LE COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES ACHEVE L'EXAMEN DU RAPPORT DU DANEMARK
Communiqué de Presse
FEM/913
LE COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES ACHEVE L'EXAMEN DU RAPPORT DU DANEMARK
19970124 Pour les experts, le Danemark fait figure de modèle en matière d'égalité entre les sexes, même si certains problèmes demeurentLe Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a achevé cet après-midi l'examen du troisième rapport périodique du Danemark.
Les experts ont poursuivi leurs questions à la représentante du Danemark, Mme Inga Galamba. Ils ont particulièrement mis l'accent sur les efforts intensifs et continus du Gouvernement danois pour parvenir à une égalité complète entre les hommes et les femmes. Beaucoup de femmes des pays en développement envieraient la condition des femmes danoises, a-t-il été affirmé. Plusieurs membres du Comité, faisant remarquer que l'heure n'est plus au développement de la fonction publique, ont déclaré que si la participation des femmes en politique était acquise, il n'en était pas de même de leur rôle dans le secteur économique. L'Etat partie devrait concentrer désormais davantage ses efforts en matière d'égalité sur le secteur privé.
Plusieurs intervenants ont souhaité en savoir davantage en matière de violence faites non seulement aux femmes danoises mais aussi aux femmes immigrées et réfugiées. Ils ont regretté que le Danemark n'ait pas encore adopté une législation spécifique pour lutter contre la violence envers les femmes.
Dans ses remarques de conclusion, la Présidente du Comité, Mme Salma Kahn (Bangladesh), a indiqué que le Danemark a réellement fait figure de modèle quant à l'égalité entre les deux sexes et ce, bien avant l'élaboration de la Convention. Dans les domaines publics et privés, des mesures notables ont été prises, conformément notamment au Plan d'action de Beijing. Toutefois des problèmes subsistent. Le Comité est inquiet de voir que certains domaines critiques traditionnels, telle la violence, demeurent. Elle a souhaité que le Danemark adopte rapidement une législation spécifique contre la violence envers les femmes et les abus sexuels, également envers les enfants.
La Présidente a regretté que dans le domaine des comportements familiaux et des tâches parentales, ainsi que dans celui du travail, l'Etat partie n'ait apporté que certaines réponses stéréotypées, qui semblent quelque peu en
contradiction avec les mesures prises. Le pays doit rester à l'avant garde de la lutte en faveur des femmes et continuer de faire figure de modèle.
La représentante du Danemark, en réponse aux nouvelles questions des experts, a précisé que son pays n'était pas le champion du monde de l'égalité entre les sexes et qu'il avait encore beaucoup à apprendre des autres pays.
Le Comité reprendra ses travaux lundi 27 janvier, à 10 heures. Il examinera les troisième et quatrième rapports périodiques des Philippines.
( suivre)
- 3 - FEM/913 24 janvier 1997
Nouvelles questions des experts à l'Etat partie
Les experts ont mis l'accent sur les efforts intensifs faits au Danemark pour assurer l'égalité entre les hommes et les femmes. La volonté politique de progresser davantage demeure, même si des statu quo semblent exister dans certains domaines. Un intervenant a déclaré que beaucoup de femmes de pays en développement envieraient la condition des femmes danoises. Il est encore possible d'aller plus loin.
Traitant de l'article 4 de la Convention relatif aux mesures de discrimination positive temporaires, un membre du Comité a indiqué qu'il serait utile que le Danemark dresse une liste dans son prochain rapport sur les différentes lois ou orientations en cours dans tous les domaines. Y-a-t- il des objectifs numériques aux mesures temporaires et initiatives prises par l'Etat partie? Par ailleurs, plusieurs membres du Comité ont souhaité savoir pourquoi trois ministères n'appliquent pas encore les politiques d'égalité du Gouvernement. Le prochain rapport devrait donner des précisions sur la manière dont le Gouvernement applique concrètement ces politiques d'égalité. Un expert a regretté que le rapport ne fasse aucune mention du rôle des syndicats.
Les membres du Comité se sont également félicité des succès et acquis obtenus par les Danoises en matière de représentation politique. Certains d'entre eux ont cependant souhaité savoir si des mesures de protection sont envisagées pour pallier l'initiative de certains partis de supprimer les quotas féminins sur les listes électorales.
Par ailleurs, plusieurs experts ont estimé qu'il ne faut pas mener des combats d'arrière-garde. En effet, les politiques publiques sont aujourd'hui de moins en moins importantes, en raison notamment de la tendance à la déréglementation et de la mondialisation. Il faut donc que le Danemark oriente ses efforts vers le secteur privé car c'est là que tout se passe désormais. Or, si le pouvoir politique est largement partagé au Danemark, il n'en va pas le même pour le pouvoir économique. Quelles sont les postes de direction que les femmes occupent dans le secteur privé? A-t-on mis en place des programmes pour sensibiliser les femmes ayant des postes à haute responsabilité sur les problèmes hommes/femmes? Nombre d'entre elles ne sont pas conscientes des problèmes sexospécifiques, car elle ont des comportements masculins. Des mesures ont-elles été prises pour évaluer le niveau de l'activité non rémunérée? Le travail à temps partiel est-il également en augmentation chez les hommes?
