CD/G/345

CHYPRE INVITE LA CONFERENCE DU DESARMEMENT À COMMENCER L'EXAMEN D'UN TRAITE D'INTERDICTION DES MATIÈRES FISSILES

6 mars 1997


Communiqué de Presse
CD/G/345


CHYPRE INVITE LA CONFERENCE DU DESARMEMENT À COMMENCER L'EXAMEN D'UN TRAITE D'INTERDICTION DES MATIÈRES FISSILES

19970306 Le Mexique estime pour sa part que la priorité doit être donnée à la question du désarmement nucléaire

GENEVE, le 6 mars -- Le représentant de Chypre, prenant la parole ce matin devant la Conférence du désarmement, a estimé que la négociation d'un traité interdisant la production des matières fissiles serait la suite logique de l'adoption, l'année dernière, du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et que la Conférence devrait lui accorder toute son attention. Tout aussi important aux yeux du représentant chypriote, est l'examen d'un accord interdisant les mines terrestre antipersonnel.

Le représentant du Mexique, tout en soulignant qu'il était temps d'interdire les mines terrestres antipersonnel, a estimé que la Conférence n'était pas l'instance idoine pour des négociations devant aboutir à une interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines terrestres antipersonnel. La Conférence devrait accorder la plus haute priorité aux négociations sur le désarmement nucléaire plutôt que de se livrer à un exercice qui ferait double emploi avec des efforts qui se poursuivent avec des chances de succès dans d'autres fora.

En début de séance, le Secrétaire général de la Conférence, M. Vladimir Petrovsky a donné lecture d'un message des représentantes de 22 organisations féminines rassemblées à Genève dans le cadre d'un séminaire sur les femmes et le désarmement. Organisé à l'occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, le séminaire prie instamment les Etats qui ne l'ont pas encore fait de ratifier la Convention sur les armes chimiques qui entrera en vigueur le 29 avril. Les participantes invitent par ailleurs les Etats-Unis et la Fédération de Russie à travailler à la conclusion d'un accord Start III, et la Conférence à prendre des mesures concrètes en direction du désarmement nucléaire. Elles encouragent la Conférence à instituer un Comité spécial chargé de négocier un traité interdisant la production des matières fissiles et à permettre que les organisations non gouvernementales puissent participer plus à ses travaux.

Le Président de la Conférence, M. Pavel Grecu (Roumanie), a informé la Conférence que les consultations sur le programme de travail pour 1997 se poursuivaient.

La séance plénière de la Conférence aura lieu le jeudi 13 mars à 10 heures.

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Déclarations

M. ZACKHEOS SOTIRIOS (Chypre) a déclaré que son gouvernement souhaitait que le travail de fond de la Conférence aille de l'avant à un rythme plus soutenu. La Conférence devrait accorder toute son attention à l'élaboration d'un traité interdisant la production des matières fissiles. Ce serait la suite logique de l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Chypre considère tout aussi important l'examen d'un accord interdisant les mines terrestres antipersonnel. Le Gouvernement de Chypre serait en faveur de la destruction de toutes les mines terrestres antipersonnel placées le long de la ligne du cessez-le-feu à Chypre, sous réserve de réciprocité.

M. Sotrios a qualifié la Convention sur les armes chimiques de «première réalisation majeure de la Conférence». Il est gratifiant de penser, a-t-il ajouté, que la Convention va entrer en vigueur le 29 avril. Toutefois, pour que la Convention soit pleinement effective, il faudrait qu'elle soit ratifiée par tous les Etats, notamment par les membres permanents du Conseil de sécurité. Il faudrait prévoir d'aider les pays qui en ont besoin à détruire leurs stocks d'armes chimiques. Chypre soutient également le renforcement de la Convention sur les armes biologiques.

Le représentant a souligné l'importance de la proposition du Président Clerides de Chypre en faveur d'une démilitarisation totale de la République de Chypre. Une telle démilitarisation serait une contribution aux efforts dans le cadre du désarmement classique, en plus de promouvoir une plus grande stabilité dans la région. Concluant son intervention, M. Sotirios a engagé la Conférence à désigner sans tarder un coordonnateur spécial sur la question de l'élargissement de la composition de la Conférence.

M. ANTONIO DE ICAZA (Mexique) a déclaré que, pour sa délégation, le consensus obtenu sur l'ordre du jour de l'année en cours signifiait que, aussi longtemps que les consultations sur la révision de l'ordre du jour n'étaient pas terminées, les objectifs et les priorités du Document Final de la première session spéciale de l'Assemblée générale sur le désarmement devaient continuer à guider les négociations à la Conférence. D'après le Document Final, les mesures relatives au désarmement nucléaire devaient recevoir la plus "haute priorité". On ne peut certes nier que la menace d'un holocauste nucléaire a diminué, mais personne ne peut affirmer que cette menace s'est estompée pour toujours, car ce danger existera aussi longtemps que les armes nucléaires existeront. L'opinion internationale, la société civile et la majorité des Etats membres des Nations Unies ont entrepris un ensemble d'initiatives visant l'élimination totale des armes nucléaires. En août 1996 par exemple, la Commission Canberra a publié un rapport remettant en question la pertinence militaire des armes nucléaires et soulignant les risques qu'il y avait à

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les maintenir. En décembre, des officiers militaires à la retraite originaires de 17 pays déclaraient qu'il n'y avait pas d'alternative à la création d'un monde exempt d'armes nucléaires.

La négociation de mesures relatives au désarmement nucléaire n'est pas seulement une priorité mais une obligation, a poursuivi M. Icaza. La Cour internationale de Justice a conclu à l'unanimité, le 8 juillet 1996 qu'«il existe une obligation à poursuivre et à conclure les négociations menant au désarmement nucléaire sous tous ses aspects et sous un contrôle international rigoureux et effectif. Aussi, la délégation du Mexique considère-t-elle que la Conférence devrait constituer un Comité spécial doté d'un large mandat. Le mandat inclurait premièrement, la négociation d'un accord multilatéral juridiquement contraignant obligeant tous les Etats à procéder à l'élimination complète des armes nucléaires; deuxièmement, l'identification des mesures nécessaires pour réaliser l'élimination complète des armes nucléaires assorties d'un échéancier d'exécution et, troisièmement, la négociation d'une convention sur l'arrêt de la production des matières fissiles à des fins nucléaires.

M. Icaza a déclaré qu'il partageait l'opinion exprimée par d'autres intervenants avant lui selon laquelle il était temps d'interdire toutes les mines terrestres antipersonnel, étant entendu que cette interdiction devrait être décidée au sein d'une instance appropriée. Le Mexique, en effet, n'est pas convaincu que la Conférence du désarmement soit l'instance appropriée pour conclure dès que possible des négociations sur un accord interdisant l'emploi, le stockage, la production et le transfert des mines terrestres antipersonnel. La Conférence, selon le représentant, doit donner la priorité aux négociations sur le désarmement nucléaire sans se livrer à des exercices qui font double emploi avec les efforts entrepris avec succès dans d'autres instances.

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