscient que le Gouvernement d'Israël envisage le projet de Jabal Abou Ghneim comme une mesure visant à anticiper les négociations sur le statut final, en particulier de la Ville Sainte - carrefour des trois religions monothéistes. A un moment où l'engagement dont le gouvernement israélien a fait preuve à l'égard des paramètres établis du processus de paix donnait quelque espoir pour l'avenir du Moyen-Orient, la décision de construire des logements à Jabal Abou Ghneim, une fois encore, a causé de graves inquiétudes pour le succès de ce processus de paix. Toute décision qui pourrait affecter les résultats des négociations sur le statut final ne devrait même pas être examinée avant le succès de ces négociations. Le représentant a réitéré l'appui inconditionnel de la Turquie et sa confiance dans le processus de paix au Moyen-Orient, qui seul peut conduire à une paix juste, globale et durable dans la région. Pour réaliser cet objectif, il a prié instamment les parties concernées à adhérer aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, ainsi qu'à la Déclaration de principes et aux arrangements intérimaires sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que les récents développements au Moyen-Orient portent à croire qu'Israël cherche délibérément à empêcher que Jérusalem ne devienne un jour la capitale de l'Etat indépendant de la Palestine. Il est regrettable de voir qu'Israël tente de paralyser, voire détruire le processus de paix pour maintenir le peuple palestinien sous son joug et son occupation éternels. Ces tentatives ne sont pas seulement des violations des Conventions de Genève et de la Haye, elles constituent un véritable affront à la communauté internationale, a-t-il dénoncé. Le Conseil de sécurité, malgré une condamnation de la majorité de ses membres, n'a pas été en mesure de demander à Israël de revenir sur sa décision, et c'est là un grave échec. Il serait en effet malheureux qu'Israël saisisse le manque

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d'initiative du Conseil pour intensifier ses actions unilatérales au mépris des aspirations et des droits du peuple palestinien. Il est de la responsabilité solennelle de la communauté internationale que le processus de paix au Moyen-Orient ne soit pas remis en cause par les actes irresponsables de provocation d'un Etat de la région, c'est pourquoi il a demandé à l'Assemblée générale de soutenir le projet de résolution par lequel elle se prononce fermement contre la décision d'Israël et lui demande instamment de ne prendre aucune initiative dommageable à la confiance et à la compréhension mutuelles.

M. JULIO LONDONO-PAREDES (Colombie), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé que pour la deuxième fois en une année, il est apparu nécessaire de convoquer l'Assemblée générale, à la suite d'un veto exercé par un membre permanent du Conseil de sécurité. Le gouvernement israélien continue de prendre des mesures en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale et des Accords d'Oslo. Il incombe à l'Assemblée générale de réaffirmer son appui au processus de paix au Moyen-Orient et au respect des droits inaliénables du peuple palestinien. Le représentant a rappelé la déclaration sur la question de Jérusalem des 113 Etats du Mouvement des pays non alignés, lors du Sommet de Cartagena en 1995. Le dialogue direct est le meilleur moyen qui puisse conduire les parties à garantir l'indépendance et l'autodétermination du peuple palestinien, ainsi que la paix pour tous dans la région. La position unilatérale de l'une des parties ne doit pas prévaloir sur les intérêts fondamentaux de maintenir la confiance afin de permettre aux négociations d'aboutir à des résultats concrets.

M. KAMAL KHARRAZI (Iran) a rappelé que le Conseil de sécurité n'a pas été en mesure d'adopter un projet de résolution à cause d'un de ses membres permanents qui s'est placé au-dessus des aspirations de la communauté internationale. Les déclarations faites pendant cette reprise de session de l'Assemblée générale donnent une indication de l'opinion des membres de l'Organisation et met en lumière le caractère isolé du veto apposé à la résolution. La décision du gouvernement israélien de construire une nouvelle colonie de peuplement a donné lieu à une réprobation générale parmi les amis traditionnels d'Israël au point que même l'auteur du veto s'y est joint verbalement. Mais ce n'est pas tant l'exercice du droit de veto qui est gênant pour la crédibilité de l'Organisation que l'affirmation selon laquelle les Nations Unies ne sont pas le forum approprié pour traiter de la question. Les Nations Unies sont pertinentes car elles ont été fondées pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Le confiscation des terres et la construction de nouvelles colonies de peuplement afin de modifier la composition des territoires palestiniens ont toujours fait partie du grand dessein sioniste de perpétuer son occupation en Palestine.

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M. WANG XUEXIAN (Chine) a indiqué que sa délégation exprime sa profonde préoccupation face à la décision prise par le Gouvernement israélien. Cette mesure constitue un obstacle grave au processus de paix israélo-palestinien et pourrait compromettre le processus de paix au Moyen-Orient tout entier. La Chine prie instamment Israël de mettre un terme à son projet d'implanter des colonies de peuplement juif à Jérusalem-Est. La question de la Palestine est au coeur de la question de la situation au Moyen-Orient. Une solution rapide, juste, raisonnable et durable à cette question, ainsi que la restauration des droits légitimes au peuple palestinien constitue la clé pour la paix, la stabilité et le développement au Moyen-Orient. La question de Jérusalem devrait être réglée par les parties concernées par des négociations sur la base des résolutions pertinentes. Lorsque les négociations sur le statut final démarrera bientôt, les parties concernées devraient éviter toute décision unilatérale contraire à cette approche, dans la mesure où, au lieu de contribuer au règlement propre à la question ou au processus de paix au Moyen- Orient, cela ne viserait qu'à la compliquer. Rappelant que le gouvernement chinois a toujours appuyé le processus de paix et se prononce en faveur d'un règlement politique de cette question, le représentant a émis l'espoir que les parties concernées s'abstiendront de toute mesure qui pourrait aggraver les conflits et affaiblir le processus de paix au Moyen-Orient et a encouragé tous les efforts concrets qui contribueraient à dissiper les tensions.

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