Un intervenant a demandé si la réduction des cas de viols est réelle ou si les chiffres présentés dans le rapport reflètent seulement le fait qu'un nombre moindre de cas de viols sont déclarés à la police. Si la baisse du nombre de viols est bien réelle, comment le système judiciaire a contribué à faire évoluer les comportements, a-t-il demandé. La tendance semble être la même pour l'inceste. La baisse des cas d'inceste est-elle réelle? Si oui,
( suivre)
- 4 - FEM/913 24 janvier 1997
comment le Danemark est parvenu à de tels résultats? Un expert a souhaité que le Gouvernement renforce les efforts éducatifs pour mieux former les filles, les garçons, mais également les politiques et les personnels médicaux compétents.
Plusieurs intervenants, s'étonnant de l'absence de législation particulière à l'encontre du trafic des femmes et du tourisme sexuel, ont mis l'accent sur la nécessité de protéger l'intégrité des personnes de quelque pays qu'elles proviennent. Si des femmes étrangères se livrent à la prostitution au Danemark, cela signifie peut-être que le Danemark est le pays destinataire d'un trafic en provenance de pays pauvres, a suggéré un expert. Les pays développés en éliminant les pratiques violentes au sein de leurs frontières ne doivent pas exporter ces pratiques vers des pays moins privilégiés, a-t-on affirmé. Les experts ont demandé au Gouvernement de prendre des mesures concrètes dans un avenir proche. Un expert, se déclarant inquiet par la traite des jeunes et des enfants des deux sexes et surtout leur utilisation pour le commerce sexuel audiovisuel, a souhaité savoir si le Danemark est conscient de ce problème. Est ce que ce genre de trafic existe au Danemark? Il a par ailleurs rappelé qu'il n'existe pas de dispositions pénales sanctionnant la traite des femmes, hormis celles faisant référence au proxénétisme.
Un expert s'est étonné qu'il n'existe pas de mesures particulières envers les femmes immigrées et réfugiées victimes de harcèlement sexuel ou de violence domestique. En revanche, un autre membre du Comité s'est félicité de voir qu'une femme étrangère puisse demander le statut de réfugiée si elle a été victime de harcèlement sexuelle dans son pays. Que prévoit le Gouvernement pour diffuser cette mesure législative et en faire la publicité nécessaire, notamment au niveau international? Ce type d'initiative est un pas important dans la coopération entre pays développés et pays en voie de développement. Un intervenant a indiqué que, dans la mesure où les femmes immigrées dépendent de leur mari pour leur statut de réfugiées, elles hésitent sans doute à rapporter tout acte de violence conjugale à leur encontre.
Intervenant sur la question de l'éducation, un expert a demandé si les jeunes Danoises sont vraiment formées à des emplois du XXIème siècle. Dans quelle mesure les études féminines deviennent obligatoires dans le cursus universitaire? Un autre intervenant a mis l'accent sur la nécessité d'informer les jeunes générations, et notamment les jeunes femmes, afin qu'elles défendent leurs droits et n'agissent pas contrairement à leurs intérêts simplement parce qu'elles ont l'impression que tout est acquis. Quelles mesures sont envisagées pour modifier l'attitude de "patronage" entre hommes?
La pilule abortive est-elle utilisée au Danemark? Si oui, quels en sont les résultats, a demandé un expert. Abordant la question de la fécondité et des méthodes d'aide à la fécondité, un expert a demandé si les jeunes couples qui ne peuvent pas procréer ont tendance à favoriser l'adoption ou non.
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- 5 - FEM/913 24 janvier 1997
Quelles sont les modalités d'adoption au Danemark? Un intervenant a souhaité disposer dans le prochain rapport d'un tableau de la vie des femmes handicapées.
Un expert s'est étonné de voir que la vie commune sans mariage ne relève d'aucun mandat législatif alors que plus de la moitié des femmes en âge de se marier adopte la formule du concubinage. Des études sont-elles effectuées pour connaître les modifications sociales que cela engendre? Qu'envisage le Gouvernement dans ce domaine?
Un expert a estimé que d'autres pays pourraient s'inspirer du Danemark en présentant, comme ce dernier, les commentaires des ONG dans leur rapport. Il a demandé si la coopération entre le Gouvernement et les ONG va au-delà de la mise en oeuvre du plan d'application national des dispositions de la Convention. Sont-elles également associées à la mise en oeuvre des plates-formes du Caire ou de Beijing? Qu'en est-il de l'engagement fait à Beijing de consacrer 1% du budget danois aux pays en voie de développement et à la situation des femmes dans ces pays?
Nouvelles réponses de l'Etat partie aux experts
La représentante du Danemark, Mme Inga Galamba, déclarant qu'un certain nombre de réponses n'ont pas pu être présentées de façon suffisamment complète, a indiqué que cela sera fait dans le prochain rapport. Nous ne sommes pas les champions du monde de l'égalité entre les sexes, a-t-elle affirmé. Nous pouvons également beaucoup apprendre des autres pays. Au Danemark, comme dans d'autres sociétés, les jeunes filles comme les jeunes hommes ne souhaitent pas de mesures volontaristes en faveur des femmes. Cependant, ces jeunes femmes, après avoir travaillé quelques années et eu des enfants, se rendent compte que tout n'est pas aussi rose. Au Danemark, la violence englobe tous les domaines. L'absence de comités d'égalité dans certains ministères n'a pas d'effet sur la condition des femmes y travaillant.
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( suivre)